Granger Kant Vuillemin
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Revue de Métaphysique et de Morale
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ÉTUDE CRITIQUE
La Méthode historique.
Le projet de l'auteur, qu'il exprime nettement dans sa préface, est de
comprendre, non d'interpréter. L'œuvre kantien est donc saisi comme un
objet du monde, mais un objet chajgé de significations et d'intentions,
doué d'une structure propre qu'il s'agit de reconnaître et de mettre au
jour. La méthode de J. Vuillemin prolonge directement celle dont M. Gué-
rouit nous a donné des exemples frappants. Le livre sur Kant suppose,
en effet, une doctrine très consciente des rapports de la Philosophie et de
son passé.
En premier lieu, l'histoire de la Philosophie sera conçue comme recons-
truction rigoureuse, objective. L'essentiel, le noyau philosophique d'une
œuvre, ne se situe ni en deçà, ni au delà de la subjectivité créatrice,
dit M. Guéroult dans sa leçon inaugurale au Collège de France. « II
réside au cœur de l'œuvre même, incarnation de l'effort créateur qui
trouve son apogée et son repos dans l'organisation spécifique des
formes qui l'enserrent peu à peu et enferment une plénitude. » L'his-
toire de la philosophie est dès lors comparable à celles des œuvres
d'art. « Elle met au premier plan l'analyse des techniques cons-
titutives. » Le travail .de J. Vuillemin comme celui de M. Guéroult
est une technologie des systèmes philosophiques. Mais au moins
autant que M. Guéroult il est conscient d'une ambiguïté profonde de
cette histoire : d'une part, il n'y a de science historique des systèmes
1. P. U. F., 1955, 363 p., 1 400 fr. + T. L.
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Gilles- Gaston Granger
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Kant selon Vordre des raisons
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Gilles- Gaston Granger
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Kant selon Vordre des raisons
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Gilles Gaston Granger
lui nécessairement univoque et a priori, d'une part, et, d'autre part, elle
représente paradoxalement l'élément intuitif du phénomène dans la
science 1. Or, ce qui subsiste, semble-t-il, de la position kantienne d'un
problème de la science, c'est la question du rapport de la pensée formelle
et de l'expérience. Mais loin d'apparaître comme univoque et définitive-
ment achevée (Principes, p. 9), la mathématisation nous semble aujour-
d'hui un processus créateur ouvert. Un exemple instructif, et encore assez
neuf de cette revision nécessaire pourrait être donné à propos de la psy-
chologie. On sait que Kant rejette la possibilité d'une psychologie vrai-
ment scientifique, parce que son objet n'étant donné que sous la forme
du sens interne, sa mathématisation a priori se réduirait à une théorie jugée
trop pauvre de la continuité, à quoi se résume une doctrine pure du temps
(Principes, p. 7). Or, tout le développement récent de la psychologie
manifeste, au contraire, un effort tâtonnant, il est vrai, mais fécond, pour
instaurer une mathématisation de l'objet psychologique.
Par ailleurs, la mathématique ne saurait être considérée sans diffi-
culté seulement comme représentant un élément formalisé d'intuition
sensible dans l'objet d'expérience *. Elle représente bien plutôt, croyons-
nous, l'activité opératoire de la pensée aux différents niveaux de struc-
turation des objets de la science. Et elle es+ en elle-même, pour elle-même,
une création ouverte, non seulement dans le sens d'une prolifération et
d'un enrichissement de ses structures, - ce que Kant a su voir, - mais
encore dans le sens de la diversification possible de ses fondements - ce
qu'il n'a fait que pressentir.
La position kantienne est donc sans doute inacceptable au regard de
la science moderne. Mais c'est à partir d'elle que la discussion du problème
pe la science prend pour nous un sens : voilà pourquoi la révolution cri-
tique marque un progrès authentique dans l'histoire de la pensée.
L'ouvrage de J. Vuillemin, on le voit, n'intéressera pas seulement les
historiens de la philosophie, mais également les philosophes, que sa
richesse et sa rigueur doivent attirer et retenir.
Gilles Gaston Granger.
1. A ce propos, cf. la belle exégèse de la question des nombres irrationnels chez Kant
faite Dar J. Vuillemin, p. 43-45.
2. J. Vuillemin cite la remarque pertinente de M. Guéroult : « Si le fait peut être
mathématiquement construit une fois qu'il est donné, il n'est pas nécessairement donné
de façon mathématique, du moins pour nous. > (Dynamique et métaphysique leibniU
ziennes, p. 27.)
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