La Phrase de Base: I. Analyse Syntaxique I.1. Les Constituants Fondamentaux de La Phrase Canonique Minimale
La Phrase de Base: I. Analyse Syntaxique I.1. Les Constituants Fondamentaux de La Phrase Canonique Minimale
La Phrase de Base: I. Analyse Syntaxique I.1. Les Constituants Fondamentaux de La Phrase Canonique Minimale
Une phrase (une proposition ou un énoncé) a une forme et un sens; elle peut
donc être analysée d’un point de vue syntaxique et d’un point de vue
sémantique. Chaque niveau d’analyse a une utilité particulière, comme on le
verra dans les paragraphes qui suivent.
I. ANALYSE SYNTAXIQUE
I.1. LES CONSTITUANTS FONDAMENTAUX DE LA PHRASE CANONIQUE
MINIMALE
Marie sourit.
Émilie fait ses devoirs.
Pierre offre un bouquet de fleurs à Marie.
Ferdinand est médecin.
Les phrases ci-dessus, qu’ont-elles en commun sur le plan syntaxique? Au
moins deux points:
elles comportent les mêmes constituants syntaxiques; lesquels sont au nombre
de deux: un groupe nominal (GN) et un groupe verbal (GV);
Ces deux constituants sont essentiels et sont arrangés selon le schéma
syntaxique: P = GN + GV. Par conséquent, ils ne peuvent être ni effacés ni
intervertis librement:
(1a) * Marie ?
(1b) * ? sourit.
(1c) * sourit Marie.
Ainsi construites, (1), (2), (3) et (4) correspondent à ce que l’on appelle « la
phrase canonique minimale » ou « la phrase de base » minimale. Celle-ci est
une phrase déclarative, positive (et non négative), active (et non passive) qui se
constituent obligatoirement d’un GN et d’un GV.
Les deux éléments qui constituent la phrase de base s’opposent l’un à l’autre
selon au moins trois caractères: ils ne partagent ni la même nature, ni la même
fonction, ni la même position dans la phrase.
Ce complément ne réussit donc aucun des deux tests, puisque « ses devoirs » ne
peut être ni déplace ni effacé. Par conséquent, « ses devoirs » est un
complément de verbe (COD) et en tant que tel il est essentiel. Qu’en est-il
maintenant du complément « à l’école »?
PROGRESSION THÉMATIQUE
Qu’appelle-t-on ‘progression thématique’ ?
On appelle ‘progression thématique’, le fait que, dans un texte, les thèmes et les
propos (prédicats ou rhèmes) s’enchaînent d’une phrase à l’autre. Un texte n’est
pas simplement une suite de phrases ; dans un texte, l’information progresse
d’une phrase à l’autre ; et cette progression est régie par deux règles : 1) la règle de
répétition : d’une phrase à l’autre, on trouve la permanence d’un élément connu ;
2) la règle de progression : d’une phrase à l’autre, on apporte des informations
nouvelles.
Comprendre un texte suppose d’une part que l’on identifie le thème d’un passage
et les sous-thèmes qui lui sont afférents ; et d’autre part que l’on établisse des
relations entre les phrases.
On distingue trois types fondamentaux de progression thématique (ou
d’enchaînement).
1° Progression à thème constant
Dans une progression à thème constant, le même thème est repris au début de
chaque phrase par divers procédés. Autrement dit, le thème de la phrase
précédente est repris, en position thématique, dans les phrases suivantes :
• Le coucou (th1) a des habitudes différentes de celles des autres oiseaux. Il
(th1) ne fait pas de nid et n’élève pas ses petits. Il (th1) confie ce soin à de
petits passereaux.
D’une phrase à l’autre, on retrouve le même thème qui est associé à un propos
différent :
Thème Prédicat (propos)
Le coucou « a des habitudes différentes de celles des autres oiseaux ».
« Il » « ne fait pas de nid et n’élève pas ses petits »
« Il » « confie ce soin à de petits passereaux ».
Schéma de la progression à thème constant
Phrase 1 : Th1 -> P1
Phrase 2 : Th1 -> P2
Phrase 3 : Th1 -> P3
(Th = thème, P = propos ou prédicat)
Dans cette progression, le thème joue le rôle de support pour la progression de
l’information ; et cette progression est assurée par le propos (ou le prédicat).
2° progression linéaire
Dans ce type de progression, le propos (prédicat ou rhème) de la phrase
précédente (ou une partie de ce propos) devient le thème de la phrase suivante.
Dit autrement : le thème de la phrase suivante est un élément du propos de la
phrase précédente :
• Pierre (th1) a croisé Marie (Rh1). Elle (th2) sortait de chez le coiffeur.
Il s’agit là d’une progression de type linéaire car une partie du rhème de la phrase
précédente, à savoir « Marie » devient le thème (représenté ici par « Elle ») dans la
phrase suivante.
Schéma de progression linéaire
Phrase 1 : Th1 -> P1
Phrase 2 : Th2 (P1) -> P2
Phrase 3 : Th3 (P2) -> P3
3° Progression à thème divisé
Dans une progression à thème divisé (dite aussi à thème éclaté ou à thèmes
dérivées), le thème de la phrase précédente est détaillé par plusieurs sous-thèmes.
La phrase précédente comporte un thème central (ou un hyperthème) que les
phrases suivantes détaillent en sous-thèmes :
• La famille Dupont habite à Paris. Gérard, le père, travaille à La Défense.
Carole, la mère, est institutrice ; les enfants, Cédric et Maxence, sont
étudiants à l’université. »
Le thème de la phrase qui débute la séquence est « La famille Dupont ». ce thème
est détaillé dans les phrases suivantes en trois sous-thèmes : « Gérard, le père »,
« Carole, la mère » et « les enfants, Cédric et Maxence ».
• « Elle [Virginie] état à moitié couverte de sable, dans l’attitude où nous
l’avions vu périr. Ses traits n’étaient point sensiblement altérés. Ses
yeux étaient fermés ; mais la sérénité était encore sur son front ; seulement,
les pâles violettes de la mort se confondaient sur ses joues avec les roues de
la pudeur. Une de ses mains était sur ses habits, et l’autre, qu’elle appuyait
sur son cœur, était fortement ferlée et raidie. » (Bernardin de Saint-
Pierre, Paul et Virginie).
Dans ce portrait de l’héroïne morte, le thème de la phrase qui amorce la séquence
est Elle. Dans les phrases qui suivent, ce thème est détaillé par trois sous-
thèmes : ses traits, ses yeux, ses mains (une de ses mains et l’autre).
Chaque phrase a un thème différent, mais tous les thèmes renvoient à un
hyperthème commun.
Schéma de la progression à thèmes dérivés
Phrase 1 : Th1 –> P1
Phrase 2 : Th2 -> P2
Phrase 3 : Th3 – P3
Hyperthème : Th1, Th2, Th3
Ce type de progression se rencontre souvent dans les textes descriptifs.
4° Progression complexe
Il est rare qu’un texte soit construit, de bout en bout, sur un seul et même type de
progression thématique. En général, dans un texte, les trois types de progression
sont mis ensemble. On parlera dans ce cas de progression complexe.
5° Rupture de la progression thématique
Lorsque le thème d’une phrase ne correspond ni au thème ni à un élément du
prédicat (ou du rhème) de la phrase précédente, on parle dans ce cas
d’une rupture de la progression thématique.
Les exemples (1), (2) et (3) sont tirés de l’article de Daniel Flament. L’exemple (3)
est tiré de l’article de Bernard Lebrun et al.