10 Structures Algébriques
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Jeremy Daniel
Remarque 0.2
On note plutôt a⋆b, au lieu de ⋆(a, b) l’image du couple (a, b) par ⋆. Quand on applique plu-
sieurs fois l’opération ⋆, on aura recours à des parenthèses dès qu’il peut y avoir ambiguïté
sur l’ordre des opérations à effectuer.
Remarque 0.4
Quand la loi ⋆ est associative, on peut effectuer des opérations du type x1 ⋆ x2 ⋆ · · · ⋆ xk
dans un ordre quelconque ; on omet donc les parenthèses dans ce cas. Attention ! Il faut
cependant conserver l’ordre des éléments dans l’expression.
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Définition 0.7 (Symétrique)
Soit ⋆ une LCI sur E, admettant un élément neutre e. Soit x ∈ E. On dit que
• y ∈ E est un symétrique à droite de x si x ⋆ y = e.
• y ∈ E est un symétrique à gauche de x si y ⋆ x = e.
• y ∈ E est un symétrique de x si c’est un symétrique et à droite de x.
∀x, y ∈ E, x ⋆ y = y ⋆ x.
Remarque 0.11
Si une LCI ⋆ est associative et commutative, une expression de la forme x1 ⋆ x2 ⋆ · · · ⋆ xk
peut être calculée en effectuant les opérations dans un ordre quelconque ET en permutant
des éléments.
Attention !
La réciproque est fausse. Par exemple, dans Z muni de la LCI ×, 3 est un élément simpli-
fiable mais il n’admet pas de symétrique.
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Si ⋆ admet un élément neutre e, on convient de plus que x⋆,0 = e. Si x admet un symétrique,
noté xs , on convient de plus que
Remarque 0.15
On a alors, ∀k, l ∈ N∗ (ou N ou Z suivant les cas) : x⋆,k ⋆ x⋆,l = x⋆,k+l .
∀x, y ∈ A, x ⋆ y ∈ A.
∀x, y ∈ Z, x + y = x + y et x × y = xy.
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La compatibilité des opérations avec la congruence modulo n affirme exactement que ces
LCI sur Z/nZ sont bien définies.
1 Groupes
1.1 Généralités
Définition 1.1 (Groupe)
Un groupe est un couple (G, ⋆), où G est un ensemble et ⋆ est une LCI sur G telle que :
− ⋆ est associative ;
− ⋆ a un élément neutre ;
− tout élément x ∈ G admet un symétrique.
Remarque 1.3
Suivant les conventions générales discutées plus haut, on notera la loi de groupe additive-
ment quand le groupe est abélien et multiplicativement dans le cas général.
Notation 1.4
Soit G un groupe, soient A et B deux parties de G, soit x un élément de G.
− Si la loi de groupe est noté additivement, on note
x + A = A + x = {x + y, y ∈ A} et A + B = {a + b, (a, b) ∈ A × B}.
Exemples 1.5
Exemples de groupes abéliens :
− (C, +) ; (R, +) ; (Z, +) ;
− (Cn , +) ; (Rn , +) ; (Zn , +) ;
− (C∗ , ×) ; (R∗ , ×) ; (R∗+ , ×) ;
− (U, ×) ; (Un , ×) ;
− (Z/nZ, +) ;
− (F(X, G), +), où X ensemble quelconque, et (G, +) groupe abélien.
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− (GLn (R), ×), n ≥ 2 ;
− l’ensemble des similitudes de C (pour la composition) ;
Attention !
Les exemples suivants ne sont pas des groupes :
− (N, +) : un entier n ≥ 1 n’a pas d’opposé ;
− (R, ×) : 0 n’a pas d’inverse ;
− (R∗− , ×) ; × n’est pas une LCI puisque le produit de deux nombres strictement négatifs
n’en est pas un.
1.2 Sous-groupes
Remarque 1.7
Dans un énoncé général, quand on ne précise pas la loi, il est sous-entendu qu’on adopte
une convention d’écriture multiplicative.
Exercice 1.9
Montrer que H est un sous-groupe de G ssi H est non vide et si ∀x, y ∈ H, xy −1 ∈ H.
Exemples 1.11
− (Z, +) est sous-groupe de (Q, +), sous-groupe de (R, +), sous-groupe de (C, +).
− (Zn , +) est sous-groupe de (Rn , +).
− (R∗+ , ×) est sous-groupe de (R∗ , ×), sous-groupe de (C∗ , ×).
− (U, ×) est un sous-groupe de (C∗ , ×).
− Pour tout n ≥ 1, (Un , ×) est un sous-groupe de (U, ×).
− L’ensemble des similitudes de C est un sous-groupe de l’ensemble des permutations
de C (pour la loi ◦).
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Théorème 1.12 (Caractérisation des sous-groupes de Z)
Les sous-groupes de (Z, +) sont les parties de Z de la forme nZ, où n ∈ N.
Remarque 1.18
Si A = {x} est réduit à un élément, on note < x > le groupe engendré par {x}.
Exemples 1.20
− Si A = ∅, < A > est {eG }.
− Soit n ∈ Z. Dans Z, le sous-groupe engendré par {n} est nZ.
− Soient n1 , . . . , nk ∈ Z. Le sous groupe engendré par {n1 , . . . , nk } est (n1 ∧ · · · ∧ nk )Z.
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application f : G → H telle que
Proposition 1.26
Une composée d’isomorphismes de groupes/la bijection réciproque d’un isomorphisme de
groupes est un isomorphisme de groupe.
Corollaire 1.27
L’ensemble des automorphismes d’un groupe G est un groupe, pour la composition.
Exercice 1.28
Montrer que (R, +) et (R∗+ , ×) sont des groupes isomorphes. Montrer que les groupes sui-
vants ne sont pas isomorphes :
− (R, +) et (R∗ , ×) ;
− (Q, +) et (Q∗+ , ×) ;
− (Z, +) et (Z2 , +).
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2 Anneaux et corps
2.1 Généralités
Définition 2.1 (Anneau)
Un anneau (unitaire) est un triplet (A, +, ×) où A est un ensemble, + et × sont des LCI
sur A telles que :
− (A, +) est un groupe abélien ;
− La loi × est associative et a un élément neutre ;
− × est distributive par rapport à + :
Remarque 2.2
On notera systématiquement 0A et 1A (ou simplement 0 et 1) les éléments neutres respectifs
de + et ×.
Remarque 2.3
On peut avoir 0A = 1A . Mais dans ce cas, A est réduit à {0A }. On dit que A est l’anneau
nul.
∀x ∈ A, 0 × x = x × 0 = 0.
Remarque 2.5
De façon générale, on calcule dans un anneau A quelconque comme dans Z, en prenant
toutefois garde à la possible non-commutativité de A. Par exemple, (−1)2 = 1 et
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Exemples 2.8
On a les exemples suivants d’anneaux :
− Z; R; C;
− l’ensemble des fonctions polynomiales à coefficients dans R ou C (définies sur R) ;
− Mn (K), ensemble des matrices carrées de taille n à coefficients dans K ;
− Z/nZ.
∀x, y ∈ A, xy = 0 =⇒ x = 0 ou y = 0.
Remarque 2.10
Parmi les exemples précédents, Mn (K) n’est pas intègre si n ≥ 2. On a par exemple :
0 1 1 0 0 0
= = 0M2 (K) .
0 0 0 0 0 0
On verra dans les compléments que Z/nZ est intègre ssi n est premier. Remarquons par
exemple, que pour n = 6,
2̄ × 3̄ = 6̄ = 0Z/6Z .
∃y ∈ A, xy = yx = 1.
Notation 2.12
On note A× l’ensemble des inversibles de A.
Remarque 2.15
L’anneau nul n’est pas un corps.
Proposition 2.16
Un corps est un anneau intègre.
Remarque 2.17
Mais la réciproque est fausse : Z est intègre mais n’est pas un corps.
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Exemples 2.18
− Q, R et C sont des corps ;
− Z n’en est pas un : 2 n’est pas inversible ;
− Mn (K) n’en est pas un si n ≥ 2 : les matrices données dans l’exemple plus haut ne
sont pas inversibles ;
− l’ensemble des applications polynomiales n’est pas un corps ; un polynôme de degré
≥ 1 n’est pas inversible ;
− On montrera que Z/nZ est un corps ssi n est premier.
Remarque 2.20
En pratique, pour montrer que B est un sous-anneau de A, on montre donc qu’il contient
1A et que
∀x, y ∈ B, x − y ∈ B et xy ∈ B.
Exemples 2.22
− Z est un sous-anneau de R ;
− Q est un sous-corps de R, qui est un sous-corps de C.
Exemples 2.24
− L’application de conjugaison z 7→ z̄ est un morphisme de corps de C dans C ;
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− Soit n ≥ 1 un entier. Considérons π : Z → Z/nZ, définie par πn (x) = x̄ (classe de x
modulo n). Alors, par construction, πn est un morphisme d’anneaux ;
− Notons A l’anneau des fonctions polynomiales à coefficients dans K. Soit x0 un réel.
L’application ϕ : A → K, définie par ϕ(P ) = P (x0 ) est un morphisme d’anneaux
(morphisme d’évaluation en x0 ).
Remarque 3.3
Dans la deuxième cas (groupe monogène fini), on dit que G est cyclique.
Exemples 3.4
− Le groupe Un des racines n-èmes de l’unité est fini de cardinal n et est engendré par
ω = e2iπ/n . Il est donc isomorphe à Z/nZ. L’isomorphisme est donné par :
Z/nZ → Un
ϕ:
k̄ 7→ e2ikπ/n
− Dans Z/10Z, l’élément 2̄ engendre un sous-groupe G de cardinal 5. Ainsi, G est
isomorphe à Z/5Z, l’isomorphisme étant donné par :
Z/5Z → G
ϕ:
cl5 (k) 7→ cl10 (2k)
− Les sous-groupes discrets de R qui ne sont pas denses sont les sous-groupes monogènes
de R. Le sous-groupe aZ de R est isomorphe à Z.
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Remarque 3.6
La classe d’équivalence de eG est la partie H.
Remarque 3.10
Par la classification des groupes monogènes, on a < x >∼
= Z/(ω(x))Z. On en déduit que
x ω(x)
= eG .
Corollaire 3.11
Soit G un groupe fini, soit x ∈ G. Alors
x|G| = eG .
∀n ∈ N∗ , ϕ(n) = {m ∈ J1, nK | n ∧ m = 1} .
Remarque 4.3
Les premières valeurs de ϕ sont ϕ(1) = 1, ϕ(2) = 1, ϕ(3) = 2, ϕ(4) = 2, ϕ(5) = 4, ϕ(6) = 2,
ϕ(7) = 6, ϕ(8) = 4.
Remarque 4.4
On a donc (Z/nZ)× = ϕ(n).
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Corollaire 4.5 (Petit théorème de Fermat, généralisé)
Soit n ≥ 1, soit a un entier relatif premier à n. Alors, āϕ(n) = 1̄. Autrement dit,
aϕ(n) ≡ 1 [n].
Proposition 4.7
Soit n un entier naturel non nul. Les assertions suivantes sont équivalentes :
i) n est premier ;
ii) Z/nZ est un corps ;
iii) Z/nZ est intègre.
Attention !
Le groupe (Z/nZ)× n’est pas cyclique en général.
Remarque 4.9
Le théorème chinois énoncé dans le chapitre précédent revient à l’affirmation de la surjec-
tivité de ce morphisme.
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Remarque 4.11
Un idéal qui contient 1A , ou plus généralement un élément inversible de A, est nécessaire-
ment égal à A. En particulier, les seuls idéaux d’un corps sont l’idéal réduit à {0A } et le
corps lui-même.
Remarque 4.16
Soient n, m deux entiers relatifs. On vérifie que nZ + mZ est un idéal de Z. Il est donc de
la forme dZ pour un entier d qu’on peut supposer positif. Cet entier d vaut n ∧ m : c’est
une reformulation de l’identité de Bachet-Bézout.
La partie nZ ∩ mZ est aussi un idéal. On a en fait nZ ∩ mZ = (n ∨ m)Z. Avec le langage
du chapitre précédent, cette propriété se lit : un entier est multiple commun à n et à m ssi
il est multiple de n ∨ m.
Remarque 4.17
On montrera que l’anneaux K[X] des polynômes à coefficients dans K est principal. On
pourra ainsi étudier l’arithmétique des polynômes de façon analogue à ce qui a été fait
pour les entiers (en prenant davantage de hauteur).
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