Expo Arbitrage
Expo Arbitrage
Expo Arbitrage
d’arbitrage
Syrine Ouerfelli – Eya Nemsia – Bochra Ben Romdhane - Nada Ouled
Saad
L’arbitrage perçu il y a à peine quelques années comme une justice étrange venue
d’ailleurs, est aujourd’hui le mode ordinaire de règlement des litiges économiques
internationaux et il est probablement le mode de règlement des conflits le plus connu
et le plus populaire dans ce domaine, En effet, face au développement du
commerce international, l’arbitrage reçoit une importance prépondérante. L’arbitrage
est le premier mode alternatif de règlement des litiges et le mode usuel de règlement
des différends dans le domaine du commerce international. Il constitue un
mécanisme de résolution des différends qui offre à ses utilisateurs une instance
neutre, un système uniforme d’exécution et une flexibilité permettant aux parties
d’adapter la procédure à leurs besoins particuliers.
L’arbitrage est législativement défini par l’article 1er du Code de l’arbitrage tunisien
CA comme « un procédé privé de règlement de certaines catégories de
contestations par un tribunal arbitral auquel les parties confient la mission de les
juger en vertu d’une convention arbitrage » Cette définition met en exergue le
caractère privé de l’arbitrage comme mode de résolution des litiges. Il s’oppose ainsi
à la justice publique et se présente de ce fait comme une institution hybride qui prend
en charge des différends qu’elle « tranche » conformément à la mission de tout juge,
et ce en se fondant sur une convention privée liant les parties. La définition de
l’article 1 CA met en relief également le caractère volontaire de l’arbitrage, Les
parties doivent consentir expressément à l'arbitrage par écrit ou être visées par
l'application d'une disposition législative qui rend l'arbitrage obligatoire dans une
situation particulière. Si les parties ont accepté d'avoir recours à l'arbitrage, les
tribunaux, sur requête d'une des parties à la convention, exigeront généralement que
les parties soumettent leur différend à l'arbitrage. la mise en œuvre de l’arbitrage se
fait donc par le biais d’une convention d’arbitrage. L'art. 2 du Code de l’arbitrage
tunisien définit la convention d’arbitrage comme « l'engagement des parties de régler
par l'arbitrage toutes ou certaines contestations nées ou pouvant naître entre elles
concernant un rapport de droit déterminé, contractuel ou non contractuel. La
convention d’arbitrage revêt la forme d’une clause compromissoire ou celle d’un
compromis ». Le compromis et la clause compromissoire sont les deux formes
que peut revêtir une convention d'arbitrage. Le premier désigne la convention par
laquelle les parties à un litige déjà né décident de recourir à un arbitre qu'elles
désignent pour trancher le litige. La seconde est la convention par laquelle des
parties à un contrat consentent à soumettre leur différend à un arbitre en cas de litige
futur. Il ressort de ce qui précède que la convention d’arbitrage est avant tout un
contrat, Il s’agit d’un engagement voulu par les parties est une expression licite de
leur consentement. Comme tous les contrats, la convention d’arbitrage a un effet
obligatoire. Cet effet est relatif d’après la théorie générale des obligations. Cela veut
dire que ne sont concernées par la procédure arbitrale que les personnes qui ont
conclu une convention d’arbitrage. C’est une application du principe général de la
relativité des conventions comme édicté par l’article 240 COC qui dispose que « les
obligations n’engagent que ceux qui ont été parties à l’acte : elles ne nuisent point
aux tiers et elles ne leur profitent que dans les cas exprimés par la loi»
Bien que ce principe a été greffé de plusieurs exceptions en droit commun qui se
manifeste à travers l’élargissement du cercle des parties (parties initiales/parties
liées) et la possibilité de faire une action directe, le principe demeure important,
surtout pour la convention d’arbitrage, qui manifeste un choix de recourir à un juge
privé, et donc une renonciation à un droit constitutionnellement protégé qui est le
droit de recours à la justice étatique. Cependant la pratique internationale a montré
qu’une conception rigoureuse de l’effet relatif risque de nuire à l’efficacité de
l’arbitrage car les contrats du commerce international sont multiples, souvent
imbriqués et interdépendants. Pour cela l’élargissement du champ de la convention
s’avère être un besoin, afin que l’arbitre international appréhende le litige dans son
ensemble : l’ensemble des acteurs et l’ensemble des matières.
L’arbitrage est d’autant plus indiqué à régler les litiges complexes qu’il peut être
facile de rassembler, dans une seule instance, toutes les parties concernées et
toutes les questions litigieuses. L’unification du contentieux permet ainsi aux parties,
non seulement d’éviter les contradictions des décisions auxquelles peuvent donner
lieu les procédures séparées, mais aussi de réaliser l’économie d’argent et de temps.
Cet élargissement de l’effet de la convention d’arbitrage se fait, entre autres, par le
biais de la technique d’extension de la convention d’arbitrage qu’on peut définir
comme « l’application extensive d’une règle ou d’un texte, une opération ou une
décision consistant à étendre au-delà de son domaine normal d’application ».
Lorsqu’on évoque l’extension de la convention d’arbitrage on suppose qu’on lui
donne un rayonnement additionnel par rapport à ce qui a été prévu lors de sa
conclusion et de sa formation, La convention d’arbitrage peut donc s’appliquer à des
contrats autres que celui qui comporte la clause, elle peut également être étendue à
des parties qui ne sont pas initialement signataires de cette clause.
Dans cet ordre d’idées on peut se demander : Quel est le champ d’application de
la technique d’extension de la convention d’arbitrage ?
Ce type d’extension s’est d’abord développé au sein des groupes de sociétés afin
d’étendre la clause compromissoire aux sociétés du groupe, les filiales, qui étaient
intervenues dans la formation et dans l’exécution du contrat(A) .Cette extension s’est
ensuite appliquée à l’état lorsque celui-ci exerce le commerce directement ou par
l’intermédiaire d’entreprises ou d’entités qu’il contrôle(B).
Il faut préciser cependant que ce type d’extension n’est pas admis par toutes les
juridictions, en effet la cours de cassation Italienne dans l’arret n°2598 du 7 février
2006 affirme que la clause compromissoire ne s’ étendent pas à des litiges
concernant d’autres contrats, bien qu’ils soient liés
En l’espèce , il s’agissait d’un contrat de société dans lequel une clause
compromissoire avait été insérée et par laquelle les parties s’engageaient par
avance à soumettre à l’arbitrage les différends que le contrat pourrait susciter.
Quelques jours plus tard, par acte sous seing privé, un associé transfert aux autres
associés 40% de sa quote-part, sous réserve d’obligations respectives pour les deux
« parties ».
En ayant recours à l’arbitrage, les associés demandent la restitution des sommes
versées au titre du transfert. Considérant que la clause compromissoire insérée dans
le contrat de société s’étend à l’acte sous seing privé, les arbitres s’estiment
compétents et font droit à cette demande. L’associé attaque alors la sentence devant
la Cour d’appel de Rome qui le déboute à nouveau. Celle-ci estime que la clause
compromissoire s’applique effectivement aux litiges nés de l’acte sous seing privé
étant donné qu’il existe un lien étroit entre ce dernier et le contrat de société initial,
l’acte sous seing privé permettant la mise en œuvre du premier. L’associé débouté
forme un pourvoi en cassation.
La Cour de cassation casse l’arrêt rendu par la Cour d’appel en affirmant que: « A
travers la clause compromissoire contenue dans un contrat déterminé, la dérogation
à la juridiction du juge ordinaire et l’attribution de l’affaire aux arbitres ne s’étendent
pas à des litiges concernant d’autres contrats, bien qu’ils soient liés au contrat
principal, dont ladite clause est applicable »