Apollinaire - Alcools

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Apollinaire, Alcools

Présentation :

A-P-O-L-L-I-N-A-I-R-E

Est publié en 1913, avec un frontispice de Picasso.

50 poèmes écrits entre 1898 (mort de Mallarmé) et 1913 (le plus récent est aussi le premier du
recueil : « Zone »).

Des poèmes réguliers, des vers libres, un poème d’un vers (« Chantre ») = un monostiche

Le recueil Le Bestiaire avait été publié en 1911, illustré par Raoul Dufy, publié à 120 exemplaires. 30
poèmes dont 25 d’animaux et 5 inspirés de figures mythologiques, ayant un rapport avec la poésie.

Le recueil Vitam Impendere Amori (Consacrer sa vie à l’amour) est publié en 1917, avec également
des illustrations (d’André Rouveyre).

Alcools reste l’œuvre maîresse, mais les trois ont un trait commun  accompagnés de dessins ou de
gravures : importance de l’image pr Apollinaire

Que signifie-t-elle ? D’abord l’image peinte (alors qu’il n’était qu’employé de banque, il écrivait déjà
des critiques picturales : soutient le fauvisme, s’intéresse au cubisme, s’interroge sur les débuts de
l’art abstrait, et un temps sur le futurisme)  des avant-gardes

De plus, précurseur du surréalisme pour qui l’image est ce qu’il y a de plus fondamental dans la
poésie.

Enfin, la représentation de lui-même : en quête d’identité (cf poème « Cortège ») (à savoir :


Apollinaire pas reconnu par son père + difficulté d’être naturalisé Français).

Polycop’ Apollinaire en images :

Dans Alcools, bcp de poèmes sont dédiés à des peintres.

Picasso : Apollinaire rencontre Picasso à Paris en 1905.

- Frontispice d’Alcools : un portrait cubiste qui dit l’éclatement de l’être, et qui peut orienter la
lecture de 3 façons : rappeler qu’Apollinaire a toujours été un défenseur de l’art moderne (la
même année, paraît Méditations esthétiques. Les Peintres cubistes par Apollinaire) ; annonce
le thème du corps morcelé, éclaté (souvenons-nous du triste sort d’Orphée, dont la tête
continua de chanter alors qu’elle descendait la rivière) ; annoncer la structure des poèmes :
éclatés, vers regroupés autrement.
- Arlequin : idée du composite (de même que la carrière d’Apollinaire : critique d’art, poète,
romancier, éditeur..), du déguisement, du cosmopolitisme (Apollinaire est né en Italie d’une
mère polonaise, a vécu en Allemagne…) (on rencontre la figure de l’émigré, de l’apatride ds
Alcools)
- Evêque : autorité artistique + légende sur sa naissance
- Artilleur : Guillaume a tenu à s’engager, et une fois monté en grade a voulu rester ds
l’infanterie… Kostrowitzky = presque son vrai nom.

Max Jacob : à la fois dessinateur et poète, Ap. le rencontre de même à Montmartre en 1904-05. Juif,
il se convertit au catholicisme, mais est tout de même arrêté et meurt à Drancy en 1944…

Ce tableau renvoie à une sorte de lyrisme, ds une sorte de palais un peu féérique (« J’émerveille »
disait Ap.) + sol en damier = jeu, hasard

Chagall : peintre russe exilé en France, essaie de combiner la modernité et toute un tradition
populaire russe. Tableau = être hybride bizarre, à l’intérieur d’un cadran fuite du temps chez Ap.

Nom de « Cendrars » : deux poètes rapprochés par les événements de leur vie (même champ de
bataille en 1916, Cendrars y perd sa main), mais rivaux.

Marie Laurencin : Liaison amoureuse tumultueuse. Un visage d’enfants  naïveté, parfois


revendiquée + ambigu, un côté féminin

Calligramme : le recueil Calligrammes paraît en 1918 (au début, devait s’appeler Idéogrammes
lyriques) (callos : la beauté). Poème en lui-même : un programme poétique.

Son image est une parole.

Jalons biographiques :

Né en 1880, mort en 1918 de la grippe espagnole. Né à Rome, polyglotte (Italien, Polonais, Russe).
Polonais par sa mère, son grand-père s’appelait Apollinaire Kostrowitzky et a servi le tzar de Russie.
Mère = Angelina Kostrowicki, abandonnée par ses parents à 20 ans, vit de ses charmes, du casino et
de toutes sortes d’idée. Deux enfants, ss doute de deux pères différents, déclarés sous des noms
italiens. Puis vient en France sur la Côte d’Azur. Enfance de bohême, mais sa mère le place autant
que possible ds des pensions réputées.

La mère finit par s’installer à Paris en 1899, dont Guillaume s’éloigne à deux reprises : ds les Ardèches
belges, petite ville de Stavelot, poèmes dont « Marie » ; puis un an en Allemagne comme précepteur
d’une petite fille avec une gouvernante anglaise, Annie Playden, dont il tombe, sans surprise,
amoureux.  toute une série de poèmes marqués par les légendes allemandes
Quand Annie rentre en Angleterre, s’installe à Landor Road, Apollinaire la voit à deux reprises, mais à
la deuxième s’entend annoncer qu’elle part pr l’Angleterre.  « La Chanson du mal-aimé »

Qd il revient en France, pr gagner sa vie, s’engage ds des banques, mais écrit ds des revues (« il lui
faut ce vivre double »)

En 1907, il rencontre Marie Laurencin, liaison jusqu’en 1912 : plusieurs poèmes traitent de la période
euphorique et de celle dysphorique de cette liaison.

S’amuse à publier des romans érotiques, rééditer Sade (sous pseudonyme bien sûr ^^) + publie la
liste de « l’Enfer » de la bibliothèque nationale.

Commence à être connu et à gagner de l’argent, et décide enfin de s’installer près de chez Marie
Laurencin ds la quartier d’Auteuil (jusque là, chez sa mère).

Pr thèse : modernité ne peut passer que par tradition.

L’Enchanteur pourrissant (roman) = Merlin : reste immortel malgré la dégradation de son corps 
métaphore du poète cherchant l’immortalité ; + thèmes de l’impossibilité de l’amour, de la tromperie

Apollinaire a le goût de la supercherie : écrit des rubriques féminines ds une revue, sous le
pseudonyme de Louise Lalanne ^^

Peut enfin arrêter son travail à la banque, et finalement vivre de sa plume. Publie ainsi Bestiaire ou le
cortège d’Orphée  animaux suivent Orphée après l’épisode de l’Enfer ? Mais succès mitigé.

1911 = aussi année de l’emprisonnement. Pourquoi ? Picasso et Apollinaire recèlent qqs statutettes
volées, dont au Louvre ^^ Pb : cette même année, c’est La Joconde qui est volée !  fureur de
l’opinion

Ap. et Pic. Veulent restituer ce qu’ils ont, mais Ap. est pris avant ^^

 Une semaine en détention ><’

La presse d’extrême-droite en profite bien évidemment pr se déchaîner, taxe Ap. de juif, l’accuse de
faire partie d’un gang international de voleurs d’art

cette xénophobie marque Ap. encore plus que la détention, et il veut dès lors obtenir la nationalité
française. Ce ne sera chose faite qu’à la veille de partir au front, + rupture ac Marie Laurencin 
année DM pr Ap. ^^

Rencontre Cendrars, qui admire Ap., tandis qu’Ap. reconnaît du talent à Cendrars. Mais rivaux,
s’accusent mutuellement de plagiat.

1913 avec les publications que l’on connaît, dont Alcools : pensait au départ au titre Eau de vie, mais
trop symboliste, décide finalement d’un titre plus synthétique et plus prosaïque. La justification du
titre se retrouve au début (« Zone ») et à la fin du recueil (« Vendémiaire »).

+ dernier changement qqs mois avant : décide d’enlever toute ponctuation, à l’époque où il
s’intéresse au futurisme, mouvement d’avant-garde surtout d’origine russe et italienne(Marinetti) 
plus de ponctuation = + vite ^^
S’engage en 1914, rencontre une autre femme importante : Louise de Colligny-Chatillon, qu’il
surnomme Lou. Femme émancipée, divorcée, fait de l’aviation. Correspondance.

Est blessé en 1916 (cf tableau de Chirico en 1914, prémonitoire ?)

Travaille par la suite pr le ministère de la guerre, rencontre d’autres femmes.

En 1917, conférence au Vœux Colombiers sur l’art nouveau. Pr lui, il faut que l’art surprenne ! Cette
même année, il crée le néologisme « surréalisme ». S’intéresse également au théâtre et écrit une
pièce délirante, Les Mamelles de Tirésisas : Thérèse devient Tirésias, qui force son mari à procréer
(1000 enfants…)…

A cette occasion, rappelons l’extrême érudition d’Apollinaire

Publie Calligrammes. A cette même époque, Pierre Reverdy fonde la revue Nord-Sud et demande à
Ap. d’y collaborer.

Epouse une « jolie rousse » le 2 mai 1918, meurt en novembre ^^

Ses funérailles passent assez inaperçues dans la liesse de l’armistice.

« Zone », poème liminaire :

Premier poème du recueil, dernier écrit : (publié en 1912 dans une revue sous le titre Le Cri) pas de
repères chronologiques !

Poème assez long, écrit en vers libre (ie avec tout de même présentation typographique de la
poésie).

Titre peut avoir deux sens :

- Zone en grec = « ceinture  rapport d’inclusion/exclusion, un entre-deux, entre deux villes ?

Premier vers : un alexandrin  le recueil de la modernité commence sur un vers traditionnel

Circularité : des berges de la Seine à Auteuil, du matin au matin

Un poème de l’entre-deux : entre Antiquité et modernité, entre le moi et le monde

Forme : pas de ponctuation, ainsi que l’avait décidé Apollinaire juste avant la publication

Vers libre, 3 monostiches au début, puis un tercet, puis un huitain, et enfin un dizain (nous nous
arrêterons au vers 24)

Au début, rimes suivies : mais les choses se dérèglent avec le christianisme !


« Christianisme »/ « Pie X »  assonance

De même pour « passe » / « sténographe » et « industrielle » / « Ternes »

Projet de lecture : partons de la double idée d’un poème du seuil, poème liminaire en deux sens :

- En tant que poème liminaire à la place inaugurale, on en attend l’annonce du thème, de


l’écriture, et la justification du titre
- Un poème de l’entre-deux

I)  début à « Port-Aviation » : les mondes anciens et le paradoxe de la modernité


II) Huitain de « Seul en Europe » à « mille titres divers » : les deux visages de la modernité =
la critiquable et celle qui enchante Apollinaire
III) Dernière strophe = « J’ai vu ce matin » à « l’avenue des Ternes » : hymne à la beauté de
la modernité

I) Vers 1 : alexandrin, c’est le début mais on commence par « A la fin »  un bilan


(compréhensible puisqu’il est le plus tardivement écrit)
Coupé de façon très régulière, en quatre = un tétramètre
Un appel au « tu » : lecteur, mais façon pr le poète de se dédoubler, conversation de soi
à soi
Un appel à congédier la tradition, mais par un vers traditionnel qu’est l’alexandrin
 La modernité ne pourra se fonder que sur la tradition

Vers 2 : vers libre, 6 + 10 syllabes


Passage du « monde ancien » à la « tour Eiffel » (à l’époque symbole de la modernité, évidemment).
Le monde moderne est sources de lyrisme : « ô » d’invocation + image bucolique de la « Bergère »
Pourquoi « bergère » ? Parce que sur les berges de la Seine ^^ Les ponts ont une forme de dos de
mouton  on file la métaphore

Vers 3 : fait écho au vers 1 (« Tu en as assez »). Monde ancien = « l’antiquité grecque et romaine » 
l’art, la culture, la religion ancienne

Tercet : tous des vers libres (15 syllabes). « Ici même » pr faire référence au lieu et à l’instant de
l’écriture = un déictique.
Autre emblème de la modernité : « les automobiles », mais déjà démodées (la modernité c’est « le
transitoire, le fugitif » dixit Baudelaire
Contre-rejet de « la religion », ouvre et ferme le vers  elle est là, c’est la culture. Pq est-elle
neuve ? Parce qu’elle continue d’émerveiller, de surprendre.
Comparaison : « religion » avec « Aviation »  continue à surprendre (plus tard ds le poème, on
rencontre les grands montés au ciel en avion)
II) Un huitain de vers libres oscillant entre 9 et 14 syllabes, mais se clôt par un alexandrin.
Reprise du vers 5, « ô » d’invocation pr « Christianisme »  rapprochement du
« Christianisme » et de la « tour Eiffel », de l’ancin et du moderne.
Pq Pie X est-il « l’Européen le plus moderne » ? Certes de l’ironie, mais a aussi béni une
course d’aviation ! (Rappel : rapport entre religion et aviation = désir d’élévation)
idée de la modernité comme l’accomplissement du passé
On revient au « tu » : double du je, comme si le poète se voyait. Idée = Christianisme
devenu pas bien ds le monde moderne  rupture
Mais l’homme aurait encore besoin de mystère, et passe de la religion aux panneaux
publicitaires.
Evocation de « les prospectus les catalogues les affiches » : énumération = effet
d’abondance + jeu de mot sur tout haut (dans l’espace et ds le chant)
Passage à une expression plus prosaïque : « il y a… »
Enfin, retour à la tradition avec un alexandrin.

III) Evoque une série de visions : « j’ai vu »


On passe du « tu » ancien au « je » : passage à la création, fait d’une rue banal qqc
d’étonnant et merveilleux par les mots, le rythme
Sait voir la beauté, même dans les aspects les plus prosaïques d’une rue parisienne
(Aragon fera de même, dans Le Paysan de Paris, 1926, en prose, esthétique du
surréalisme bien évidemment).
L’absence de ponctuation renforce l’animation de la rue, tout s’enchaîne.
Mouvement : « passent » + repères temporels
Bruits
Jeu sur « sirène » : d’usine, mais aussi réf mythologique (« gémit »
Jeu sur « clairon » : c’est le soleil qui est « clairon » (haha)
« Les plaques » « criaillent »  même les objets s’animent
Rue « industrielle », « Située à Paris entre… »  volonté de citer précisément, déictique
^^

Cl° : Ns étions partie de l’idée d’un poème seuil, de l’entre-deux. Se confirme pr 3


raisons :
- Bien deux visages de la modernité : l’éphémère, le transitoire, mais aussi le nouveau comme
accomplissement du passé
- Rapport entre « je » et le monde : une sorte de difficulté du moi à construire une identité
autonome (se retrouve ds suite du poème, et suite du recueil)
- L’écriture même : éléments passés tq l’alexandrin, la plupart des rimes, des motifs comme
l’élégie, la bergère, le haut… + des thèmes nouveaux (sirène d’usine…) et des rimes qui se
contentent d’être des assonances

Un poème qui lance bien les thèmes importants du texte.


« L’Esprit nouveau et les poètes », texte critique :

C’est à partir de cette conférence qu’il exprime ce qu’il appelle « l’esprit nouveau », qui fera son
esthétique.

Maître mot : « la surprise ».

Les inventeurs réalisent les fables antiques, les poètes modernes doivent en créer de nouvelles.
« poésie et création ne sont qu’une seule et même chose »  étymologie

Ne réserve pas le terme « poète » à un type d’écrivain : qualifie aussi Picasso, Newton de poètes

Essaie de liquider l’héritage des Parnassiens en cherchant le « vrai » (pas le réel ! C’est tout de
même lui qui a forgé le terme de « surréalisme », l’idée de surréel).

A l’époque, courant de rapprocher l’esprit scientifique et l’esprit scientifique  qqc de commun :

A l’époque, courant de rapprocher l’esprit scientifique et l’esprit scientifique  qqc de commun :


cherchent l’inconnu.

« Marie » (p.55)

S’agit de Marie Laurencin (liaison de 1907 à 1912)  poème de séparation


Mais on peut aussi y voir une réf biblique (quid du « livre ancien » ?)

Précédé par « Le Voyageur »  thème du souvenir, à partir du constat que tout est variable,
changeant tout passe

Suivi de « La Blanche Neige »  image d’un monde en fuite, de passage, de la dépossession

« Marie » est au croisement de ces deux poèmes : monde de passage, de fuite, donc d’aliénation,
comment le moi peut-il rester lui-même ? Comment les sentiments peuvent-ils rester ?

Cinq quintils. Les rimes semblent croisées, ds chaque strophe les vers 1 et 3 sont à la rime ; les
vers 2 et 4 aussi sauf ds la première, même histoire pour les 3 et 5. Peut-être ces irrégularités
vont-elles attirer notre attention sur ces régularités.

Octosyllabes sauf vers 4 de la deuxième strophe (vers 9 donc) = alexandrin organisé autour du
verbe « aimer ».

Irrégularités autour de « Marie » et « aimer » : anagramme ^^

Impossibilité d’aimer : M. L. qui s’en va, Vierge M. qui reste inaccessible.


I) Les deux premiers quintils liés par l’isotopie de la fête et de la musique, fête dansante où
la femme va progressivement s’effacer
II) Strophes 3 et 4 : le passage, la fuite ,l’incertitude
III) Dernier quintil : « je passais », plus ds le défilé, sorte de flânerie mélancolique

Projet : Reprise de thèmes traditionnels, qui s’inscrivent ds la tradition lyrique (au double sens,
musical et sentiments personnels) ; mais cherche à les subvertir : absence, on cherche à faire
disparaître la femme, et le poète semble jouir de sa mélancolie.

I) Première strophe commence par « Vous » et s’achève sur « Marie »  ss doute la même
femme.
Un lieu indéterminé (« y »)
Procédés qui la font disparaître : évoquée ds le passé ou le futur, mais pas ds le présent ;
désignation : « petite fille », « mère-grand » sans passer par la femme adulte
« mère-grand »  formule un peu archaïque + rappel d’un certain conte : mais où est le
loup ? Est-ce le poète ? La femme ?
« la maclotte » = une danse ardennaise (rappel de quand Apollinaire et son frère ont
séjourné ds les Ardennes belges)  sonorité avec « cloches »
Le seul verbe au présent ds cette strophe = « sautille », mais son sujet = « la maclotte »
(cette figure de style est un hypallage)
La cloche peut relier deux thèmes : la danse, mais aussi l’église  passage à la Marie
biblique, alliance du profane et du sacré
Rupture de construction : « Toutes les cloches sonneront (Quand) donc reviendrez-vous
Marie »  une anacoluthe, rendue possible par l’absence de ponctuation
Mais ce retour est de trop : le vers 5 ne trouve pas sa rime, femme associée au manque :
il lui manque qqc, ou bien elle engendre le manque

Deuxième quintil : fête un peu triste, un accent verlainien ^^


Allitérations harmonieuses
Femme toujours absente (« Les Masques », « silencieux »)
«la musique » qui « semble venir des cieux »  sacré
L’alexandrin : « aimer à peine » = avec retenue, mais aussi avec peine et souffrance. Le
temps semble long sans la femme, pr ça ça que le vers s’étire
On entremêle les pronoms personnels : « je », « vous », « mon mal »
« Mon mal est délicieux »  presqu’un oxymore, mais la souffrance amoureuse
engendre la création

II) Discontinuité (brebis, flocons, soldats)…


Mais les images s’enchaînent par certains thèmes : qqc de commun au niveau du
toucher, de la vision
Tout passe, et « que n’ai-je / Un cœur à moi… »  sentiments changeants
Les deux strophes sont liées.
Cheveux comparés à la mer (métaphore que l’on trouvait déjà chez Baudelaire), la mer
qui moutonne  unité
Pr Apollinaire, l’automne est sa « saison mentale ».
Les mains sont comparées à des feuilles, elles se dénouent et tombent + « jonchent » =
idée d’abandon

III) Effet de rupture : ds I) on avait « je » et « vous », ds II), « je » et « tu », ici, juste « je ».


« Je passais »  rappelle imparfait du début + les soldats passaient
« Un livre ancien »  la Bible ?
Ou bien Alcools, seuls à rester : « ancien » parce que garde vivants des souvenirs sur 15
ans.
Projection du paysage intérieur sur le paysage extérieur (le fleuve).

Cl° : Projet = des thèmes traditionnels mais subvertis. Et de fait, le texte s’apparente par
plusieurs aspects à une élégie : on déplore le passage du temps, le départ, s’y manifeste
un certain lyrisme (l’octosyllabe). Mais en même temps modernité et singularité :
juxtaposition ds le temps et de l’espace, un peu à la manière du cubisme (femme ds la
même strophe petite fille et mère-grand) ; également une certaine conception de
l’amour qui passe par l’effacement de la femme  s’agit d’aimer de loin : le désir doit
être maintenu mais non-réalisé afin d’aboutir à la création. Un écart victorieux à la fin.

Aussi effet de discontinu, zones d’ombre ds le poème : « y » ? qui sont derrière les
masques ? Qu’est le livre ?  Un discours non-figuratif, le poème crée sa propre vérité,
son propre monde (il est autotélique).

« Les Colchiques »

Quatrième poème d’Alcools, publié dans une revue en 1907, après la rupture définitive avec Anny …..
Paraît sous forme de sonnet !

C’est avec la publication du recueil en 1915 qu’Apollinaire modifie la taille des strophes (certains
alexandrins  deux hexasyllabes)

La fleur : choisie pr représenter la femme, thème habituel en poésie. Mais ici point de rose,
seulement des colchiques dont la couleur est associée aux cernes autour des yeux.

De plus, une fleur empoisonnée ! La Colchide est, dans la mythologie grecque, le pays de
l’empoisonneuse Médée (qui va aider Jason à récupérer la toison d’or, et tuer ses propres enfants).
Trois strophes qui correspondraient à un cadre et ses personnages

Trois strophes qui correspondent à trois cadres et leurs persos.

Première : vaches qui s’empoisonnent en mangeant une fleur, et poète qui meurt d’amour

Deuxième strophe : scène s’anime, des enfants arrivent et cueillent les fleurs  point culminant,
même l’idée de démence.

Les rimes : première strophe : lilas/fleur-là et automne/empoisonne(nt)  cette dernière revient,


une strophe fermée sur elle-même + bcp de nasales = son assez sourd

Projet : Comment, à partir de deux thèmes lyriques traditionnels, Apollinaire propose-t-il une version
originale à travers deux sonnets déconstruits ?

Poème précédé par « La Chanson du mal-aimé » et « Palais » dédié à Max Jacob : on voit la filiation
avec le précédent (musique) et avec le suivant lorsque « palais » se rapporte à la bouche.

Première strophe : Unité phonique.

Le poème s’ouvre sur la liaison de deux adjectifs semblant être antithétiques (« vénéneux mais
joli »)liaison de la mort et de la séduction (même alliance ds le dernier vers du poème).

Un décor bucolique se construit : les prés, les vaches, les fleurs… Son [en] quatre fois : « y
paissant/Lentement s’empoisonnent)

C’est alors que, par le biais d’images, va être introduite la femme. Le colchique  femme désignée
par un nom masculin, alors que le poète le serait par un nom féminin. Aller-retour ds l’image entre la
fleur et les yeux (à cette occasion, reprise de « fleur » et « fleurit » = un polyptote).

Répétitions et circularité : « cernes », « automne », « s’empoisonne(nt) ».

Le couple est introduit par des possessifs (« tes yeux » comparés au colchiques, « ma vie
s’empoisonne »  comme les vaches ^^)

Deuxième strophe : Allitération en [k]. Pleins d’enjambements pr une lecture dynamique et continue.
« hoquetons » = vêtement de grosse laine, sans aucun doute choisi par Apollinaire pr ses sonorités.
Montée du rythme jusqu’à « dément ». Enfants cueillent colchiques, puis ns n’en entendons plus
parler. Colchiques = Colchide, infanticide ?

« Filles de leurs filles »  absurde, mais pas d’homme ds les générations ! « tes paupières/Qui
battent comme les fleurs battent au vent dément »  violence
Mais retombée avec troisième strophe + « dément » ds sens de démentir ?

Troisième strophe : Le gardien du troupeau qui chante = image du poète ? Dédoublement : poète
s’empoisonne à l’amour, mais également capable de le tenir à distance grâce à sa poésie : pr
échapper à la souffrance amoureuse, il faut la chanter.

Concl° : thèmes traditionnels = femme-fleur, automne (« saison mentale » d’Apollinaire), mais


originalité : travestissement du sonnet, circularité constante, travestissement de l’homme et de la
femme. Au-delà de cette originalité, une certaine représentation de l’activité poétique = « chanter
doucement », en mineur, presque accent verlainien.

Question de synthèse : l’identité dans Alcools : Une poétique originale de la quête d’identité

1) Constitution de l’imaginaire : fêlure identitaire

Ce qui va constituer l’imaginaire = biographie évidemment, mais surtout sa transfiguration. Ce qui va


marquer Apollinaire = l’abandon du père  emprise de la figure féminine + doute sur l’identité. Va
étendre ce sentiment d’abandon à sa vie amoureuse (même s’il provoque les ruptures ^^), et au
monde occidental (qui serait privé de mythe par l’abandon de la religion, de Dieu le Père) (Apollinaire
est agnostique : pas complètement athée, s’intéresse aux croyances). Cf fin de « Zone » : « Adieu
Adieu / Soleil cou coupé »  homme sans dieu comme corps sans tête. Egalement dans « La
chanson du mal-aimé »  « Beaucoup de ces dieux ont péri / etc… » (p. 21).

Echecs de ses relations amoureuses : ac Anny Pleden puis Marie Laurencin  hantise de la perte

un recueil qui dit le manque, l’absence d’une figure essentielle = le père, Dieu, la femme…

+ bcp d’images de portes fermées : « Le Voyageur » s’ouvre par « Ouvrez-moi cette porte où je
frappe en pleurant » (p. 52)

+ arbres sur le point d’être dépouillés : « Automne malade » (p.132)

Qst° de l’identité : absence du père + ravivée par l’incarcération. Dans un texte antérieur, s’était
désigné comme un « bâtard métèque ». Dernière strophe de « Marizibill » (p.51)
2) L’inadéquation comme souffrance
a) Inadéquation entre le moi et le temps

Pr Apollinaire, le temps ns rend dissemblables : la vie est un deuil de soi-même. Le seul lien qui ns
unit ac notre passé = le souvenir. L’identité ne peut dc se dire que sur un ton mélancolique et
élégiaque (cf « Le Pont Mirabeau » p.15).

Emploi des temps verbaux : passé composé, passé simple davantage détaché, mais aussi futur
(« Quand reviendrez-vous Marie ? ») + usage des pronoms : « je » et « tu »  dédoublement,
déliaison qui permet la forme dialoguée. L’identité fêlée, incertaine est dite ac des figures qui
incarnent cette incertitude : marginaux…

Mais Apollinaire revendique aussi cette étrangeté : intègre des formes peu courantes ds ses poèmes
tels que les affiches publicitaires, les catalogues

b) Inadéquation entre l’être et le paraître

Pr Apollinaire, l’apparence est souvent trompeuse, il faut rassembler plusieurs apparences pr


montrer la réalité d’un être (cf peinture cubiste qui rassemble face, profil…). Phrase du peintre
symboliste Gustave Moreau : « Je ne crois qu’à ce que je ne vois pas, et uniquement à ce que je
sens ».

Ex : poème « Les Fiançailles » p.119  ce que perçoivent les sens, mais qui souvent est trompeur.
« A la fin les mensonges ne me font plus peur » + p.122 « Incertitude oiseau feint peint quand vous
tombiez » + ds « La Chanson du mal aimé » : ds une demi-brume, les sentiments changent.

c) Entre l’homme et la femme

L’écoulement du temps ns rend infidèles à nous-mêmes, et par là infidèles aux sentiments pr l’autre.
« La femme qui s’éloigne »  au présent, comme une vérité générale : « le mal aimé » devient
universel.
Ainsi, parallèle entre l’écoulement du temps rendu par l’écoulement de l’eau et l’infidélité de la
femme  images aquatiques de la femme. Ex : p. 101 ds « Les Rhénanes », image de la Loreley
Egalement dans « Automne malade » p.132 : les « nixes » = des nymphes des eaux ds la mythologie
germanique, également l’image de la sirène qui par son chant, amène les hommes à la mort.

Image de Louis II de Bavière : eau qui noie.

Mais également eau qui peut sauver, eau fermentée par la poésie qui devient Alcools

Egalement image de femme inaccessible : colombe, pureté, île…


Ou bien inacceptable : souillée, prostituée…  amour devient une « maladie honteuse »
Une discordance marquée stylistiquement : très peu d‘alternance rime masculine/rime
féminine + vers isolés

3) Le thème du morcellement

p. 89-90 « Le Brasier » : jette des mains, des têtes… Le sujet est sans tête ie privé d’unité, de
conscience de soi. + p.62 « Salomé » + p.__ « … Road »  le tailleur coupe des têtes de mannequins,
Apollinaire n’a-t-il pas perdu la sienne en y venant ? + p. 35 « Palais »  accrocher sa tête au porte
manteau.

+ démembrement ds les « Rhénanes d’automnes » p.105

+ « Cortège » où il s’attend lui-même et se voit apporter morceau par morceau (Cortège – Corps, t’ai-
je ?)

Note : les pointillistes (peinture). Seurat, Signac : tableaux composés de multiples points

Le morcellement sur le plan formel, l’esthétique de la déliaison, au lvl du recueil, au lvl du poème, sur
la page même, au lvl des images

Recueil commence et finit par l’ivresse, sur les promesses de l’avenir, avec passage au milieu ds le
brasier = image du phénix, renaissance. Mais impression de morcellement au lvl du recueil.

Egalement déliaison au lvl du poème : ex des « Colchiques » = irrégularités voulues, mais moins
création d’une forme nouvelle que détournement d’une forme ancienne.

« Chantre » : poème-monostiche : « cordeau »  idée d’un fil + cor d’eau (« trompettes marines ^^)
+ corde/eau, pr un vers qui n’est lié à rien
Au lvl des images : souvent, ds un même poème, on voit des images qui paraissent sans aucun lien,
de même pr les tons (cf « La Réponse des cosaques… »)

Lien ac le futurisme (Manifeste du futurisme par l’Italien Marinetti publié en 1912/1913) : il faut
montrer le changement  plus de ponctuation, éclat graphique sur la page

Précurseur du surréalisme : cf p. 116 et ses images hétéroclites

Conclusion : La quête de l’identité est présente ds ne nbx recueils, mais l’est ici de manière originale.
Il s’agit de reconstruire le poète : une poésie comme la tour de Babel, qui parlerait toutes les langues
(cf poème « Hôtel » p.133)

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