Templarium

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Elixir extrait de la p har macopée

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 4-5 Histoire 6-11 COMMANDERIE

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GHOu2UGUHGX7HPSOH Jean-Luc Alias
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12-15 TEMPLI 16-17 CHRONIQUE

DOMORUM CITRA D’UN PERSONNAGE
FRANCIA
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18-21 ORDRE DE 22-23 ORDRE

CHEVALERIE RELIGIEUX

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GH-ÌUXVDOHP Guy Tarade
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24-27 CHEVALERIE 28-29 RECONSTITU-

MYSTIQUE TION HISTORIQUE

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30 INTERNET 34 COIN DES ARCHIVES 35 ANNONCES

 Apparus à l’é l’époque de la féodalité, les Ordres de Che-
m
valerie, au sens moderne du terme, sont devenus des socié-
tés honorifiques dont les le membres sont des aristocrates ou per-
sonnes distinguées par une nnation, un chef d’État en raison de services
rendus ou d’évènements quelconquesq ! Ainsi certains des Ordres
créés au Moyen-Âge sub subsistent encore aujourd’hui, notamment
l’Ordre de la Jarretière en Grande-Bretagne celui de l’Éléphant au
Danemark ou encore l’Ord l’Ordre de la Toison d’Or en Espagne
Alors que ces Ordres m modernes se servent des symboles et de la
nomenclature des OrdreOrdres féodaux en n’ayant qu’une fonction pu-
rement honorifique, il existe en revanche un petit nombre
d’hommes résolus à « êêtre » et qui constituent la « chevalerie er-
rante ». Ceux-ci ne délivrent
dél pas de belles « Vierges » dans les
châteaux car leur Aristo
Aristocratie est celle de l’Esprit Ne nous y trom-
pons pas ! Il s’agit d erra errance rigoureusement organisée, dans une
recherche susceptible d’enga
d’engager toute une vie et soumise à des règles
p
pr écises dont la principale
précises princip est fort justement la nécessité de ne
galva
rien galvauder et dévoiler.
Directeur de publication: Nou avons repris dans l’esprit de ces « libres
Nous
Lionel Clergeaud
» la revue Templarium, existant depuis déjà
troi
trois ans sous la forme d’un bulletin associa-
Rédacteur en chef:
tif. Cette publication s’intéresse particulière-
Jean-Luc Alias
ment à l’étude des Templiers, mais vous y
men
Maquette trouverez
trouver aussi des articles détaillés et inédits sur
Jean-Luc Alias et Lionel Clergeaud les commanderies de l’Ordr dre et des Templiers hors de France, des re-
l’Ordre
cherch
c es sur le symbolisme, le bestiaire,
cherches best la retranscription des archives, des
Photographies anecdotes et de nombreuses illustra illustrations. Des rubriques relatives à d’autres
Jean-Luc Alias sauf mention contraire Ordres de chevalerie, de moines combattants et mendiants y seront également
traitées.
Photogravure Notre objectif est de traiter les sujets avec souplesse de façon à être lus par un
Maxi Prim’ à Pertuis plus grand nombre, et ce, sans tomber dans la monotonie des archives poussié-
reuses. Nous avons donc décidé de rendre les articles un peu moins « ascé-
Abonnements, rédaction, publicité tiques » tout en conservant les mêmes exigences au niveau de leur qualité. La
Templarium - Sarl DAEG culture n’est pas un luxe, c’est une nécessité, une chose qui vous arrive. Vous
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TEMPLARIM est une revue trimestrielle Histoire dont les racines plongent au plus profond de chacun d’entre nous.
publiée par la Sarl DAEG © En fouillant dans le passé, nous devrions apprendre à mieux vivre le présent et
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Commission Paritaire : en cours Accompagnez-nous dans ce fabuleux voyage au temps de la Chevalerie et de
ISSN en cours l’Ordre du Temple et espérons longtemps « chevaucher » de concert.
Dépôt légal à parution Le Moyen-Âge n’est-il pas un monde merveilleux, une fantastique épopée, qui
répond sûrement a la demande croissante d’évasion de nos contemporains,
Reproduction interdite d’un retour indispensable aux sources, voire vital et plus encore à notre besoin
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tous droits réservés Les peuples ne doivent jamais désespérer. Aucune société n’est irrémédiable
La direction n’est pas responsable des ar-
aucun Moyen-Age n’est définitif. « Si épaisse que soit la nuit, on aperçoit tou-
ticles qui n’engagent que leurs auteurs
jours une lumière », disait Victor Hugo.

3
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Ou2UGUHGX7HPSOH 
Après la conquête de la ville rent des châteaux, comman- n-
sainte de Jérusalem par les deries et postes défensifs par-
r-
armées chrétiennes, il ne res- tout en Europe et Terre re
ta que trois cents chevaliers Sainte. Ils devinrent une force
ce
et quelque mille piétons. Ce de combat considérable ett
fut insuffisant pour protéger disciplinée pendant les croi-
les conquêtes chrétiennes des sades. Hormis leurs posses-
contre-attaques musulmanes sions terrestres, ils furent nt
qui commençaient à s’organi- équipés de leur propre flotte te
ser. En 1119 un vassal fran- composée de galères, les plus us
çais nommé Hugues de rapides du moment. Ma--
Payen établit un Ordre de jorque en Espagne fut leurr
moines avec André de puissant lieu naval, emplace- e- richesse en-
Montbard, Geoffroi de ment stratégique contrôlant la gendrèrent une certaine arro-
arro
Saint-Omer, Payen de Mer Méditerranée. En gance chez les Chevaliers.
Montdidier, Archambaud quelques décennies, l'Ordre Mais le denier bastion chré-
de Saint-Amand, Geoffroi eut des intérêts dans toutes tien en Terre Sainte, Saint-
Bisol, Gondemare, Rosal les activités commerciales eu- Jean d’Acre, tomba entre les
et Geoffroi. Leur objectif fut ropéennes. mains de Saladin ; les Tem-
la protection des pèlerins se Les Templiers développèrent pliers partirent à Chypre.
rendant vers la Terre Sainte. un système de communica- L’Ordre du Temple conçu
Une fois que ces hommes re- tion codé, l’employant pour pour les nécessités des Croi-
çurent la reconnaissance offi- utiliser les nouvelles connais- sés commit l’erreur de leur
cielle du Pape en 1128, le re- sances et découvertes techno- survivre. Moins de guerres,
crutement dans l'Ordre ac- logiques. Excellents régis- les Templiers développèrent
crut considérablement. Des seurs, ils mirent en oeuvre les essentiellement leur nouvelle
hommes de nobles familles dernières avances architectu- activité dans les finances en
résidant partout en Europe rales en les employant dans la essayant d’établir un royaume
se joignirent à l’Ordre. Ces construction de leurs châ- avec leurs propres posses-
« Pauvres chevaliers du teaux, forteresses militaires et sions ; la France fut leur pre-
Christ » proclamèrent les cathédrales. mier choix. Paradoxalement,
trois vœux monastiques de Les Chevaliers du Temple fu- cette fortune causera leur
chasteté, obéissance et pau- rent des experts en finance, ruine.
vreté. octroyant non seulement des Le roi de France, Philippe IV
Leur succès fut incontestable prêts aux marchands et pro- le Bel, organisa leur anéantis-
et ces moines guerriers de- priétaires fonciers, mais aussi sement avant qu'ils n'eussent
vinrent des experts dans l'art aux rois. Ce furent les précur- établis un État dans son
de la guerre. Connus plus seurs des établissements de Royaume. Sa raison ? Il fut
tard sous le nom de crédit avec la fameuse lettre lourdement endetté par les
« Chevaliers de l'Ordre du de change. banquiers du Temple. De
Temple » ou « Templiers », Selon certains chroniqueurs surcroît, on lui avait refusé
ils acquirent ou construisi- de l’époque, la puissance et la son entrée dans l'Ordre lors-
4 TEMPLARIUM
qu’il était un jeune homme. ment ! Roi Philippe ! Avant bateaux et Trésor des Tem-
Les secrets de l’Ordre et ses un an, je vous cite à paraître pliers, et aux chevaliers éva-
tendances occultes facilitè- au tribunal de Dieu pour y dés ? On prétend que cer-
rent l’initiative de Philippe recevoir votre juste châti- tains s’enfuirent en Écosse.
dans son projet d’arrestation ment ! Maudits ! Maudits ! Dans ce pays, Robert Bruce
des Templiers. Il se rappro- Tous maudits jusqu'à la trei- utilisa l'argent et les guerriers
cha de certains chevaliers zième génération de vos fugitifs pour une bonne
corrompus (Séguin de races! ». La malédiction du cause : la suppression
Floyran), qui avaient été ex- Grand Maître s'avéra exacte : d'Édouard I. D'autres Tem-
pulsés de l'Ordre, en leur Clément V meurt le 20 avril pliers furent dispersés à tra-
proposant d’accuser leurs 1314 d'étouffement ; Phi- vers l'Europe, fondant des
frères d'hérésie. Parmi les lippe le Bel décéda dans la bandes de mercenaires
principales accusations nuit du 26 au 27 novembre (Roger de Flore). Vénitiens,
contre l'Ordre, certaines fu- 1314 d'und un ictus céré- côte Atlantique du Nord, his his-
rent relatives à l’adoration du bral ; ses trois fils trésors,
toires d’importants trésors
« Baphomet », représentation mourront dans les 12 ce sont des arguments pour
d’une idole dans l’initiation années qui suivirent, chroniques sans preuve !
obscène, et à l’affiliation se- sans laisser de descen- Mais rien n’a été trouvé.
crète avec le culte des infi- dance mas- culine, À partir d’un petit groupe de
dèles, les « Assassins ». mettant ainsi fin à neuf jusqu’à une énorme fra fra-
Le Vendredi 13 octobre la lignée des Capé- ternité de combattants d'élite,
d'élite
1307, le Grand Maître de tiens directs. financiers,
constructeurs et financiers
l'Ordre des Chevaliers du C u - ces moines guerriers restent
resten
Temple, Jacques de Molay, et la substance fondamentale
un grand nombre de ses im- des légendes roman roman-
portants chevaliers, furent ar- tiques et mys-
mys
rêtés. Partout en France, des tiques
milliers d'autres Templiers
furent emprisonnés aussi le
même jour. Pendant leur dé-
tention, Jacques de Molay et
ses chevaliers furent torturés.
Après sept années d’instruc-
tion menée par les inquisi-
teurs, le 14 mars 1314, le
Grand Maître fut immolé
avec Geoffroi de Charney, rieusement, lors-
précepteur de Normandie, que les cheva-
Hugues de Payraud, visiteur liers de Philippe
général de l'Ordre, et Geof- cherchèrent le tré-
froy de Gonneville, com- sor des Templiers,
mandeur d'Aquitaine, sur l'île ils constatèrent un
aux Juifs, en face du Palais de vide. L’énorme ri-
la Cité. Mais quelques mi- chesse des Tem-
nutes auparavant, un ana- pliers avait dis-
thème fut jeté sur les autori- paru, avec la
tés ; Jacques de Molay pro- plupart de
phétisa la mort de Philippe le leur flotte.
Bel et Clément V «Pape Clé- Qu’est-il arrivé aux

5
 5 RDL[HW9LOOHGLHX 
Par Jean-Luc Alias
as

avec le consentement des cha-

noines parmi lesquels se trouvait
Rostaing, abbé de Saint-Thiers
de Saou. Dans cet acte, figurait
également la donation faite par
Pierre Rostaing d’une terre située
près de la condamine ainsi
qu’une autre cédée par Pierre
Guillaume. Le même jour, Raim-
baud de Vaison, sa femme et ses
enfants, dame Gotulde et ses en-
fants, Raymond Arta Nova et ses
enfants donnèrent en franc-alleu
leurs possessions à Roaix, « à
Dieu et à la Milice du Temple de
Salomon entre les mains d’Ar-
Chapelle de Notre Dame des diocèse et ses droits. Pour solu- naud de Bedos, chevalier et bailli
Crottes tionner tous ses problèmes et as- de ladite milice », sans rien rete-
surer sa protection, le prélat envi- nir pour eux en bois, eaux, terres,
Parmi les villages du pays vo- sage alors l’installation des Tem- prés et pacages. L’ensemble de
conce riches en surprise, se pliers dans son diocèse. Ainsi, il cette propriété était situé entre la
trouve Roaix, petit village vauclu- s’empressa peut-être aussi avec voie publique et la limite du châ-
sien plein de caractère accroché complaisance, de faire appel au teau de Buisson. Guillaume de
au flanc d'une colline. Cette char- chevalier du Temple, Arnaud de Saint-Véran octroya aux Tem-
mante commune réputée pour la Bedos, de venir s’installer avec pliers tout ce qu’il possédait dans
qualité de son vin, doit son ori- son Ordre à Roaix et à Vaison. le territoire. Bérenger, évêque de
gine à une commanderie des L’évêque lui certifia qu’il pouvait Vaison-la-Romaine, libéra les
Templiers. bâtir une commanderie du Templiers de tous les droits en
L’histoire remonte au XIIe siècle Temple à l’endroit même où le accord avec ses chanoines et ses
lorsque les Templiers s’y installè- moine-soldat le souhaiterait. clercs. Il leur concéda le droit de
rent en bâtissant une commande- Soupçonneux des évêques qu’il bâtir une église, un cimetière, de
rie dont il existe un cartulaire pu- méprisait probablement, Arnaud recueillir des offrandes et perce-
blié laconiquement et en latin par de Bedos préféra un endroit situé voir des droits ecclésiastiques.
U. Chevalier en 1875. hors du village de Roaix, en direc- L’évêque encouragea les dona-
La création de cette commande- tion de Vaison. Encaissé entre tions et, le 8 novembre 1138,
rie reste assez énigmatique lors- deux mamelons, le terrain choisi Rostaing Milon, son fils et ses
que l’on rapproche les textes et était un ancien cimetière celte héritiers donnèrent à perpétuité
certains commentaires, malgré sa (Voconce) que traversait une pe- tout ce qu’ils possédaient sur le
filiation directe avec Riche- tite rivière nommée aujourd’hui territoire de Roaix aux frères de
renches dont elle était la pre- « la Négresse ». Ce site en forme la Milice du Temple d’Arnaud de
mière fille. de cuvette ne présente d’ailleurs Bedos. Ce fut donc peu de temps
L’histoire comme ainsi… aucun intérêt sur le plan militaire. après la fondation de Riche-
L’évêque Bérenger de Mornas, Selon le cartulaire de Roaix, le 26 renches que les Templiers s’ins-
35ème évêque de Vaison était en février 1137, le prélat concéda la tallèrent et fondèrent une com-
conflit avec un redoutable enne- condamine qu’avait en tenure manderie à Roaix avec sa maison
mi, le fougueux Raimond V Pierre Jean, aux frères de la milice régulière et sa chapelle, non loin
Comte de Toulouse, qui n’arrê- du Temple de Jérusalem d’Ar- des moulins de l’Ouvèze. Cette
tait pas de lui revendiquer son naud de Bedos, « maître et baile », maison fut pratiquement achevée
6 TEMPLARIUM
le 3 juin 1141, et placée sous le Après la donation de Rostaing, il mois, un chapelain régulier se
vocable de Notre-Dame Marie s’ensuivit celles de seigneurs co- fixa à Roaix.
des Grottes, probablement à alleutiers tels que Raymond et Les Templiers disposaient d’une
cause de plusieurs grottes creu- Hugues Rogier, le 14 octobre deuxième maison à Roaix, sans
sées par les Voconces dans les 1138. Ces actes furent signés à doute une grange, située près de
collines avoisinantes. Richerenches, et dans le même la rivière aux Granges Hautes.
7
Le 10 juin 1147, l’évêque de Vai- rés de Richerenches. La reconsti- qu’une infime partie. Durant le
son donna une île située devant tution du domaine des deux XIVe siècle, la plus grande partie
Saint-Véran, sur l’Ouvèze, au commanderies fut de la sorte : de l’ancienne commanderie de
premier commandeur Geoffroy Roaix disposait des biens sur la Roaix fut réunie à la chambre
rive gauche de l’Aygues tandis apostolique, sous le pape Jean
que Richerenches avait ceux de XXII.
la rive droite. Ainsi, la comman- Ses bâtiments n’ont pu échapper
derie de la rive gauche avait pour à l’outrage des siècles et il ne
dépendances les possessions éta- reste que la chapelle. Ce petit
blies à Vaison, Séguret, Rasteau, édifice religieux, semblable aux
Cairanne, Saint-Roman de Mala- chapelles classiques rurales du
garde, prolongement du domaine XIIe siècle, possède une nef rec-
direct de Roaix, tandis que tangulaire. Bien que son aspect
quelques tenures à Violès, Gi- extérieur soit modeste, elle pos-
gondas et Travaillan. sède une élévation intérieure-
Marques de tâcherons sur l’ab- Ceci étant, la maison de Roaix ment importante, typique des
side de Notre Dame des Crottes eut constamment ses propres églises templières. Formant un
commandeurs, ou des sous- cul-de-four, son abside en demi-
de Saint-Saturnin « frère et mi- commandeurs, car elle relevait cercle a été restaurée depuis
nistre de la maison de Roaix ». malgré tout des précepteurs de quelques années, ce qui permet
Ceci montre qu’une communau- Richerenches. de rehausser d’intéressantes
té régulière était établie et bien Après septembre 1231, date du marques de tâcherons. À l’inté-
installée. dernier acte se trouvant dans le rieur, une pierre a été découverte
Mais des tentatives de procès ne cartulaire, rien ne peut préciser la avec de curieuses gravures.
tardèrent pas à se manifester charge qu’eut la maison de Roaix En revanche, les bâtiments, pro-
suite aux contestations de cer- dans l’histoire régionale de priété privée comme la chapelle,
tains biens. Ceci dit, lors du re- l’Ordre du Temple. ne présentant aucun intérêt pour
membrement des terres réalisé Lors de la dissolution de l’Ordre le chercheur, puisqu’ils sont pos-
tout au long du XIIe siècle, les du Temple, elle passa à l’Ordre térieurs aux Templiers et, de sur-
commandeurs de Roaix se pré- des Hospitaliers de Saint-Jean de croît, entièrement transformés
sentèrent comme des régisseurs Jérusalem qui n’en conservèrent par les propriétaires successifs de
avertis puisque les instigateurs
perdirent dans toutes les tenta-
tives de procès.
La commanderie de Roaix se do-
ta d’une propriété à un seul te-
nant auquel étaient liés les biens
de Cairanne puis Malagarde qui
deviendra rapidement une grange
importante. Au début du XIIIe
siècle, les annexes de Roaix aug-
menteront par une maison à
Beaulieu-Mirabel et l'obtention
d’une partie du territoire de Buis-
son qui donnera naissance à la
commanderie de La Villedieu.
Jusqu’en 1231, les commandeurs
de Roaix œuvrèrent sans inter-
ruption au remembrement des
autres parcelles de la seigneurie
et du domaine du pays. Ainsi, la
commanderie de Roaix tout
comme celle de Richerenches
prit une très grande importance
grâce à ses très nombreuses ac-
quisitions. Ses biens furent sépa-
8 TEMPLARIUM
 une tour. cienne salle capitulaire des Tem-
Le promeneur peut errer sur la pliers. Celle-ci lui précise que de
place de la Libération, devant la cette maison du Temple, il ne
mairie, puis faire une halte à la reste strictement rien sinon une
terrasse du « café du Centre », croix installée en réemploi sur
étalée aux pieds des remparts l’emplacement de l’ancienne
dressés fièrement sur plus de dix commanderie. Alors, encensé par
mètres. Puis en marchant dans la douceur des ruelles étroites, il
les ruelles du village, il y dé- se dirige vers l'église du village
couvre les anciennes maisons puis s’assied tranquillement sur
Curieuses inscriptions gravées
sur la pierre en photo ci-
resserrées autour de son église du un banc en bois pour contempler
dessous: sont-elles explicables ? XIIe siècle. la belle campagne qui entoure la
Les vestiges des remparts qui en- commune. Il lit un manuscrit
ces lieux. tourent le vieux village sont per- dans lequel est retracé l’histoire
_________________________ cés par trois portes imposantes. de Villedieu à l’époque des Tem-
Enquête à Villedieu. Sur sa tour porche en forme pliers…
————————————-- d'arc brisé, se trouvent les armoi- Une visite des lieux est indiquée,
Comme nombre de ses sem- ries pontificales authentiques en- une sorte d‘inventaire des souve-
blables bâtis sur une hauteur, Vil- core en place dans le départe- nirs templiers, ou considérés
ledieu est situé sur cette ligne de ment. Ainsi cette commune se comme tels dans ce qu’il dé-
villages frontaliers au nord du singularise par cet objet précieux. couvre.
Comtat. Bâti au temps où les in- Dès le franchissement du seuil « L’église a pour clocher l’ancien
vasions d’antan rythmaient les de ces portes, le visiteur rejoint le donjon. Il est certainement anté-
saisons et les années, cette toute centre du village ancien en pas- rieur à la création de l’Ordre.
petite agglomération rurale garde sant sous l'enchevêtrement des D’une hauteur de 18 mètres sur
les éléments pittoresques d'un maisons. Il interroge une vieille environ 7 de côté, il montre des
village moyenâgeux regroupé dame qui habite dans un ancien archères dont certaines murées.
dans une stratégie clairement dé- commerce à l’enseigne Sur sa façade, on remarquait une
fensive. Autrefois, les Templiers « Boucherie des Templiers »et croix - supposée templière - sur
y possédaient un château avec situé à l’emplacement de l’an- laquelle nous allons revenir, que,

9
 précis !
Annexée directement à Roaix, la
petite commanderie de Villedieu
n’est représentée que par les
actes de sa commanderie-mère.
Quant à l’importance des posses-
sions, les renseignements sont
pauvres. Quelques noms de
commandeurs prouvent que La
Villedieu était indépendante dans
sa gestion. Un acte unique datant
de janvier 1219 relate la vie de ce
couvent en indiquant que frater
W. Rufus, preceptor Villa Dei, le
frère Guillaume Roux (sous-
entendu de la maison de Ville-
dieu ) fut le témoin de l’achat
d’une maison par le comman-
deur de Roaix. C’est le seul com-
Ancienne ferme fortifiée, ou plutôt à cour fermée, aux angles for- mandeur connu. D’autres noms
tifiés de tours arrondies : La Baude sont évoqués par différentes
mentions. Cependant La Ville-
pour des raisons de sécurité et de poste et on y accédait par les dieu existait au début du Xllle
sauvegarde, un ancien curé pas- caves de la boucherie de la vieille siècle, mais était-elle commande-
sionné d’archéologie a fait encas- dame. rie titulaire ou simple maison in-
trer sur la muraille regardant Il fut assez sceptique sur la véri- dépendante? En effet, le 14 jan-
l’intérieur de l’église, agrandie table fonction de ce conduit car vier 1205, Bernard de Saint-
sans doute au XVllème siècle. À le village situé beaucoup plus Véran vient à Roaix notifier que
ce propos, et bien que cela ne haut que la ferme en question, en lui et ses enfants donnent tout ce
soit pas de l’objet de notre ar- est séparé par de légers vallonne- qu’ils possèdent au territoire de
ticle, celle-ci mérite, architectura- ments. Donc, il aurait fallu que Buisson avec comme limites
lement parlant, une visite. » ce souterrain soit très incliné sur étaient la colline de Vaison et
Le lecteur se souvient qu’avant une petite portion, pour ensuite celle de Villedieu. On aurait pu
d’arriver à Villedieu, il avait aper- repartir vers le haut et redes- croire que lors de l’acquisition de
çu sur la route de Roaix, à cinq cendre peut-être, comme une Buisson des mentions plus im-
cents mètres environ du pays et montagne russe. portantes auraient été données,
légèrement en contrebas, une Mais ce passage aurait abouti se-
vieille ferme fortifiée, ou plutôt à lon le manuscrit à la maison des
cour fermée, aux angles fortifiés Templiers. Malheureusement celle-
de tours arrondies : La Baude, qui ci, quasiment en ruines, était un
selon le manuscrit était le châ- édifice Renaissance de pur style
teau d’Entrevon, siège d’un mar- dont il ne reste que des fenêtres à
quisat sous l’Ancien Régime. meneaux, et surtout l’arc de
D’après ce qu’il a pu voir, cet porte d’entrée remontait au
ensemble ne doit pas remonter XVIe siècle, soit à peu près à la
au delà du XVIe siècle pour le même époque que La Baude. Il
plus ancien. en déduit immédiatement une
Son livre explique qu’un souter- information fictive de ce souter-
rain semblerait avoir été reconnu rain templier.
par une petite partie du tracé qui Ces souvenirs ne soutiennent pas
reliait cette propriété à la maison la thèse du Temple dans ce
des Templiers de Villedieu. Son bourg. En revanche, le prome-
existence a été mise à jour lors de neur compulse les textes du bou-
l’effondrement de la chaussée au quin faisant référence à la pré-
cours de travaux. Le point crucial sence des Templiers à Villedieu
Église des Hospistaliers
de la découverte se situait à la par des actes officiels, rares mais
10 TEMPLARIUM
mais hélas non ! château. Or Claude Faure précise
Il y a également la liste des frères qu’une relation guerrière de
du Temple arrêtés à Aix et em- bonne source laisse entrevoir le
prisonnés en 1308 à Pertuis, un contraire : 23 juin 1293. Amédée de
nommé Raymond de Cantobris Rosans et frère Reynerii, à la tête d’une
(ou Cantrabris), chevalier de Ville- nombreuse troupe de gens d’armes, che-
dieu, dont on peut supposer qu’il valiers et fantassins, assiègent le châ-
venait peut-être du lieu dit Cant teau et la ville de Villedieu et poursui-
Abric, situé près de Saint-Véran, vent leur attaque avec une telle vigueur
en territoire de Vaison, mention- que les fortifications allaient céder,
né entre 1139 et 1141 sur une quand survient le chevalier Guillaume
charte de donation de Roaix. Trenquier, bailli et procureur de Ron-
L’existence des Templiers à Vil- selin, seigneur de Lunel et Montauban,
ledieu est donc assurée pour le qui obtient le retrait de l’armée des as-
XIII siècle, jusqu’à l’extinction siégeants par considération et crainte de
de l’Ordre, mais l’on ne sait rien son maître. Les portes s’ouvrent devant
sur la période antérieure, c’est-à- le procureur, qui est reçu par Rostang
dire de 1137, date de la fonda- de Sabran, commandeur de Villedieu,
tion de la commanderie à Roaix, Reynier, commandeur de Valréas et Château des Hospitaliers
à 1219 avec l’apparition du pré- Beaulieu, Lambert de Montélimar,
cepteur de Villedieu. Palestor, Guillaume Raymond, cheva- symbole du clocher soit templier
J. A. Durbec pense « que le do- liers de l’Hôpital de Saint-Jean de Jé- ou non puisqu’il représente l’un
maine de la maison de Villedieu fut rusalem, et autres frères et donnés qui des deux grands ordres militaires
formé partiellement avec les acquisi- se trouvaient dans les fortifications du dont la Provence fut terre de
tions faites à Buisson par la maison de château on reconnaît ce lieu avec son prédilection ! »
Roaix. » Il confirme ensuite que : territoire le mandement du fief de Ron-
« tout paraît indiquer du reste, dans celin, et en signe de haut domaine, on
les actes de Roaix passés à cette hisse sa bannière sur le château ; le Bibliographie :
époque, que l’on faisait une importante commandeur promet la confirmation de Durbec J.A., Les Templiers en Pro-
part à Villedieu. » celui de Saint-Gilles. vence. Formation des commanderies et
répartition géographique de leurs biens,
Repérer la position exacte de la Cette narration prouve bien Provence Historique, Aix-en-
maison du Temple est, dans l’état qu’en 1293 les Hospitaliers rési- Provence, 1959
des connaissances et des élé- daient au château. Cette petite Chevalier U.., Cartulaire des Hospi-
ments actuels, quasiment uto- commanderie de Saint-Jean de- taliers et des Templiers en Dauphiné -
pique. Bien entendu, pour les vait dépendre de celle d’Orange Cartulaire de Roaix.
Villadéens, les chevaliers du dont Rostaing de Sabran était Boyer A, Histoire de l’église, Cathé-
Christ ne pouvaient habiter qu’au commandeur. drale de Vaison. Avignon - 1731
L’autre preuve tangible est la Ripert-Monclar Cartulaire de la com-
croix villadéenne du donjon. Elle manderie de Richerenches de l’Ordre du
a été sculptée au milieu d’un Temple, Avignon, Paris 1907
cercle qui conserve sa teinte
d’origine rouge, quoique bien pâ-
lie ! La croix elle-même ayant dû
Porte située dans les remparts

perdre sa couleur blanche et

n’offrant plus que le ton pierre.
C’est une croix hospitalière.
Quant à la présence des deux
Ordres dans le même lieu, cela
n’a rien d’exceptionnel puisqu’ils
se retrouvent ensemble à Cavail-
lon, Avignon, Lagarde Paréol,
Mirabel, Beaulieu, Orange, etc.
Le visiteur referme délicatement
son livre, se lève du banc face à
l’église avec un air très songeur :
Croix des Templiers ?
« Qu’importe d’ailleurs que le
11
/ ( 6 7 ( 0 3 / , ( 5 6  £ - ¬ 5 8 6 $ / ( 0 
Par
ar Jehan de Ais
is

pour assurer la « gendarmerie

« Comme le nombril est placé au centre du corps humain, des Lieux saints ». Les maigres
Ainsi est la terre d'Israël le nombril du monde...
Placé au centre du monde, troupes dont disposa le roi de
Et Jérusalem au centre de la terre d'Israël, Jérusalem furent employées à
Et le sanctuaire au centre de Jérusalem,
Et la place sainte au centre du sanctuaire, guerroyer contre les armées
Et l'arche au centre de la place sainte, turques. Ce fut donc une action
Et la pierre de base avant la place sainte,
Parce qu’à partir de là le monde a été fondé. » privée qui assura la relève.
Midrash Tanchuma, Qedoshim. Avant eux, existait déjà l’Ordre
de Saint Jean résidant à Jérusa-
lem, connu sous le nom abrégé
La conquête de la Terre Sainte ments que les fidèles leur donnaient à d'Hospitaliers ou Chevaliers de
était précaire et l’insécurité des titre d’aumônes, pendant neuf ans ils l'Hôpital, dont le but était d’hé-
communica-tions était perma- servirent sous l’habit séculier... berger les pèlerins pauvres ou
nente. L’évêque chroniqueur de Comme ils n’avaient pas encore malades.
Saint-Jean-d’Acre, Jacques de d’église qui leur appartînt, ni de rési- Pourquoi Hugues de Payen et
Vitry, raconte ceci: « Tandis que dence fixe, le seigneur roi (Baudouin ses compagnons s'introduisi-
de toutes les parties du monde, riches II de Jérusalem, qui a succédé rent dans ce soulèvement poli-
et pauvres, jeunes gens et jeunes filles, en 1118 à son cousin Baudouin tique caractérisé par les croi-
vieillards et enfants accouraient à Jé- 1er) leur accorda pour un temps une sades ? Tout d’abord, une
rusalem pour visiter les Lieux saints, petite habitation dans une partie de chose sembla curieuse : les uns
des brigands et des ravisseurs infes- son palais, auprès du Temple du Sei- et les autres (les Hospitaliers et
taient les routes publiques, tendaient gneur (l’ex-mosquée al-Aqsa). le nouvel Ordre d’Hugues) res-
des embûches aux pèlerins qui L’abbé et les chanoines du même sentirent la nécessité de s’enga-
s’avançaient sans méfiance, en dé- Temple leur donnèrent aussi, pour les ger par des voeux et d'accepter
pouillaient un grand nombre et en besoins de leur service, la place qu ‘ils une règle de vie monastique.
massacraient aussi quelques-uns. possédaient à côté du palais du roi. N’oublions pas que les Croi-
Des chevaliers agréables et dévoués à Et, comme ils eurent dès lors leur de- sades étaient une politique me-
Dieu, brûlant de charité, renonçant meure auprès du Temple du Seigneur, née par l’ambition des papes
au monde et se consacrant au service ils furent appelés dans la suite frères s’appliquant à répandre leur
du Christ, s’astreignirent par une chevaliers du Temple. » pouvoir spirituel et temporel
profession de foi et des voeux solen- dans la nouvelle Europe : Che-
nels, prêtés entre les mains du pa- Le Hugues de Payen et ses valerie, monachisme clunisien
triarche de Jérusalem, à défendre les 8 compagnons et cistercien, paix de Dieu, pè-
pèlerins contre ces brigands et ces lerinages, réforme grégorienne.
hommes de sang, à protéger les routes Tout en imposant un pouvoir
publiques, à combattre pour le Sou- théocratique, l’Église romaine
verain Roi, en vivant comme des cha- Homme habile et de profonde avait également prévu l’impor-
noines réguliers dans l’obéissance, piété, Hugues de Payen ac- tance de la croissance démogra-
dans la chasteté et sans propriété. compagné d’André de Mont- phique et commerciale en Eu-
Les principaux d’entre eux furent bard, Geoffroi de Saint-Omer, rope, en s’accaparant de nou-
deux hommes vénérables et amis de Payen de Montdidier, Ar- velles étendues territoriales
Dieu, Hugues de Payns et Godefroi chambaud de Saint-Amand pour une partie de cette popu-
de Saint-Orner. Au début, ils ne fu- Geoffroi Bisol, Gondemare, lation, et des débouchés aux
rent que neuf à prendre une aussi Rosal et Geoffroi établirent un ambitions de seigneurs avides
sainte résolution. Portant les vête- Ordre de moines chevaliers d’exploits, de richesses et

12 TEMPLARIUM
 Sac de Jérusalem par les croisés. - Jérusalem est prise le
15 juillet 1099 par les croisés de Godefroi de Bouillon et de-
vient la capitale du nouveau royaume latin de Jérusalem.
(Bridgeman Art Library, London/New York)

d’aventures. Tout ceci explique pecté : « Si pour le service de Dieu qua dans la fondation de la
en partie le comportement du tu t’es fait, de comte, chevalier, et de Nouvelle Milice, nous laisse-
champenois et de ses compa- riche, pauvre, nous te félicitons sur rons cette question à la décision
gnons. ton avancement, comme il est juste, et des spécialistes des études his-
Quoiqu’il en soit, Hugues de nous glorifions Dieu en toi, sachant toriques dont la sagesse est
Payen s’entoura de puissants que c’est une mutation à la main beaucoup plus grande que la
seigneurs, notamment Hugues, droite du Seigneur. Pour le reste, nôtre ; bien qu’il ait effectué
comte de Champagne. Ce der- j’avoue que nous ne supportons pas plusieurs voyages entre la
nier prit la résolution de s’intro- avec patience d’être privé de ta joyeuse
duire vers 1125 dans la Nou- présence par je ne sais quelle justice Les débuts de la Nouvelle
velle Milice et indisposa ainsi de Dieu... Pouvons-nous oublier l’an-
Milice
l’ombrageuse susceptibilité de cienne amitié et les bénéfices que tu
Bernard de Clairvaux, qui sou- apportas si largement à notre mai- Champagne et Jérusalem
haitait bien faire entrer dans son? ». Quant à préciser si avant la création de l’Ordre du
son abbaye un baron aussi res- Hugues de Champagne s’impli- Temple!

13
 confirmant leur nouvel Ordre,
Le roi de Jérusalem, Baudouin vaut un instant de réflexion. En
II, leur donna une aile de son effet, depuis 1070, cette ville est
palais située à côté de la Mos- non seulement un centre im-
quée « El-Aqsa », mosquée éle- portant d’études cabalistiques
vée sur l’emplacement du et ésotériques, mais aussi la
Temple de Salomon. Une im- ville natale de Chrétien, auteur
mense salle aménagée dans un de Perceval ou le Conte du Graal.
souterrain pouvait loger 300 Quand le poète de Troyes de-
Ci-dessus : Partie de la Carte
chevaux: « Les écuries de Salo- vint célèbre, vers la fin du XIIe de Madaba montrant Jérusa-
mon ». siècle, sa principale protectrice lem - le site le plus en vue sur
Cette « Association » religieuse fut la comtesse de Champagne. la carte entière. 1 Porte de
prit un nom assez long, « Les Hugues de Payen est cousin du Damas; 2 La Porte de Saint-
Pauvres Chevaliers du Christ et comte de Champagne. Voici Étienne; 3 Porte Dorée; 4
du Temple de Salomon » pour donc établit l’équation du XIe Porte des Ordures; 5 Porte de
devenir plus tard « Les Cheva- et XIIe siècles de la maison de Sion; 6 Porte de Jaffa; 7
liers de l’Ordre du Temple » ou Vermandois. Quoi qu’Hugues Église du Saint Sépulcre; 8
« les Templiers ». Les neuf et ses compagnons aient cher- Église de Néa ; 9 Mont du
compagnons firent des fouilles ché ou trouvé, une chose est Temple; 10 le Cardo.
proches de leur lieu d’habita- certaine : quand les neuf cheva- À droite: autre partie de la
tion à Jérusalem à l’emplace- liers se rendirent en France Carte de Madaba
ment des écuries de Salomon. pour confirmer leur Ordre,
Vers 1123, devant le patriarche Hugues et André partirent en- ciel, et qui se permet de mono-
de la Ville Sainte, Garimond, suite vers l’Angleterre où ils ob- poliser la fleur de l’aristocratie
ces chevaliers prononcèrent les tinrent du roi un laisser-passer pour garder les routes de Pales-
trois voeux de chasteté, de pau- pour se rendre au Nord du tine contre les brigands ?
vreté et d’obéissance. Comme il pays, l’Écosse. Les deux cheva- Sentant peser la menace de
était d’usage chez les moines! liers furent hébergés chez la l’abbé qui avait une forte in-
Ils s’engagèrent à défendre les noble famille St Clair à Rosslyn. fluence sur tous les ecclésias-
pèlerins et les Lieux Saints. Les Le seigneur du lieu leur octroya tiques et sur le Vatican même,
premiers chevaliers reçurent immédiatement une terre à Ba- Hugues de Payen se rendit à
leurs « pouvoirs » du patriarche lantrodoch, futur quartier géné- Rome à l’automne 1127 pour
Théoclétès. Ne disposant d’au- ral des Templiers en Écosse. Ils obtenir du pape la confirmation
cun revenu, ils vécurent d’au- retournèrent ensuite rejoindre des Templiers. Bien qu’embar-
mônes, en observant une stricte leurs frères pour regagner la rassé, Honorius II fut séduit
discipline, respectant la règle par ces « gendarmes » qui
augustinienne. Enfin, les L’abbé de Clairvaux priaient ; alors pourquoi pas ?
fouilles entreprises s’achevèrent mécontent Même si des moines chargés de
à la fin de décembre 1127. faire la police représentent un
Mais que cherchèrent-ils ? Un Terre Sainte tandis que certains événement insolite, dont il est
Saint Bol ou un symbole ? s’en allèrent vers la Péninsule difficile d’identifier la catégorie.
Cette petite enquête souligna Ibérique pour participer à la Re- Un cardinal fut chargé d’ins-
que l’un de ces compagnons, conquista. truire cette affaire et d’interro-
André de Montbard, ancien ger les autorités monastiques,
membre de l’Ordre de Sion, Avant son « Éloge de la Nou- préoccupées en premier lieu
était natif de la Champagne velle Chevalerie, Exhortation par cette originalité qui empiète
comme son neveu, Bernard de aux Chevaliers du Temple », sur leur domaine. Bernard écri-
Clairvaux et particulièrement Saint Bernard fut contrarié par vit ensuite entre 1130 et 1136
intéressé à l’architecture go- le comportement d’Hugues de (1135 peut-être) l’éloge de la
thique et au Graal. Troyes, cour Champagne. Quelle est donc Nouvelle Chevalerie. Hugues
des comtes de Champagne, cette nouvelle conception d’ins- de Payen fut-il comblé par cet
berceau d’Hugues de Payen et titution religieuse appelée laude novae mililiae qui ne désap-
André de Montbard, synode moines-soldats, sans statut offi- prouve les cruautés de la cheva-

14 TEMPLARIUM
 Théologie, Prieur de l’Abbaye son progrès, opprimé enfin par la ca-
Chevalerie monastique de d’Etival, dans son oeuvre « lomnie et anéanti par l’autorité de
l’Ordre des Templiers d’envi- deux puissances: la Royauté et la
type féodale :
ron 2.000 pages, publié en Papauté… L’élan religieux de
des chevaliers-moines ?
1789, au mois d’avril, donc l’époque et le désir des croyants
trois mois avant l’éclatement de de sacrifier leur vie pour la
lerie laïque que pour mieux sa- la Grande Révolution Fran- gloire du Christ firent entrer
craliser celles des chevaliers- çaise. De cet ouvrage rare, pu- dans la milice templière de
moines ? blié avec « l’approbation et le nombreuses recrues, grossis-
privilège du Roi », en voilà sant ainsi le nombre initial. Il
Voici ce que Gérard Serbanes- l’introduction : L’Histoire que est facile de comprendre que
co dit d’eux : « J’évoque l’his- j’entreprends est celle d’un Ordre Mi- neuf Templiers ne pouvaient
toire de cet Ordre par les admi- litaire, que la charité fit naître, que garder le Saint-Sépulcre et es-
rables phrases de l’avant- la nécessité et le besoin grandirent; corter les pèlerins vers Jérusa-
propos écrites par le R.P.M.J., d’un Ordre puissant par ses richesses, lem, à travers les défilés et les
Chanoine régulier de l’Ordre célèbre par sa valeur, heureux dans embûches des brigands. Le plus
des Prémontrés, docteur en ses commencements, considéré dans dangereux des défilés était celui
d’Athlit, connu plus tard sous
le nom de Château-Pèlerin
(construit par Raymond de
Toulouse). Ces chevaliers-
moines acceptaient le combat
de un contre trois. Leur pre-
mier sceau représentait deux
chevaliers sur un cheval. Ce
sceau symbolisait ; soit leur
pauvreté: il fallait monter deux
sur un seul cheval; soit peut-
être la fraternité ; la solidarité
des chevaliers: deux, formant
un seul combattant pour le
Christ. Des ésotéristes rappro-
chent ce symbole du troisième
signe du zodiaque: les Gé-
meaux (Castor et Pollux), sym-
bole connu et admis par les py-
thagoriciens. Ils acquirent vite
la réputation d’un courage in-
domptable et d’une sainteté in-
discutable. Leur renommée
s’étendit à tout le monde chré-
tien. »
Ceci dit, les deux Ordres, celui
des Cisterciens de saint Bernard
et celui des Templiers
d’Hugues de Payen, connaî-
tront sur tous les plans imagi-
nables une impulsion, une acti-

Bilbiographie
Gérard Serbanesco, l’Histoire de l’Ordre
des Templiers et les Croisades.
Michel Clévenot, Au cœur du Moyen-Âge.

15
vité et une réussite exception-
 (67&(48(//(:(/<135,1&('83$<6'(
*$//(6¬7$,781&+(9$/,(57(03/,(5"
Par Jean-Luc Alias
Llewelyn III Olaf ap Gruf- visions d’Oxford. Montfort mon est écourtée par la mort
fudd, seigneur de Gwynedd et devient alors souverain de fait de ce dernier, à la bataille
dernier vrai prince du Pays de du royaume et convoque le d’Evesham c. 1265. La chute
Galles septentrional, a peut- Parlement en 1265. Il fait éta- de Montfort n'a pas confirmé
être été un chevalier Tem- blir les principes de la repré- la montée de Llywelyn et les
plier. Petit-fils de Llywelyn ap sentation parlementaire qui in- troupes de Henri III conduites
Iorwerth, fils de Gryffydd ap par son fils Édouard, futur
Llewelyn et Senena, il repré- Édouard 1er, pousse le prince
sentait la plus grande force gallois dans les profondeurs du
d’unification du Pays de Galles Pays de Galles. Les derniers
pendant le Moyen-Âge. Succé- partisans de Simon de Mont-
dant à son oncle David II en fort poursuivent vainement
tant que dirigeant du nord du leur combat jusqu’à ce que
Pays de Galles en 1246, et Llewelyn réussisse finalement
comme co-dirigeant avec son à obtenir du roi sa confirma-
frère Owen en 1247, il rend tion de vrai prince du Pays de
hommage à Henri III d’Angle- Galles, avec le droit d’exiger
terre en lui cédant une grande l’hommage par tous les sei-
partie de leur territoire. En gneurs gallois. Cette revendica-
1256, ayant renversé et empri- tion du chef gallois est formel-
sonné son frère Owen, il com- lement reconnue de Henri III
mence une campagne pour ré- grâce au Traité de Montgome-
cupérer ses contrées, notam- ry en 1267, et s’étale sur les
ment le royaume de Gwynedd. trois royaumes de Gwynedd,
En gagnant l'allégeance Powys et Deheubarth. C’est la
d'autres seigneurs gallois, Lle- première utilisation anglaise
welyn alias «Llewelyn le Der- officielle de ce titre, bien que
nier» revendique sa notoriété Llywelyn l'ait assumé en 1258.
de prince de Galles en contrô- Le Pays de Galles prend très
lant plusieurs terres du pays vite sa place parmi les nations
gallois en 1263. La même an- indépendantes en voie de dé-
née, des querelles entre les ba- veloppement dans les États de
rons et Henri III appellent la l’Europe.
médiation du roi de France
Louis IX, qui se manifeste en Le roi Édouard 1er et
faveur du souverain anglais. Llewelyn, prince du Llewelyn Olaf ap Gruffudd :
Pays de Galles
En 1264, Llewelyn et ses parti-
sans prennent alors les armes Cependant, tout bascule rapide-
aux côtés de Simon de Mont- fluencent le développement de ment en 1272 à cause de l’ac-
fort, comte de Leicester, et in- la «Chambre des communes» cession d’Édouard 1er au trône
fligent une sévère défaite aux britannique. Mais beaucoup de d’Angleterre. Cet avènement
forces anglaises à Lewes, le ses partisans s’écartent de sa change complètement le flux
14 mai 1264. Prisonnier, le roi politique autoritaire. Le 4 août des affaires. Dès son retour des
Henri III est obligé d’ordon- 1265, la guerre recommence et Croisades en 1274, le roi bri-
ner le rétablissement des pro- l’alliance de Llewelyn avec Si- tannique a l’ambition d’unir

16 TEMPLARIUM
 situé à l’ouest de la Rivière pliers et l’Ordre de Sion. Des
Conwy ; il doit aussi fidélité et registres le signalent c. 1271.
obéissance à Édouard. Il se Hywel ordonne à ces scribes et
marie par procuration le 13 clercs de confiance qui lui de-
octobre 1278 avec Éléonore vaient allégeance, de commen-
dont la lignée est de haute filia- cer le travail de compilation de
tion : un roi d’Angleterre, un la connaissance mystique révé-
roi de France et un saint empe- lée par la famille de Llewelyn,
reur romain comptent parmi et dispersée dans différents vo-
ses oncles. Plusieurs années de lumes. Il est dit que Hywel fut
paix vnt suivre mais la haine le premier à rassembler les
relative aux lois anglaises et aux Treize Trésors et à créer The Owl
colons provoque la révolte des (le Hibou), le premier Gri-
Gallois en 1282. Le roi annihile moire, ou livre du mage, de leur
la révolte, et Llywelyn est tué c. tradition. L’accumulation et
1282; après sa mort, son frère l’enregistrement de ces connais-
Le roi Édouard 1er David ap Gruffydd continue la sances n’étaient pas une
lutte. Malgré cela, Llywelyn sera prouesse facile dans le climat
toute l’île de la Grande- le dernier dirigeant indépendant politique de ces époques défa-
Bretagne sous sa royauté mais du Pays de Galles. Son nom vorables à l’étude, au voyage ou
doit se confronter au problème apparaît aussi sous Llewelyn ap à l’enseignement. Les manus-
gallois : Llywelyn refuse l’allé- Griffith. Ces événements ont crits prétendent aussi que les
geance au roi d'Angleterre. Le parents d’Éléonore de Mont-
Prince de Galles doit se marier fort, la femme du Prince Lle-
avec Éléonore de Montfort. welyn, étaient introduits dans
Pendant son voyage de France l’Ordre de Sion en France.
vers le Pays de Galles en 1275, C’est en 1277 que Hywel a
le bateau d’Éléonore est atta- compilé les Treize Trésors en
qué ; elle est emprisonnée par ajoutant une connaissance
le roi d’Angleterre, dans le complémentaire issue de plu-
château de Windsor. En 1276, sieurs sources : des Druides, est
le roi anglais envahit finalement venue la connaissance sacrée
le pays de Galles et oblige des Pierres; à l’Ordre des Che-
Llewelyn au renoncement de la valiers Templiers, il a ajouté la
partie orientale de ses terres et Magie des Égyptiens (Hywel
à l’obligation annuelle d’allé- prétendait que le Prince Llywe-
geance vassalique ; il s’empare Llewelyn, prince du lyn avait été introduit dans
également de l’Écosse. Tous Pays de Galles l’Ordre des Chevaliers Tem-
ces problèmes redoutables pliers c. 1279); aux gitans
propres à Llewelyn avaient peut incité un barde gallois à dire « perses, il a ajouté les mystères
-être rendu la tâche plus facile est-ce la fin du monde ? » Et un astrologiques Mithraïques; des
que ce qui était prévu, en analy- autre à languir « Oh Dieu, que ancêtres Pictes, sont venus les
sant aussi les premières défaites la mer noie la terre ! ». restes de la tradition des Fées;
infligées par les armées gal- des neuf vierges de l’Île de
loises aux invasions anglaises Sion, est venue l’ancienne con-
déshabituées aux terrains Les treize trésors naissance mystique des
montagneux. Par le Traité
d’Aberconwy de 1277, le Prince
Llewelyn est forcé d’accepter Le prince Llewelyn était le pro-
les termes humiliant et de tecteur du druide et barde,
renoncer à la plupart de ses Hywel Voel. Ce dernier relate
contrées récemment acquises, l’engagement du Prince Lle-
en ne conservant que Gwynedd welyn avec les Chevaliers Tem-

17
Étrusques et l’Ordre de Sion.
 Hyrcanus. L’Ordre de Saint Lazare était la
Premières Origines Après la victoire de Jérusalem par seule organisation chevaleresque
les Croisés en 1098, les chevaliers se souciant des besoins des lé-
Selon l’ancienne tradition, le lieu lépreux des Ordres de Saint Jean, preux, des exilés qui erraient dans
de création de l’Ordre de Saint du Temple et du Saint Sépulcre, et le Proche-Orient et l’Europe pen-
Lazare fut un hôpital de lépreux, d’autres victimes de semblables dant le Moyen-Âge. Connu
construit à l’extérieur des murs de maladies effroyables, furent placés comme « Lazaristes » ou
Jérusalem par le Grand Prêtre à Saint Lazare où l’Ordre pure- « Lazarites », les membres de
Jean Hyrcanus qui régna sur les ment hospitalier était été condam- l’Ordre spécialisés prenaient soin
Juifs entre les années 135 et 105 né à la solitude perpétuelle. Vu des lépreux et secouraient aussi
avant J. C. . Des lettres patentes que chez la plupart des patients la ceux qui étaient affligés par
publiées vers 1343 par Jean, Duc maladie progresse très lentement, d’autres maladies contagieuses.
de Berry (futur roi de France sous et que les hôpitaux exigeaient la Pour protéger ces victimes ma-
le nom Jean II le Bon) confirmè- protection contre les infidèles aus- lades des mauvais traitements et
rent la tradition que la Fraternité si bien brigands que maraudeurs, défendre leurs hospices de lépreux
fut fondée vers l’an 72 après J. C.. les guerriers malades de Saint La- contre les infidèles, l’Ordre a assu-
Mais cette prétention est apo- zare convertirent inévitablement mé un rôle militaire.
cryphe et la plupart des historiens l’Ordre aussi bien en milice Che- L’Ordre fut très estimé par les
mettant en doute cette origine valeresque qu’en une fraternité. Rois Chrétiens de Jérusalem et par
chimérique, sont d’accord avec Ce fut pour cette raison que tous ceux qui étaient entrés en
l’affirmation du Pape Pius (Pie l’Ordre Militaire et Hospitalier de contact avec leur travail de charité
IV) dans sa Bulle Inter Assiduas. Saint Lazare de Jérusalem naquit et protection. Baudouin IV, dit le
Cet acte papal précisa l’existence officiellement vers 1098 comme Roi lépreux de Jérusalem, fut par-
de l’Ordre vers 369 après J.C. un ordre chevaleresque. ticulièrement généreux envers
pendant la papauté de Saint Da- l’Ordre, mais les donations de
masus (Damase) 1er, quand Saint terre et d’espèces lui ont été attri-
Basile appelé Basile le Grand (ou
La Période Médiévale - le buées par des hommes et femmes
Vassili le Grand) était évêque de Moyen-Orient de tous rangs. Comme la réputa-
Caesarea (Césarée), dans les mon- tion militaire des chevaliers lé-
tagnes du Pont. Cet évêque sem- preux était éminente, ils acquiè-
bla être considéré comme le Père Étant considérée comme l’une des rent la responsabilité de la défense
légendaire de l’Ordre en vertu de plus anciennes et la plus profon- des châteaux de Zeitha el-Kharbet
sa fondation d’un grand hôpital dément respectées des confrater- et Djemeriah el-Madjel. Mais les
pour les lépreux près de Césarée. nités de la chevalerie dans la Chré- chevaliers de l’Ordre se ralliaient à
Établis depuis le cinquième siècle tienté, l’Ordre Militaire et Hospi- la cause de la Sainte Croix partout
à Acre et Césarée, les Hospitaliers talier de Saint-Lazare de Jérusalem où se battaient les Chrétiens
de Saint Lazare fondèrent leur a été établi à l’Hôpital de Saint contre les infidèles. Ils se consi-
hôpital principal à Jérusalem vers Lazare vers l’année 1098, pendant dérèrent comme des « morts vi-
530 après J.C.. Se souciant et pro- la Première Croisade. En tant que vants », des «hommes qui mar-
tégeant en ce lieu les pèlerins des leprosarium (léproserie), l’hôpital chaient seuls»; mourir pour la dé-
Lieux Saints, ils orientèrent parti- était placé à l’extérieur des murs fense de la Foi ne leur faisait pas
culièrement leurs efforts vers le de Jérusalem - près de la maison peur.
confort et le traitement des lé- légendaire de Saint-Lazare, qui L’Ordre fut tellement renommé
preux. Leur Ladre, ou Maison des avait été longtemps entretenue par ainsi que son activité humanitaire
Lépreux, était situé à l’extérieur une ancienne fraternité hospita- qu’après la chute de Jérusalem le
des murs de la ville de Jérusalem lière selon la tradition fondée par 2 octobre 1187, Saladin le Grand
près de la poterne de Saint Ladre, Saint Basile le Grand au IVe prit l’hôpital de l’Ordre sous sa
ou Saint Lazare, site probable de siècle, comme il est précisé plus propre protection. Le conquérant
l’ancien hôpital fondé par Jean haut. Musulman autorisa les pauvres de

18 TEMPLARIUM
 furent tués dans la Bataille de Ga-
za en 1244. Ceux qui ne furent pas
présent à cette infortunée bataille
rejoignirent les Croisés restés pour
se battre avec un ultime espoir. Ils
avaient accompagné le roi de la
France Saint Louis dans sa Croi-
sade égyptienne et participé à ses
expéditions contre la Syrie durant
les années 1250 à 1254. Lorsque la
ville de Saint Jean d’Acre fut fina-
lement tombée aux Mahométans
en 1291, après un long siège,
l’existence de l’Ordre en Terre
Sainte cessa.

La Période Médiévale -
l’Europe

Après la chute d’Acre et l’expul-

sion de tous les Chrétiens de la
Terre Sainte, l’Ordre déplaça son
quartier général en France, sous la
protection de la Maison Royale.
Mais avant la perte de leur der-
nière forteresse dans le Royaume
latin, un groupe de chevaliers de
l’Ordre s’était établi en Europe.
Sur ce continent, l’Ordre étendit
Francisco de Herrera le Vieux, Saint Basile dictant sa loi, 1639. Huile sur toile, 243 × 194 cm. progressivement son influence en
Musée du Louvre, Paris. Sous son pontificat (366-384), il suppléa le grec par le latin en faisant la
langue liturgique à Rome. Damase est considéré comme un des plus grands papes de l’Église. .
établissant de nombreux hôpitaux
de lépreux (connu comme «lazar-
la ville qui ne pouvait pas payer la de Jérusalem à Saint Jean d’Acre cotes» ou lazarettes), manoirs, pre-
rançon, et quitter les murs de Jé- pour préparer l’ultime défense de ceptories (ou commanderies) en
rusalem par la Porte de Saint la Terre Sainte. Établi dans la ville France, Espagne, Italie, Angle-
Ladre et prendre refuge à l’Hôpi- côtière, autrefois connue sous terre, Écosse, Allemagne, Hongrie
tal de l’Ordre. Ptolémaïs, l’Ordre garantit des et Suisse. Les plus célèbres d’entre
Vers 1189, les monarchies catho- droits souverains sur une partie de eux étaient les preceptories de
liques d’Europe occidentale amor- la ville à l’extérieur de ses murs. Boigny accordées à l’Ordre par le
cèrent la troisième croisade pour Ses membres construisirent un Roi de France Louis VII et de
reconquérir la ville sainte mais les hospice fortifié et une église dé- Capoue en Italie.
Chrétiens concentrèrent leurs ef- diée à Lazarus, nommée l’Église Pendant cette période du Moyen-
forts sur le siège d’Acre. Saladin des Chevaliers de Saint Lazare. Âge, l’Ordre de Saint Lazare ac-
tenta vainement de dégager la ville On leur accorda aussi la Tour et complit aussi une double mission.
et Acre succomba finalement en l’Église de Saint Lazare près de En tant que puissance militaire, il
1191. Les Croisés ne surent pas Césarée. Le Pape et d’autres diri- fonctionna avec une flottille de
profiter de leur victoire pour re- geants temporels reconnurent vaisseaux de guerre en Méditerra-
prendre Jérusalem. En 1192, Sala- l’Ordre de Saint Lazare comme un née pour protéger les importantes
din signa un traité de paix avec pouvoir souverain. routes maritimes contre les pirates
Richard 1er Cœur de Lion, roi Avec le retour de la guerre entre et maraudeurs. En même temps,
d’Angleterre, ce qui permit aux les Chrétiens et les Musulmans, les Hospitaliers de Saint Lazare
Chrétiens de reprendre possession l’Ordre gagna des lauriers supplé- protégèrent et traitèrent les vic-
de toute la côte de Jaffa à Tyr, en mentaires, mais à un triste prix. times du fléau le plus redouté de
laissant Jérusalem aux Musulmans. Après avoir subi de lourdes pertes l’Europe.
Pendant cette trêve, l’Ordre de dans plusieurs combats, la plupart En 1489, le Pape Innocent VIII
Saint Lazare transféra ses activités des chevaliers lépreux de l’Ordre essaya de fusionner avec plusieurs
19
Ordres, y compris l’Ordre de de la Maison Ducale de Savoie et derie et l’Ordre de Boigny. Cette
Saint Lazare, l’Ordre du Saint Sé- la Maison Royale d’Italie. Cet décision a été confirmée par le
pulcre et d’autres, dans l’Ordre de Ordre fut conféré par le roi de Roi Henry IV de France le 7 sep-
Saint Jean de Jérusalem, plus con- Sardaigne Victor-Emmanuel 1er et tembre 1604, quand il s’est déclaré
nu sous le nom de l’Ordre de la de nouveaux statuts furent publiés par des lettres patentes pour être
Malte. La Bulle papale n’a pu être le 27 décembre 1816, en mettant le Souverain Suprême de l’Ordre.
mise dans ce but en application
suite à la tradition souveraine de
ces Ordres. Cette action résulta,
cependant, de le scission de
l’Ordre en deux branches princi-
pales, conformément à la règle de
la preceptorie à Boigny et l’autre
sous l’autorité du prieuré à Ca-
poue.
Le Prieuré de Capoue avait été
fondé en 1211 et le Pape Léon X ,
de son vrai nom Jean de Médicis,
lui accorda des privilèges extraor-
dinaires. À partir de 1517, le supé-
rieur de cette branche fut appelé
Grand maître de l’Ordre dans le
Royaume de la Sicile et ailleurs. En
1572, le Pape Grégoire XIII unit
cette branche à perpétuité avec la
Maison de Savoie. Cette Bulle a
spécifiquement exclu la branche
espagnole de l’Ordre qui est resté
sous le contrôle de la Couronne l’organisation en harmonie avec D’autres branches importantes
espagnole. Le dixième duc régnant les idées nouvelles : récompenser ont gravité autour de ces deux
de Savoie, Emmanuel-Philibert tous les mérites et être accessible à juridictions principales. En Angle-
III, pressé d’unir le Prieuré de Ca- toutes les conditions sociales. terre, le Maître de l’Hôpital de
poue avec son Ordre de Saint Quant à la branche de la maison Burton Lazars, fondé en 1135,
Maurice récemment fondé et de cheftaine à Boigny en France, était Vicaire Général de la Grande
prendre à ce moment-là le titre de cette juridiction fut fondée en Magistrature de Boigny pour l’An-
Grand maître de l’Ordre de Sainte 1154 par un don du Roi Louis VII gleterre. Les Chevaliers espagnols
Maurice Saint et Lazare, fut héritier aux premiers chevaliers de l’Ordre de l’Ordre dépendirent aussi de la
partis en Terre Sainte. Après la juridiction de la Grande Magistra-
chute finale de Saint Jean d’Acre, ture de Boigny. Le Commandeur
ses commandeurs furent reconnus du célèbre Couvent de Seedorf,
comme les Grands maîtres de l’Ordre fondé en Suisse en 1134, portait le
de Saint Lazaret de Jérusalem, sur et titre de Maître de Saint Lazare. En
au-delà des Mers. Le caractère sou- Allemagne, le commandeur de
verain de l’Ordre fut reconnu par l’Hôpital de Sainte Magdeleine de
les rois de France, et sous leur Gotha était le commandant pro-
protection, l’Ordre a continué vincial ; le commandeur de Strigo-
d’exercer ses fonctions souve- nia en Hongrie était Vicaire Géné-
raines. ral de la Grande Magistrature de
En 1578, après l’édition de la Boigny pour la Hongrie. De ces
Bulle papale de 1572, mentionnée exemples, il est apparent que les
ci-dessus, le Florentin François branches européennes principales
Salviati, commandeur de Boigny de l’Ordre ont été groupées au-
et Grand maître de l’Ordre, décida tour de la Grande Magistrature de
que les actions du Pape Grégoire Boigny. Ainsi Boigny a assuré la
XIII, dans la capitulation du
Prieuré de Capoue et l’Ordre en L’emblème de l’Ordre - Ses
Raphaël, Léon X et deux cardinaux. Italie à la Maison de Savoie, ne
1518-1519. Musée des Offices, Florence. origines et son évolution
soient pas affectées à la comman-
20 TEMPLARIUM
perpétuation de l’existence souve- Si vous voulez comprendre ce que je vais vous dire, sachez que j’ai
raine de l’Ordre. la tête couverte d’un capuchon blanc et que je secoue un cliquet
En Palestine et pendant les deux
premiers siècles qui suivirent leur
de bois dur. Je ne sais plus quel est mon visage, mais j’ai peur de
retour en Occident les membres mes mains. Elles courent devant moi comme des bêtes écailleuses
de l’Ordre de Saint-Lazare ne por- et livides. Je voudrais les couper. J’ai honte de ce qu’elles tou-
tèrent qu’une simple croix d’étoffe chent. Il me semble qu’elles font défaillir les fruits rouges que je
verte comme signe particulier ; cueille et les pauvres racines que j‘arrache paraissent se flétrir sous
elle était cousue sur leur robe ou elles. Domine ceterorum libera me! Le Sauveur n’a pas expié mon pé-
cotte d’armes à la hauteur de la ché blême. Je suis oublié jusqu’à la résurrection. Comme le cra-
poitrine ainsi que sur le côté paud scellé au froid de la lune dans une pierre obscure, je demeu-
gauche de leur manteau. rerai enfermé dans ma gangue hideuse quand les autres se lèveront
C’est sans doute au début du XIIe
siècle que les Hospitaliers de
avec leur corps clair. « Récit du lépreux », Vies imaginaires (1896),
Saint-Lazare choisirent cet em- de Marcel Schwob.
blème pour se différencier des
moines guerriers du Temple qui gny si fâcheusement détruite à la salem et dans d’autres communau-
portaient une croix rouge aux bras fin du XVIIe siècle figuraient plu- tés chrétiennes. Ces dernières an-
sensiblement ancrés, des Hospita- sieurs tombeaux des maîtres de nées, l’Ordre a été engagé dans un
liers de Saint-Jean dont la croix l’Ordre, notamment ceux de Tho- programme principal pour rétablir
blanche jadis de la même forme mas de Sainville (1320) et de Je- le Christianisme en Europe de
s’aiguisera progressivement aux han de Paris (1349), personnages l’Est. De la nourriture, des vête-
extrémités pour aboutir à la cé- qui portaient la croix carrée cou- ments, équipements médicaux et
lèbre croix à huit pointes, dite par sue sur le manteau. provisions chiffrés en millions de
la suite de Malte, des Teutoniques dollars, ont été distribués en Po-
à la croix noire qui sera l’ancêtre logne, Hongrie, Roumanie et
de la martiale Croix de Fer prus- L’Ordre, aujourd’hui Croatie. Grâce à cette compé-
sienne. tence, la Communauté euro-
Le choix du vert, couleur de Ma- péenne a donné pouvoir à l’Ordre
homet, est une sorte de défi lancé de transporter plus d’un demi mil-
aux Musulmans; les membres de Aujourd’hui à Paris le district de liard de dollars d’alimentation aux
l’Ordre acceptent cette tradition Saint Lazare tire son nom d’un nécessiteux en Russie, aboutissant
qui fait de la couleur de leur croix des plus importants centres médi- à de nouveaux lauriers pour les
une prise de guerre à l’instar d’un caux établis selon l’Ordre. La volontaires de Lazare.
drapeau arraché à l’ennemi. baisse du nombre de lépreux en Aujourd’hui, plus de 900 ans après
En 1314 Siegfried de Flatte, com- Occident a réduit le besoin de sa- sa naissance, l’Ordre Militaire et
mandeur de Séedorf, rédigea une natoriums spécialisés. Le XXe Hospitalier de Saint Lazare reste
règle prescrivant aux chevaliers de siècle a apporté de nouveaux défis activement engagé dans le service
Saint-Lazare de porter «sur le de- et de nouvelles occasions pour humanitaire, tenant la foi avec une
vant de leur habit une croix verte l’effort Chrétien : un esprit crois- tradition datant des Croisades.
carrée ainsi que sur le coté gauche sant d’oecuménisme a apporté un Comme lors de sa création, mais
de leur manteau et sur les pièces besoin d’unité Chrétienne et de aujourd’hui à une échelle mon-
de leur harnois de guerre». soulagement pour les victimes de diale, les Hospitaliers de Saint La-
Parmi les monuments de la cha- l’oppression dans le monde entier, zare continuent à perpétuer des
pelle de la commanderie de Boi- particulièrement celles boulever- nobles idéaux de l’honneur, l’inté-
sées par la dissolution de l’empire grité et la charité pour soulager la
Communiste. souffrance, dans l’imitation de
Les contributions de l’Ordre ont Christ. J. de L
augmenté au point que celui-ci est
considéré comme une force prin-
cipale dans l’activité humanitaire ; Bibliographie
les activités œcuméniques ont été Alan Weaver-Hazelton, l’Ordre de
reconnues par le Pape Jean XXIII. Saint Lazare...Une Courte Histoire, 1981
L’Ordre essaie de maintenir la Jean de Beaugourdon, Une histoire
présence chrétienne en Terre brève de l’Ordre de Saint Lazare,1983
Maigne, Dictionnaire encyclopédique des
Sainte par la construction et la Ordres de Chevalerie civils et militaires,
maintenance d’équipements médi- 1999
caux dans la Vieille Ville de Jéru-
21
 & ( 6  0 < 6 7 ¬ 5 , ( 8 ; $ 1 7 2 1 , 1 6 
Par Guy Tarade

Le visiteur, qui découvre la Mal des Ardents, un empoi- Hieronymus Bosch, Mathias
superbe abbaye de Saint- sonnement transmis à Grünewald et Jean Canavésio
Antoine en Dauphiné, ignore l’homme par l’ergot de seigle. ont consacré à l’énigme de la
souvent l’histoire de l’Ordre Les histo- Tentation de saint Antoine et
des Hospitaliers dee l’aumône riens de aux myst
mystères qui entourent
de Saint-Antoine, qui ui fut fon- l’Art et les Antonins.
Anto L’exception-
dé dans la discrétion,
on, en ces surtout nelle richesse
rich de la peinture
lieux, en 1095. l e s médiévale dans le sud-est de
Les Antonins se sont ont effacés la France,
France nous a permis de
discrètement comme mme ils retrouver principalement
avaient vécu. Souventouvent dans les Alpes-Maritimes,
A les
clip-
leur présence fut éclip- traces les plus lisibles laissées
sée par celle dess par ces in
initiés dans les vallées
Templiers avec les plus re
reculées.
lesquels ils entre-
tenaient des liens Les proté
protégés des rois
forts et fraternels. Georges B Becker a écrit « Il est
Pendant près de certain que l’ergotisme est à classer
sept siècles, les parmi le
parmi les fléaux les plus hor-
Antonins ont vé- qu
ribles qu’aient connus nos an-
hiculé dans leur cêtres, pi pire peut-être que la peste
sillage un savoir ou le ch choléra, à cause des abo-
l a rge me nt en minabl
minables et incurables sé-
avance sur leurr qquelles
uelle qui l’accompa-
époque. Précurseurs urs ggnaient.
naien » En jugulant
en médecine, en chi- hi- ccette
ette terrible maladie, les
rurgie et en pharma-ma- Antonins
A nton reçurent la pro-
cie, ils furent pour la ttection
ection des rois.
plupart de sages E
En n 1502, l’Empereur
gestionnaires et Maxi
Maximilien 1er d’Au-
des conseillers po- trich
triche, pour faire savoir
litiques avisés tant comb
combien il distinguait
pour les rois de ces derniers,
d donna les
France que pour pr
propres armes de son
leurs Dauphins. E
Empire aux Hospita-
Médecins des papes, es, li
liers de Saint-
mais aussi alchimistes,
tes, Antoine: un aigle
A
ils pratiquèrent les trans- éploie de fable, bec-
épl
mutations. Cependant leur spécialistes de la peinture de qué, membré et diadémé de
renommée fut définitivement la Renaissance ont étudié gueules, timbré d’une tiare
acquise, lorsqu’ils jugulèrent avec beaucoup d’attention les Impériale d’or et sur l’esto-
dans toute l’Europe le terrible fresques et les tableaux que mac un écusson d’or à un

22 TEMPLARIUM
Tau d’azur. le Grand Œuvre alchimique. quelques pas de là. Elle est
Nos propres recherches nous Clans, dans la vallée de la Ti- censée, disent certains, attirer
ont prouvé que l’Ordre des née, Saint Sébastien de Ve- la protection sur les princes
Antonins était présent à Las nanson dans la Vésubie et mérovingiens du Razès.
Palmas, sur l’île de Gran Ca- principalement Notre-Dame
naria, aux côtés de Chris- des Fontaines près du petit À propos de trésor
tophe Colomb, lorsque ce village de La Brigue en sont L’Ordre des Antonins fut
dernier partit à la dé- les exemples les plus plu fla- excessivement riche. Lors-
couverte du Nou- grants. qu’il fut absorbé en 1775 par
veau Monde. Mais, c’est peut-être au coeur l’Ordre souverain des Cheva-
Le grand navi- même d’un haut lieu qu qui a fait liers de Malte, une partie de
gateur pas- d’encr que
couler des flots d’encre, sa fortune passa chez ces der-
sa d’ail- le sceau des Antonins
Antoni est niers. Mais n’oublions pas
leurs sa le plus présent. Nous qu’il existe un aspect obscur,
der- voulons parler
parle de secret, moins avouable qui fit
nière Re
l’église de Rennes- que tiares et couronnes por-
nuit le-Château dédiée taient l’Ordre en estime et lui
à Marie- vouaient une bienveillante
Madeleine
Madeleine, la sympathie.
douce p péche- Les Antonins furent sans
resse. SSouve- doute les mages des rois de
nons-nous France et les protecteurs oc-
que la statue cultes de l’Église des Gaules.
d’Asmodée,
d’Asm Trahis par ceux qu’ils proté-
gardien des geaient, délaissés par la pa-
trésors oc- pauté, les Antonins s’effacè-
aux Canaries
Canaries, en priant dans cultes
cultes, porte un bénitie
bénitier. Au- rent discrètement comme ils
la petite chapelle de Saint- dessus de lui, quatre anges avaient vécu. Cependant, la
Antoine abbé, qui jouxte la font un bien curieux signe de majorité de leurs richesses ne
demeure d’Antonio de Torres croix décomposé en sé- fut jamais découverte. Trou-
le gouverneur militaire de quences visuelles. Une devise va-t-elle refuge dans le Razès,
l’île, homme de confiance des affirme : « Par ce signe tu le où l’Ordre était éminemment
rois d’Espagne. vaincras ». présent. La question peut être
Vaincre la tentation du diable posée. G. T.
Les sanctuaires secrets du fut l’un des privilèges accor-
tau dés à Saint-Antoine-Ermite...
Peu de chercheurs savent au- Nos séraphins tracent un Tau
jourd’hui qu’il est possible de dans l’espace.
retrouver les sanctuaires ini- Sur la « Montagne des Béati-
tiatiques des Antonins, prin- tudes », qui se dresse au fond
cipalement dans le sud-est de de l’église, on découvre sur
la France. cet irritant décor en relief, un
Des rives de la Méditerranée personnage torse nu qui s’ap-
aux petits villages perchés puie sur un Tau. Ici, notre
dans les replis des Alpes, des démembré n’attire l’attention
chapelles peintes, réalisées que de ceux qui connaissent
sous la directive de l’Ordre, vraiment la marque des dis-
offrent encore aux amateurs ciples de saint-Antoine. La
de « Mystérieux Inconnu » de statue de saint Antoine-
nombreuses fresques révélant Ermite se dresse d’ailleurs à
23
8QHGÌFRXYHUWHLQHVWLPDEOHDX[FRQVÌTXHQFHVLQFDOFXODEOHV
/(0<67¬5,(8;75¬62525,(17$/'(67(03/,(56
8QH3KDUPDFRSÌH6HFUËWHHW6XUQDWXUHOOH


Par Jacques Bagnaux

Le mystérieux trésor oriental C’est un coffret renfermant la mander comment je suis en pos-
des templiers enfin révélé en pharmacopée secrète et surnatu- session d’un tel trésor et pourquoi!
exclusivité pour quelques privi- relle des frères alchimistes Tem- Lors d’un de mes voyages en
légiés pliers qui avaient été en contact Écosse il y a déjà fort longtemps,
Avez-vous entendu parler des avec des kabbalistes orientaux. et visitant les ruines de l’abbaye de
Templiers, ces moines-soldats Elle provient de la crypte de la Kilwinning, un vieil Écossais du
chargés pendant près de 200 ans chapelle de Chastel-Blanc en Pa- clan Mac Kenzie, paraissant en
de rendre l’accès des Lieux Saints lestine. Elle fut sauvée in extremis être le gardien, vint à moi et me dit
aux pèlerins. Au début du 14ème par le frère Petrus de Bononia qui en parfait français : « je vois que
siècle, ils furent accusés fausse- s’évada et trouva refuge en Alle- vous interrogez les vieilles pierres.
ment et l’on en profita pour s’em- magne puis en Écosse en l’an Savez-vous que parfois elles suin-
parer de leurs biens. 1318, après la destruction com- tent et révèlent de grandes choses.
Il y a presque soixante dix ans, la plète de l’Ordre dans notre pays. Mais je vois aussi à votre insigne
plupart des moines-chevaliers Cette boîte, cachée en un lieu sûr, que vous êtes chevalier de Saint-
Templiers de France, européens Lazare de Jérusalem, l’Ordre qui
avant l’heure, étaient arrêtés sur recueillait les Templiers malades
l’ordre du roi Philippe IV le Bel pour les soigner. Avez vous enten-
avec la complicité du pape Clé- du parler des Templiers français
ment V de Poitiers. Malgré les tor- qui, pourchassés se réfugièrent ici
tures infligées par les inquisiteurs il y a bien longtemps. » Je mar-
et la peur des bûchers, ils disparu- quais bien sûr un grand inté-
rent à jamais, sans révéler leurs rêt. J’attendais quelqu’un d’assez
lourds secrets. Quelques-uns con- fou pour lui confier une mission
tinuèrent leur mission dans exceptionnelle et si vous voulez
d’autres Ordres, comme en Es- l’accepter au péril de votre vie, elle
pagne, au Portugal et en Alle- deviendra la vôtre. Le temps me
magne. Plusieurs dizaines presse. Il faut sauver le trésor de
s‘échappèrent notamment vers l’Ordre du Temple si injustement
l’Écosse et réorganisèrent dès condamné. J’acceptai d’emblée et
1312, l’Ordre du Temple sur fus reçu le soir même dans le cha-
d’autres bases. Ils conservèrent un pitre secret de l’antique Confrérie
dépôt précieux, transmis de géné- dont fit partie des Montgomery,
rations en générations. des Settons et des St-Clair. Je me
Puisque nous vous reconnaissons souviens encore que dans la pé-
dignes, du moins nous le suppo- nombre de la salle du chapitre,
sons (et présent à cette vesprée), éclairée seulement par des bougies
nous allons ce soir, peut-être… Le centaure. Le silène sagittaire de cire jaune, certains des partici-
vous révéler ce grand mystère que d'après Aspi, Parlano gli Astri in pants étaient vêtus de longs ta-
des milliers de gens cherchent de- La Dominica del Corriere, n°19, bliers noirs et d’autres de blancs
puis des siècles sans le trouver. maggio 1931, p.13 manteaux. Je pris mon engage-
Voulez-vous que l’on vous montre ment sur un reliquaire qui renfer-
le vrai trésor de l’Ordre du lui fut révélée en mars 1310 par un mait une tête étrange. Elle me fut
Temple ? Attention, il peut vous vieux chevalier rescapé de St Jean présentée d’une certaine façon,
sauver ou vous faire périr. d’Acre, lorsque Pierre de Bologne, mais cela, il m’est impossible d’en
fut admis à visiter les prisonniers parler.
de la région parisienne pour assu- Le Commandeur me dit alors: « Il
rer leur défense quand cela s’avé- faut rapporter en France ce coffret
De Quoi s’agit-il? rait encore possible. et le garder par devers vous jus-
Vous allez tout de suite me de- qu’au 13 octobre 2007. À cette

24 TEMPLARIUM
 tites doses, ils annihilent chez l’homme
Levons donc ensemble un coin mais surtout sûr chez la femme la sincé-
du voile de cette pharmacopée rité, l’émulation la spontanéité, la chari-
surnaturelle. Les différents filtres té, le courage, l’espérance, la générosité,
extraits et mixtures contenus dans la discrétion, l’humilité, l’amitié, la
ce coffret, furent fabriqués il y bonne foy, la politesse, la sobriété, la sa-
bien longtemps à base de plantes gesse la force et la beauté.
magiques et d’animaux fabuleux Mais nous pouvons vous faire dé-
disparus de la surface de la terre, couvrir «quelques bons ou
des mers et des airs à la fin du quelques mauvais breuvages, sans
Moyen-Âge, et les derniers spéci- trop d’effet secondaires : 1. La
mens au moment de la grande cendre de Phénix, 2. Le Venin de
peste de 1346. Leur souvenir per- Basilic, 3. La flèche de Centaure,
durent néanmoins grâces aux 4. le lait de Chimère, 5. le Souffle
sculptures des tailloirs, des chapi- du Dragon, 6. la Morsure de Grif-
Le Phénix sur son nid. Miniature teaux, claveaux, des voussures et fon, 7. le feu de Salamandre, 8. la
d'un bestiaire médiéval. modillons supportant les entable- poudre de Licorne ou d’unicorne,
ments de nos édifices du temps 9. les humeurs de Vouivre, 10. la
date, 700 ans exactement après des croisades. semence de Sphinx, 11. les larmes
l’arrestation de nos frères, l’Ordre Ne soyez vas incrédules même si c‘est de Sirène, 12. le sang de Pélican,
du Temple sera rétabli et renouve- incroyable. N’oublions pas qu’au 19ème 13. les écailles de Mélusine, 14. les
lé au grand jour en France et ail- siècle nos ancêtres croyaient que les fos- puces de Cerbère, 15. l’herbe des
leurs, où il avait été créé en 1119 siles n‘étaient que des pierres tombées des Anges, 16. l’eau de Pucelle, 17.
et suspendu en 1312. Seul mainte- astres et de la lune. Nous savons mainte- l’esprit de Sainteté, 18. les poils de
nant, le Temple peut sauver le nant que les ammonites, les nautiles et Tarasque, 19. les couillons de
monde de la diabolique jihad des les dinosaures ont bel et bien existé sur Vampire, 20. la bave de Satyre, 21.
extrémistes islamistes qui se ca- notre planète. les Sanies de Harpie, 22. les excré-
chent dans les montagnes. Les On dit aussi que ces animaux ser- ments de Léviathan.
temps sont venus où cette nou- vaient d’intermédiaire entre
velle mission primordiale pour l’homme et le ciel mais aussi entre
l’avenir de notre humanité lui sera les hommes et les enfers. la pharmacopée
confiée. Ce sera une fois de plus le C’est pourquoi il est dangereux de
combat du bien contre le mal.
Vous devrez remettre ce coffret en
personne au grand maître de Cendre de phénix
l’Ordre dont la retraite secrète est D’origine orientale, le phénix est
située dans l’ouest de la France. Il une sorte d’aigle essorant, coiffé
aura absolument besoin de cer- d’une huppe issante d’un bûcher
taines fioles qu’il contient. Il se fe- (on le décrit comme phénix sur
ra connaître au moment qu’il lui son immortalité). Il a le pouvoir de
plaira, par les mots et les signes renaître de ses cendres. Symbole
que je vais vous confier. » de renaissance, d’une irréfragable
Entre-nous, pouvais-je lui refu- volonté de survie, c’est l’oiseau
ser... bennou des Égyptiens qui attend
Dans la même situation, auriez- le défunt après la pesée des âmes
vous refusé ou accepté. J’ai besoin (psychostasie), l’âme universelle
de votre part d’une réponse Le Dragon d'après d’Osiris qui se créera sans fin
franche. Alors puisque vous auriez l'Hortus sanitatis. d’elle-même, tant que dureront le
accepté, je vais alors vous faire Édition de 1491. temps et l’éternité.
partager une infime partie du se-
cret de ce trésor, si vous vous en- goûter certains Elixirs comme: Venin de basilic
gagez à ne rien dire même à un L’Essence de Mandragore et de Le Basilic se composait d’une tête,
animal ou à une plante connue de Belladone, l’Huile de Coquatrix, d’un corps et des pattes de coq, les
vous. les Calculs de Manticora, 1’Urine ailes et la queue d’un dragon em-
de Trinacria, ou les sécrétions de blème du mal et de la mort). Seule
Elixir extrait de la n’importe quelle chimère mal con- la belette et la fouine ont le pou-
pharmacopée nue. voir de le tuer. (C’est un serpent
Ils sont tous dangereux car même à pe- qui peut naître de l’accouplement

25
 généreux, le corps et les pattes
d’un lion, une queue de serpent. Humeurs de vouivre
Elle a beaucoup inspiré les faiseurs La vouivre est un serpent qui a la
de gargouilles particularité de s’accoupler par la
tête, et l’accouchement lui est fa-
Souffle du dragon tal. Elle porte entre ses lèvres un
Le dragon comportait la tête d’un diamant, ou un grenat qu’elle ne
crocodile d’ou sortait une langue quitte que pour boire. L’aspic lui
en forme de dard, des pattes est plus méfiant et il faut l’endor-
d’aigle, un corps et une queue de mir par des chants. Il symbolise le
serpent. Il est le symbole des pêcheur fermant ses oreilles à la
forces obscures du cosmos. bonne parole.
L’hydre est une sorte de dragon à
sept têtes. Semence de sphinx
La salamandre pliée en Ourobo-
Moitié lion moitié femme, il peut
ros d’après le manuscrit grec d’al-
chimie n°2.327 de la Bibliothèque
Morsure de griffon aussi avoir des ailes. Le sphinx est
Nationale de Paris. — X° siècle Il a le corps du lion, les ailes et la un monstre énigmatique et cruel.
tête d’aigle. C’est l’amalgame du À Thèbes, il posait des énigmes
roi des animaux terrestres et du roi aux passants et dévorait ceux ou
d’une poule et d’une couleuvre, ou des animaux du ciel. Symbole tan- celles qui ne pouvaient y répondre.
même de l’éclosion d’un oeuf de tôt bénéfique, animal royal qui Le sphinx est le symbole de la fé-
coq volé et couvé par un crapaud, d’un coup d’aile transporte au ciel, minité pervertie.
il est appelé alors codrille ou bali- tantôt maléfique et monstre ailé
coq. Il a une poitrine et la tête exterminateur. larmes de sirène
d’un coq, la queue d’un serpent. La sirène à la partie supérieure du
Son regard est maléfique et plus Feu de salamandre corps d’une femme et la partie in-
redoutable que le mauvais oeil. Il Sorte de lézard de profil, la tête férieure d’un poisson. Symbole de
brise les glaces où il se mire et suc- contournée, la langue terminée en volupté et de séduction jusqu’à la
combe en apercevant sa propre pointe de dard, la queue relevée cruauté. Son chant séduisait les
image. Il est le symbole de la mé- sur le dos et environnée de marins, et les navires venaient se
chanceté et de la médisance. flammes, la salamandre vit dans briser sur les récifs. Le triton,
les flammes et a le pouvoir de les quant à lui, à la partie supérieure
Flèche de Centaure éteindre ? C’est le symbole de la d’un corps d’homme et inférieure
Le sagittaire est un centaure armé chasteté. d’un poisson.
d’un arc, avec la partie supérieure
de l’homme et la partie inférieure Poudre de corne de licorne ou sang de pélican
du cheval. Toujours combattant, d’unicorne Cet oiseau à l’énorme bec qui se
jamais pacifique. L’homme pê- Cheval portant une longue corne sacrifierait pour ses petits est le
cheur se bestialise. Il se concrétise au milieu du chanfrein, une barbe symbole de l’amour paternel et de
par des hybrides monstrueux. de bouc et des sabots fourchus, la crucifixion. Il est souvent asso-
symbole du courage et de la pure- cié au Phénix d’Arabie. C’est un
Lait de chimère té. La licorne ne peut être attrapée oiseau d’Égypte vivant dans le dé-
Tête et buste de femme aux seins qque p
par une jjeune vierge.
g sert du Nil. C’est de là qu’il tire
son nom de canope signifiant
Égypte.

rognures d’écailles de Mélusine

Mélusine du Poitou, qui aurait
donné naissance à la liguée des Lu-
signan, roi de Jérusalem, de
Chypre et d’Arménie. Cette fée
bâtisseuse était une des trois filles
du roi d’Écosse Mélinas et de la
fée Pressine. Elle se transformait
le samedi prenant une queue de
serpent et des ailes de chauve-
La mort de la Licorne. Sculpture de la cathédrale de Strasbourg, XIIe souris. Elle revient de temps en
siècle. temps la nuit, rode autour des châ-

26 TEMPLARIUM
 Sécrétions de harpie
Eau de pucelle Monstre fabuleux à tête de femme.
On l’appelle ainsi car le compo- Divinités grecques mi-femmes mi-
sant d’un de ses fruits possédant oiseaux, pourvoyeuses des enfers.
de nombreux pépins est symbole
de la fécondité que l’on souhaite Excrément de Léviathan
par la suite aux jeunes filles. Elle Monstre marin du folklore oriental
ressemble à la pierre hyacinthe. mentionné dans la Bible.
Les couronnes de fleurs d’oranger
combattent l’excès des passions Je ne parlerai pas, pour des raisons
terrestres. connues de moi seul du guano de
calandrius et parandriu et des
Le Griffon mystique sur le sceau Odeur de sainteté miasmes de Champhur.. Tous ces
d’un prieur de port de Piles, en L’odeur d’éternité de cet esprit, esprits combattent, 1 - l’ignorance,
Touraine , XIIIe siècle ressemble à celle que l’on a sou- 2 - la bêtise, 3 - la jalousie, 4 - la
vent remarqué et dispensé après stupidité, 5 - l’ambition, 6 - l’or-
teaux, en poussant de petits cris. leur mort par les personnages de- gueil, 7 - l’ivresse, 8 - la gloutonne-
venus saints par leur vie exem- rie, 9 - la calomnie, l0 - la médi-
Puces de Cerbère plaire à l’image de la vierge Marie sance, 11 - l’inconstance, 12 - la
C’est un chien rampant à trois perfidie, 13 - la violence, 14 - la
têtes et queue de serpent munie Poils de tarasque haine, 15- la lâcheté, 16- l’indiffé-
d’un dard. De son corps s’échappe C’est un monstre légendaire dont rence, 17 - la faiblesse, 18 -la flat-
des serpents tortillants. Il garde la sainte Marthe arrivée avec les terie, 19 - la perversité, 20 - la libi-
porte des enfers. saintes femmes aux Sainte-Marie- do, 21 - la paresse, 22 - le men-
de-la-Mer, avec Marie-Madeleine, songe, 23 - l’affabulation et la Co-
Esprit des anges Marie Salomé, Marthe, Sarah, Jo- lère.
L’herbe des anges ou angélica ar- seph d’Arimathie et Lazare, aurait Et si vous savez discerner en
changelica est une ombellifère délivré Tasacon. Sa représentation les goûtant, les neuf élixirs con-
comme la ciguë. L’angélique pos- est bien connue en Provence, mais nus de nous, vous développerez
sède de nombreuses vertus médi- on la retrouve un peu partout, en vous :
cinales (notamment contre la comme à Poitiers. On l’appelle La force, la justice, la tempérance
peste). Elle aurait été également alors la Grand Goule. et la prudence qui sont les vertus
rapportée d’Orient par les Croisés essentielles de la chevalerie tem-
comme l’échalote d’Ascalon et la Couillons de vampire plière. Vous deviendrez au combat
passe-rose ou rose d’outre- Le nom de vampire vient de la comme dans la vie, rapide comme
mer,(trémière). langue serbe. C’est un mort qui l’épervier, agile comme un singe,
sort du tombeau pour sucer le rusé comme un renard et fort
sang des vivants, prenant aussi comme un lion
l’aspect d’une grande chauve- En vous observant bien, j’ai
souris. À vrai dire, c’est aussi une comme l’impression que vous au-
maladie, le porphyrisme, où des riez encore besoin d’augmenter
êtres tombés dans un état catalep- considérablement les fréquences et
tique proche de la mort ont besoin les doses de potions. Soyez sûrs
d’apport d’hémoglobine pour sur- que les Templiers resteront tou-
vivre. jours à votre disposition…

Bave de satyre
Ce Génie aux instincts lubriques
était associé au culte de Dionysos.
Il peut donner une grave maladie
que l’on appelle le satyriasis, qui
est l’état permanent d’excitation
sexuelle chez l’homme. C’est aussi
le nom d’un grand papillon de jour
aux grandes ailes brun-noir. Son
Satan vampire. Fresque de Cam- passe-temps favori est sans doute
po-Santo de Pise, XIVe siècle. de papillonner ici ou là.
D’après Didron.

27
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«Ce chevalier du Christ est un que des combattants se bravent moines-soldats du XIIe, XIIIe et
croisé permanent, engagé dans le avec des armes en acier dans des XIVe siècles: l‘Ordre Hospitalier
double combat: contre la chair et escarmouches non chorégra- de Saint-Jean-de-Jérusalem,
le sang, contre les puissances spi- phiées, l’art d’escrimer. l’Ordre du Temple et le troisième
rituelles dans les cieux. ... Il a re- Parmi ces gens et compagnies, un qui calque son organisation sur
vêtu sa poitrine de la cotte de beau jour en l’an de grâce 2000, un celle des Hospitaliers en reprenant
mailles, son âme de l'armure de la les techniques des Templiers dans
foi. Muni de ces défenses, il ne leur processus d’évangélisation,
craint ni homme, ni démon» - Ber- les Teutoniques.
nard de Clairvaux.
La formation de cette compagnie
Pendant ces mois d’été favorables est composée essentiellement
aux découvertes, en l’occurrence d’amateurs côtoyant de très près
juillet et août, je vous invite à faire les professionnels de l'animation
un voyage dans le passé... Chevau- médiévale. Spécialistes dans la
chez votre destrier et débarquez reconstitution historique, les
dans la lice où de preux chevaliers membres sont attachés à l’histoire
guerroient pour l'amour de l'art, de ces Ordres et non à la légende
de leurs belles ou plus simplement qui tourne autour. Ainsi ils préci-
de la vie. Au travers de l'organisa- sent que «tout prosélytisme poli-
tion des fêtes médiévales, ama- tique et religieux est strictement
teurs et professionnels renouent interdit au sein de notre associa-
avec le passé en faisant vivre la tion»
tradition martiale de la Chevalerie
selon les règles de courtoisie par Pendant les fêtes médiévales, ces
des joutes et tournois, les vieux religieux de la Compagnie des
métiers du Moyen-âge, etc. Ces groupe de passionnés créent à Blancs Manteaux se promènent
manifestations sont organisées en Hyères, une compagnie, au statut entre les festivités et sont remar-
une sorte de théâtre, relatant la vie associatif loi 1901: Les Blancs qués par leurs vêtements profondé-
économique et sociale à l’époque Manteaux. L’axe principal de cette ment religieux, bénéficiant d’une
du Moyen-âge. Des artisans agré- compagnie est la réalisation d’un certaine séduction sûrement dûe au
mentent leurs échoppes pendant campement médiéval ayant pour grand prestige spirituel. Dans les
thème les différents Ordres de défilés, leurs habits rayonnent par
la sobriété : le manteau noir et la
cotte d'arme noire frappés de la
croix blanche pour les Hospita-
liers, le mantel et la cotte d’arme
blancs frappés de la croix rouge
pour les Templiers, et quant aux
chevaliers germains calqués sur la
Milice du Temple, le manteau et la
cotte d'arme blancs frappés de la
croix ansée noire.

La Compagnie des Blancs Man-

teaux s’est fixée comme objectif
de faire de la prestation dans un
but culturel et pédagogique :
l'ambition de faire découvrir à un
large public, la vie des plus grands
Ordres de moines-chevaliers à
l’époque des croisades. Ainsi, une
exposition pédagogique à caractère
initiatique et non universitaire,
d’armes réelles de combats, est

28 TEMPLARIUM
présentée au public ou abordée à
travers des animations effectuées
dans la vie quotidienne du campe-
ment. Dans un décor de tentes, de
bannières, de clôtures en bois,
d’armes et d’autres équipements,
un ensemble de personnages cons-
titué de miles, d’écuyers, de gentes
dames affiliées, de donats s'acti-
vent à leur tâche journalière. Pen-
dant que ces gens vaquent à leurs
activités, jouent différentes say-
nètes où l’on présente les Ordres,
le harnois templier, les ma-
nœuvres, des démonstrations de
combat, des mises en scène de tir à
l'arc. Dans le camp, les femmes
présentent des recettes, de la bro-
derie... Les frater expliquent les
croisades, l'organisation des riques, apprécié par les prome-
Ordres. Un Haubergier fait une neurs qui s'instruisent et se dis- Une exhortation est émise à toutes
les âmes bien nées. Si l'esprit che-
valeresque régente votre ego,
soyez les biens reçus ; La Compa-
gnie des Blanc Manteaux vous
attend ! « Qu'il combatte le bon
combat ! »

Leur site http://www.ifrance.co-

m/CMLBM présente un sommaire
publiant les prestations et activités,
les objectifs puis un peu d’histoire
sur les Templiers et autres Ordres.
L’ensemble est agrémenté par une
galerie intéressante de photos rela-
tives aux membres de la compa-
gnie pendant les fêtes médiévales
de Carcassonne, Tarascon,
l'Ayguade, Hyères, Solliès-Pont,
Alby-sur-Chéran, Brignoles, Eve-
nos et Villeneuve-lez-Avignon. En
démonstration de fabrication de traient tout à la fois. Depuis un an, revanche, la bibliographie et les
cotte de mailles. Ainsi se déroule la compagnie médiévale des liens sont les pages pauvres du site
l’ensemble de ces saynètes histo- Blancs Manteaux présente ainsi effacées par l’insuffisance des
ses spectacles et ses activités à données. Ne manquez pas de leur
caractère historique dans les diffé- rendre visite sur le Web et pour-
rentes manifestations médiévales. quoi pas lors d'une de leurs repré-
Aujourd’hui, elle ne compte pas sentations... Mais que tout cela ne
moins d’une quinzaine de finisse pas sur un bûcher !
membres préposés à différentes J.-L. A..
tâches. À partir des recherches, des
scénarios souvent improvisés, la ?
Compagnie des Blancs Manteaux
se consacre donc à mieux faire
connaître ces Ordres médiévaux de
moines combattants par des activi-
tés et des représentations qui asso-
cient de façon originale l'Histoire,
le divertissement et certains com-
bats à l’épée. Redonner une forme
expressive et plaisante à l'Histoire,
tel est l’objectif ! Ainsi, la Compa-
gnie a regroupé depuis sa création
une équipe solide d’historiens, ani-
mateurs, artisans, costumiers.
29
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Thibaut: Les origines du Temple res- grand maître du Temple, était en réa- en anglais, fils d’un chevalier de Ca-
tent un sujet très méconnu des histo- lité le neveu de Bernard de Clairvaux, labre d’origine benjamainite, avec 7
riens car il est évident que le Temple signe du pouvoir qu’occupait alors autres moines calabrais, sous l’em-
ne se créa pas en un jour et que Bernard au sein de l’Ordre. De plus, à prise du Prieuré de Sion. Pourquoi
Hugues de Payens, simple petit noble la fin du grand procès, beaucoup de cacher les vérités? Dans la Principauté
provincial, fut obligatoirement aidé Templiers rescapés rejoignirent Cî- de Seborga vous en trouverez bien
financièrement et conseillé par un re- teaux. On peut alors se poser une d’autres. Bernardo connaissait bien les
ligieux très haut placé de l’époque. question: Pourquoi Bernard de Clair- secrets des druides celtiques, en savait
Cette personne devait par ailleurs être vaux ne porte-t-il pas le titre de fon- davantage des Cathares, Bogomiles,
présente au concile de Troyes en dateur du Temple? Probablement Patarins et autres. L’on parle souvent
1128, concile qui donna sa règle au parce que ce n’était pas le devoir d’un de l’Orme de Gisors en 1188, qu’à
Temple. L’Abbé E. Harding et Ber- homme d’Église aussi haut placé. Seborga on en saura du sarment de
nard de Clairvaux de l’Ordre des Cis- l’Olivier des Ames le 14 novembre
terciens étaient présents ce jour-là. Jacky: Bonjour, je m’étonne un peu 1127, lorsque Hugues de Payens re-
L’attention se porte alors sur Bernard de ces interrogations... Bernard, un vint de Terre Sainte avec le résultat
de Clairvaux puisque cet homme rédi- homme d’église, oui, mais de quelle des fouilles dans le temple de Salo-
gea la règle du Temple. Bernard de église ??... Quand au Temple, il mon: un parchemin en cuivre. Où
Clairvaux mit dans sa vie son tempé- semble évident qu’il est dans la lignée sont-ils ces documents secrets? À Se-
rament de chevalier au service de des «constructeurs» de Cîteaux, eux- borga: frappez au numero 1 de la
Dieu et est donc le type d’homme à mêmes dans la lignée de l’Ordre Bé- Place Saint-Martin et vous en saurez
fonder un ordre de chevalerie. Il nédictin. Et on peut remonter comme encore sur le mystère du «Et in Arca-
existe heureusement bon nombre ça assez loin... C’est d’ailleurs ce que dia ego» de Rennes-le-Château, ses
d’indices pour soutenir cette idée : j’ai écrit sur http://www.royalement- Pommes Bleues, son Serpent Rouge...
lorsqu’en 13.., un Templier jura lors votre.com depuis l’origine! Je ne vais
de son procès que le Temple fut créé pas me répéter ici... Passez donc lire Jacky: Ce cher Hoël me semble un
par Bernard de Clairvaux et que les un peu chez moi ! Il y fait bon et j’ai charmant plaisantin. Voici je ne sais
Templiers étaient sous son autorité du vin au frais... @ + combien de messages au fil des di-
spirituelle ; mais les historiens ne tin- verses plate-formes, dans lesquels il
rent pas compte de ces témoignages Thibaut: Cher Jacky, c’est vous qui nous suggère d’aller visiter sa
pensant que le Templier accusé vou- m’étonnez. Quand je dis «d’Église», «Principauté» de Seborga. On veut
lait purifier l’ordre aux yeux de ses c’est avec un grand É, donc de bien y aller voir cher Hoël, mais je
inquisiteurs en utilisant la personne de l’Église chrétienne en général d’après vous en prie, un peu de sérieux, ne
Bernard de Clairvaux. Si Bernard de les fonctions de St Bernard dans celle- mélangez pas tout ! Vos messages
Clairvaux est réellement le fondateur ci. J’admets que le Temple soit commencent furieusement à ressem-
de l’Ordre des Templiers, l’Ordre des comme vous le dites dans la lignée bler à du spam organisé pour pro-
Cisterciens qui fut longtemps géré par des constructeurs de Cîteaux et cela mouvoir le tourisme dans cette char-
Bernard eut, tout au long de l’exis- est dû, je pense, à leur règle de St Be- mante bourgade qui fait la une des
tence du Temple, des liens étroits noît que Cîteaux et le Temple ont en émissions branchées. À vous en
avec lui. On démontre ces liens grâce commun. Mais n’admettez-vous pas croire, Seborga recèlerait la solution à
à certains évènements : l’Ordre de Cî- que le Temple soit l’ouvrage de toutes les énigmes que se pose l’Occi-
teaux déclina dès la chute du Temple. l’homme inspiré qu’était St Bernard ? dent ! Et puis quoi encore ? Jésus était
Ceci démontre donc que les deux J’attends vraiment impatiemment de Seborga aussi peut-être ? Ha ha
Ordres furent étroitement liés jusqu’à votre point de vue. Amitiés et A+ ha ! Ces tchacheurs italiens !... En ré-
ce que le Temple meure et Cîteaux, ponse (tardive) au dernier message de
privé de ce soutien, déclina ; les règles Hoël : Bernardo, dit de la Vallée de Thibaud, je pense pour ma part, que
des deux Ordres sont en bon nombre l’Absinthe (par la suite appelée Chiara Bernard ne fut qu’un homme provi-
de points similaires (inspirées de la Valle, Claire Vallée, Clara Vallis, Clair- dentiel, choisi au bon moment par le
règle de saint Benoît). Cela peut ainsi Vaux, Clairvaux), fut l’un des pre- destin mais surtout par le système bé-
faciliter les relations entre les deux miers Grands Maîtres secrets de la nédicto-colombanien représenté par
ordres. Donc, on peut alors affirmer Paupera Militia Christi (Templiers) fon- la branche «cistercienne» de l’Église
que le Temple est en quelque sorte dée le 11 Novembre 1118 à Castrum (celle avec un grand É comme vous
une filiation cistercienne qui peu à Sepulchri (aujourd’hui: Seborga, dans la dites). Choisi pour ses qualités parti-
peu grâce à Cîteaux prit de l’ampleur principauté du même nom, à l’inté- culières de chef, de bâtisseur et d’ini-
et finit par dépasser Cîteaux de puis- rieur de Bordighera en Ligurie, Italie) tié aux traditions celtiques, pour rebâ-
sance. Autre indice, l’un des neuf pre- par Ugone de Paganis, Hugues de tir une nouvelle «vision» de la civilisa-
miers chevaliers qui devint par la suite Payens en langue franque, de Payns tion, pour rectifier le tir de toutes les

30 TEMPLARIUM
débilités propagées par cette même É vert dans ma «queste», il y en aura des triarche de Jérusalem et les membres
-glise, selon un nouveau schéma dizaines, voire des centaines de mil- du Concile de Troyes. Je reconnais
beaucoup plus terre-à-terre et éblouis- liers avec lesquels j’aurai à faire ; que l’influence de Saint-Bernard était
sant de pragmatisme. Certains auteurs même s’ils ne pourront pas me repro- là, à cause de ces liens familiaux avec
dont je suis (loin après Louis Char- cher car devant eux il n’y aura qu’un certains Templiers fondateurs et sur-
pentier et d’autres) supputent que ce bouquin avec un auteur, ailleurs. tout de son l’influence sur la chrétien-
schéma fut établi bien avant les croi- Entre vous qui surfez dans la toile, il té de cette époque. Saint Bernard
sades, par les bénédictins eux-mêmes est bon de plaisanter, tandis que moi, n’était en outre pas content du tout
qui ont toujours représenté la branche dans ma «queste», je dois du respect à quand son ami, le comte Hugues de
«intellectuelle» de l’église. Ceux qui ne ceux qui me lisent, du moins pour Champagne choisissait vers 1125/26
se contentent pas du catéchisme tradi- avoir payé le prix du livre. À mon d’adhérer aux Templiers et non aux
tionnel mais qui cherchent et étudient tour, surfant dans la toile, comme je Cisterciens.
les textes anciens depuis le IVe siècle respecte les autres, je ne demande aux De plus, ce puissant comte de Cham-
de St Benoît. Si vous êtes allé faire un autres de me respecter. Ou alors au pagne se trouvait en Orient en 1113
tour sur http://www.royalement- webmestre d’ouvrir deux sortes de avec les fondateurs du futur Ordre du
votre.com, vous n’avez sans doute plateformes: l’une pour les quelques Temple. En 1113, ils avaient déjà
pas manqué de relever ce constant dizaines de copains qui s’amusent à l’intention de fonder un ordre mili-
parallélisme entre l’établissement de s’en dire, une deuxième pour ceux qui taire religieux. Hugues de Champagne
monastères bénédictins puis cister- voudraient savoir davantage, tout en visitait l’Orient régulièrement. Avant
ciens, et l’éclosion de la civilisation et offrant leur savoir, même si infime ou de partir en Orient (probablement)
du bien être économique alentour. insignifiant, sans subir les ricanements pour la première fois, il s’était réuni
Les Templiers n’ont été que le pro- des «pros». Finalement, si je peux ain- avec des nobles en 1104!! Entre eux, il
longement méthodiquement appliqué si dire, ç’est une question d’éthique. y avait un certain André de Mont-
de ce concept pour organiser la vie Sans vous en vouloir, bien au con- bard... En 1115, Hugues de Cham-
séculière en une époque qui en avait traire, car toute rencontre (même si pagne a donné les terres de Clairvaux
bien besoin. Saint-Bernard fut-il un virtuelle ou factuelle) est enrichis- à un jeune moine, Bernard !! Les
être exceptionnel ? Sans doute, parce sante. Shalom! Templiers étaient déjà actifs bien
que le temps et sa «mise en responsa- avant 1119, sans porter le nom de
bilité» s’y sont prêtés. Mais s’il n’avait Jan : Bonjour à tous et surtout à Thi- «Templier», mais par un groupe
existé un Bernard, on aurait trouvé un baut. Saint-Bernard n’a pas du tout moins organisé (sans règle). Croyez-
Claude ou un Julien pour diriger le écrit la Règle du Temple. La Règle du moi, c’est une plaisanterie que 9 che-
Temple qui était de longue main dé- Temple est surtout le travail du pa- valiers soient restés seuls pendant 9
crété par cette branche active d’intel-
lectuels religieux. De mon avis, même
si Bernard n’avait pas été, il y aurait
quand même eu un Temple, précédé
de la première croisade. C’était proba-
blement l’indispensable chemin de la
civilisation. Cordialement

Hoël : Pour Jacky, en réponse à sa

question. Cher Monsieur, n’étant pas
francophone, je n’ai pas, hélas, votre
verve ! Néanmoins j’ai l’avantage de la
documentation. D’ailleurs, étant écri-
vain de mon état, ce qui m’intéressent
sont les faits documentés, pas les
«ouï-dire».Vous me targuez de
«charmant plaisantin» et je vous en
remercie. Je suis simplement un néo-
phyte qui cherche sa «queste». J’ai eu
occasion de visiter et ainsi connaître
la principauté de Seborga, où j’ai ap-
pris un tas de choses. Je l’étale avant
de le mettre noir sur blanc dans un
bouquin, en espérant que d’autres (tel
vous) viendront mitiger mon enthou-
siasme. Quelle est la différence entre
vous, d’autres plateformistes, et moi?
C’est simple, vous, vous parlez entre
vous (en italien nous disons que vous
vous parlez les uns sur les autres: vi
parlate addosso), tandis que moi, lors-
que je ferai état de ce que j’ai décou-

31
ans. Des études sur la noblesse Fla- de Clairvaux n’est pas, à mon sens, le qui règlent la vie de l’ordre naissant ; discu-
mande en 1127/28 montrent que les fondateur des Templiers, du moins tés et modifiés, ils sont mis par écrit par
Templiers étaient déjà très puissants les textes ne sont pas aussi explicites. LES pères du concile ; en 1131, le pa-
et en (très) grand en nombre à Il a sans doute inspiré la règle primi- triarche de Jérusalem, Étienne de la Ferté,
l’époque du Concile de Troyes. Il tive et favorisé le concile de Troyes. remanie et enrichi le texte de pour aboutir à
semble qu’une attaque brutale sur des Je rejoins donc le point de vue de Jan. la règle dite "primitive", en 72 articles rédi-
pèlerins, vers Pâques 1119 aurait don- Un petit rappel me semble venir à gés en latin"
né l’amorce décisive de la fondation point et rejoindre le sujet d’autres · p. 58 : "Le patriarche, au retour de
de l’Ordre. Afin de vous renseigner, il plates-formes, c’est pourtant ici qu’il a Hugues de Payns en Palestine, révise 12
faut lire Laurent Dailliez, «Règle et Sta- sa place, à savoir au sujet de la règle. articles et en ajoute 24 (note: G. Schnürer,
tuts de l’Ordre du Temple» (Nice, Alpes- Voici des éléments qui me semblent Die Ursprünglischen Templeregel, Görres
Méditerrannée, Éditions - Impres’sud, importants dans le cadre de cette dis- Gesellschaft, III, 1903, p.135-153. Repris
1978, 405 p.) Mais il faut surtout es- cussion. Alain Demurger, Vie & Mort par M.Barber, The Origins of the Order of
sayer d’obtenir le livre suivant: Marie- de l’Ordre du Temple, Seuil, Paris, 1985 : the Temple.). Il réserve le manteau blanc
Louise Bulst-Thiele: «sacrae domus militiae · p. 36 après la citation du prologue aux chevaliers, les "autres" n’ayant droit
templi hierosolymitani magistri - Untersu- de la règle: «Si Bernard avait écrit la règle, qu’à la bure brune ou noire […] «Plus
chungen zur Geschichte des Templeordens les Templiers n’auraient pas manqué de s’en loin dans le texte tjrs. p.58: "En tout
1118/19-1314 » Göttingen: Vandenhoeck vanter. La règle a été rédigée en Orient, avec état de cause, les Templiers, très vite, refusent
& Ruprecht, 1974, 416 p. (en Alle- l’aide du patriarche de Jérusalem ; Hugues toute tutelle du patriarche et Robert de
mand). en a ensuite discuté avec le pape avant de la Craon obtient satisfaction en 1139 : les
soumettre au concile de Troyes, où il savait Templiers sont placés sous la férule du pape,
Lancelot 82 : Salut à Christophe et à L’Influence de Cîteau prédominante […]." sans intermédiaire. La règle témoigne de ce
toute l’équipe ! Les questions d’Arnou · En pages 36-37, il y a tout un pas- succès ; non plus la règle latine, mais sa tra-
sont intéressantes, mais il va un peu sage qui fait suite à ma citation et qui duction française, de peu postérieure à la
vite en déductions. Les rapports entre concerne les rapports entre le mona- décision pontificale, et qui, on l’a dit, n’a
Cisterciens et l’Ordre du Temple, s’il chisme cistercien et le Temple. rien de littérale.» Cependant Jan, pour-
y en a eu, ne se démontrent pas dans · p. 57 : "Hugues de Payns vient à Troyes, quoi donc St Bernard n’aurait-il pas
les croissances communes. Bernard ayant en tête les coutumes et usages non écrits été content que Hugues de Cham-
32 TEMPLARIUM
pagne adhère au Temple? Hoël, j’es- J’attends le prochain scoop d’Hoël : en français... Les oeuvres de Malcom
père que vous n’êtes pas sérieux sans doute la découverte du tombeau Barber sont The Trial of the Templars,
quand vous prétendez écrire de l’his- du Christ, qui comme chacun sait Cambridge, University Press, 1994, 312 p.
toire et tirez des «vérités» (toutes rela- n’est pas mort sur la croix, mais dans ; The New Knighthood - A History of the
tives semble-t-il…) à partir de docu- un tragique accident de char dans les Order of the Temple, Cambridge, Universi-
ments que vous ne citez même pas. ruelles de Seborga.... et in arcadia me- ty Press, 1994, 441 p. Merci et à bien-
Vous avez beau parler italien, ça ne galo ! tôt.
justifie pas le «parchemin de cuivre»
auquel vous faite allusion. Un parche- Jan : À Lancelot 82 et à Lecompte. Lecompte: Pour Hosten, mille ex-
min est en peau de bête, pas en métal! Vous pouvez m’appeler Jan. Le- cuses mais j’avais oublié mon message
De plus si ça remonte au roi Salo- compte affirme que Saint-Bernard sur cette plateforme. Le texte que je
mon, ça serait plus vraisemblablement n’était pas du tout content que d’im- possède est une photocopie de la
des papyrii, et je dois dire que parche- portants personnages adhèrent au règle donnée au concile de Troyes et
mins et papyrii sont sous la forme de Temple plutôt que chez les Cister- annexée au compte-rendu dudit con-
volumines, étape du livre avant notre ciens. Ceci dit, j’ai du mal à croire que cile. Elle comprend 72 articles, est
codex... En cuivre, ça me paraît dur à «le rédacteur est un cistercien nommé Jean- écrite en latin, et possède un préam-
enrouler, encore plus à faire des co- Michel», comme dit Lecompte. D’où bule qui donne aux Templiers le nom
dices. En quoi Seborga a-t-elle le tiens tu ces sources? Tu sais sans de chevaliers «de la cité sainte» et qui
moindre rapport avec la fondation du doute que le plus ancien texte de la mentionne aussi le nom du rédacteur
Temple? Qu’est-ce que la botanique Règle du Temple réside à Bruges sous de la règle «Moi Jean-Michel etc... ».
(olivier, orme,…) apporte au dossier le nom «Manuscrit 131». Ce manuscrit Ce document a été publié chez Tréda-
de la genèse du temple? Et surtout,… est en Latin, et je suis néophyte dans niel vers 1990 dans un opuscule inti-
quel rapport avec le prieuré de Sion, cette langue... Pour tous ceux qui tulé je crois «L’Ordre du Temple, les
la Calabre, les pommes bleues et les n’ont aucune connaissance en Latin, il textes fondateurs». On y trouve le cé-
serpents rouges? Est-ce que vous es- y a un fabuleux livre et un article sur lèbre «de laude novae militiae» qui est
sayez de promouvoir une secte ? Est- la plus ancienne Règle du Temple par bien de Saint Bernard, et la règle com-
ce que vous êtes tout-à-fait sûr de Laurent Daillez: Règle et Statuts de plète avec sa préface. Pardon encore à
vouloir publier quelque chose et de l’Ordre du Temple - Deuxième édition aug- Jan d’avoir tardé à répondre. Non no-
propager des idées qui me semblent mentée Paris: Éditions Dervy, 1996, 397 bis
contaminées par quelques fantasmes p., et Les plus ancien texte de la Règle du
d’auteur en mal de succès ? Je partage Temple - Le manuscrit 131 de la Biblio- Lecompte : Nouvelle précision après
sur les idées Hoëloliennes l’avis de thèque de Bruges" in Handelingen van het vérification, pour Jan : L’opuscule
mon brave et honnête compagnon genootschap voor geschiedenis, gesticht onder «L’Ordre du Temple, les textes fonda-
Michel (excepté quant à la théorie de de benaming Société d’Émulation te Brugge teurs» est paru en 1991 chez Tréda-
la planification quoique je reste ouvert Brugge: 1974, Deel CXI van de verza- niel. La mention de Jean Michel figure
au débat, n’ayant pas fait d’étude pré- meling, afl. 1-2, p. 175 – 200. En re- bien dans le prologue. Le texte de
cise dans ce sens). À bientôt. vanche, tu peux aussi t’orienter vers Trédaniel est introduit par « ici com-
Henri de Curzon, La règle du Temple , mence la règle des chevaliers de la Sainte
Lecompte : Un peu de sérieux : Saint Paris, Librairie Honoré Champion, 1977, Trinité» alors que l’original latin dit
Bernard n’a jamais écrit la règle du 368 p. - Réimpression de l’édition de Paris, «commilitum sanctae civitatis. » Il y a
Temple, pas plus que le patriarche 1886 . Si tu possèdes une Règle donc une étonnante confusion entre
tartempion. La règle de base, publiée (copie) qui est plus ancienne que celle trinitatis et civitatis, dûe sans doute à
au concile de Troyes, et dont j’ai la de Bruges, ce serait évidemment su- une traduction hâtive. Rappelons que
photocopie, mentionne expressément per. J’ai aussi lu les livres de Baigent sous la révolution fleurissait en
que le rédacteur est un cistercien & Leigh, comme des romans d’aven- France un Ordre des «chevaliers bien-
nommé Jean-Michel. Quant à Saint tures. Je les trouvais fabuleux mais faisants de la cité sainte». Autre tra-
Bernard, on a encore le texte de la lorsque j’ai vérifié ce que ces mes- duction bizarre du document Tréda-
lettre d’engueulade qu’il adressa à son sieurs écrivaient, j’ai été déçu. Ces niel : l’article intitulé «des sœurs» ( le
tonton André (de Montbard) quand il livres sont remplis de théories entrela- N° 56 ) dont le titre latin est claire-
apprit qu’il entrait dans l’Ordre du cées les unes dans les autres, mais ment «ut amplius sorores non habeantur»,
Temple. Il aurait manifestement pré- sans fondement. Ils n’ont pas fait qui signifie sans équivoque que les
féré que Tonton le rejoignît chez les d’études historiques sérieuses. Mal- Templiers n’avaient pas le droit de
cisterciens. Les élucubrations de Hoël heureusement, les livres de Baigent et recevoir des soeurs. (ce qui est confir-
sortent du livre «l’énigme sacrée» ( Leigh sont plus faciles à trouver que mé par l’article 72 ). Une lecture trop
Baigent Leight et consorts ) qui est le les livres de meilleure qualité sur les rapide peut laisser penser qu’il y avait
plus magistral tissus d’âneries qui Templiers. Les auteurs que je trouve des femmes dans l’Ordre. Je l’ai sou-
m’ait été donné de lire. On y apprend supérieurs sont Malcolm Barber vent entendu dire. Mais c’est faux, et
par exemple que le général de Gaulle (Université de Cambridge), Laurent il faut assumer cette réalité, pour ma-
avait un frère, que tel grand Maître Daillez (plus de 20 livres sur le chiste qu’elle soit… Il faut donc tou-
dont le sceau et la qualité figurent aux Temple) et Alain Demurger (qui jours être prudent sur les textes qu’on
archives nationales de France, n’a ja- s’appuie sur Barber). Je suis content nous sert..
mais existé... et ainsi de suite. Il y a que Lancelot82 se serve d’un auteur
des auteurs sérieux et des farceurs. À respecté comme Demurger. J’ignore http://www.templiers.org/
nous de trier le bon grain de l’Ivraie. si les Livres de Barber ont été traduit

33
/HFRLQGHV$UFKLYHV
Officialité de l’archidiacre de Paris (Z1O 1 à 25)
Église catholique Officialité diocésaine de Paris (Z1O 11 et 26 à 241)
Officialité du chapitre de Notre-Dame de Paris (Z1O 27)
Officialité de Saint-Germain des Prés (Z1O 242 et 243)
ARCHIVES DU SIEGE APOSTOLIQUE (VATICAN)
Autres juridictions ecclésiastiques (Z2, passim, en particu-
lier Z2 3078 à 3847)
Registres (L 24 à 167 ; LL 1 à 5)
Bullaire (collection factice de bulles pontificales retirées de
AUTRES DIOCESES FRANCAIS
leurs fonds d’origine) (L 220 à 366)
Inventaires (L 372 à 400) Archevêchés et évêchés
Epaves (K 1334 ; M 879 à 884 ; MM 852, 853, 880 à 892) Privilèges -------------------------------------- L 727 à 746, LL
973 ---------------------------------------------- à 987
CLERGE DE FRANCE : GENERALITES Communautés religieuses
Privilèges -------------------------------------- L 964 à 1010, LL
988 à 1593,
Agence générale du clergé (G8) passim ; LL 1594
Chambre supérieure des décimes de Paris (Z1P) à 1721, passim
Déclarations des bénéfices et revenus ecclésiastiques du Comptabilité ---------------------------------- H5 4011 et 4764
Clergé de France, 1790-1791 (S 7051 à 7560) Titres domaniaux ----------------------------- S 3210 à 3307
Documents historiques sur l’histoire religieuse (L 1 à 23 ; L
401 ; LL 6) Universités et Collèges
Statuts, mémoires, etc. ----------------------- M 196 et 197
DIOCÈSE DE PARIS Comptes : collège de la Flèche (Sarthe) -- H3 2574 et 2773

ORDRES MILITAIRES ET HOSPITALIERS

Établissements séculiers et réguliers (sauf juridiction)
Répertoire ------------------ LL 1722
Ordre du Temple et de l’Hôpital Saint-Jean-de-Jérusalem,
puis de Malte
Evêché et archevêché de Pariso
Privilèges --------------------- L 408 à 462, LL 7 à 38
Comptabilité ----------------- H5 3658 à 3662 Statuts, privilèges --------------------------- M 1 à 29
Titres domaniaux ----------- S 1066 à 1323 Comptes --------------------------------------- H5 4216 à 4224
Registres -------------------------------------- MM 1 à 191
Chapitre de Notre-Dame de Paris et établissements dépen- Titres domaniaux --------------------------- S 4946 à 6101
dants
Privilèges --------------------- L 463 à 599, LL 76 à 444
Ordre de Saint-Lazare et ordres réunis
Comptabilité ----------------- H5, passim
Titres domaniaux ----------- S 1 à 839 Statuts, privilèges --------- M 30 à 46 ; MM 193 à 231
Titres domaniaux ---------- S 4812 à 4945
Collégiales du diocèse de Paris Titres d’hôpitaux et maladreries réunis à l’ordre de
Privilèges --------------------- L 600 à 629, LL 445 à 677 Saint-Lazare ---------------- M 47 à 60 ; MM 218 à 237
Comptabilité ----------------- H5, passim
Titres domaniaux ----------- S 840 à 2068
Ordres divers
Paroisses du diocèse de Paris Statuts, privilèges --------- M 61 à 64 ; MM 192
Privilèges --------------------- L 630 à 726, LL 686 à 972
Comptabilité ----------------- H5, passim
Titres domaniaux ----------- S 3308 à 3631
Religion prétendue réformée
Communautés d’hommes
Privilèges -------------------- L 747 à 963, LL 39 à 75, LL 988 Sur la politique du gouvernement à l’égard de la "religion
à 1593, passim prétendue réformée", voir les archives du département de la
Comptabilité ----------------- H5, passim Maison du Roi.
Titres domaniaux ----------- S 1324 à 3209, S 3632 à 4356
Documents domaniaux ---- K 964 à 982 http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/
fonds/tabsa/tabsa02.htm
Communautés de femmes
Privilèges --------------------- L 1011 à 1084, LL 1594 à 1721,
passim
Comptabilité ----------------- H5, passim
Titres domaniaux ----------- S 4357 à 4811

Juridictions ecclésiastiques

34 TEMPLARIUM
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Tel. 04 76 30 06 19 ou 04 90 08 44 13 Fax 04 76 30 03 51 E-mail: [email protected]

Un mythe Templier : L’extraordinaire

LE BAPHOMET secret des prêtres
Membre de la Société Aca- de
démique de l’Aube et de- Rennes-le-Château
puis peu archiviste de la- Il y a un siècle, Béren-
dite société, Daniel Cas- ger Saunière, simple
tille rouvre le dossier épi- curé du petit village
neux de l'idolâtrie qu’au- de Rennes-le-Château
raient pratiqué certains des dans l’Aude, a t-il
malheureux “moines- détenu le secret des
soldats” en vénérant un secrets ou possédé le
objet mystérieux en forme trésor des trésors? Un
de tête sculptée, voire de nombre plus impor-
statue. Regroupant les in- tant d’ouvrages que ce
terrogatoires des Tem- village n’abrite
pliers, l’auteur nous en- d’âmes a désespéram-
traîne, à partir de faits con- ment tenté d’apporter
crets, dans une mise au la lumière à ces ques-
point sur un mystère qui tions. Jamais une ré-
encombre toujours les es- ponse précise n’a jail-
prits des spécialistes de la recherche templière. Le coffret d’Es- li. Pourtant l’engouement suscité par cette affaire est
sarois est-il la clé de l’énigme? toujours la même. Passionné de mystère irrésolus,
Disponible au prix de 15,24 € + 2,13 € de port. l’auteur Patrick Mensior fait l’œuvre de salubrité pu-
blique en démystifiant certaines théories enjolivées. Son
(Voir couverture et bon de commande au verso) ouvrage dédié tant au « renniste » averti qu’au profane
tiendra, à n’en pas douter, lieu de référence. Ses travaux
sont vérifiables point par point et, après la dernière ligne,
le lecteur troublé sera impatient de connaître ses pro-
La Règle de l’Ordre du Temple chaines découvertes… Disponible au prix de 21,20
Bibliographie Templière € + 2,13 € de port
(Voir couverture et bon de commande au verso)
Multilinghe
(DE MILITUM TEMPLI ORDI-NIS REGULA LI-
BRISQUE COGNITIS) La Règle de l’ordre du Temple -Bibliographie multilinguistique par
(Voir couverture et bon de commande au verso) Nicolas Haimovici Hastier et Stelio W Venceslai, N. Haimovici Ed.,
Accademia Templare, 2001, 501 pages, 80 illustrations ou cartes.
Cet ouvrage en cinq langues européennes, en collaboration avec
l’Accademia Templare de Rome, est l’oeuvre de membres de l’Ordre du Temple international (Préface). C’est une oeuvre biblio-
graphique exhaustive fidèle du précepte de l’Ordre «pas pour nous, Seigneur, pas pour nous mais à la Gloire de ton Saint Nom”.
Une bibliographie complète recense les Règles1 de l’Ordre du Temple et leur évolution et commentaires depuis l’origine, ce n’est
pas une histoire de l’Ordre du Temple mais une approche du Temple symbolique. L’évolution des «Pauvres Compagnons » aux
«Chevaliers du Christ» est calquée sur la Règle primitive latine, augustinienne, à la Règle française bernardienne de Robert de
Craon (1135). De 1257 à 67 « Statuts » et «Egards » donnent lieu à des ajouts. Une analyse par thèmes est présentée. Près d’une
centaine de documents référencés précèdent une bibliographie véritable comprenant aussi les chroniqueurs du XI au XIVe siècle
ainsi qu’une centaine de références directes ou générales (200 environs) et des revues historiques à thème. Cette oeuvre de biblio-
thèque est très spécialisée sans exégèse historique.
Disponible
au prix de 100 € + 6,10 € de port
(Voir couverture et bon de commande au verso)

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