Clef de Compréhension Autonomie - Dépendance

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Clef de compréhension Dépendance et Autonomie

Introduction :

Les termes de dépendance et de perte d’autonomie ont des portées différentes selon le moment, le
lieu et les acteurs l’utilisant. Face à ce brouillage sémantique, il est utile de se fixer sur des définitions
claires, s’appuyant sur les sciences humaines, tout en ayant en tête que ces définitions ne font pas
consensus.

La dépendance :

- La dépendance est un concept n’ayant aucune portée instrumentale pour étayée la situation
des personnes âgées en perte d’autonomie d’un point de vue sociologique. En effet, la
dépendance est omniprésente dans nos société modernes, elle est pour B.Ennuyer
« constitutive de la vie en société ». Rappelant également la position de R. Castel : “ un
individu ne tient pas debout tout seul et à défaut de points d’appuis assurés, il risque la mort
sociale”.
- La dépendance est un concept ayant été construit par la médecine gériatrique pour nommer
le besoin de soins de longue durée des personnes âgées. Si le vieillissement individuel est
corrélé avec une plus grande chance de souffrir d’incapacités et de handicap, cette relation
est loin d’être automatique. En tant que tel, ce concept s’est construit via un prisme
catégorisant et stigmatisant du handicap et de la vieillesse. S’il reste présent dans le secteur
de l’autonomie pour désigner la perte d’autonomie des personnes âgées, nous devons
encourager son abandon.
- Concernant le terme de « besoin de soins de longue durée » (long term care), il semble
particulièrement adapté afin de décrire de façon purement fonctionnelle, les besoins
émanant d’une situation d’incapacité, quel que soit l’âge de la personne. Avis personnel : il
me semble que si le terme n’est que très peu repris en France, c’est à cause de la différence
sémantique entre soin et care. En France, le terme de soin est quasi-exclusivement réservé
aux pratiques médicales, alors qu’en Anglais le terme de care recouvre également toutes les
pratiques d’assistances.

L’autonomie :

- Etymologiquement, il est constitué d’Auto (soi-même) et de Nomos (la loi), il désigne alors la
capacité à dicter ses propres lois.
- Le concept d’autonomie peut être utile afin de penser les difficultés que rencontrent les
personnes en situation de handicap. Un handicap est constitué d’une déficience individuelle
et d’un contexte sociale particulier, entrainant alors une incapacité particulière. Ces
incapacités peuvent alors être des obstacles à l’autonomie des individus, devenant
empêchés.
- Le soutien à l’autonomie est alors l’ensemble des actions mises en place afin d’agir sur
l’environnement social pour que les déficiences individuelles ne deviennent pas
incapacitantes pour l’individu. Par exemple, un individu possède une déficience motrice
l’empêchant de s’habiller seule, une aide extérieure peut alors être mise en place, lui
permettant alors de s’habiller.
- La perte d’autonomie est un concept pouvant être utile pour désigner le processus dans
lequel un individu développe des déficiences qui deviennent incapacitantes.
- La perte d’autonomie est régulièrement utilisée pour aborder la perte cognitive liée aux
maladies neuro-dégénératives. L’idée est alors que la perte cognitive entrainerait une perte
de la capacité à choisir. De notre point de vue, cette vision est réductrice car elle se base sur
une vision individualiste de l’autonomie. Afin de ne pas négliger les capacités de choix de
tous les individus, quelques soit leurs capacités cognitives, le concept d’autonomie
relationnelle tel que proposé par Nathalie Rigaux, peut sembler plus approprié. Ce concept
permet de penser l’autonomie comme émergeant toujours d’un réseau d’interdépendance,
les décisions ne sont plus uniquement portées par l’individu, mais le sont dans le cadre des
relations que l’individu entretien. Ainsi, c’est l’individu en relation avec son réseau, qui
possède la capacité de choisir sa propre loi. Le risque de perte d’autonomie n’est plus
inhérent aux capacités cognitives, mais à la capacité du réseau d’entendre et de faire valoir
les besoins de l’individu.

Clefs de compréhension :

Liste des thèmes et concepts :

- Le vieillissement de la population et la géronto croissance


- Handicap et vieillissement
- « La dépendance »
- L’autonomie relationnelle
- L’isolement social des personnes âgées (socio famille, inclusion, âgisme, déprises)
- Isolement et solitude
- Les aidants (nombres, enjeux économiques, formation, répits, maintien de l’emploi)
- Le compte de la dépendance (état des lieux et enjeux pour demain)
- Les classes d’âge, une construction sociale découlant d’une organisation sociale centré sur la
production
- Le validisme
- Les représentations des personnes âgées
- Investissement social (aidants, prévention)
- vieillissement et exclusion

Qu’est ce qui est important de comprendre pour pouvoir construire une réponse politique adapté au
phénomène dit de la dépendance :

- Vieillissement et handicap/dépendance n’ont pas de liens causals


- Qu’importe le degré d’incapacités, physique, mentale ou psychique : un individu garde le
droit à la dignité, la citoyenneté, l’accès a ces droits et notamment celui de choisir son projet
de vie. DUDH : Droit à la vie et à la sureté de sa personne, droit a une protection juridique,
droit de choisir son lieu de résidence.
- Même si l’aide professionnelle est importante, voire essentiel, dans le cadre d’un maintien à
domicile d’une personne âgée en situation de handicap, l’assistance d’un proche aidant
comporte des caractéristiques plus soutenantes (durée, rapport affectif...).
- Le financement du soutien à l’autonomie des personnes âgées s’appuie aujourd’hui sur un
équilibre entre solidarité étatique et solidarité « naturel ». Il serait vraiment très couteux
d’envisager un système d’aide uniquement professionnel. Mais face aux inégalités du
support social à disposition des individus, cette dernière est essentielle pour de nombreuses
personnes âgées.
- Les proches prenant le rôle d’aidant doivent se confronter à plusieurs difficultés : rapport a
son propre vieillissement et à la mort, développer une relation d’assistance tout en
protégeant la relation affective, épuisement, garder son insertion professionnel et sociale
face aux contraintes de la relation d’aide
- Afin de soutenir et de favoriser l’implication des proches aidants les dispositifs d’aides aux
aidants sont essentiels : répit, soutien à l’emploi, lieu d’échange de pratiques et de savoirs,
créations de réseaux d’aidants... Ils sont aujourd’hui encore trop peu développés
- Plus riche sont les rapports sociaux des individus, plus riche sera le support social de soutien
à leur autonomie.
- La probabilité de développer une incapacité est en relation forte avec les conditions
d’existences précédentes (voir inégalités de santé). Ces conditions sont fortement inégales,
notamment selon la classe sociale, le genre, et les conditions de travail. La prévention de ces
incapacités reste donc le meilleur moyen de soutenir l’autonomie
- Concernant la perte cognitive, il n’existe aujourd’hui pas de traitement permettant de
stopper ou d’empêcher son développement. Il existe néanmoins certains facteurs
environnementaux pouvant augmenter la probabilité de développer un trouble
neurocognitif : tabagisme, mauvaise alimentation, diabète, obésité, manque d’activité
physique, faible niveau d’activité cognitive
- Le vieillissement et l’apparition d’incapacités, via plusieurs mécanismes, ont tendance à
affaiblir les relations sociales de l’individu (variété, quantité, qualité). Cette tendance peut
être brutale ou très évolutive, passagère ou continu, pouvant mener l’individu à une
marginalisation très relative jusqu’à un état de mort sociale.
- La question de l’isolement des personnes âgée est corrélé à un autre phénomène : le
sentiment de solitude. Celui-ci est multiforme, mais est souvent vécu négativement.

Afin de lutter contre l’isolement des personnes âgées plusieurs axes peuvent être envisagés :
- Adaptation de l’environnement du lieu d’habitation (magasins, espaces publics, transports...)
- Favoriser l’accès à l’emploi et l’adaptation des formes de travail pour les plus de 45 ans.
- Encourager les dynamiques de sociabilité intergénérationnelle et l’inclusion des pa dans tout
types d’activités (bénévolat, citoyenne, culturel, sportive, relations de voisinages...)
- Lutter globalement contre les représentations négatives de la vieillesse (âgisme)
- Lutter globalement contre les représentations négative du handicap (Validisme)