Hommage À Nicole 2

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Mesdames, messieurs, chers amis, chers camarades


Ce mot très personnel c’est Nicolas le mari de Nicole qui l’a rédigé
avec l’accord de ses enfants et il me demande de vous le lire :
« Chère famille, chers amis, chers camarades, j’ai prononcé dans ma
vie des centaines d’hommages mais celui-là, pour moi le plus mérité,
je n’y arriverai pas. C’est donc à Roger Rio que mes enfants ont
décidé de confier cette difficile tâche.
Nicole appréciait beaucoup Roger, elle qui, aimait notre ville d’Elne et
notre terre catalane jusqu’à en souhaiter une plus grande
indépendance, adorait pourtant les bons anniversaires qu’il ne
manquait pas de lui souhaiter chaque année en breton.
Celles et ceux d’entre vous qui connaissiez Nicole et n’êtes là que
pour elle aujourd’hui, me pardonneront un hommage certainement
en dessous de la belle personne qu’elle était.
Les autres qui me connaissent et ne la connaissait pas ou peu,
doivent savoir que je n’aurais jamais pu assumer mes engagements
sans elle, sans son dévouement, son soutien, sa capacité à admettre
des choses parfois difficiles à accepter, comme les absences, les
vacances tronquées, les réunions de familles auxquelles elle tenait
tant où je faisais défaut mais aussi les rumeurs infâmes sur notre vie
privée.
Pourtant ne croyez pas, malgré les bons repas et les petits déjeuner
toujours préparés et parfois servis au lit (ce qui énervait toutes les
femmes de notre entourage), que Nicole était une femme soumise.
Elle n’était pas non plus insoumise (faut pas déconner), c’était une
syndicaliste, une communiste encartée, antiraciste, solidaire,
altruiste, qui, dès l’âge de 15 ans, s’était forgée une conscience de
classe en travaillant à la coopérative ouvrière de la commune, puis
manutentionnaire dans l’expédition de fruits et légumes et enfin
dans la grande distribution où parfois les conditions de travail sont
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très dures. Pour elle l’exemplarité au travail et la légitime exigence de


justice sociale allaient de pair même si elle savait faire la part des
choses en respectant les personnes, comme ce fut le cas pour son
dernier patron a qui elle menait la vie dure tout en l’appréciant et en
le respectant.
Je me souviens de sa lutte pour défendre les conditions de travail des
saisonniers dans son supermarché au cours de laquelle, avec le
journaliste Luc Bazizin, elle avait piégé un de ses anciens patrons en
direct sur le journal de 20H de France2.
Je passe sur les ventes de muguet du parti au premier mai, les fêtes
du Travailleur Catalan où elle avait été un des piliers du stand d’Elne
avant de s’effacer pour le militantisme de son mari, comme c’est
malheureusement le cas pour beaucoup trop de femmes.
Nicole, toujours debout la première, souvent couchée la dernière, tu
étais dans notre foyer comme un poisson dans l’eau, aux petits soins
de tous, tantôt distributeurs de claques qui ne faisaient pas mal,
tantôt bricoleuse hors pair façon Mac Gyver, tantôt reine du gadget
qui ne fonctionne jamais. Et que dire de tes petits plats exceptionnels
tyramisus, fideua, lasagnes, calmars farcis et autres veau en sauce
avec les pates en tortillos…
Tu étais surtout une compagne, une maman, une grand-mère, une
sœur et belle-sœur, certes dotée d’un fort caractère mais attentive et
à l’écoute, la première à souhaiter les anniversaires, à prendre des
nouvelles. Une femme simple, sans fioriture, brute de décoffrage
mais disponible pour les siens et les autres.
Tu aimais par-dessus tout, les vacances avec mes frères et sœurs, les
périples en famille souvent en péniche sur le canal du midi, que nous
programmions tous les deux ans, de ces bons moments au fond je
sais que ce que tu préférais c’était d’être ensemble, les fous rires, les
chansons de Renaud reprises en cœur.
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Il y a 15 jours encore tu avais voulu participer au repas d’anniversaire


de l’une de mes sœurs à Alénya et pourtant nous savions tous que
grimper dans une voiture était devenu pour toi un enfer.
Tu rêvais d’une retraite qui nous permettrait d’aller plus souvent à
Montbrio Del Baix Camp, ce village catalan que tu as immédiatement
adoré, celui où ma mère a vu le jour, où les cousins t’ont adopté et
où tu allais même sans moi avec notre fille Sarah et tes petits
enfants.
Nous nous sommes mis ensemble, comme on dit, en septembre 1980
et mariés le 25 mars 1983, tu m’as donné un fils Mickael, Coralie et
Sarah sont ensuite venues cimenter le couple que nous formions.
Une deuxième maman pour beaucoup de copines et copains de nos
gosses comme jean Vincent, Christophe ton neveu, Madjouba, Aissa,
Floriant, Amin et tant d’autres qui sont venus nous soutenir en ces
jours difficiles.
Tu as été, n’en parlons pas, la Yaya, la mamie, de Lylou, Alicia, Lou-
Ann, Ethan et Nicolas avec lequel tu avais une relation fusionnelle
indescriptible.
Au-delà de la mère et de la grand-mère exemplaire, je veux dire
merci à la compagne compréhensive, aimante, amante aussi, que tu
as su être.
Merci pour les bonbons que tu m’amenais au collège dès la 6ème .
Merci pour nos premiers baisers à 15 ans, pour cette traversée de 47
piges avec tous les ingrédients négatifs et positifs d’une aventure
amoureuse qui a duré 47 années. Physiquement, elle s’arrête
aujourd’hui mais elle fût belle, tumultueuse, avec ses hauts et ses bas
ses ruptures, ses coups de canifs au contrat, mais aussi ses moments
de folie, de bonheur, de joie qui furent l’essentiel. Une vie qui ne me
laisse aucun regret sinon celui de ton départ.
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Merci pour cette incroyable force face à la maladie que tu as


combattue debout durant 14 ans et contre laquelle tu as remporté
quelques batailles avec ce courage inouï qui te caractérisait pour
tenter de faire triompher la vie, sans rien lâcher, sans peur, sans
plainte, sans faire porter de poids aux autres, comme tu l’as toujours
fait. Tu avais tout juste exprimé la tristesse de couper tes beaux et
long cheveux tressés dont tu étais si fière et que j’adorais.
Merci pour tout l’amour, l’affection, dont tu as enivré ta famille, tes
enfants, tes petits enfants et aussi tous nos amis.
Merci enfin pour cette formidable leçon de vie montrant que toutes
les luttes sont bonnes à mener pour gagner des temps de bonheur
même si forcément cela génèrent aussi des moments de souffrances.
Oui tu nous as prouvé que la lutte est aussi une raison de vivre.
Jamais combat mené n’aura pour moi autant mérité le poème de
Victor Hugo « Ceux qui vivent sont ceux qui luttent »
Merci pour ton talent à unir tes proches faisant de toi un pilier que
nous pensions indestructible alors que je n’étais que le public relation
de la famille.
Avec les enfants, avec Yoyo, Sylvie, avec la famille, nous avons tout
fait pour te soigner, pour soulager ta peine, pour être présent à tes
côtés, tu ne t’aies plaint que de n’être un poids pour nous et nous
étions avec toi quand tu es partie.
Je suis sûr que tu navigues déjà sur une péniche, ton moyen de
transport favori, en pensant à ce dernier voyage que tu voulais faire
avec tes beaux-frères et belles sœurs. Ils ont eu la patience
d’attendre ta guérison tellement tu avais, par ta force, rendu crédible
ta victoire dans ce dernier combat. Malheureusement nous ne
sommes pas à bord de ce bateau qui t’emmène vers un cosmos où tu
vas vite retrouver plein de personnes que nous avons aimées :
ta mère Francine, ta sœur Noëlle, ta girmane Edmonde dont le décès
t’avait tellement affecté. Tu verras Nounouche avec laquelle vous me
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casserez du sucre sur le dos, mon père aussi avec lequel vous
évoquerez surement les étincelles que vos deux caractères trempés
pouvaient générer en même temps que les énormes preuves
d’amour que vous étiez capables de dispenser l’un et l’autre.
Nicole tu dois râler contre nous, contre moi et je pense que tu vas
m’attendre de pied ferme car nous n’avons rien respecté ou presque
de tes dernières volontés.
Pardon pour ces obsèques publiques dont tu ne voulais pas ; pour ce
trop long hommage duquel tu aurais dit comme pour tous mes
discours « tu es trop long, tu soules les gens !!! » en assenant à nos
filles « il me fait chier votre père ».
Désolé Nicole mais on ne pouvait pas te laisser partir sans dire la
femme que tu étais à ceux qui sont là.
Tu as tellement vécu dans l’ombre que tu méritais cette petite
lumière et qu’il me soit pardonné cette dernière citation extraite d’un
poème amérindien qui m’a été envoyé par un être que tu appréciais.
« Quand je ne serai plus là, lâchez-moi ! Laissez-moi partir !
Ne pleurez pas en pensant à moi !
Soyez reconnaissants pour les belles années pendant lesquelles je
vous ai donné mon Amour !
Vous ne pouvez que deviner le bonheur que vous m’avez apporté !
Je vous remercie pour l’amour que chacun m’a démontré !
Pendant un court moment vous pouvez avoir de la peine, mais laissez
les souvenirs apaiser votre douleur, vous apporter réconfort et
consolation.
Je ne suis pas loin et la vie continue !
Si vous en avez besoin, appelez-moi et je viendrai !
Même si vous ne pouvez me voir ou me toucher, je serai là, et si vous
écoutez votre Cœur, vous sentirez clairement la douceur de l’amour
que j’apporterai !
Quand il sera temps pour vous de partir, Je serai là pour vous
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accueillir.
N’allez pas sur ma tombe pour pleurer !
Je ne suis pas là, je ne dors pas !
Je suis les mille vents qui soufflent,
Je suis le scintillement des cristaux de neige,
Je suis la Lumière qui traverse les champs de blé,
Je suis la douce pluie d’automne,
Je suis l’éveil des oiseaux dans le calme du matin,
Je suis l’étoile qui brille dans la nuit !
N’allez pas sur ma tombe pour pleurer
Je ne suis pas là, je ne suis pas morte. »
Adieu Nicole, bravo encore pour ton magnifique combat, repose en
paix, tu l’as bien mérité, et comme l’a écrit Victor Hugo « Tu n’es
plus là où tu étais mais tu seras toujours partout où nous serons ! »

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