Parlement Québec de 1867 À Aujourdhui (Louis Massicotte)
Parlement Québec de 1867 À Aujourdhui (Louis Massicotte)
Parlement Québec de 1867 À Aujourdhui (Louis Massicotte)
De 1867 à aujourd’hui
Page laissée blanche intentionnellement
Louis Massicotte
Le Parlement du Québec
De 1867 à aujourd’hui
ISBN 978-2-7637-8739-8
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XVII
Partie I
LE PARLEMENTARISME TRADITIONNEL – 1867-1960
Partie II
LE PARLEMENT réformé 1960-2007
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 259
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 271
Page laissée blanche intentionnellement
Liste des tableaux et graphiques
Tableau 5.1 – Taux de rejet des projets de loi transmis par l’Assemblée
au Conseil législatif, 1867-1960, par période partisane
et par catégorie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
Tableau 5.2 – Séances du Conseil législatif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
congé sans solde pour profiter de l’occasion unique qui m’était offerte.
C’est à la Bibliothèque, où j’ai œuvré à titre d’attaché de recherche
de 1980 à 1987, que j’ai acquis l’essentiel de mes connaissances en
matière parlementaire, avec l’avantage additionnel de les confronter
à la réalité vécue. À mes titres universitaires, je suis fier d’ajouter
informellement celui de « gradué » de cette institution. Je me considère
privilégié d’avoir eu accès, avant et pendant mes études, à ses riches
collections, certainement parmi les meilleures au pays en ce qui a trait
à mes domaines d’intérêt.
Parmi les facteurs qui ont facilité la transition d’un emploi stable
à la précarité matérielle qui caractérise la condition étudiante, je ne
saurais passer sous silence la décision d’Élections Canada de me confier
durant cette période divers travaux à temps partiel sous la direction
du regretté Louis Lavoie. Ma gratitude s’adresse notamment à l’ex-
Directeur général des élections, Jean-Marc Hamel et à son successeur
Jean-Pierre Kingsley. Je remercie également l’Université Carleton de
m’avoir octroyé en 1987 la bourse Epstein, décernée à un étudiant
jugé prometteur par son département.
Mes remerciements s’adressent aussi de façon particulière aux
professeurs Robert J. Jackson, Kenneth D. McRae et Conrad J. Winn,
qui ont supervisé la progression de la thèse. Coauteur d’un ouvrage
sur le processus législatif canadien qui fut l’une de mes premières
lectures en ce domaine, le professeur Jackson m’a fait bénéficier de
son esprit toujours en éveil, de ses conseils judicieux et de ses recom-
mandations, y compris celle qui m’a mené au poste que j’occupe
actuellement. Grand ami du Québec, le professeur McRae a manifesté
un vif intérêt pour mon entreprise, multipliant les suggestions, suggé-
rant de nouvelles perspectives, et je ne suis pas peu fier que mes
premières esquisses aient survécu à son regard proverbialement attentif
au détail. Le professeur Winn a également étudié le manuscrit. À
toutes ces personnes, je tiens à réitérer ma gratitude toute particulière
pour avoir accepté que la thèse soit rédigée dans la langue de son
auteur afin d’en faciliter la publication ultérieure.
C’est ma nomination à titre de titulaire, à l’Université Laval, de
la nouvelle Chaire de recherche sur la démocratie et les institutions
Introduction XIX
similitude des règles et des pratiques avec celles qui existent au Parle-
ment fédéral et dans les assemblées législatives des autres provinces
canadiennes.
E. Sources et méthodes
J’ai mentionné plus haut l’accent que je comptais mettre sur la
procédure et les comportements, dans le but de mieux comprendre
l’évolution des rapports de force au sein de l’institution parlementaire.
Ma méthode combine donc deux traditions intellectuelles distinctes,
quoique non exclusives l’une de l’autre.
Côté procédure, j’ai fortement subi l’influence de John Stewart25.
Trop d’ouvrages en ce domaine se limitent à un exposé sec des règles
en vigueur. Praticien du domaine à l’époque où étaient apportées à
la procédure des Communes les réformes les plus importantes en un
siècle, Stewart avait à cœur d’en faire comprendre l’esprit, de dévoiler
les intentions et les espoirs de leurs promoteurs. Dans son esprit, et
il ne s’en cache pas, la tâche du Parlement est définie par le titre d’un
de ses chapitres, « Doing the government’s business ». Son œuvre est
basée moins sur les compilations classiques de Bourinot et de Beau-
chesne que sur la réalité vécue par la Chambre telle que la révèlent
les Journaux et les Débats. Il accumule les statistiques sur l’emploi du
temps de la Chambre et sur ses outputs. Ce qui l’intéresse, c’est la
procédure en action plus que la procédure censée être suivie. De plus, il
a conscience que le Parlement est l’organe législatif d’un État dont le
rôle, le champ d’intervention et les moyens d’action se sont prodi-
gieusement accrus en un siècle, et que les réformes de la procédure
ne deviennent pleinement intelligibles qu’à la lumière des redéfinitions
successives du rôle de l’État.
Stewart n’est guère impressionné par les états d'âme des simples
députés frustrés de leur manque d’autonomie dans le cadre du parle-
mentarisme majoritaire26. Il a tendance à trouver normal et inévitable
l’étouffement à peu près complet de la dissidence qui caractérise les
groupes parlementaires d’aujourd’hui, ainsi que la domination exercée
par le gouvernement sur les travaux de la Chambre. Son ouvrage
s’inscrit clairement en faux contre le congressionalisme, et minimise
Chapitre 1 – Objet et cadre théorique 11
F. Plan de l’ouvrage
Le présent chapitre permet au lecteur de mieux comprendre ma
démarche. L’ouvrage est divisé en deux grandes parties axées autour
d’une date-charnière, 1960. Celle-ci marque l’arrivée au pouvoir des
Libéraux de Jean Lesage, le début de la Révolution tranquille et
l’avènement d’une conception plus activiste du rôle de l’État provin-
cial québécois.
D’où une première partie consacrée au parlementarisme tradi-
tionnel (1867-1960), caractérisé par l’immobilisme relatif du cadre
constitutionnel, législatif et procédural (chapitre 2), la stabilité du
personnel politique (chapitre 3), du régime des sessions et des
méthodes de travail (chapitre 4), mais aussi par des mutations, dont
le caractère silencieux ne réduit en rien l’importance : il s’agit de ce
que j’appelle le déclin des « contraintes extérieures à l’Assemblée »
(chambre haute, Couronne, pouvoirs de veto, de réserve et de désaveu),
analysé au chapitre 5, et de ce que la géographie du Québec suggère
de baptiser le « harnachement » de la députation, c’est-à-dire la perte
d’indépendance des simples députés vis-à-vis l’exécutif (chapitre 6).
La deuxième partie, couvrant les années 1960 à 2007, révèle des
tendances lourdes à maints égards opposées à celles identifiées pour
le siècle précédent. L’immobilisme des procédures fait place à une ère
de réformes profondes et continuelles dont l’effet net est de raffermir
encore le contrôle de l’Assemblée par le gouvernement (chapitre 7).
Par contre, en dépit de l’impression contraire laissée par nombre de
rapports ou de manchettes, les députés demeurent en profondeur à
peine moins subordonnés en chambre qu’en 1960, les réformes parle-
mentaires ayant touché surtout, dans le sens d’un progrès indéniable,
le salaire et les conditions de travail (chapitre 8).
Chapitre 1 – Objet et cadre théorique 13
Notes
LE PARLEMENTARISME
TRADITIONNEL
1867-1960
Page laissée blanche intentionnellement
Chapitre 2
« Immobilisme légendaire ? »
L’évolution du cadre constitutionnel
et procédural du Parlement
A. Considérations générales
Au sens officiel du terme, il n’existe pas de « Constitution du
Québec ». Non que le fédéralisme interdise par nature la production
de tels textes par les États membres : les États américains et les Länder
allemands, par exemple, sont tous dotés de constitutions rigides
décrivant les principaux organes de leur gouvernement et les relations
qu’ils sont censés entretenir entre eux2. C’est plutôt à l’influence
britannique que l’on doit cette absence. L’apprentissage démocratique
des Canadiens s’est effectué au sein d’une tradition pragmatique peu
soucieuse de coucher en phrases majestueuses des rapports de forces
politiques dont l’expérience enseignait la fragilité. Sur ce point, obser-
vons-le, les Britanniques ne semblent pas avoir fait école, et si leur
parlementarisme est demeuré un article d’exportation ou un objet
d’imitation hautement coté, le reste de la planète (pour le meilleur
ou pour le pire), dans le sillage des révolutions américaine et française,
marque une très nette préférence pour les constitutions formelles. Il
n’est guère étonnant que ce soit au Québec les mouvements nationa-
listes qui aient insisté, jusqu’ici sans succès, sur la nécessité de rédiger
une constitution québécoise en bonne et due forme3.
À défaut d’un tel texte, c’est évidemment à la Constitution cana-
dienne elle-même qu’il faut se reporter. L’Acte de l’Amérique du Nord
britannique (A.A.N.B.) de 1867 constitue donc le point de départ
obligé d’une étude de l’évolution constitutionnelle québécoise de 1867
à 1960. Ce document ne saurait être isolé des lois de la législature du
Québec qui ont pour effet de le modifier ou de le compléter. Loi
britannique, l’A.A.N.B. de 1867 ne peut officiellement être modifié
que par acte du Parlement qui lui a donné naissance4. Mais, le réalisme
conduit les constituants de 1867 à prévoir la possibilité pour le Parle-
ment fédéral ou les législatures des provinces de déroger à plusieurs
des dispositions de l’A.A.N.B., typiquement précédées dans de tels cas
des mots « Jusqu’à ce que la législature de […] en décide autrement… ».
Pour bien marquer cette volonté de souplesse, les législatures provin-
ciales sont explicitement investies du pouvoir de modifier la consti
tution interne de la province à l’exception de la charge de
lieutenant-gouverneur. Ce pouvoir s’exerce par le moyen d’une loi
Chapitre 2 – Immobilisme légendaire ? 21
Le titre des députés (mais non celui des conseillers) fait l’objet en
1955 d’une déclaration explicite. Ce titre sera celui de « Membre du
Parlement Provincial » (M.P.P.), et non plus de « Membre de l’Assem-
blée législative ». Une telle initiative revêt une signification évidente
si l’on se rappelle la querelle, aujourd’hui bien oubliée, entre fonc-
tionnaires fédéraux et provinciaux relativement à l’opportunité de
qualifier de « parlements » les « législatures » provinciales. À une époque
d’affirmation de l’ordre provincial du gouvernement, une telle initia-
tive ne manquait pas de signification42.
La procédure de démission des députés a fait l’objet de modifi-
cations d’ordre technique sans grande importance en 1930 et en
195443. Une loi de 1920 a dispensé le lieutenant-gouverneur d’indi-
quer par proclamation à quelle date il prorogeait la législature44. En
1890, l’Assemblée met son Orateur sur le même pied que celui du
Conseil en prévoyant son maintien en fonction après la dissolution,
et ce, jusqu’à l’ouverture de la session suivante45. Cette disposition
s’avérera heureuse lorsque, par exemple, l’Orateur sera défait aux
élections générales, comme en 1904 (Rainville), en 1936 (Dugas), en
1970 (Fréchette), en 1985 (Guay), ou ne se représente pas aux élec-
tions (cas de Roy en 1908, Delâge en 1916, Lorrain en 1989, Sain-
tonge en 1994). Des lois de 1922 et de 1945 augmentent le personnel
de la Bibliothèque46, alors qu’une loi de 1936, dans le sillage du
dévoilement de la conduite scandaleuse d’Antoine Taschereau, enlève
au comptable de l’Assemblée, pour les confier au trésorier de la
province et les placer à la disposition de la commission de régie interne
de l’Assemblée, les deniers publics votés par la législature pour le
paiement des indemnités et des frais de déplacement de ses
membres47.
Finalement, deux lois traitent des immunités et des privilèges des
membres des deux chambres48. En 1898, l’immunité de parole est
étendue aux propos tenus par un parlementaire devant un comité de
l’Assemblée ou du Conseil. En 1922, l’Assemblée déclare coupable
d’avoir violé ses privilèges le journaliste John H. Roberts, qui avait
publié un article accusant deux députés (dont il ne révéla jamais
l’identité) d’être complices d’un assassinat, et le condamne à un an
de prison.
32 Partie I – Le parlementarisme traditionnel – 1867-1960
D. La procédure de l’Assemblée
Si elle aurait grand tort de s’y confiner, l’étude des parlements
peut difficilement ignorer la procédure des assemblées. Celle-ci déter-
mine les étapes à suivre pour l’accomplissement des divers travaux
d’une assemblée. Elle confère au gouvernement et à l’opposition des
droits respectifs lors de chaque étape, reflétant ainsi les rapports de
force au sein de l’assemblée.
Entre les mains de certains vieux renards, la procédure dégénère
facilement en un jeu d’échecs dont l’objectif est de faire trébucher
l’adversaire en invoquant des particularités réglementaires. Si ce genre
d’opération fait frétiller de plaisir les habitués du sérail, elle fait souvent
figure d’enfantillage pur et simple aux yeux du public et même aux
yeux de nombreux parlementaires. Disons-le d’emblée, la chronique
des divers épisodes de cet interminable tournoi est sans intérêt aux
yeux de l’analyste contemporain, tant sont souvent mineures les ques-
tions soulevées. En revanche, la procédure nous intéresse en ce qu’elle
indique comment l’Assemblée s’acquitte de ses diverses fonctions.
Toute étude de la procédure débute par une énumération des
sources52. Il y a d’abord la Constitution et les lois, que l’on vient d’exa-
miner. Viennent ensuite les règlements écrits permanents (complétés
à l’occasion par des règlements sessionnels ou spéciaux), la pratique
et les décisions de la présidence. Historiquement, c’est la pratique
passée qui en régime britannique constitue la source première : la façon
dont une chose s’est faite par le passé (tel que le rapportent les Journaux)
34 Partie I – Le parlementarisme traditionnel – 1867-1960
1. Le règlement
Durant la période couverte par la présente partie, l’Assemblée a
conduit ses travaux sous l’empire de quatre règlements, adoptés
respectivement en 1868, en 1885, en 1914 et en 1941. À la première
séance qui suit l’ouverture de sa première session, l’Assemblée décide
de s’en remettre à titre intérimaire aux règles de procédure de la
Chambre des communes du Canada. Conformément à l’usage
reconnu, elle charge un comité spécial présidé par l’Orateur Blanchet
de rédiger un règlement permanent et lui réfère « pour sa gouverne,
le Règlement des Communes du Canada ». Le 22 février 1868,
Chapitre 2 – Immobilisme légendaire ? 35
3. La pratique
La procédure, on l’a souligné plus haut, ne se limite pas au Règle-
ment et à ses modifications. Il s’impose, pour en avoir une vision
complète, de considérer la pratique (« l’usage »). Plusieurs modifica-
tions pas toujours dénuées d’intérêt (et jusqu’ici ignorées par les
auteurs) se révèlent à la lecture des Journaux, sans que le Règlement
ne soit modifié pour autant, sinon longtemps après.
Ainsi en est-il de l’Adresse en réponse au Discours du Trône. En
1867, le débat sur l’Adresse portait sur une motion reprenant un à
un chacun des paragraphes du Discours du trône en y ajoutant un
signe d’approbation. Une fois tous les paragraphes adoptés, un comité
était officiellement créé afin de rédiger l’Adresse et soumettait un
projet d’Adresse que l’Assemblée adoptait sur-le-champ. Cette procé-
dure multipliait les votes et dans certaines circonstances mettait en
péril la survie d’un gouvernement ne disposant que d’une très mince
majorité, comme on le vit à l’été 1878. À compter de 1895, le débat
s’engage sur une simple motion remerciant la Couronne du gracieux
discours que son représentant venait de prononcer, et l’on supprime
le comité de rédaction de l’Adresse, dont le caractère superfétatoire
avait fini par sauter aux yeux de tous.
46 Partie I – Le parlementarisme traditionnel – 1867-1960
E. Conclusion
Le relevé détaillé des modifications apportées à la constitution
interne de la province, à la loi de la législature et à la procédure ne
doit pas faire illusion. La plupart eurent un impact mineur et c’est la
stabilité de l’ensemble qui prédomine106. Par exemple, le Conseil
législatif n’est ni aboli (ce que toutes les autres provinces canadiennes
où de tels Conseils avaient existé avaient fait depuis longtemps),
Chapitre 2 – Immobilisme légendaire ? 51
Tableau 2. 1
Évolution de l’indemnité parlementaire
et de l'allocation de dépenses, 1867-1960
Indemnité pour une session
Année Allocation de dépenses
de 30 jours ou plus
1868 450 $ -
1869 600 -
1870 600 -
1878 500 -
1885 600 -
1888 800 -
1909 1 500 -
1920 2 000 -
1928 2 500 -
1929 2 500 300
1936 2 250 300
1938 2 500 300
1941 3 000 1 000
1953 4 000 2 000
1957 5 000 2 000
1959 6 000 2 000
SOURCE : M. Nadeau, « L’évolution de l’indemnité parlementaire au Québec (1868-1984) »,
Bulletin de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec, vol. 14, no 4, oct. 1984, p. 29-40.
Données corrigées pour les années 1936-1938.
Pour les années subséquentes, voir le tableau 8.5, chapitre 8.
54 Partie I – Le parlementarisme traditionnel – 1867-1960
Tableau 2. 2
Appel des décisions de la présidence, 1867-1960
Orateur Mandat Décisions Appels*
J.-G. Blanchet 1867-1875 43 3
P. Fortin 1875-1876 3 0
L. Beaubien 1876-1878 33 3
A. Turcotte 1878-1881 71 7
L.-O. Taillon 1882-1884 28 0
J. S. C. Würtele 1884-1886 80 5
F.-G. Marchand 1887-1892 45 1
P.-E. LeBlanc 1892-1897 37 12
J. Tessier 1897-1900 29 4
H.-B. Rainville 1900-1905 37 1
A. Tessier 1905 12 0
W. A. Weir 1905-1907 3 0
P.-H. Roy 1907-1909 8 0
P. Pelletier 1909-1911 34 7
C. F. Delâge 1912-1916 20 6
A. Galipeault 1916-1919 4 0
J.-N. Francoeur 1919-1928 34 6
H. Laferté 1928-1930 10 3
T.-D. Bouchard 1930-1936 30 3
L. Dugas 1936 1 0
P. Sauvé 1936-1940 40 36
B. Bissonnette 1940-1942 15 13
V. Bienvenue 1942-1943 1 0
C. Dumaine 1943-1945 23 16
A. Taché 1945-1955 108 87
M. Tellier 1955-1960 142 129
* Toutes confirmées par l’Assemblée sur appel, sauf une en 1880.
Chapitre 2 – Immobilisme légendaire ? 55
Notes
23. Possibilité qui n’avait rien de théorique, puisque plus du quart des députés à
l’Assemblée (19 en 1867, 17 en 1871) siégeaient également aux Communes :
Hamelin, op. cit., p. 287-91 ; N. Ward, The Canadian House of Commons. Repre-
sentation, Toronto, University of Toronto Press, 1950, p. 65-69. Le double
mandat avait été aboli au niveau fédéral en 1873.
24. Il ne sera aboli qu’en 1953. Voir infra.
25. S.Q. 1875, c. 12. Voir Hamelin, op. cit., p. 321-322.
26. S.Q. 1881, c. 7. Sur la « contagion » subséquente, voir le tableau dressé par E.A.
Forsey, Freedom and Order. Collected Essays, Toronto, McClelland and Stewart,
1974, p. 205-222. L’Île-du-Prince-Édouard fut la dernière à effectuer cette
réforme, en 1932. Récemment, la Colombie-Britannique, l’Ontario et Terre-
Neuve ont réduit à quatre ans la durée maximale du mandat parlementaire,
exemple suivi par le Parlement fédéral en 2007.
27. S.Q. 1882, c. 3. R. Rumilly, Histoire de la Province de Québec, tome III, Montréal,
Valiquette, 1941, p. 181.
28. S.Q. 1884, c. 4.
29. S.Q. 1886, c. 97.
30. S.Q. 1887, c. 8 ; S.Q. 1889 c. 3 ; S.Q. 1892 c. 2 ; S.Q. 1895 c. 13 ; S.Q. 1899,
c. 14 ; S.Q. 1921, c. 16 ; S.Q. 1952-53, c. 37. Seules les lois de 1895 et de 1953
ont été présentées en premier lieu à l’Assemblée.
31. Dans son ouvrage par ailleurs fort bien fait, E. Orban affirme par erreur que cette
réforme fut réalisée en 1909. Voir E. Orban, Le Conseil législatif de Québec 1867-
1967, Montréal, Bellarmin, 1968, p. 47.
32. S.Q. 1946, c. 11, a. 11. Les deux fonctions étaient établies bien avant cette
date.
33. S.Q. 1908, c. 17.
34. S.Q. 1954-55, c. 20 ; S.Q. 1958-59, c. 26.
35. S.Q. 1917-18, c. 19.
36. S.Q. 1888, c. 7 ; S.Q. 1913-14, c. 5 ; S.Q. 1937, c. 17 ; S.Q. 1957-58, c. 18 ;
S.Q. 1959-60, c. 31.
37. S.Q. 1927, c. 13. Voir L. Massicotte, « Les élections partielles provinciales au
Québec depuis 1867. Un bon thermomètre, un mauvais baromètre ? », Recherches
sociographiques, vol. 22, no 1, 1981, p. 105-124, aux p. 106 et 108. Cette décision
de 1927 résulta tout probablement des difficultés causées l’année précédente à
Ottawa par une règle semblable au bref cabinet Meighen. Voir Forsey, The Royal
Power of Dissolution in the British Commonwealth, Toronto, Oxford University
Press, 1968, p. 206-232.
38. S.Q. 1915, c. 15. Voir J.-C. Bonenfant, « La première table d’écoute au Québec »,
Cahiers des Dix, no 40, 1975, p. 87-111.
39. S.Q. 1951-52, c. 20.
40. S.Q. 1959-60, c. 32.
41. Loi constitutionnelle de 1867, a. 48 et 87 ; S.Q. 1888, c. 4 ; S.Q. 1952-53, c. 38,
a. 2.
58 Partie I – Le parlementarisme traditionnel – 1867-1960
42. S.Q. 1955-56, c. 16. Sur cette querelle, voir L.-P. Pigeon, « Are the Provincial
Legislatures Parliaments ? », Revue du Bureau canadien, vol. 21, 1943, p. 826-833,
et A. Beauchesne, « The Provincial Legislatures are not Parliaments », Revue du
Barreau canadien, vol. 22, 1944, p. 137-146. Voir aussi G. Deschênes et G. Levy,
« Désignation des parlementaires fédéraux et provinciaux », Revue parlementaire
canadienne, vol. 6, no 2, 1983, p. 27.
43. S.Q. 1930, c. 17 ; S.Q. 1954-55, c. 28.
44. S.Q. 1920, c. 16.
45. S.Q. 1890, c. 8.
46. S.Q. 1922, c. 22 ; S.Q. 1945, c. 14.
47. S.Q. 1936, c. 7.
48. S.Q. 1897-98, c. 12 ; S.Q. 1922, c. 18. Sur l’affaire Roberts, voir M. Cham-
pagne, « La convocation et l’immunité des témoins à l’Assemblée nationale du
Québec », Bulletin de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec, vol. 13,
no 2, 1983, p. 35-53, aux p. 47-50, et J.-C. Bonenfant, « Outrages au Parle-
ment », Cahiers des Dix, no 39, 1974, p. 171-187.
49. L. Massicotte, « La réforme du mode de scrutin : l’unanimité des partis est-elle
indispensable ? », Éthique publique, vol. 7, no 1, 2005, p. 38-47.
50. À Ottawa, la fonction de chef de l’opposition fut reconnue dès 1905 (4-5 Éd.
VII, c. 43). Des secrétaires parlementaires avaient été nommés dès 1943 (Réper-
toire des ministères canadiens depuis la Confédération. 1er juillet 1867 – 1er avril
1973, Ottawa, Archives publiques du Canada, 1974, p. vi et 104-9). La fonction
d’Orateur suppléant a été créée en 1885 (W. F. Dawson, Procedure in the Canadian
House of Commons, Toronto, University of Toronto Press, 1962, p. 70sq.) Le
régime de pensions fut institué en 1952, et la Loi de la Bibliothèque parlemen-
taire remonte à 1871 (34 Vict. c. 21).
51. La première tentative eut lieu sous le gouvernement Joly de Lotbinière en 1878.
Voté par l’Assemblée, le projet de loi abolissant le Conseil est rejeté par celui-ci.
Le même scénario se reproduit en 1900. Voir E. Orban, op. cit., p. 199 et
267-269 ; J.-C. Bonenfant, « Le bicaméralisme dans le Québec », Canadian
Journal of Economics and Political Science, vol. 29, no 4, 1963, p. 495-504, aux
p. 499 et suiv.
52. Voir le recueil La Procédure parlementaire du Québec, 2e édition, Québec, Assem-
blée nationale, 2003, p. 29-36 ; O. Hood Phillips, Constitutional and Administra-
tive Law, 5e édition, Londres, Sweet & Maxwell, 1973, p. 166-168 ; W. F.
Dawson, op. cit., p. 6-10 ; J. Redlich, The Procedure of the House of Commons,
vol. II, New York, Arms Press, 1969, p. 3-9.
53. « Tradition means giving votes to the most obscure of all classes – our ancestors.
It is the democracy of the dead. Tradition refuses to submit to the small and
arrogant oligarchy of those who merely happen to be walking around », cité dans
K. Banting et R. Simeon (dir.), And No One Cheered (Toronto, Methuen, 1983),
p. 28.
Chapitre 2 – Immobilisme légendaire ? 59
54. Sir Edward Fellowes, « Standing Orders », dans A. H. Hanson et B. Crick, (dir.),
The Commons in Transition (Londres, Fontana/Collins, 1970) p. 26. Voir Lord
Campion, « Parliamentary Procedure, Old and New », dans Parliament. A Survey
(Londres, George Allen & Unwin, 1952), p. 141et suiv.
55. « The standing orders are to the conventions of the House of Commons what
statute law is to common law » et « The House has a common-law mind. It has
many rules which are conventional » : J.B. Stewart, The Canadian House of
Commons. Procedure and Reform, Montréal et London, McGill-Queen’s Univer-
sity Press, 1977, p. 328 et x.
56. Sur l’évolution de la procédure québécoise, voir J.-C. Bonenfant, « Un droit
parlementaire québécois », dans Travaux et communications de l’Académie des
sciences morales et politiques, vol. II (Montréal, Bellarmin, 1974) p. 63-78 ;
L. Massicotte, « Le Parlement du Québec en transition », Administration publique
du Canada, vol. 28, no 4, 1985, p. 550-574, dont sont repris plusieurs des
passages qui suivent.
57. Journaux de l’Assemblée législative (J.A.L.), 1867-68, p. 6, 67-8, 130-141.
58. J.A.L. 1869, p. 203-5 et 210-1 ; J.A.L. 1871, p. 67-8 et 74 ; J.A.L. 1872, p. 195-6 ;
J.A.L. 1874, p. 31 ; J.A.L. 1875, p. 136 ; J.A.L. 1879, p. 54 et 107 ; J.A.L. 1879,
p. 258 ; J.A.L. 1880, p. 36 et 40 ; J.A.L. 1882, p. 342 ; J.A.L. 1883, p. 177-8 et
206-7 ; J.A.L. 1884, p. 198, 237 et 246.
59. L. Massicotte, « L’Assemblée nationale du Québec : la synthèse réussie de la
culture française et du parlementarisme britannique », Communication présentée
à la conférence sur la tradition parlementaire au Canada, Québec, 27 mars 1987,
p. 10.
60. À cet égard, citons un échange révélateur survenu à l’Assemblée en mai 1885.
Suggérant au gouvernement de faire traduire l’ouvrage de Bourinot sur la procé-
dure parlementaire, le député Faucher de Saint-Maurice dit : « On sait que beau-
coup de nos collègues ne sont pas assez versés dans la langue anglaise pour bien
se rendre compte, à la simple lecture, des principes qui sont posés dans les traités
de droit parlementaire. » Et Demers, député libéral d’Iberville, de renchérir :
« J’avoue ne pas connaître la langue anglaise et je suis par-là même incapable
d’étudier la procédure parlementaire dans les auteurs qui traitent de ce sujet. »
Débats de la législature de la province de Québec, par G.-A. Desjardins, session
1885, p. 1514-1515.
61. J.A.L. 1883, p. 178.
62. J.A.L. 1885, p. 301-315. Voir J.S.C. Würtele, Manuel de l’Assemblée législative de
la Province de Québec, Québec, Imprimeur de la Reine, 1885, 722 p.
63. J.A.L. 1885, p. 315.
64. Débats de la législature de la province de Québec, par G.-A. Desjardins, session
1885, p. 1517.
65. Würtele quittera la présidence de l’Assemblée pour la Cour supérieure en 1886,
puis sera nommé à la Cour du Banc de la Reine en 1891, dont il deviendra juge
en chef l’année suivante.
60 Partie I – Le parlementarisme traditionnel – 1867-1960
66. Voici la liste complète des modifications apportées de 1885 à 1914 : J.A.L. 1887,
p. 217 ; J.A.L. 1888, p. 148 ; J.A.L. 1890, p. 266 ; J.A.L. 1890 (2e session),
p. 51-2 ; J.A.L. 1893, p. 348 ; J.A.L. 1894-5, p. 277 ; J.A.L. 1895, p. 173 ; J.A.L.
1897-8, p. 116-7 ; J.A.L. 1900, p. 420 ; J.A.L. 1902, p. 238-9 ; J.A.L. 1903,
p. 463 ; J.A.L. 1906, p. 292-3 ; J.A.L. 1907, p. 126 ; J.A.L. 1907, p. 299 et 381-2.
Un amendement est proposé puis retiré en 1902 (J.A.L. 1902, p. 284).
67. Voir infra, chapitre 4.
68. J.A.L. 1907, p. 382 ; J.A.L. 1908, p. 199 ; J.A.L. 1910, p. 75 ; J.A.L. 1912,
p. 178 ; J.A.L. 1912 (2e session), p. 60.
69. J.A.L. 1912 (2e session), p. 105.
70. Sur la carrière et l’œuvre de Louis-Philippe Geoffrion, voir J.-C. Bonenfant,
« Zigzags autour des Zigzags », Cahier des Dix, no 41, 1976, p. 13-19.
71. Duverger ajoutait : « Mais Wotan clair, est-ce toujours Wotan ? », L’autre côté des
choses, Paris, Albin Michel, 1977, p. 75.
72. Article 4 du règlement.
73. Débats de l’Assemblée nationale, 10 mars 1981, p. 1296.
74. Articles 688 et 351.
75. Cité par G. Deschênes, « Les réformes parlementaires ou le mythe de Sisyphe »,
dans l’ouvrage collectif Le contrôle de l’administration et la réforme parlementaire,
(École nationale d’administration publique, 1984), p. 294.
76. Les amendements figurent aux J.A.L. de 1931, p. 413, et J.A.L. 1931-32, p. 29.
Sur les passes d’armes les ayant motivés, J.A.L. 1931, p. 225 et 321-3.
77. J.A.L. 1936, p. 17.
78. Sur cette période, voir C. Black, Duplessis, tome 1 (Montréal, Éditions de
l’Homme, 1977) p. 190-211 ; B. Vigod, Quebec before Duplessis. The Political
Career of Louis-Alexandre Taschereau (Kingston et Montréal, McGill-Queen’s
University Press, 1986) p. 236-243 ; T.-D. Bouchard, Mémoires, tome 3
(Montréal, Beauchemin, 1960) p. 105 ; et L. Roberts, The Chief, (Toronto,
Clarke, Irwin & Co., 1963), p. 28. Selon Rumilly, les députés libéraux auraient
prôné dès cette époque l’adoption de la clôture, Maurice Duplessis et son temps,
tome 1 (Montréal, Fides, 1973), p. 226.
79. J.A.L. 1939, p. 68-9. Voir Rumilly, op. cit., p. 497.
80. J.A.L. 1939, p. 175-7.
81. W.F. Dawson, op. cit., p. 133-7 ; Règlement annoté de la Chambre des communes,
Ottawa, 1989, p. 143-5.
82. J.A.L. 1941, p. 30, 34-5, 39, 65-7, 74-5, 85-90.
83. J.A.L. 1940, p. 303.
84. J.A.L. 1941, p. 290.
85. J.A.L. 1950, p. 23-4 ; J.A.L. 1954-5, p. 8 ; J.A.L. 1955-6, p. 64-5.
86. Les études antérieures s’en tiennent aux refontes de 1885, 1914 et 1941, laissant
de côté aussi bien les modifications apportées entre-temps que les règlements
sessionnels ou spéciaux. Toutefois, Marcel Hamelin a évoqué le phénomène des
motions de fin de session (op. cit., p. 321), et j’ai moi-même décrit cette pratique
Chapitre 2 – Immobilisme légendaire ? 61
de la Chambre des communes, p. 19-20 : on n’y relève que huit cas depuis 1867.
Pour l’Ontario, voir G. White, The Ontario Legislature : A Political Analysis,
Toronto, University of Toronto Press, 1989, p. 58.
99. En mai 2005, le gouvernement Martin sauva provisoirement sa tête aux
Communes grâce au vote prépondérant du Président Milliken, sans que ce
dernier ne soit critiqué. Voir Andrew Heard, « Just What is a Vote of Confidence ?
The Curious Case of May 10, 2005 », Revue canadienne de science politique,
vol. 40, no 2, 2007, p. 395-416.
100. J.A.L. 1923-1924, p. 386 et 420.
101. Hector Laferté, Derrière le Trône. Mémoires d’un parlementaire québécois 1936-
1958, Sillery, Éditions du Septentrion, 1958, p. 254-255.
102. J.A.L. 1931, p. 225-7, 233 et 321-323.
103. J.A.L. 1934, p. 184.
104. H. Laferté, op. cit., p. 410. Voir aussi p. 253, 279-280 et 293.
105. P. Godin, Daniel Johnson, tome 1, (Montréal, Éditions de l’Homme, 1980),
p. 60. Le même auteur ajoute : « Duplessis écrase tout, même les siens. Son (sic)
vice-président doit suivre ses directives à la lettre […] Duplessis rend illusoire
l’impartialité du président et du vice-président de l’Assemblée ». (ibid.) L’attitude
du premier ministre en moins, le parallèle est aisé avec l’Ontario d’avant les
années 70 : voir G. White, op. cit., p. 55.
106. Notre constat rejoint celui de F. F. Schindeler, Responsible Government in Ontario
(Toronto, University of Toronto Press, 1969) p. 143.
107. Sur les réformes apportées avant 1960, voir Massicotte et Bernard, op. cit.
108. J.-C. Bonenfant, « Le bicaméralisme dans le Québec », Canadian Journal of
Economics and Political Science, vol. 29, no 4, 1963, p. 504.
109. R. Butt, The Power of Parliament, Londres, Constable, 1967, p. 88.
110. W.F. Dawson, op. cit., p. 121 ; E. Forsey, op. cit, p. 137.
111. Un bel exemple survient à la session de 1929. L’Orateur Laferté concède à l’op-
position qu’un comité de la Chambre a agi de façon tout à fait contraire au
règlement. Il observe cependant que le comité se situe dans le droit fil de
nombreux précédents. En pareil cas, Geoffrion était formel : le règlement préva-
lait sur les usages et les précédents (annotations à l’artiche 4 du Règlement
commenté de 1915). L’Orateur préfère déclarer le cas « douteux » et laisser à
l’Assemblée le soin de trancher. (J.A.L. 1929, p. 79-80) Sa décision est si mauvaise
que son successeur, T.-D. Bouchard, placé devant un cas identique deux ans plus
tard, tranchera en sens inverse. (J.A.L. 1931, p. 322) Pour une affaire semblable
en Ontario, voir Schindeler, op. cit., p. 144.
Chapitre 3
A. L’Assemblée législative
Les acteurs parlementaires, ce sont les députés et les conseillers
législatifs. Les premiers émanent des luttes électorales, menées en
conformité de règles qui restreignent l’accès à l’Assemblée. C’est
pourquoi, il s’impose de brosser un tableau rapide de la base électorale
de l’Assemblée législative.
Le trait marquant à cet égard de la période étudiée est l’avènement
du suffrage universel9. Tout comme le Canada en général, le Québec
n’a pas connu les aristocraties électorales qui ont caractérisé bon
nombre de pays européens au siècle dernier, parce que la propriété
foncière y était plus largement répandue. En 1871, les électeurs inscrits
sur la liste constituaient environ 31,8 % de la population adulte
(21 ans et plus). Par la suite, cette proportion s’est élevée à 33,8 % en
1881, à 38,5 % en 1892, à 39,7 % en 1900 et à 42,9 % en 1912, date
qui, de l’avis de Bernard et Laforte, marque pratiquement l’avènement
du suffrage universel masculin10. Comme on le sait, ce n’est pas avant
1940 que les Québécoises furent admises à exercer sur la scène provin-
ciale le droit qui leur avait été accordé plus de vingt ans auparavant
pour les élections fédérales11.
Le nombre total de sièges à l’Assemblée, originellement fixé à 65
(comme au fédéral), fut porté à 73 en 1890, à 74 à 1897, à 81 en
1912, à 85 en 1923 et à 90 en 1931. On le réduisit à 86 en 1939,
ostensiblement dans un but d’économie, mais le chiffre passa à 91 en
1944, à 92 en 1948, à 93 en 1956 et à 95 à 1960. La carte électorale
du Québec a toujours été caractérisée par un niveau d’inégalité numé-
rique prononcée, particulièrement sous Maurice Duplessis, qui
pratiquait le truquage (gerrymander) silencieux. Après la Première
Guerre mondiale, les inégalités de la carte électorale jouèrent systé-
matiquement au profit du parti appuyé par les milieux ruraux, soit
le Parti libéral jusqu’en 1936 inclusivement, puis l’Union nationale
à compter de 1939. Ainsi, le poids relatif du Québec rural fut-il grossi
artificiellement non seulement au sein de l’Assemblée en général, mais
particulièrement au sein du parti au pouvoir. Phénomène qui, il faut
le dire, n’avait alors rien d’exceptionnel à l’échelle de l’Amérique du
Nord12.
66 Partie I – Le parlementarisme traditionnel – 1867-1960
B. Le Conseil législatif
Au regard de la plupart des variables socioprofessionnelles et
démographiques, le Conseil législatif a encore moins de titres que
l’Assemblée pour prétendre « représenter » la population, au sens
Chapitre 3 – Les acteurs parlementaires 69
durant les années 1920 et 1930 sur le vote des femmes. Techniquement
libres, puisqu’ils portent sur des projets de loi d’initiative parlementaire,
ces votes permettent à des anglophones libéraux (Bercovitch, Cohen,
Dillon, Bullock, Power) d’unir leurs voix l’espace d’un scrutin à celles
des anglophones conservateurs (Gault, Smart, Fisher) et bien sûr de
plusieurs francophones pour appuyer, sans succès jusqu’en 1940, le
principe du suffrage vraiment universel. Quelques anglophones toute-
fois se refusent sur ce point à aligner le Québec sur le reste du pays :
c’est le cas du trésorier Nicol (qui se convertira au catholicisme sur son
lit de mort), et de Wallace McDonald52.
Les députés anglophones ne se distinguent pas non plus de leurs
collègues francophones au chapitre de la propension à présenter des
projets de loi d’initiative parlementaire bien que le taux de succès de
la minorité linguistique sur ce chapitre excède un peu celui de la
majorité53.
Chapitre 3 – Les acteurs parlementaires 75
Notes
p. 921. Pour l’Ontario, Chief Election Officer, Election Returns, 1985 General
Election, Toronto 1985, p. xxxii-xxxiii. Pour la Chambre des communes, les
données proviennent d’Élections Canada.
14. L. Massicotte, « Les élections partielles provinciales québécoises depuis 1867. Un
bon thermomètre, un mauvais baromètre ? », Recherches sociographiques, vol. 22,
no 1, 1981, p. 105-124, à la p. 111.
15. R. Pelletier et J. Crête, « Réalignements électoraux et transformations du personnel
politique », Revue canadienne de science politique, vol. 21, no 1, 1988, p. 3-33.
16. Idem, p. 24.
17. G. Deschênes, Le député québécois, p. 18.
18. M.-A. Bédard, « La profession des députés (1867-1980) », Bulletin de la Biblio-
thèque de la législature, vol. 11, no 1, 1981, p. 31-54.
19. J. Blondel, op. cit., p. 80. Sur les données canadiennes, voir N. Ward, op. cit.,
p. 131-133.
20. Le constat rejoint les conclusions d’Aberbach, Putman et Rockman sur la « loi de
disproportion ascendante ». Voir Aberbach et al., Bureaucrats and Politicians in
Western Democracies (Cambridge, Harvard University Press, 1981) et, sur la scène
canadienne, N. Guppy et al., « Representing Canadians : Changes in the
Economic Backgrounds of Federal Politicians 1965-1984 », Revue canadienne de
sociologie et d’anthropologie, vol. 24, no 3, 1987, p. 417-30.
21. Y. Sénécal, « Les professions juridiques chez les parlementaires québécois, 1867-
1982. Étude sur les rapports entre la formation juridique et la composition des
Assemblées parlementaires », Revue du Barreau, vol. 44, no 3, 1984, p. 545-67,
aux p. 550, 564 et 565.
22. Données établies à partir du Répertoire des parlementaires québécois. Depuis 1960,
René Lévesque, issu du journalisme (qu’il pratiqua sans avoir complété ses études
de droit) et Jacques Parizeau, économiste de profession, sont les seuls chefs du
gouvernement qui se soient ajoutés à cette courte liste.
23. Les exceptions, d’après le Répertoire des parlementaires québécois, sont Joseph-
Godéric Blanchet (1867-1875), Pierre Fortin (1875-1876) et Pantaléon Pelletier
(1909-1912), tous trois médecins ; Louis Beaubien (1876-1878), propriétaire
terrien et homme d’affaires ; et T.-D. Bouchard (1930-1936), journaliste.
24. Les exceptions, toujours selon le Répertoire, sont Eugène Desaulniers (1916-
1919) et Marc Trudel (1936-1939), médecins ; Gustave Lemieux (1922-1923),
dentiste ; T.-D. Bouchard (1928-1930), journaliste ; et Irénée Vautrin (1930-
1935), architecte.
25. Les données pertinentes ont été rassemblées par l’auteur. La liste des présidents
des comités permanents a été établie à partir des Journaux de l’Assemblée, et leur
profession a été identifiée grâce au Répertoire. Sur la profession des députés, en
plus des sources citées plus haut, voir R. Boily, « Les hommes politiques du
Québec, 1867-1967 », dans V. Lemieux (dir.), Personnel et partis politiques au
Québec, Aspects historiques (Montréal, Boréal Express, 1982) p. 93-117 et C. A.
Chapitre 3 – Les acteurs parlementaires 77
1. La procédure législative
Les traits essentiels de la procédure suivie par l’Assemblée en
matière législative entre 1867 et 1960 sont l’orthodoxie et la stabilité.
Orthodoxes, ces procédures peuvent être ainsi qualifiées en ce qu’elles
suivent de très près celles qui sont en vigueur à Westminster et à
Ottawa en 1867. Elles sont stables en ce qu’elles ne connaissent guère
en près d’un siècle de modification d’importance. Ce trait se vérifie
aussi bien en matière privée que publique.
De façon schématique, un projet de loi d’intérêt public à caractère
non financier est soumis aux étapes suivantes14. Un député demande
la permission de présenter le projet, et celui-ci est lu une première
fois. Il s’agit ici d’une simple présentation qui ne donne lieu à aucun
débat. À une séance ultérieure, le débat de deuxième lecture donne
lieu à une discussion du principe du projet. Contrairement aux usages
contemporains, ce débat est généralement bref. Par la suite, l’on fait
motion pour que l’Orateur quitte le fauteuil et que la chambre se
forme en comité plénier afin d’étudier le projet article par article. Cet
examen détaillé peut se poursuivre sur plusieurs séances. Le comité
fait alors rapport à chaque occasion qu’il n’a pas terminé ses travaux
Chapitre 4 – Les travaux de l’Assemblée 85
dès 1869, qu’un bill privé doit être basé sur une pétition, et déclaré
hors d’ordre un bill privé qui ne l’était pas38. Dans quelques cas très
anciens où l’existence d’une telle pétition n’apparaissait pas de façon
claire à l’index, on a présumé que le bill était à caractère privé si durant
son étude les règles relatives aux bills privés avaient été suspendues,
ou si ce bill avait été renvoyé au comité des bills privés ou à celui des
chemins de fer. En d’autres termes, le chercheur procède au classement
en fonction de la procédure suivie, en postulant que chaque cas a été
scruté par des gens compétents qui ont indiqué la filière appro-
priée.
Ce choix, disons-le en toute honnêteté, comporte le risque de
sous-estimer de façon marginale le nombre de textes d’intérêt privé
et de surestimer celui des projets de loi d’intérêt public présentés par
de simples députés. En effet, dans le Manuel de l’Orateur de l’Assem-
blée législative qu’il rédige en 1910 peu avant sa retraite, le greffier
Louis-Georges Desjardins écrit :
Il est à ma connaissance personnelle, et je pourrais mentionner le
cas, où, intentionnellement sans doute, plusieurs bills incontestable-
ment privés de leur nature, étaient présentés comme « BILLS
PUBLICS », dans le seul but de soustraire les intéressés à l’adoption
de ces « PROJETS DE LOI », à l’honoraire et aux frais exigés pour
les bills privés.
Je me rappelle qu’un député, très estimé de ses collègues, personnel-
lement populaire dans la Chambre, réussit, à la fin d’une session, à
faire adopter un de ces bills, en obtenant, avec beaucoup d’habileté
et d’adresse, le concours des uns, le silence des autres, l’inattention
d’un grand nombre, le consentement unanime de la Chambre.
Le tour fut joué avec tant de dextérité, que l’Orateur ne parut pas
même s’en apercevoir, et s’empressa de déclarer le bill adopté, la fin
très prochaine de la session exigeant la plus rapide expédition des
affaires39.
Desjardins présente cependant le cas qu’il cite non pas comme
un exemple parmi d’autres d’une pratique très courante, mais plutôt
comme une tentative intéressante de la part d’un député bien équipé
Chapitre 4 – Les travaux de l’Assemblée 95
1. Les subsides
En droit parlementaire d’inspiration britannique, les « travaux de
subsides » sont entourés d’un cérémonial minutieux : les bons bour-
geois se font tirer l’oreille avant d’autoriser la Couronne dépensière
à puiser dans le fonds consolidé, garni du fruit de leur labeur, les
sommes nécessaires à ses activités56.
L’étude des subsides constituait une chasse gardée de l’Assemblée,
et le passage du discours du Trône les concernant était adressé pour
cette raison aux seuls « Messieurs de l’Assemblée législative ». Immé-
diatement après l’adoption de l’Adresse en réponse au discours du
Chapitre 4 – Les travaux de l’Assemblée 101
projet qui subissait en quelques instants les trois lectures, était ensuite
porté au Conseil législatif et par la suite recevait la sanction royale.
La loi des subsides annuels devait être sanctionnée avant le début de
l’année financière, faute de quoi l’exécutif devait s’en remettre à des
mandats spéciaux du lieutenant-gouverneur pour pouvoir encourir
les dépenses publiques. À cet égard, des grains de sable enrayèrent la
machine à trois occasions.
En mars 1878, la législature fut prorogée puis dissoute sans avoir
adopté les subsides annuels, la majorité conservatrice se vengeant du
renvoi de Boucherville par le lieutenant-gouverneur Letellier en rete-
nant les subsides57. Des élections eurent lieu, et les crédits pour l’année
financière 1878-1879 ne furent votés par la nouvelle Assemblée que
le 18 juillet suivant, soit près de trois semaines après le début de
l’exercice.
En 1879, les crédits pour l’exercice 1879-1880 ne furent votés
par l’Assemblée que le 26 août, mais le Conseil législatif, dominé par
les conservateurs, refusa de les entériner et exigea la démission du
gouvernement. Il ne mit fin à son obstruction, en octobre, qu’après
le renversement du cabinet Joly par l’Assemblée.
Enfin, tel qu’il a été évoqué au chapitre 2, la 19e législature fut
dissoute le 11 juin 1936 sans avoir pu voter les subsides, à cause de
l’obstruction menée par Duplessis. Pour la période allant du 1er juillet
au 31 octobre suivant, l’on dut s’en remettre aux mandats spéciaux
du lieutenant-gouverneur, obtenus par tranches de deux mois les
30 juin et 31 août 1936. Réunie en octobre, la nouvelle Assemblée
vota sans coup férir les subsides le 10 novembre suivant.
Ces trois épisodes demeurent exceptionnels et les difficultés alors
éprouvées par l’exécutif tenaient strictement à la conjoncture partisane.
En mars 1878, le cabinet était en minorité dans les deux chambres,
et l’année suivante, ne contrôlait toujours pas la chambre haute. Les
événements de 1936 constituent toutefois le meilleur exemple des
ressources que le règlement offrait à une opposition compétente et
déterminée, et de l’impuissance en pareil cas d’un gouvernement
pourtant arithmétiquement maître de la chambre.
Chapitre 4 – Les travaux de l’Assemblée 103
2. La taxation
Le discours du budget constitue l’occasion pour le Trésorier de la
province d’exposer sa politique fiscale et d’annoncer les mesures
104 Partie I – Le parlementarisme traditionnel – 1867-1960
Tableau 4. 1
Nombre moyen de jours de séance par session, selon les périodes
historiques, Assemblée législative du Québec, Chambre des
communes, Ottawa
Tableau 4. 2
Projets de loi privés et publics adoptés
par chaque chambre, 1867-1960
Notes
lui avaient été confiés pour être exercés1. Le Conseil recréé en 1867
disposait en principe d’un avantage stratégique dont ses prédécesseurs
nommés, tout comme la Chambre des Lords britannique, avaient été
privés. Puisque la Constitution fixait à 24 le nombre de ses membres,
et que cette stipulation ne pouvait être abrogée sans le consentement
du Conseil lui-même, l’exécutif ne pouvait venir à bout de l’entête-
ment des conseillers en recourant au procédé dit du swamping, qui
consistait à nommer à la chambre haute une fournée suffisante de
nouveaux membres pour assurer l’adoption d’une mesure à laquelle
s’objectent ses membres, procédé auquel eurent recours au XIXe siècle
aussi bien les rois de France et d’Angleterre que les gouvernements
de Nouvelle-Écosse et de Nouvelle-Zélande au XXe siècle2. Comme
on le sait, l’article 26 de la Loi constitutionnelle de 1867 permet au
Cabinet fédéral canadien de nommer quatre ou huit sénateurs supplé-
mentaires aux mêmes fins, pouvoir qui fut exercé pour la première
fois par le premier ministre Brian Mulroney le 27 septembre 1990.
Du lieutenant-gouverneur, on a peine à réaliser aujourd’hui quel
personnage considérable il était au siècle dernier. Désigné par le
Cabinet fédéral pour un mandat de cinq ans, et révocable par lui, il
disposait d’un certain nombre de prérogatives lui permettant de gêner
l’activité législative des chambres et de contrecarrer ses ministres. En
toutes lettres, la Constitution lui conférait le pouvoir de refuser de
sanctionner une loi ou de la réserver à l’attention du gouvernement
fédéral. Ce pouvoir s’exerçait à sa discrétion, bien que sous réserve
des dispositions de la Loi de 1867 et des instructions du gouvernement
fédéral. Le pouvoir de réserve était spécialement redoutable en ce qu’il
empêchait la mesure législative réservée d’entrer en vigueur jusqu’à
la « signification du bon plaisir » (pour reprendre les termes de la Loi)
du gouvernement fédéral. Si dans un délai d’un an à compter de la
réserve du projet de loi, le cabinet fédéral n’avait pas sanctionné le
projet, celui-ci disparaissait. Le pouvoir de désaveu visait à corriger
les oublis que des lieutenants-gouverneurs pourraient commettre dans
l’exercice de leur pouvoir de réserve, en permettant au gouvernement
fédéral, dans un délai d’un an à compter de la sanction d’un projet
de loi, de retirer la sanction apposée par son agent local et de lui
enlever toute vigueur exécutoire à compter du jour du désaveu3.
Chapitre 5 – Le déclin des contrepoids extérieurs à l’Assemblée 115
Par ailleurs, vis-à-vis ceux que l’usage appelait alors « ses aviseurs
constitutionnels » ou « ses » ministres, le lieutenant-gouverneur dispo-
sait des prérogatives royales traditionnelles. À une époque de lignes
de parti imprécises et de leadership partisan mal défini, la Couronne
jouissait d’une certaine discrétion dans le choix de chef du gouverne-
ment. En plus, on lui reconnaissait communément le droit de refuser
au premier ministre la dissolution du Parlement, voire de démettre
ses ministres. Contrairement aux précédents, ces pouvoirs n’étaient
pas statutairement définis, et découlaient de la prérogative royale,
résidu de pouvoirs traditionnellement possédés par la Couronne,
susceptibles d’être abolis ou réduits par une loi, mais pouvant être
exercés en l’absence d’une loi à l’effet contraire4.
Tous les pouvoirs qu’on vient d’énumérer ont trois choses en
commun : tous visaient à tenir en laisse l’Assemblée élue et les minis-
tres qui en provenaient ; tous furent exercés à un moment ou à l’autre
avant la Première Guerre mondiale ; tous tombèrent en désuétude par
la suite, au point de faire figure d’anachronismes après 1945, bien
qu’aucun n’ait fait l’objet d’une abrogation explicite.
A. Le Conseil législatif
On a décrit plus haut la structure de la chambre haute5. Du point
de vue politique, le Conseil fut dominé par le parti conservateur, puis
par l’Union nationale, de 1867 à 1888, de 1894 à 1900 et de 1957
à son abolition. Les libéraux y détinrent la majorité de 1888 à 1894
grâce aux nominations effectuées par Honoré Mercier, et de 1900 à
1957, à la suite de leur long séjour de près de quarante ans au pouvoir6.
Ironie du sort, cette chambre législative fut contrôlée durant la majeure
partie de son existence par un parti dont le programme initial avait
juré la perte ! Du point de vue sociologique, la représentativité du
Conseil a été scrutée au chapitre 3.
XIXe siècle, on verra trois ministères dirigés par des conseillers légis-
latifs, ceux de Boucherville (1874-1878 et 1891-1892) et de Ross
(1884-1887). En 1867, le ministère formé par Chauveau compte
trois conseillers parmi ses sept membres : le commissaire des Terres
de la Couronne, le commissaire de l’Agriculture et des travaux publics
et l’Orateur du Conseil législatif, dont la présence est même statutai-
rement requise7. Le déclin s’amorce dès 1873 : le cabinet Ouimet ne
compte plus que deux membres de la chambre haute. En 1882,
Chapleau, qui a peu apprécié la sourde opposition du Conseil à sa
politique des chemins de fer, fait abroger la disposition exigeant la
présence de l’Orateur du Conseil législatif au cabinet provincial8. On
rétablira en 1895 la possibilité pour l’Orateur de siéger au Conseil
exécutif, mais après le départ du cabinet d’Horace Archambeault, en
1905, aucun Orateur ne sera appelé à exercer des fonctions ministé-
rielles. Après 1929, le Conseil législatif n’est plus représenté au sein
du cabinet que par un ou deux ministres sans portefeuille, dont l’un
exerce la fonction de leader du gouvernement au Conseil. De 1946
à 1960, le Conseil ne compte plus un seul ministre dans ses rangs et
le leader du gouvernement, Édouard Asselin, doit se contenter
d’allocations supplémentaires.
B. Le lieutenant-gouverneur
Il y a un demi-siècle, l’auteur de la meilleure étude sur la charge
de lieutenant-gouverneur se voyait reprocher d’avoir consacré autant
d’énergie et de veilles à un sujet aussi dépourvu d’importance14. On
illustrera donc rapidement dans la présente section comment une
fonction jadis aussi stratégique est progressivement devenue purement
symbolique.
Au XIXe siècle, le comportement des lieutenants-gouverneurs est
conforme à la thèse voulant que le Trône ne soit pas un fauteuil vide.
Investis de prérogatives vis-à-vis leurs ministres et les lois votées par
les chambres, ils n’hésitent pas à les exercer, quitte à susciter des
controverses. Les circonstances s’y prêtent. Le pouvoir fédéral sous
Macdonald perçoit les provinces comme de simples corps municipaux
et n’est pas loin de voir dans cet officier qu’il désigne et rémunère le
proconsul local chargé d’assurer sa tutelle. Le prestige entourant la
monarchie britannique déteint tout naturellement sur ses représen-
tants locaux. La fluidité des allégeances partisanes, les divisions exis-
tant au sein des partis, l’absence à l’occasion de chefs de parti
incontestés, tous ces facteurs concourent à faire du lieutenant-
gouverneur un personnage potentiellement puissant15.
D. Conclusion synthétique
Au XIXe siècle, le régime parlementaire correspond encore dans
une certaine mesure à la fiction légale des « trois états du Royaume ».
128 Partie I – Le parlementarisme traditionnel – 1867-1960
Tableau 5. 1
Taux de rejet des projets de loi transmis
par l’Assemblée au Conseil législatif, 1867-1960,
par période partisane et par catégorie
Projets de loi d’intérêt public Projets de loi
Période
Gouverne- Députés Députés d’intérêt
partisane
ment ministériels d’opposition privé
1867-1878 3,5 9,9 17,1 2,7
* 1878-1879 31,4 50,0 22,6 7,0
1880-1886 2,6 8,7 20,5 5,4
* 1887-1888 9,5 20,0 27,3 5,5
1889-1891 4,7 20,0 26,1 7,9
* 1892-1894 6,4 19,5 25,0 7,5
1894-1897 0,9 16,2 7,7 1,3
* 1897-1900 3,0 40,7 25,0 3,9
1901-1936 0,2 22,5 23,5 1,1
* 1936-1939 0,0 0,0 0,0 0,0
1940-1944 0,0 5,6 0,0 1,4
* 1945-1957 0,3 1,6 0,0 0,3
1957-1960 0,0 0,0 0,0 0,0
Tableau 5. 2
Séances du Conseil législatif
Séances du Conseil
Séances du Moyenne par
Période en % des séances de
Conseil session
l’Assemblée
1867-1880 508 36,3 92 %
1881-1890 443 40,3 82 %
1891-1900 273 30,3 75 %
1901-1910 309 30,9 75 %
1911-1936 779 30,0 61 %
1936-1960 589 23,6 53 %
SOURCES : Pour la période 1867-1910, état déposé par le secrétaire provincial Décarie à
l’Assemblée, J.A.L. 1911, p. 214-5. Pour les années suivantes, calculs personnels de l’auteur
à partir des Journaux du Conseil.
Chapitre 5 – Le déclin des contrepoids extérieurs à l’Assemblée 131
Notes
1. Selon Groulx, op. cit., p. 125, le Conseil législatif du Bas-Canada aurait rejeté
234 projets de loi adoptés par l’Assemblée entre 1822 et 1836. « Dans le Haut-
Canada, en l’espace de dix ans, et toujours d’après des documents officiels, le
Conseil législatif y aurait guillotiné tout près de 400 projets de loi. » Pour une
opinion favorable au Conseil, voir G. Craig, Lord Durham’s Report (Toronto
McClelland & Stewart, 1963) p. 58 sq.
2. En Angleterre, 12 nouveaux pairs furent nommés en 1712 pour assurer l’accep-
tation par la Chambre des Lords du Traité d’Utrecht. Dans le cas du Reform Bill
en 1832, et du Parliament Bill en 1911, la simple menace de faire de même suffit
(il aurait fallu 80 nouveaux pairs dans le premier cas, et 400 dans le second). Voir
Anson, op. cit., vol. 1, p. 355-357, et O. Hood Phillips et P. Jackson, Constitu-
tional and Administrative Law (Londres, Sweet & Maxwell, 1987), p. 137-142.
Sur la pratique française sous la restauration, voir P. Bastid, Les institutions politi-
ques de la monarchie parlementaire française (1814-1848) (Paris, Sirey, 1954),
p. 102-7, 243-50 et 341 et suiv. Le Roi nomme 60 nouveaux pairs en 1819, 28
en 1823 et 76 en 1827 afin de surmonter l’opposition de la Chambre haute.
Cette pratique des « fournées » fait passer l’effectif de la Chambre de 154 membres
en 1814 à 365 en 1830, et contribue fortement à en anéantir le prestige. Sur la
Nouvelle-Zélande, voir W. K. Jackson, The New Zealand Legislative Council
(Toronto, University of Toronto Press, 1972) p. 177-211 et Anson, op. cit.,
vol. II, partie II (1935) p. 80-1. Sur la Nouvelle-Écosse, Forsey, op. cit., p. 84-7,
J.-C. Bonenfant, « Le Bicaméralisme dans le Québec », Canadian Journal of
Economics and Political Science, vol. 29, no 4, 1963, p. 501-2 ; A. Adamson,
« Nova Scotia. The Wisdom of its Ancestors is its Foundation », dans G. Levy et
G. White, op. cit., p. 140-141.
3. Loi constitutionnelle de 1867, art. 55-57 et 90.
4. Sur la nature de la prérogative royale, voir O. Hood Phillips, op. cit. (1973),
p. 228-260 ; H. Brun et G. Tremblay, Droit public fondamental, 1re édition,
Québec, P.U.L., 1972, p. 298 et suiv.
5. Cf. supra, chapitre 2.
6. E. Orban, « La fin du bicaméralisme au Québec », Revue canadienne de science
politique, vol. 2, no 3, 1969, p. 312-326, à la p. 316.
7. Loi constitutionnelle de 1867, art. 63.
8. Supra, chapitre 2.
9. À ce sujet, voir R. A. MacKay, op. cit., p. 86.
10. E. Orban, op. cit., p. 120n.
11. Mackay, op. cit., p. 96. Sur la Chambre des Lords, voir H. Laski, Le gouvernement
parlementaire en Angleterre (Paris, P. U. F., 1950).
12. E. Orban, op. cit., p. 135.
132 Partie I – Le parlementarisme traditionnel – 1867-1960
cas notamment de la loi 22 sur la langue officielle (1975) et de la loi 178 sur
l’affichage (1989). Ironie suprême, on vit en 1983 la Centrale de l’Enseignement
du Québec, peu suspecte de ferveur fédéraliste ou monarchiste, demander le
désaveu de la loi 111 sur les conflits dans le secteur public. Sur ces tentatives
infructueuses, voir Le Soleil, 23 juillet 1975, p. 5 ; Le Devoir, 19 février 1983 ; Le
Soleil, 22 décembre 1989.
42. H. Brun et G. Tremblay, op. cit. (1re édition) p. 233.
Chapitre 6
Le harnachement
de la députation
et écarté celles qui étaient mauvaises, ce qui est tout aussi utile. On
a redécouvert des travaux plus anciens10 portant sur des périodes
lointaines où les mêmes phénomènes se produisaient régulièrement,
et l’on s’est mis à scruter d’un œil plus critique les explications tradi-
tionnelles dont on avait jusque-là cru pouvoir se satisfaire.
Il n’est guère besoin d’insister sur l’importance du sujet, où se
recoupent les préoccupations des spécialistes des partis politiques et
des observateurs des assemblées parlementaires. Les premiers admet-
tent en général que le degré de cohésion atteint par les partis condi-
tionne leur efficacité comme outils de transformation sociale11. La
dissidence intéresse aussi les seconds, qui font notamment valoir qu’en
régime de responsabilité ministérielle, la discipline de vote détermine
de façon essentielle le contrôle que le gouvernement est en mesure
d’exercer sur le déroulement des travaux de l’Assemblée.
Le groupe parlementaire ne constitue qu’une des composantes
d’un parti, et le vote ne représente qu’une de ses nombreuses activités.
À ces constats élémentaires, il faut répliquer que les députés sont une
composante privilégiée des partis, que le gros des activités partisanes
vise encore aujourd’hui à assurer leur élection et que la déloyauté du
groupe parlementaire compromet sérieusement la position des chefs
pourtant désignés par les militants12. Quant aux votes, ils ont l’avan-
tage d’être quantifiables et permettent de dépasser le niveau des
impressions sommaires.
1. Méthodologie
Des divers instruments de mesure utilisés en ce domaine, l’indice
de cohésion conçu par Stuart Rice s’est révélé le plus utile13. De calcul
relativement simple14, il mesure le degré de cohésion au sein d’un
groupe parlementaire selon une échelle variant de 0 à 100. Ce dernier
chiffre exprime une cohésion totale, c’est-à-dire que tous les membres
du groupe ayant pris part au scrutin votent dans le même sens. Une
valeur de 0 reflète au contraire une situation où la moitié des membres
d’un groupe votent dans un sens opposé à l’autre moitié. Largement
utilisé dans la littérature spécialisée15, cet indice permet de comparer
plusieurs partis dans le temps et dans l’espace, et son application n’est
Chapitre 6 – Le harnachement de la députation 139
2. Constats
Le tableau 6.1, dont la structure s’inspire fortement de celui qui
a été dressé par Lovink et dont il intègre le contenu, fournit les données
essentielles concernant la cohésion du parti ministériel. La conclusion
140 Partie I – Le parlementarisme traditionnel – 1867-1960
nombre des électeurs, fait grimper les coûts des campagnes électorales
à des niveaux excessifs pour les notables d’antan, contraint ceux-ci à
faire appel aux ressources des partis pour leur réélection, et donc
conduit à leur subordination graduelle aux consignes des « whips ».
Thèse séduisante, largement répandue, qui incidemment semble
marquer l’évolution constatée du sceau de l’inéluctable.
Les données manquent pour vérifier toutes les articulations de
cette hypothèse dans le contexte québécois. On ne dispose pas de
données factuelles fiables concernant la croissance des organisations
partisanes au niveau des circonscriptions ni le coût des campagnes
électorales d’autrefois. L’on connaît cependant le volume de l’électorat,
point de départ de la démonstration d’Ostrogorski.
Si le regard embrasse l’ensemble de la période étudiée, sans s’at-
tarder aux détails, l’explication de la discipline par le suffrage universel
semble globalement confirmée. La discipline est plus faible au début
de la période, alors que seulement 32 pour cent de la population
adulte est inscrite sur les listes électorales. L’avènement du suffrage
universel en 1940 coïncide grosso modo avec l’étouffement complet
de la dissidence.
Ce type d’explication rend malaisément compte de la faible cohé-
sion, aujourd’hui comme hier, des partis américains dans un contexte
de suffrage universel. Surtout, on voudrait souligner ici les différences
existant entre l’évolution britannique qu’étudia Ostrogorski et celle
du Québec. Dans les deux cas, la cohésion des partis en Chambre
s’accrut de façon sensible entre les années 1860 et le début du
XXe siècle27. En Grande-Bretagne, ce resserrement de la discipline
coïncide avec une augmentation massive du nombre des électeurs.
Leur effectif global s’accrut de 562 pour cent entre 1864 et 1914.
Durant le même laps de temps, la proportion de personnes âgées de
20 ans et plus ayant qualité d’électeur passa de 9 à 30 pour cent, soit
une augmentation de 223 pour cent28.
Les données québécoises sur les élections de 1871 et de 1912
révèlent aussi une croissance de l’électorat, mais cette croissance fut
bien plus modeste pour la raison suivante : la démocratisation du
suffrage était déjà plus avancée au Québec en 1871 qu’en Grande-
146 Partie I – Le parlementarisme traditionnel – 1867-1960
Bretagne 40 ans plus tard. Dès cette époque, quelque 32 pour cent
des adultes y avaient le droit de vote, proportion qui s’éleva graduel-
lement à 43 pour cent en 1912 sous l’effet de l’enrichissement de
certains citoyens et des réductions du cens électoral survenues en
1889, 1895 et 191229. Considéré sous cet angle, le rythme de crois-
sance de l’électorat québécois fut six fois moins rapide que celui de
l’électorat britannique : la métropole partait tout simplement de fort
loin.
On est donc en droit de se demander si, au Québec, les conditions
de la lutte politique furent modifiées au même degré durant cette
période cruciale. D’autant plus que les organisations partisanes ne
semblent pas avoir alors connu le développement spectaculaire qui
capta l’attention d’Ostrogorski.
L’évolution britannique a inspiré à Gary Cox une autre hypothèse
explicative de l’accroissement de la discipline30. Selon lui, les députés
avaient perdu dans un premier temps l’initiative des lois. Le constatant,
les électeurs avaient ensuite choisi de fonder leur vote sur l’étiquette
partisane des candidats plutôt que sur leurs qualités individuelles et
les députés avaient, à leur tour, réagi en conséquence en évitant des
attitudes individualistes désormais sans effet auprès des électeurs. On
ne peut juger de la pertinence au Québec du deuxième temps de
l’hypothèse de Cox, puisque l’indicateur choisi par celui-ci, le vote
dans les circonscriptions binominales, est absent dans ce contexte-ci.
En revanche, le premier temps se prête à vérification, et l’hypothèse
paraît inapplicable : comme on le verra dans la suite de ce chapitre,
la perte par les députés de l’initiative législative a suivi, et de très loin,
le renforcement de la discipline au lieu de le précéder.
Le respect de la discipline de vote est parfois attribué à la gravité
des sanctions qui frappent les récalcitrants. Les whips et le premier
ministre disposent d’une panoplie de petites et de grosses carottes
pour s’assurer de la loyauté des députés, tout en gardant en réserve le
coup de bâton ultime que représente l’expulsion. Les spécialistes
estiment que l’ampleur de ce facteur est souvent surestimée31. Dans
quelle mesure a-t-il pu jouer dans le cas québécois ?
Chapitre 6 – Le harnachement de la députation 147
E. Conclusion
Les mutations du comportement des députés décrites dans le
présent chapitre ont profondément altéré la nature du parlementa-
risme québécois. Leur effet net a été de renforcer la position du premier
ministre au sein de l’appareil institutionnel. Au XIXe siècle, le chef
du cabinet fait plus modeste figure. Il doit compter avec une dépu-
tation potentiellement rétive, une seconde chambre parfois acquise à
l’opposition, sans compter les caprices du représentant de la Couronne.
Parmi les occupants du poste, seuls Chapleau et Mercier font grande
figure, et encore ces deux centristes doivent-ils compter l’un et l’autre
avec leurs alliés « castors » ou « conservateurs nationaux ». De 1867 à
1905, la Province voit se succéder quatorze ministères, dont la durée
moyenne est inférieure à trois ans. Le premier ministre est à la merci
d’une révolte de ses propres députés (Mousseau, Parent), d’une dété-
rioration de ses relations avec le lieutenant-gouverneur (Boucherville,
Mercier) et d’un vote négatif à l’Assemblée (Joly, Taillon). Durant
cette période, seul Flynn (1897) cède son poste immédiatement après
une défaite aux élections générales.
Le resserrement de la discipline partisane et l’effacement de la
Couronne et du lieutenant-gouverneur contribuent à mettre en place
le trône sur lequel, en plus d’un demi-siècle, seulement quatre hommes
– Gouin, Taschereau, Godbout et Duplessis – s’assoiront successive-
ment. Le Québec devient à son tour l’une de ces « monarchies élec-
tives » en lesquelles Maurice Duverger voyait la formule de l’avenir81.
Mais, avec la Révolution tranquille, le régime parlementaire québécois
allait être confronté à de nouveaux défis, dont il allait sortir passable-
ment transformé.
Chapitre 6 – Le harnachement de la députation 165
Tableau 6. 1
Cohésion du parti ministériel à l’Assemblée législative,
par législature, 1867-1960
% des votes où la cohésion
atteint : Cohésion Nombre
Législature
moyenne de votes
0-40 41-80 81-99 100
1re 1867-1871 29 40 27 4 57,7 45
2 1871-1875
e
15 35 35 14 68,4 65
3e 1875-1878 9 16 43 32 81,9 44
4 1878-1881
e
7 10 14 69 90,1 173
5 1881-1886
e
9 19 25 47 83. 7 294
6 1886-1890
e
11 17 12 60 84,3 204
7 1890-1891
e
6 10 10 74 90,7 31
8e 1892-1897 11 13 30 47 84,2 264
9e 1897-1900 27 16 7 50 71,3 175
10 1900-1904
e
20 18 13 49 75,5 123
11 1904-1908
e
17 12 16 55 80,0 51
12 1908-1912
e
4 9 19 68 91,3 185
13e 1912-1916 7 6 14 73 90,6 90
14 1916-1919
e
50 - 50 - 46,0 2
15 1919-1923
e
9 9 3 78 88,2 32
16 1923-1927
e
2 2 9 87 93,9 105
17 1927-1931
e
3 6 18 73 93,4 113
18 1931-1935
e
4 6 18 72 92,6 158
19e 1935-1936 - - - 100 100,0 4
20 1936-1939
e
- 1 4 96 99,5 139
21 1939-1944
e
- - 5 95 99,6 322
22 1944-1948
e
- - - 100 100,0 156
23 1948-1952
e
- - - 100 100,0 83
24e 1952-1956 - - - 100 100,0 321
25e 1956-1960 - - - 100 100,0 310
SOURCE : Pour la période 1897-1936, J. A. A. Lovink, op. cit., p. 110. Pour les années 1867-
1897 et 1936-1960, calculs personnels de l’auteur à partir des Journaux de l’Assemblée.
Pour les années postérieures à 1960, voir le tableau 8.1, chapitre 8.
166
Tableau 6. 2
Cohésion moyenne du parti ministériel selon l’objet des votes, 1867-1897
* Les 6e et 7e législatures ont été regroupées à cause du petit nombre de votes pris durant la seconde.
SOURCE : Calculs personnels de l’auteur à partir des Journaux de l’Assemblée.
Chapitre 6 – Le harnachement de la députation 167
Tableau 6. 3
Importance relative de certaines catégories de scrutins, 1867-1944
Importance relative (en %) des votes de :
Confiance,
Législature P.L. publics de
subsides, Projets
députés min. et Autres motions
de loi publics
opp., P.L. privés
gouv.
1re 1867-1871 51 29 20
2e 1871-1875 40 31 29
3e 1875-1878 52 16 32
4e 1878-1881 63 21 16
5e 1881-1886 55 23 22
*6/7e 1886-1891 53 32 15
8e 1892-1897 65 23 12
9e 1897-1900 45 50 5
10e 1900-1904 47 49 4
11e 1904-1908 47 35 18
12e 1908-1912 61 31 8
13e 1912-1916 61 18 21
*14/15e 1916-1923 48 21 31
16e 1923-1927 69 20 11
17e 1927-1931 64 25 11
*18/19e 1931-1936 73 28 19
20e 1936-1939 71 6 22
21e 1939-1944 68 4 28
* Les 6e et 7e législatures, la 14e et la 15e de même que la 18e et la 19e ont été considérées
en bloc vu le faible nombre de cas dans l’une des législatures ainsi agglomérées. Ce type
d’analyse n’a pas été menée au-delà de 1944 parce que la dissidence s’est évanouie après
cette date.
Tableau 6.4
Défaites du gouvernement à l’Assemblée 1867-1960
Tableau 6. 5
Défaites du gouvernement, Londres, Ottawa,
Toronto et Québec, 1867-1960
Tableau 6. 6
Objet des défaites du gouvernement à l’Assemblée, 1867-1936
Projets de loi publics Projets
Motion de Motions
Période Gouver- Opposi- Députés de loi Total
censure diverses
nement tion minist. privés
1867-1880 9 2 10 4 4 6 35
1880-1890 - 3 13 11 7 9 43
1891-1900 - - 1 13 26 20 60
1901-1910 - - - 7 9 1 17
1911-1920 - - - 4 7 - 11
1921-1936 - - - 2 2 - 4
TOTAL 9 5 24 41 55 36 170
SOURCE : Calculs personnels de l’auteur à partir des Journaux de l’Assemblée.
Chapitre 6 – Le harnachement de la députation 171
Tableau 6. 7
Prépondérance des professionnels du droit parmi les députés
et parmi les législateurs, 1867-1936
Pourcentage de professionnels du droit
Période Parmi les 5 députés ayant présenté à chaque législature
À l’Assemblée
le nombre le plus élevé de projets de loi*
1867-1881 43,0 % 97,5 % (39 sur 40)
1881-1897 44,4 % 97,5 % (39 sur 40)
1897-1912 44,9 % 90,0 % (36 sur 40)
1912-1927 34,6 % 97,5 % (39 sur 40)
1927-1936 29,4 % 87,5 % (7 sur 8)
* Données non rajustées pour éliminer les doubles ou triples entrées.
SOURCE : Calculs personnels de l’auteur à partir du Répertoire des parlementaires québécois
1867-1978.
Tableau 6. 8
Projets de loi adoptés par l’Assemblée législative
du Canada uni, 8e législature, 1863-1867
Tableau 6. 9
Nature des projets de loi adoptés par l’Assemblée,
mais non adoptés tel quels par le Conseil législatif, 1867-1960
Tableau 6.10
Sources des questions écrites auxquelles réponse a été
fournie, par législature, 1879-1960
% émanant
Députés Députés
Législature Total des députés
d’opposition ministériels
ministériels
4e 1878-1881 200 76 276 27,5
5e 1881-1886 220 153 373 41,0
6e 1886-1890 523 175 698 25,1
7e 1890-1891 49 15 64 23,4
8e 1892-1897 605 92 697 13,2
9e 1897-1900 219 84 303 27,7
10e 1900-1904 261 90 351 25,6
11e 1904-1908 255 368 623 59,1
12e 1908-1912 890 303 1 193 25,4
13e 1912-1916 387 67 454 14,8
14e 1916-1919 117 5 122 4,1
15e 1919-1923 416 13 429 3,0
16e 1923-1927 1 112 18 1 130 1,6
17e 1927-1931 810 31 841 3,7
18e 1931-1935 684 16 700 2,3
19e 1935-1936 71 1 72 1,4
20e 1936-1939 170 12 182 6,6
21e 1939-1944 274 52 326 16,0
22e 1944-1948 188 8 196 4,1
23e 1948-1952 56 0 56 0,0
24e 1952-1956 41 0 41 0,0
25e 1956-1960 213 1 214 0,5
SOURCE : Calculs personnels de l’auteur à partir des Journaux de l’Assemblée et du Réper-
toire des parlementaires québécois 1867-1978. Avant 1879, les questions écrites n’étaient
pas incluses dans le procès-verbal.
174
Graphique 6. 1
Cohésion du parti ministériel selon l’objet des votes, 1867-1897
175
1867- 1871 1875 1878 1881 1886 1890 1892 1897 1900 1904 1908 1912 1916 1919 1923 1927 1931 1936 1939 1944 1948 1952 1956 1960
Législatures
176 Partie I – Le parlementarisme traditionnel – 1867-1960
Notes
12. Au Québec, des chefs de parti ont dû céder leur poste en 1982 et 1987 à la suite
de conflits avec leurs collègues du caucus. Sur le départ de Claude Ryan, voir
L. Ian MacDonald, From Bourassa to Bourassa. A Pivotal Decade in Canadian
History (s. l., Harvest House, 1984), p. 257-71. Sur le départ de Pierre Marc
Johnson, voir P. Duchesne, Jacques Parizeau, tome 3, Le Régent 1985-1995,
Montréal, Québec Amérique, 2004, p. 34-67. Au niveau fédéral canadien, les
tiraillements au sein du caucus libéral, dont certains membres ont défié leur chef
sur des questions importantes après 1984, ont affecté la performance du parti.
Sur cette période, voir G. Weston, Reign of Error. The Inside Story of John Turner’s
Troubled Leadership (Toronto, McGraw-Hill Ryerson, 1988).
13. S. A. Rice, « The Behavior of Legislative Groups : A Method of Measurement »,
Political Science Quarterly, vol. 40, 1925, p. 60-72.
14. Pour un vote donné, on soustrait le pourcentage de dissidents au sein d’un parti
du pourcentage de députés du parti qui suivent la ligne officielle. Si 25 pour cent
des membres d’un groupe présents font dissidence, l’indice s’élèvera à (75-25=)
50.
15. Voir. E. Ozbudun, Party Cohesion in Western Democracies. A Causal Analysis,
Beverley Hills, Calif., Sage Publications, 1970.
16. Voir par exemple, P. Pesonen, « Political Parties in the Finnish Eduskunta », dans
S. C. Patterson et J. C. Wahlke (ed.), Comparative Legislative Behavior : Frontiers
of Research (New York, Wiley-Interscience, 1972), p. 199-233 ; H. P. Hertig,
« Party Cohesion in the Swiss Parliament », Legislative Studies Quarterly, vol. 3,
no 1, 1978, p. 63-81.
17. Voir Gilberte Boilard, Discipline de parti, avril 1988, 23 p. ; Discipline du parti,
1988-1998 : bibliographie sélective, 1998, 20 p.
18. Pour un résumé, en plus de l’ouvrage d’Ozbudun cité plus haut n. 16, voir M. P.
Collie, « Voting Behavior in Legislatures », Legislative Studies Quarterly, vol. 9,
1984, p. 3-50, spécialement les pages 7 à 13.
19. Il arrive parfois que le nom d’un député soit inscrit à la fois dans la colonne des
pour et dans celle des contre (par exemple, J.A.L. 1893-94, p. 367-8, et J.A.L.
1960-61, p. 280). On a toujours présumé dans ces cas que l’intéressé avait voté
dans le même sens que la majorité de ses collègues de parti.
20. J. A. A. Lovink, « Le pouvoir au sein du Parti libéral provincial du Québec, 1897-
1936 », dans R. Pelletier (dir.), Partis politiques au Québec (Montréal, Hurtubise
HMH, 1976), p. 109-111.
21. Pour des données comparatives, voir les articles de Schlesinger et Brady et al.,
cités plus haut n. 4.
22. De 1867 à 1871, Québec, s. d., 41 pages, et La politique de la province de Québec
de 1871 à 1875.
23. Voir E. Forsey et G. Eglinton, The Question of Confidence in Responsible Govern-
ment, Ottawa, 1985, et L. Massicotte, « Les paramètres constitutionnels de la
nouvelle situation parlementaire », Le Devoir, 12 février 1985, p. 9.
178 Partie I – Le parlementarisme traditionnel – 1867-1960
24. Ont été considérés comme votes de confiance ou de censure tous les votes sur une
motion affectant en termes explicites la confiance à l’endroit du gouvernement
ou de l’un de ses membres, quel que soit le cadre où elle ait été proposée. Ont été
considérés comme se rapportant aux projets de loi du gouvernement tous les votes
pris à l’une ou l’autre étape de l’étude d’un projet de loi d’intérêt public présenté
par un ministre. Les projets de loi publics de députés ont été classés en fonction de
l’allégeance du député qui les avait présentés. Ont été par ailleurs considérés
comme projets de loi d’intérêt privé, conformément au classement expliqué au
chapitre 4, ceux dont la présentation avait été précédée d’une pétition introduc-
tive. La rubrique « subsides » n’inclut que les votes portant sur un crédit budgé-
taire particulier, sans qu’un blâme quelconque soit adressé au gouvernement à
son sujet.
25. Lovink, « Le pouvoir », p. 109.
26. M. Ostrogorski, La démocratie et l’organisation des partis politiques, Paris,
Calmann-Lévy, 1903, 2 volumes.
27. En Grande-Bretagne, l’indice de cohésion au parti au pouvoir passe de 59,8 en
1860 à 71,7 en 1874, à 82,0 en 1881, à 94,2 en 1899 et à 95,0 en 1908. Voir
S. Beer, British Politics in the Collectivist Age (New York, Alfred A. Knopf, 1966)
p. 257.
28. W. H. Greenleaf, op. cit., p. 206-207.
29. Voir les sources citées au chapitre 3, n. 9.
30. G. W. Cox, « The Development of a Party Orientated Electorate in England,
1832-1918 », British Journal of Political Science, vol. 16, 1986, p. 187-216. Voir
aussi, du même auteur, The Efficient Secret. The Cabinet and the Development of
Political Parties in Victorian England (Cambridge, Cambridge University Press,
1987).
31. R.J. Jackson, Rebels and Whips, Londres, Macmillan, 1968 ; R. Dowse et T. Smith,
« Party Discipline in the House of Commons. A Comment », Parliamentary
Affairs, vol. 16, 1963, p. 159-164.
32. Le rôle du député en cette matière est souligné par H. Quinn, The Union Natio-
nale, A Study in Quebec Nationalism (Toronto, University of Toronto Press, 1963)
p. 137, et R. Boily, « Les partis politiques québécois : perspectives historiques »,
dans V. Lemieux (dir.), Personnel et partis politiques au Québec (Montréal, Boréal
Express, 1982), p. 47.
33. J. Simpson, Spoils of Power. The Politics of Patronage, Toronto, Collins, 1988,
p. 63 et 72-73.
34. R. Chaloult, Mémoires politiques, Montréal, Éditions du Jour, 1969, p. 118-119.
Voir aussi J.-G. Genest, op. cit., p. 304.
35. Dans la Chambre élue en 1867, Macdonald dispose de 108 des 181 sièges. Il n’en
subit pas moins plusieurs défaites. Voir à ce sujet E. Forsey, Freedom and Order.
Collected Essays (Toronto, McClelland & Stewart, 1974) p. 123-128. Sur les
défaites subies par Mowat, voir plus loin dans le présent chapitre, tableau 6.5.
Chapitre 6 – Le harnachement de la députation 179
36. A. L. Lowell, The Government of England, vol. II, New York, Macmillan, 1908,
p. 78-79.
37. Sur les mécanismes européens, voir P. Lauvaux, Parlementarisme rationalisé et
stabilité du pouvoir exécutif. Quelques aspects de la réforme de l’État confrontés aux
expériences étrangères (Bruxelles, Bruylant, 1988) ; J.-C. Colliard, Les régimes parle-
mentaires contemporains (Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences poli-
tiques, 1978) ; P. Pactet, « L’évolution contemporaine de la responsabilité
gouvernementale dans les démocraties pluralistes », dans Mélanges Georges Burdeau
(Paris, Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1977) p. 191-210.
38. Sir Ivor Jennings, Cabinet Government, 3e édition, Cambridge, Cambridge
University Press, 1959, p. 495 ; Sir Berriedale Keith, The British Cabinet System,
2e édition, Londres, Stevens & Sons, 1952, p. 216.
39. Entre 1972 et 1974, par exemple, le gouvernement minoritaire de M. Trudeau
subit sept défaites aux Communes sans démissionner. La huitième, survenue le 8
mai 1974, lui fut fatale. Voir L. Massicotte, La mise en jeu de la responsabilité
politique du gouvernement, Ottawa, Bibliothèque du Parlement, 1983, p. 17-18.
40. P. Norton. « Government Defeats in the House of Commons : Myth and Reality »,
Public Law, hiver 1978, p. 360-378, et « Government Defeats in the House of
Commons : The British Experience », Canadian Parliamentary Review, vol. 8,
n˚ 4, 1985-1986, p. 6-9.
41. E. Forsey, Freedom and Order.
42. A. L. Lowell, Government of England.
43. P. Norton, Dissension in the House of Commons, 1945-1974. Intra-Party Dissent in
the House of Commons’ Division Lobbies, Londres, Macmillan, 1975, p. x.
44. Pour un exemple à cet égard, voir J.A.L. 1903, p. 172.
45. Des projets de loi du gouvernement ayant été rapportés rejetés par les comités
permanents auxquels ils avaient été renvoyés, on peut supposer que le gouverne-
ment y perdit des votes. Pour des exemples, voir J.A.L. 1899, p. 212 ; J.A.L.
1930, p. 343.
46. Compilation effectuée par l’auteur à partir des sources suivantes. Pour la Grande-
Bretagne : en plus des articles et ouvrages de Norton cités plus haut, J. E. Schwarz,
« Exploring a New Role in Policy-Making : The British House of Commons in
the 1970s », American Political Science Review, vol. 74, n˚ 1, 1980, p. 23-37. Pour
le Canada (Chambre des communes) : les Journaux depuis 1867 (compilation
originale de l’auteur). Pour l’Ontario : les Journaux de l’Assemblée depuis 1867
(compilation originale de l’auteur).
47. Compilation originale effectuée par l’auteur à partir des Journaux de l’Assemblée
législative du Canada-uni, de 1863 à 1867.
48. À Londres, il s’agit des gouvernements minoritaires travaillistes de Ramsay
MacDonald (1924 et 1929-1931) ; à Ottawa, de Mackenzie King et Arthur
Meighen (1921-6) ; à Toronto, la coalition dirigée par Ernest Drury (1919-
1923).
180 Partie I – Le parlementarisme traditionnel – 1867-1960
49. Sur ces défaites majeures, voir M. Hamelin, op. cit., p. 275-80, et Rumilly,
Histoire, tome 2, p. 133-136 et 210-213 ; tome 5, p. 211-214 ; J.A.L. 1878,
p. 211-214, J.A.L. 1879, p. 358-359 ; J.A.L. 1887, p. 2-4 ; G.-A. Desjardins,
Débats de la législature de la province de Québec, 1887, p. 15-37.
50. J.A.L. 1870, p. 49 ; M. Hamelin, op. cit., p. 330.
51. J.A.L. 1872, p. 172-173 ; M. Hamelin, op. cit., p. 330.
52. J.A.L. 1882, p. 184-186 ; J.A.L. 1885, p. 264-265.
53. E. de Nevers, L’Avenir du peuple canadien-français, Montréal, Fides, 1964 (réédi-
tion), p. 96.
54. Les données biographiques pertinentes proviennent du Répertoire des parlemen-
taires québécois 1867-1978.
55. E. R. Black, Divided Loyalties. Canadian Concepts of Federalism, Montréal et
London, McGill-Queen’s University Press, 1975, p. 151-153.
56. Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Québec, P.U.L., 1982, p. 584-586.
57. Premier rapport des commissaires nommés pour classifier, réviser et refondre les Statuts
généraux de la province de Québec, 15 février 1878, reproduit en entier dans le
Rapport de la Commission de révision et refonte des Statuts de la province de Québec,
27 avril 1881, p. 9.
58. Rapport de la Commission (1881), p. 73.
59. Idem, p. 71-72.
60. J.A.L. 1881, p. 277.
61. J.A.L. 1881, p. 285.
62. G.-A. Desjardins, Débats de la législature de la province de Québec, 1882, p. 531.
L’Orateur tira la conclusion de ce débat le lendemain : voir J.A.L. 1882,
p. 43-44.
63. J.A.L. 1882, p. 53.
64. J.A.L. 1883, p. 116-7 ; J.A.L. 1884, p. 103.
65. Notamment après 1905.
66. Voir Schindeler, op. cit., p. 177-81.
67. Stewart, op. cit., p. 198-201.
68. Compilation originale effectuée par l’auteur à partir des Journaux de l’Assemblée
législative du Canada-uni, 1863-1867.
69. L.-P. Pigeon, « L’élaboration des lois », Revue du Barreau de la Province de Québec,
vol. 5, n˚ 8, 1945, p. 365-379, à la p. 366.
70. Loi constitutionnelle de 1867, art. 54 et 90.
71. J.A.L. 1936 (1re session), p. 17.
72. J.A.L. 1955-6, p. 64-5.
73. J.A.L. 1939, p. 198-201.
74. O. Hood Phillips, op. cit., p. 167.
75. Compilation personnelle de l’auteur à partir du répertoire législatif décrit au
chapitre 4.
Chapitre 6 – Le harnachement de la députation 181
76. Les données présentées par R. A. MacKay (op., cit., p. 95) révèlent que le Sénat
canadien a joué un rôle comparable. Entre 1867 et 1960, le taux d’échec à la
chambre haute est de 2,4 % pour les textes d’initiative gouvernementale et 33,
1 % pour les textes d’initiative parlementaire.
77. Cf. supra, chapitre 3.
78. Quelques exemples : en 1932, Duplessis présente un projet de loi abrogeant la loi
sur la radiodiffusion adoptée à la session précédente (J.A.L. 1931-1932, p. 287) ;
en 1933, P. Sauvé propose l’abolition de la controversée loi Dillon (J.A.L. 1933,
p. 341). Durant la 18e législature (1931-1935), une vingtaine de projets de loi
parrainés par l’opposition furent rejetés grâce au vote en bloc des députés minis-
tériels présents.
79. En 1913, par exemple, le ministère se voit demander le nombre d’oiseaux sauvages
dans la province ! J.A.L. 1913-14, p. 109.
80. Un des plus beaux cas de questions « plantées » : à la session pré-électorale de
1912, le gouvernement répond, à la veille de la prorogation, à une multitude de
questions émanant des députés ministériels : comparaison (favorables) avec l’an-
cienne administration ; cartes ou livres distribués gratuitement par le gouverne-
ment dans les écoles ; comparaison des coûts anticipés et réels d’une construction
effectuée sous le régime précédent. Le procès-verbal de cette séance constituait en
fait le manuel de campagne électorale des députés libéraux sortants, imprimé aux
frais du contribuable ! J.A.L. 1912 (1re session), p. 553-73.
81. M. Duverger, La monarchie républicaine, Paris, Robert Laffont, 1974. Du même
auteur, La République des citoyens, Paris, Éditions Ramsay, 1982.
Page laissée blanche intentionnellement
Partie II
LE PARLEMENT réformé
1960-2007
Page laissée blanche intentionnellement
Chapitre 7
Crise et réforme
(a) La « purgation »
À Québec, cette opération s’est concrétisée par deux initiatives
majeures auxquelles on a eu aussi recours à Ottawa à compter de la
même époque. Aussi bien l’étude détaillée des crédits budgétaires que
celle des projets de loi après la deuxième lecture, jusque-là accomplies
sur le parquet de l’Assemblée, transformée en « comité des subsides »
et en « comité plénier », ont été graduellement transférées à des
commission spécialisées plus restreintes, permettant à l’Assemblée de
vaquer à d’autres tâches. À elle seule, cette décision constitue proba-
blement l’innovation essentielle de la réforme.
Les faiblesses de la procédure traditionnelle en matière de subsides
furent reconnues en mars 1965, lorsqu’une entente entre le leader
parlementaire du gouvernement et le chef de l’opposition permit
l’étude simultanée des crédits par le comité des subsides et par un
comité spécial, le premier discutant de la politique générale du Minis-
tère et le second, des autres articles38. Toutefois, un article précis du
budget pouvait toujours être discuté en Chambre si les députés le
Chapitre 7 – Crise et réforme 203
logique vint trois ans plus tard avec la refonte totale du système :
l’Assemblée se dota de 27 commissions permanentes comptant
chacune une dizaine de membres (celle des projets de loi privés et
publics en comptait vingt), et couvrant chacune un secteur déterminé
de politique39. Le système a été fréquemment réorganisé par la suite.
Le nombre de commissions fut réduit à 16 en 1972, par regroupement
de commissions existantes, porté à 27 en 1978, et réduit à nouveau
à neuf en 1984. Deux autres commissions ont été crées par la suite.
La réorganisation de 1984, qui s’est révélée plus durable que les
précédentes, a permis de doter chaque commission d’un secrétariat
distinct sans pour autant crever les plafonds budgétaires existants.
Jusqu’en 1972, chaque commission continua à être présidée par un
député officiellement élu par elle. Cette année-là, l’Assemblée opta
pour la formule d’une « banque de présidents » : huit députés désignés
par la Commission de l’Assemblée nationale et rémunérés à cette fin,
présidaient tour à tour aux délibérations de chaque commission.
Depuis 1984, chaque commission élit son propre président et son
vice-président. En 1972, l’opposition obtint la présence d’un de ses
membres au sein de la banque des présidents et, à compter de 1984,
trois présidences et cinq vice-présidences, toutes rémunérées. Enfin,
on a remédié à l’une des faiblesses traditionnelles des commissions
parlementaires québécoises : leur obésité. Le nombre moyen des
membres des commissions, de 38 en 1935 et de 28 en 1960, est tombé
à une douzaine à la fin des années 1960. On est remonté à 15 ou 16
durant les années 1980 lorsque le nombre de commissions a été réduit,
mais avec l’addition d’une commission, par la suite, on est revenu à
une douzaine de membres.
L’Assemblée a innové en instaurant une étape originale qui consiste
à renvoyer un projet de loi en commission après sa présentation
(première lecture) pour fins de consultations publiques. On a voulu
par là permettre au grand public (en pratique : aux groupes de pression
jugés les plus représentatifs par la commission) de se faire entendre.
Le nombre des textes ainsi renvoyés a rarement dépassé la dizaine,
mais les projets les plus importants ont souvent subi cette épreuve.
Chapitre 7 – Crise et réforme 205
(b) L’élagage
Cette deuxième tendance est particulièrement évidente sur le plan
législatif. Jadis constitué de nombreuses étapes sujettes à débat ou
amendement, le processus d’adoption des lois à l’Assemblée a été à la
fois simplifié et réglementé en 1964, en 1972 et, dans une moindre
mesure, en 1984.
Deux étapes ont été purement et simplement supprimées : la
présentation d’une « motion introductive » et l’étape de la résolution
financière. Quant aux autres, elles ont été assorties de restrictions,
surtout en 1972, de sorte que le processus se résume aujourd’hui
ainsi. La présentation du projet de loi, autrefois appelée la première
lecture, a lieu sans débat, le parrain du projet se bornant à lire ou à
résumer les notes explicatives qui l’accompagnent. Une motion
portant renvoi d’un projet à une commission pour fins de consulta-
tion générale ou particulière est décidée sans débat40. Une motion
portant tenue de consultation particulière peut occasionner un débat
d’une heure si elle déroge aux règles régissant la tenue de telles
consultations. Pendant le débat sur l’adoption du principe (autrefois
appelée deuxième lecture), un seul amendement est possible et ne
peut viser qu’à retarder l’accomplissement de cette étape, par exemple
de trois ou de six mois. Il ne peut faire l’objet d’un sous-amendement.
Depuis 1984, le débat sur cet amendement est restreint à une durée
d’au plus deux heures. En 1977, dans le but d’accélérer la procédure,
on a donné au leader parlementaire du gouvernement le pouvoir de
proposer que la deuxième lecture d’un projet ait lieu sans débat, mais
l’opposition de cinq députés entraîne le rejet d’une telle proposition41.
La motion de renvoi du projet en commission n’est pas susceptible
de débat. On verra plus loin que le gouvernement dispose d’un moyen
exceptionnel très efficace pour empêcher que le débat en commission
ne s’éternise.
L’étape de la prise en considération du rapport de la commission
revêt une importance plus grande qu’autrefois puisque l’étude détaillée
ne s’effectue généralement pas en commission plénière. En théorie,
206 Partie II – Le parlement réformé – 1960-2007
(c) La compression
Si le débat est proscrit à certaines étapes, on a pris la précaution
d’en écourter la durée à d’autres. Le procédé le plus simple consiste à
limiter le droit de parole de chaque député. Fixée en 1939 à une heure,
la durée des discours fut écourtée en 1969 à 30 minutes, sauf pour le
travail en commission. En 1971, des droits de parole plus généreux
furent concédés au premier ministre, aux chefs des partis d’opposition
et à certains députés. Depuis 1972, la durée des discours est en prin-
cipe limitée à 20 minutes, mais cette règle souffre plusieurs exceptions
motivées par la nature du débat et l’identité de l’intervenant.
Du point de vue de la planification des travaux parlementaires,
la solution idéale consiste non pas à limiter le droit de parole de chaque
député, mais plutôt à fixer à l’avance dans le Règlement une enveloppe
globale pour la durée d’un débat précis. La guillotine tombe alors
automatiquement à un moment connu à l’avance, sans qu’il soit pour
autant nécessaire d’adopter une motion spéciale à cet effet.
L’Assemblée nationale s’est engagée dans cette voie dès 1969 en
limitant à 25 heures la durée des débats sur le message inaugural et
208 Partie II – Le parlement réformé – 1960-2007
était de sept jours. Les règles du jeu ont été reformulées à cet égard
en 1984. L’étude des crédits dure dix séances consécutives en commis-
sion du lundi au vendredi (en pratique, ce travail s’étend sur trois
semaines). Le temps consacré à l’étude des crédits en commission ne
peut excéder 200 heures, celui consacré à l’étude des crédits d’un
ministère, 20 heures. Quant aux crédits supplémentaires, leur examen
ne peut durer plus de huit heures44.
En plus des armes qui précèdent, le gouvernement dispose de
trois moyens exceptionnels : la question préalable, la motion de clôture
et la suspension des règles pour raison d’urgence.
La question préalable figurait au Règlement de l’Assemblée depuis
ses origines, mais n’avait guère été utilisée depuis fort longtemps. On
a rendu son maniement encore plus délicat en 1972 en accordant au
président de l’Assemblée le pouvoir d’en refuser le dépôt s’il jugeait
que les droits de la minorité seraient lésés par son acceptation. Aussi
cette procédure, rebaptisée « motion de mise aux voix immédiate » en
1984, n’a-t-elle jamais été utilisée avec succès par le gouvernement.
L’opposition l’a invoquée en 1991 et en 1993, avec succès dans ce
dernier cas. En novembre 2001, le gouvernement a tenté d’utiliser
cette procédure, mais une motion en ce sens fut déclarée irrecevable
par la présidence.
Les deux autres procédures disponibles pour venir à bout des
manœuvres obstructionnistes réelles ou appréhendées ont connu en
revanche une popularité certaine si l’on en juge au nombre de fois où
elles ont été utilisées avec succès. Introduite en 1972, la motion de
clôture permet à la majorité d’obliger une commission à déposer son
rapport à l’Assemblée dans le délai qui y est indiqué. Cet instrument
se révèle particulièrement efficace en ce qu’il met fin à toute une étape
de la procédure législative, et non seulement à la discussion d’un
article précis. Le gouvernement l’a parfois utilisé alors que la commis-
sion avait à peine entamé ses travaux. Les libéraux ou les péquistes y
ont eu recours à 16 reprises de 1972 à 1989, au grand dam de l’op-
position dans la grande majorité des cas. Entre 1989 et 2007, on a
compté 12 cas d’utilisation de cette procédure.
210 Partie II – Le parlement réformé – 1960-2007
début de décembre) ses projets de loi les plus controversés. L’on espé-
rait que l’opposition, pressée d’en finir avant les vacances, se montre-
rait coopérative. À défaut, le gouvernement faisait adopter une motion
suspendant les règles habituelles, imposant des séances plus fréquentes
et plus longues et éliminant certains des outils dilatoires de l’opposi-
tion. Si celle-ci se révélait déterminée, l’ajournement d’été pouvait
être retardé au 31 juillet (comme en 1974) ou même au 26 d’août
(1977). Cette dernière expérience fit déborder le vase et l’année
suivante, les partis s’entendirent sur un mécanisme d’ajournements
à date fixe. Désormais, l’ajournement d’été aurait lieu au plus tard le
23 juin et celui des Fêtes le 21 décembre. Pour accélérer le rythme de
ses travaux durant les trois semaines précédant chaque ajournement,
l’Assemblée était soumise à un régime de travail nettement plus
intensif donnant priorité aux mesures gouvernementales, alors que
plusieurs instruments ordinairement à la disposition de l’opposition
(mini-débats, motions du mercredi, questions avec débat) voyaient
leur usage interdit ou limité.
En somme, l’on institutionnalisait la motion de fin de session
pendant les deux périodes de travaux intensifs (certains diraient : de
surchauffe) précédant les ajournements. Le gouvernement était même
dispensé de faire adopter une telle motion, le nouveau régime de travail
entrant en vigueur de façon automatique le 1er juin et le 1er décembre.
En contrepartie, l’opposition obtint que le gouvernement présente
avant ces dates les projets de loi qu’il comptait faire adopter avant
chaque ajournement. Comme on s’en doute, les séances précédant le
début de la période de travaux intensifs ont donc été marquées par le
dépôt d’un nombre inhabituellement élevé de projets de loi.
Durant les périodes de travaux intensifs, l’Assemblée siège quatre
jours par semaine (cinq jusqu’en 1998) au lieu de trois et la durée
moyenne de ces séances est presque deux fois plus longue qu’en période
normale. En fait, elle s’étirait parfois jusqu’aux petites heures du matin
avant qu’on ne mette fin à cette pratique en 1997. Il n’est pas excep-
tionnel que le consentement unanime permette au gouvernement de
présenter et de faire adopter un projet de loi durant une même période
de travaux intensifs.
212 Partie II – Le parlement réformé – 1960-2007
E. L’adaptation identitaire
On a fait état en introduction de l’irritation ressentie par bien des
Québécois, et pas seulement par les indépendantistes, par les angli-
cismes du vocabulaire parlementaire de même que par la présence
obsédante de la monarchie dans l’appareil symbolique de l’Assemblée
comme du droit en général. Les efforts ont donc visé à franciser – et
dans certains cas à Franciser – la terminologie, et à rendre aussi peu
visible que possible l’institution monarchique que la Constitution
retranche spécifiquement du pouvoir législatif de l’Assemblée.
La toilette terminologique a à peu près fait table rase des expres-
sions ou désignations s’éloignant du français international. Les
« statuts » sont devenus des lois, les « comités » des commissions,
l’« Orateur » le Président, l’« Orateur suppléant », le Vice-président, le
« greffier », le secrétaire général, les « lois de subsides » des lois de crédits,
les « bills » des projets de loi, les « partis reconnus » des groupes parle-
mentaires et l’Assemblée elle-même est devenue nationale plutôt que
« législative46 ». Le zèle des terminologues a entraîné la mise au rancart
des « lectures » des projets de loi.
Chapitre 7 – Crise et réforme 213
Tableau 7. 1
Étude en commission des projets de loi d’intérêt public
du gouvernement après l’adoption du principe, 1969-2007
Aucune
Commission Commission
Session commission (lois Cas hybrides *
plénière sectorielle
sur les crédits)
1969 82 1 6 2
1970 0 0 0 0
1970 (2e) 54 10 3 1
1971 76 23 6 0
1972-1973 50 48 4 1
1973 24 29 4 0
1973 (2e) 11 9 1 0
1974 43 40 5 0
1975 34 56 5 0
1976 25 14 3 2
1976 (2e) 7 2 1 3
1977 26 51 3 1
1978-1979 21 84 4 2
1979-1980 25 77 5 1
1980 1 0 0 0
1980-1981 2 16 0 1
1981 1 13 2 0
1981-1983 12 69 4 0
1983-1984 11 69 9 2
1984-1985 5 47 6 4
1985-1988 38 182 10 7
1988-1989 18 113 9 9
1989-1992 29 161 4 3
1992-1994 13 130 8 0
1994 5 36 2 0
1994-1996 19 59 5 0
1996-1998 35 191 11 2
1999-2001 17 143 9 0
2001-2003 13 138 7 1
2003-2006 10 109 6 3
2006-2007 5 55 2 0
* Projets de loi étudiés successivement en commission élue puis en commission plénière
ou vice-versa.
Ce relevé ne tient pas compte des projets de loi qui n’ont pas dépassé le stade de l’adop-
tion du principe (deuxième lecture).
Sources : L’État des projets de loi pour les sessions 1996-1998 à 2006-2007
Journaux des débats pour toutes les sessions.
216 Partie II – Le parlement réformé – 1960-2007
Notes
32. Geneviève Benezra a attiré l’attention sur les problèmes soulevés par cette coexis-
tence dans « Les nouvelles règles de la procédure parlementaire canadienne et
québécoise », Revue générale de droit, vol. 1, 1970, p. 397-440, à la p. 429. Le
règlement de 1972 a fait l’objet de plusieurs articles très descriptifs. Citons : J.-C.
Bonenfant, « Le nouveau règlement permanent de l’Assemblée nationale du
Québec », Les Cahiers de Droit, vol. 14, 1973, p. 93-110 ; J.-N. Lavoie, « Un
nouveau règlement à l’Assemblée nationale du Québec », Bulletin de la Biblio-
thèque de la Législature, vol. 85, nos 1-2, 1974, p. 1-28 ; J.-N. Lavoie, « New Stan-
ding Orders for the National Assembly of Quebec », The Parliamentarian, vol. 54,
no 4, 1973, p. 266-274 ; R. Mayrand, « Le nouveau règlement de l’Assemblée
nationale du Québec », Revue des parlementaires de langue française, no 11, 1972,
p. 11-21.
33. L. Massicotte, « Le calendrier parlementaire québécois », Bulletin de la Biblio-
thèque de l’Assemblée nationale du Québec, vol. 13, no 2, 1983, p. 55-74.
34. En apparence, une remontée a eu lieu durant la première moitié des années 1980
puisque les projets de loi d’intérêt privé constituaient 40 % des lois sanctionnées.
Il s’agit cependant d’une illusion statistique, le gouvernement ayant pris à cette
époque l’habitude de grouper en un texte unique de courtes modifications appor-
tées à une myriade de lois et qui auparavant nécessitaient autant de projets de loi
d’intérêt public. On revint d’ailleurs à la pratique antérieure après 1985 : le
nombre de lois d’intérêt public a grimpé depuis, et la législation d’intérêt privé
est tombée à moins de 30 % du total.
35. Voir la Loi du changement de nom, S.Q. 1965, c. 77. On peut citer en plus l’abo-
lition en 1973, sous l’empire du nouveau Code des professions, de la possibilité
pour un particulier d’être admis à l’exercice d’une profession par voie de projet de
loi privé.
36. L. Massicotte et A. Bernard, Le scrutin au Québec. Un miroir déformant, Montréal,
Hurtubise HMH, 1985.
37. Lord Campion, Parliament : A Survey, Londres, George Allen & Unwin, 1952.
Voir en particulier le chapitre 7, « Parliamentary Procedure, Old and New »,
p. 141-167.
38. Débats de l’Assemblée législative, 11 mars 1965, p. 1160.
39. Voir à ce sujet C. Harmegnies, « Les commissions parlementaires à Québec », Les
Cahiers de Droit, vol. 15, 1974, p. 73-146 ; A. Macleod, « The Reform of the
Standing Committees of the Quebec National Assembly : A Preliminary Assess-
ment », Revue canadienne de science politique, vol. 8, no 1, 1975, p. 22-39 ;
A. Macleod, Les commissions parlementaires et les groupes cde pression à l’Assemblée
nationale du Québec : évaluation d’une tentative de politique consultative parlemen-
taire, Montréal, Université du Québec à Montréal, Département de science poli-
tique, Notes de recherche nos 6-7, juillet 1977, 116 p.
40. Une consultation est dite générale lorsque n’importe quel individu ou organisme
peut adresser un mémoire à la commission, et particulière si la commission décide
elle-même quels intervenants elle invitera.
Chapitre 7 – Crise et réforme 219
41. Cette procédure n’a pratiquement jamais été utilisée depuis son introduction,
selon le manuel La procédure parlementaire du Québec p. 308.
42. L.R.Q., c. C-64. 1, a. 9.
43. L.Q. 1979, c. 57.
44. En pratique, lors de chaque exercice financier entre 1984 et 1989, 180 heures ont
été consacrées en moyenne à l’étude des crédits budgétaires de toute nature et
191 heures entre 1990 et 2007. Pour un jugement peu enthousiaste sur l’effica-
cité du contrôle exercé antérieurement, voir M. Massé-Tardif, « Le contrôle parle-
mentaire des dépenses gouvernementales », Cahiers de l’ENAP, no 6, sept. 1982,
p. 83-213.
45. On peut se reporter au relevé de M. Champagne et de Y. Thériault, « Les lois
d’urgence au Québec », Bulletin de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale du
Québec, vol. 17, nos 1-2, 1987, p. 6-9. De 1960 à décembre 1982, on relève 22
lois de ce type à Québec, 15 à Ottawa, et 12 à Toronto, selon le ministère fédéral
du Travail (téléphone à l’auteur, 7 décembre 1982).
46. Comme on s’en doute, les indépendantistes attachaient grande importance à
l’épithète « national ». Ministre libéral de l’Éducation en 1972-1975, François
Cloutier raconte avoir reçu un jour à son bureau Jean-Marc Léger. « Dans son
style un peu précieux, il me dit qu’on attend beaucoup de moi (je n’ai jamais su
ce que recouvrait le « on »), qu’il m’appartenait d’accomplir une chose en particu-
lier, une chose d’une extrême importance. Intrigué, me demandant quelle action
d’éclat allait me rendre illustre aux yeux de Léger, je l’encourage à continuer. « Il
faut, me dit-il, que vous changiez le nom du ministère de l’Éducation en celui de
ministère de l’Éducation nationale ». F. Cloutier, L’Enjeu. Mémoires politiques
1970-1976, Montréal, Stanké, 1978, p. 66-67.
47. C’est l’opinion de P. Laundy, « Legislatures », dans D. Bellamy et autres (dir.), The
Provincial Political Systems (Toronto, Methuen, 1976), p. 294.
48. C’est seulement à compter de 1981, par exemple, que l’expression « projet de loi »
a été introduite dans le vocabulaire parlementaire fédéral.
Page laissée blanche intentionnellement
Chapitre 8
Le député d’aujourd’hui :
un législateur toujours harnaché,
mais un médiateur mieux outillé
U ne élection tenue dans Lévis durant les années 1950 avait permis
à Vincent Lemieux de camper deux personnages incarnant
autant de facettes du métier de parlementaire : le « législateur » et le
« médiateur ». Incarné par l’avocat libéral Bélanger, le premier met
l’accent sur son rôle à l’Assemblée. Fort instruit, attentif aux nuances
des textes législatifs, il se signale en Chambre par des interventions
bien construites. On le décrit comme un « homme d’État ». Lui fait
face l’unioniste Samson, voyageur de commerce de son état, prototype
parfait du « médiateur ». Peu intéressé par les délibérations de la
Chambre, Samson se révèle toutefois un « excellent solliciteur »,
capable d’obtenir pour ses électeurs des signes concrets de la bienfai-
sance étatique. C’est bien sûr Samson qui remporte l’élection1.
La plupart des universitaires québécois de l’époque n’éprouvaient
qu’une sympathie modérée envers le personnage du médiateur. Bon
nombre n’y voyaient qu’un praticien du patronage voué à disparaître
avec l’avènement d’une machine bureaucratique bien huilée, surveillée
222 Partie II – Le parlement réformé – 1960-2007
1. La discipline de vote
Reprenons d’abord les indicateurs utilisés au chapitre 6 et exami-
nons leur évolution après 1960. Les votes ont eu tendance à proliférer,
surtout après 1973, en partie parce que l’Assemblée siégeait plus
souvent qu’autrefois, et aussi parce que l’opposition multipliait parfois
les demandes de votes par appel nominal dans le but d’embarrasser
le parti ministériel. Au nom du principe voulant qu’un député absent
de la Chambre soit nécessairement un inactif, de tels votes permet-
taient d’identifier des « absents chroniques », dont le manque de zèle
pourrait ensuite être mis en regard de la relative assiduité de leurs
vis-à-vis de l’opposition. On n’a jamais pu établir de façon convain-
cante la valeur de ce principe ni l’efficacité auprès des électeurs de
statistiques établissant l’absentéisme de leurs députés. Reste que,
durant les 30e et 31e législatures, notamment (1973-1981), les votes
par appel nominal se multiplièrent comme jamais auparavant. Il y
eut un tassement par la suite, mais les votes ont été également très
nombreux durant le dernier mandat de Robert Bourassa.
Les règles du jeu entourant de tels votes survécurent aux réécritures
successives du Règlement, sauf sur un point crucial. Fut introduite
en 1972 la possibilité pour un député de voir son abstention inscrite
au procès-verbal4. En apparence anodine, cette innovation facilitait
la dissidence en ouvrant aux députés en désaccord avec leurs collègues
la possibilité de signaler leur état d’âme par une attitude plus
mitoyenne, l’abstention. Lors des 124 scrutins ayant donné lieu à
224 Partie II – Le parlement réformé – 1960-2007
4. Les questions
Quant au quatrième indicateur utilisé antérieurement, le nombre
de questions écrites en provenance de députés ministériels, son évolu-
tion après 1960 demeure sur la lancée des décennies précédentes. Sous
le gouvernement Lesage, seulement 23 des 808 questions écrites
auxquelles réponsees ont été fournies émanent de députés ministé-
riels36. La lecture de ces questions révèle qu’elles avaient pour but le
plus souvent de susciter des révélations embarrassantes sur le gouver-
nement précédent. En 1961, par exemple, un député libéral trouva
fort spirituel de s’enquérir auprès du premier ministre de l’identité
du député qui avait emprunté à la Bibliothèque de la législature un
livre intitulé L’Art de tromper, d’intimider et de corrompre l’électeur,
permettant ainsi à M. Lesage de révéler que M. Duplessis avait
emprunté ce livre quatorze ans plus tôt et ne l’avait jamais retourné37.
Rien n’indique que les choses aient substantiellement changé par la
suite. Un relevé de la Presse canadienne indique par exemple que
seulement quatre des 326 questions auxquelles répondit le gouverne-
ment de M. Lévesque lors de la session de 1977 provenaient de ses
propres rangs38. L’une d’entre elles portait sur les pensions accordées
aux ex-députés (appartenant aux autres partis dans leur immense
majorité)39. Pour la session 1979-1980, 68 des 73 questions ayant fait
l’objet d’une réponse provenaient de l’opposition40.
Les années 1960 ont vu s’ajouter une nouvelle forme de questions,
autrement plus importantes et redoutables que les précédentes, soit
les questions orales. Tout comme les questions écrites, celles-ci sont
devenues l’apanage presque exclusif des députés d’opposition. À cet
égard, la compilation d’Yvon Thériault est révélatrice. Sur quelque
232 Partie II – Le parlement réformé – 1960-2007
Une telle pratique était par le passé plutôt rare. Un examen des
tables annexées aux recueils annuels des lois permet d’obtenir des
données précises à cet égard. De 1926 à 1976, seulement 6,2 % des
lois d’intérêt public sanctionnées prévoyaient leur propre entrée en
vigueur sur proclamation. De 5 % avant 1960, cette proportion s’était
élevée à seulement 8,5 % durant les seize années suivantes47.
L’avènement au pouvoir du Parti Québécois a coïncidé avec un
recours croissant à cette technique de mise en vigueur des lois (voir
le tableau 8.4). En effet, près de 39 % des lois sanctionnées de 1977
à 1985 subordonnaient en tout ou en partie leur propre entrée en
vigueur à un décret du Conseil des ministres.
Un examen plus qualitatif révèle que ce sort attend le plus souvent
les législations de portée majeure, alors que les textes courts modifiant
des lois existantes (que les Italiens appellent des legetti) tendent à
entrer en vigueur le jour de leur sanction. En 1985, le gouvernement
libéral a abandonné la technique des lois « omnibus », qui consistait
à grouper en un seul projet de loi des textes de portée mineure, préfé-
rant présenter autant de petites lois distinctes, quitte à donner à des
observateurs superficiels l’illusion que le gouvernement Bourassa
légiférait davantage que son prédécesseur. C’est probablement pour
cette raison que durant les 33e et 34e législatures (1985-1994) les lois
entrant en vigueur en tout ou en partie à une date décidée par le
gouvernement sont tombées à un peu plus du quart du total48. Par la
suite, de 1994 à 2007, on est revenu au tiers du total.
Cette pratique n’est pas exclusive au Québec. À Ottawa, durant
la 30 e législature (1974-1979), 29 % des lois d’intérêt public
prévoyaient leur entrée en vigueur sur proclamation, et cette propor-
tion était encore de 26 % pour la 1re session de la 32e législature
(1980-1983)49.
« En effectuant le découpage entre les dispositions de la loi en vue
de son entrée en vigueur, écrit Pierre-André Côté, le gouvernement
risque de dénaturer le texte, d’en modifier le sens. Toute loi formant
un système, le fait de la mettre en vigueur par étapes peut en affecter
la signification50. » Ce dessaisissement du législateur n’a pas reçu
jusqu’ici toute l’attention qu’il mérite.
234 Partie II – Le parlement réformé – 1960-2007
6. Autres indices
Un tableau limité aux indicateurs précédents serait incomplet,
puisque de nouvelles armes ont été accordées aux simples députés
depuis 1960. L’activité accrue des commissions depuis cette date ne
saurait être interprétée en soi comme un indice d’indépendance
nouvelle de la part des députés, puisque ces organes, dominés par le
parti gouvernemental, se bornent le plus souvent à exécuter les
mandats qui leur sont confiés par l’Assemblée. Entre 1988 et 2007,
les commissions ont consacré 45 % de leur temps aux projets de loi
d’intérêt public, 15 % aux crédits budgétaires et 17 % aux autres
mandats que l’Assemblée leur a imposés51. On a souvent fait grand
cas des mandats d’initiative parlementaire prévus par le nouveau règle-
ment de 1984. Une commission peut décider elle-même d’aborder
l’étude d’un dossier, à condition que la majorité des députés de chaque
groupe parlementaire y consente52. Pour peu qu’ils veuillent bien
adopter une attitude plus corporative que partisane, les membres
d’une commission peuvent en théorie s’attribuer eux-mêmes un
mandat d’étude sans attendre le bon vouloir de leurs chefs respectifs.
Un document officiel de l’Assemblée y voyait même « l’élément capital
de la réforme parlementaire53 ». En pratique, le mécanisme est loin
d’avoir été utilisé à son plein potentiel. De 1984 à 1986, on a compté
10 « mandats d’initiative pure54 ». De 1986 à 1990, il y a eu 11 mandats
d’initiative sur un total de 744 mandats exécutés par les commissions.
On peut difficilement parler d’engouement, ce qui ne retranche rien
à la valeur intrinsèque des études entreprises. La clé du problème
réside dans la discipline de parti, qui empêche les députés de faire
front contre l’exécutif55.
Le tableau n’a guère changé depuis. Les 53 mandats d’initiative
parlementaire exercés entre 1990 et 2007 (environ trois par an) ont
consumé seulement 5 % des heures de séance des commissions parle-
mentaires. Deux périodes ont été particulièrement actives à cet égard.
Durant l’exercice financier 1996-1997, l’autoroute de l’information
et les cartes d’identité ont notamment retenu l’attention des parle-
mentaires. En 2005-2006, des mandats ont été exercés relativement
entre autres au patrimoine religieux et au réchauffement climatique
dans le nord-ouest du Québec56.
Chapitre 8 – Le député d’aujourd’hui : un législateur toujours harnaché… 235
3. Les allocations
Le député de 1960 devait se contenter, en plus d’une indemnité
de session et d’un régime de pension obtenu depuis peu, d’une allo-
cation totale de 2 000 $ couvrant ses frais de déplacement, ses dépenses
de bureau et « tous les déboursés inhérents » à sa fonction. Cette
allocation lui était payée à la fin de la session seulement, et son rajus-
tement nécessitait, tout comme celui de l’indemnité, une mesure
Chapitre 8 – Le député d’aujourd’hui : un législateur toujours harnaché… 241
C. Conclusion
Entamé sur une note un peu morose, à l’instar de nombre de
commentaires d’observateurs ou de députés de l’arrière-ban, le présent
chapitre se termine sur des constats plus optimistes. L’excellence d’une
députation ne se mesure pas à la générosité de sa rémunération, mais
rien n’indique non plus que la démocratie soit mieux servie par une
députation mal payée et mal équipée qui s’entasse dans des locaux
Chapitre 8 – Le député d’aujourd’hui : un législateur toujours harnaché… 245
Tableau 8.1
Cohésion du parti ministériel à l’Assemblée Nationale,
par législature, 1960-1996
Pourcentage des votes où la cohésion atteint :
Législature Cohésion Nombre
0-40 41-80 81-99 100 Moyenne de votes
26 1960-1962
e
- - - 100 100,0 192
27 1962-1966
e
- - - 100 100,0 192
28 1966-1970
e
- - 1 99 99,9 109
29 1970-1973
e
- 1 - 99 99,8 225
30e 1973-1976 0 2 3 94 98,9 429
31 1976-1981
e
- 1 5 93 99,0 514
32 1981-1985
e
- 2 7 92 99,0 255
33 1985-1989
e
- - 1 99 99,9 217
34 1989-1994
e
- 0 100 100,0 452
35e 1994-1996* - - 3 97 99,9 95
* Première session seulement.
SOURCE : Calculs personnels de l’auteur à partir des Journaux de l’Assemblée.
Pour les années antérieures à 1960, voir le tableau 6.1, chapitre 6.
Tableau 8.2
Objet des dissidences au sein de tous les partis, 1960-1996
247
248 Partie II – Le parlement réformé – 1960-2007
Tableau 8.4
Dispositif d’entrée en vigueur des lois d’intérêt public, 1977-1989
1977-1985 1985-1989
Dispositif
N. % N. %
MODES NON DISCRÉTIONNAIRES :
A. Le jour de la sanction 315 54 235 61
B. Date ultérieure ou antérieure précisée 16 3 37 10
C. Combinaison A et B 22 4 14 4
D. Le jour de la sanction, à une date
ultérieure précisée et lors de l’entrée en 0 - 1 0
vigueur d’une autre loi
MODES PARTIELLEMENT OU ENTIÈREMENT DISCRÉTIONNAIRES :
E. Date fixée par le gouvernement 154 27 73 19
F. Combinaison A et E 52 9 15 4
G. Combinaison B et E 7 1 8 2
H. Combinaison A, B et E 11 2 3 1
J. Date fixée par le gouvernement et date
1 0 1 0
d’entrée en vigueur d’une autre loi
(Sous-total 225 39 100 26)
TOTAL 578 387
SOURCE : Répertoire législatif de l’Assemblée nationale.
Chapitre 8 – Le député d’aujourd’hui : un législateur toujours harnaché… 249
Tableau 8. 5
Évolution de l’indemnité parlementaire de base
et de l’allocation, 1960-2007
Tableau 8.6
Liste des fonctions donnant droit
à des indemnités supplémentaires
Date de création ou
Fonction
de reconnaissance
Premier ministre 1882
Ministre à portefeuille 1867
Ministre délégué* 1946
Adjoint parlementaire 1954
Président de l’Assemblée 1867
Premier vice-président de l’Assemblée** 1909
Deuxième vice-président*** 1971
Troisième vice-président 1999
Président de commission permanente 1973
Vice-président de commission permanente 1982
Président de séance de commission permanente 1984
Chef de l’opposition 1918
Chef de parti reconnu 1970
Leader parlementaire de l’opposition 1971
Leader parlementaire d’un parti reconnu 1971
Leader parlementaire adjoint du gouvernement 1982
Leader parlementaire adjoint de l’opposition 1982
Whip en chef du gouvernement 1967
Whip en chef de l’opposition 1967
Whip adjoint du gouvernement 1971
Whip adjoint de l’opposition 1971
Whip d’un parti reconnu 1971
Membre du Bureau de l’Assemblée 1982 et 1990
Président du caucus du parti gouvernemental 1986
Président du caucus de l’opposition officielle 1999
* À l’origine : ministre d’État.
** À l’origine : vice-président de l’Assemblée.
*** À l’origine : vice-président adjoint de l’Assemblée.
SOURCE : Statuts du Québec : 1882-1968 ; Lois du Québec 1969-1999.
252 Partie II – Le parlement réformé – 1960-2007
Notes
9. P.V.A.N. 1977, p. 305 et 834. Pour des indications explicites sur le caractère
« libre » d’un vote, voir les Débats de l’Assemblée nationale du 8 juin 1977,
p. 1339.
10. Le 2 octobre 1981, neuf députés libéraux (O’Gallagher, Ciaccia, Caron, Lincoln,
Gratton, Maciocia, Cusano, French et Dougherty) sur 42 défient leur chef
Claude Ryan et refusent de se rallier à une motion du premier ministre Lévesque
réclamant du gouvernement fédéral qu’il renonce à sa démarche unilatérale de
rapatriement de la Constitution (P.V.A.N., 1981-1983, p. 10). Aucun ne sera
expulsé, et quatre des dissidents deviendront ministres en 1985, le parti ayant
entre-temps changé de chef. Cet épisode dramatique est évoqué dans L.I. MacDo-
nald, From Bourassa to Bourassa, s. l., Harvest House, 1984, p. 260-261. Selon
l’auteur, à peu près la moitié du caucus aurait fait défection n’eût été l’habileté
manœuvrière du leader parlementaire, Gérard D. Levesque. Voir aussi G. Fraser,
Le Parti Québécois, Montréal, Éditions Libre Expression, 1984, p. 313-315.
11. Le 12 novembre 1979, les deuxième et troisième lectures du projet de loi 62
suscitent l’opposition de Bisaillon et l’abstention de Paquette. Débats de l’Assem-
blée nationale, p. 3534-3535 et 3557.
12. Lors de la session spéciale du 24 octobre 1980, Bisaillon s’oppose à nouveau à la
deuxième et à la troisième lectures du projet de loi no 113 mettant fin à une grève
d’enseignants (P.V.A.N. 1980, p. 5-6).
13. Il s’agit de trois lois de grande portée adoptées à la faveur de la récession du début
des années 1980 et qui mettent fin à nombre d’avantages comparatifs dont jouis-
saient les employés du secteur public et parapublic québécois. Par le projet de
loi 70, le gouvernement, confronté à une impasse budgétaire, imposait à ses
employés une réduction de salaire de 20 % entre janvier et mars 1983, récupérant
ainsi une augmentation salariale que les conventions de travail antérieures le
contraignaient de verser en pleine récession économique pour les six mois anté-
rieurs. Sa troisième lecture, le 22 juin 1982, suscita l’opposition de Bisaillon et
l’abstention de Louise Harel (P.V.A.N. 1981-1983, p. 641). Le projet de loi 105,
adopté en décembre de la même année, fixait unilatéralement les conditions de
travail dans le secteur public par voie de décrets annexés à son texte. Louise Harel
s’opposa à la suspension des règles en facilitant l’adoption et à la deuxième lecture
(P.V.A.N. 1981-1983, p. 783 et p. 789-790). Les syndiqués du secteur public
n’ayant pas tous obtempéré à cette mesure, le gouvernement fit adopter par la
suite une loi draconienne (le projet de loi 111) visant le secteur de l’éducation. Sa
deuxième lecture, le 16 février 1983, suscita l’abstention de Louise Harel
(P.V.A.N. 1981-1983, p. 861-862). Sur ces épisodes douloureux, voir G. Fraser,
op. cit., p. 344-347 ; R. Lévesque, Attendez que je me rappelle…, Montréal,
Québec/Amérique, 1986, p. 461-474 et 520-521.
14. P.V.A.N. 1989-92, p. 1027.
15. Débats de l’Assemblée nationale, 1989-1992, p. 9717.
16. Idem, p. 9737.
17. P.V.A.N. 1992-94, p. 416.
254 Partie II – Le parlement réformé – 1960-2007
58. Cels ressort des rapports successifs du secrétariat des commissions sur les travaux
et dépenses des commissions parlementaires pour les années financières 1984-
1985 à 1989-1990, et de la mise à jour effectuée par Mme Édith Brochu.
59. L.Q. 1986, c. 22, art. 3-6. Le désaveu des règlements par l’Assemblée est prévu
aux articles 21 et suivants.
60. Commission d’étude sur le contrôle parlementaire de la législation déléguée,
op. cit, p. 1.
61. N. Ford, « La Commission de l’administration publique : dix ans de permanence
et de progression », Revue parlementaire canadienne, vol. 31 no 2, 2008,
p. 28-31.
62. C. E. S. Franks, « The « Problem » of Debate and Question Period », dans J.C.
Courtney (dir.), The Canadian House of Commons. Essays in Honour of Norman
Ward (Calgary, University of Calgary Press, 1986) p. 1-19, notamment les
p. 15-18.
63. Le salaire annuel moyen dans la province est tiré de Statistiques historiques du
Canada, 2e édition, 1983, section E49-59.
64. R. J. Fleming (dir.), Canadian Legislatures, 1987-1988, Ottawa, Ampersand
Communication services, 1988, p. 100.
65. Il n’existe pas de liste officielle des adjoints parlementaires depuis 1954. J’ai
constitué ma propre liste à partir des indications fournies par le Répertoire des
parlementaires québécois 1867-1978, ainsi que sa mise à jour pour la période
1979-1987, les Journaux de l’Assemblée et l’index des Débats de l’Assemblée natio-
nale.
66. D. Murray et V. Murray, De Bourassa à Lévesque, Montréal, Éditions Quinze,
1978, p. 53-54.
67. Selon son collègue Jean-Paul Lefebvre, Paul Gérin-Lajoie, redevenu en 1966
simple député, refusa la présidence de la Fédération libérale du Québec parce
qu’il avait l’intention de jumeler la pratique du droit et l’exercice de son mandat
parlementaire. Du pédiatre Victor Goldbloom, nouvellement élu la même année,
Lefebvre écrit : « Durant les quatre années où il a siégé dans l’opposition, il suivait
assidûment ses petits malades en utilisant le téléphone du fumoir attenant à l’As-
semblée législative » : J.-P. Lefebvre, Entre deux fêtes (Montréal, Stanké, 1987)
p. 41 et 94.
68. Loi sur l’Assemblée nationale, L.Q. 1982, c. 62, art. 86-127.
69. Les lignes qui suivent sont fondées sur les recherches de Mme Édith Brochu.
70. Cette allocation fut instituée en 1965 pour 15 voyages (S.Q. 1965, c. 11, a. 5).
Deux ans plus tard, le nombre de voyages couverts tomba à 10, puis fut ramené
à 15 en 1969, ainsi qu’un voyage additionnel pour chaque semaine de séance
(S.Q. 1966-7, c. 15, a. 4). En 1979, le nombre de voyages est passé à 52, et par
la suite à 60.
71. Cette allocation a été instituée en 1971 (L.Q. 1971, c. 9, a. 13).
72. Cette allocation remonte à 1969 (L.Q. 1969, c. 11, a. 1).
Chapitre 8 – Le député d’aujourd’hui : un législateur toujours harnaché… 257
73. Selon G. Deschênes, l’arrêté en conseil no 1714 du 5 octobre 1966 concernant les
fonctionnaires occasionnels aurait permis par la suite l’embauche des secrétaires
de comté. Voir l’annexe (p. 4) non publiée de son texte sur Les réformes parlemen-
taires ou le Mythe de Sisyphe, mars 1984. En 1975, avec le nouveau Règlement
concernant les allocations aux députés, une allocation variant de 10 000 $ à 12 000 $
a été instituée à cette fin. Elle passe à 11-15 000 $ en 1976, à 20-24 000 $ l’année
suivante, et est indexée par la suite. En 1981, la fourchette est haussée à
35-41 110 $, et en 1983 elle atteint 43 900 $-51 600 $. Cf. Deschênes, op. cit.
74. Règlement sur la rémunération et les conditions de travail d’un député, art. 12.
75. Cette allocation remonte à 1974.
76. Dès les années 1960, et sans doute bien avant, les députés voyaient les choses de
cette façon. Voir A. Gélinas, Les parlementaires et l’administration au Québec
(Québec, P.U.L., 1969) p. 78-109.
77. Bill Blaikie, député, Débats de la Chambre des communes, 18 mars 1982,
p. 15607.
78. Voir C. E. S. Franks, The Parliament of Canada, p. 74.
79. Gary F. Moncrief, « Terminating the Provincial Career : Retirement and Electoral
Defeat in Canadian Provincial Legislatures », Revue canadienne de science poli-
tique, vol. 31, 1998, p. 359-372.
Page laissée blanche intentionnellement
Conclusion
***
***
à une affaire de races alors que les réformateurs des autres provinces
se seraient inspirés, en bons et loyaux sujets britanniques, de nobles
principes constitutionnels : pirouette analytique qui permet à un
homme d’État, soucieux avant tout des intérêts de l’Empire, de
promettre le gouvernement responsable aux seconds et de réserver
l’assimilation forcée aux premiers, suspects de vouloir quitter l’orbite
impériale15.
En mettant l’accent sur les similitudes entre le fonctionnement
du parlementarisme au Québec et ailleurs au pays, la présente étude
se situe dans le droit fil de la seconde tradition. Elle n’est pas aveugle
aux failles de la démocratie québécoise d’autrefois. Elle tend simple-
ment à relativiser nombre de ses tares en soulignant qu’elles se retrou-
vaient ailleurs. Qui a étudié les « machines » politiques américaines,
les « élections Sydenham » de 184116, la Loi sur les élections en temps de
guerre de 191717, le Maccarthysme, certains cas d’application de la Loi
sur les mesures de guerre, les pratiques électorales des provinces de
l’Atlantique18 est porté à conclure que la corruption, l’abus de pouvoir,
la persécution de minorités politiques, la fraude électorale et le truquage
(gerrymander) ont malheureusement été monnaie courante un peu
partout en Amérique du Nord. Sans les excuser, l’approche compara-
tive a le mérite non négligeable de relativiser le poids de la variable
ethnique dans des phénomènes de cette nature19.
Ce faisant, on tend à accréditer le parlementarisme et la démo-
cratie libérale non comme de simples modes de gouvernement propres
à une nation en particulier, mais comme des conquêtes de civilisation,
sans doute dépassables, auxquelles tous les peuples sont conviés, au
moins à un certain stade de leur développement économique et social.
Les cinquante dernières années ont vu ces institutions triompher sur
tout le continent européen, jusques et y compris dans des sociétés qui
y avaient été traditionnellement réfractaires, et dans des contextes
culturels et sociaux bien différents de ceux où elles avaient pris nais-
sance. Rien n’oblige les peuples à copier servilement les exemples les
plus achevés d’institutions démocratiques. Rien ne les contraint non
plus à les écarter systématiquement sous prétexte de perpétuer leur
particularisme. S’il est une leçon à tirer de l’expérience québécoise,
c’est que des institutions parlementaires issues d’un contexte national
Conclusion 267
Notes
1. Sur les institutions et la vie politique des États américains, voir B. Zeller (dir.),
American State Legislatures, Report of the Committee on American Legislatures,
American Political Science Association (New York, Greenwood Press, 1954) ;
A. Heard (dir.), State Legislatures in American Politics (Englewood Cliffs, N.J.,
Prentice-Hall, 1966) ; J. W. Fesler (dir.), The 50 States and their Local Govern-
ments (New York, Alfred A. Knopf, 1967) ; Citizens Conference on State Legisla-
tures, State Legislatures : An Evaluation of their Effectiveness (New York, Praeger,
1971). Sur les États australiens, S. R. Davis (dir.), The Governments of the Austra-
lian States (Londres, Longmans, 1960) ; R. D. Lumb, The Constitutions of the
Australian States (4e éd.) (St. Lucia, Qld., University of Queensland Press, 1977) ;
B. Galligan (dir.), Australian State Politics (Melbourne, Longman Cheshire,
1986). Sur les provinces canadiennes, voir M. Robin (dir.), Canadian Provincial
Politics (Scarborough, Prentice-Hall, 1972) ; R.Dyck, Provincial Politics in
Canada (Scarborough, Prentice-Hall, 1986) ; G. Levy et G. White (dir.),
Provincial and Territorial Legislatures in Canada (Toronto, University of Toronto
Press, 1989).
2. Louis Bernard parle d’ « appropriation psychique » par les Québécois de leurs
institutions parlementaires (op. cit., p. 23).
3. Sur ces expériences, voir J.P. Boyer, Lawmaking by the People, Toronto, Butter-
worths, 1982.
4. L. Massicotte, « Une réforme inachevée : Les règles du jeu électoral », Recherches
sociographiques, vol. 25, no 1, 1984, p. 43-81.
5. P. E. Trudeau, « Some Obstacles to Democracy in Quebec », Canadian Journal of
Economics and Political Science, vol. 24, no 3, 1958, p. 297-311. Reproduit dans
Le fédéralisme et la société canadienne-française (Montréal, HMH, 1967)
p. 107-128. Sur les débats de cette époque, voir M. Behiels, Prelude to Quebec’s
Quiet Revolution (Kingston et Montréal, McGill-Queens’s University Press,
1985), p. 220-238.
6. Trudeau, op. cit., p. 304.
7. G. M. Craig (dir.), Lord Durham’s Report, Toronto, McClelland & Stewart, 1963,
p. 23.
8. F. Ouellet, Histoire économique et sociale du Québec 1760-1850, tome 2, Montréal,
Fides, 1971, p. 413 et suiv. Sur la pensée constitutionnelle des Patriotes, voir
F. M. Greenwood, « Les Patriotes et le gouvernement responsable dans les années
1830 », Revue d’Histoire de l’Amérique française, vol. 33, no 1, 1979, p. 25-37.
9. L. Groulx, op. cit., tome 2, p. 169.
10. Sir John Bourinot, « The English Character of Canadian Institutions » dans
Canadian Studies in Comparative Politics (Montréal, Dawson Brothers, 1890)
p. 16.
Conclusion 269
Irvine, W.P., « Does the Candidate Make a Difference ? The Macro-Politics and
Micro-Politics of Getting Elected », Revue canadienne de science politique,
vol. 15, no 4, 1982, p. 755-772.
Lamonde, Yvan. « La trame démocratique au Québec, du XVIIIe siècle à
nos jours ». Forces, no 96, hiver 1991-1992, p. 24-27.
Landry, R., « La nouvelle analyse institutionnelle », Politique, no 6, automne
1984, p. 5-32.
Langevin, Suzanne. « La réforme parlementaire 10 ans après : les objectifs n’ont
pas été atteints ». Bulletin de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale, vol. 24,
no 4, décembre 1995, p. 8-10.
Langevin, Suzanne. « Le travail des officiers à la Table ». Bulletin de la Bibliothèque
de l’Assemblée nationale, vol. 33, no 3-4, octobre 2004, p. 15-20.
Langevin, Suzanne. « Modifications permanentes au règlement de l’Assemblée
nationale ». Bulletin de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale, vol. 27,
no 3-4, décembre 1998, p. 15-17.
Laundry, P., « Legislatures », dans D.J. Bellamy et al. (dir.), The Provincial Poli-
tical Systems, Toronto, Methuen, 1976, p. 280-296.
Lauzon, A., « Incroyable mais vrai. Le Conseil législatif », Le Magazine Maclean,
juin 1964, p. 21-23, 44, 46, 49-50.
Lavier, Thomas. « La contribution du député de l’opposition ». Traces, vol. 43,
no 2, mars-avril 2005, p. 18-21.
Lavoie, J.-N., « New Standing Orders for the National Assembly of Quebec »,
The Parliamentarian, vol. 54, no 4, 1973, p. 266-274.
Lavoie, J.-N., « Un nouveau règlement permanent de l’Assemblée nationale du
Québec », Bulletin de la Bibliothèque de la Législature, vol. 5, nos 1-2,
1974,
Lavoie, Lisa. « Pour une meilleure compréhension du “ métier ” de député : le
travail en circonscription ». Bulletin de la Bibliothèque de l’Assemblée natio-
nale, vol. 32, no 1-2, avril 2003, p. 17-23.
Leblanc, Diane. « Deux projets de réforme à l’Assemblée nationale du Québec ».
Revue parlementaire canadienne, vol. 28, no 1, printemps 2005, p. 4-8.
Leclerc, Guy. « L’imputabilité ». In La crise des finances publiques et le désengage-
ment de l’État. Montréal : Association des économistes québécois, 1993,
p. 139-145.
290 Le Parlement du Québec de 1867 à aujourd’hui
Pâquet, Martin. « Un geste auguste dans le temple de la loi : l’ordo des cérémo-
nies d’ouverture des sessions parlementaires au Québec, 1792-1997 ».
Anthropologie et sociétés, vol. 23, no 1, 1999, p. 99-124.
Paradis, Philippe ; Simard, Denis. « Pour de nouvelles institutions politiques ».
Action nationale, vol. 94, no 1, janvier 1994, p. 9-27.
Patry, Maurice. « L’imputabilité des administrateurs publics ». In Management
public : comprendre et gérer les institutions de l’État. Sillery : Presses de l’Uni-
versité du Québec, 1992, p. 301-326.
Pellerin, M., « La lecture des prières au Parlement », Bulletin de la Bibliothèque
de l’Assemblée nationale du Québec, vol. 12, no 4, 1982, p. 1-21.
Pellerin, M., « La prestation de serment du lieutenant-gouverneur », Bulletin de
la Bibliothèque de l’Assemblée nationale, vol. 19, nos 1-2, 1990, p. 15-16.
Pellerin, M., « L’ouverture d’une session à l’Assemblée législative », Bulletin de
la Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec, vol. 15, nos 3-4, 1985,
p. 12-15.
Pellerin, Maurice. « La prestation de serment du lieutenant-gouverneur ». Bulletin
de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale, vol. 19, no 1-2, mai 1990,
p. 15-16, 14.
Pelletier, J.-G., « Le crucifix à l’Assemblée nationale », Bulletin de la Bibliothèque
de l’Assemblée nationale du Québec, vol. 17, nos 3-4, 1988, p. 7-8.
Pelletier, R., et J. Crête, « Réalignements électoraux et transformations du
personnel politique », Revue canadienne de science politique, vol. 21, no 1,
1988, p. 3-33.
Pelletier, Réjean. « Le gouvernement responsable : une conquête ou une défaite
pour le Parlement ? ». In Le point sur 150 ans de gouvernement responsable.
Ottawa : Groupe canadien d’étude des questions parlementaires, 1998,
p. 53-72.
Pelletier, Réjean ; Proulx, Mathieu ; Deschênes, Gaston ; Bouliane, Valmond.
« Les commissions parlementaires au Québec et en Ontario : partie I :
structure et organisation ». Revue parlementaire canadienne, vol. 19, no 1,
printemps 1996, p. 25-31 ; et no 2, été 1996, p. 20-26.
Pesonen, P., « Political Parties in the Finnish Eduskunta », dans S.C. Patterson
et J.C. Wahlke (dir.), Comparative Legislative Behavior. Frontiers of Research,
New York, Wiley-Interscience, 1972, p. 199-233.
Pigeon, L.-P., « Are the Provincial Legislatures Parliaments ? », Revue du Barreau
canadien, vol. 21, l943, p. 826-833.
294 Le Parlement du Québec de 1867 à aujourd’hui
C. BIBLIOGRAPHIES
Bibliographie du Parlement du Québec. Québec : Publications du Québec, 1992,
119 p. (Vie parlementaire : 6).
Boilard, Gilberte. Discipline de parti, 1988-1998 : bibliographie sélective. Québec :
Assemblée nationale, Direction de la Bibliothèque et des études documen-
taires, 1998, 20 p. (Bibliographie : 64).
Boilard, Gilberte. Réforme parlementaire, 1995-2000 : bibliographie sélective.
Québec : Assemblée nationale, Direction de la Bibliothèque et des études
documentaires, 2000, 27 p.
Boilard, Gilberte. Rôle du député, 2000-2005 : bibliographie sélective. Québec :
Assemblée nationale, Direction de la Bibliothèque, Service de la référence,
2005, 20 p. (Bibliographie : 105).
Boilard, Gilberte ; Buttazzoni, Maria A. Guide de documentation politique. 2e éd.
Québec : Bibliothèque de l'Assemblée nationale, 1991, 93 p. (Bibliographie
et documentation : 20).
Boilard, Gilberte ; Desjardins, Joëlle. Réforme parlementaire, 1980-1995 : biblio-
graphie sélective et annotée. Québec : Bibliothèque de l'Assemblée nationale,
Direction générale de la Bibliothèque.
Desjardins, Joëlle. Les commissions parlementaires, 1990-2000 : bibliographie
sélective. Québec : Assemblée nationale, Direction de la bibliothèque, Service
de la référence, 2001, 39 p.
Desjardins, Joëlle. Discipline de parti, 1999-2005 : bibliographie sélective. Québec :
Assemblée nationale, Direction de la Bibliothèque, Service de la référence,
2005, 23 p. (Bibliographie : 106).
Desjardins, Joëlle. La présidence des assemblées parlementaires 1993-2005 : biblio-
graphie sélective. Québec : Bibliothèque de l'Assemblée nationale, 2005,
31 p. (Bibliographie : 101).
Desjardins, Joëlle. Réforme parlementaire, 2000-2005 : bibliographie sélective.
Québec : Assemblée nationale, Direction de la Bibliothèque, Service de la
référence, 2005 (Bibliographie : 104).
Desjardins, Joëlle. Le rôle du député, 1991-2000 : bibliographie sélective. Québec :
Direction de la Bibliothèque et des études documentaires, 2000. 27 p.
(Bibliographie : 73).
Desjardins, Joëlle. Transfuges au sein des partis politiques : bibliographie sélective.
Québec : Assemblée nationale, Direction de la Bibliothèque, Service de la
référence, 2005. 17 p. (Bibliographie : 107).
Bibliographie 297
D. DOCUMENTS OFFICIELS
La principale source officielle utilisée a été les Journaux de l’Assemblée législative
(un volume par session de 1867 à 1968) auxquels ont fait suite les Journaux
de l’Assemblée nationale (1969-1971), puis les Procès-verbaux de l’Assemblée
nationale (depuis 1972). Les Journaux du Conseil législatif (1867-1968) ont
également été consultés, de même que les transcriptions des débats parle-
mentaires disponibles pour les années 1867-1906 et depuis 1964, et les
Statuts du Québec (1867-1968) et les Lois du Québec (depuis 1969).
Le règlement de l’Assemblée a originellement été publié dans ses Journaux : voir
J.A.L. 1867-1868 p. 130-141, et J.A.L. 1885 p. 301-315. Le règlement de
1914 a été publié en annexe aux J.A.L. de la session 1913-1914. Par la
suite, seule une édition distincte du règlement est disponible, bien que les
modifications soient toujours inscrites au procès-verbal. La procédure de
l’Assemblée a fait l’objet des ouvrages officiels suivants :
Desjardins, L.-G., Décisions des Orateurs de l’Assemblée législative de la Province
de Québec, Québec, Assemblée législative, 1902.
Desjardins, L.-G., Manuel de l’Orateur de l’Assemblée législative, Québec, Assem-
blée législative, 1910.
Faucher de Saint-Maurice, N.-H.-É., Procédure parlementaire, Montréal, Impri-
merie générale, 1885.
Geoffrion, L.-P., Règlement annoté de l’Assemblée législative de Québec, Québec,
Dussault et Proulx, 1915.
Geoffrion, L.-P., Règlement annoté de l’Assemblée législative de Québec, Québec,
Assemblée législative, 1941.
Smith, P.E., General Index to the Journals of the Legislative Assembly of the Province
of Quebec, Quebec, Queen’s Printer, 1890.
Würtele, J.S.C., Manuel de l’Assemblée législative de Québec, Québec, Imprimeur
de la Reine, 1885.
298 Le Parlement du Québec de 1867 à aujourd’hui