L3 - Economie Du Travail S1 N 02
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bulles spéculatives dont le retournement est porteur de tension sur les taux d’intérêt.
3.LaDemandeeffectiveestdéterminante
dépenses et avances en capital, le remboursement net de la dette, le déficit de la sécurité sociale, le compte
courant. Aux crédits : les surplus du budget ordinaire, les surplus de la sécurité sociale, les surplus d’autres
fonds hors budget, les emprunts nets nouveaux auprès du public. (CollectedWritings, 27, p. 407-408).
4 En bas du cycle, si les taux se tendent sur les emprunts d’Etat, notamment à l’occasion d’attaques
spéculatives des marchés, la monétisation des déficits publics peut s’avérer la solution appropriée : la
banque centrale finance alors pour partie et à bas taux la dette souveraine, en lieu et place des marchés. La
monétisation s’impose particulièrement lorsque les marchés exigent une prime de risque excessive,
susceptible d’alourdir exagérément les charges de la dette, qui devient insoutenable lorsque le taux d’intérêt
est supérieur au taux de croissance de l’économie.
remplaçant ainsi graduellement une dette qui est un véritable poids mort par une dette productive ou semi-
productive dans la lignée de ce que le gouvernement indien a fait avec succès pendant de nombreuses
années. » (CollectedWrittings, 27, p. 322.)
7 Pour analyser la structure d’un déficit budgétaire, on distingue le solde courant, le solde primaire et le
solde structurel et le solde structurel primaire. Le solde courant est celui qui est pris en compte dans le
calcul du déficit budgétaire, en pourcentage du PIB. Il représente l’un des critères du pacte de stabilité et
fait généralement l’objet de l’attention des commentateurs. Le solde du budget primaire est obtenu en
rétablissant la différence entre les recettes et les dépenses, une fois retranchées les charges de la dette. Le
déficit structurel est pour sa part calculé en isolant les fluctuations des recettes fiscales liées à la
conjoncture. Il s’est dégradé dans de nombreux pays à cause des dépenses fiscales engagées dans le cadre
des politiques de l’offre. Il se distingue du déficit courant, qui inclut le solde primaire, les intérêts de la dette,
et le déficit structurel. Enfin, le solde structurel primaire est obtenu en retranchant du solde structurel les
intérêts de la dette. Ces deux derniers indicateurs livrent la véritable photographie de l’état des finances
publiques à long terme. Le solde courant peut en effet paraître élevé lorsque l’économie subit une récession
sans que le déficit structurel ou le déficit structurel primaire ne soient importants. Les soldes structurels
primaires étaient ainsi proches de l’équilibre dans la plupart des pays de l’Union Européenne lors du
déclenchement de la crise de 2008, à l’issue de laquelle le creusement des dettes publiques résulte avant
tout de la dégradation du solde conjoncturel (Voir LaLettredel’OFCE, 2 décembre 2009).
.Unamendementàlathéorienéoclassiqueduchômage
.Salaired’efficienceetpouvoirdenégociationdes«insiders»
8 L’hypothèse de «rigiditésréelles» correspond au cas d’une indexation parfaite des salaires sur les prix.
Elle se distingue de l’hypothèse de «rigidités nominales» des Néo-keynésiens, qui prévaut lorsque
l’ajustement des salaires sur les prix est imparfait.
l9 Dans le débat public portant sur les politiques économiques appropriées pour sortir de la crise, Stiglitz a
cependant condamné les politiques d’austérité préconisées par la Commission Européenne. L’hypothèse
d’un « chômage keynésien » est envisageable dans les modèles exposés ci-dessous dès lors qu’une
hypothèse de rigidité nominale des salaires y est introduite. Dès lors, le chômage effectif pourrait dépasser
le chômage d’équilibre si des politiques monétaires déflationnistes provoquent une baisse des prix
renchérissant le coût du travail.
10 A. Weiss, « Job Queues and Layoffs in Labor Market with Flexible Wages », JournalofPoliticalEconomy, n°
12 Asaar Lindbeck, Denis Snower, The InsiderǦOutsider Theory of Employement and Unemployement, the
M.I.T. Press, Cambridge, MA, 1986.
13 Richard Layard, Stephen Nickell, Richard Jackman, Unemployment.MacroeconomicPerformanceandthe
LabourMarket, Oxford University Press, Oxford, 1991.
14 Joseph Stiglitz, EconomicsofthePublicSector, Op.cit.
w/p
PS
(w/p)*
WS
NAIRU U
.Unejustificationdela«baissedescharges»
Les Nouveaux keynésiens sont parfois présentés comme des hétérodoxes parce
que leurs modèles (salaires d’efficience et insiderǦoutsider) mettent en scène des
employeurs qui n’ont pas intérêt à baisser les salaires dans une économie en
concurrence imparfaite où la baisse du salaire minimum serait contre-productive. Pour
autant, le remède qu’ils proposent pour résorber le chômage, qui résulte alors d’un coût
du travail trop élevé, consiste bien à abaisser le coût du travail par des moyens
détournés, financés par la politique publique. Les Nouveaux Keynésiens font ainsi
l’apologie des exonérations de cotisations sociales. Celles-ci devront être compensées
par des prélèvements fiscaux, dont leurs modèles prennent rarement en compte les
effets macroéconomiques. En outre, la validité de ces théories reste suspendue à la
pertinence de la courbe de demande de travail néoclassique et de la relation inverse
entre les salaires et l’emploi qu’elle représente.
Aucune étude n’est pourtant parvenue à mettre en évidence l’existence d’une
relation entre le coût relatif du travail et l’emploi en France sur des données
macroéconomiques15. Ces théories ont donc permis de légitimer les politiques
15 Seules des études «
de panel », portant sur un nombre de cas limités et sélectionnés en fonction du résultat
recherché parviennent à mettre en évidence un effet significatif des exonérations de cotisations sociales sur
l’emploi. Le niveau de la demande, et donc de l’activité économique, est complètement absent de ces
analyses qui accordent un rôle disproportionné au coût salarial comme déterminant du niveau de l’emploi.
Voir : Michel Husson, « Emploi, salaires, RTT : l’orthodoxie introuvable », Séminaire « Hétérodoxies » du
CES-Matisse, 27 octobre 2004.
16Le coût des exonérations de cotisations sociales s’élevait en 2010 à 25 milliards d’euros.
17 Entre 1997 et 2000, lorsque l’économie créait 400 000 emplois privés par an en moyenne, 250 000
provenaient de la croissance, atteignant des taux annuels supérieurs à 3% entre 1998 et 2001, 60 000
résultaient des 35 heures, et 100 000 de la baisse du coût du travail non qualifié. Voir : Michel Husson,
« Réduction du temps de travail et emploi, une nouvelle évaluation », Larevuedel’IRES, n°38, 2002
Documents
Document 1 : Isabel da Costa, « Les systèmes de relations industrielles aux Canada et aux
Etats-Unis », encadré sur la théorie des relations industrielles de Dunlop, Travail et
Emploi, n°79, p. 38.
Document 2 : Bruno Tinel, «A quoi servent les patrons?», Marglin et les radicaux
américains, ENS éditions, 2004, p. 66-77.
Document 3 : Hélène Zajdela, « Le dualisme du marché du travail : enjeux et fondements
théoriques », Economieetprévision, n°92-93, p. 31-34, 1990.
Questionssurledossier
1. Qu’est-ce qu’un système de relations industrielles ? Définir son environnement. Définir
les règles de contenu et les règles de procédures
2. Dans quelles circonstances le système de relations industrielles est-t-il susceptible de
subir des mutations ?
3. Définir la notion de marché interne du travail chez Piore
4. Définir le marché externe
5. Quelles sont les hypothèses susceptibles d’expliquer les marchés internes et le dualisme
du marché du travail ?
6. En quoi l’approche de Piore relève-t-elle d’un certain déterminisme technologique ?
7. En quoi les hypothèses des radicaux se distinguent-elles de celles de Piore ?
8. Définir la notion de structure sociale d’accumulation et ses rapports avec les
mouvements longs du capitalisme
9. Quelle est la cause de la segmentation du marché du travail, selon les radicaux ?
10. Rappeler les grandes lignes de la théorie du salaire d’efficience et des modèles insider-
outsider.
11. En quoi l’hypothèse d’information asymétrique est-t-elle susceptible de justifier
l’existence de coûts de rotation de la main d’œuvre dans ces théories ?
12. En quoi les entreprises peuvent-elles avoir intérêt à constituer des marchés internes
?
13. Pourquoi certains travailleurs sont-ils en mesure d’imposer la constitution d’un
marché interne ?
14. Présenter le modèle où les fondements microéconomiques de la segmentation sont les
plus complètements intégrés.
15. Comment ces modèles expliquent-ils le chômage sur un marché du travail dual ?
16. Pourquoi ces modèles rencontrent-ils des difficultés pour rendre compte du chômage
involontaire ?
(…)
5. Théorie de la segmentation : l’apogée du courant radical
Les jeunes économistes de la nouvelle gauche ont eu accès aux plus grandes revues
académiques, ainsi qu’en témoignent les nombreux articles publiés par exemple dans
l’American Economic Review71. En 1973, les Papers and Proceedings de l’American
Economic Association élèvent la théorie radicale de la segmentation au rang de sujet digne
de l’attention académique en lui réservant une rubrique spéciale. Celle-ci contient
notamment une contribution d’Edwards, Gordon & Reich qui deviendra une référence
incontournable dans ce domaine. Plusieurs recensions critiques publiées par des auteurs
néoclassiques dans les revues les plus prestigieuses tenteront explicitement de relever le
“défi radical”. Il en est ainsi par exemple de l’article que Michael Wachter publie en 1974
dans les Brookings Papers on Economic Activity et de ceux que Glen Cain publie en 1975
puis en 1976 dans l’American Economic Review et le Journal of Economic Litterature à
propos de l’approche radicale de la segmentation du marché du travail. Le niveau de
généralité contenu dans les premières réceptions fait alors place à un examen minutieux
de la méthodologie, notamment des traitements économétriques, et surtout de la
construction théorique segmentationniste.
Le thème de la segmentation du marché du travail a donné aux radicaux un terrain
à la fois théorique et empirique à cultiver. Leurs efforts se sont en particulier déployés
dans le domaine des enquêtes et des monographies historiques pour, d’une part, critiquer
la théorie néoclassique du capital humain, à partir de laquelle s'est construite la théorie
microéconomique des contrats dans les années 1970, et pour, d’autre part, appréhender
l’organisation du processus de production. Par les contributions notamment de Marglin
et Braverman, dont l’influence sera considérable sur l’approche segmentationniste, les
radicaux sont les premiers à occuper le terrain de l’analyse économique de la hiérarchie
et de l’autorité.
Jusque-là, le courant dominant s’était concentré sur la théorie des prix en
considérant que la compréhension de ce qui se passe à l’intérieur de l’entreprise ne
concerne pas l’économiste mais plutôt le gestionnaire, le sociologue ou l’ingénieur. Avec
les radicaux, émerge au tout début des années 1970 un discours savant en économie qui
met en cause, au nom même de l’efficience économique, les vertus de l’organisation
capitaliste de la production. Enclin à légitimer l’ordre existant, le courant néoclassique n’a
pas voulu laisser les thématiques de l’organisation interne entre les seules mains des
contestataires. C’est dans ce sens qu’il convient d’analyser l’attention soudaine que le
courant dominant a accordé aux notions d’autorité et de hiérarchie, à partir du milieu des
années 1970 avec les travaux de Arrow, Alchian, Demsetz, Williamson etc. Les nouvelles
théories de l’entreprise72 sont nées en réaction à l’esprit contestataire des années 1960,
en vue de donner une légitimité économique à l’organisation hiérarchique et autoritaire
de la production à l’intérieur de l’entreprise capitaliste.
La théorie de la segmentation est issue de la théorie dualiste du marché du travail,
appelée aussi théorie des marchés internes, développée notamment par Peter Doeringer
et Michael Piore, pour ne citer que les plus connus73, dans un ouvrage paru en 197174.
Ces deux auteurs ne sont pas des économistes radicaux. Leur analyse se rapproche de la
tradition institutionnaliste par son empirisme et les catégories éclectiques auxquelles elle
fait appel, telles que par exemple les coutumes sociales et leurs interactions avec les
5.1.Lathéoriedualistedumarchédutravail
5.2.Théoriedelasegmentation:uneprésentation
Malgré les critiques que Doeringer et Piore adressent à la théorie dominante, celle-
ci reprendra à son compte quelques années plus tard de nombreuses idées développées
par ces deux auteurs et ira même jusqu'à en revendiquer la paternité. Les premiers
surveys orthodoxes sur la segmentation, notamment celui que Glen Cain présente dès
1972 devant le National Manpower Policy Task Forces Associates, aborderont
conjointement sans les confondre les publications dualistes et radicales, lesquelles se
distinguent par leur orientation marxiste. L’attention et la curiosité du monde
académique ont été initialement attirées sur le courant radical par la théorie
segmentationiste. En effet, de grands périodiques académiques présenteront d’emblée
cette approche comme un défi pour l’économie néoclassique d’alors. L’attention critique
prêtée par de telles revues aux travaux des économistes de la nouvelle gauche contribuera
à asseoir leur crédibilité.
Partiellement fondée sur une critique de la théorie du capital humain, la théorie
duale ne s’éloignera jamais vraiment du néoclassicisme. En effet, dès 1974, Michael
Wachter considère que les découvertes empiriques propres à ce courant dissident
peuvent être facilement intégrées dans l’analyse dominante81. Près de vingt ans plus tard,
James Rebitzer82, qui ne s’embarrasse pas d’une discussion sur les différences entre
approches duale et radicale, propose une analyse du marché du travail qu’il qualifie de
“radicale”. Pourtant, en dépit de son appellation, cette contribution peut difficilement être
considérée comme extérieure au courant dominant. Bien au contraire, il s’agit là sans
doute d’une ultime tentative de synthèse entre ces différentes approches, au profit du
mainstream. Les difficultés, rencontrées par divers analystes des années 1990, à
distinguer la spécificité du courant radical ont conduit Ben Fine à consacrer un ouvrage
entier visant à démontrer que l’approche radicale du marché du travail aurait été
entièrement récupérée par le courant dominant83.
« Quelle que soit, écrit Fine, la prétention de [l’économie politique radicale] à avoir
transformé [l’orthodoxie néoclassique], le mariage est sans aucun doute une
incorporation d’un petit nombre de traits structuraux (structural insights) dans
l’orthodoxie et la mise de côté des éléments méthodologiques et théoriques, offerts par
l’économie politique radicale, qui se montraient incompatibles avec la nouvelle
orthodoxie » (Fine [1998], p. 4).
De ce point de vue, les débats relatifs à la paternité de la théorie de la segmentation,
qui ont parcouru les années 1970 et 1980, peuvent être rétrospectivement lus comme
rendant compte de l’ambiguïté constitutive du défi radical.
L'année 1973 fut riche en publications pour le courant radical dans son ensemble
et pour la théorie de la segmentation du marché du travail en particulier. D’une part, ainsi
que nous l’avons déjà indiqué, une rubrique spéciale lui est consacrée dans les Papers and
Proceedings de l'American Economic Association publiés par l'American Economic
Review.
Notes :
68 Dans le sillage de ces travaux, contre la “gouvernance d’entreprise” qui met en avant la shareholder value ,
apparaît dans les années 1990 l’idée selon laquelle toutes les parties prenantes (stakeholders ) doivent contrôler
collectivement l’organisation de l’entreprise.
69 Samuel Bowles, David M. Gordon & Thomas Weisskopf Beyond the waste land. A democratic alternative to
economic decline , 1983 Anchor Press / Doubleday, Garden City, New York (publié en français, en 1986, sous le
titre L'économie du gaspillage , La découverte, postface de R. Boyer).
70 C’est notamment le retour d’auteurs importants, comme Bowles lui-même, dans le giron néoclassique au
début des années 1980 qui manifeste l’essoufflement voire l’entrée en crise du courant radical ; cf. notamment le
Document3 : Hélène Zajdela, Le dualisme du marché du travail: enjeux et
fondementsthéoriques,EconomieetPrévision,n°92Ǧ93,1990,extraits,p.31Ǧ37.
La segmentation du marché du travail, telle qu'elle est décrite dans les travaux de
Doeringer et Piore (1971), se schématise souvent par la coexistence de deux secteurs : un
secteur primaire, caractérisé par de hauts salaires, la stabilité de l'emploi, de bonnes
conditions de travail et des possibilités de promotions et un secteur secondaire où les
salaires sont faibles, le risque de chômage important et les promotions inexistantes. En
outre, les emplois primaires sont rationnés puisque les salariés qualifiés pour les emplois
primaires ne peuvent être tous embauchés dans ce secteur.
Cette approche du marché du travail, très en vogue dans les années soixante et au
Lescaractéristiquesdusecteurprimaire
L'intérêtdesfirmesàlaconstitutiondemarchésinternes
Uncontrôleimparfaitdel'effortdanslesecteurprimaire
Descoûtsderotationdanslesecteurprimaire
L'intérêtdessalariésàlaconstitutiondemarchésinternes
Desmarchésinternesdanslesecteurprimairerésultantdupouvoirdemonopoledes
syndicats
Laconstitutiondemarchésinternesrésultantdelarentedesituationdesinsiders
Lefonctionnementd'unmarchédutravaildual
Lestatutduchômagedansunmarchédutravail
Documents
Document 1 : Robert Boyer, LaflexibilitédutravailenEurope, La Découverte, 1986.
Document 2 : Dominique Plihon, « Les mutations du capitalisme : le rôle de la finance »,
Notesdel’IFRI, n°19.
Document 3 : Liem Hoang-Ngoc, Les théories économiques, petit manuel hétérodoxe, La
Dispute, extraits.
Document 4 : Liem Hoang-Ngoc, Présentationpédagogiquedesmodèlespostkeynésiensde
répartitiondesrevenus, document de travail.
Questionssurledossier