10 Structures Algébriques

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10 - Structures algébriques

Jeremy Daniel

Young man, in mathematics you don’t


understand things. You just get used
to them.

John von Neumann

0 Lois de composition interne


Définition 0.1 (Loi de composition interne)
Une loi de composition interne (LCI) sur un ensemble E est une application ⋆ : E ×E → E.

Remarque 0.2
On note plutôt a⋆b, au lieu de ⋆(a, b) l’image du couple (a, b) par ⋆. Quand on applique plu-
sieurs fois l’opération ⋆, on aura recours à des parenthèses dès qu’il peut y avoir ambiguïté
sur l’ordre des opérations à effectuer.

Définition 0.3 (Associativité)


Une LCI ⋆ sur E est associative si
∀x, y, z ∈ E, (x ⋆ y) ⋆ z = x ⋆ (y ⋆ z).

Remarque 0.4
Quand la loi ⋆ est associative, on peut effectuer des opérations du type x1 ⋆ x2 ⋆ · · · ⋆ xk
dans un ordre quelconque ; on omet donc les parenthèses dans ce cas. Attention ! Il faut
cependant conserver l’ordre des éléments dans l’expression.

Définition 0.5 (Élément neutre)


Une LCI ⋆ sur E admet un élément neutre e ∈ E si
∀x ∈ E, x ⋆ e = e ⋆ x = x.

Proposition 0.6 (Unicité de l’élément neutre)


Si une LCI ⋆ admet un élément neutre, celui-ci est unique.

1
Définition 0.7 (Symétrique)
Soit ⋆ une LCI sur E, admettant un élément neutre e. Soit x ∈ E. On dit que
• y ∈ E est un symétrique à droite de x si x ⋆ y = e.
• y ∈ E est un symétrique à gauche de x si y ⋆ x = e.
• y ∈ E est un symétrique de x si c’est un symétrique et à droite de x.

Proposition 0.8 (Unicité des symétriques)


On suppose que la loi ⋆ est associative et admet un élément neutre. Si x admet un symé-
trique, celui-ci est unique.

Proposition 0.9 (Symétrique de x ⋆ y)


Si ⋆ admet un élément neutre et que x et y ont un symétrique, notés respectivement xs et
y s , alors y s ⋆ xs est le symétrique de x ⋆ y.

Définition 0.10 (Commutativité)


Une LCI ⋆ sur E est commutative si

∀x, y ∈ E, x ⋆ y = y ⋆ x.

Remarque 0.11
Si une LCI ⋆ est associative et commutative, une expression de la forme x1 ⋆ x2 ⋆ · · · ⋆ xk
peut être calculée en effectuant les opérations dans un ordre quelconque ET en permutant
des éléments.

Définition 0.12 (Élément simplifiable)


Soit ⋆ une LCI sur E. Soit x ∈ E. On dit que x est
• simplifiable à gauche si ∀y, z ∈ E, x ⋆ y = x ⋆ z =⇒ y = z.
• simplifiable à droite si ∀y, z ∈ E, y ⋆ x = z ⋆ x =⇒ y = z.
• simplifiable s’il est simplifiable à gauche et à droite.

Proposition 0.13 (Un élément symétrique est simplifiable)


On suppose que la loi ⋆ est associative et admet un élément neutre. Un élément qui admet
un symétrique/un symétrique à gauche/un symétrique à droite est simplifiable/simplifiable
à gauche/simplifiable à droite.

Attention !
La réciproque est fausse. Par exemple, dans Z muni de la LCI ×, 3 est un élément simpli-
fiable mais il n’admet pas de symétrique.

Définition 0.14 (Itérés d’un élément par ⋆)


Soit ⋆ une LCI sur E. Soit x ∈ E. On définit récursivement les éléments x⋆,n , pour n ∈ N∗
par
x⋆,1 = x et ∀n ∈ N∗ , x⋆,n+1 = x⋆,n ⋆ x.

2
Si ⋆ admet un élément neutre e, on convient de plus que x⋆,0 = e. Si x admet un symétrique,
noté xs , on convient de plus que

∀n ∈ Z − N, x⋆,n = (xs )⋆,−n .

Remarque 0.15
On a alors, ∀k, l ∈ N∗ (ou N ou Z suivant les cas) : x⋆,k ⋆ x⋆,l = x⋆,k+l .

Définition 0.16 (Partie stable par une LCI)


Une partie A ⊂ E est stable par la LCI ⋆ si

∀x, y ∈ A, x ⋆ y ∈ A.

Remarque 0.17 (Convention d’écriture pour les LCI)


La plupart du temps, les LCI sont écrites + ou ×. On dira alors que la loi est notée en
convention additive ou en convention multiplicative. On dispose d’un standard de notations
et un vocabulaire dans ces deux situations :
− Si la loi est notée +, on note généralement 0 son élément neutre (s’il existe). On parle
d’opposé plutôt que de symétrique et on note −x l’opposé de x (s’il existe). Les itérés
x+,n se notent simplement nx. Cette convention d’écriture ne s’applique en principe
qu’à des LCI commutatives.
− Si la loi est notée ×, on note généralement 1 son élément neutre (s’il existe). On
parle d’inverse plutôt que de symétrique et on note x−1 l’opposé de x (s’il existe).
Les itérés x×,n se notent simplement xn . De plus, on omet souvent l’écriture de la
loi, en écrivant simplement xy au lieu de x × y. Cette convention d’écriture peut être
appliquée à toutes les LCI.
L’exemple le plus important de LCI notée différemment est la composition ◦ entre
applications. Cependant, dans les contextes où il n’y a pas d’ambiguïté, on écrira cette loi
en convention multiplicative ; ainsi gf sera un raccourci pour g ◦ f et f n pourra désigner
la composée itérée n-ème de f .
Exemple 0.18 (Lois de composition interne sur Z/nZ)
Soit n ∈ N∗ . On rappelle qu’on a défini l’ensemble Z/nZ comme l’ensemble des classes
d’équivalences de la relation d’équivalence R sur Z, R étant définie par

∀x, y ∈ Z, xRy ⇐⇒ x ≡ y [n].

Pour tout x ∈ Z, on note x ∈ Z/nZ la classe d’équivalence de k. On a donc


− ∀x, y ∈ Z, x = y ⇐⇒ x ≡ y [n] ;
− Z/nZ = {0, 1, . . . , n − 1}.
Dans le chapitre d’arithmétique, on a vu que la relation de congruence modulo n était
compatible avec les opérations + et × sur Z. On peut alors définir deux lois de composition
interne + et × sur Z/nZ par :

∀x, y ∈ Z, x + y = x + y et x × y = xy.

3
La compatibilité des opérations avec la congruence modulo n affirme exactement que ces
LCI sur Z/nZ sont bien définies.

On étudiera plus en détail ces LCI dans la suite.

1 Groupes
1.1 Généralités
Définition 1.1 (Groupe)
Un groupe est un couple (G, ⋆), où G est un ensemble et ⋆ est une LCI sur G telle que :
− ⋆ est associative ;
− ⋆ a un élément neutre ;
− tout élément x ∈ G admet un symétrique.

Définition 1.2 (Groupe abélien)


Un groupe (G, ⋆) est abélien si la loi ⋆ est commutative.

Remarque 1.3
Suivant les conventions générales discutées plus haut, on notera la loi de groupe additive-
ment quand le groupe est abélien et multiplicativement dans le cas général.

Notation 1.4
Soit G un groupe, soient A et B deux parties de G, soit x un élément de G.
− Si la loi de groupe est noté additivement, on note

x + A = A + x = {x + y, y ∈ A} et A + B = {a + b, (a, b) ∈ A × B}.

− Si la loi de groupe est noté multiplicativement, on note

xA = {xy, y ∈ A}, Ax = {yx, y ∈ A} et AB = {ab, (a, b) ∈ A × B}.

Exemples 1.5
Exemples de groupes abéliens :
− (C, +) ; (R, +) ; (Z, +) ;
− (Cn , +) ; (Rn , +) ; (Zn , +) ;
− (C∗ , ×) ; (R∗ , ×) ; (R∗+ , ×) ;
− (U, ×) ; (Un , ×) ;
− (Z/nZ, +) ;
− (F(X, G), +), où X ensemble quelconque, et (G, +) groupe abélien.

Exemples de groupes non abéliens :


− (SE , ◦) (si E est un ensemble, on note SE l’ensemble des permutations de E) ;

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− (GLn (R), ×), n ≥ 2 ;
− l’ensemble des similitudes de C (pour la composition) ;

Attention !
Les exemples suivants ne sont pas des groupes :
− (N, +) : un entier n ≥ 1 n’a pas d’opposé ;
− (R, ×) : 0 n’a pas d’inverse ;
− (R∗− , ×) ; × n’est pas une LCI puisque le produit de deux nombres strictement négatifs
n’en est pas un.

Proposition 1.6 (Produit de groupes)


Soient (G1 , ⋆1 ) et (G2 , ⋆2 ) deux groupes. Le produit cartésien G1 × G2 est un groupe pour
la loi ⋆ définie par

∀(x1 , x2 ), (y1 , y2 ) ∈ G1 × G2 , (x1 , x2 ) ⋆ (y1 , y2 ) = (x1 ⋆1 y1 , x2 ⋆2 y2 ).

1.2 Sous-groupes
Remarque 1.7
Dans un énoncé général, quand on ne précise pas la loi, il est sous-entendu qu’on adopte
une convention d’écriture multiplicative.

Définition 1.8 (Sous-groupe)


Soit G un groupe, d’élément neutre eG . Une partie H de G est un sous-groupe de G si
− eG ∈ H ;
− ∀x, y ∈ H, xy ∈ H ;
− ∀x ∈ H, x−1 ∈ H.

Exercice 1.9
Montrer que H est un sous-groupe de G ssi H est non vide et si ∀x, y ∈ H, xy −1 ∈ H.

Théorème 1.10 (Un sous-groupe est un groupe)


Si H est un sous-groupe de G, alors H est un groupe (avec la LCI induite), de même
élément neutre.

Exemples 1.11
− (Z, +) est sous-groupe de (Q, +), sous-groupe de (R, +), sous-groupe de (C, +).
− (Zn , +) est sous-groupe de (Rn , +).
− (R∗+ , ×) est sous-groupe de (R∗ , ×), sous-groupe de (C∗ , ×).
− (U, ×) est un sous-groupe de (C∗ , ×).
− Pour tout n ≥ 1, (Un , ×) est un sous-groupe de (U, ×).
− L’ensemble des similitudes de C est un sous-groupe de l’ensemble des permutations
de C (pour la loi ◦).

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Théorème 1.12 (Caractérisation des sous-groupes de Z)
Les sous-groupes de (Z, +) sont les parties de Z de la forme nZ, où n ∈ N.

Définition 1.13 (Partie dense de R)


Une partie A de R est dense si A rencontre tout intervalle non trivial de R :

∀x, y ∈ R, (x < y) =⇒ [x, y] ∩ A ̸= ∅.

Théorème 1.14 (Caractérisation des sous-groupes de R)


Soit H un sous-groupe de (R, +). On a l’alternative suivante :
− ∃!a ∈ R+ , H = aZ ;
− H est une partie dense de R.

Proposition 1.15 (Une intersection de sous-groupes est un sous-groupe) \


Soit G un groupe, soit (Hi )i∈I une famille de sous-groupes de G. Alors Hi est un sous-
i∈I
groupe de G.

Théorème 1.16 (Caractérisation par le haut du sous-groupe engendré par A)


Soit A une partie d’un groupe G. Il existe un plus petit (au sens de l’inclusion) sous-groupe
de G contenant A : c’est l’intersection de tous les sous-groupes de G contenant A.

Définition 1.17 (Sous-groupe engendré par une partie)


Le sous-groupe précédent se note < A > ; c’est le sous-groupe de G engendré par A. Si
< A >= G, on dit que A est une partie génératrice de G, ou que A engendre G.

Remarque 1.18
Si A = {x} est réduit à un élément, on note < x > le groupe engendré par {x}.

Théorème 1.19 (Caractérisation par le bas du sous-groupe engendré par A)


Soit A une partie d’un groupe G.

< A >= {x1 x2 . . . xk , k ∈ N et ∀i ∈ J1, kK, xi ∈ A ou x−1


i ∈ A.}.

Exemples 1.20
− Si A = ∅, < A > est {eG }.
− Soit n ∈ Z. Dans Z, le sous-groupe engendré par {n} est nZ.
− Soient n1 , . . . , nk ∈ Z. Le sous groupe engendré par {n1 , . . . , nk } est (n1 ∧ · · · ∧ nk )Z.

1.3 Morphismes de groupes


Définition 1.21 (Morphisme de groupes)
Soient (G, ⋆G ) et (H, ⋆H ) deux groupes. Un morphisme de groupes de G vers H est une

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application f : G → H telle que

∀x, y ∈ G, f (x ⋆G y) = f (x) ⋆H f (y).

Proposition 1.22 (Les morphismes préservent inverse et élément neutre)


Avec les notations précédentes, si f est un morphisme :
− f (eG ) = eH ;
− ∀x ∈ G, f (x−1 ) = f (x)−1 .

Définition 1.23 (Noyau et image)


Soit f : G → H un morphisme de groupes.
− Le noyau de f , noté Ker(f ), est f −1 (eH ) = {x ∈ G | f (x) = eH }.
− L’image de f , notée Im(f ), est f (G).

Proposition 1.24 (Noyau et image sont des sous-groupes)


Soit f : G → H un morphisme de groupes.
− Ker(f ) est un sous-groupe de G. On a Ker(f ) = {eG } ssi f est injective.
− Im(f ) est un sous-groupe de H. On a Im(f ) = H ssi f est surjective.

Définition 1.25 (Endomorphisme, isomorphisme, automorphisme)


Soit f : G → H un morphisme de groupes. On dit que c’est un
− endomorphisme si G = H (avec les mêmes lois de groupe) ;
− isomorphisme si c’est une application bijective ;
− automorphisme si c’est un endomorphisme et un isomorphisme.

Proposition 1.26
Une composée d’isomorphismes de groupes/la bijection réciproque d’un isomorphisme de
groupes est un isomorphisme de groupe.

Corollaire 1.27
L’ensemble des automorphismes d’un groupe G est un groupe, pour la composition.

Exercice 1.28
Montrer que (R, +) et (R∗+ , ×) sont des groupes isomorphes. Montrer que les groupes sui-
vants ne sont pas isomorphes :
− (R, +) et (R∗ , ×) ;
− (Q, +) et (Q∗+ , ×) ;
− (Z, +) et (Z2 , +).

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2 Anneaux et corps
2.1 Généralités
Définition 2.1 (Anneau)
Un anneau (unitaire) est un triplet (A, +, ×) où A est un ensemble, + et × sont des LCI
sur A telles que :
− (A, +) est un groupe abélien ;
− La loi × est associative et a un élément neutre ;
− × est distributive par rapport à + :

∀x, y, z ∈ A, x(y + z) = xy + xz et (y + z)x = yx + zx.

On dit que l’anneau est commutatif si la loi × est commutative.

Remarque 2.2
On notera systématiquement 0A et 1A (ou simplement 0 et 1) les éléments neutres respectifs
de + et ×.
Remarque 2.3
On peut avoir 0A = 1A . Mais dans ce cas, A est réduit à {0A }. On dit que A est l’anneau
nul.

Proposition 2.4 (0 est absorbant pour ×)


0 est un élément absorbant pour × :

∀x ∈ A, 0 × x = x × 0 = 0.

Remarque 2.5
De façon générale, on calcule dans un anneau A quelconque comme dans Z, en prenant
toutefois garde à la possible non-commutativité de A. Par exemple, (−1)2 = 1 et

∀x, y ∈ A, −(xy) = (−x)y = x(−y).

Proposition 2.6 (Identité de Bernoulli)


Soient a et b deux éléments d’un anneau A. Soit n ∈ N.
n−1
X
n n
a − b = (a − b) ak bn−1−k .
k=0

Proposition 2.7 (Formule du binôme de Newton)


Soient a et b deux éléments d’un anneau a. Soit n ∈ N. On suppose que ab = ba.
n  
n
X n k n−k
(a + b) = a b .
k=0
k

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Exemples 2.8
On a les exemples suivants d’anneaux :
− Z; R; C;
− l’ensemble des fonctions polynomiales à coefficients dans R ou C (définies sur R) ;
− Mn (K), ensemble des matrices carrées de taille n à coefficients dans K ;
− Z/nZ.

Définition 2.9 (Anneau intègre)


Un anneau commutatif est intègre s’il satisfait la règle du produit nul suivante :

∀x, y ∈ A, xy = 0 =⇒ x = 0 ou y = 0.

Remarque 2.10
Parmi les exemples précédents, Mn (K) n’est pas intègre si n ≥ 2. On a par exemple :
    
0 1 1 0 0 0
= = 0M2 (K) .
0 0 0 0 0 0

On verra dans les compléments que Z/nZ est intègre ssi n est premier. Remarquons par
exemple, que pour n = 6,
2̄ × 3̄ = 6̄ = 0Z/6Z .

Définition 2.11 (Élément inversible)


Soit A un anneau. Un élément x ∈ A est inversible s’il a un symétrique pour la loi × :

∃y ∈ A, xy = yx = 1.

Notation 2.12
On note A× l’ensemble des inversibles de A.

Théorème 2.13 (L’ensemble des inversibles est un groupe)


Soit A un anneau. Alors, (A× , ×) est un groupe.

Définition 2.14 (Corps)


Un corps est un anneau commutatif K tel que K× = K − {0}.

Remarque 2.15
L’anneau nul n’est pas un corps.

Proposition 2.16
Un corps est un anneau intègre.

Remarque 2.17
Mais la réciproque est fausse : Z est intègre mais n’est pas un corps.

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Exemples 2.18
− Q, R et C sont des corps ;
− Z n’en est pas un : 2 n’est pas inversible ;
− Mn (K) n’en est pas un si n ≥ 2 : les matrices données dans l’exemple plus haut ne
sont pas inversibles ;
− l’ensemble des applications polynomiales n’est pas un corps ; un polynôme de degré
≥ 1 n’est pas inversible ;
− On montrera que Z/nZ est un corps ssi n est premier.

2.2 Sous-anneaux et morphismes d’anneaux


Définition 2.19 (Sous-anneau)
Soit B une partie d’un anneau A. On dit que B est un sous-anneau de A si
− 1A ∈ B ;
− (B, +) est un sous-groupe de (A, +) ;
− B est stable par ×.
Si A est un corps, on dit que B est un sous-corps de A.

Remarque 2.20
En pratique, pour montrer que B est un sous-anneau de A, on montre donc qu’il contient
1A et que
∀x, y ∈ B, x − y ∈ B et xy ∈ B.

Proposition 2.21 (Un sous-anneau est un anneau.)


Avec les lois + et × induites, un sous-anneau/un sous-corps est un anneau/un corps.

Exemples 2.22
− Z est un sous-anneau de R ;
− Q est un sous-corps de R, qui est un sous-corps de C.

Définition 2.23 (Morphisme d’anneaux)


Soient A et B deux anneaux. Un morphisme d’anneaux de A vers B est une application
f : A → B telle que :
− f (1A ) = 1B ;
− f est un morphisme de groupes (A, +A ) → (B, +B ) :

∀x, y ∈ A, f (x +A y) = f (x) +B f (y);

− ∀x, y ∈ A, f (xy) = f (x)f (y).


Si A et B sont des corps, on parle de morphisme de corps.

Exemples 2.24
− L’application de conjugaison z 7→ z̄ est un morphisme de corps de C dans C ;

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− Soit n ≥ 1 un entier. Considérons π : Z → Z/nZ, définie par πn (x) = x̄ (classe de x
modulo n). Alors, par construction, πn est un morphisme d’anneaux ;
− Notons A l’anneau des fonctions polynomiales à coefficients dans K. Soit x0 un réel.
L’application ϕ : A → K, définie par ϕ(P ) = P (x0 ) est un morphisme d’anneaux
(morphisme d’évaluation en x0 ).

Proposition 2.25 (Un morphisme de corps est injectif)


Si ϕ : K → L est un morphisme de corps, alors ϕ est injectif.

3 Compléments sur les groupes


3.1 Groupes monogènes
Définition 3.1 (Groupe monogène)
Un groupe G est dit monogène s’il existe x ∈ G tel que G =< x >.

Théorème 3.2 (Caractérisation des groupes monogènes)


Soit G un groupe monogène.
− Si G est infini, G est isomorphe à Z.
− Si G est fini de cardinal n, G est isomorphe à Z/nZ.

Remarque 3.3
Dans la deuxième cas (groupe monogène fini), on dit que G est cyclique.
Exemples 3.4
− Le groupe Un des racines n-èmes de l’unité est fini de cardinal n et est engendré par
ω = e2iπ/n . Il est donc isomorphe à Z/nZ. L’isomorphisme est donné par :

Z/nZ → Un
ϕ:
k̄ 7→ e2ikπ/n
− Dans Z/10Z, l’élément 2̄ engendre un sous-groupe G de cardinal 5. Ainsi, G est
isomorphe à Z/5Z, l’isomorphisme étant donné par :

Z/5Z → G
ϕ:
cl5 (k) 7→ cl10 (2k)
− Les sous-groupes discrets de R qui ne sont pas denses sont les sous-groupes monogènes
de R. Le sous-groupe aZ de R est isomorphe à Z.

3.2 Théorème de Lagrange


Définition 3.5 (Relation d’équivalence donnée par un sous-groupe)
Soit G un groupe, soit H un sous-groupe de G. On définit une relation d’équivalence RH
sur G par
∀x, y ∈ G, x RH y ⇐⇒ xy −1 ∈ H.

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Remarque 3.6
La classe d’équivalence de eG est la partie H.

Proposition 3.7 (Les classes d’équivalence ont même cardinal.)


Supposons que G est un groupe fini. Alors les classes d’équivalence de RH ont toutes le
cardinal |H|.

Corollaire 3.8 (Théorème de Lagrange)


Si G est un groupe fini et H un sous-groupe, alors |H| divise |G|.

Définition 3.9 (Ordre d’un élément)


Soit G un groupe fini, soit x ∈ G. L’ordre de x – noté ω(x) – est le cardinal du sous-groupe
engendré par x.

Remarque 3.10
Par la classification des groupes monogènes, on a < x >∼
= Z/(ω(x))Z. On en déduit que
x ω(x)
= eG .

Corollaire 3.11
Soit G un groupe fini, soit x ∈ G. Alors

x|G| = eG .

4 Compléments sur les anneaux et les corps


4.1 L’anneau Z/nZ
Proposition 4.1 (Inversibles de Z/nZ)
Soit k ∈ Z. La classe k̄ ∈ Z/nZ est un inversible de Z/nZ ssi k ∧ n = 1.

Définition 4.2 (Indicatrice d’Euler)


On définit la fonction indicatrice d’Euler ϕ : N∗ → N∗ par

∀n ∈ N∗ , ϕ(n) = {m ∈ J1, nK | n ∧ m = 1} .

Remarque 4.3
Les premières valeurs de ϕ sont ϕ(1) = 1, ϕ(2) = 1, ϕ(3) = 2, ϕ(4) = 2, ϕ(5) = 4, ϕ(6) = 2,
ϕ(7) = 6, ϕ(8) = 4.

Remarque 4.4
On a donc (Z/nZ)× = ϕ(n).

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Corollaire 4.5 (Petit théorème de Fermat, généralisé)
Soit n ≥ 1, soit a un entier relatif premier à n. Alors, āϕ(n) = 1̄. Autrement dit,

aϕ(n) ≡ 1 [n].

Proposition 4.6 (Calcul de l’indicatrice d’Euler)


r
Y
Soit n = pαk k un entier naturel non nul, dont on a écrit la décomposition en produit de
k=1
facteurs premiers. On a
r r
Y Y 1
ϕ(n) = (pk − 1)pkαi −1 =n (1 − ).
k=1 k=1
pk

En particulier, ϕ(p) = p − 1 si p est premier.

Proposition 4.7
Soit n un entier naturel non nul. Les assertions suivantes sont équivalentes :
i) n est premier ;
ii) Z/nZ est un corps ;
iii) Z/nZ est intègre.

Attention !
Le groupe (Z/nZ)× n’est pas cyclique en général.

Théorème 4.8 (Théorème des restes chinois)


Soient n, m deux entiers naturels non nuls, premiers entre eux. L’application

Z/nmZ → Z/nZ × Z/mZ
ϕ:
clnm (x) 7→ (cln (x), clm (x))

est bien définie et est un isomorphisme d’anneaux.

Remarque 4.9
Le théorème chinois énoncé dans le chapitre précédent revient à l’affirmation de la surjec-
tivité de ce morphisme.

4.2 Anneaux principaux


Définition 4.10 (Idéal dans un anneau commutatif)
Soit A un anneau commutatif. Un idéal de A est une partie I de A telle que
− (I, +) est un sous-groupe de (A, +) ;
− ∀a ∈ A, ∀x ∈ I, ax ∈ I.

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Remarque 4.11
Un idéal qui contient 1A , ou plus généralement un élément inversible de A, est nécessaire-
ment égal à A. En particulier, les seuls idéaux d’un corps sont l’idéal réduit à {0A } et le
corps lui-même.

Proposition 4.12 (Idéal engendré par un élément)


Soit a un élément d’un anneau commutatif A. La partie aA = {ax, x ∈ A} est un idéal de
A.

Définition 4.13 (Idéal principal)


On appelle idéal principal un idéal de la forme aA, pour un élément a ∈ A.

Définition 4.14 (Anneau principal)


On appelle anneau principal un anneau commutatif dont tous les idéaux sont principaux.

Théorème 4.15 (Z est un anneau principal.)


Z est un anneau principal.

Remarque 4.16
Soient n, m deux entiers relatifs. On vérifie que nZ + mZ est un idéal de Z. Il est donc de
la forme dZ pour un entier d qu’on peut supposer positif. Cet entier d vaut n ∧ m : c’est
une reformulation de l’identité de Bachet-Bézout.
La partie nZ ∩ mZ est aussi un idéal. On a en fait nZ ∩ mZ = (n ∨ m)Z. Avec le langage
du chapitre précédent, cette propriété se lit : un entier est multiple commun à n et à m ssi
il est multiple de n ∨ m.

Remarque 4.17
On montrera que l’anneaux K[X] des polynômes à coefficients dans K est principal. On
pourra ainsi étudier l’arithmétique des polynômes de façon analogue à ce qui a été fait
pour les entiers (en prenant davantage de hauteur).

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