LEBORGNE Jade

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Évaluation des capacités du logiciel numérique

HEC-RAS 2D à modéliser la dynamique d’étalement et


de dépôts de laves torrentielles boueuses : application à
deux laves torrentielles observées sur le torrent du
Claret (73)
Jade Leborgne

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Jade Leborgne. Évaluation des capacités du logiciel numérique HEC-RAS 2D à modéliser la dynamique
d’étalement et de dépôts de laves torrentielles boueuses : application à deux laves torrentielles observées
sur le torrent du Claret (73). Géographie. 2022. �dumas-03827081�

HAL Id: dumas-03827081


https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-03827081
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abroad, or from public or private research centers. publics ou privés.
Université Grenoble Alpes
Institut d’Urbanisme et de Géographie Alpine

Mémoire de recherche
Master 2 Géographie, Aménagement, Environnement et Développement (GAED)
Domaine : Sciences Humaines et Sociales
Parcours GEOSPHERES : GEOgraphie – eSPaces – Homme / Environnement – Ressources –
Systèmes en réseau

Évaluation des capacités du logiciel numérique HEC-RAS 2D à


modéliser la dynamique d’étalement et de dépôts de laves
torrentielles boueuses.
Application à deux laves torrentielles observées sur le torrent du Claret (73)

Stage réalisé au sein du bureau d’étude ARTELIA en collaboration avec l’organisme de


recherche INRAE et le service RTM Savoie de l’ONF
Par

Jade LEBORGNE

Soutenu le 08 Septembre 2022

Année 2021-2022

Membres du Jury :
Président de jury : Sylvain BIGOT (Enseignant chercheur, Université Grenoble)
Directeur de mémoire : Philippe SCHOENEICH (Enseignant chercheur, Université
Grenoble)
Expert du domaine : Guillaume PITON (Chercheur, équipe ETNA, INRAE)

Etablissements partenaires :
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Résumé
Ce travail de recherche vise à évaluer les capacités de modélisation bidimensionnelle
du logiciel HEC-RAS à reproduire la dynamique d’étalement et de dépôts de deux laves
torrentielles boueuses ainsi que de déterminer son domaine de validité en conditions de
terrain. Cette application est basée sur deux cas de laves torrentielles qui se sont produites
dans le torrent du Claret (vallée de la Maurienne), observées dans un bassin de rétention situé
sur le cône de déjection : lave torrentielle du 14 juin 2017 et lave torrentielle du 1er juillet
2019. Le modèle numérique HEC-RAS 2D utilisé dans cette étude est principalement basé sur
la résolution des équations de Barré de Saint-Venant (shallow water equation) et celle
d’Herschel-Bulkley en ce qui concerne la loi de frottement. Une analyse critique des données
d’entrée est réalisée et permet d’adapter ces dernières au contexte d’étude. Le calage du
modèle réalisé à partir de la lave torrentielle du 14 juin 2017 montre de bonnes concordances
avec le cas réel sur plusieurs indicateurs (niveaux atteints, dynamique de dépôts). Plusieurs
jeux de paramètres rhéologiques cohérents avec cette dernière ont été testés sur la
modélisation de la lave torrentielle du 1er juillet 2019, utilisée pour la validation du modèle.
La phase de validation du modèle n’a pas abouti, les résultats des niveaux maximums atteints
par les différents scenarios ne sont pas suffisamment élevés en comparaison avec les
observations de terrain. Une hypothèse sur une obstruction temporaire du barrage filtrant est
proposée afin d’expliquer ce constat. L’hypothèse d’une obstruction temporaire est
actuellement impossible à reproduire pour le cas de la lave torrentielle de 2019 par manque
de données. Après l’implantation de nouveaux capteurs au niveau de la plage de dépôts sur
le torrent du Claret en 2020, permettant maintenant de savoir s’il se produit une obstruction
du barrage, il serait intéressant de relancer une phase de validation sur le cas d’une lave
torrentielle produite et observée après novembre 2020.

Mots clefs : Modélisation, Laves torrentielles, HEC-RAS 2D, Données d’entrée, Calage,
Validation.

Abstract
This research work aims to evaluate the two-dimensional modeling capabilities of the
HEC-RAS software to reproduce the spreading and deposition dynamics of two debris flows as
well as to determine its validity domain in field conditions. This application is based on two
cases of debris flows that occurred in the Claret torrent (Maurienne Valley), observed in a
retention basin located on the alluvial cone : debris flow of June 14, 2019 and debris flow of
July 1, 2019. The HEC-RAS 2D numerical model used in this study is mainly based on the
solution of the Barré de Saint-Venant equations (shallow water equations) and the Herschel-
Bulkley equation for the friction law. A critical analysis of the input data is performed and
allows to adapt them to the study context. The model calibration performed from the June
14, 2017 debris flow shows good agreement with the real case on several indicators (levels
reached, deposition dynamics). Several sets of rheological parameters coherent with the latter
were tested on the modeling of the debris flow of July 1, 2019 used for the validation of the

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Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

model. The validation phase of the model was not successful, as the results for the maximum
levels reached by the different scenarios are not sufficiently high in comparison with the field
observations. A hypothesis on a temporary obstruction of the open check dam is proposed to
explain this observation. The hypothesis of a temporary obstruction is currently impossible to
reproduce for the case of the 2019 debris flow due to lack of data. After the implementation
of new sensors at the level of the retention basin on the torrent of Claret in 2020 allowing now
to know if an obstruction of the dam occurs, it would be interesting to relaunch a validation
phase on the case of a debris flow produced and observed after November 2020.

Key words: Modeling, Debris flow, HEC-RAS 2D, Input data, Calibration, Validation.

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Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Remerciements
Je tiens à remercier dans un premier temps Arielle MASSON, ma maître de stage qui
est à l’origine de la création de ce stage au sein du bureau d’étude ARTELIA. Je la remercie
d’avoir pris en considération mes sujets d’intérêts et de m’avoir permis de travailler au sein
de l’équipe HFO, de contribuer à certaines études en cours et de m’avoir fait confiance dans
la réalisation de ce travail de recherche.

Je remercie particulièrement Guillaume PITON pour m’avoir proposé de travailler sur


ce cas d’étude qui a été pour moi une vraie motivation et un challenge quant à l’approche de
la modélisation numérique. Merci à lui de m’avoir encadrée et conseillée tout au long de cette
étude.

Je souhaite remercier également Clément MISSET et Damien KUSS du service RTM


Savoie et Isère de l’ONF pour tous les échanges qui ont enrichi les réflexions sur le sujet et
m’ont permis d’avancer dans ce travail de recherche. Je remercie également Mathieu
VALENTIN, stagiaire au service RTM Isère d’avoir expérimenté les premières simulations sur le
torrent du Claret et d’avoir partagé ses connaissances en modélisation.

Je remercie également Philippe SCHOENEICH pour avoir accepté d’être mon directeur
de mémoire et de m’avoir apporté ses conseils quant à la structure même de ce mémoire. Je
tiens à remercier Nathalie DUBUS, responsable du Master GEOSPHERES à l’IUGA ainsi que les
jurés qui auront lu ce mémoire et seront présents lors de ma soutenance.

En grand merci à toute l’équipe HFO d’ARTELIA pour la bonne ambiance de travail, les
conseils et échanges constructifs tout au long de ces 6 mois de stage. J’aimerais remercier en
particulier Hervé DEKERMENDJIAN pour m’avoir accueillie dans son bureau, de m’avoir
partagé son savoir sur les outils SIG et de modélisation, sur le milieu montagnard et de m’avoir
soutenue dans ces derniers mois notamment.

Enfin, je souhaite remercier toutes les personnes qui ont contribué de près comme de
loin au bon déroulement de ce stage, à la réalisation de ce travail de recherche et à la rédaction
de ce présent mémoire.

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Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Sommaire
Résumé ........................................................................................................................................ 2
Remerciements ............................................................................................................................ 4
Sommaire .................................................................................................................................... 5
Sigles et acronymes ...................................................................................................................... 6
Avant-propos ............................................................................................................................... 7
INTRODUCTION ............................................................................................................................ 8

CHAPITRE 1 : ETAT DE L’ART SUR LES CONNAISSANCES ACTUELLES DU PHENOMENE DE LAVE


TORRENTIELLE ET DES APPROCHES DE MODELISATION ................................................................ 10
1.1. Le phénomène torrentiel et le transport solide ......................................................................... 10
1.2. Approches de modélisation de la dynamique des laves torrentielles ....................................... 15
1.3. Choix et description détaillés du modèle HEC-RAS 2D............................................................... 18

CHAPITRE 2 : TERRAIN D’ETUDE ET APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE ............................................. 21


2.1. Torrent du Claret ........................................................................................................................ 21
2.2. Approche méthodologique ........................................................................................................ 28

CHAPITRE 3 : PHASE DE CALAGE DU MODELE HEC-RAS 2D : LAVE TORRENTIELLE DU 14 JUIN 2017 30


3.1. Matériels et méthodes ............................................................................................................... 30
3.2. Résultats ..................................................................................................................................... 49
3.3. Analyses et interprétations ........................................................................................................ 62

CHAPITRE 4 : PHASE DE VALIDATION DU MODELE HEC-RAS 2D : LAVE TORRENTIELLE DU 1ER JUILLET


2019 .......................................................................................................................................... 63
4.1. Matériels et méthodes ............................................................................................................... 63
4.2. Résultats ..................................................................................................................................... 70
4.3. Analyses et interprétations ........................................................................................................ 74

CONCLUSION.............................................................................................................................. 76

Références ................................................................................................................................. 78
Table des figures ........................................................................................................................ 80
Table des tableaux ..................................................................................................................... 82
Table des matières ..................................................................................................................... 83
Table des annexes ...................................................................................................................... 86
Annexes ..................................................................................................................................... 86

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Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Sigles et acronymes
CNR : Compagnie Nationale du Rhône
INRAE : Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement
MASA : Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire (MASA)
masl : abréviation anglaise de l’unité altitudinale « mètre au-dessus du niveau de la mer »
MNT : Modèle Numérique de Terrain
RTM/ONF : Restauration des Terrain en Montagne/Office National des Forêts

B : hauteur de l'ouverture de la vanne [m]


C : coefficient de débit
Cv : concentration volumique des matériaux solides [%]
g : accélération de la pesanteur [m/s2]
H : hauteur d'énergie en amont de la crête du déversoir (ZU - Zsp) [m]
K : consistance [Pa.sn]
n : indice d’écoulement [sans unité]
Q : débit [m3/s]
Qp : débit de point [m3/s]
T : temps [s]
V : volume [m3]
W : largeur de la vanne [m]
ZD : élévation de la surface de l'eau en aval [m]
Zsp : élévation de la crête du déversoir à travers la vanne [m]
ZU : élévation de la ligne de niveau de l'énergie amont [m]

ρeau : masse volumique de l’eau [kg/m3]


ρlave : masse volumique de la lave torrentielle [kg/m3]
ρsolide : masse volumique des matériaux solides [kg/m3]
 : contrainte de cisaillement [Pa]
c : seuil de contrainte [Pa]
ẏ : taux de cisaillement : ẏ  du/dz [s-1]

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Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Avant-propos
Lors de mon Master 2 GEOSPHERES, orienté recherche, à l’université de Grenoble, j’ai
été amenée à effectuer un stage de fin d’étude d’une durée de 6 mois à compter du 1 er mars
2022. Ce stage a été réalisé au sein du bureau d’étude ARTELIA, dans l’équipe « Hydraulique
Fluviale et Ouvrage » (HFO), situé à Echirolles (38130).

Objectifs initiaux du stage


 Réalisation d’un travail bibliographique sur 2 thématiques :
o Erosion hydrique (Méthodes de diagnostic ; Mesures d’adaptations)
o Laves torrentielles (Connaissances sur la dynamique des laves torrentielles ;
Outils et méthodes de modélisations ; Aménagements et ouvrages de
correction)
 Apporter un appui aux équipes de projet dans la réalisation des missions (recueil de
données, analyse et production technique, rédaction de rapport).

Sujet de recherche
Initialement, je souhaitais que mon sujet de recherche porte sur la thématique des
laves torrentielles et sur les capacités actuelles à modéliser leur dynamique.
Malheureusement, je n’avais pas de cas concret à étudier à ARTELIA par manque de données
et d’études en cours. Après avoir échangé, courant juin 2022, avec Guillaume PITON,
chercheur à l’INRAE dans l’unité de recherche "Erosion torrentielle, neige et avalanches"
(ETNA), le sujet de recherche sur l’analyse de la performance du logiciel HEC-RAS 2D dans la
reproduction d’un évènement de lave torrentielle connu fut proposé et envisagé pour la suite
du stage. Ce travail de recherche a abouti à une collaboration entre le bureau d’étude
ARTELIA, l’INRAE, et le service RTM Savoie de l’ONF.

Révision des objectifs du stage


Dès lors, il a été décidé que les 2 mois et demi restant (mi-juin jusqu’à fin août 2022)
allaient être majoritairement consacrés à ce travail de recherche, remplaçant en partie le
travail bibliographique sur la thématique des laves torrentielles. En effet, le travail
bibliographique réalisé dans le présent rapport reprend dans un grand ensemble les différents
points d’analyse souhaités initialement par ARTELIA.

Apport du travail de recherche


Ce travail de recherche permet par apprentissage, d’améliorer les capacités à
modéliser la dynamique des laves torrentielles avec des outils 2D. Il permet notamment
d’améliorer les connaissances actuelles quant au potentiel et aux limitations du logiciel HEC-
RAS 2D dans l’analyse d’un phénomène d’étalement et de dépôts des laves torrentielles
boueuses.
Ce travail de recherche pourra aussi, in fine, servir à l’ingénierie vis-à-vis de la mise en
évidence du potentiel et des limites du modèle HEC-RAS 2D, qui est voué à être largement
utilisé dans un futur proche, notamment dans les études de risques torrentiels (PPR, PAPI).

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Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

INTRODUCTION

C’est lors de crues torrentielles que les torrents transportent des volumes
considérables de matériaux et engendrent de nombreux dégâts au niveau des enjeux situés
en aval. Les laves torrentielles transportent le plus de matériaux solides en comparaison avec
le charriage (Recking et al., 2013). Elles sont soudaines, rarement prévisibles et possèdent un
grand potentiel de destruction par impact engendrant de nombreux dommages, tant sur le
plan humain que sur le plan économique. Pour faire face à ce risque, il existe deux façons de
se protéger : la première est de réduire la vulnérabilité, par exemple par restriction de
l’urbanisation sur les territoires exposés aux laves torrentielles, ce qui n’est pas toujours
possible et bien souvent les terrains sont déjà urbanisés. La seconde est de mettre en place
des ouvrages de protection afin d’affecter les aléas, par exemple pour arrêter et dévier les
écoulements de laves torrentielles (Givry et Peteuil, 2011). Dans cette seconde approche, le
Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire (MASA) et l’ONF œuvrent depuis
plus de 150 ans, au travers des actions du service de Restauration des Terrains en Montagne
(RTM), dans la reforestation des versants de montagne et la construction d’ouvrage de
correction torrentielle afin de protéger les enjeux exposés. Pour agir de façon raisonnée et
optimale, de nombreuses recherches sont menées sur les laves torrentielles afin de proposer
des méthodes et des outils opérationnels capables d’apporter une meilleure compréhension
et évaluation de ce phénomène. Ainsi, ces outils visent à prédire les territoires les plus exposés
aux laves torrentielles et de concevoir des ouvrages de protection les plus adaptés possibles
aux conditions locales.

La modélisation numérique est une approche bien connue et couramment utilisée


dans le quotidien des bureaux d’études en hydraulique fluviale, pour modéliser les rivières ou
cours d’eau dont les caractéristiques sont raisonnablement décrites par la théorie des fluides
newtoniens. La modélisation numérique avec l’intégration du transport solide par charriage
ou suspension est aussi utilisée en ingénierie, mais dans une moindre mesure parce qu’elle
nécessite un degré d’expertise plus important et des données complémentaires. La
modélisation de fluides non-newtoniens, comme les laves torrentielles, est par contre très
peu utilisée à l’heure actuelle en ingénierie, en France. Le service RTM de l’ONF rassemble les
rares ingénieurs ayant l’habitude de faire appel à des outils pour des études opérationnelles.
Leur utilisation est basée sur de solides connaissances empiriques, l’utilisation d’analyses « à
dire d’experts » et des calages très sommaires fautes de données disponibles (extension de
l’écoulement, éventuellement information locale sur l’épaisseur de dépôts, aucune
information en général sur la dynamique de l’évènement). De ce fait, la modélisation de
fluides non-newtoniens fait l’objet de recherches tant pour modéliser la propagation de
l’écoulement en chenal confiné que pour la dynamique d’étalement en zone latéralement non
contrainte. Toutefois, les travaux de recherche sur la modélisation de l’étalement des laves
torrentielles ne sont majoritairement pas calés sur un évènement de terrain, malgré qu’il
commence à y avoir un certain nombre de publications avec une rétro-analyse d’évènements
passés via ces outils. Les travaux de recherches se concentrent encore souvent à reproduire
des essais menés en laboratoire. Les phases de calage et de validation d’un modèle numérique

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Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

restent complexes puisqu’il peut y voir des variations importantes des paramètres constitutifs
des laves torrentielles (plus ou moins fluides, front plus ou moins massif etc.) qui font qu’il
n’est pas évident, contrairement à l’hydraulique en eau claire, de transférer d’un évènement
à l’autre. De plus, l’adaptation des paramètres d’entrée aux conditions de chaque cas d’étude
reste limitée. En effet, malgré le nombre important de laves torrentielles qui se produisent
dans les Alpes françaises, il n’est compté que quelques stations de suivi et l’observation de
ces dernières ainsi que l’acquisition de données suffisantes concernant le phénomène reste
très limitée : les cas d’évènements bien documentés sont donc très rares.

Le logiciel de modélisation HEC-RAS a connu une nouvelle version en 2020 (Version 6.0
(Gibson et Sanchez, 2020)) qui permet la modélisation 2D d’écoulement de type lave
torrentielle par intégration de lois de comportement spécifiques. Le Torrent du Claret, situé
sur la commune de Saint-Julien-Mont-Denis en Savoie (France), a connu une lave torrentielle
le 14 juin 2017. Grâce aux nombreux ouvrages de correction torrentielle ainsi qu’aux
dispositifs d’observations et d’alerte présents sur le torrent, ce phénomène, qui s’est déroulé
en journée, a bien été observé et de nombreuses données ont pu être récoltées. La plage de
dépôts située sur le cône de déjection du torrent, et la station de suivi qui l’équipe, ont permis
l’observation du phénomène d’étalement et de dépôts de la lave torrentielle (Piton et al.,
2018). Ainsi, il est intéressant d’analyser les capacités du modèle numérique HEC-RAS 2D à
reproduire la dynamique d’étalement et de dépôts de laves torrentielles réelles et
documentées dans un bassin de rétention. Pour ce faire, la lave torrentielle du 14 juin 2017
va permettre dans un premier temps de caler le modèle afin d’affiner et de réduire le jeu de
paramètres de calage retenus. Une deuxième lave torrentielle s’est produite sur le torrent du
Claret le 1er juillet 2019. Moins documentée, mais pour laquelle il existe quelques éléments
comparatifs pouvant être étudiés, cette lave torrentielle va permettre de tendre vers une
démarche de validation du modèle précédemment calibré sur l’évènement de 2017. Cette
démarche permet de vérifier (ou non) la capacité du modèle à reproduire un autre évènement
basé sur des paramètres similaires entre les deux laves torrentielles.

Ce mémoire s’organise autour de quatre chapitres. Un premier chapitre fait l’état de


l’art sur les connaissances actuelles du phénomène de laves torrentielles et sur les différentes
approches de modélisation aujourd’hui utilisées afin de reproduire la dynamique des laves
torrentielles. La zone d’étude sera ensuite décrite en deuxième chapitre ainsi que le protocole
d’approche de ce travail de recherche. Les chapitres 3 et 4 sont respectivement consacrés à la
phase de calage et de validation du modèle HEC-RAS 2D construit comprenant une analyse
critique des données d’entrée disponibles. Chaque résultat et interprétation de ces deux
phases seront présentés dans leur partie respective. Une conclusion viendra partager les
critiques, avancées et limites rencontrées lors de cette étude ainsi que les perspectives
envisageables.

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Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

CHAPITRE 1 : ETAT DE L’ART SUR LES CONNAISSANCES


ACTUELLES DU PHENOMENE DE LAVE TORRENTIELLE ET DES
APPROCHES DE MODELISATION

Ce chapitre a pour intention de réaliser un état de l’art sur différents aspects essentiels
abordés lors de l’étude bibliographique réalisée pendant ce stage. Dans un premier temps, il
permet au lecteur de mieux appréhender la définition du phénomène torrentiel et du
transport solide, ainsi que la nature et la compréhension actuelle du phénomène de lave
torrentielle. Ce chapitre expose les avancées et compétences actuelles dans la capacité à
reproduire ces évènements au travers de la modélisation. Ainsi, il permet de positionner ce
travail de recherche dans ce contexte actuel des connaissances.

1.1. Le phénomène torrentiel et le transport solide

En montagne, le terme de « phénomène » désigne la manifestation d’un agent naturel


ou anthropique mettant en jeu des lois fondamentales de la physique comme la gravité, la
thermodynamique, l’hydraulique, la géodynamique. Le phénomène de crues torrentielles
représente un « aléa » naturel potentiellement dommageable. Le terme de « risque »
torrentiel est utilisé pour refléter la probabilité pour les enjeux (humains, bâtis,
infrastructures) d’être exposés à un aléa et de subir des dommages (notion de
« vulnérabilité »).
Les crues torrentielles se distinguent des inondations et des crues de plaines par
diverses caractéristiques spécifiques. La spécificité principale d’un torrent est le transport
solide (Meunier, 1991). En effet, les torrents ont tendance à transporter des quantités
importantes de matériaux solides (sédiments, blocs) ainsi que divers débris comme des troncs
d’arbres, des morceaux d’ouvrages, etc. Les crues torrentielles se différencient alors des crues
des rivières de plaines par la charge solide grossière plus conséquente. De ce fait, les crues
des rivières de plaines sont qualifiées de crues « liquides » (Givry et Peteuil, 2011), moins
riches en matériaux solides. Cette quantité de charge solide dans les crues torrentielles leurs
confère leur aspect plus dangereux et dévastateur pouvant causer de forts impacts sur les
enjeux exposés (personnes, habitations, etc). En fonction de plusieurs paramètres, comme la
géologie du bassin versant, le débit des crues, la quantité de matériaux solides mobilisés, la
pente du torrent, les écoulements torrentiels vont transporter des quantités de matériaux
plus ou moins importantes et concentrées en matériaux solides. Il en résulte deux principaux
types de transport solide en fonction de la teneur en matériaux : le charriage et les laves
torrentielles.

1.1.1. Le charriage

Le charriage est le mode de transport des sédiments sur le fond du lit par roulement
ou saltation (rebond des particules sur le fond du lit) (Cf. Figure 1). Ce transport concerne les

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Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

matériaux de quelques millimètres à quelques dizaines de centimètres (Recking et al., 2013).


Pour les matériaux plus fins, ils seront principalement transportés en suspension. Le charriage
est un transport bi-phasique, c’est-à-dire qu’une phase liquide et une phase solide de vitesses
de transport différentes sont clairement dissociées.

Figure 1 : Représentation schématique du transport par charriage. Source : (Vah, 2019).

1.1.2. Les laves torrentielles

Les laves torrentielles sont spécifiques aux torrents. En anglais, les termes de «
mudflow » et « debris-flow » sont utilisés pour refléter ces écoulements torrentiels (Jakob et
Hungr, 2005). Bardou (2002) propose une définition plutôt phénoménologique pour décrire
ces écoulements, mais reste toutefois une référence dans la littérature. Ainsi, d’après Bardou
(2002), les laves torrentielles sont des : « écoulements subaériens granulaires lubrifiés,
d'apparence cinématiquement monophasique ».

Les laves torrentielles peuvent être décrites comme des écoulements transitoires par
« bouffées » et sont composées d’un mélange homogène et d’apparence monophasique
d’eau et d’une forte concentration en matériaux solides généralement de l’ordre de 75% de
solide pour 25% d’eau, en volume. Elles présentent une large gamme de granulométrie (des
argiles à des blocs de plusieurs mètres de diamètre). Les laves torrentielles sont des
évènements soudains, violents et pratiquement imprévisibles. Leur déclenchement résulte
d’une multitude de facteurs. Elles se forment généralement lors d’intenses événements
pluvieux, sur des pentes importantes et sur un site dégradé où une quantité importante de
matériaux meubles est disponible (Sobol, 2016). Elles peuvent générer des dommages
considérables, tant sur le plan humain que sur le plan économique.

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Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

1.1.2.1. Les entités fonctionnelles d’une bouffée de lave torrentielle


Lors de son écoulement, une bouffée de lave torrentielle peut être décomposée
morphologiquement en quatre entités distinctives (Cf. Figure 2) :
 Un front granulaire : constitué de gros blocs et de débris divers emportés sur son
passage (arbres, morceaux d’ouvrages…). Il est poussé par le corps de la coulée. Au
niveau du front se situe généralement la section d’écoulement la plus importante de
chaque bouffée. Il est également appelé le lobe frontal lorsque la lave torrentielle a
cessé de s’écouler.
 Un corps : plus boueux, il est constitué de blocs baignant dans une matrice plus ou
moins riche en éléments fins (argiles et sables). Le corps constitue l’essentiel du
volume de la bouffée de lave torrentielle.
 Des bourrelets latéraux : ils représentent les abords du corps et sont composés de
matériaux plus grossiers assez similaires à celui du front puisqu’ils proviennent
majoritairement de ce dernier, s’échappant et formant ces dépôts latéraux le long du
chenal d’écoulement.
 Une queue de coulée : qui tend progressivement vers un écoulement dit «
hyperconcentré », plus turbulent et bi-phasique composé de blocs de diamètre
généralement plus petit.

Figure 2 : Représentation schématique des entités morphologiques d'une bouffée de lave torrentielle.
Source : Bardou (2002), Modifications et traduction : Leborgne (20022).

1.1.2.2. Classification des laves torrentielles


Ancey (1999) propose de séparer les laves torrentielles en 3 grandes familles :
 Lave torrentielle boueuse
 Lave torrentielle granulaire

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Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

 Lave torrentielle de type « Lahar »

Chaque famille peut être associée à des caractéristiques morphologiques et granulométries


de matériaux spécifiques (Cf. Tableau 1).

Tableau 1 : Classification de Ancey (1999) des laves torrentielles en 3 grandes familles. Source :
Chambon et Laigle (2013).

Lave torrentielle à Lave torrentielle à Lave torrentielle à


comportement comportement comportement
Nom scientifique
viscoplastique frictionnel- frictionnel-visqueux
collisionnel
Lave torrentielle Lave torrentielle Lave torrentielle de
Nom commun
boueuse granulaire type Lahar
Régulier, avec des Chaotique avec des En forme de terrasse
limites assez bien limites pas alluvionnaire, cohésion
Forme et nature des
définies, encore fluide nécessairement suffisante pour
dépôts
quand saturé d’eau, franches, pas de supporter le poids d’un
Caractéristiques de très cohésif quand sec cohésion des dépôts homme
terrain Forme arrondie Faces planes Pas de bourrelet
Formes des bourrelets
et des lobes

Pentes de la zone > 5% > 15% > 0,1%


d’arrêt
Matrice fine important Matrice fine faible, Matrice fine
avec quantité peu d’argiles importante avec peu
Granulométrie
Caractéristiques importante d’argiles d’argiles et beaucoup
mises en évidence de silts
en laboratoire Sols argileux Sols grossiers Sols limoneux, le plus
Essai d’identification
souvent d’origine
des sols
volcanique

Les laves torrentielles boueuses sont les plus fréquentes dans les Alpes françaises
(Chambon et Laigle, 2013). Ce sont ces dernières qui sont spécifiquement étudiées dans ce
présent mémoire. C’est pourquoi, les paragraphes suivants seront principalement ciblés sur la
description et les spécificités des laves torrentielles boueuses.

1.1.2.3. Loi de comportement des laves torrentielles boueuses


Afin de reproduire la dynamique de lave torrentielle au travers de la modélisation, il
est important de définir et de comprendre les lois de comportements associées.
D’après les travaux de Coussot (1992), les laves torrentielles boueuses peuvent être
caractérisées comme un écoulement à surface libre et à comportement viscoplastique. Ce
sont des écoulements non-Newtoniens qui correspondent à des fluides « à seuil de
contrainte » (ꚍc), c’est-à-dire qu’ils ont besoin d’atteindre une certaine contrainte avant leur
mise en mouvement reflétant de ce fait une limite entre un comportement solide et un
comportement liquide. C’est ce comportement qui confère aux laves torrentielles leur
possibilité de former des bourrelets et de provoquer l’arrêt de l’écoulement sur des pentes
plus ou moins raides. Les laves torrentielles boueuses sont aussi qualifiées de fluides à seuil

13
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

rhéofluidifiant, ce qui signifie que lorsque le cisaillement augmente, la viscosité apparente du


matériau diminue (Schaer, 2018).

Le modèle viscoplastique le plus couramment utilisé pour représenter les laves


torrentielles boueuses est le modèle d’Herschel-Bulkley (Coussot, 1992). Il s’exprime en
cisaillement simple par la relation suivante :

ꚍ = ꚍc + K·ẏn si ꚍ ≥ ꚍc

Où :
 : contrainte de cisaillement [Pa]
ẏ : taux de cisaillement : ẏ  du/dz [s-1]
Paramètres rhéologiques d’Herschel-Bulkley :
c : seuil de contrainte [Pa]
K : consistance [Pa.sn]
n : indice d’écoulement [sans unité] (comportement rhéofluidifiant si n<1)

La Figure 3 permet une représentation graphique du modèle Herschel-Bulkley. La relation


entre la contrainte de cisaillement et le taux de cisaillement est non linéaire. Il n’y a
écoulement que lorsque le seuil de contrainte (ꚍc) est atteint, en dessous il s’agit d’un régime
solide rigide.

Figure 3 : Représentation graphique du modèle Herschel-Bulkley. Réalisation : Leborgne (2022).

Il existe dans la littérature des intervalles de valeurs des paramètres rhéologiques


typiques pour les laves torrentielles boueuses proposés par Coussot (1996) (Cf. Tableau 2).

14
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Tableau 2 : Valeurs typiques des paramètres rhéologiques de Herschel-Bulkley pour les laves
torrentielles boueuses, d'après Coussot (1996). Source : Chambon et Laigle (2013).

Symbole Nom [unité] Valeurs typiques


c Contrainte seuil [Pa] 500 – 10 000
K Consistance [Pa.sn] K/c = 0,1 – 0,5
n Indice d’écoulement [pas d’unité] 0,3

c a une plage de valeur conséquente et dépend fortement de la concentration solide. Le


rapport c/ s’étend sur l’intervalle de 0,25 – 4,0 m2.s-2 mais est souvent compris entre 0,5 et
2,0 (Chambon et Laigle, 2013). La valeur du rapport K/c peut varier dans l’intervalle de 0,1 –
0,5 sn (0,3 est souvent la valeur utilisée comme 1ère approche).

1.2. Approches de modélisation de la dynamique des laves


torrentielles

Les laves torrentielles représentent un risque important selon la localisation des


torrents où elles se produisent et les enjeux à proximité. C’est pourquoi la cartographie des
zones à risques torrentiels est primordiale, autant pour protéger les personnes et les biens
exposés, que pour le choix et l’emplacement des ouvrages de protection sur le torrent afin
qu’ils soient les plus adaptés aux conditions locales. Pour ce faire, il existe différentes
méthodes de modélisation consacrées à la prédétermination ou la reconstruction des
caractéristiques hydrauliques des laves torrentielles comme par exemple : la vitesse et
l’épaisseur de l’écoulement, l’extension totale de la lave et les épaisseurs des dépôts
(Chambon et Laigle, 2013). Plusieurs modèles à base physique ou numérique tentent de
reproduire ou d’anticiper la dynamique de laves torrentielles.

1.2.1. Modèles physiques

Les modèles physiques vont essayer de reproduire des conditions d’écoulement réelles
à une échelle réduite, soit reproduire la géométrie physique de l’écoulement. Le choix du type
de matériaux à utiliser est très important afin qu’il puisse représenter au mieux la
granulométrie de la lave étudiée ainsi que la mécanique du phénomène. La modélisation
physique s’applique généralement à l’étude d’une zone relativement locale de l’écoulement
torrentiel. Plusieurs organismes comme des bureaux d’étude (ex : ARTELIA), des organismes
de recherche (ex : INRAE), ont au sein de leurs locaux un laboratoire afin de réaliser des
modèles physiques spécifiques à l’étude des laves torrentielles. Pour citer un exemple récent,
la Compagnie Nationale du Rhône (CNR) et son Centre d’Analyse Comportementale des
Ouvrages Hydrauliques (CACOH) ont récemment remporté un appel d’offre pour l’étude sur
modèle physique de la plage de dépôt du torrent du Manival en Isère (38). Cette étude a pour
objectif de mieux comprendre le fonctionnement et les réaménagements possibles de la plage
de dépôts. Ils doivent pour ce faire, simuler aussi fidèlement que possible la dynamique des

15
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

coulées de laves torrentielles grâce à leur modèle réduit et la plateforme hydro-sédimentaire


3D du CACOH.
Observer en direct une phénomène de lave torrentielle et tenter de le reproduire en
laboratoire reste difficile (Remaître, 2006). Divers chercheurs ont développé des modèles
numériques afin d’essayer de reproduire ces écoulements complexes, de prévoir leurs
trajectoires, leur extension, etc. Aussi, la modélisation numérique reste une méthode plus
abordable techniquement et financièrement et plus facile à manipuler pour les organismes
comme les bureaux d’études qui ont besoin d’outils opérationnels pour leurs études. Aussi, la
modélisation numérique permet d’obtenir des résultats généralement plus rapidement
puisqu’elle n’a pas besoin de temps de manutention et de construction des modèles qui en
modélisation physique peuvent demander plusieurs mois.

1.2.2. Modèles numériques

Il est recensé dans la littérature que les premiers travaux sur la modélisation
numérique des laves torrentielles datent des années 1970, notamment par Johnson (1970)
(Remaître, 2006). Depuis lors, plusieurs avancées se sont produites en la matière. Aujourd’hui,
la modélisation numérique des laves torrentielles peut être abordée à travers deux
approches : en considérant les laves torrentielles comme un fluide monophasique ou en
considérant les laves comme un fluide bi-phasique selon si l’objectif est de reproduire dans le
premier cas plutôt des laves torrentielles boueuses (mécanique des fluides), ou dans le second
cas des laves torrentielles plutôt granulaires (mécanique des sols) (Remaître, 2006). Il y a
toutefois plus de travaux ayant étudié la modélisation des laves torrentielles boueuses que
pour des laves torrentielles granulaires qui sont encore plus complexes à appréhender. Les
modèles peuvent être utilisés soit en prédétermination, soit en reconstitution des
phénomènes de laves torrentielles.

 Modèles 1D
Les modèles 1D, monodimensionnels, furent la première approche d’investigations
numériques afin de simuler la propagation des laves torrentielles, fondés sur une dimension
d’espace (Schaer, 2018). Les équations 1D de Saint-Venant sont ici utilisées afin de calculer
des quantités moyennes sur une section en travers de l’écoulement (Laigle, 2008). Les
modèles de propagation peuvent être regroupés en deux grands groupes : les modèles
mécaniques et les modèles rhéologiques. Les paramètres d’entrée de ces modèles peuvent
différer légèrement mais des paramètres de bases communs restent toutefois nécessaires
comme le choix de la loi de comportement, l’entrée d’une donnée topographique, d’un
hydrogramme et/ou d’un solidigramme (conditions aux limites du modèle), et de la
concentration volumique de la lave torrentielle étudiée (Remaître, 2006). Les modèles les plus
utilisés et développés en 1D s’appuient sur des lois de comportement viscoplastiques avec
comme exemple le modèle VIFLOW 1-D, le modèle Cemagref 1D, le modèle DAN, le modèle
BING, le modèle MODDS, ou le modèle J-DFM 1-D.
Les modèles 1D sont ainsi pour la plupart spécifiques à la simulation de la propagation
de laves torrentielles. Afin de modéliser l’étalement des laves torrentielle sur un cône de

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Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

déjection ou dans une plage de dépôts, il est nécessaire d’utiliser des modèles
bidimensionnels (Remaître, 2006).

 Modèles 2D
Les modèles bidimensionnels sont utilisés afin de reconstituer ou de prédire l’étendue
du passage de la lave torrentielle permettant ainsi de délimiter les zones soumises à un aléa,
de prédire la hauteur d’écoulement, l’épaisseur des dépôts et la vitesse de propagation
(Schaer, 2018). En fonction de plusieurs paramètres comme la concentration volumique, la
viscosité de l’écoulement, le choix des lois de comportements des modèles 2D vont différer
(fluide newtonien, fluide à seuil, fluide granulaire, turbulent, etc.) (Remaître, 2006). Les lois
de comportement s’appuient dans la plupart des cas sur les équations de Barré de Saint-
Venant déduites des équations de conservation de la quantité de mouvement et de
conservation de la masse (Remaître, 2006; Schaer, 2018). Les équations de Saint-Venant sont
applicables dans un contexte d’« eau peu profonde » (Shallow Water) et les calculs sont
réalisés grâce à la création d’un maillage de cellules rectangulaires ou triangulaires adaptées
à des données topographiques 3D. Comme pour les modèles 1D, il est nécessaire d’intégrer
des données d’entrée comme les conditions aux limites du modèle (hydrogramme,
solidigramme) et les paramètres rhéologiques spécifiques à l’écoulement étudié
(concentration volumétrique, viscosité). Afin de reconstituer un écoulement par modélisation
2D, les valeurs des paramètres rhéologiques comme données d’entrée sont généralement
supposées ou rétro-estimées selon des observations de terrain (Rickenmann, 2016). Parmi les
modèles les plus utilisés, basés pour la majorité sur des lois de comportement viscoplastiques
(fluides boueux), il peut être cités : Flo2D (O’Brien et al., 1993), Lave2D (Laigle et al., 2003),
et HEC-RAS 2D Version 6.0 (Gibson et Sanchez, 2020).

Le modèle Flo2D a été développé par O’Brien et al., (1993). Il est le modèle 2D payant
le plus connu et le plus utilisé (Chambon et Laigle, 2013; Schaer, 2018; Jakob et al., 2022). Il
est également appelé « modèle quadratique » et repose sur une loi de comportement de
Bingham (soit une loi d’Herschel Bulkley avec un indice n = 1 ; Marchi et al., 2010 ; Schaer,
2018). Il permet la simulation de crues d’eaux claires, d’écoulements boueux et de laves
torrentielles mais reste actuellement et majoritairement utilisé pour représenter les laves
torrentielles boueuses. Des tests ont été faits concernant la simulations des laves torrentielles
granulaires mais sa capacité et sa performance pour ces laves restent discutables (Chambon
et Laigle, 2013). Les équations utilisées sont l’équation de continuité et l’équation de
mouvement bidimensionnelle. Il peut être intégré des conditions aux limites du modèle, des
entrées d’eau à partir d’hydrogrammes d’entrée, des coefficients de rugosité de Manning
pour toutes les cellules du modèle, ainsi qu’une concentration de sédiments modifiable en
fonction des densités apparentes sélectionnées. Le module Mud Flow dans le logiciel FLO-2D
permet d’ajouter la concentration de sédiments à l’hydrogramme d’entrée qui reste fixe sur
toute la durée de l’hydrogramme. En effet, il est encore difficile d’estimer avec des modèles
les fluctuations de la concentration des sédiments (Jakob et al., 2022). Les paramètres
rhéologiques sont également des variables indispensables à spécifier. Le modèle utilise un
modèle numérique de terrain (MNT) afin de créer un maillage de cellules carrées. Le modèle
FLO-2D reste cependant à utiliser avec précaution notamment pour les laves torrentielles à

17
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

forte concentration volumique. En effet, le modèle de Bingham utilisé pour simuler la viscosité
d’un écoulement peut être une limite d’utilisation lorsque la concentration volumique est trop
importante (Schaer, 2018; Jakob et Hungr, 2005).

Le modèle Lave2D du Cemagref (Laigle et al., 2003) est également utilisé


majoritairement pour la modélisation d’écoulement de laves torrentielles boueuses. Ce
modèle se base sur la loi de comportement de Herschel-Bulkley en y intégrant la loi de
résistance de Coussot (1994) (Chambon et Laigle, 2013). Comme pour les autres modèles, les
deux types de données d’entrée principales sont un hydrogramme spécifique à l’écoulement
étudié et la définition des paramètres rhéologiques du matériau en écoulement (Laigle et
Peteuil, 2010). Le modèle Lave2D a déjà pu être utilisé afin de reproduire des évènements de
laboratoires et de terrains (Chambon et Laigle, 2013). Toutefois, il est souligné dans la
littérature et comme pour le modèle Flo-2D, l’importance du calage avec des évènements de
référence ainsi que de l’adaptation des paramètres d’entrée aux conditions de chaque cas
d’étude (topographie et hydrographie) (Schaer, 2018). Aussi, ce modèle n’intègre pas de
module permettant l’implantation d’ouvrages en charge.

Pour beaucoup de modèles bidimensionnels, le calage et/ou la validation sur des


évènements réels restent encore délicats et limités (Remaître, 2006; Schaer, 2018). Il est ainsi
important de continuer les expérimentations sur des cas concrets et bien documentés avec
des modèles 2D qui font l’objet de nouvelles mises à jour et de recherches sur leurs capacités
et leurs performances à modéliser des laves torrentielles afin d’aboutir à des outils 2D
opérationnels et fiables. Ce travail de recherche permet de poursuivre cette optique quant à
l’analyse des capacités du modèle HEC-RAS 2D à reproduire la dynamique d’étalement et de
dépôts de deux cas de laves torrentielles observées et documentées sur le torrent du Claret.
Le choix d’expérimenter le modèle HEC-RAS 2D et sa description détaillée sont explicités dans
la partie suivante.

1.3. Choix et description détaillés du modèle HEC-RAS 2D

Le logiciel HEC-RAS a été développé par le United States Army Corps of Engineers. C’est
un outil utilisé dans le monde entier et familier à de nombreux bureaux d’étude. C’est à partir
de la version 6.0 Beta 3 (Gibson et Sanchez, 2020) avec l’ajout des modules « Mud » et
« Debris » qu’il est possible de modéliser en 2D le transport des sédiments et les écoulements
de fluides non-newtoniens par l’intégration de plusieurs équations. Le modèle HEC-RAS 2D est
depuis l’un des modèles le plus fréquemment utilisé pour la modélisation d’écoulement
viscoplastique d’autant plus qu’il est gratuit et en libre-service sur internet (Jakob et al., 2022).

En modèle 2D, HEC-RAS utilise un maillage irrégulier avec des cellules rectangulaires
mais pouvant varier de forme jusqu’à avoir 8 faces. Cette spécificité permet notamment de
préciser et de raffiner le maillage sur des zones topographiques où une résolution plus
importante est nécessaire, ou bien encore à des endroits où la topographique change
brusquement (digue, berge, route). L’objectif est de définir un modèle de précision et de

18
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

bonne résolution afin d’optimiser les capacités et le temps de calcul du modèle. HEC-RAS
produit des données sur la hauteur et la vitesse d’écoulement pour chaque cellule et pour
chaque pas de temps du calcul. La topographie 3D peut être introduite dans HEC-RAS et la
rugosité est représentée par des coefficients de rugosité de Manning. Selon le terrain d’étude,
il faudra spécifier un coefficient de Manning pour chaque entité spatiale. Un hydrogramme et
sédigramme peuvent être spécifiés dans les conditions aux limites du modèle. Afin de
représenter au mieux le type d’écoulement étudié, plusieurs méthodes peuvent être
sélectionnées, ce qui va changer les termes, variables et paramètres non-newtoniens
nécessaires. HEC-RAS propose six méthodes :
 Newtonian Assumptions
 Only Bulking
 Bingham
 O’Brien Equation (Quadratic)
 Clastic Grain-Flow
 Herschel-Bulkley
La méthode par défaut est celle des hypothèses newtoniennes (Newtonian Assumptions) :
c’est une méthode newtonienne qui utilise les équations standards des « eaux claires ». Only
Bulking est également une méthode newtonienne puisqu’elle ne modifie que le volume du
fluide (Manuel d’utilisation, Gibson et Sanchez, 2020). Les quatre autres méthodes sont quant
à elles des méthodes non newtoniennes. Les modèles et les calculs composant ces six
méthodes sont décrits en détail dans le Manuel de référence technique. Ici, il sera spécifié
simplement l’utilisation et le paramétrage de la méthode de Herschel-Bulkley puisque c’est
cette méthode qui est utilisée pour les simulations dans ce mémoire. Il est aujourd’hui le
modèle qui reflète le mieux ces écoulements non-newtoniens.

La Figure 4 permet la visualisation de la fenêtre du logiciel HEC-RAS avec les différents


paramètres non newtoniens à renseigner. La concentration volumique (Cv) de la lave
torrentielle étudiée est la première variable à spécifier [%]. HEC-RAS conserve une valeur de
concentration volumique fixe dans le temps et l’espace. Les équations non newtoniennes sont
sensibles aux concentrations volumiques (Gibson et Sanchez, 2020). Il est possible
d’incorporer le volume des solides de la lave torrentielle aux données d’écoulement en
choisissant « Do Not Bulk ». Le volume des solides sera alors inclus directement dans le flux
du mélange (débit). Au contraire, il est possible de définir seulement le débit d’eau et ensuite
d’ajouter le volume des solides pendant la simulation en choisissant « Bulk Fluid Volume »
(ajout d’un hydrogramme et d’un sédigramme séparés). Il est également nécessaire de
spécifier une contrainte seuil (« yield stress » terme anglais utilisé dans HEC-RAS), noté « ꚍ »
dans HEC-RAS ou « ꚍc » dans la littérature et dans ce présent rapport. ꚍ est renseigné en Pa.
HEC-RAS comprend 3 approches pour déterminer la contrainte seuil :
 Exponential
 Use Coulomb
 User Yield

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Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

La méthode empirique exponentielle est l’approche par défaut et suppose que le seuil
d’élasticité est une fonction exponentielle de la concentration volumique. « Use Coulomb »
permet d’utiliser la théorie de Coulomb pour calculer ce seuil. L’utilisateur peut également
rentrer directement et manuellement la valeur du seuil avec « User Yield » ce qui sera le cas
dans ce travail afin de pouvoir tester plusieurs valeurs différentes.

Figure 4 : Fenêtre des méthodes et paramètres non-newtoniens du logiciel HEC-RAS.

Les approches mathématiques développées dans HEC-RAS suivent une approche


monophasique et peut faire appel à trois types d’équations d’écoulement non newtoniens :
 Equations 1D de Saint-Venant
 Equations 2D de Saint-Venant
 Equations 2D d’onde diffusive
L’équation 2D d’onde diffusive (Diffusive Wave Equation (DWE)) est celle retenue par défaut.
Pour ce travail de recherche, il a été utilisé l’équation 2D de Barré de Saint-Venant (Shallow
Water Equation (SWE)) qui est une réduction en 2D des équations 3D de Navier-Stockes. SWE
résout les équations de conservation du volume et de la quantité de mouvement et,
contrairement au modèle DWE, inclut les accélérations temporelles et spatiales ainsi que le
mélange horizontal (manuel d’utilisation, Gibson et Sanchez, 2020).

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Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

CHAPITRE 2: TERRAIN D’ETUDE ET APPROCHE


MÉTHODOLOGIQUE

2.1. Torrent du Claret

2.1.1. Description générale du bassin versant

Le torrent du Claret se situe à 44,689◦ N, 6,009◦ E, au nord de la commune de Saint-


Julien-Mont-Denis en Moyenne-Maurienne, Savoie (73) (Cf. Figure 5). Il est un affluent de la
rive droite de l'Arc. D’une surface totale d’environ 2,63 km2, le bassin versant est surplombé
par le Pic du Génie (2 510 m), délimité à l’ouest par le Crêt de la Pare (2 183 m) et à l’est par
le massif de la Croix des Têtes (2 491 m). Il est composé des quatre sous-bassins versant : la
Branche du Claret ; Le Bonnant ; le Ravin du Milieu et la Combe Mouillée (Cf. Figure 6). Il
présente une dénivelée de 1415 m et un indice global de pente de 0,40 m/m. Le Tableau 3
apporte de plus amples détails sur les caractéristiques propres au bassin versant du Claret.
C'est un torrent très actif caractérisé par un fort potentiel sédimentaire avec une
superficie en érosion active connectée au réseau hydrographique représentant 41% de la
surface du bassin versant (Etude de Bassin Versant, RTM/ONF Savoie, 2013). Ce fort apport
sédimentaire est fourni par les différentes formations géologiques présentes sur le bassin. En
rive droite, il est retrouvé majoritairement les flysch schisto-gréseux des écailles externes sub-
briançonnaises, des gypses et des cargneules, tandis qu’en rive gauche, se sont principalement
des calcaires du Jurassique qui composent les escarpements rocheux dans la partie
supérieure. Le contexte géologique et les forts processus d’érosion expliquent la répartition
hétérogène de la forêt dans le bassin versant du Claret (Hugerot, 2020).
Le torrent du Claret connait en moyenne des crues et laves torrentielles tous les 2 à 3
ans avec des volumes d’apport solide décennal de l’ordre de 25 000 m3 et des volumes
d’apport solide centennal de 60 000 m3 (Rapport d’évènement, (RTM/ONF Savoie 2019)).
D’après un recensement historique des évènements, le torrent produit un plus grand nombre
de laves torrentielles majoritairement boueuses entre les mois de juin et septembre lors
d’orages estivaux très intenses. Comme pour beaucoup de crues et de laves torrentielles, le
facteur principal de déclenchement de laves dans le torrent du Claret est l’accumulation de
plusieurs événements pluvieux ou des orages intenses localisés dans le bassin de réception
(Hugerot, 2020). La petite taille du bassin versant du torrent provoque une mobilisation rapide
et concentrée des matériaux disponibles accentuant davantage l’apparition et la fréquence
des laves torrentielles comme le montre l’occurrence des laves torrentielles dans ce torrent
(Chahrour, 2021).

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Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 5 : Localisation de la commune de Saint-Julien-Mont-Denis dans le département de la Savoie.


Sources : GEOATLAS (2009). Modifications : Leborgne (2022).

Figure 6 : Bassin versant du torrent du Claret et ses quatre sous-bassins. Source figure : GoogleEarth ;
Source données : Etude de Bassin Versant, RTM/ONF Savoie, (2013).

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Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Tableau 3 : Caractéristiques spécifiques du bassin versant du Claret. Source : Etude de Bassin Versant,
RTM/ONF Savoie (2013).

2.1.2. Corrections torrentielles sur le torrent du Claret

Le torrent du Claret est un torrent très actif comme vu précédemment. Le bassin


versant du torrent a été acquis à la fin du 19ème siècle par l’Administration des Eaux et Forêts
au titre de la politique RTM. Il est recensé que les premiers travaux de correction torrentielle
apportés sur le torrent remontent à l’année 1895 par la stabilisation de la combe de Fayard
(Hugerot, 2020). Depuis, de nombreux travaux de génie civil et de reboisement ont été opérés
afin de corriger le torrent, stabiliser et réduire les zones de production sédimentaire mais aussi
afin de remplacer les nombreux barrages de retenues qui n’ont pas résisté aux divers épisodes
de laves torrentielles.
Dans les prochains paragraphes, il sera majoritairement décrit les ouvrages de correction
torrentielle composant le dispositif « plage de dépôts » (ainsi nommé dans la base de données
RTM). En effet, c’est dans la plage de dépôts, aussi appelée « bassin de rétention » que le
phénomène d’étalement de laves torrentielles a été observé et sera étudié par modélisation
numérique avec le logiciel HEC-RAS. Pour de plus amples informations concernant l’historique
des aménagements apportés sur le torrent du Claret, se référer par exemple aux travaux de
Hugerot (2015) et Chahrour (2021) qui précisent les différents travaux de correction depuis
1895 à nos jours. La Figure 7 suivante, permet toutefois de se rendre compte du nombre
important de dispositifs de restauration présents sur le torrent ainsi que leur période
d’implantation.

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Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 7 : Etapes et localisation des principaux travaux RTM dans le bassin versant de Claret. Les
étapes de la restauration sont figurées par les lettres (a) à (g). Source : Hugerot (2020).

2.1.2.1. Dispositifs « plage de dépôts »


Le dispositif appelé « Plage de dépôts » dans la base RTM est un bassin de rétention
construit en 1991 juste en amont du canal EDF afin de protéger les enjeux exposés en aval des
laves torrentielles. Il fait 120 m de long et est d’une capacité d’environ 18 000 m3. Ce bassin
de rétention a un rôle de filtration par le tri et le stockage des matières solides ainsi qu’un rôle

24
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

régulateur de transport solide. Ce bassin de rétention est composé, de l’amont vers l’aval, de
(Cf. Figure 8) :

Figure 8 : Ouvrages de protection torrentielle composant le dispositif « plage de dépôts » du torrent


du Claret. Réalisation : Leborgne (2022), Données : RTM73.

 Deux barrages de retenue en pierres sèches sont situés à l’entrée de la plage de


dépôts. Leur objectif est de diriger les écoulements entrants et de stabiliser le profil en
long en créant un point fixe.
 Des enrochements en pieds de digues à l’entrée de la plage de dépôts afin de renforcer
et protéger les berges.
 Six dents freineuses, aussi appelées « briseurs de laves » sont implantées dans la
partie amont de la plage de dépôts. Ce sont des blocs triangulaires en béton armé
organisés en triangle, chacun mesurant 3 m de long sur 4 m de haut (plans de travaux,
archives RTM/ONF Savoie, 1991). Leur objectif est de casser l’énergie des laves
torrentielles et de favoriser les dépôts dans la partie amont du bassin de rétention.
Elles ont été implantées à titre expérimental et ont été retirées en 2018.
 Un bassin sédimentaire offrant une zone d’étalement et de stockage de dépôts.
 Des digues latérales en enrochements bétonnés sur les deux rives du barrage filtrant
pour protéger les berges et renforcer le barrage de fermeture.
 Un barrage de fermeture ouvert ou barrage filtrant avec un contre barrage et un radier
en béton armé en aval, permettant de stocker les matériaux et de trier et réguler les

25
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

flux torrentiels. La géométrie du barrage filtrant a notamment évolué lors des travaux
de 2018 à partir d’une volonté du RTM dès 19951.
 Une piste d’accès afin de permettre aux engins de chantier d’accéder au bassin pour
les travaux de curage et d’entretien.

2.1.2.2. Dispositif de mesures et d’observations


Les deux évènements de laves torrentielles de 2017 et 2019 observés sur le torrent du
Claret ont pu être étudiés dans ce présent mémoire grâce aux données disponibles, obtenues
en partie par les différents outils de mesures présents à ce moment-là, sur le torrent :
 Un géophone localisé à l’entrée de la plage de dépôts en rive droite (rôle de détecteur
par signaux sismiques) ;
 Une centrale d’acquisition de type NI CR1000 (enregistre, traite et déclenche) ;
 Un pluviomètre sur le barrage filtrant ;
 Une station d’imagerie comprenant une caméra de type RECONYX Trail PC900
implantée sur le barrage filtrant sur l’aile droite.
Le géophone permet le déclanchement automatiquement de la caméra (une photo par
seconde) après le dépassement d’un seuil de 250 mV. Un seuil est également ajouté à 12
mm/h pour l’intensité de pluie enregistrée par le pluviomètre (Fontaine, 2017).

2.1.2.3. Géométrie du barrage filtrant avant les travaux de 2018


Le barrage filtrant de la plage de dépôts est un barrage en béton armé de 9,2 m de
haut. La géométrie et l’ouverture du barrage ont connu des modifications en 2018.
Initialement, le barrage filtrant a été façonné avec deux fentes rectangulaires (Cf. Figure 9). La
fente inférieure, située au pied du barrage faisait 5 m de largeur sur 1 m de hauteur. Sa
conception avait pour objectif de faire traverser les faibles débits (événements récurrents)
vers l'aval et d'arrêter les blocs de diamètre supérieur à 1 m. La fente supérieure faisait 3 m
de largeur sur 1,5 m de hauteur et n’était activée que lorsque la hauteur des écoulements
atteignait 4 m de haut au droit du barrage. Le barrage est également composé d’un déversoir
trapézoïdal de 2 m de haut avec une base d’une largeur de 5 m, consacré à la surverse des
écoulements extrêmes de plus de 7 m de haut.

1
La volonté de revoir l’ouvrage de fermeture émane du service RTM dès 1995, suite à la crue de 1993. Elle a
nécessité une concertation avec les gestionnaires des infrastructures linéaires exposées à l’aval, puis une étude
de faisabilité de modification du pertuis (CEMAGREF). Une étude d’un tiers expert indépendant, Mr Koulinski, a
confirmé l’opportunité de modifier le pertuis faisant suivre une procédure réglementaire entre 2012 et 2017
avant d’être mise en œuvre en 2018.

26
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 9 : A gauche : Dimensions du barrage de fermeture de la plage de dépôts du Claret avant les
travaux de 2018. Source : Chahrour (2021). A droite : Photo du barrage de fermeture au 01 mars
2013. Source : RTM/ONF Savoie (2013).

Cette géométrie initiale a montré plusieurs limites et plusieurs problèmes ont été
relevés. Lors de la crue du 7 mai 1993 et celle du 14 juin 2017, la plage de dépôts a été remplie
et la fente inférieure du barrage filtrant a été obstruée par de gros blocs ne permettant pas
un auto-curage des matériaux. Dans ces situations, tous les matériaux sont retenus dans le
bassin, même ceux transportés par les petites crues, créant en aval un déficit sédimentaire
déjà présent sur le secteur aval de la confluence avec l’Arc (Etude de Bassin Versant,
ONF/RTM73, 2013). De ce fait, le dimensionnement de la fente inférieure du barrage de
fermeture n’était pas suffisamment grand pour permettre le passage des plus gros blocs des
laves torrentielles les plus fréquentes, nécessitant ainsi des travaux de curage réguliers et
coûteux de la plage de dépôts. De plus, l’organisation et la préparation aux travaux de curage
est assez long, ce qui ne permet pas au système de rétention de fonctionner de manière
optimale. C’est pourquoi, en 2018, un nouveau design de l’ouverture du barrage de fermeture
a été réalisé.

2.1.2.4. Géométrie du barrage filtrant après les travaux de 2018


Le barrage de fermeture est représenté actuellement avec une seule et grande
ouverture de 4 m de large sur 5 m de haut, protégée par des bords en plaques anticorrosion
d'une épaisseur de 20 mm (Cf. Figure 10). Aussi, lors de ces travaux, il a été décidé de
supprimer les six briseurs de lave en béton armé implantés à l'entrée du bassin de rétention.
Ces derniers n’étaient pas adaptés aux plages de dépôts (Etude de Bassin Versant,
ONF/RTM73, 2013) et ils se dégradaient très rapidement après chaque passage de laves
torrentielles. Aussi, ces dents freineuses provoquaient presque systématiquement l’arrêt
d’une partie des matériaux en amont de la plage de dépôts, augmentant ainsi le temps et les
dépenses pour le curage de la plage (Chahrour, 2021). Pour rappel, ces six dents ont été mises
en place à titre expérimental. En effet, leur implantation a été une première sur les plages de
dépôts RTM. Elles ont toutefois permis d’améliorer la connaissance du fonctionnement d’une
plage de dépôts (Etude de Bassin Versant, ONF/RTM73, 2013).

27
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 10 : A gauche : Dimensions du barrage de fermeture de la plage de dépôts du Claret après les
travaux de 2018 (Source : Chahrour (2021)). A droite : Photo du barrage de fermeture au 02 juillet
2019 (Source : INRAE).

2.2. Approche méthodologique

En modélisation numérique, trois grandes étapes sont nécessaires afin d’aboutir à la


validation d’un modèle. La première étape consiste en la construction même d’un modèle au
sein d’un logiciel de modélisation reflétant la zone d’étude en question. Il est question ici de
reproduire la zone d’étude dans son état initial avant l’évènement en prenant en compte les
conditions aux limites du modèle, l’implantation des ouvrages et des entités spécifiques ainsi
que la création d’un maillage adapté. La deuxième étape représente le calage du modèle en
caractérisant un jeu de paramètres de calage et en adaptant le modèle sur la base des données
disponibles (évènement observé). Une étude de sensibilité sur les paramètres de calage est
aussi possible. La troisième étape est la validation du modèle, souvent réalisée par la
reproduction d’un autre évènement observé dans un même contexte géographique et
géologique.

La lave torrentielle du 14 juin 2017 a fait l’objet de plusieurs observations et représente


un cas rare avec autant de données disponibles. Ainsi, cet évènement va servir pour la phase
de calage du modèle, permettant dans un premier temps d’affiner et de réduire le jeu de
paramètres de calage retenu. Il s’agira ici d’analyser plus particulièrement la durée de
traversée des laves simulées, l’effet de l’auto-curage avec les niveaux maximaux atteints par
les laves torrentielles simulées, ainsi que les niveaux des dépôts finaux en fonction des
différents paramètres rhéologiques, des coefficients de rugosité de Manning et des débits
(associés indirectement au volume de la lave) sélectionnés.
La lave torrentielle du 1er juillet 2019 qui est moins documentée mais pour laquelle il
existe suffisamment d’éléments comparatifs pour être étudiée, permet de tendre vers une
démarche de validation du modèle qui serait précédemment calibré par l’évènement de 2017.
Cette démarche permet de vérifier ou non la capacité du modèle à reproduire un autre
évènement basé sur des paramètres similaires entre les deux laves torrentielles. En effet,
l’objectif pour la lave de 2019 est de retenir les paramètres rhéologiques et/ou des coefficients

28
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

de rugosité de Manning les plus représentatifs de la lave torrentielle du 14 juin 2017, en


émettant l’hypothèse qu’ils peuvent être transposables à la lave du 1er juillet 2019 puisqu’il
s’agit du même torrent, de la même géologie et donc provoquant vraisemblablement les
mêmes types de laves torrentielles en terme de paramètres rhéologiques (viscosité,
concentration volumétrique). Pour cette lave, il s’agira d’analyser les niveaux maximaux
atteints par la lave ainsi que les niveaux et la répartition spatiale des dépôts résiduels.

29
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

CHAPITRE 3 : PHASE DE CALAGE DU MODELE HEC-RAS 2D :


LAVE TORRENTIELLE DU 14 JUIN 2017

3.1. Matériels et méthodes

3.1.1. Caractéristiques de la lave torrentielle du 14 juin 2017

3.1.1.1. Conditions climatiques


Le pluviomètre du torrent du Claret a enregistré le 14 juin 2017 un cumul de 14 mm
en 15 minutes. Il reste toutefois à supposer que l'intensité et le cumul des précipitations ont
peut-être été plus importants dans les zones de déclenchement du fait de l'altitude plus
élevée (Piton et al., 2018). L’intensité maximale enregistrée fut de 39 mm/h en 5 minutes avec
un cumul de 9 mm (Cf. Figure 11).
Les torrents situés à proximité, côté ouest, n'ont pas connu d'activité notable et un
pluviomètre situé à 3,5 km au nord dans la vallée, n'a mesuré que 6 mm de pluie cumulée. Ces
informations laissent donc penser que la cellule orageuse était assez localisée.

Figure 11 : Intensité et cumul de pluie du 14 juin 2017. Source : INRAE.

La lave torrentielle est partie de la branche de la Combe. Le volume total de la lave


torrentielle du 14 juin 2017 a été estimé aux alentours de 15 000 m3 dont 10 000 m3 de
matériaux déposés dans la plage de dépôts (données estimées après curage de la plage de
dépôts en 2018). Le reste des matériaux (5 000 m3) a continué son chemin vers l'aval par auto-
curage de la plage de dépôts au travers de la fente centrale. Ces derniers n’ont laissé que
quelques traces et presque aucun dépôt en aval transitant jusqu’à la confluence avec l’Arc
(Rapport d’évènement, RTM/ONF Savoie, 2019).

30
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

3.1.1.2. Dynamique de remplissage


Le temps de traversée de la lave torrentielle dans la plage de dépôts est un paramètre
de validation pour le calage du modèle HEC-RAS sur son aptitude à reproduire l’évènement de
lave torrentielle. Ce temps de traversée a été déterminé par analyse de photos acquises par
la caméra située sur le barrage filtrant en aval de la plage de dépôts, prises vers l’amont
(photos retenues pour déterminer la durée de traversée de la lave torrentielle, Annexe 1). Ces
photos ont également servi pour la création de la vidéo de l’évènement. Une première photo
a été sélectionnée montrant le passage de la lave torrentielle au niveau de la 1 ère dent
freineuse à 3:21:01. N’ayant pas en visuel le barrage filtrant dans le champ de vision de la
caméra, une estimation de l’atteinte de la lave sur ce dernier a dû être faite à partir d’une
photo montrant le dépassement de la lave du champ de vision de l’appareil à 3:21:48, et une
photo montrant le 1er indice de recirculation de l’écoulement dans la plage de dépôts, à
3:22:10. L’atteinte du barrage se situant entre ces deux périodes, elle fut estimée à 3:21:55.
Ainsi, la lave torrentielle a traversé la plage de dépôts, à partir de la 1 ère dent freineuse en
amont jusqu’au barrage filtrant en 54 secondes avec une incertitude de plus ou moins 5
secondes. L’évènement total (passage de la bouffée de la lave torrentielle) a duré environ 5
minutes (temps enregistré par la caméra et durée de signal intense sur le géophone).

La dynamique de remplissage de la plage de dépôts en interaction avec le barrage de


retenue ouvert a fait l’objet d’une première analyse qualitative par Piton, et al. (2018). La
Figure 12 et le Tableau 4 décomposent en plusieurs étapes la traversée de la lave et du
remplissage de la plage de dépôts avec des photos de l’évènement prises par la caméra, leur
temps et durée ainsi qu’un croquis synthétique de chaque étape décomposée. La Figure 13
permet quant à elle, une visualisation plus synthétique du phénomène par 3 grandes phases.
La première (1) consiste en l’avancée et le dépôts probablement homogène de la lave
torrentielle sur la quasi-totalité de la largeur de la plage de dépôts avec quelques blocs du
front de lave déposés au niveau des dents freineuses. La fente inférieure du barrage est
obstruée dès l’arrivée de la lave. La seconde phase (2) représente le remplissage et l’auto-
curage de la lave par la fente centrale avec un effet de recirculation (ou de remous) de
l’écoulement après avoir atteint le barrage filtrant. La lave torrentielle est montée jusqu’à 1,1
m au-dessous du niveau de la fente centrale, soit une profondeur maximale de 5,1 m. Enfin,
la troisième phase (3) reflète la situation post-crue, une fois l’auto-curage terminé. La
profondeur totale des dépôts finaux est de 4m au droit de la base de la fente centrale du
barrage filtrant (à 694 masl2).

2
masl : abréviation anglaise de l’unité altitudinale « mètre au-dessus du niveau de la mer ».

31
Figure 12 : Photos de caméra et croquis de synthèse clés des dépôts de la lave torrentielle : (a) T=20 s
après que les coulées de débris aient atteint l'entrée, quelques blocs rocheux se sont arrêtés derrière
les dents freineuses ; (b) T=25 s, tout le front granulaire de la coulée de débris a été déposé ; (c) T=53
s, la plupart du flux passait en rive droite du dépôt, s'étendant rapidement sur toute la largeur du
bassin ; (d) T=76 s, la plupart du flux passe toujours en rive droite, en aval un flux de recirculation s'est
déposé et est apparu sur la caméra car les flux ont atteint le barrage filtrant, bouchant la fente
inférieure et remplissant la partie aval du bassin. Cette recirculation a remblayé le bassin jusqu'à ce
que l'épaisseur du dépôt atteigne la fente supérieure. Source : Piton et al. (2018), Traduction
française : Leborgne (2022).
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 12 (suite) : (e) T=137 s, le flux de recirculation a ralenti probablement parce que la majeur
partie du flux est alors passé par la fente supérieure ; (f) T=297 s, le remplissage du bassin est alors
maximum, la majeur partie du flux est concentré sur le dépôt à l'intérieur d'une veine fluide évidente ;
(g) T=610 s, l’auto-curage est en cours, deux chemins d'écoulement évidents drainent le flux restant
venant de l'amont mais globalement le niveau de remplissage diminue. La baisse de l'activité de
transport à l'entrée a fait passer l'activité du géophone (géophone situé en amont de la plage de
dépôts) sous le seuil d'acquisition des images : arrêt de la caméra ; (h) T=6000 s, quelques images
sont prises d'un dépôt drainé et inactif depuis un moment. Source : Piton et al. (2018), Traduction
française : Leborgne (2022).

33
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Tableau 4 : Principales étapes et durées dans le piégeage de la lave torrentielle observée dans la
Figure 13. Sources : Piton et al. (2018), traduction française : Leborgne (2022).
Heure Durée Observations Figure 12

Le front de la lave a atteint l'entrée du bassin, la propagation du front


3:20:54 0:00:00
de blocs rocheux a commencé. a
3:21:14 0:00:20 Les premiers blocs sont arrêtés derrière le briseur de lave. b
Les blocs du front de la lave sont entièrement déposés, le corps de la
3:21:19 0:00:25 lave a commencé à se déposer au centre du bassin derrière le dépôt
du front de lave.
L’écoulement a probablement atteint le barrage filtrant, obstruant la
3:22:03 0:01:09 fente inférieure avec des blocs, le dépôt du corps de lave a atteint son
extension maximale.
L’effet de refoulement du barrage est visible, un écoulement de
3:22:10 0:01:16
recirculation ou de remous remplit progressivement le bassin. d
La recirculation s'est ralentie, la fente supérieure a probablement été
3:23:11 0:02:17 activée ; la majeure partie du flux est progressivement passée par la
fente supérieure. e
Niveau maximum atteint par la lave dans le bassin. Début de l'auto-
3:26:51 0:05:57
curage. f
Auto-curage en cours, arrêt de la caméra (activité sismique insuffisante
3:31:04 0:10:10
au géophone). g
Première photo suivante, dépôt complètement inactif pendant
5:00:54 1:40:00
quelques temps. h

34
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 13 : Synthèse de l’évènement en 3 situations : (1) Dépôts homogènes dans la plage de dépôts
et obstruction de la fente inférieure du barrage ; (2) remplissage et auto-curage par la fente centrale
avec une profondeur maximale atteinte par la lave de 5,1m ; (3) situation après crue avec une
profondeur des dépôts de 4m (par rapport à la base de la fente centrale). Sources : Piton et al. (2018),
Modifications et traduction française : Leborgne (2022).

3.1.2. Données d’entrée pour la lave torrentielle du 14 juin 2017

3.1.2.1. Données topographiques

3.1.2.1.1. Etat antécédent


Dans le but de reproduire par modélisation numérique l’étalement et le dépôt de la
lave torrentielle du 14 juin 2017 observés dans la plage de dépôts du torrent du Claret, il est
nécessaire d’intégrer dans le logiciel HEC-RAS 2D une topographie 3D de l’emprise du terrain
à étudier. Dans un premier temps, il a été question d’utiliser un MNT issu de relevés
topographiques datant de 2001. Il a été supposé que l’état initial, avant le passage de la lave
torrentielle du 14 juin 2017, pouvait être vraisemblablement représenté par ce dernier.
Cependant, après une analyse des photos de l’INRAE avant le passage de la lave torrentielle
de 2017, il a été constaté que la topographie initiale (MNT 2001) sous-estimait les dépôts déjà
présents : les dents freineuses n’étaient pas assez enterrées sur le levé topographique. En
effet, plusieurs évènements de charriage et de laves torrentielles se sont produits avant le
passage de la lave du 14 juin 2017, rehaussant de ce fait le niveau des dépôts, ce qui n’est pas
pris en compte sur le MNT de 2001.

35
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Ainsi, une correction de la topographie a dû être effectuée en estimant les altitudes


des dépôts avant le passage de la lave. Pour ce faire, les altitudes de dépôts sont déterminées
à partir des altitudes maximales des dents freineuses en soustrayant la hauteur encore
émergée de ces dernières. Sur les photos réalisées par le déclenchement de la caméra située
sur le barrage filtrant en aval de la plage de dépôts, juste avant le passage de la lave, il est
clairement visible que la 3ème rangée de dents freineuses (la plus en aval) et la dent (côté rive
gauche) de la 2ème rangée étaient déjà entièrement ensevelies par des dépôts provenant
d’épisodes précédents. Ainsi, les altitudes des dépôts avant le passage de la lave sont
déterminées simplement au droit du 1er rang de dents ainsi qu’au droit de la dent côté rive
droite du 2ème rang. Des données topographiques permettent de valider avec précision
l’altitude maximale de la dent la plus en amont (702,00 masl). Pour les altitudes du 2ème et
3ème rang, il a été nécessaire de retrouver les plans des travaux de 1991 des dents freineuses
dans les archives RTM/ONF Savoie. Les altitudes maximales des dents n’y sont pas figurées
mais le pourcentage de pente du terrain lors des travaux a été spécifié et localisé au niveau
des dents. Les altitudes maximales du 2ème et 3ème rang sont alors calculées avec une légère
incertitude (±10 cm) et correspondent respectivement à 699,50 masl et 697,00 masl.

La Figure 14, ci-dessous, représente le profil en long synthétique modifié de la plage


de dépôts avec les nouvelles altitudes des dépôts déterminées (du barrage filtrant en aval
(distance horizontale = 0m) jusqu’au 1er barrage en amont de la plage de dépôts (distance
horizontale = 120m)). Il est constaté qu’il n’y a pas de rupture de pente (confirmable
également par les photos INRAE) et que le profil peut être simplifié à partir de 2 pentes
principales : une pente représentative des dépôts amont (du 1er barrage en amont de la plage
de dépôts jusqu’au 2ème rang de dents (distance horizontale = 86,5m)) d’environ 9,5% et une
pente représentative des dépôts aval (partant du 2ème rang de dents au barrage filtrant)
d’environ 10%.

36
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 14 : Nouveau profil en long synthétique avant la lave torrentielle de 2017. Réalisation :
Leborgne (2022).

Ces deux pentes ainsi déterminées sont extrapolées à partir d’outils SIG (logiciel QGIS)
sur toute la largeur de la plage afin de recréer une topographie 3D plus représentative de l’état
initial avant le passage de la lave torrentielle, et qui sera utilisée comme donnée d’entrée dans
le logiciel HEC-RAS. Les niveaux topographiques des berges et digues de la plage de dépôts
n’ayant pas été affectés par le passage de la lave, ces derniers ont été conservés à partir du
MNT de 2001 et ont été intégrés au nouveau MNT par fusion des deux, réalisée à partir du
logiciel GlobalMapper.

La Figure 15 permet de visualiser plus facilement, la sous-estimation des niveaux des


dépôts par le MNT 2001 comparé aux niveaux de dépôts déterminés.

37
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 15 : Sous-estimation des dépôts du MNT 2001 par rapport aux nouveaux niveaux de dépôts
déterminés. Réalisation : Leborgne (2022).

3.1.2.1.2. Etat post crue


Le MNT à disposition reflétant les niveaux de dépôts après l’évènement date de
septembre 2018 à partir de relevés topographiques, juste avant le curage de la plage
(extraction des matériaux au sein de la plage de dépôts afin de lui redonner sa pleine
efficacité). La même hypothèse a été initialement faite comme quoi ce MNT serait
représentatif du niveau des dépôts juste après le passage de la lave. Cependant, après analyse
des photos de l’INRAE et de la caméra implantée sur le barrage filtrant, il a été constaté que
le MNT de septembre 2018 avant curage surestimait les niveaux de dépôts. En effet, plusieurs
évènements de charriage et de laves torrentielles se sont produits après le passage de la lave
torrentielle le 14 juin 2017 et avant le curage de septembre 2018.
La même méthodologie de détermination des altitudes des dépôts que pour les
données topographiques initiales a été adoptée. Grâce aux photos de l’INRAE prise le
lendemain de la lave torrentielle et les photos de la vidéo de l’évènement, le niveau des dépôts
post-crue a été déterminé. Ainsi, un nouveau profil en long synthétique a pu être défini (Cf.
Figure 16).

38
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 16 : Nouveau profil en long synthétique post évènement. Réalisation : Leborgne (2022).

Il est constaté une rupture de pente entre les dépôts amont et les dépôts aval. Comme
précédemment, le profil peut être simplifié à partir de deux pentes principales : une pente
représentative des dépôts amont d’environ 12,7% et une pente représentative des dépôts
aval d’environ 5,7%. Les données disponibles dans la zone amont sont peu nombreuses et le
niveau de remplissage ainsi que la pente de dépôt doivent être considérés comme incertains.

La Figure 17 permet de visualiser plus facilement, la surestimation des niveaux des


dépôts par le MNT de 2018 avant curage comparé aux nouveaux niveaux de dépôts
déterminés. Il peut être constaté que la courbe de tendance reflétant les dépôts aval entre les
deux profils en long sont plus ou moins similaires (aux alentours de 5,7%) jusqu’au 2ème rang
de dents. Cela s’explique notamment par l’auto-curage des matériaux au-travers de la fente
centrale du barrage filtrant. La surestimation des dépôts est principalement observée en
amont du bassin de rétention. Elle correspond aux dépôts associés aux évènements ayant eu
lieu postérieurement à l’évènement étudié.

Enfin, la Figure 18, regroupe les profils en long modifiés des nouveaux MNT à intégrer
dans le logiciel HEC-RAS 2D, avant et après le passage de la lave torrentielle du 14 juin 2017.

39
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 17 : Comparaison du profil en long du MNT de septembre 2018 avec le profil en long modifié.
Source : Leborgne (2022).

Figure 18 : Comparaison des profils en long modifiés avant et après évènement. Source : Leborgne
(2022).

40
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

3.1.2.1.3. Conclusion sur l’analyse des données topographiques


La compréhension du phénomène en question et l’analyse des données d’entrée à
disposition sont une première étape primordiale avant la modélisation numérique à
proprement parler via le logiciel HEC-RAS. Ils représentent un point clef dans la critique de
données d’entrée et des directions dans lesquelles les simulations vont être orientées. Cette
étude préliminaire a donc permis de modifier et de tendre vers une meilleure représentation
des conditions topographiques initiales et finales de la lave torrentielle du 14 juin 2017. C’est
sur ces nouveaux MNT modifiés que la modélisation sera réalisée et les résultats comparés et
critiqués.
Il est important de rappeler que les altitudes des dépôts initiaux et finaux ainsi que le
jeu de calage sont déterminés partiellement par photo-interprétation et à dire d’expert. Ainsi,
des incertitudes persistent et il est essentiel d’avoir un certain recul et un avis critique lors de
l’analyse des résultats.

3.1.2.1.4. Coefficient de rugosité de Manning


Le coefficient de rugosité de Manning représente la résistance que le terrain oppose
au passage de l’écoulement. Il reflète le rôle des forces de frottement externes dues à la
rugosité du sol. Même lorsque la loi d’Herschel Bulkley est utilisée, le logiciel HEC-RAS intègre
une composante de frottement associée à l’équation de Manning Strickler (les tests menés
avec un coefficient très faible minimisant ce frottement montraient des incohérences, il a
donc été décidé d’intégrer ce coefficient à l’étude paramétrique). HEC-RAS propose par défaut
un coefficient de Manning de 0,06. Pour un modèle en 2D il est possible d’intégrer une couche
CorineLandCover afin de préciser les différents coefficients de Manning selon les différentes
occupations des sols des zones couvertes par l’emprise du modèle HEC-RAS. Dans ce travail,
une couche de polygones a été créée à partir du logiciel QGIS permettant de différencier
quatre zones distinctes (Cf. Figure 19) :
 Le fond du lit du torrent/de la plage de dépôt : trois valeurs sont explorées afin de
représenter la rugosité du lit avant le passage de la lave torrentielle de juin 2017 : 0,04 ;
0,05 et 0,08 (Cf. Tableau 5).
 Les zones ayant une présence d’arbres avec un coefficient de Manning de 0,18.
 La piste d’accès à la plage de dépôts et les routes avec un coefficient de Manning de
0,025.
 Les terrains agricoles avec un coefficient de Manning de 0,04.

Dans le modèle HEC-RAS 2D construit, cette couche de Manning est d’une résolution
de 0,5 m sur 0,5 m.

41
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 19 : Couche CorineLandCover importée dans HEC-RAS. ID : 1 : lit du torrent (Manning = 0,04 /
0,05 / 0,08) ; 2 : présence d’arbres (Manning = 0,18) ; 3 et 4 : piste et route (Manning = 0,025) ; 5 :
terrains agricoles (Manning = 0,04). Réalisation : Leborgne (2022).

Tableau 5 : Coefficients de Manning retenus pour les simulations reflétant la rugosité du lit du torrent
et du fond de la plage de dépôts. M1 à M3 : coefficient de Manning 1 à 3. Source : Leborgne (2022).

Coefficient de Manning
retenus pour le lit du torrent
M1 0,04
M2 0,05
M3 0,08

42
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

3.1.2.2. Données hydrologiques


Des données hydrologiques doivent être intégrées dans le logiciel HEC-RAS afin de
renseigner les conditions aux limites du modèle. C’est par un hydrogramme que le débit,
entrant en amont de la plage de dépôts, est indiqué. N’ayant pas directement l’hydrogramme
de crue du 14 juin 2017 spécifique à la lave torrentielle, le débit de pointe a donc dû être
déduit indirectement. Il peut être associé au volume total estimé de la lave torrentielle en
considérant une hypothèse d’hydrogramme triangulaire à partir de l’équation suivante :

Qp = V·2/T (1)
Où :
Qp : débit de point [m3/s]
V : volume totale de la lave torrentielle [m3]
T : Durée de l’évènement [s] (ici = 5 min, soit 300 s)

Le volume total de la lave torrentielle a été estimé par modélisation 0D (modèle


réservoir de Piton, Goodwin, et al., 2022) à partir des niveaux maximums atteints par la lave
torrentielle au droit du barrage de fermeture (695,1 masl) connus grâce aux laisses de crues.
Il a été fait l’hypothèse que le pertuis du bas du barrage filtrant était bouché dès l’arrivée de
la lave torrentielle. Ce volume est estimé à environ 11 000 m3, donnant donc un débit de
pointe de 73 m3/s.
Le géophone a enregistré un signal à partir des vibrations et ondes sismiques,
provoqué par le passage de la lave torrentielle sur le fond du lit et l’entrechoquement des
blocs et cailloux entre eux. Ce signal sature immédiatement puis redescend progressivement
(Cf. Figure 20). Il a été supposé un hydrogramme triangulaire avec un temps de montée au
débit de pointe fixé arbitrairement à 5 secondes pour une durée d’évènement de 5 minutes
(exemple d’hydrogramme pour un débit de pointe (Qp) de 73 m3/s, Figure 21).

Figure 20 : Signal géophone enregistré lors du passage de la lave du 14 juin 2017. Source : Données
RTM et INRAE (2017).

43
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 21 : Hydrogramme triangulaire pour un débit de pointe (Qp) de 73 m3/s, soit un volume de 11
000 m3.

Le débit de pointe de la lave torrentielle intégré dans un hydrogramme est un


paramètre de calage du modèle. Ainsi, il a été choisi de sélectionner trois valeurs différentes
associées au volume de l’évènement (9 000 m3, 11 000 m3 et 13 000 m3) via l’équation (1) afin
d’analyser leur influence sur les niveaux de dépôts maximums et finaux (Cf. Tableau 6). De ce
fait, trois hydrogrammes sont finalement retenus correspondant à ces trois volumes.

Tableau 6 : Paramètres des volumes et débits de pointe (Qp) retenus pour les simulations HEC-RAS
(lave torrentielle 2017) . V1 à V3 : volume 1 à 3. Source : Leborgne (2022)

Volume Qp
[m3] [m3/s]
V1 9 000 60
V2 11 000 73
V3 13 000 87

3.1.2.3. Données rhéologiques


Plusieurs choix de méthodes non-newtoniennes faisant référence à différentes lois de
comportement peuvent être retenus dans HEC-RAS depuis la version 6.0. Ici c’est la méthode
de Herschel-Bulkley qui a été choisie, spécifique à un comportement viscoplastique,
représentatif d’un écoulement d’une lave torrentielle boueuse (Recking et al., 2013). Dans ce
travail, la concentration volumique (Cv) est fixée à 60%, déduite de la masse volumique de la
lave torrentielle (ρlave) estimée à partir de la vidéo de l’évènement et dire d’expert. La
concentration volumique ne varie pas selon les différentes simulations. La masse volumique
de la lave torrentielle a estimée à 2 000 kg/m3 mais n’est pas à renseigner directement dans

44
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

le logiciel HEC-RAS puisqu’elle est calculée indirectement à partir de la concentration


volumique (Cv) de la lave torrentielle par l’équation suivante :
ρlave = Cv · ρsolide + (1-Cv) · ρeau
Où :
Cv : concentration volumique des matériaux solides [%]
ρlave : masse volumique de la lave torrentielle [kg/m3]
ρsolide : masse volumique des matériaux solides [kg/m3] (valeur globale de 2 650 kg/m3)
ρeau : masse volumique de l’eau [kg/m3]

Pour rappel, le seuil de contrainte noté « ꚍ » dans le logiciel, ou « ꚍc » dans la littérature


et dans ce présent mémoire [Pa], peut être calculé selon deux équations (équation
exponentielle et équation de Coulomb) ou rentré manuellement par l’utilisateur. C’est de
façon manuelle que ce paramètre est renseigné ici afin de pouvoir le faire varier selon les
différentes rhéologies retenues. Les paramètres spécifiques de Herschel-Bulkley, K : la
consistance [Pa.sn] et n : l’indice d’écoulement [sans unité] sont également renseignés
manuellement. L’indice d’écoulement « n » est un paramètre fixé à une valeur de 0,33 (valeur
de référence donnée dans la littérature) et reste constant pour toutes les simulations.

Après des premières simulations exploratoires réalisées par Mathieu Valentin (2022)
du RTM Isère, une première orientation concernant les valeurs attribuées aux paramètres
rhéologiques a été prise. De plus, le choix des valeurs attribuées aux rapports ꚍc/ρ et de K/ꚍc a
été guidé par une analyse de ces derniers dans l’étude de Bassin Versant du RTM Savoie,
(2013). Déterminés par des mesures sur d’autres sites aux alentours du torrent du Claret, ils
montraient que le rapport K/ꚍc se trouvait entre 0,1 et 0,3, en étant plus proche de la valeur
de 0,3 et que le rapport ꚍc/ρ variait entre 1 et 1,5. De ce fait, trois classes de rhéologie ont été
initialement retenues pour les simulations, avec des valeurs de ꚍc/ρ égales à 1,18 ; 1,33 ; 1,43.
L’exploration de ces valeurs via le logiciel HEC-RAS 2D à travers l’analyse des résultats
convergeait vers une trop grande viscosité en comparaison à la lave torrentielle réellement
observée le 14 juin 2017 par vidéo. Des ratios plus faibles de ꚍc/ρ, préconisés par les
connaissances empiriques des RTM après une réunion d’échange, ont été explorés afin de
tendre vers une viscosité plus fluide et donc plus représentative de l’évènement passé (ratio
de ꚍc/ρ égal à : 0,5 ; 0,75 et 1). Après une ré-analyse des évènements historiques et des
quelques observations disponibles sur le torrent Saint Julien, voisin du Claret, il est possible
d’attribuer des valeurs du rapport ꚍc/ρ selon la viscosité d’une lave torrentielle :
 Lave torrentielle boueuse fluide : 0,5 à 0,7 m2.s-2
 Lave torrentielle boueuse à viscosité moyenne : 0,7 à 0,9 m2.s-2
 Lave torrentielle boueuse visqueuse : > 1 m2.s-2
Il reste important de garder à l’esprit que ces valeurs ne sont pas directement transposables
au torrent du Clairet, qu’elles reflètent donc une part d’incertitude. A des fins de comparaison,
les ratios de K/ꚍc initialement utilisés dans les premières simulations (et mal connus sur le
terrain), ont été conservés (Cf. Tableau 7).

45
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Tableau 7 : Paramètres rhéologiques retenus pour les simulations HEC-RAS 2D. R1 à R6 : jeux de
paramètres rhéologiques 1 à 6. Source : Leborgne (2022).

K/ꚍc ꚍc/ρ ꚍc K
[sn] [m2.s-2] [Pa] [Pa.sn]
R1 0.1 1.18 2360 236
R2 0.2 1.33 2660 532
R3 0.3 1.43 2850 855
R4 0.1 0.5 1000 100
R5 0.2 0.75 1500 300
R6 0.3 1 2000 600

Dans ce mémoire, il a été fait le choix de ne pas explorer les paramètres K et ꚍc


indépendamment. En effet, de manière générale, pour des laves fluides, la consistance (K) est
relativement forte tandis que le seuil de contrainte (ꚍc) reste faible et inversement pour les
laves visqueuses, la consistance est faible et le seuil de contrainte fort. Ainsi, il a été défini
directement quelques types de laves torrentielles selon les ratios K/ꚍc et ꚍc/ρ, dont leur
variation conjointe ne permet pas d’isoler l’effet d’un de ces paramètres.

3.1.2.4. Géométrie du barrage filtrant dans HEC-RAS 2D pour la lave de 2017


Comme vu précédemment, la géométrie du barrage filtrant a été modifiée lors des
travaux en 2018. Il s’agit ici de reproduire la géométrie de l’ouvrage lors de la crue du 14 juin
2017, ainsi c’est l’ancien design du barrage qui doit être reproduit dans HEC-RAS (avec les deux
pertuis et le déversoir de surverse). Il a été volontairement choisi de ne pas représenter le
pertuis du bas, car comme vu précédemment, dès l’arrivée de la lave, ce pertuis inférieur a
été très probablement immédiatement obstrué. Ainsi, pour simplifier la conception de la
géométrie de l’ouvrage, ce pertuis inférieur n’a pas été représenté dans le logiciel HEC-RAS
mais simplement le pertuis central par lequel la lave traverse, permettant un effet d’auto-
curage de la plage de dépôts.
Le logiciel HEC-RAS propose de représenter le barrage filtrant sous différents types de
géométrie comme par exemple avec l’implantation d’un pont (« Bridge » terme anglais utilisé
dans HEC-RAS), d’un dalot (« Colvert »), etc. Le manuel d’utilisation HEC-RAS Version 6.0
(Gary, 2021) décrit en détail les différentes possibilités et a permis de sélectionner le type
d’ouvrage le plus représentatif. La géométrie finalement retenue est un barrage à vannes avec
un déversoir de crue (« Gâte Spill ay and Weir »). Ce sont des vannes à levage vertical (« Slice
gâtes ») avec un déversoir à large crête (« Broad ceste silla/Weir ») (Cf. exemple schématique
de vanne, Figure 22). La Figure 23 est une capture d’écran du profil en travers du barrage
filtrant tel qu’il a été construit dans le logiciel HEC-RAS.

46
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 22 : Exemple de vannes à levage vertical (« Slice gâtes »). ZU : élévation de la ligne de niveau de
l'énergie amont ; ZD : élévation de la surface de l'eau en aval ; ZS : élévation de la crête du déversoir à
travers la vanne ; B : hauteur de l’ouverture de la vanne [m]. Source : Gary W. (2021).

Figure 23 : Profil en travers représentant la géométrie du barrage filtrant dans le logiciel HEC-RAS 2D
pour la lave torrentielle de 2017. Réalisation : Leborgne (2022).

Pour une géométrie de type « Colvert » il est utilisé les équations de Saint-Venant pour
un écoulement à surface libre qui calculent des forces de frottements sur un ponceau d’une
longueur d’ouvrage généralement de plusieurs mètres. Cette géométrie ne représente pas le
cas du barrage filtrant de la plage de dépôts dont la structure est d’une épaisseur de 0,50 m,
faible devant l’épaisseur du fluide. Les calculs pour un barrage à vanne de vidange sont basés
sur la loi hauteur/débit et permettent de prendre en compte le gabarit plus petit de cette
singularité via une loi d’orifice. L’équation pour un écoulement libre à travers une vanne
utilisée par HEC-RAS est la suivante :

𝑄 = 𝐶 ⋅ 𝑊 ⋅ 𝐵 ⋅ √2 ⋅ 𝑔 ⋅ 𝐻
Où :
Q : Débit [m3/s]
C : Coefficient de débit
W : Largeur de la vanne [m]
B : Hauteur de l'ouverture de la vanne [m]

47
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

g : Accélération de la pesanteur [m/s2]


H : Hauteur d'énergie en amont de la crête du déversoir (ZU - Zsp) [m]
ZU : Élévation de la ligne de niveau de l'énergie amont [m]
Zsp : Élévation de la crête du déversoir à travers la vanne [m]

Le coefficient de débit (C) est estimé à dire d’expert à 0,68. Il n’est pas discuté dans ce présent
mémoire. Il peut toutefois avoir un effet potentiel important sur les niveaux atteints au droit
du barrage filtrant.

3.1.2.5. Construction d’un modèle HEC-RAS 2D pour la lave de 2017


La construction d’un modèle 2D permet de reproduire la zone d’étude initiale
représentative de l’état initial de la plage de dépôts avant le passage de la lave torrentielle de
2017. Pour se faire, le nouveau MNT précédemment construit est introduit dans le logiciel
HEC-RAS. Une petite modification de ce MNT a été apportée directement sur le logiciel HEC-
RAS afin de résoudre un problème topographique constaté au travers des simulations sur
l’effet d’auto-curage des matériaux. Le nouveau MNT modifié intègre l’obstacle créé par le
barrage filtrant : ainsi avec l’intégration de l’ouvrage sur le logiciel HEC-RAS, il est représenté
deux barrages faisant face aux écoulements (celui dans la topographie et l’élément ouvrage
de HEC-RAS). Cela ne permet pas d’observer un effet d’auto-curage. Pour pallier ce problème,
un lissage du MNT a été réalisé en aval du barrage filtrant (construit sur HEC-RAS) afin de
supprimer la topographie du barrage filtrant prise en compte sur le MNT (Cf. Figure 24).
Par la suite, l’emprise du modèle est créée ainsi qu’un maillage d’une résolution de 2
m sur 2 m. Des lignes de contrainte (« breaklines » en anglais) sont ajoutées au modèle afin
d’appuyer la topographie, notamment les ruptures de pente ou les obstacles (ex : digues,
dents freineuses) : elles sont représentées par des lignes rouges sur la Figure 24. Elles
permettent d’adapter l’orientation des mailles et donc des échanges réalisés à leur niveau.
Les mailles éloignées de ces lignes de contraintes ne sont pas forcément alignées avec l’axe
de l’écoulement, ce qui peut apporter de potentiels effets sur les modélisations. Les
conditions aux limites (« boundary conditions » terme anglais utilisé dans HEC-RAS) sont par
la suite intégrées à chaque extrémité de l’emprise du modèle (deux linéaires bleus sur la Figure
24 : « Up Stream » et « Down Stream »). C’est pour les conditions aux limites « Up Stream »,
que les différents hydrogrammes seront pris en compte par les simulations. Pour les
conditions aux limites « Down Stream », il a été sélectionné une condition de type « Normal
Depth » supposant que le passage de la lave torrentielle se fait dans des conditions
d'écoulement normales (niveau uniforme) à la limite aval du modèle.
Pour finir la construction du modèle, il a fallu créer et implanter dans le modèle les
ouvrages présents dans la plage de dépôts, soit : le barrage filtrant en aval de la plage et les
deux dents freineuses encore émergées en amont. Pour rappel, la durée de l’évènement total
est de 5 minutes. Afin de bien visualiser l’effet d’auto-curage et de permettre à l’écoulement
de totalement s’arrêter, les simulations de laves torrentielles sont menées sur une durée de
25 minutes.

48
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 24 : Modèle HEC-RAS 2D construit sur fond topographique modifié (lave torrentielle 2017).
Réalisation : Leborgne (2022).

3.2. Résultats

3.2.1. Description conceptuelle

Cette première partie des résultats permet de réaliser une comparaison visuelle entre
l’analyse qualitative réalisée par Piton et al., (2018) sur les différentes phases de remplissage
de la plage de dépôts observées au travers de la vidéo de l’évènement, et les rendus
cartographiques d’une modélisation HEC-RAS 2D (identiques pour n’importe quelle lave
torrentielle simulée). La cartographie de la Figure 25 représente les vitesses d’écoulements
(avec des vecteurs de vitesses représentés par des flèches noires) et les profondeurs (avec des
lignes de courants représentées par les lignes blanches) modélisées pour la lave torrentielle
comprenant un ꚍc/ρ de 1 m2.s-2 ; un débit de 87 m3/s et un coefficient de Manning de 0,08, et
à des temps de simulation différents :

49
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 25 : Comparaison de l’analyse schématique par Piton, et al., (2018) avec le cas de la
modélisation 2D par HEC-RAS pour une lave torrentielle comprenant un ꚍc/ρ = 1 m2.s-2 ; un débit = 87
m3/s et un coefficient de Manning = 0,08. (a) : Similitudes observées quant à l’effet séparateur des

50
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

dents freineuses mais absence de la modélisation du dépôt du front granulaire au niveau des dents.
(b) : Observation d’un flux plus important côté rive gauche, à l’inverse de l’analyse schématique.

Figure 25 (suite) : (c) et (d) : Aucun chemin préférentiel d’écoulement, ni de recirculation observé par
modélisation 2D. Réalisation Leborgne (2022).

51
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

(a) Temps à 48 s : Entrée de la lave torrentielle dans la plage de dépôts. Des similitudes
sont constatées entre l’analyse schématique et la modélisation par HEC-RAS 2D avec
la séparation de la lave torrentielle en deux flux par les dents freineuses. Cependant,
aucun dépôt du front granulaire ou de quelques blocs n’est modélisé par HEC-RAS qui
n’intègre pas ces éléments (modèle fluide pure).
(b) Temps à 1 min 12 s : le chemin préférentiel emprunté par la lave torrentielle en rive
droite ainsi que la recirculation observée sur la vidéo, et représentés
schématiquement, ne sont pas observés par la modélisation par HEC-RAS 2D. Ces
constats peuvent être expliqués par le fait que la topographie du fond de la plage de
dépôts, modifiée et intégrée dans HEC-RAS, a été interpolée sur toute la largeur de la
plage à partir des niveaux de dépôts déterminés au droit des dents freineuses. Si la
topographie induite par le dépôt du front granulaire avait été rajoutée manuellement
dans HEC-RAS, il se pourrait qu’une visualisation de ces phénomènes soit possible.
(c) Temps à 2 min 10 s : Juste avant le déversement de la lave par le pertuis central,
aucune recirculation n’est observée. Une perte de vitesse est notée au droit du
barrage. Cela peut s’expliquer par un potentiel effet de remplissage homogène et par
l’absence d’apport préférentiel issu de la rive droite.
(d) Temps à 5 min : Les vitesses d’écoulement sont également plus faibles, ce
ralentissement peut s’expliquer probablement par le passage de la majeure partie du
flux par la fente centrale. Aucune recirculation n’est observée sur la modélisation 2D
comme c’était le cas sur les images de terrain. Il est constaté une alimentation
homogène plutôt qu’une veine fluide principale.

Les différences observées dans cette comparaison pourraient faire l’objet d’études
approfondies. Une piste hypothétique peut être avancée sur l’utilisation, par HEC-RAS 2D, des
équations de Barré de Saint-Venant moyennant le comportement sur toute l’épaisseur de
l’écoulement. Peut-être qu’en différenciant l’épaisseur de la lave torrentielle en deux phases :
une phase solide sur les premiers mètres de profondeur et une phase fluide sur l’écoulement
surnageant, il serait possible d’observer cette recirculation au droit du barrage. L’écoulement
modélisé est alors tridimensionnel, sortant de ce fait, du domaine d’application des équations
de Barré de Saint-Venant. Cette hypothèse mettrait alors en avant une limite potentielle dans
l’utilisation des équations de Barré de Saint-Venant dans ce cas précis de modélisation de lave
torrentielle impactant un ouvrage barrant l’ensemble du chenal.
La suite de l’analyse vise à mener une étude paramétrique permettant de sélectionner le
ou les jeux de paramètres les plus représentatifs de l’évènement étudié.

3.2.2. Niveaux des dépôts atteints au droit du barrage filtrant et de la 1ère dent
freineuse

Les résultats des simulations avec les trois coefficients de rugosité de Manning, les trois
débits de pointe et les 6 jeux de paramètres rhéologiques retenus sont représentés sous forme
graphique. Pour ne pas surcharger le corps du mémoire, les résultats sous formes de tableaux
sont consultables en Annexe 2.

52
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Pour la lave torrentielle du 14 juin 2017, il est question d’analyser l’influence des
coefficients de rugosité de Manning, des débits et des différentes rhéologies des laves
torrentielles notamment sur les niveaux des dépôts maximums ainsi que les dépôts finaux
atteints par les différentes laves torrentielles simulées au droit de la dent n°1 (dent la plus en
amont) et au droit du barrage filtrant. Les durées de traversée des laves sont également
comparées à celle déterminée pour la lave du 17 juin 2017, soit 54s (± 5s) pour une distance
de 99,60 m (du barrage filtrant à la dent n°1 en amont du bassin de rétention).

Les valeurs des dépôts obtenues au droit du barrage filtrant sont extraites des
simulations à 1 m en amont du barrage. En effet, il a été constaté grâce aux profils en long
exportés du logiciel HEC-RAS, une chute des profils sur environ 1 m au niveau du barrage
(exemple d’un profil en long d’une lave torrentielle simulée, Cf. Figure 26). Après vérification
des données d’entrée et des différents paramètres de construction du modèle, il n’a pas été
trouvé d’explication à cette chute qui donne au niveau du barrage (distance = 0m) des valeurs
inférieures à la cote de la base du pertuis central (694,00 masl). Les valeurs retrouvées par les
simulations tournent aux alentours de 693,80 masl. Les dépôts finaux des différentes
simulations ne devraient pas se situer en-dessous de la cote du pertuis. Il a donc été supposé
un problème interne spécifique au logiciel HEC-RAS puisque le barrage est une singularité dans
le modèle, une entité à part entière ajoutée à la topographie avec des cotes bien identifiées.

Figure 26 : Exemple de profil en long des dépôts finaux montrant la chute du profil au droit du
barrage filtrant. Source : Leborgne (2022).

53
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

3.2.2.1. Niveaux des dépôts au droit du barrage filtrant

3.2.2.1.1. Niveaux maximums des dépôts atteints au droit du barrage filtrant


Cette comparaison peut être réalisée puisque le niveau maximum atteint par la lave
torrentielle de 2017 est connue grâce aux laisses de crue visibles sur les parois en amont du
barrage. Ce niveau de référence est de 695,10 masl.
La Figure 27 montre tous les niveaux maximums atteints par les 54 laves torrentielles
simulées. Il peut être constaté dans un premier temps que c’est la rhéologie des laves
torrentielles, représentée par le rapport de ꚍc/ρ sur l’axe des abscisses, qui influence le plus
les niveaux maximums atteints par les dépôts au droit du barrage. Une différence maximale
de 1,5 m est relevée entre le rapport de ꚍc/ρ le plus faible (0,5 m2.s-2) et le plus élevé (1,43
m2.s-2) et pour un débit de 60 m3/s. Les résultats montrent que plus la valeur de ꚍc/ρ est petite
(lave plus fluide), plus les niveaux atteints sont importants et inversement, plus la valeur de
ꚍc/ρ est grande, plus les niveaux sont faibles. Ce constat semble contre intuitif, et aucune
explication n’a pu être apportée afin de comprendre cette tendance qui est observable
simplement en aval de la plage de dépôts au droit du barrage filtrant : l’origine de ce résultat
est vraisemblablement à rechercher du côté du fonctionnement de la singularité numérique
formée par le barrage.
Les débits de pointe retenus (60 m3/s, 73 m3/s et 87 m3/s), influencent dans un second
ordre les niveaux maximums des dépôts. Il est observé que plus le débit est élevé, plus le
niveau maximum atteint par la lave est grand. Une différence maximale de 1,43 m est
observée entre le débit à 60 et 87 m3/s pour un rapport de ꚍc/ρ de 1,43 m2.s-2.
Enfin, les coefficients de rugosité de Manning utilisés n’ont pour ainsi dire, aucune
influence sur les niveaux maximums atteints par les diverses laves torrentielles simulées au
droit du barrage. Une différence maximale de 0,01 m est relevée entre les différents niveaux
obtenus, ce qui est insignifiant. Ce coefficient caractérisant le frottement dans le bassin, ce
résultat est cohérent avec l’intuition.
De par ces résultats, il n’est pas possible de faire ressortir un jeu de paramètres le plus
représentatif du niveau final atteint par la lave torrentielle du 14 juin 2017. Toutefois, il
semblerait que ce sont les laves torrentielles avec les rapports de ꚍc/ρ les plus élevés et les
débits les plus faibles qui permettraient de se rapprocher de la valeur de référence.

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Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 27 : Niveaux maximums atteints par les laves torrentielles au droit du barrage filtrant pour les
simulations HEC-RAS 2D, lave torrentielle 2017. Réalisation : Leborgne (2002).

3.2.2.1.2. Niveaux finaux des dépôts au droit du barrage filtrant


Le niveau de référence des dépôts finaux au droit du barrage pour la lave de 2017 se
situe à 694,0 masl (base de la fente intermédiaire). Les trois paramètres étudiés n’ont
quasiment aucune influence sur les simulations réalisées. Une différence maximale de 0,01 m
entre les simulations est relevée pour les coefficients de rugosité de Manning, de 0,40 m pour
les rapports ꚍc/ρ et de 0,39 m pour les différents débits. Cette dernière différence, observable
sur la Figure 28, correspond aux simulations suivantes :
 Manning = 0,04 ; Débit = 60 m3/s ; ꚍc/ρ = 0,5 m2.s-2  694,10 masl.
 Manning = 0,04 ; Débit = 87 m3/s ; ꚍc/ρ = 0,5 m2.s-2  694,49 masl.
Une vérification des données d’entrée et des paramètres de construction du modèle a été
faite sans pour autant expliquer cet écart spécifique à ces simulations.
Ainsi, toutes les laves torrentielles simulées donnent des niveaux finaux très proches
de la valeur de référence au droit du barrage filtrant peu importe leur coefficient de Manning,
leur débit spécifique ou leur rhéologie.

55
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 28 : Niveaux finaux des dépôts au droit du barrage filtrant pour les simulations HEC-RAS 2D,
lave torrentielle 2017. Réalisation : Leborgne (2002).

3.2.2.2. Niveaux des dépôts au droit de la dent n°1


3.2.2.2.1. Niveaux maximums des dépôts au droit de la dent n°1
Ne connaissant pas précisément le niveau de référence maximal des dépôts au droit
de la dent n°1 sur laquelle comparer les valeurs des niveaux maximums des laves simulées, il
peut être toutefois constaté que le niveau d’écoulement approchait le niveau supérieur (702,0
masl) de la 1ère dent freineuse d’après les images acquises pendant et après l’évènement. Il
est donc intéressant de regarder les résultats des simulations afin d’évaluer les influences des
trois paramètres étudiés sur les conditions maximales d’écoulement en amont de la plage de
dépôts et pour pouvoir écarter potentiellement certains jeux de paramètres.
Les résultats de cette comparaison, visibles sur la Figure 29 montrent que l’ensemble
des résultats sont proches et encadrent la cote supérieure de la 1ère dent freineuse à 702,0
masl. Elles permettent aussi de relever que les paramètres rhéologiques influencent le plus
les niveaux maximums, avec une différence maximale constatée de 0,80 m pour un débit de
60 m3/s et un Manning de 0,04. Dans un second ordre ce sont les débits qui influencent les
niveaux maximums avec 0,52 m de différence maximale constatée pour un ꚍc/ρ de 1,18 m2.s-
2 et un Manning de 0,04. Enfin, les coefficients de rugosité de Manning n’influencent que

légèrement les niveaux maximums atteints avec une différence maximale de 0,24 m entre les
simulations.

56
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 29 : Niveaux maximums atteints par les laves torrentielles au droit de la dent n°1 pour les
simulations HEC-RAS 2D, lave torrentielle 2017. Réalisation : Leborgne (2002).

3.2.2.2.2. Niveaux finaux des dépôts au droit de la dent n°1


Le niveau des dépôts finaux au droit de la 1ère dent a pu être déterminé à 700,65 masl
par photo-interprétation. Ici, le coefficient de rugosité de Manning ainsi que les débits
n’influencent pas les niveaux finaux des laves simulées (Cf. Figure 30). En revanche, les
rapports de ꚍc/ρ joue sur ces dernières de façon proportionnelle à leur valeur avec 1,02 m de
différence maximum entre la plus petite valeur de ꚍc/ρ (0,5 m2.s-2) et sa valeur la plus élevée
(1,43 m2.s-2) pour n’importe quel débit et coefficient de Manning.
Ici, la valeur des niveaux finaux des laves torrentielles avec un rapport de ꚍc/ρ de 0,5
2 -2
m .s (700,62 masl), correspondant à la lave la plus fluide modélisée, est celle qui se
rapproche le plus du niveau de référence suivie du rapport de ꚍc/ρ de 0,75 m2.s-2 (700,89 masl),
peu importe leurs valeurs de coefficients de rugosité de Manning ou de débits des laves
torrentielles simulées.

57
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 30 : Niveaux finaux des dépôts au droit de la dent n°1 pour les simulations HEC-RAS 2D, lave
torrentielle 2017. Réalisation : Leborgne (2002).

3.2.3. Profils en long représentant les niveaux finaux


La Figure 31 représente tous les profils en long représentant les niveaux des dépôts
finaux de toutes les laves torrentielles simulées. Il peut être constaté que tous ces profils sont
regroupés en six catégories de profils. En aval de la plage de dépôts toutes les valeurs se
rassemblent pour donner des valeurs de dépôts finaux plus ou moins similaires avec les
niveaux finaux de référence. Cependant, c’est en amont que les six catégories de profils en
long sont différentes. Les profils en long des Figure 32 et Figure 33 permettent de comprendre
et d’appuyer le constat des résultats précédents quant à l’origine de l’influence sur les
différents profils en long.
Sachant que les coefficients de rugosité de Manning n’ont aucune influence sur les
résultats des niveaux finaux, que ce soit au droit du barrage ou au niveau de la dent n°1, la
Figure 32 représente quatre laves torrentielles simulées avec une même rhéologie mais avec
les trois valeurs de débits différentes. Il est constaté que les profils en long se superposent ce
qui signifie que ce ne sont pas les différents débits qui influencent majoritairement les niveaux
de dépôts finaux en amont de la plage de dépôts : le phénomène d’auto-curage permet une
convergence des simulations vers des états finaux similaires. La Figure 33 montre quant à elle
six laves torrentielles avec un même débit (73 m3/s) mais des paramètres rhéologiques
différents. Il peut être retrouvé sur cette figure les six types de profils en long représentant

58
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

des variations de niveaux en amont de la plage de dépôts, influencées donc par la rhéologie
des laves torrentielles.

Figure 31 : Profils en long des 54 laves torrentielles simulées représentant les dépôts finaux. Profils en
long regroupés en six ensembles. Réalisation : Leborgne (2022).

Figure 32 : Profils en long de 4 laves torrentielles simulées avec le même coefficient de de rugosité de
Manning (0.04), le même rapport de ꚍc/ρ (1.33 m2.s-2) mais des débits différents (60, 73 et 80 m3/s).
Réalisation : Leborgne (2022).

59
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 33 : Profils en long de 6 laves torrentielles simulées avec le même coefficient de rugosité de
Manning (0.04), le même débit (73 m3/s) mais des rapports de ꚍc/ρ différents (0.5, 0.75, 1, 1.18, 1.33
et 1.43 m2.s-2). Réalisation : Leborgne (2022).

3.2.4. Temps de traversée des laves torrentielles simulées

Le temps de traversée de la lave torrentielle de 2017 a été déterminé à 54 s (± 5 s) sur


un profil en long, allant de la 1ère dent amont au barrage filtrant. Il est intéressant de regarder
si le temps de traversée des laves torrentielles simulé par le logiciel HEC-RAS 2D est du même
ordre de grandeur que le temps de traversée de référence.
La Figure 34, permet une visualisation de toutes les vitesses de traversée des 54 laves
torrentielles simulées. Il est constaté que 8 laves torrentielles se situent dans l’intervalle des
54s ± 5s. Plusieurs points de similitudes caractérisent ces laves torrentielles.
Premièrement, elles appartiennent à trois types de paramètres rhéologiques sur les six
expérimentés dont trois laves torrentielles ont un rapport de ꚍc/ρ = 0,75 m2.s-2, deux laves
torrentielles ont un rapport de ꚍc/ρ = 1 m2.s-2 et trois laves torrentielles ont un rapport de ꚍc/ρ
= 1,18 m2.s-2. Aucune autre rhéologie testée n’a permis d’obtenir des temps de traversée
proches de celle de la lave torrentielle de 2017. Les temps de traversée les plus lents sont
majoritairement représentés par des laves ayant des ꚍc/ρ les plus élevés (1,33 et 1,43 m2.s-2)
et inversement, les temps de traversée les plus rapides sont représentés ici par des laves plus
fluides ayant le rapport ꚍc/ρ le plus faible (soit 0,5 m2.s-2). Il peut être également observé que
les laves torrentielles avec un ꚍc/ρ = 1,18 m2.s-2 peuvent avoir des temps de traversée proches
des ceux avec un rapport de ꚍc/ρ = 1 m2.s-2. Ceci peut s’expliquer par les différentes valeurs de
K/ꚍc attribuées aux laves. Les laves ayant un ꚍc/ρ = 1,18 m2.s-2 ont un rapport de K/ꚍc plus faible
que les laves avec un ꚍc/ρ = 1 m2.s-2, soit respectivement 0,01 sn et 0,03 sn.

60
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Ces huit laves torrentielles regroupent les trois différents débits expérimentés au
travers des simulations. Toutefois, quatre laves sur huit ont un débit de 87m3/s (soit un
volume de 13 000m3), deux laves sur huit ont un débit de 73m3/s (soit un volume de 11 000m3)
et deux laves sur huit ont un débit de 60m3/s (soit un volume de 9 000m3).
Concernant les coefficients de rugosité de Manning, ils ont une légère influence sur la
durée de traversée des laves torrentielles dans la plage de dépôts. Sur les huit laves
torrentielles se situant dans l’intervalle d’incertitude, trois laves ont un coefficient de Manning
de 0,04, trois laves également ont un coefficient de Manning de 0,05 et deux laves ont un
coefficient de Manning de 0,08.

Figure 34 : Temps de traversée des 54 laves torrentielles simulées. Réalisation : Leborgne (2022).

61
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

3.3. Analyses et interprétations

Le fait de ne trouver aucune ou peu de différence selon l’application des différents


coefficients de rugosité de Manning et des débits de pointe et paramètres rhéologiques sur
les niveaux des dépôts finaux au droit du barrage filtrant peut être expliqué en partie par ce
dernier. En effet, c’est la singularité de l’ouvrage qui contrôle l’écoulement en aval de la plage
dépôts et donc les niveaux des dépôts atteints. La force de contrainte ne joue pas au droit du
barrage même avec de fortes contraintes de seuil ꚍc. Ce constat est fait simplement au droit
du barrage puisqu’en en amont de la plage de dépôts ce sont les paramètres rhéologiques qui
influencent au premier ordre les niveaux de dépôts finaux et au second ordre les débits puis
les coefficients de rugosité de Manning. En amont du bassin il y a beaucoup de contraintes du
fait de l’élargissement du chenal d’écoulement provoquant l’étalement des laves lors de leur
arrivée dans la plage, suivi d’une perte de vitesse sur une pente légèrement moins raide. De
ce fait, il peut être observé un arrêt d’une partie des matériaux, plus particulièrement de gros
blocs comme observé sur la vidéo de l’évènement, et donc des plus grosses épaisseurs de
dépôts en amont du bassin.
Finalement la question de la possibilité de caler le modèle sur la lave torrentielle du 14
juin 2017 et de faire ressortir un jeu de paramètres représentatif se pose. En ne se focalisant
que sur l’analyse des niveaux de dépôts finaux atteints par les laves torrentielles simulées, il
n’est pas possible de mettre en avant un jeu de paramètres unique car les coefficients de
rugosité de Manning, la rhéologie et les débits de pointe n’ont pas de grande influence sur
l’écoulement en aval de la plage de dépôts (influence par le barrage filtrant). En amont, il est
montré que ce sont plutôt les paramètres rhéologiques qui vont influencer l’épaisseur des
dépôts et les laves torrentielles les plus fluides semblent s’approcher d’avantage des valeurs
de références observées. Toutefois, la différence de niveaux des dépôts n’excède pas le mètre.
Pour une modélisation bidimensionnelle pour des fluides non-newtoniens, cette différence ne
permet pas d’exclure avec certitude les autres paramètres rhéologiques.
L’analyse des niveaux maximums atteints par les laves réalisées à partir des données
de laisse de crue permet davantage d’écarter certains paramètres rhéologiques (écartant le
rapport de ꚍc/ρ le plus faible et le plus élevé). Les profils en longs reflétant les dépôts finaux
de toutes les laves torrentielles simulées permettent également d’appuyer le fait que ce sont
les paramètres rhéologiques qui influencent avant tout les niveaux de dépôts.
Enfin, l’analyse des durées de traversée des laves torrentielles simulées permet
d’écarter certains jeux de paramètres et d’en conforter d’autres. Dans ce travail, c’est la
cohérence entre ces trois analyses qui permet de sélectionner les paramètres les plus
représentatifs de la dynamique d’étalement et de dépôts de la lave torrentielle du 14 juin
2017. Ainsi, les laves torrentielles simulées les plus représentatives ont comme
caractéristiques prépondérantes un rapport de ꚍc/ρ de 0,75 ; 1 et 1,18 m2.s-2, dans un second
ordre un débit de pointe de 87m3/s (soit un volume de 13 000 m3) et sans forcément avoir un
coefficient de rugosité de Manning spécifique puisque ces derniers ne montrent aucune réelle
influence sur les niveaux de dépôts.

62
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

CHAPITRE 4 : PHASE DE VALIDATION DU MODELE HEC-RAS 2D :


LAVE TORRENTIELLE DU 1ER JUILLET 2019

4.1. Matériels et méthodes

4.1.1. Caractéristiques de la lave torrentielle du 1er juillet 2019

Depuis les travaux d’adaptation du barrage filtrant de 2018, la lave torrentielle du 1er
juillet 2019 fut la deuxième lave torrentielle du torrent. Le premier évènement fut la lave
torrentielle du 17 juin 2019. Cette première lave fut de très faible intensité, caractérisée de
crue « transparente », les dépôts de cette lave torrentielle restent non significatifs (Rapport
d’évènement, RTM/ONF Savoie, 2019).
La crue du 1er juillet 2019 représente de ce fait le 1er évènement d’importance notable
depuis la modification du barrage filtrant en 2018. L’origine de la cette crue provient d’un
orage violent situé sur le massif des Ecombre (Croix des Têtes) apparu vers 20h30-21h00. Le
détecteur de lave torrentielle SFTRF (Société Française du Tunnel Routier du Fréjus) du torrent
du Claret s’est déclenché à 22h13 le 1er juillet 2019 donnant ainsi l’alerte d’un phénomène de
lave torrentielle. Cette lave torrentielle provient principalement du Ravin du Milieu et de la
combe Mouillée et s’est propagée jusqu’à la confluence avec l’Arc sans encombre notable, si
ce n’est la déstabilisation de la passerelle métallique située sous le pont SNCF par arrachement
de son appui amont (Rapport d’évènement, RTM/ONF Savoie, 2019).

De par l’heure tardive du passage de la lave torrentielle et donc de l’obscurité présente


à ce moment-là, il existe peu de données sur l’évènement. En effet, et contrairement à la lave
torrentielle du 14 juin 2017, il n’y a pas de vidéo ou de photo exploitable du passage de la lave,
ni de signal géophone dû à un disfonctionnement de la station. Les seules photos disponibles
sont celles post-évènement, datant du lendemain, le 02 juillet 2019.
Les visites de terrain et les photos post-évènement réalisées par le RTM73 et l’INRAE,
ont permis de constater que le barrage filtrant s’est mis en charge lors de l’évènement
(constaté par les laisses de crue sur le dessus de la cuvette du barrage) avec un niveau maximal
atteint par la lave à 697,1 masl (Cf. Figure 35). La quasi-totalité de la lave torrentielle est
passée à travers le barrage filtrant. Quelques dépôts latéraux résiduels en amont du barrage
de fermeture sont présents dans la plage de dépôts (Cf. Figure 36). Par photo-interprétation
sommaire, les niveaux de ces dépôts latéraux sont estimés à environ 694,0 masl en rive droite
et 693,0 masl en rive gauche (Cf. Figure 37). Il a été estimé, à dire d’expert par le service RTM
Savoie, que la plage de dépôts a arrêté et stocké un volume de 1 000 à 2 000 m3, dont des
blocs allant de 2 à 5 m3. Le volume total de matériaux mobilisés par la lave torrentielle de
juillet 2019 a été estimé avec une forte incertitude à un volume entre 10 000 et 20 000 m3
(Rapport d’évènement, RTM/ONF Savoie, 2019).

63
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 35 : Laisses de crue apparentes sur le barrage filtrant et sur les digues latérales en
enrochements (photo RTM73, 02/07/2019).

Figure 36 : Etat final de la plage de dépôts après le passage de la lave torrentielle du 1er juillet 2019
(photo RTM73, 02/07/2019).

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Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 37 : A gauche : dépôts latéraux résiduels en rive gauche après le passage de la lave torrentielle
du 1er juillet 2019 (photo RTM73, 02/07/2019). A droite : dépôts latéraux résiduels en rive droite
(photo RTM73, 02/07/2019).

4.1.2. Données d’entrée pour la lave torrentielle du 1er juillet 2019

4.1.2.1. Données topographiques

4.1.2.1.1. Etat antécédent


La lave torrentielle du 1er juillet 2019 est la première lave torrentielle conséquente
depuis les travaux de la plage de dépôts et du changement de géométrie du barrage filtrant
en octobre 2018 par le service RTM Savoie. Juste après ces travaux, un relevé topographique
de récolement a été effectué donnant ainsi le niveau de base de la plage de dépôts. Ces
données topographiques ont été supposées représentatives de l’état initial avant le passage
de la lave torrentielle du 1er juillet 2019, et ont permis la création d’un nouveau MNT.
L’emprise des données topographiques post curage représente simplement le fond du bassin
de rétention. De ce fait, il a été nécessaire de fusionner ces données topographiques avec un
autre MNT ayant dans son emprise les berges et les zones alentours. Comme pour
l’évènement de 2017, il est repris ici pour la fusion des MNT, le MNT de 2001 puisque les
berges et digues n’ont pas été impactées par la lave torrentielle. La Figure 38 permet de
visualiser le profil en long du nouveau MNT créé par fusion reflétant ainsi l’état initial avant le
passage de la lave du 1er juillet 2019.

65
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 38 : Profil en long reflétant l'état initial, avant la lave torrentielle de 2019. Réalisation :
Leborgne (2022), Sources des données : ONF/RTM73 : relevé topographique post récolement, octobre
2018.

4.1.2.1.2. Etat post crue


Aucun relevé topographique n’a été effectué suite à la lave torrentielle du 1er juillet
2019. Toutefois, il est constaté que la quasi-totalité de la lave est passée au travers du barrage
de fermeture et que les seuls dépôts résiduels retenus dans le bassin de rétention sont des
dépôts latéraux (Cf. Figure 37, partie 4.1.1.). De ce fait, il n’a pas été nécessaire de créer un
MNT reflétant l’état final après le passage de la lave.

4.1.2.1.3. Coefficient de rugosité de Manning


Ici, il a été choisi de conserver une seule valeur de coefficient de rugosité de Manning
précédemment expérimentée, soit un coefficient de 0,04. En effet, les résultats de la phase
de calibration ont montré que les coefficients de rugosité de Manning n’ont que très peu
d’influence sur les niveaux de dépôts et qu’aucun d’entre eux ne peut être spécifiquement
représentatif de la lave torrentielle de juin 2017.

4.1.2.2. Données hydrologiques


Comme pour le cas de la lave torrentielle du 14 juin 2017, il n’existe pas
d’hydrogramme spécifique à la lave du 1er juillet 2019. De ce fait, le débit de pointe a donc dû
être déduit indirectement. Il a à nouveau été associé au volume total estimé de la lave
torrentielle à partir de l’équation (1).

66
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Le volume total mobilisé par la lave torrentielle du 1er juillet 2019 a été estimé avec
une forte incertitude par les experts du service RTM Savoie entre 10 000 et 20 000 m3. Cette
estimation vient du fait qu’il a été retrouvé dans le lit du torrent entre 6 000 et 8 000 m3 et
qu’environ 5 000 m3 de matériaux grossiers étaient présents dans l’Arc, le volume de fraction
fine qui avait déjà été lessivé par l’Arc étant inconnu. N’ayant pas de signal géophone
disponible donnant la durée du passage de la lave, il a été fait l’hypothèse que la durée de
l’évènement est la même que celle de la lave de 2017, soit 5 min, avec une montée au pic de
5s. L’hypothèse de trois hydrogrammes triangulaires est également conservée pour ce
phénomène. Il a été choisi de sélectionner trois débits de pointe selon trois volumes
différents. Les trois volumes expérimentaux sont présentés dans le Tableau 8.

Tableau 8 : Paramètres des volumes et débits de pointe (Qp) retenus pour les simulations HEC-RAS
(lave torrentielle 2019). V1’ à V2’ : volume 1 à 2. Source : Leborgne (2022).

Volume Qp
[m3] [m3/s]
V1’ 10 000 67
V2’ 15 000 100
V3’ 20 000 133

4.1.2.3. Données rhéologiques


Pour les données rhéologiques spécifiques à la lave torrentielle de 2019, et dans
l’optique d’une validation du modèle, il a été choisi de reprendre les 3 paramètres
rhéologiques les plus représentatifs de la lave torrentielle de 2017, afin de tester leur
transposition à la lave de 2019. Il reste important d’avoir à l’esprit que les paramètres calés
sur l’évènement de 2017 ne sont pas forcément transposables à l’évènement de 2019 en
particulier concernant leur rhéologie (les deux laves torrentielles peuvent avoir quelques
différences concernant leur viscosité, le front de lave plus ou moins marqué etc.). Après avoir
analysé les résultats des simulations de calibrage avec la lave torrentielle du 14 juin 2017, trois
rhéologies parmi les six expérimentées permettaient de reproduire de façon similaire la lave
torrentielle de 2017, correspondant à un ꚍc/ρ de 1,18 m2.s-2 ; 0,75 m2.s-2 et 1 m2.s-2 (jeux de
paramètres R1, R5 et R6 respectivement). Toujours à des fins de comparaison, les ratios de
K/ꚍc initialement utilisés dans les premières simulations ont été conservés (Cf. Tableau 9).

Tableau 9 : Paramètres rhéologiques retenus pour les simulations HEC-RAS 2D. R1, R5 et R6 : jeux de
paramètres rhéologiques 1, 5 et 6. Source : Leborgne (2022).

K/ꚍc ꚍc/ρ ꚍc K
[sn] [m2.s-2] [Pa] [Pa.sn]
R1 0.1 1.18 2360 236
R5 0.2 0.75 1500 300
R6 0.3 1 2000 600

L’indice d’écoulement « n » fixé à une valeur de 0,33 ainsi que la concentration


volumétrique (Cv) à 60 % sont conservés pour les simulations reflétant l’évènement de 2019.

67
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

4.1.2.4. Géométrie du barrage filtrant dans HEC-RAS 2D pour la lave de 2019


Pour rappel, la géométrie du barrage de fermeture a été modifiée lors des travaux de
2018. Dès lors, il s’agit ici de reproduire la géométrie du nouveau design, soit une seule et
grande fente de 4 m de largeur sur 5 m de haut.
Le type de géométrie sélectionné dans HEC-RAS pour la lave torrentielle de 2019 reste
le même que pour le barrage filtrant de la lave torrentielle du 14 juin 2017, mais en modifiant
les dimensions de l’ouverture de la vanne pour celles du nouveau design. Ainsi, la géométrie
retenue reste un barrage à vannes avec un déversoir de trop plein (« Gated Spillway and
weir »). Il s’agit d’une vanne à levage vertical (« Sluice gates ») avec un déversoir à large crête
(« Broad crested spillway/weir ») (Cf. exemple schématique de vanne, Figure 22). La Figure 39
est une capture d’écran du profil en travers du barrage filtrant tel qu’il a été construit dans le
logiciel HEC-RAS pour la lave torrentielle du 1er juillet 2019.

Figure 39 : Profil en travers représentant la géométrie du barrage filtrant dans le logiciel HEC-RAS 2D
pour la lave torrentielle de 2019. Réalisation : Leborgne (2022).

4.1.2.5. Construction d’un modèle HEC-RAS 2D pour la lave de 2019


Ayant déjà un modèle HEC-RAS 2D construit pour les simulations de la lave torrentielle
de 2017, ce dernier a été conservé mais une nouvelle « géométrie » (au sens du langage HEC-
RAS) a été réalisée afin d’apporter les modifications spécifiques à l’évènement 2019, soit :
 L’implantation du nouveau MNT représentant l’état initial avant le passage de la lave
torrentielle ;
 La suppression des 2 dents freineuses en amont de la plage de dépôts ;
 Le remplacement de la géométrie de l’ouvrage de fermeture ;
 La mise à jour du maillage.
Les nouveaux hydrogrammes sont par la suite intégrés au modèle dans les conditions
aux limites amont « UpStream ». Pour les conditions aux limites aval « Down Stream », il avait

68
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

été choisi une condition de type « Normal Depth » pour la lave torrentielle de 2017. Après
avoir réalisé les premières simulations pour 2019, il a été constaté que ce choix ne permettait
pas l’écoulement naturel observé par la lave torrentielle de juillet 2019. La pente plus douce
au niveau du canal d’EDF, générait une augmentation du niveau de la lave en aval du modèle
avec la condition de type « Normal Depth », niveau élevé qui influençait les niveaux de dépôts
dans le bassin de rétention. Pour les simulations de 2017, cette influence n’a pas été observée
puisque les débits passant l’ouvrage étaient faibles et les niveaux influencés en aval
n’atteignaient pas le niveau de base du pertuis central. Ainsi, afin de contrer ce problème et
de ne plus avoir d’influence au niveau du barrage filtrant, il a été choisi d’imposer une loi de
tarage à la condition aval du modèle (Rating Curve) calée en considérant une condition
d’écoulement critique (nombre de Froude = 1).
De plus, le lissage du MNT précédemment réalisé pour le modèle de 2017, provoquait
une trop forte rupture de pente qui laisse observer un effet de seuil bloquant une petite partie
des matériaux influençant également les niveaux de dépôts de la plage de dépôts. Ainsi, sur
le nouveau MNT il a été interpolé une pente régulière en continuité avec la pente en aval du
barrage afin de palier à cet effet (modification visible sur la Figure 40 représentant le modèle
HEC-RAS 2D construit pour reproduire numériquement la lave torrentielle du 1er juillet 2019).
Les trois types de paramètres rhéologiques sélectionnés sont introduits (R1, R5, R6).
Le zonage du coefficient de rugosité de Manning est préservé avec la couche
CorineLandCover. Le temps de simulation des laves torrentielles reste également le même que
précédemment, soit une durée de 25 min afin de permettre d’observer l’auto-curage de la
plage de dépôts.

69
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 40 : Modèle HEC-RAS 2D construit sur fond topographique modifié (lave torrentielle 2019).
Réalisation : Leborgne (2022).

4.2. Résultats

Les résultats des simulations réalisées avec un seul coefficient de rugosité de Manning
(0.04), les trois débits de pointe et les 6 jeux de paramètres rhéologiques retenus sont
représentés sous forme graphique. Pour la lave torrentielle du 1er juillet 2019, il est question
d’analyser l’influence des débits et des différentes rhéologies des laves torrentielles
notamment sur les niveaux des dépôts maximums ainsi que les dépôts finaux atteints par les
différentes laves torrentielles simulées au droit du barrage filtrant. La répartition spéciale des
dépôts résiduels est aussi un critère d’analyse dans le bassin de rétention puisqu’il a été
observé des dépôts latéraux juste en amont du barrage de fermeture.

70
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Les valeurs de niveaux des dépôts atteints par les laves torrentielles simulées sont
relevées au droit du barrage filtrant (distance horizontale : 0 m). En effet, contrairement aux
simulations précédentes de 2017, il n’est pas observé ici une chute des profils en long qui
mettait en doute les valeurs simulées au pied du barrage.

4.2.1. Niveaux des dépôts maximums

Les niveaux maximums atteints par les 9 laves torrentielles simulées sont tous
inférieurs au niveau maximum de référence (697,1 masl) (Cf. Figure 41). Les niveaux
maximums simulés se situent entre un minimum de 692,54 masl pour la lave torrentielle avec
un débit de 67 m3/s et un rapport de ꚍc/ρ de 1,18 m2.s-2 et un maximum de 694,63 masl pour
un débit de 133 m3/s et un rapport de ꚍc/ρ de 0,75 m2.s-2. Ainsi, aucune mise en charge du
barrage n’est simulée. Pour ces résultats, ce sont, comme pour l’autre cas test, les laves les
moins visqueuses mais avec le plus fort débit qui donnent des niveaux de lave atteints les plus
importants.
Les niveaux atteints vont être influencés au premier ordre par les débits des laves
visibles sur la figure par les 3 couleurs principales (vert : 133 m3/s ; rouge : 100 m3/s et bleu :
67 m3/s) avec une différence maximale de 1,89 m.
Les paramètres rhéologiques n’influencent que très peu les niveaux maximums
(différentes nuances pour chaque couleur) avec une différence maximale de 0,32 m.
Une explication hypothétique est proposée dans la partie 4.3. Analyses et
interprétations sur le fait que ces niveaux maximums simulés restent bien inférieurs au niveau
maximum atteint par la lave torrentielle du 1er juillet 2019.

71
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 41 : Profils en long avec les niveaux maximums atteints par les 9 simulations de laves
torrentielles avec un coefficient de rugosité de Manning commun de 0.04. Réalisation : Leborgne
(2022).

4.2.2. Niveaux des dépôts finaux

Il peut être observé sur la Figure 42 que les niveaux finaux atteints par les différentes
laves simulées sont plutôt proches du niveau de référence qui est situé au pied du barrage à
690 masl. Les valeurs des simulations sont prises au niveau du barrage filtrant (distance
horizontale = 0 m sur la Figure 42) et vont d’un minimum de 690.17 masl à un maximum de
690.54 masl, ce qui reste tout à fait acceptable pour de la modélisation 2D d’écoulement non
Newtonien. Ces niveaux sont influencés principalement par les paramètres rhéologiques des
laves (regroupement de tous les profils en long simulés en 3 principaux fuseaux de profils
visibles sur la Figure 42). Les volumes et donc les débits n’ont aucune influence sur les niveaux
des dépôts. En effet, les valeurs obtenues pour des laves avec la même rhéologie mais avec
les 3 débits différents sont exactement les mêmes.

72
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 42 : Profils en long avec les niveaux finaux atteints par les 9 simulations de laves torrentielles
avec un coefficient de rugosité de Manning commun de 0.04. Réalisation : Leborgne (2022).

4.2.3. Dépôts latéraux

Aucun dépôt latéral n’a été modélisé par le modèle HEC-RAS 2D au bout des 25 min de
simulation. Toutes les laves torrentielles simulées montrent un dépôt de matériaux uniforme
sur toute la largeur de la plage de dépôts (Cf. exemple, Figure 43). Une même explication
hypothétique de ce constat est proposée dans la partie suivante.

73
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 43 : Exemple de la répartition uniforme des dépôts finaux de la lave torrentielle avec un
coefficient de rugosité de Manning de 0.04, un débit de 133 m3/s et un ꚍc/ρ de 1,18 m2.s-2 au bout
de 25 min de simulation. Réalisation : Leborgne (2022).

4.3. Analyses et interprétations

Comme vu précédemment les niveaux maximums des laves torrentielles simulées ne


parviennent pas à atteindre le niveau de référence et il n’est pas non plus possible
d’observation des dépôts latéraux en fin de simulation. L’hypothèse d’une obstruction
temporaire du barrage filtrant par des blocs peut être envisagée.
Une modélisation exploratoire 0D (modèle réservoir de Piton, Goodwin, et al., 2022) a
été menée afin d’estimer le volume (et donc le débit selon notre hypothèse de durée de 5 min
et d’hydrogramme triangulaire) avec lequel la lave torrentielle atteindrait le niveau maximum
de référence (soit 697,1 masl) connu grâce aux laisses de crues sur le barrage filtrant. Cette

74
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

modélisation a donné un volume de 46 000 m3. Ce volume semble très exagéré par rapport
aux estimations faites par les experts du RTM Savoie (entre 10 000 et 20 000 m3). Ces 46 000
m3 représenteraient toutefois le volume nécessaire pour la lave afin d’atteindre les 697,10
masl sans obstruction du barrage, mettant alors en avant une sous-estimation de la gamme
de volume testé. Si l’hypothèse d’une obstruction temporaire du barrage de fermeture est
faite, un volume moins conséquent pourrait alors permettre d’atteindre ce niveau maximum
par accumulation et remplissage de la plage de dépôts. Cette obstruction pourrait également
expliquer en partie les dépôts résiduels latéraux observés après la lave de 2019 et non
observables par les simulations 2D. Les niveaux de dépôts finaux des simulations restent
cohérents puisqu’une fois l’obstruction débloquée, l’auto-curage reprendrait et purgerait le
bassin de rétention jusqu’à retrouver un niveau à la base du barrage soit à 690 masl, résultats
retrouvés par les simulations.
Avec HEC-RAS il serait possible de modéliser cette obstruction, pas de façon
automatique mais de façon manuelle et programmée (ex : l’ouverture et la fermeture de la
vanne verticale à deux instants donnés, fixés par le modélisateur). Cependant, cela n’est
actuellement pas possible rigoureusement puisqu’il n’existe aucune donnée disponible sur le
moment où il y aurait le début d’une obstruction et le moment où elle se serait débloquée. Si
ce phénomène peut s’envisager, il sera question de simplement reproduire une obstruction
connue et non pas de pouvoir prédire ce genre de phénomène.
Un nouveau géophone complémentaire implanté en aval du barrage filtrant et un
capteur à ultrason suspendu en face de la fente à 2 m en amont du barrage à hauteur des ailes
du barrage ont été mis en place en Novembre 2020. Depuis, ces derniers permettent
notamment de connaitre l’activité de transport solide et d’évaluer l’évolution du niveau de
l’écoulement dans la plage de dépôts au cours du temps. Ils permettraient ainsi de détecter
s’il y a une obstruction du barrage filtrant.

75
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

CONCLUSION

En comparaison avec la modélisation numérique fluviale, dont les caractéristiques sont


raisonnablement décrites par la théorie des fluides newtoniens et est couramment utilisée en
ingénierie, la modélisation des laves torrentielles en tant que fluides non-newtoniens reste
marginale, il existe peu d’utilisateurs de ces outils en ingénierie dont persistent de fortes
incertitudes. Quelques travaux de recherche effectués sur la modélisation de la dynamique
d’étalement des laves torrentielles et de leurs dépôts existent, mais rares sont ceux calés sur
des évènements de terrain avec suffisamment de données disponibles. Ces modèles 2D
restent toutefois intéressants dans de nombreuses situations, en apportant par exemple une
aide précieuse dans l’analyse des systèmes torrentielles. Dans un objectif global de recherche
d’amélioration des capacités de modélisation de laves torrentielles avec des outils 2D, cette
étude a pour objectif de confronter les résultats de calcul du modèle numérique HEC-RAS 2D
sur la dynamique d’étalement et de dépôts de laves torrentielles dans un bassin de rétention,
à des événements réels connus et documentés : lave torrentielle du 14 juin 2017 et lave
torrentielle du 1er juillet 2019.
Une méthodologie sur l’analyse et la critique des données d’entrée a permis la
modification de certaines données notamment concernant les données topographiques
reflétant les états avant et après le passage des laves torrentielles étudiées. Des
hydrogrammes ont été conceptualisés et, au vu des premiers résultats, la gamme des
paramètres rhéologiques a été ajustée après préconisation du RTM. Une attention doit
également être portée aux données d’entrée, notamment à leur incertitude et leur degré de
représentation de l’évènement réel. La conception du modèle, le choix du type de géométrie
de l’ouvrage ainsi que toutes les modifications nécessaires à son adaptation doivent faire
l’objet de réflexion afin de ne pas s’éloigner des conditions initiales du terrain d’étude.
Concernant la phase de calage réalisée à partir de la lave torrentielle de 2017, il a été
observé une bonne concordance entre les simulations et le phénomène observé concernant
les niveaux de dépôts maximums et finaux ainsi que la durée de traversée des laves simulées.
Il a été relevé que les paramètres rhéologiques ont une influence de premier ordre sur les
niveaux des dépôts en amont de la plage de dépôts. En aval, c’est la singularité de l’ouvrage
qui influence l’écoulement. Dans un second ordre se sont les débits des laves torrentielles qui
vont influencer l’épaisseur de la lave et dans un troisième temps les coefficients de rugosité
de Manning qui dans ce travail n’ont pas montré de réelle influence. C’est avant tout la
complémentarité des différentes analyses menées pour le calage du modèle qui ont permis
de faire ressortir trois paramètres rhéologiques reflétant le mieux la dynamique d’étalement
et de dépôts de la lave torrentielle du 14 juin 2017.
La phase de validation du modèle HEC-RAS 2D à partir de la lave torrentielle du 1er
juillet 2019 et des jeux de paramètres les plus représentatifs de l’évènement précédent n’a
pas abouti à des résultats très probants. Les résultats de niveaux maximums atteints par les
laves simulées, bien inférieurs au niveau maximal atteint en réalité par la lave de 2019, laissent
à penser qu’il s’est vraisemblablement produit une obstruction temporaire du barrage filtrant
qui aurait permis une élévation temporaire du niveau d’écoulement dans la plage de dépôts,
suffisamment pour qu’il y ait une mise en charge du barrage. N’ayant aucune information sur

76
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

cette hypothèse pour cette lave torrentielle, il n’est donc pas possible de reproduire ce
phénomène au travers de la modélisation HEC-RAS. De plus, il est bon de rappeler que d‘un
évènement à l’autre, les paramètres constitutifs d’une lave torrentielle varient, et il persiste
ici des incertitudes sur le volume réel de la lave torrentielle de 2019.
Les nouveaux dispositifs d’observation mis en place en novembre 2020 en aval du
bassin de rétention du torrent du Claret permettent aujourd’hui d’être dans la capacité de
savoir si un phénomène d’obstruction temporaire se produit. Très récemment, le 18 août 2022
vers les 18h30, une lave torrentielle s’est produite dans le torrent du Claret. Plus de 2 100
images ont été prises par la caméra, les géophones ainsi que le capteur de niveau situé en
amont du barrage permettent d’avoir de nombreuses données. Il s’agit probablement de la
deuxième observation de remplissage et de vidange enregistrée de la plage de dépôts du
torrent du Claret. Ainsi, une perspective de ce travail serait d’étudier ce dernier phénomène
de lave torrentielle produite sur le torrent du Claret, afin d’accomplir la validation du modèle.

77
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Références
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Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

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02310703.

(D. Laigle et al. 2006)

79
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Table des figures


Figure 1 : Représentation schématique du transport par charriage. Source : (Vah, 2019). ................. 11
Figure 2 : Représentation schématique des entités morphologiques d'une bouffée de lave torrentielle.
Source : Bardou (2002), Modifications et traduction : Leborgne (20022). ........................................... 12
Figure 3 : Représentation graphique du modèle Herschel-Bulkley. Réalisation : Leborgne (2022). .... 14
Figure 4 : Fenêtre des méthodes et paramètres non-newtoniens du logiciel HEC-RAS. ...................... 20
Figure 5 : Localisation de la commune de Saint-Julien-Mont-Denis dans le département de la Savoie.
Sources : GEOATLAS (2009). Modifications : Leborgne (2022). ............................................................ 22
Figure 6 : Bassin versant du torrent du Claret et ses quatre sous-bassins. Source figure : GoogleEarth ;
Source données : Etude de Bassin Versant, RTM/ONF Savoie, (2013). ................................................ 22
Figure 7 : Etapes et localisation des principaux travaux RTM dans le bassin versant de Claret. Les étapes
de la restauration sont figurées par les lettres (a) à (g). Source : Hugerot (2020). .............................. 24
Figure 8 : Ouvrages de protection torrentielle composant le dispositif « plage de dépôts » du torrent
du Claret. Réalisation : Leborgne (2022), Données : RTM73. ............................................................... 25
Figure 9 : A gauche : Dimensions du barrage de fermeture de la plage de dépôts du Claret avant les
travaux de 2018. Source : Chahrour (2021). A droite : Photo du barrage de fermeture au 01 mars 2013.
Source : RTM/ONF Savoie (2013). ......................................................................................................... 27
Figure 10 : A gauche : Dimensions du barrage de fermeture de la plage de dépôts du Claret après les
travaux de 2018 (Source : Chahrour (2021)). A droite : Photo du barrage de fermeture au 02 juillet 2019
(Source : INRAE). ................................................................................................................................... 28
Figure 11 : Intensité et cumul de pluie du 14 juin 2017. Source : INRAE. ............................................. 30
Figure 12 : Photos de caméra et croquis de synthèse clés des dépôts de la lave torrentielle : (a) T=20 s
après que les coulées de débris aient atteint l'entrée, quelques blocs rocheux se sont arrêtés derrière
les dents freineuses ; (b) T=25 s, tout le front granulaire de la coulée de débris a été déposé ; (c) T=53
s, la plupart du flux passait en rive droite du dépôt, s'étendant rapidement sur toute la largeur du
bassin ; (d) T=76 s, la plupart du flux passe toujours en rive droite, en aval un flux de recirculation s'est
déposé et est apparu sur la caméra car les flux ont atteint le barrage filtrant, bouchant la fente
inférieure et remplissant la partie aval du bassin. Cette recirculation a remblayé le bassin jusqu'à ce
que l'épaisseur du dépôt atteigne la fente supérieure. Source : Piton et al. (2018), Traduction
française : Leborgne (2022). .................................................................................................................. 32
Figure 13 : Synthèse de l’évènement en 3 situations : (1) Dépôts homogènes dans la plage de dépôts
et obstruction de la fente inférieure du barrage ; (2) remplissage et auto-curage par la fente centrale
avec une profondeur maximale atteinte par la lave de 5,1m ; (3) situation après crue avec une
profondeur des dépôts de 4m (par rapport à la base de la fente centrale). Sources : Piton et al. (2018),
Modifications et traduction française : Leborgne (2022)...................................................................... 35
Figure 14 : Nouveau profil en long synthétique avant la lave torrentielle de 2017. Réalisation : Leborgne
(2022). ................................................................................................................................................... 37
Figure 15 : Sous-estimation des dépôts du MNT 2001 par rapport aux nouveaux niveaux de dépôts
déterminés. Réalisation : Leborgne (2022). .......................................................................................... 38
Figure 16 : Nouveau profil en long synthétique post évènement. Réalisation : Leborgne (2022). ...... 39
Figure 17 : Comparaison du profil en long du MNT de septembre 2018 avec le profil en long modifié.
Source : Leborgne (2022). ..................................................................................................................... 40
Figure 18 : Comparaison des profils en long modifiés avant et après évènement. Source : Leborgne
(2022). ................................................................................................................................................... 40

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Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 19 : Couche CorineLandCover importée dans HEC-RAS. ID : 1 : lit du torrent (Manning = 0,04 /
0,05 / 0,08) ; 2 : présence d’arbres (Manning = 0,18) ; 3 et 4 : piste et route (Manning = 0,025) ; 5 :
terrains agricoles (Manning = 0,04). Réalisation : Leborgne (2022). .................................................... 42
Figure 20 : Signal géophone enregistré lors du passage de la lave du 14 juin 2017. Source : Données
RTM et INRAE (2017). ............................................................................................................................ 43
Figure 21 : Hydrogramme triangulaire pour un débit de pointe (Qp) de 73 m 3/s, soit un volume de 11
000 m3. .................................................................................................................................................. 44
Figure 22 : Exemple de vannes à levage vertical (« Sluice gates »). ZU : élévation de la ligne de niveau
de l'énergie amont ; ZD : élévation de la surface de l'eau en aval ; Zsp : élévation de la crête du déversoir
à travers la vanne ; B : hauteur de l’ouverture de la vanne [m]. Source : Gary W. (2021). ................... 47
Figure 23 : Profil en travers représentant la géométrie du barrage filtrant dans le logiciel HEC-RAS 2D
pour la lave torrentielle de 2017. Réalisation : Leborgne (2022).......................................................... 47
Figure 24 : Modèle HEC-RAS 2D construit sur fond topographique modifié (lave torrentielle 2017).
Réalisation : Leborgne (2022)................................................................................................................ 49
Figure 25 : Comparaison de l’analyse schématique par Piton, et al., (2018) avec le cas de la modélisation
2D par HEC-RAS pour une lave torrentielle comprenant un ꚍc/ρ = 1 m2.s-2 ; un débit = 87 m3/s et un
coefficient de Manning = 0,08. (a) : Similitudes observées quant à l’effet séparateur des dents
freineuses mais absence de la modélisation du dépôt du front granulaire au niveau des dents. (b) :
Observation d’un flux plus important côté rive gauche, à l’inverse de l’analyse schématique. ........... 50
Figure 26 : Exemple de profil en long des dépôts finaux montrant la chute du profil au droit du barrage
filtrant. Source : Leborgne (2022). ........................................................................................................ 53
Figure 27 : Niveaux maximums atteints par les laves torrentielles au droit du barrage filtrant pour les
simulations HEC-RAS 2D, lave torrentielle 2017. Réalisation : Leborgne (2002). ................................. 55
Figure 28 : Niveaux finaux des dépôts au droit du barrage filtrant pour les simulations HEC-RAS 2D,
lave torrentielle 2017. Réalisation : Leborgne (2002). .......................................................................... 56
Figure 29 : Niveaux maximums atteints par les laves torrentielles au droit de la dent n°1 pour les
simulations HEC-RAS 2D, lave torrentielle 2017. Réalisation : Leborgne (2002). ................................. 57
Figure 30 : Niveaux finaux des dépôts au droit de la dent n°1 pour les simulations HEC-RAS 2D, lave
torrentielle 2017. Réalisation : Leborgne (2002). ................................................................................. 58
Figure 31 : Profils en long des 54 laves torrentielles simulées représentant les dépôts finaux. Profils en
long regroupés en six ensembles. Réalisation : Leborgne (2022). ........................................................ 59
Figure 32 : Profils en long de 4 laves torrentielles simulées avec le même coefficient de de rugosité de
Manning (0.04), le même rapport de ꚍc/ρ (1.33 m2.s-2) mais des débits différents (60, 73 et 80 m3/s).
Réalisation : Leborgne (2022)................................................................................................................ 59
Figure 33 : Profils en long de 6 laves torrentielles simulées avec le même coefficient de rugosité de
Manning (0.04), le même débit (73 m3/s) mais des rapports de ꚍc/ρ différents (0.5, 0.75, 1, 1.18, 1.33
et 1.43 m2.s-2). Réalisation : Leborgne (2022). ...................................................................................... 60
Figure 34 : Temps de traversée des 54 laves torrentielles simulées. Réalisation : Leborgne (2022). .. 61
Figure 35 : Laisses de crue apparentes sur le barrage filtrant et sur les digues latérales en enrochements
(photo RTM73, 02/07/2019). ................................................................................................................ 64
Figure 36 : Etat final de la plage de dépôts après le passage de la lave torrentielle du 1er juillet 2019
(photo RTM73, 02/07/2019). ................................................................................................................ 64
Figure 37 : A gauche : dépôts latéraux résiduels en rive gauche après le passage de la lave torrentielle
du 1er juillet 2019 (photo RTM73, 02/07/2019). A droite : dépôts latéraux résiduels en rive droite
(photo RTM73, 02/07/2019). ................................................................................................................ 65
Figure 38 : Profil en long reflétant l'état initial, avant la lave torrentielle de 2019. Réalisation : Leborgne
(2022), Sources des données : ONF/RTM73 : relevé topographique post récolement, octobre 2018. 66

81
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Figure 39 : Profil en travers représentant la géométrie du barrage filtrant dans le logiciel HEC-RAS 2D
pour la lave torrentielle de 2019. Réalisation : Leborgne (2022).......................................................... 68
Figure 40 : Modèle HEC-RAS 2D construit sur fond topographique modifié (lave torrentielle 2019).
Réalisation : Leborgne (2022)................................................................................................................ 70
Figure 41 : Profils en long avec les niveaux maximums atteints par les 9 simulations de laves
torrentielles avec un coefficient de rugosité de Manning commun de 0.04. Réalisation : Leborgne
(2022). ................................................................................................................................................... 72
Figure 42 : Profils en long avec les niveaux finaux atteints par les 9 simulations de laves torrentielles
avec un coefficient de rugosité de Manning commun de 0.04. Réalisation : Leborgne (2022)............ 73
Figure 43 : Exemple de la répartition uniforme des dépôts finaux de la lave torrentielle avec un
coefficient de rugosité de Manning de 0.04, un débit de 133 m3/s et un ꚍc/ρ de 1,18 m2.s-2 au bout
de 25 min de simulation. Réalisation : Leborgne (2022). ...................................................................... 74

Table des tableaux


Tableau 1 : Classification de Ancey (1999) des laves torrentielles en 3 grandes familles. Source :
Chambon et Laigle (2013). .................................................................................................................... 13
Tableau 2 : Valeurs typiques des paramètres rhéologiques de Herschel-Bulkley pour les laves
torrentielles boueuses, d'après Coussot (1996). Source : Chambon et Laigle (2013). ......................... 15
Tableau 3 : Caractéristiques spécifiques du bassin versant du Claret. Source : Etude de Bassin Versant,
RTM/ONF Savoie (2013). ....................................................................................................................... 23
Tableau 4 : Principales étapes et durées dans le piégeage de la lave torrentielle observée dans la Figure
13. Sources : Piton et al. (2018), traduction française : Leborgne (2022). ............................................ 34
Tableau 5 : Coefficients de Manning retenus pour les simulations reflétant la rugosité du lit du torrent
et du fond de la plage de dépôts. M1 à M3 : coefficient de Manning 1 à 3. Source : Leborgne (2022).
............................................................................................................................................................... 42
Tableau 6 : Paramètres des volumes et débits de pointe (Qp) retenus pour les simulations HEC-RAS
(lave torrentielle 2017) . V1 à V3 : volume 1 à 3. Source : Leborgne (2022) ........................................ 44
Tableau 7 : Paramètres rhéologiques retenus pour les simulations HEC-RAS 2D. R1 à R6 : jeux de
paramètres rhéologiques 1 à 6. Source : Leborgne (2022). ................................................................. 46
Tableau 8 : Paramètres des volumes et débits de pointe (Qp) retenus pour les simulations HEC-RAS
(lave torrentielle 2019). V1’ à V2’ : volume 1 à 2. Source : Leborgne (2022). ...................................... 67
Tableau 9 : Paramètres rhéologiques retenus pour les simulations HEC-RAS 2D. R1, R5 et R6 : jeux de
paramètres rhéologiques 1, 5 et 6. Source : Leborgne (2022). ............................................................ 67

82
Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

Table des matières

Résumé ........................................................................................................................................ 2
Remerciements ............................................................................................................................ 4
Sommaire .................................................................................................................................... 5
Sigles et acronymes ...................................................................................................................... 6
Avant-propos ............................................................................................................................... 7
INTRODUCTION ............................................................................................................................ 8
CHAPITRE 1 : ETAT DE L’ART SUR LES CONNAISSANCES ACTUELLES DU PHENOMENE DE LAVE
TORRENTIELLE ET DES APPROCHES DE MODELISATION ................................................................ 10
1.1. Le phénomène torrentiel et le transport solide ......................................................................... 10
1.1.1. Le charriage ......................................................................................................................... 10
1.1.2. Les laves torrentielles .......................................................................................................... 11
1.1.2.1. Les entités fonctionnelles d’une bouffée de lave torrentielle ..................................... 12
1.1.2.2. Classification des laves torrentielles ............................................................................ 12
1.1.2.3. Loi de comportement des laves torrentielles boueuses .............................................. 13
1.2. Approches de modélisation de la dynamique des laves torrentielles ....................................... 15
1.2.1. Modèles physiques .............................................................................................................. 15
1.2.2. Modèles numériques........................................................................................................... 16
1.3. Choix et description détaillés du modèle HEC-RAS 2D............................................................... 18
CHAPITRE 2 : TERRAIN D’ETUDE ET APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE ............................................. 21
2.1. Torrent du Claret ........................................................................................................................ 21
2.1.1. Description générale du bassin versant .............................................................................. 21
2.1.2. Corrections torrentielles sur le torrent du Claret................................................................ 23
2.1.2.1. Dispositifs « plage de dépôts » ..................................................................................... 24
2.1.2.2. Dispositif de mesures et d’observations ...................................................................... 26
2.1.2.3. Géométrie du barrage filtrant avant les travaux de 2018 ............................................ 26
2.1.2.4. Géométrie du barrage filtrant après les travaux de 2018 ............................................ 27
2.2. Approche méthodologique ........................................................................................................ 28
CHAPITRE 3 : PHASE DE CALAGE DU MODELE HEC-RAS 2D : LAVE TORRENTIELLE DU 14 JUIN 2017 30
3.1. Matériels et méthodes ............................................................................................................... 30
3.1.1. Caractéristiques de la lave torrentielle du 14 juin 2017 ..................................................... 30
3.1.1.1. Conditions climatiques ................................................................................................. 30
3.1.1.2. Dynamique de remplissage .......................................................................................... 31
3.1.2. Données d’entrée pour la lave torrentielle du 14 juin 2017 ............................................... 35
3.1.2.1. Données topographiques ............................................................................................. 35

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Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

3.1.2.1.1. Etat antécédent ..................................................................................................... 35


3.1.2.1.2. Etat post crue ........................................................................................................ 38
3.1.2.1.3. Conclusion sur l’analyse des données topographiques ........................................ 41
3.1.2.1.4. Coefficient de rugosité de Manning ...................................................................... 41
3.1.2.2. Données hydrologiques ................................................................................................ 43
3.1.2.3. Données rhéologiques .................................................................................................. 44
3.1.2.4. Géométrie du barrage filtrant dans HEC-RAS 2D pour la lave de 2017 ....................... 46
3.1.2.5. Construction d’un modèle HEC-RAS 2D pour la lave de 2017...................................... 48
3.2. Résultats ..................................................................................................................................... 49
3.2.1. Description conceptuelle..................................................................................................... 49
3.2.2. Niveaux des dépôts atteints au droit du barrage filtrant et de la 1ère dent freineuse ........ 52
3.2.2.1. Niveaux des dépôts au droit du barrage filtrant .......................................................... 54
3.2.2.1.1. Niveaux maximums des dépôts atteints au droit du barrage filtrant ................... 54
3.2.2.1.2. Niveaux finaux des dépôts au droit du barrage filtrant ........................................ 55
3.2.2.2. Niveaux des dépôts au droit de la dent n°1 ................................................................. 56
3.2.2.2.1. Niveaux maximums des dépôts au droit de la dent n°1 ....................................... 56
3.2.2.2.2. Niveaux finaux des dépôts au droit de la dent n°1 ............................................... 57
3.2.3. Profils en long représentant les niveaux finaux .................................................................. 58
3.2.4. Temps de traversée des laves torrentielles simulées ......................................................... 60
3.3. Analyses et interprétations ........................................................................................................ 62
CHAPITRE 4 : PHASE DE VALIDATION DU MODELE HEC-RAS 2D : LAVE TORRENTIELLE DU 1ER JUILLET
2019 .......................................................................................................................................... 63
4.1. Matériels et méthodes ............................................................................................................... 63
4.1.1. Caractéristiques de la lave torrentielle du 1er juillet 2019 .................................................. 63
4.1.2. Données d’entrée pour la lave torrentielle du 1er juillet 2019 ............................................ 65
4.1.2.1. Données topographiques ............................................................................................. 65
4.1.2.1.1. Etat antécédent ..................................................................................................... 65
4.1.2.1.2. Etat post crue ........................................................................................................ 66
4.1.2.1.3. Coefficient de rugosité de Manning ...................................................................... 66
4.1.2.2. Données hydrologiques ................................................................................................ 66
4.1.2.3. Données rhéologiques .................................................................................................. 67
4.1.2.4. Géométrie du barrage filtrant dans HEC-RAS 2D pour la lave de 2019 ....................... 68
4.1.2.5. Construction d’un modèle HEC-RAS 2D pour la lave de 2019...................................... 68
4.2. Résultats ..................................................................................................................................... 70
4.2.1. Niveaux des dépôts maximums ........................................................................................... 71
4.2.2. Niveaux des dépôts finaux .................................................................................................. 72

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Mémoire de recherche - Leborgne J., 2022

4.2.3. Dépôts latéraux ................................................................................................................... 73


4.3. Analyses et interprétations ........................................................................................................ 74
CONCLUSION.............................................................................................................................. 76
Références ................................................................................................................................. 78
Table des figures ........................................................................................................................ 80
Table des tableaux ..................................................................................................................... 82
Table des matières ..................................................................................................................... 83
Table des annexes ...................................................................................................................... 86
Annexes ..................................................................................................................................... 86

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Table des annexes


Annexe 1 : Photos issues de la vidéo permettant de déterminer la durée de traversée de la
lave torrentielle du 14 juin 2017 dans le bassin de rétention………....……….……………86
Annexe 2 : Résultats des simulations HEC-RAS 2D. Evènement de référence : lave torrentielle
14 juin 2017……………………………..............………………………………………………………………88

Annexes
Annexe 1 : Photos issues de la vidéo permettant de déterminer la durée de
traversée de la lave torrentielle du 14 juin 2017 dans le bassin de rétention.

La durée de traversée de la lave torrentielle du 14 juin 2017 est déterminée de la 1ère dent
freineuse en amont de la plage de dépôts jusqu’au barrage filtrant en aval de la plage de
dépôts.

 Le barrage filtrant est atteint entre 3h 21min et 48 s et 3h 22min et 10s.


 Heure d’atteinte retenue à 3h 21min et 55 s.
 Durée de traversée de la lave : 3h 21min et 01s – 3h 21min et 55s = 54s ± 5s.

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Annexe 2 : Résultats des simulations HEC-RAS 2D. Evènement de référence : lave


torrentielle 14 juin 2017.

a) Résultats des 54 simulations de laves torrentielles par HEC-RAS 2D.

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b) Incertitudes des résultats des 54 simulations de laves torrentielles avec les valeurs de
référence de la lave torrentielle du 14 juin 2017.

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