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L’ÉGLISE-MAISON

SIMPLE . STRATÉGIQUE . BIBLIQUE

NEW TESTAMENT REFORMATION FELLOWSHIP

Atlanta, Géorgie, États-Unis

www.NTRF.org

Quebec, Canada

www.eglisedemaison.info

1
2
L’ÉGLISE-MAISON
SIMPLE . STRATÉGIQUE . BIBLIQUE

SOUS LA DIRECTION DE
STEVE ATKERSON

COLLABORATEURS

BRIAN ANDERSON BERESFORD JOB

STEVE & SANDRA JONATHAN


ATKERSON LINDVALL

STEPHEN DAVID TIM MELVIN

MIKE INDEST DAN WALKER

Un remerciement spécial à
Christian Hidalgo de Navigation Advertising
pour la page couverture.
www.navertise.com

Atlanta, Géorgie, États-Unis


www.NTRF.org

Quebec, Canada
www.eglisedemaison.info
3
PUBLIÉ PAR
NTRF
2752 Evans Dale Circle
Atlanta, GA 30340 USA
www.NTRF.org

Quebec, Canada
www.eglisedemaison.info

©2008 New Testament Reformation Fellowship

CITATIONS BIBLIQUES

Sauf exception, toutes les citations bibliques de ce


livre sont tirées de la Sainte Bible,
version d’Ostervald révisée, édition 1996.
Tous droits réservés ©1996 Mission Baptiste Maranatha

REPRODUCTION AUTORISÉE

Vous pouvez reproduire librement ce livre ou tout autre matériel de NTRF.

4
Que le Seigneur Jésus soit glorifié par la distribution de ce livre parmi
son peuple de langue française dans le monde. Vive la Réforme!

5
Pour obtenir de plus amples renseignements en français,
veuillez aller à l’adresse suivante :
www.eglisedemaison.info

Personnes-ressources francophones :
Sylvain Bigras
[email protected]

Alexandre Grondin
[email protected]

6
TABLE DES MATIÈRES

Partie I LES RÉUNIONS D’ÉGLISE


1 La tradition apostolique — Dépassée? 15
2 Le repas du Seigneur — Festin ou famine? 31
3 Des réunions interactives 57
4 Consensus d’assemblée 83
5 La doctrine de l’église-maison 93
6 Dix raisons de faire l’église-maison 105
7 Les enfants à l’église 125
8 Une eglise pleinement biblique 131

Partie II LES MINISTÈRES DE L’ÉGLISE


9 Les ministères de la prédication et de l’enseignement 139
10 Le ministère des anciens 151
11 Les ministres à temps plein 161
12 Le ministère d’évangélisation 171
13 Le ministère de la famille —
La clé pour des eglises en santé 179
14 Servir par les dons 193

Partie III QUESTIONS TOUCHANT L’ÉGLISE


15 L’église de localité 201
16 Mettre la vérité en pratique —
La discipline ecclésiastique 219
17 Les familles de l’église 227
18 L’ordre divin 233
19 Une situation difficile — Devenir trop nombreux 249
20 Les traditions de l’église 261

Conclusion 269
À propos des auteurs 273
À propos de NTRF 275
Cadeaux gratuits 277

7
8
INTRODUCTION

Au 21e siècle, une bouteille de vin est l’équivalent pratique de l’outre


à vin du premier siècle. Jésus a dit « Personne ne met le vin nouveau
dans de vieux vaisseaux; autrement le vin nouveau rompt les vaisseaux,
et le vin se répand, et les vaisseaux se perdent; mais le vin nouveau doit
être mis dans des vaisseaux neufs. » (Mc 2:22) Du vin nouveau dégage
du gaz lorsqu’il fermente. Une nouvelle outre peut s’agrandir pour contenir
ces gaz, mais une vieille ne le peut pas. Une outre à vin percée est non
seulement perdue, mais son contenu l’est aussi, répandu sur le sol.
En comparant le vin nouveau à la vie nouvelle en Christ, l’outre
peut représenter l’extérieur, la forme organisée de notre foi, ce que nous
faisons en tant que peuple de Dieu lorsque nous nous réunissons
(ecclésiologie). Une étude des pratiques de l’église est donc semblable à
une étude de bouteilles (ou d’outres). Ce que Jésus a soulevé dans son
illustration de l’outre, c’est que certains comportements sont simplement
inappropriés. De la même manière, certaines façons de faire l’église
peuvent être inappropriées — voire nuisibles — au vin nouveau de nos
vies en Christ.
Les connaisseurs de vin préfèrent savourer leur vin dans des verres
à vin spéciaux. On porte le verre à vin sous la lumière, on l’examine, on
le fait tourner, on le sent et enfin on le goûte. Pourquoi ces connaisseurs
de vin ne mettent-ils pas leur vin dans des coupes de plastique bon marché
qu’on trouve dans les chambres de motel? Le vin ne changerait en rien,
et pourtant ils en tireraient moins de plaisir. Le contenant fait la différence.
De façon similaire, si nous étions des fantômes qui flottent dans la vie
sans être atteints par notre environnement, où et comment nous nous
réunissons en tant que peuple de Dieu ne serait pas d’une grande impor-
tance. Puisque nous ne sommes pas des fantômes, de telles choses
influencent nos vies ensemble en tant que corps, en Christ, et notre marche
individuelle avec Christ.
Par conséquent, à la fois le vin et l’outre, le précepte et le modèle,
sont importants. Sans aucun doute l’outre existe pour le vin, mais sans
l’outre le vin se répand sur le sol et est perdu. C’est une fausse dichotomie
que de considérer l’un sans l’autre. L’un ne va pas sans l’autre.
On retrouve facilement des bouteilles vides dans les poubelles —
même celles en parfait état. Mais ce n’est pas un mystère de savoir
pourquoi elles ont été jetées. Lorsqu’il n’y a plus de liquide, la bouteille
9
devient sans importance. Manifestement, les bouteilles n’existent que
pour ce qu’elles contiennent. Pourtant, chaque bouteille dont on se
débarrasse a déjà servi à un but très important : transporter son contenu
en toute sécurité à son utilisateur.
Ce livre est au sujet des outres. Bien sûr, ce qui est vraiment im-
portant, c’est le vin lui-même, et non l’outre. Nous écrivons à ceux qui
ont déjà le vin nouveau. Ceux qui n’ont pas le vin nouveau de la vie en
Jésus peuvent aussi bien chercher dans les poubelles pour trouver des
bouteilles de vin vides. Cependant, si une église a véritablement la vie
nouvelle en Christ, alors une étude attentive des outres est cruciale afin
de s’assurer qu’on profite pleinement du vin.
Supposons qu’un fabricant de boisson gazeuse essaie de livrer son
breuvage à son client en le mettant dans un verre de plastique sans
couvert. Le cola ne se rendrait jamais à son client. Supposons que vous
essayiez de boire votre café du matin dans un sac de papier. Le sac
coulerait. Vous perdriez votre café et votre sac serait abimé (ainsi que
vos vêtements!). Une étude attentive des contenants est nécessaire afin
de choisir le récipient approprié à chaque besoin. Sans le contenant
approprié, le client n’aurait plus rien à consommer.
Nous sommes convaincus que le meilleur contenant pour le vin de
la Nouvelle Alliance se trouve dans les pratiques de l’église du premier
siècle. Qui de mieux que les premiers apôtres pour établir et organiser
les églises? Les traditions que nous défendons sont celles des apôtres,
telles qu’on les trouve exclusivement dans le Nouveau Testament. L’église
d’aujourd’hui n’a pas seulement ajouté à ses traditions, mais elle fait
souvent totalement l’opposé. À notre avis, cela ressemble à boire du vin
dans une coupe de plastique d’une chambre de motel.
Dans The Innovator’s Dilemma, le spécialiste et expert en affaires
de Harvard Chris Gonsalves affirme que les nouveaux produits à succès
offrent des particularités que les clients apprécient, généralement parce
qu’ils sont moins chers, plus simples, plus petits ou plus faciles à utiliser.
Les églises-maisons sont moins chères, plus simples, plus petites et
révolutionnaires. Elles sont, comme dit Gonsalves, « dérangeantes » par
rapport au statu quo. Les églises-maison peuvent être un point stratégique
pour ébranler les portes de l’Enfer. Les églises-maison peuvent vraiment
déranger et réveiller ceux qui dorment dans l’Église. Dans Sa provi-
dence, Dieu nous a montré certains aspects de la forme de l’église que
nous croyons avoir été négligés par l’église en général. Nous sommes
convaincus qu’un retour aux pratiques des premiers apôtres pourrait
apporter une grande bénédiction à l’Épouse de Christ. Ceux parmi nous
qui ont participé à l’écriture de ce livre profitent de ces bénédictions
10
depuis plusieurs années et désirent fortement partager leur festin avec
tous ceux qui appartiennent à Jésus.
Mais ce qui compte le plus, c’est que les églises-maison sont
bibliques. Nous défendons l’orthodoxie chrétienne et historique (le vin),
mais sous la forme d’église (l’outre) que les apôtres nous ont léguée
dans le Nouveau Testament. Les traditions des apôtres sont valables
pour beaucoup d’autres choses que simplement les réunions dans les
maisons. Les églises-maison sont seulement l’une des facettes d’un
diamant aux multiples facettes. Notre but est d’honorer Christ et d’être
rigoureusement biblique dans chaque aspect de la vie d’église. Dans les
pages qui suivent, nous défendons avec ferveur à l’aide des Écritures
des points comme les églises au nombre restreint, le Repas du Seigneur
comme un repas complet, les responsables de l’église considérés comme
des serviteurs (plutôt que des seigneurs), le gouvernement par consen-
sus, le droit et la responsabilité des frères de prendre les décisions
collectivement, aucune distinction entre clercs et laïcs, et des réunions
interactives (participatives). Comme on peut le voir, notre plaidoyer pour
une église maison avec une dynamique relationnelle semblable à une
famille ne signifie pas que nous n’accordions aucune importance à l’ordre
et l’organisation.
Nous présentons respectueusement ce livre à l’attention de l’église
de Jésus-Christ. Il est le résultat de plusieurs années d’études ainsi que
de l’expérience quotidienne. L’étude rigoureuse de ce sujet n’est pas
une fin en soi, mais sert à nous affermir en tant que membres du corps
de Christ, afin de devenir tout ce qu’Il veut que nous soyons. Que le
Seigneur puisse accorder à Son peuple une connaissance plus approfondie
de Lui-même et de son Épouse, ainsi qu’une plus grande efficacité dans
Son service.

Stephen E. Atkerson
Mars 2008
Atlanta, États-Unis

11
12
Partie I
LES REUNIONS D’ÉGLISE

13
14
LA TRADITION APOSTOLIQUE — DÉPASSÉE?
1
LA TRADITION APOSTOLIQUE — DÉPASSÉE?

Supposons qu’une congrégation du premier siècle nouvellement installée


à Alexandrie, en Égypte, ait écrit une lettre aux apôtres à Jérusalem.
Imaginons que ses membres étaient des croyants juifs qui ont entendu
l’Évangile lors de leur visite à Jérusalem. De retour en Égypte, ils ne
savaient pas comment fonctionner ensemble en tant que croyants de la
Nouvelle Alliance. C’est pourquoi leur lettre contenait une liste de ques-
tions au sujet de la vie d’église :
Chers apôtres. . .
Pourquoi nous réunissons-nous en tant que peuple de Jésus?
Que devrions-nous faire dans nos assemblées?
À quelle fréquence devrions-nous nous rencontrer?
Faut-il se rencontrer à un endroit en particulier?
Devrions-nous construire un temple comme à Jérusalem ou
du moins une synagogue?
Quel type de gouvernement d’église devrions-nous avoir?
Quelles sont les qualités recherchées chez les responsables
de l’église?
Avons-nous même besoin de responsables?
Quel est le but du Repas du Seigneur?
À quelle fréquence devrions-nous le célébrer?
(Annuellement, comme la Pâque?)
Devrions-nous célébrer le Repas du Seigneur comme un vrai
repas ou bien le limiter aux éléments cérémoniels du pain et
du vin?
À votre avis, qu’auraient répondu les douze apôtres? Auraient-ils
écrit que chaque église est libre de faire ce qu’elle veut? Que chaque
groupe doit individuellement prier et suivre la direction du Saint-Esprit?
Que chaque congrégation devrait être unique et différente, libre de toute
influence apostolique? Inversement, les apôtres auraient-ils pu répondre
par des recommandations très spécifiques sur la vie d’église? Par une
manière particulière de faire les choses? Par un plan bien défini? Par
des directives de rassemblement sans équivoque?
Les chrétiens sont aux prises avec cette question depuis deux mille
ans. De quelle façon exactement l’église d’aujourd’hui devrait-elle voir
le modèle apostolique pour la forme de l’église? Comme dépassé? Doit-
on considérer la pratique de l’église du premier siècle comme une option
15
LA TRADITION APOSTOLIQUE — DÉPASSÉE?
ou un modèle à suivre? Les traditions des apôtres se résument-elles à
des faits historiques intéressants ou bien devraient-elles constituer la
norme de la forme de l’église?
Ce problème pour l’église s’aggrave d’autant plus que le Nouveau
Testament ne contient pratiquement aucune recommandation directe au
sujet du fonctionnement de l’église. Par conséquent, il est courant
d’écarter les modèles pour l’église du Nouveau Testament sous prétexte
qu’ils sont optionnels. Par exemple, Fee et Stuart, dans How to Read
The Bible For All Its Worth (Comment lire la Bible comme il faut),
affirment : « Comme beaucoup d’autres, nous présupposons qu’à moins
que les Écritures ne disent explicitement qu’il faut faire quelque chose,
ce qui est simplement narré ou décrit ne peut jamais s’imposer comme la
norme »1. Personne, par exemple, ne voudrait imiter les actes tragiques
de Jephté dans Juges 11:29 et les pages suivantes. La question pour nous
est de savoir si oui ou non les Écritures nous disent explicitement que
nous devons suivre les modèles décrits dans le Nouveau Testament pour
la vie d’église.
La plupart des églises suivent toujours certaines prescriptions du
Nouveau Testament. Mais la question est: pourquoi ne pas toutes les
suivre? Nous tenons à être cohérents. Les apôtres ont établi un modèle
bien défini et particulier selon lequel ils ont organisé les églises. Nous
sommes convaincus qu’ils voulaient que toutes les églises suivent ce
même modèle apostolique aussi longtemps que l’église existerait.
Il y a certaines choses sur lesquelles toutes les églises s’entendent,
qu’elles soient méthodiste, presbytérienne, baptiste, pentecôtiste, anglicane
ou autre. Stanley Greensdale, professeur à l’Université d’Oxford en
histoire de l’Église, affirme : « que l’église existe pour enjoindre le culte
de Dieu, une vie spirituelle, l’évangélisation du monde entier et la réforme
de la société conformément à la volonté de Dieu ».2 Nous affirmons que
les apôtres connaissaient les meilleurs moyens d’atteindre ces objectifs
et qu’ils les ont mis en pratique lors de la fondation d’églises, afin de
nous laisser un modèle.

CONSERVER LA TRADITION APOSTOLIQUE EST LOGIQUE


Dans 1 Corinthiens 4:14-17, on lit que Paul prévoit envoyer Timothée
à Corinthe. Timothée devait rappeler aux Corinthiens les voies de Paul
afin qu’ils les imitent. C’est de la fidélité de Paul à servir et son humilité
en tant qu’apôtre dont il est question dans le contexte. Paul écrit : « Je
vous en supplie donc, soyez mes imitateurs. C’est pour cela que je vous
ai envoyé Timothée, qui est mon fils bien-aimé et fidèle, dans le Seigneur;

16
LA TRADITION APOSTOLIQUE — DÉPASSÉE?
il vous fera ressouvenir de mes voies en Christ, et de quelle manière
j’enseigne partout dans toutes les Églises. »
Remarquez bien l’uniformité des pratiques soulignée dans ses pa-
roles. Ses voies en Christ étaient cohérentes avec ce qu’il enseignait
partout dans toutes les églises. Il était intègre. Paul a enseigné des tradi-
tions relatives au style de vie. Ses convictions déterminaient sa conduite.
Bien sûr, sa doctrine définissait son devoir. Il est donc normal que les
convictions des apôtres au sujet du fonctionnement de l’église influencent
leur façon d’organiser les églises (la fonction détermine la forme de
l’église). Bien que le contenu de 1 Corinthiens 4 ne porte pas sur la
forme de l’église, il serait tout de même sage pour n’importe quel groupe
d’imiter la vie d’église que les apôtres pratiquaient.
Qui mieux que les premiers apôtres pour comprendre le but de
l’église? Ils ont été directement choisis et formés pendant trois ans par
Jésus lui-même. Après Sa résurrection, le Seigneur leur est apparu pen-
dant plus que quarante jours (Ac 1:3). Finalement, Jésus a envoyé son
Saint-Esprit afin qu’il leur enseigne toutes choses qu’Il ne leur avait pas
enseignées auparavant (Jn 14-16). Alors tout ce que Jésus a enseigné à
Ses apôtres au sujet de l’église a été mis en pratique lorsqu’ils ont
commencé et organisé les églises.
Dans Tite 1:5, un passage qui aborde directement le sujet de la
forme de l’église, Paul a écrit : «La raison pour laquelle je t’ai laissé en
Crète, c’est afin que tu achèves de mettre en ordre ce qui reste à régler ».
Tite 1 traite de l’établissement d’anciens qualifiés dans chaque ville. Par
ce verset, il est clair que les apôtres avaient une manière particulière de
faire les choses qui concernaient l’église. On ne laissait pas à chaque
église le soin de faire les choses comme elle l’entendait. Il est évident
qu’il y avait un ordre, un modèle ou une tradition à suivre pour organiser
des églises. Le cas est similaire dans 1 Corinthiens 11:34 (un passage qui
traite de la pratique du Repas du Seigneur, un autre sujet de la vie d’église),
où Paul a écrit « Quant aux autres choses, je les réglerai quand je serai
arrivé. » (Mis en italique par l’auteur).
Le théologien J.L. Dagg (Southern Baptist) a fait remarquer avec
raison en 1858 que les apôtres « nous ont enseigné par l’exemple com-
ment organiser et gouverner les églises. Nous n’avons pas le droit de
rejeter leurs instructions et d’appliquer à la lettre le principe que seules
les prescriptions sont à suivre. Plutôt que de choisir de marcher selon
nos propres voies, nous devrions prendre plaisir à suivre les traces de
ces hommes saints par lesquels nous avons reçu la parole de vie […]
ainsi que respecter l’Esprit par lequel ils ont été dirigés, ce qui devrait

17
LA TRADITION APOSTOLIQUE — DÉPASSÉE?
nous convaincre de préférer leur mode d’organisation et de gouvernement
au lieu de suivre ce que notre faible sagesse peut nous suggérer. »3

CONSERVER LA TRADITION APOSTOLIQUE EST APPROUVÉ


Dans 1 Corinthiens 10:31-11:1, Paul presse les Corinthiens : « Soyez
mes imitateurs, comme je le suis aussi de Christ. ». Rechercher à faire
du bien aux autres afin de les amener au salut est le contexte immédiat
de ce passage. Paul incite les Corinthiens à suivre son exemple. Il
semblerait qu’en certaines choses ils suivaient bien son exemple puisque
Paul dit au verset suivant : « Frères, je vous loue de ce que vous vous
souvenez de tout ce qui vient de moi, et de ce que vous retenez mes
instructions telles que je vous les ai données » (11:2). Le mot « instruc-
tions » se traduit ici également par « traditions », donc un enseignement
pratique plutôt que théorique.
Qu’est-ce qu’une tradition? Le mot grec courant pour « enseigner »
est didaskalia (le mot d’origine de « didactique ») mais, fait notoire, ce
n’est pas ce mot qui est employé ici. On utilise plutôt paradosis (tradi-
tion). Gordon Fee a souligné que bien que paradosis est un terme tech-
nique judaïque qui désigne la transmission orale d’instructions religieuses,
dans ce contexte-ci il ne concerne presque assurément pas
l’enseignement, mais plutôt les traditions religieuses reliées au culte.4 Le
mot grec veut littéralement dire « qui est transmis »5. (Ce qui était transmis
aurait pu désigner n’importe quoi : une coutume, un enseignement ou
même une personne [dans le sens de trahir la personne ou de la dénoncer
en vue de la faire arrêter])6. Le même mot grec (sous sa forme verbale)
est utilisé dans 1 Corinthiens 11:23 au sujet du Repas du Seigneur dans
ses aspects théologique et pratique (qu’il a été transmis). Dans l’usage,
une tradition désigne généralement une coutume ou une certaine façon
de faire les choses. C’est un modèle de pensée ou d’action dont on
hérite. Une définition simple pourrait être « ce que les gens font
régulièrement ». Une tradition est donc ce qui est passé ou transmis (soit
par l’exemple ou par l’enseignement). Dans 1 Corinthiens 11, on lit que
l’apôtre louange une église car elle conserve les traditions par rapport au
culte.
Portons attention au mot « tout » que Paul emploie dans
1 Corinthiens 11:2. Il signifie « tout ce qui existe » ou du moins « tout ce
qui se rattache au sujet ». Quand Paul a écrit « tout » (1 Co 11:2), à quoi
pensait-il? Son utilisation du mot « tout » suggère que l’application prévue
n’était pas restreinte à l’exhortation trouvée dans 1 Corinthiens 10:31-
11:1 (l’évangélisation). « Tout » pourrait-il aussi inclure l’ordre de l’église?
Oui, en effet. Les louanges de Paul dans 11:2 signalent qu’il aborde un
18
LA TRADITION APOSTOLIQUE — DÉPASSÉE?
nouveau sujet : le port du voile (11:3-16). Ce sujet fait clairement partie
des pratiques de l’église. (S’intéresser à l’application correcte de ce
passage dépasse les limites de cette étude, mais il est possible d’y voir
que ce qui était vrai pour l’église de cette époque l’est encore pour nous
aujourd’hui.)
Qu’est-ce que les mots « telles que » (11:2) indiquent sur le degré
de soumission des Corinthiens aux traditions de Paul? Ils y adhéraient à
la lettre; ils étaient en quelque sorte une copie conforme! Ils n’étaient
pas incertains à ce sujet. Paul les louange de conserver ses traditions
telles qu’il les leur avait transmises. Les apôtres avaient bien évidemment
prévu que les églises perpétuent du moins quelques traditions qu’ils avaient
établies (ici, le port du voile). Mais ici le mot « traditions » (11:2) est au
pluriel. Il semblerait que Paul ne voulait pas seulement parler de la tradi-
tion du port du voile.7 Devrions-nous nous limiter à observer cette tradi-
tion seulement ou bien devrions-nous suivre tous les modèles visant
l’organisation de l’église tels qu’ils se trouvent dans le Nouveau Testa-
ment?
La loi mosaïque était paradigmatique de nature. Il s’agissait de
droit jurisprudentiel. Seuls quelques cas de jurisprudence ont été préservés
par Moïse. On s’attendait à ce que le croyant en applique les grandes
lignes aux autres situations quotidiennes qui n’étaient pas décrites. Par
exemple, on ne devait pas récolter une partie des champs afin que les
pauvres y glanent leur nourriture. Rien n’a été dit sur les oliveraies. Le
cultivateur de blé était-il donc le seul qui devait nourrir les pauvres tandis
que l’homme qui détenait une oliveraie pouvait tout en récolter? Bien sûr
que non! Chaque cultivateur, peu importe sa culture, était aussi tenu de
laisser en arrière une partie similaire de sa récolte afin de pourvoir aux
besoins des pauvres. De la même façon, nous défendons que l’adhérence
à la tradition apostolique est paradigmatique de nature. Si l’on constate
que les apôtres approuvaient lorsque les églises suivaient des traditions
spécifiques (comme le port du voile), il va ainsi de soi que l’on applique
cet exemple aux autres modèles donnés par les apôtres lorsqu’ils ont
établi les églises.
Un paradoxe intéressant peut être constaté concernant la tradition.
Le même mot (paradosis) utilisé par Paul dans 1 Corinthiens 11:2 a
aussi été employé par Jésus dans Matthieu 15:1-3. Jésus a dit aux
Pharisiens : « Et vous, pourquoi transgressez-vous le commandement de
Dieu par votre tradition? » Jésus a rabroué les Pharisiens pour leurs
traditions, mais Paul a béni les Corinthiens pour avoir suivi la tradition
d’un apôtre. La tradition pharisienne enfreignait le commandement de
Dieu. Cependant, la tradition apostolique est en accord avec les
19
LA TRADITION APOSTOLIQUE — DÉPASSÉE?
commandements de Jésus. Conserver la tradition des apôtres est donc
approuvé comme le prouvent les louanges de Paul aux Corinthiens (11:2).
On doit être sur nos gardes afin de ne pas inventer nos propres traditions
d’église qui pourraient nous empêcher d’obéir pleinement aux
commandements du Seigneur. On doit aussi être prudent afin de ne pas
inventer des traditions qui remplacent les traditions d’origine des apôtres.

CONSERVER LA TRADITION APOSTOLIQUE EST UN PRINCIPE UNIVERSEL


Paul a fait taire ceux qui seraient tentés de semer la controverse
au sujet du port du voile en évoquant les pratiques partagées par toutes
les autres églises : « Que si quelqu’un se plaît à contester, nous n’avons
pas cette coutume, ni les Églises de Dieu non plus. » (1 Co 11:16). Cette
affirmation finale devait persuader les contestataires et régler la ques-
tion. Le fait à retenir, c’est que Paul s’attendait à ce que toutes les
églises fassent la même chose. Le seul fait de souligner qu’une d’entre
elles était différente suffisait à faire taire l’opposition. C’est évident, des
pratiques qui devaient être faites de la même façon partout avaient
auparavant été établies. 1 Corinthiens 11:16 indique donc l’uniformité
des pratiques des églises du Nouveau Testament.
Dans 1 Corinthiens 14:33b-34 (un autre passage au sujet de la
forme de l’église), Paul mentionne une autre chose qui s’applique à toutes
les églises : « Comme on le voit dans toutes les Églises des saints, que
vos femmes se taisent dans les Églises ». (Mis en italique par l’auteur.)
Peu importe l’application de ce texte, remarquez comment Paul en appelle
encore une fois au modèle universel de toutes les églises pour inciter à
l’obéissance.
Finalement, remarquez comment Paul réprimande les Corinthiens
dans 1 Corinthiens 14:36 : « Est-ce de vous que la parole de Dieu est
venue, ou n’est-elle parvenue qu’à vous seuls? » La réponse évidente à
ces deux questions est non. Encore une fois, cela indique l’uniformité
des pratiques parmi les églises du Nouveau Testament. Les Corinthiens
étaient tentés d’adopter une pratique différente de toutes les autres églises.
Bien entendu, on s’attendait à ce que toutes les églises suivent le même
modèle pour leurs réunions. Ces deux questions voulaient démontrer aux
Corinthiens qu’ils devaient garder les mêmes pratiques que toutes les
autres églises. Conserver la tradition apostolique (modèle d’église du
Nouveau Testament) devait être un principe universel pendant le pre-
mier siècle et nous défendons qu’il doit en être ainsi aussi aujourd’hui.
Un pionnier de l’église-maison, Watchman Nee, dans The Church
And The Work: Rethinking The Work (L’église et l’œuvre: repenser
l’œuvre) a écrit : « Les Actes sont la ¨genèse¨ de l’histoire de l’église et
20
LA TRADITION APOSTOLIQUE — DÉPASSÉE?
l’Église du temps de Paul est la ¨genèse¨ du travail de l’Esprit […] Nous
devons retourner au ¨commencement¨. L’éternelle Volonté de Dieu ne
peut être que ce qu’Il a donné comme exemple au commencement.
C’est le standard Divin et notre modèle pour tous les temps […] Dieu a
révélé sa Volonté non seulement en donnant des ordres, mais aussi en
faisant accomplir certaines choses à Son église pour qu’ainsi, dans les
temps à venir, les autres n’aient qu’à regarder à ce modèle pour connaître
Sa volonté. »8

CONSERVER LA TRADITION APOSTOLIQUE APPORTE LA PAISIBLE PRÉSENCE DE


DIEU
« Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur; je le dis encore:
réjouissez-vous. Que votre douceur soit connue de tous les hommes. Le
Seigneur est proche. Ne vous inquiétez de rien, mais en toute occasion
exposez vos demandes devant Dieu, par des prières et des supplications,
avec des actions de grâces, et la paix de Dieu qui surpasse toute intelli-
gence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ. » (Ph 4:4-7).
L’idée principale de Philippiens 4:4-7 est que l’on se réjouisse dans le
Seigneur et obtienne ainsi la paix de Dieu peu importe les circonstances.
Dans le prochain paragraphe de cette lettre (Ph 4:8-9), Paul donne
à l’Église de Philippe la recette pour que le Dieu de paix soit parmi eux.
Par extension, cela s’applique aussi à toutes les autres églises. Paul a
écrit « Au reste, frères, que toutes les choses qui sont véritables, toutes
celles qui sont honnêtes, toutes celles qui sont justes, toutes celles qui
sont pures, toutes celles qui sont aimables, toutes celles qui sont de bonne
réputation, et où il y a quelque vertu, et qui sont dignes de louange; que
toutes ces choses occupent vos pensées. Vous les avez aussi apprises,
reçues et entendues de moi, et vous les avez vues en moi. Faites-les, et
le Dieu de paix sera avec vous. ».
Les Philippiens sont enseignés à mettre en pratique tout ce qu’ils
ont appris, reçu, entendu de Paul ainsi que ce qu’ils ont vu en lui (Ph 4:9).
En contexte, cela signifie premièrement d’imiter l’humilité de Christ, de
considérer les intérêts des autres en premier et de se réjouir dans le
Seigneur. Par exentension, ce tout n’inclurait-il pas aussi la façon que
Paul a organisé les églises dans le Nouveau Testament? Les Écritures
sont claires sur la façon que les apôtres ont organisé l’église du premier
siècle. Négliger cet aspect de la tradition apostolique pourrait équivaloir
à manquer la bénédiction de Dieu. Les groupes qui suivent la forme
d’église transmise par les apôtres profitent-ils davantage de la paisible
présence de Dieu?

21
LA TRADITION APOSTOLIQUE — DÉPASSÉE?
CONSERVER LA TRADITION APOSTOLIQUE EST COMMANDÉ
Dans 2 Thessaloniciens 2:15, l’église de Thessalonique est exhortée
de la sorte : « demeurez fermes et retenez les enseignements que nous
vous avons donnés, soit de vive voix, soit par notre lettre. ». Ici, les
Thessaloniciens sont spécifiquement commandés de conserver les tradi-
tions (paradosis) reçues des apôtres de manière orale ou écrite. Les
douze apôtres ne sont pas parmi nous aujourd’hui pour nous dire de vive
voix ce que l’on doit faire. Cependant, nous avons des lettres qui
contiennent leurs traditions (le Nouveau Testament). Le contexte général
de 2 Thessaloniciens 2 fait référence aux événements de la fin des temps
et non à la forme de l’église. Cependant, le mot « traditions » (2:15) est
au pluriel; l’auteur faisait probablement référence à d’autres choses que
seulement son enseignement sur la seconde venue. Cela ne s’appliquerait-
il pas aussi en principe aux traditions relatives à l’ordre dans l’église, qui
suivent le modèle du Nouveau Testament?
Fait intéressant, la version anglaise NIV propose le mot
« enseignements » plutôt que « traditions », comme dans la plupart des
versions françaises. L’explication se trouve peut-être dans le fait qu’une
tradition (paradosis) peut inclure un enseignement (didaskalia), et que
le contexte porte sur la tradition orale des apôtres sur la fin des temps
(2 Th 2:1-12). Cependant, d’autres versions comme la KJV, l’ASV, la
RSV et la NASV utilisent toutes le mot « traditions », qui est aussi une
traduction légitime pour paradosis. Nous devons considérer l’importance
de ces différents passages concernant les « traditions ». Plusieurs
croyants pensent que bien que les traditions apostoliques soient
intéressantes, il n’est jamais commandé de les suivre. Mais que
recommande 2 Thessaloniciens 2:15? Adhérer à la tradition apostolique
est-il recommandé ou suggéré? Sans aucun doute, cela est clairement
recommandé. Nous ne devons pas seulement adhérer à l’enseignement
apostolique, mais aussi aux traditions apostoliques (telles que révélées
exclusivement dans les Écritures). Nous sommes appelés à suivre les
traces des apôtres non seulement dans leur théologie, mais aussi dans
leur pratique.
Une attitude semblable se retrouve dans 2 Thessaloniciens 3:6-7a :
« Frères, nous vous recommandons aussi, au nom de notre Seigneur
Jésus-Christ, de vous éloigner de tout frère qui vit dans le désordre, et
non selon les enseignements qu’il a reçus de nous. Car vous savez vous-
mêmes comment vous devez nous imiter ». Le contexte ici fait référence
à un travail rémunérateur par opposition à l’oisiveté et la paresse. En
contexte, cette tradition fait référence à une pratique beaucoup plus
qu’une doctrine. Les apôtres tenaient à ce que les églises suivent leurs
22
LA TRADITION APOSTOLIQUE — DÉPASSÉE?
traditions (en théologie et en pratique). Devrions-nous résumer ces tra-
ditions bibliques que nous suivons seulement à l’eschatologie et aux bonnes
habitudes de travail?
Roger Williams, le fondateur de l’État du Rhode Island et de la
première église baptiste dans les Amériques (dans les années 1600), est
encore un exemple d’un chrétien qui croyait que les églises devaient
chercher à suivre les formes et ordonnances du Nouveau Testament
avec autant de rigueur que possible.9 Cette conviction l’a amené à fonder
Rhode Island en séparant l’église et l’état, selon le modèle du Nouveau
Testament.

ÊTRE COHÉRENT
Que peut-on en conclure? Est-ce la volonté de Dieu que nos églises
adhèrent au modèle du Nouveau Testament pour la forme de l’église? Il
apparaît évident que tout ce qui était une pratique normative pour toutes
les églises du Nouveau Testament devrait être une pratique normative
pour les églises d’aujourd’hui. Ce modèle d’église explique peut-être en
partie la dynamique particulière de l’église du premier siècle, une
dynamique que l’église d’aujourd’hui a perdue depuis si longtemps.
Si la Bible nous donne un commandement explicite, nous devons
absolument y obéir. Et dans les faits, la Bible nous commande d’adhérer
aux traditions des apôtres (2 Th 2:15). La vraie question n’est donc pas :
« Doit-on faire les choses telles qu’elles étaient faites dans le Nouveau
Testament? » Elle est plutôt : « Pourquoi voudrions-nous faire les choses
autrement?! »
Quelles sont donc les traditions apostoliques évidentes et bibliques
pour la forme de l’église qui devraient être observées dans les églises
d’aujourd’hui? (N’oubliez pas en lisant ces points qu’il existe un consen-
sus dans les cercles intellectuels, sans égard à la dénomination, sur le
fonctionnement de l’église du premier siècle.)
1 Le Repas du Seigneur célébré comme un repas complet en commun
(1 Co 11:17-34), hebdomadairement (Ac 20:7,1 C 11:17-22) et comme
étant la raison principale pour laquelle la réunion est tenue chaque
semaine (Ac 20:7, Co 11:33).
2 Des réunions d’église interactives (1 Co 14:26,37, He 10:24-25) où
l’édification mutuelle, l’encouragement et la communion sont les buts
de l’assemblée (Ac 2:42, 1 Co 14:3-5, 12, 26, He 10:24-25).
3 Un gouvernement d’église par consensus : des anciens qui conduisent
et non qui dominent (Lc 22:24-27, 1 P 5:1-4). De plus, un conseil des
anciens sans hiérarchie qui veut servir et qui est formé de plusieurs
hommes tirés du groupe. (1 Tm 3:1-7).
23
LA TRADITION APOSTOLIQUE — DÉPASSÉE?
4 Des églises-maison : c’est-à-dire de petites congrégations (Rm 16:5,
Co 4:15, Phm 2) qui cherchent à être d’un même esprit avec tous les
autres croyants et congrégations. Il n’y a rien d’extraordinaire en soi
de se réunir dans des maisons; c’est ce qui s’y fait qui compte et cela
se fait mieux dans une plus petite église. La norme du Nouveau Tes-
tament, c’est plusieurs petites églises plutôt que quelques grandes
églises.
5 Se rencontrer régulièrement le Jour du Seigneur (Mt 28:1-7, Ac 20:7, 1
Co 16:1-4, Ap 1:9-11), le premier jour de la semaine en l’honneur de la
résurrection de Jésus.
6 Les enfants qui assistent aux réunions d’église avec leurs parents (Mt
19:13-15, Lc 2:41-50, Ac 21:5, Ép 6:1-3, Co 4:16). Les églises fortifient
et unissent ainsi les familles plutôt que de les diviser davantage.
7 Une église axée sur la communauté qui peut facilement vivre la com-
munion au quotidien (Ac 2:42-47).
8 La multiplication et l’avancement de l’église à l’aide du ministère
d’ouvriers d’église itinérants comme les apôtres, les pasteurs-docteurs
et les évangélistes (Ép 4:11-13).Ces ministres peuvent tenir de plus
grandes réunions dans le but de soutenir et non de supplanter les
réunions participatives ordinaires de l’église locale.
9 Des réunions d’enseignement régulières spécifiquement consacrées à
l’approfondissement des Écritures. (Ac 2:42,1 :32, 20:7, Rm 12:7, 1
Tm 5:17).
Nous tenons donc à être cohérents. La plupart des églises suivent
déjà certaines de ces pratiques, mais non pas toutes. Mais pourquoi pas?
C’est à ceux qui ont dévié du modèle du Nouveau Testament qu’il
incombe de s’expliquer et non à ceux qui désirent le mettre en pratique.
La cohérence est particulièrement importante puisque les apôtres
s’attendaient à ce que les églises suivent leurs traditions telles qu’ils les
leur avaient transmises (1 Co 11:2).

LES DANGERS
LE MANQUE DE VIGUEUR. Pour qu’une église fonctionne bien, il est
tout d’abord essentiel de nourrir sa vie spirituelle. Jésus est venu afin de
nous donner la vie en abondance (Jn 10:10). Une bouteille de vin ne vaut
presque rien si elle ne contient du vin. De la même façon, une église dont
la forme est techniquement correcte mais qui n’est pas remplie du vin de
l’Esprit est une coquille vide. C’est un amas de bois sec sans feu. Jésus
est la Vigne et nous sommes les sarments. Sans Jésus on ne peut rien
faire (Jn 15:5). C’est une folie de s’attarder à perfectionner l’extérieur si

24
LA TRADITION APOSTOLIQUE — DÉPASSÉE?
on néglige ce qui est vital — de marcher quotidiennement avec le Seigneur
Ressuscité. La réalité, c’est Jésus; la forme d’église apostolique est
l’application de cette réalité.
UNE TROP GRANDE LIBERTÉ. Ceux qui possèdent vraiment une vie
spirituelle avec Jésus sont parfois tentés de considérer sa manifestation
extérieure comme étant une question de liberté. Possédant ce qui est
primordial (le vin), ils se jugent aptes à décider des choses de moindre
importance (l’outre). Ils croient que l’Esprit leur permet de faire tout ce
qu’ils veulent lorsqu’il s’agit de la forme extérieure. Se soumettre aux
prescriptions des apôtres leur apparaît comme une singerie. Dès qu’une
personne est sincèrement centrée sur Christ, elle est prétendument libre
de faire les choses à sa façon. Cependant Jésus lui-même, dont l’autorité
est indéniable, a fait cette mise en garde que de verser le vin dans le
mauvais récipient pouvait gâcher le vin (Mt 9:17). Savons-nous vraiment
mieux que les apôtres comment organiser l’église? En faisant
spécifiquement référence à la forme de l’église, Paul fit cette
réprimande : « Si quelqu’un croit être prophète, ou inspiré, qu’il reconnaisse
que les choses que je vous écris sont des commandements du Seigneur.
» (1 Co 14:37).
À l’occasion, des croyants vont réagir trop fortement à la
bureaucratie étouffante des églises conventionnelles et deviendront des
anarchistes. Leur idéalisme les pousse à s’opposer à toute forme
d’organisation. Pour eux, tout ce qui est visible et concret va à l’encontre
de l’invisible et du spirituel. C’est une fausse dichotomie. Cette erreur
est semblable à celle faite par ceux qui disent que Jésus ne pouvait être
sans péché puisqu’il est né dans la chair ou que, sans avoir péché, Il
n’aurait pu s’incarner en homme. L’église du Nouveau Testament était
bien organisée et notre fidélité à respecter les instructions du Seigneur
exige que nos églises soient aussi organisées.
LE LÉGALISME. Y a-t-il des cas où il est justifié de ne pas suivre le
modèle du Nouveau Testament? Bien sûr. Tout comme le sabbat a été
fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat (Mc 2:27), les gens
aussi importent plus que d’adhérer avec rigidité au modèle du Nouveau
Testament. Pour expliquer ces exceptions, le pasteur londonien Beresford
Job fait cette mise en garde : « Nous devons nous assurer de ne pas faire
d’une exception par rapport à la norme, permise en raison de
circonstances atténuantes, une nouvelle norme. Prenons par exemple le
baptême d’eau. Bien que la façon de baptiser ne soit nulle part
commandée, nous savons qu’il doit être fait par immersion au moment
de la conversion, car c’est ce que l’église du premier siècle faisait (la
tradition apostolique nous sert ici encore de modèle). (De plus, le mot
25
LA TRADITION APOSTOLIQUE — DÉPASSÉE?
grec baptizo signifie immersion.) Pour qu’il soit conforme au modèle du
Nouveau Testament, le baptême d’une personne doit être effectué après
sa profession de foi, par immersion complète sous l’eau. Mais suppons
qu’un quadraplégique confiné au lit se convertisse au Seigneur. Il ne
convient évidemment pas de baptiser un tel homme par immersion. Il
serait ici permis, avec raison, d’avoir recours à un autre mode de baptême
plus approprié. Bien que ce baptême ne serait plus conforme au modèle
des Écritures dans les apparences, il en respecterait l’esprit. Néanmoins,
tout ce que je viens de dire ne peut s’appliquer au baptême d’une personne
qui possède la pleine jouissance de son corps; on la baptiserait de façon
normale afin de respecter la volonté du Seigneur. »
Darryl Erkel, défenseur du renouveau de l’Église, a soulevé « le
danger de faire des modèles particuliers tirés du Nouveau Testament
une forme de légalisme où on devient condescendants ou même distants
avec nos frères parce qu’ils ne font pas les choses exactement comme
on le pense. Nous devrions toujours être prudents afin de ne pas donner
aux autres l’impression que leur église est mauvaise ou que Dieu ne peut
utiliser leur église parce qu’ils ne suivent pas les modèles apostoliques
aussi fidèlement que nous. Ce serait de l’orgueil pur et simple. Par ailleurs,
nous devons toujours considérer les opportunités où nous pouvons
expliquer avec respect et tact qu’il existe une meilleure façon — plus
propice à la croissance spirituelle du peuple de Dieu — car le
fonctionnement de l’église du Nouveau Testament se trouve amélioré
par la forme de l’église du Nouveau Testament! »
Si la Bible ne se prononce pas sur une chose — s’il n’y a pas de
commandement ni de modèle à suivre — on a alors la liberté de faire ce
qui nous convient (en comptant sur la direction du Saint-Esprit). Nous ne
défendons pas une herméneutique négative, qui affirme que si une pra-
tique ne se trouve pas dans la Bible, on ne peut la faire. Au contraire,
nous favorisons une herméneutique normative selon laquelle nous devrions
conserver les pratiques qui s’avéraient être la norme pour l’église du
premier siècle. Les questions passées sous silence sont quant à elles des
questions ouvertes.
Le monde romain ne sera jamais plus. Il existe une grande différence
entre conserver la tradition apostolique et copier bêtement tout ce qui se
trouve dans le Nouveau Testament (porter des sandales, écrire sur des
parchemins, étudier à l’aide d’une lampe à l’huile, porter une toge, etc.).
Ce qui importe, c’est la forme de l’église. On doit cependant être vigilant
de ne pas faire un modèle de ce qui n’est pas un modèle dans le Nouveau
Testament. Par exemple, le communisme chrétien dans Actes 4 n’a eu
lieu qu’une seule fois et que dans une seule église. Bien que ce soit
26
LA TRADITION APOSTOLIQUE — DÉPASSÉE?
possible pour des croyants de le faire à n’importe quelle époque, ce n’est
ni un commandement, ni un modèle du Nouveau Testament.

CONCLUSION
• Dieu dirige par les modèles bibliques (les traditions) aussi bien
que par les préceptes bibliques (l’enseignement).
• Le modèle d’église qui se trouve dans le Nouveau Testament doit
généralement être suivi par l’église à toutes époques.
• La tradition apostolique (telle qu’elle se trouve dans la Bible) est
en accord avec l’enseignement apostolique.
• Les plus importantes traditions du Nouveau Testament sur la forme
de l’église sont la célébration hebdomadaire du Repas du Seigneur
comme un repas complet de communion (1 Co 11), des réunions
d’église interactive régulières (1 Co 14), un gouvernement d’église
par consensus (des anciens qui conduisent plutôt que dominent, Lc
22:24 et les pages suivantes) et des églises-maison (Rm 16:5).
• Suivre le modèle du Nouveau Testament ne signifie pas de recréer
aveuglément la culture romaine (porter une toge, écrire sur des
parchemins, lire à l’aide d’une lampe à l’huile, etc.). Ce qui importe,
c’est la forme de l’église. Des raisons évidentes devraient sous-
tendre les pratiques suivies.
• Suivre le modèle du Nouveau Testament ne signifie pas que chaque
église sera exactement pareille. Elles seront probablement similaires
à la base, mais il y a une certaine liberté à l’intérieur des limites de
la forme.
• Les églises-maison bibliques n’ont pas de programme ni n’ont-
elles le souci d’un bâtiment comme beaucoup d’églises
conventionnelles. Pour cette raison, certains croient que les églises-
maison n’ont aucune organisation. La fidélité à notre Seigneur et
Sa Parole induit l’église à suivre le modèle complet de Dieu pour
Son église. Les églises-maisons ne sont pas institutionnelles mais
elles doivent être organisées. Suivre les traditions transmises par
les apôtres signifie que les églises-maison doivent avoir des
responsables assignés, des réunions régulières et ordonnées, une
théologie véritable et solide, une discipline active dans l’église et la
célébration hebdomadaire du Repas du Seigneur.
• Si Christ ne demeure pas le centre de ces choses, ce modèle mène
au légalisme et à la mort; il est une forme superficielle, une coquille
vide (Jn 15:5). Nous avons besoin de l’outre appropriée, mais plus
encore du vin. Les deux ont leur place. Considérer l’un sans l’autre
devient problématique (Lc 5:36-38).
27
LA TRADITION APOSTOLIQUE — DÉPASSÉE?
Vous rappelez-vous la citation des professeurs Fee et Stuart qui
disait que ce qui est simplement narré ou décrit ne peut jamais s’imposer
comme la norme? Dans la seconde édition de leur livre, ils ont quelque
peu changé cette affirmation : « À moins que les Écritures ne disent
explicitement qu’il faut faire quelque chose, ce qui est simplement narré
ou décrit ne peut jamais s’imposer comme la norme — sauf s’il peut être
démontré pour d’autres raisons que l’auteur l’a voulu ainsi »10. Nous
avons tenté de démontrer que les apôtres ont effectivement voulu que
les églises suivent les modèles qu’ils ont établis pour l’ordre de l’église.
Pourquoi la plupart des responsables dans les églises n’ont-ils pas
adopté les pratiques de l’église du premier siècle? La raison est-elle
qu’ils ont étudié les passages présentés ici et qu’ils en ont rejeté
l’application que nous en faisons? Notre expérience nous a démontré
que dans les séminaires, peu d’importance est accordée au rôle que
devraient jouer les traditions apostoliques. Nous supposons que plusieurs
pasteurs ont tout simplement adopté les traditions historiques héritées de
leur organisation ecclésiastique. Aujourd’hui, plusieurs églises sont
solidement établies dans les traditions formelles et culturelles qui ont été
développées après l’ère apostolique. Dans ce cas, il est dangereux
d’enrayer la tradition inspirée des apôtres au profit de traditions plus
modernes (Mt 15:1-3).
Nous partageons les sentiments de Jim Elliot, un missionnaire et
martyr, qui a écrit : « Le point central s’avère être si oui ou non Dieu a
révélé un modèle universel pour l’église dans le Nouveau Testament.
S’Il ne l’a pas fait, alors tout peut être fait, pourvu que cela fonctionne.
Mais je suis convaincu que l’Épouse de Christ est tellement chère à son
cœur, qu’il n’aurait pu la laisser sans directives explicites sur son
fonctionnement. De plus, je suis convaincu que le 20e siècle n’a
aucunement reproduit ce modèle d’église parmi les communautés […]
Alors si Dieu a un modèle pour l’église, il est de mon devoir de trouver et
d’établir ce modèle à tout prix. »11
— Steve Atkerson
NOTES
1
Gordon Fee & Douglas Stuart, How To Read The Bible For All Its
Worth, 1st ed. (Grand Rapids, MI: Zondervan, 1982), 97.
2
Stanley Lawrence Greensdale, “Early Christian Church,”
Encyclopaedia Britannica, ed. Warren Preece, Vol. 7 (Chicago: Will-
iam Benton, Publisher, 1973), 844.
3
J.L. Dagg, Manual of Theology: A Treatise on Church Order
(Harrisonburg, VA: Gano Books, 1990), 84-86.

28
LA TRADITION APOSTOLIQUE — DÉPASSÉE?
4
Gordon Fee, New International Commentary on the New Testament,
The First Epistle to The Corinthians ( Grand Rapids, MI: Wm. B.
Eerdmans Publishing Co., 1987), 499.
5
Fritz Rienecker, Linguistic Key to the Greek New Testament (Grand
Rapids, MI: Zondervan Publishing House, 1980), 423.
6
Beuer, Arndt, Gingrich & Danker, A Greek-English Lexicon of the
New Testament (Chicago: University of Chicago Press, 1979), 615.
7
Fee, 500.
8
Watchman Nee, The Normal Christian Church Life (Colorado Springs,
CO: International Students Press, 1969), 8-9.
9
Edwin Gaustad, Liberty of Conscience: Roger Williams In America
(Grand Rapids, MI: Wm. B. Eerdmans Publishing Co.), 106.
10
Fee & Stuart, 2nd Ed., 106.
11
Elizabeth Elliot, Shadow of The Almighty: Life and Testimony of Jim
Elliot (San Francisco, CA: Harper & Row, 1989), 138-139.

QUESTION À DISCUTER
1. Supposons qu’il soit possible d’écrire aux premiers apôtres et de les
questionner au sujet de la forme de l’église. Croyez-vous qu’ils
répondraient qu’ils s’attendent à ce vous suiviez leur exemple
concernant la forme de l’église ou bien vous auraient-ils encouragé à
faire ce que vous voulez? Expliquez.
2. Comment l’axiome la fonction détermine la forme s’applique-t-il à la
façon que les apôtres ont établi et organisé l’église?
3. Quels passages du Nouveau Testament démontrent soit qu’il y avait
une uniformité des pratiques de base dans toutes les églises du Nouveau
Testament, soit que chacune était unique et différente?
4. Jésus a repris les Pharisiens de garder leurs traditions (Mt 15) mais
Paul a louangé les Corinthiens de conserver ses traditions (1 Co 11).
Quelle est la différence?
5. Pourquoi est-ce important de faire une distinction entre la tradition
apostolique, comme on la trouve dans le Nouveau Testament, et la
tradition subséquente des pères de l’église, comme on la trouve dans
l’histoire? Laquelle devrait-on choisir? Pourquoi?
6. La loi mosaïque était paradigmatique de nature. De quelle façon le
principe paradigmatique s’applique-t-il aux commandements du
Nouveau Testament qui nous dictent de suivre des traditions
apostoliques particulières (2 Th 2:15, 3:6)?
7. Comment Philippiens 4:9 s’applique-t-il aujourd’hui considérant la façon
que Paul a organisé les églises?

29
LA TRADITION APOSTOLIQUE — DÉPASSÉE?
8. Par quelle autorité les apôtres ont-ils établi des modèles que toutes les
églises doivent suivre? Jn 13:20, 15:20, Ac 1:1-3, 2:42.
9. Quelle est la différence entre conserver les traditions apostoliques et
copier bêtement tout ce qui se trouve dans le Nouveau Testament
(porter des sandales, écrire sur des parchemins, étudier à l’aide d’une
lampe à l’huile, porter une toge, etc.)?
10. Jésus a lavé les pieds de ses disciples et l’église de Jérusalem a mis
ses biens en commun. Comment pouvons-nous déterminer ce qui est
et ce qui n’est pas une tradition apostolique à suivre?
11. Quelles sont quelques-unes des traditions apostoliques sur la forme
de l’église qui sont souvent négligées aujourd’hui?
12. Comment devrions-nous aborder le fait qu’il y ait un consensus
généralisé parmi les spécialistes au sujet de la forme de l’église du
premier siècle?
13. De quelle façon l’église d’aujourd’hui devrait-elle considérer le modèle
de la forme d’église du Nouveau Testament? Les traditions des apôtres
se résument-elles à des faits historiques intéressants ou bien devraient-
elles constituer la norme de la forme de l’église?
14. Certains croient que c’est de la folie de tenter de recréer l’église
« primitive » du premier siècle puisqu’elle était loin d’être parfaite. Ils
disent que Dieu voulait que son église quitte l’enfance, grandisse et
gagne en maturité. Même que les premiers croyants sont considérés
comme des exemples de ce qu’il ne faut pas faire en tant qu’église.
De plus, on avance aussi qu’il est impossible d’agir de la même façon
que l’église du premier siècle puisque nous n’avons plus les premiers
apôtres parmi nous. Comment répondriez-vous à cet argument?
15. Pourquoi préfère-t-on souvent la tradition de l’église historique au
détriment de la tradition historique du Nouveau Testament?
16. L’église dont vous faites partie est-elle soucieuse du modèle du
Nouveau Testament, l’ignore-t-elle presque totalement ou bien choisit-
elle selon son bon plaisir quels exemples apostoliques doivent être
suivis? Comment vous sentez-vous par rapport à cela?

30
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?
2
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?

Le repas est un repas agape qui dépend de la providence de Dieu.


Chacun apporte de la nourriture afin de la partager avec les autres.
Lorsqu’il fait beau, tous les plats sont mis sur une table pliante à l’extérieur.
Une caisse remplie de glace est placée près des breuvages. Les enfants
courent partout autour. Ils s’amusent tellement que les parents doivent
les appeler pour qu’ils viennent manger. Après l’action de grâce pour le
repas, les gens font la ligne en parlant et riant tout en préparant leur
assiette. Au centre de la table, parmi les autres plats, se trouvent un seul
pain et une grande bouteille contenant le fruit de la vigne. Chaque croyant
se partage le pain et le jus/vin lorsqu’il fait la ligne pour se servir.
Les plus jeunes enfants sont encouragés à se mettre à l’une des
quelques places à la table pour manger. (Ils peuvent faire bien du dégât!)
Des chaises pour les adultes (il n’y en a pas assez pour tous) sont
disposées en cercle et principalement occupées par les femmes qui, tout
en mangeant, discutent d’école à la maison, d’éducation des enfants, de
couture, d’un événement social prochain avec l’église, de la nouvelle
église que l’on espère mettre sur pied, etc. La plupart des hommes restent
debout pour manger et font balancer leurs assiettes sur leurs tasses. Ils
sont rassemblés en petits groupes et tentent de résoudre les problèmes
planétaires ou bien de débattre d’un intéressant sujet de théologie.
L’ambiance s’apparente plutôt à celle d’un banquet de noce. C’est un
temps privilégié pour la communion, l’encouragement, l’édification,
l’amitié, le soutien, les nouvelles, la prière, l’exhortation et la croissance.
Quelle est la raison de cet événement? Au cas où vous ne l’auriez pas
remarqué, c’est le Repas du Seigneur à la façon du Nouveau Testa-
ment!
Aussi étrange que cela puisse paraître pour l’église contemporaine,
l’église du premier siècle partageait le Repas du Seigneur comme un
banquet qui présageait le Souper des Noces de l’Agneau. Ce ne sera
qu’après la fin de l’ère du Nouveau Testament que le Repas du Seigneur
sera changé par rapport à sa forme d’origine. Si c’était en effet la pra-
tique de l’église du premier siècle, ne devrions-nous pas suivre son
exemple?

31
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?
SA FORME ET SA RAISON D’ÊTRE : UN FESTIN ET L’AVENIR
Le tout premier Repas du Seigneur est aussi appelé le Dernier
Repas puisque c’était le dernier repas que Jésus a partagé en compagnie
de ses disciples avant Sa crucifixion. Le repas s’est tenu à l’occasion de
la Pâque. À ce Festin de Pâque, Jésus et Ses disciples se sont allongés à
une table qui devait regorger de nourriture (Ex 12, Dt 16). Selon la tradi-
tion juive, ce repas durait pendant des heures. Au cours du repas
(« comme ils mangeaient, Mt 26:26 »), Jésus prit un pain et le compara à
son corps. Il avait déjà pris une coupe et leur avait demandé que chacun
y boive. Plus tard, « après avoir soupé » (Lc 22:20), Jésus prit la coupe et
la compara à son sang qui devait être versé pour nos péchés. Ainsi, le
pain et le vin du Repas du Seigneur furent introduits dans le cadre d’un
repas complet, plus spécifiquement celui du festin de la Pâque. Les Douze
en auraient-ils conclu de quelque façon que le Repas du Seigneur
nouvellement institué n’était pas un vrai repas? Ou n’auraient-ils pas
simplement supposé qu’il devait être un festin semblable à celui de la
Pâque?
Selon un spécialiste du grec, « La Pâque célébrait deux événements,
la délivrance de l’Égypte ainsi que la délivrance anticipée par la venue
du Messie. »1 Peu après le Dernier Repas, Jésus est devenu le vrai
Agneau sacrificiel de la Pâque en souffrant sur la croix pour délivrer
Son peuple de ses péchés. Jésus désirait ardemment célébrer cette
dernière Pâque avec ses disciples, disant qu’il ne « la mangerait plus,
jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le royaume de Dieu » (Lc 22:16).
Remarquez bien que Jésus anticipait ce moment où Il pourrait de nouveau
célébrer la Pâque dans le royaume de Dieu. Plusieurs croient que
« l’accomplissement » (Lc 22:16) de cela a été écrit plus tard par Jean
dans Apocalypse 19:7-9. À cet endroit, Jean rapporte qu’un ange a déclaré
« Heureux ceux qui sont appelés au banquet des noces de l’Agneau! ».
Ainsi, le Dernier Repas et tous les Repas du Seigneur tendent vers
l’accomplissement du repas de noces de l’Agneau. Y a-t-il une meilleure
façon de représenter un banquet qu’avec un banquet? Célébrer le Repas
du Seigneur chaque semaine comme un repas complet de communion
est comme une préfiguration du vrai repas de noces. La très reconnue
Encyclopaedia Britannica affirme que : « la chrétienté du premier
siècle considérait cette institution comme un commandement […] en
apprenant à vivre, même dans la vie présente, les joies du banquet céleste
qui devait venir dans le royaume de Dieu […] le passé, le présent et le
futur se rencontraient alors dans l’Eucharistie. »2
Le Seigneur songeait à Son futur banquet de noces lors de cette
Pâque toute particulière. Jésus le mentionne une première fois au début
32
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?
du festin de Pâque (« Je ne la mangerai plus, jusqu’à ce qu’elle soit
accomplie dans le royaume de Dieu. » Lc 22:16). Il le mentionne encore
quand il fait passer la coupe en disant « Je ne boirai plus du fruit de la
vigne, jusqu’à ce que le règne de Dieu soit venu. » (Lc 22:18). Et puis,
après le souper, Il fait encore référence au banquet en disant « Et je
dispose du royaume en votre faveur […] afin que vous mangiez et que
vous buviez à ma table dans mon royaume » (Lc 22:29-30). R.P. Martin,
professeur du Nouveau Testament au séminaire Fuller Theological Semi-
nary, a écrit qu’il y a des « connotations eschatologiques » dans le Repas
du Seigneur car il reflète « l’espérance en l’avènement de gloire à venir ».3
Tandis que les Gentils modernes associent le ciel aux nuages et
aux harpes, les Juifs du premier siècle considéraient le ciel comme le
moment pour festoyer à la table du Messie. Cette idée de manger et de
boire à la table du Messie était une image commune dans la pensée juive
du premier siècle. Par exemple, un chef religieux juif a déjà dit à Jésus
« Heureux celui qui mangera du pain dans le royaume de Dieu! » (Lc
14:15). Jésus Lui-même a dit, « Aussi je vous dis que plusieurs viendront
d’Orient et d’Occident, et seront à table dans le royaume des cieux,
avec Abraham, Isaac et Jacob » (Mt 8:11). Cette image du ciel où l’on
mange en présence du Seigneur peut s’être développée suite aux
événements du Sinaï. Les anciens d’Israël ont accompagné Moïse au
sommet de la montagne où « ils virent Dieu, et ils mangèrent et burent. »
(Ex 24:11). Moïse a fait remarquer avec raison « il n’étendit point sa
main sur ceux qui avaient été choisis d’entre les enfants d’Israël ».
Que le repas soit associé à la venue du royaume de Christ se reflète
aussi dans le modèle de prière recommandé par Jésus dans Luc 11. En
faisant référence au royaume, Jésus nous a enseigné à prier « Ton règne
vienne » (11:2). La prochaine requête est « Donne-nous chaque jour
notre pain quotidien » (11:3). Cependant, l’expression grecque de Luc
11:3 est difficile à traduire. Littéralement, cela veut dire quelque chose
comme « le pain qui appartient au jour à venir, donne-le-nous aujourd’hui ».
Une note dans la marge de la version NASV dit « le pain du jour à venir
». Si on relie ensemble les versets 11:2 et 11:3, Jésus aurait bien pu être
en train d’enseigner de demander de recevoir aujourd’hui du pain du
banquet messianique à venir, c’est-à-dire « Ton règne vienne — Que le
festin commence aujourd’hui! » Athanase l’a expliqué comme « le pain
du monde à venir ».4
Évidemment, des changements majeurs sont survenus lors du pas-
sage de l’Ancienne à la Nouvelle Alliance, du Festin de la Pâque au
Repas du Seigneur. La Pâque était un événement annuel. Le Repas du
Seigneur était célébré hebdomadairement. Les ordonnances relatives à
33
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?
la Pâque exigeaient un agneau et des herbes amères. Le Repas du
Seigneur n’oblige à aucune restriction alimentaire — en fait, le Seigneur
Jésus est l’Agneau pascal! Jésus a ajouté le fruit de la vigne comme
étant un élément essentiel du Repas. Moïse ne mentionne rien au sujet
du vin pour la Pâque. Pourtant, bien peu de ce que Jésus a dit au sujet de
ces changements fondamentaux a été conservé dans les Évangiles. Il a
été laissé aux apôtres d’expliquer plus en détail et de démontrer
concrètement les enseignements de Jésus. C’est ce qu’ils ont fait dans
les épîtres. Les écrits des Apôtres sont, essentiellement, des commentaires
sur les enseignements de Jésus tels que trouvés dans les récits des
Évangiles. Parmi les changements qui se sont faits en passant de la
Pâque au Repas du Seigneur, certains pourraient affirmer que Jésus leur
a enseigné à abandonner le repas et à garder seulement une gorgée de
vin et un morceau de pain symboliques. Puisque Jésus a dit qu’Il ne le
mangerait pas jusqu’à sa consommation à venir, n’est-il pas vrai d’affirmer
que l’église aussi devrait attendre le retour de Jésus pour le manger
encore une fois? La réponse se trouve dans la pratique et les
enseignements subséquents des apôtres.
C’est dans les chapitres dix et onze de 1 Corinthiens que l’on traite
le plus en profondeur du Repas du Seigneur. Les profondes divisions des
croyants de Corinthe ont fait en sorte que leurs réunions à l’occasion du
Repas du Seigneur ont servi au mal plutôt qu’au bien (11:17-18). Ils
partageaient le Repas « indignement » (11:27). Les plus riches d’entre
eux, qui ne voulaient peut-être pas manger avec les classes sociales
inférieures, se rassemblaient effectivement plus tôt et restaient là si
longtemps que quelques-uns étaient même ivres. Lorsque les croyants
de la classe ouvrière arrivaient, retardés probablement par les contraintes
de leur travail, la situation était pire puisqu’il ne restait plus aucune
nourriture. Les pauvres retournaient chez eux, affamés (11:21-22).
Certains Corinthiens ne reconnaissaient pas le Repas comme le repas
sacré de l’alliance (11:23-32).
Les abus étaient si graves que ce qui devait être le Repas du Seigneur
était plutôt devenu leur propre repas (11:21). Si tout ce qu’ils voulaient
était de manger leur propre repas, de le manger chez soi aurait été la
chose à faire. C’est pourquoi Paul leur demande « N’avez-vous pas des
maisons pour manger et pour boire? ». Leur égoïsme entaché de péché
a entièrement trahi l’essence même de ce que veut dire le Repas du
Seigneur.
Par la nature de leur abus, il est évident que l’église de Corinthe
partageait régulièrement le Repas du Seigneur sous la forme d’un repas
complet. Par opposition, très peu de gens dans les églises modernes
34
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?
participeraient au service d’un Repas du Seigneur typique en s’attendant
à être rassasiés. Il est encore moins probable qu’ils s’enivrent avec une
coupe de vin de la grosseur d’un dé à coudre. Gardez à l’esprit que Paul
a écrit aux Corinthiens environ vingt ans après que Jésus ait changé son
Dernier Repas en Repas du Seigneur. Tout comme le Dernier Repas
était un vrai repas, les Corinthiens considéraient aussi le Repas du Seigneur
comme un vrai repas. Où auraient-ils pris cette idée de célébrer le Repas
du Seigneur comme un vrai banquet si ce n’était des apôtres eux-mêmes?
Certains ont suggéré que Jésus, les apôtres et l’église du premier
siècle célébraient en effet le Repas du Seigneur mais que ces abus à
Corinthe ont incité Paul à y mettre fin. Par exemple, le commentaire
original qui se trouve dans la Bible de Genève de 1599 affirme « L’apôtre
croit qu’il est bon de faire cesser les festins agape en raison des abus,
bien qu’ils existaient depuis longtemps, qu’ils étaient approuvés dans les
Églises, ainsi que commandés et institués par les apôtres. »5 Nous nous
demandons : un apôtre peut-il renverser à lui seul quelque chose qui a
été établi par la Seigneur Lui-même et pratiqué par tous les autres apôtres
et églises? En fait, le ferait-il même s’il le pouvait?
La solution inspirée à l’abus du Repas que faisaient les Corinthiens
n’était pas que l’église cesse de le manger comme un repas complet.
Plutôt, Paul a écrit : « quand vous vous assemblez pour manger, attendez-
vous les uns les autres ». On ordonne seulement à ceux qui sont trop
affamés, indisciplinés ou égoïstes pour attendre les autres de « manger
dans sa maison » (1 Co 11:34). C.K. Barrett fit cette mise en garde :
« Cela semble impliquer en apparence que le repas qui n’est pas sacré
doit être pris à la maison […] Mais ce que Paul veut dire, c’est que si les
riches souhaitent manger et boire entre eux afin de profiter d’une
nourriture meilleure que celle de leurs frères plus pauvres, ils devraient
le faire à la maison; s’ils ne peuvent attendre les autres (verset 33), s’ils
doivent se satisfaire à l’excès, ils pourraient du moins empêcher les pra-
tiques qui discréditent le repas commun de l’église […] Paul veut
simplement dire que ceux qui ont si faim qu’ils ne peuvent attendre leurs
frères devraient satisfaire leur faim avant de quitter la maison afin que la
décence et l’ordre puissent être maintenus dans l’assemblée. »6
De plus, le mot grec pour « cène » (1 Co 11:20), deipnon, veut
littéralement dire « souper, le repas principal vers le soir, un banquet ».
Sans doute, cela ne fait jamais référence à quelque chose de moindre
qu’un repas, comme une entrée, une collation ou des hors-d’œuvre.
Quelles sont les chances que les auteurs du Nouveau Testament utilisent
deipnon pour parler du « Repas » du Seigneur s’il n’est pas censé être
un repas complet? Plusieurs aspects prophétiques sont rattachés au Repas
35
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?
du Seigneur. En repas complet, il préfigure le festin du royaume à venir,
le repas de noces de l’Agneau.
La plupart des spécialistes de la Bible s’entendent pour conclure
que le Repas du Seigneur était à l’origine pris sous la forme d’un repas
complet. Par exemple, le spécialiste britannique du Nouveau Testament
Donald Guthrie affirme que l’apôtre Paul « a établi le Repas du Seigneur
dans le contexte d’un repas commun. »7
Gordon Fee, professeur émérite de Regent College a fait remarqué
« le phénomène quasi universel de repas sacrés comme faisant partie du
culte dans l’antiquité » et « le fait que dans l’église du premier siècle le
Repas du Seigneur était probablement mangé en tant que vrai repas ou
du moins accompagné d’un tel repas. » Fee souligne encore que « dès le
début le Dernier Repas n’était pas pour les chrétiens une Pâque chrétienne
annuelle mais un repas répété régulièrement en “l’honneur du Seigneur ”,
d’où le Repas du Seigneur. »8
G. W. Grogan, directeur du Bible Training Institute de Glasgow, en
écrivant pour le New Bible Dictionary, a observé que « Le récit de
Saint Paul (dans 1 Co 11:17-37) sur l’administration de l’Eucharistie se
fait dans le contexte d’un repas de communion […] La séparation du
repas ou de l’Agape de l’Eucharistie vient après l’époque du Nouveau
Testament. »9
Dans son commentaire sur 1 Corinthiens, C.K. Barrett fait cette
observation : « le Repas du Seigneur était encore à Corinthe un repas
ordinaire auquel des actions à la signification symbolique étaient rattachées
plutôt qu’un repas purement symbolique. »10
Williston Walker, professeur de l’histoire de l’église à Yale, a noté
que « Des services étaient tenus les dimanches et probablement aussi
d’autres jours. Depuis le temps des apôtres, ils étaient de deux types :
des réunions pour la lecture des Écritures, la prédication, les chants et la
prière; et un repas du soir commun avec lequel on prenait le Repas du
Seigneur. »11
Dr. John Gooch, éditeur à la United Methodist Publishing House à
Nashville, Tennessee, a écrit : « Durant le premier siècle, le Repas du
Seigneur n’était pas seulement constitué du pain et de la coupe mais
d’un repas entier. »12
J.J. Pelikan, professeur sterling en études religieuses à Yale a conclu
« Souvent, sinon toujours, il était célébré dans le contexte d’un repas
commun. »13

36
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?
SES FONCTIONS : 1) UN RAPPEL POUR JÉSUS
Partager le pain et le vin lors d’un vrai repas a plusieurs fonctions.
L’une d’elles est de rappeler à Jésus la promesse de Son retour. Rappeler
à Dieu les promesses de Son alliance est un concept parfaitement biblique.
Lorsque Dieu a conclu une alliance avec Noé, Il a promis qu’il ne
détruirait plus jamais la terre par un déluge et l’arc-en-ciel en fut le
signe. Ce signe est bien sûr pour nous rappeler la promesse de Dieu,
mais Dieu a aussi déclaré : « L’arc sera donc dans les nuées, et je le
regarderai, pour me souvenir de l’alliance éternelle entre Dieu et tout
être vivant, de toute chair qui est sur la terre. » (Gn 9:16)
Plus tard dans son plan du salut, Dieu a promis de délivrer les
Israélites de leur futur esclavage en Égypte car cela faisait partie de Son
alliance avec Abraham. Alors, au moment venu : « Et Dieu entendit leurs
gémissements; et Dieu se souvint de son alliance avec Abraham, avec
Isaac, et avec Jacob. Et Dieu regarda les enfants d’Israël, et Dieu connut
leur état. » (Ex 2:24-25)
Durant la captivité babylonienne, Ézéchiel rapporte que Dieu a
promis à Jérusalem : « je me souviendrai de l’alliance que j’ai faite avec
toi. » (Éz 16:60)
Le Repas du Seigneur est le signe de la nouvelle alliance. Lorsque
Jésus a pris la coupe, Il a dit : « Car ceci est mon sang, le sang de la
nouvelle alliance, qui est répandu pour plusieurs, pour la rémission des
péchés. » (Mt 26:28). De même que pour tous les signes d’une alliance,
il sert de rappel des promesses de l’alliance. C’est pourquoi Jésus a dit
que nous devons manger le pain « en mémoire de moi » (Lc 22:19). Le
mot grec traduit par « mémoire », anamnésis, veut dire « rappel ». Traduit
littéralement, Jésus a dit « faites cela pour me le rappeler ».
La question est : ce rappel est-il premièrement pour nous ou pour
Jésus? Le théologien allemand Joachim Jeremias a interprété l’emploi
par Jésus du mot anamnésis dans le sens d’un rappel pour Dieu : « Le
Repas du Seigneur devient alors une prière en action. »14 Dans The
Eucharistic Words of Jesus (Les paroles eucharistiques de Jésus), on
avance que le mot grec « jusqu’à » (1 Corinthiens 11:26, achri hou)
n’est pas seulement une référence temporelle mais également un
préposition indiquant un but à atteindre. C’est-à-dire que la fonction du
repas est de constamment rappeler à Dieu son avènement.15
Les mots « de moi » dans Luc 22:19 sont traduits du seul mot grec
emou, qui grammaticalement dénote la possession (suggérant que le rappel
appartient en fait à Jésus). Plus qu’un simple pronom personnel, c’est un
pronom possessif. L’église doit donc partager le pain du Repas du Seigneur
spécifiquement pour rappeler à Jésus la promesse de Son retour afin de
37
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?
le célébrer encore avec nous, en personne (Lc 22:16,18). Compris de
cette façon, il est comme une prière incitant Jésus à revenir (« Ton règne
vienne », Lc 11:2). Tout comme l’arc-en-ciel rappelle à Dieu Son alli-
ance avec Noé, ou tout comme les gémissements ont rappelé à Dieu
Son alliance avec Abraham, ainsi en est-il du partage du Repas du
Seigneur qui rappelle à Jésus la promesse de Son retour.
Paul, dans 1 Corinthiens 11:26, confirme cette idée en affirmant
que l’église en célébrant le Repas du Seigneur, « annonce la mort du
Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne ». À qui annonçons-nous Sa mort et
pourquoi? Évidemment, au Seigneur lui-même, afin de lui rappeler de
revenir. Il est significatif que le mot grec qui donne « jusqu’à » soit achri
hou. Par la nature de son emploi ici, il peut grammaticalement dénoter
un but ou un objectif.16 Si je dis que j’utilise le parapluie « jusqu’à » ce
qu’il arrête de pleuvoir, ce mot dénote simplement une durée (utiliser le
parapluie n’arrêtera pas la pluie). Cependant, ce n’est pas de cette
manière que le mot grec qui donne « jusqu’à » est employé dans 1
Corinthiens 11:26. Au contraire, Paul enseignait à l’église à partager le
pain et la coupe comme un moyen d’annoncer la mort du Seigneur
(comme un rappel) dans le but de (« jusqu’à ») le persuader à revenir!
Ainsi en annonçant Sa mort avec le pain et la coupe, le Repas présageait
et anticipait Son retour.
Le concept de chercher à persuader le Seigneur à revenir est
semblable à la supplication des martyrs d’Apocalypse 6 qui s’écrient
« Jusqu’à quand, ô Souverain, le saint et le véritable, ne jugeras-tu point,
et ne vengeras-tu point notre sang sur ceux qui habitent sur la terre? »
(Ap 6:10). Et à quoi Pierre songeait-il lorsqu’il a écrit que ses lecteurs
devraient anticiper le jour de Dieu et « hâter sa venue » (2 P 3:12)? S’il
était inutile de chercher à persuader Jésus de revenir, alors pourquoi
nous enseigne-t-Il à prier « Ton règne vienne, ta volonté soit faite »? (Mt
6:9-10). Il est intéressant que les premiers chrétiens (dans la Didachè
x.6) employaient maran atha (« Seigneur, vient ») comme une prière
associée au Repas du Seigneur, « dans un contexte à la fois eucharistique
et eschatologique ».17 En faisant référence à l’emploi du mot maranatha
dans 1 Corinthiens 16:22, Dr R.P. Martin écrit « Maranatha dans 1 Co
16:22 peut très bien être placé dans un contexte eucharistique pour que
la conclusion de la lettre termine avec l’invocation “Seigneur, vient ! ” et
prépare donc le terrain à la célébration du Seigneur qui a lieu après la
lecture de la lettre à la congrégation. »18

38
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?
SES FONCTIONS : 2) CRÉER L’UNITÉ
L’importance du Repas en tant que vrai repas ne signifie pas qu’il
faut abandonner le pain et la coupe, les symboles du corps et du sang de
notre Seigneur. Au contraire, ils demeurent un aspect vital du Repas
(1 Co 11:23-26). Le pain et le vin sont là pour représenter le corps et le
sang de notre Seigneur. Sa mort propitiatoire sur la croix est le fondement
même du Repas du Seigneur.
Comme la forme du Repas du Seigneur est importante (un repas
complet de communion qui préfigure le banquet de noces de l’Agneau),
la présentation du pain et de la coupe importe tout autant. On fait men-
tion dans les Écritures de la coupe de bénédiction (singulier) et d’un seul
pain : « Comme il y a un seul pain, nous qui sommes plusieurs, ne sommes
qu’un seul corps; car nous participons tous au même pain. » (1 Co 10:16-
17). Un seul pain illustre non seulement notre unité en Christ, mais selon
1 Corinthiens 10:17, il crée même l’unité! Soyez attentifs aux termes du
texte inspiré. « Comme » il y a un seul pain, nous ne sommes qu’un seul
corps, « car » nous participons tous au même pain (1 Co 10:17). Se
partager des morceaux de craquelins brisés et plusieurs coupes de jus
est une image de désunion, de division et d’individualité. Du moins, cela
ne représente aucunement l’image d’unité. Un spécialiste a dit que le
Repas du Seigneur était « un moyen d’engendrer l’unité
dans l’église […] »19.
Quelques personnes à Corinthe étaient coupables de prendre part
au Repas du Seigneur « indignement » (1 Co 11:27). Les riches refusaient
de manger avec les pauvres. Les riches arrivaient au lieu de
rassemblement si tôt que lorsque les pauvres arrivaient plus tard, quelques
riches étaient ivres et il ne restait plus de nourriture. Les pauvres
retournaient chez eux affamés. Ces divisions honteuses entre les classes
annulaient l’unité que le Repas du Seigneur était censé engendrer. Les
abus des Corinthiens étaient si graves que ce n’était plus le Repas du
Seigneur mais plutôt leur « propre » repas (1 Corinthiens 11:21). Cette
faute des riches à discerner le corps du Seigneur chez leurs frères plus
pauvres a eu pour conséquence le jugement divin : plusieurs d’entre eux
étaient malades et un grand nombre sont morts. (1 Co 11:27-32). La
solution de Paul à ces réunions nuisibles? « C’est pourquoi, mes frères,
quand vous vous assemblez pour manger, attendez-vous les uns les
autres. » (1 Co 11:33). Quelqu’un qui avait trop faim et qui ne pouvait
attendre devait « manger dans sa maison » (1 Co 11:34). Une des raisons
pour laquelle les Corinthiens n’étaient pas unis était précisément parce
qu’ils négligeaient de manger le Repas du Seigneur ensemble comme un
repas complet et axé sur une seule coupe et un pain.
39
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?
SES FONCTIONS : 3) LA COMMUNION
En parlant des églises de Laodicée, notre Seigneur ressuscité s’est
offert à entrer et à manger (deipneo) avec n’importe qui entendait Sa
voix et ouvrait la porte, une image de camaraderie et de communion (Ap
3:20). L’idée de communion et d’acceptation symbolisée par le partage
d’un repas n’avait pas ses racines seulement dans la culture hébraïque
du temps de Jésus mais aussi dans les débuts des Écritures hébraïques.
Ex 18:12 révèle que Jéthro, Moïse, Aaron et tous les anciens d’Israël
sont allés manger du pain en présence de Dieu. Un autre repas divin a
eu lieu à l’occasion de l’alliance du Sinaï lorsque Moïse, Aaron, Nadab,
Abihu et les soixante-dix anciens d’Israël gravirent le Mont Sinaï où
ils « virent Dieu et ils mangèrent et burent » (Ex 24:9-11). Il est significatif
que « Dieu n’étendit point sa main sur ceux qui avaient été choisis d’entre
les enfants d’Israël » (Ex 24:11a). Ils étaient acceptés par Lui comme le
démontre le repas sacré qu’ils mangèrent en Sa présence.
La « communion par le festin » est un thème qui revient dans le
livre des Actes où l’on apprend que l’église du premier siècle persévérait
« dans la communion par la fraction du pain » (2:42, traduction littérale).
Dans plusieurs versions, il y a un « et » dans Actes 2:42 entre doctrine et
communion, et entre « pain » et « prière » mais pas entre « communion »
et « pain ». Dans le grec, les mots « communion » et « rompre le pain »
sont liés ensemble comme des activités simultanées. Ils avaient la com-
munion ensemble pendant qu’ils rompaient le pain entre eux. Luc ajoute
aussi qu’ils mangeaient avec « joie et simplicité de cœur » (2:46). C’est
invitant, n’est-ce pas?
Plusieurs commentaires associent l’expression « fraction du pain »
qui se retrouve dans le livre des Actes au Repas du Seigneur. C’est
parce que Luc, qui a écrit les Actes, a rapporté dans son évangile que
Jésus a pris le pain et l’a « rompu » au dernier repas (Lc 22:19). Si cette
conclusion est exacte, alors l’église du premier siècle célébrait le Repas
du Seigneur comme un temps de communion et de joie, comme quelqu’un
qui célèbre un banquet de noces. F.F. Bruce était aussi d’avis que dans
Actes 2, la communion prenait forme concrètement par la fraction du
pain. Bruce soutien aussi que l’expression « fraction du pain » dénote
« quelque chose qui va au-delà du partage ordinaire d’un repas :
l’observation régulière du Repas du Seigneur est signalée sans aucun
doute […] son observation semble avoir été fait lors d’un repas
ordinaire. »20
Par opposition, plusieurs églises modernes prennent part au Repas
du Seigneur dans une ambiance funeste. L’orgue joue une douce musique
méditative. Les têtes sont baissées et les yeux fermés pendant que les
40
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?
gens procèdent silencieusement à l’introspection de leur âme pour y
déceler les péchés non confessés. La coupe et le vin sont disposés sur
une petite table couverte d’un drap blanc, presque comme une dépouille
le serait lors de funérailles. Comme des porteurs de cercueil, les diacres
distribuent solennellement les éléments. Ceci, est-ce vraiment garder la
tradition eucharistique des apôtres? Rappelez-vous que c’était la manière
indigne que Paul a critiquée (1 Corinthiens 11:27) et non pas les gens
indignes. Cette manière indigne était de l’ivresse à la table du Seigneur,
de ne pas manger ensemble et que les pauvres retournaient chez eux
affamés et humiliés. En effet, chacun devrait s’examiner lui-même avant
d’arriver pour le repas afin d’être certain qu’il n’est pas coupable du
même péché grave dont les Corinthiens étaient coupables : négliger de
discerner le corps du Seigneur chez ses frères dans la foi (1 Corinthiens
11:28-29). Une fois que nous nous sommes jugés nous-mêmes, nous
pouvons participer au repas sans craindre le jugement et se réjouir en la
communion du Repas du Seigneur comme un vrai banquet de noce est
censé l’être.

SA FRÉQUENCE : HEBDOMADAIRE
À quelle fréquence l’église du Nouveau Testament partageait-elle
le Repas? Les premiers chrétiens célébraient le Repas du Seigneur
hebdomadairement et c’était le but principal de leur rencontre chaque
Jour du Seigneur. Encore une fois selon la Encyclopaedia Britannica,
le Repas du Seigneur est « le rite central du culte chrétien » et « il a été
partie intégrante du service chrétien depuis les tout premiers jours de
l’église ».21
Cette évidence se voit tout d’abord grammaticalement. Le terme
technique « Jour du Seigneur » vient d’une expression unique dans le
grec, kuriakon hemeran, qui veut littéralement dire « le jour qui appartient
au Seigneur ». Les mots « appartient au Seigneur » sont tirés du mot
kuriakos qui apparaît seulement dans le Nouveau Testament dans Apoca-
lypse 1:10 et dans 1 Corinthiens 11:20, où Paul l’emploie pour faire
référence au « Repas du Seigneur » ou au « Repas appartenant au
Seigneur » (kuriakon deipnon). Le lien entre ces deux emplois ne doit
pas être ignoré. Si le but de la réunion hebdomadaire de l’église est
d’observer le Repas du Seigneur, il est logique que ce repas appartenant
au Seigneur soit célébré le jour appartenant au Seigneur (le premier jour
de la semaine). Jean a reçu sa vision, l’Apocalypse (Ap 1:10), le premier
jour de la semaine, le jour que Jésus est ressuscité des morts et le jour
auquel l’église du premier siècle se réunissait afin de célébrer le Repas
appartenant au Seigneur. La résurrection du Seigneur, le jour du Seigneur
41
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?
et le repas du Seigneur vont tous ensemble.
De plus, la seule raison donnée dans le Nouveau Testament comme
but de la réunion régulière de l’église est de célébrer le Repas du Seigneur.
Dans Actes 20:7, Luc nous informe que « Le premier jour de la semaine,
les disciples étant assemblés pour rompre le pain ». Les mots « rompre
le pain » sont un syntagme verbal télique à l’infinitif. Il dénote un but ou
un objectif. Ils se réunissaient pour manger!
1 Corinthiens 11:17-22 mentionne aussi dans quel but l’église
s’assemble. Leurs « réunions » (11:17) faisaient plus de mal que de bien
car lorsqu’ils « s’assemblaient dans l’Église » (11:18a), ils avaient de
grandes divisions. Paul a donc écrit « Lors donc que vous vous assemblez
dans un même lieu, ce n’est pas pour manger la Cène du Seigneur »
(11:20). Ici, il est évident que le principal but des réunions de l’église était
de manger le Repas du Seigneur. Malheureusement, leurs abus du Repas
étaient si graves que ce n’était plus le Repas du Seigneur, mais
officiellement ils se réunissaient chaque semaine pour célébrer le Repas.
Le dernier endroit où l’on fait référence à la raison pour laquelle on
s’assemble se trouve dans 1 Corinthiens 11:33, « quand vous vous
assemblez pour manger, attendez-vous les uns les autres ». Comme
précédemment, on voit que la raison du rassemblement est de « manger ».
De peur que cela paraisse exagéré, on doit se rappeler qu’aucune autre
raison n’est jamais donnée dans les Écritures pour expliquer le but des
réunions hebdomadaires de l’église.
La communion et l’encouragement dont bénéficie chacun lors de
ces rencontres sont formidables. C’est l’équivalent chrétien du petit res-
taurant de quartier. C’est vraiment un temps de célébration. Dieu se sert
de ce temps afin de créer l’unité au milieu d’un groupe de croyants. Cet
aspect des réunions de l’église ne devrait pas se faire à la hâte ou être
remplacé. Il est certainement approprié d’avoir un temps semblable à
1 Corinthiens 14 lors du rassemblement (un temps interactif
d’enseignement, d’actions de grâce, de chant, de témoignage, de prière,
etc.) mais non pas aux dépens du Repas du Seigneur hebdomadaire.

CONSIDÉRATIONS PRATIQUES
De nos jours, pratiquer le Repas du Seigneur sous la forme d’un
repas complet peut s’avérer une grande bénédiction pour l’église. Voici
quelques considérations pratiques pour le célébrer.
L’ATTITUDE. Assurez-vous que l’église comprenne bien que le Repas
du Seigneur est le but principal de la réunion hebdomadaire. Ce n’est ni
optionnel, ni d’importance secondaire par rapport à une sorte de « culte ».
Même si un certain dimanche l’église ne faisait que célébrer le Repas du
42
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?
Seigneur, elle aurait accompli une des raisons principales pour laquelle la
réunion a lieu cette semaine-là.
LA NOURRITURE. Dans la mesure du possible, apportez un repas à
partager et mangez aussi de ce que les autres auront apporté. Cela rend
l’organisation du repas beaucoup plus facile. Ayez confiance en la
souveraineté de Dieu! Un repas trop organisé est moins amusant et
devient un fardeau. La seule chose qui devrait être planifiée est de désigner
la personne qui apporte le pain et le fruit de la vigne. (Dans notre église,
la famille qui reçoit pour la réunion pourvoit toujours pour ces choses.)
L’OFFRANDE. Puisque la célébration du repas est une pratique du
Nouveau Testament et quelque chose d’important pour le bon
fonctionnement d’une église, le temps et l’argent dépensé par chaque
famille pour la nourriture à apporter font réellement partie de leur offrande
au Seigneur. Plutôt que de simplement mettre de l’argent dans un panier
chaque semaine, allez à l’épicerie et achetez la meilleure nourriture que
vous pouvez vous permettre. Amenez-la au Repas comme une offrande
sacrificielle!
LE NETTOYAGE. Pour faciliter le nettoyage, vous pourriez utiliser
des assiettes de carton, des assiettes de table ainsi que des fourchettes
et des verres de plastiques. Bien souvent, les gens jettent négligemment
les couverts avec les autres déchets, alors il est préférable de jeter une
fourchette de plastique plutôt qu’une en métal! Pour aider à éviter les
dégâts, la famille hôte fournit des plateaux d’osiers pour les assiettes qui
sont réutilisables et ne nécessitent généralement pas d’être nettoyés.
LA LOGISTIQUE. Lorsque la température est clémente, il peut être
plus approprié de manger à l’extérieur. Les dégâts causés par la nourriture
et les breuvages sont inévitables et le nettoyage est ainsi simplifié. On
peut placer une table pliante là où il le faut et la ranger après la réunion.
En saison plus froide, lorsqu’il faut manger à l’intérieur, pensez à recouvrir
les beaux meubles d’un plastique et d’une nappe. Puisque ce sont les
enfants qui font le plus de dégâts, réservez-leur les places disponibles à
une table et insistez qu’ils s’y assoient!
UNE COUPE ET UN PAIN. Quelques-uns sont d’avis que de prendre la
coupe et le vin avant le repas les sépare trop du repas et en fait un acte
à part. C’est comme si le Repas du Seigneur était la coupe et le pain et
que tout le reste n’était qu’un repas ordinaire. Pour éviter cette fausse
dichotomie, placez la coupe et le pain sur la table avec les autres ali-
ments du Repas du Seigneur. La coupe et le pain peuvent être mentionnés
avant la réunion ainsi que dans la prière précédant le repas, mais ensuite
placés sur la table du buffet avec tout le reste. De cette manière, les
croyants peuvent se les partager lorsqu’ils vont se servir.
43
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?
Le pain devrait-il être sans levain et le fruit de la vigne devrait-il
être alcoolisé? Les Juifs mangeaient du pain sans levain pour le repas de
Pâque pour symboliser la rapidité avec laquelle Dieu les a sortis d’Égypte.
Jésus a pris du pain sans levain lors du Dernier Repas. Par contre, il
n’est pas dit dans le Nouveau Testament que les églises des Gentils
utilisaient du pain sans levain pour le Repas du Seigneur. Quoique parfois
dans le Nouveau Testament le levain soit associé au mal (1 Co 5 :6-8), il
est aussi employé pour représenter le Royaume de Dieu (Mt 13:33)!
Comme on le voit, c’est une question de choix. Pour le vin, il est clair
qu’il a été utilisé dans 1 Corinthiens 11 pour le Repas du Seigneur puisque
certains s’étaient enivrés. Cependant, aucune raison théologique claire
n’est jamais donnée dans les Écritures concernant l’utilisation du vin
(mais prenez note de Gn 27:28, Es 25:6-9 et Rm 14:21). Comme avec le
pain sans levain, il semble que ce soit une question de choix pour chaque
église.
LES NON-CROYANTS. Doit-on permettre aux non-croyants de pren-
dre part au Repas du Seigneur? Le Repas du Seigneur comme repas
sacré, comme signe de l’alliance, signifie quelque chose seulement pour
les croyants. Pour les non-croyants, c’est seulement de la nourriture
pour le ventre. 1 Corinthiens 14:23-25 laisse entendre
qu’occasionnellement, des non-croyants vont participer aux réunions
d’église. Les non-croyants ont faim tout comme les croyants, alors invitez-
les à manger aussi. Gagnez-les à Jésus par votre amour! Le danger de
prendre le Repas du Seigneur d’une façon indigne ne concerne que les
croyants (1 Co 11:27-32).
En ce qui concerne le pain et le vin, si un enfant non-croyant désire
en boire seulement parce que c’est du jus de raisin, il n’y a pas de
problème. Cependant, si les parents en donnent intentionnellement à
l’enfant non-croyant comme un acte religieux, cela pourrait violer la
signification du Repas du Seigneur. Cela serait un peu comme le concept
du baptême des enfants.
UN CLERGÉ ORDONNÉ. Certains croient que seul un ecclésiastique
ordonné peut administrer le Repas du Seigneur. Le Nouveau Testament
n’impose nullement ce critère.

CONCLUSION
Maintenant que la forme du Repas dans le Nouveau Testament a
été dûment expliquée, la question à laquelle les croyants d’aujourd’hui
font face est quelle est la volonté de Dieu pour les églises modernes.
Jésus désire-t-il que Son peuple célèbre le Repas du Seigneur de la même
façon qu’ils le faisaient dans le Nouveau Testament? Ou cela lui importe-
44
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?
Il peu? Avons-nous la liberté de nous écarter de la forme originale du
Repas qui est un vrai banquet? Nous croyons que non. Pourquoi voudrait-
on se détourner de la façon dont Christ et ses apôtres ont pratiqué le
Repas du Seigneur? Manifestement, les apôtres se réjouissaient de ce
que les églises conservent leurs traditions (1 Co 11:2) et leur ont même
commandé de le faire (2 Th 2:15). Nous n’avons pas l’autorisation de
nous en détourner.
Il y a consensus dans les cercles intellectuels de toutes les
dénominations concernant le fait que l’église du premier siècle célébrait
le Repas du Seigneur comme un repas complet. Cette controverse reparaît
avec l’appel à retourner à l’exemple du Nouveau Testament. L’église
historique a sur certains points et pour quelque temps dévié du modèle
du Nouveau Testament. Par exemple, pendant plus d’un millénaire, le
baptême du croyant par immersion a été essentiellement négligé à
l’intérieur du Christianisme. Mais depuis la Réforme, cette tradition
apostolique trop longtemps négligée a été remise sur pied et est maintenant
pratique commune. De la même façon, les églises charismatiques et
pentecôtistes diraient que plusieurs dons de l’Esprit ont été négligés pen-
dant près de deux mille ans jusqu’au Asuza Street Revival (Réveil
d’Asuza Street). Nous pensons que l’église passe à côté d’une grande
bénédiction en négligeant de pratiquer le Repas du Seigneur à la manière
de l’église du premier siècle.
Pour résumer, le Repas du Seigneur est le but principal de la réunion
de l’église chaque Jour du Seigneur. Célébré sous la forme d’un vrai
repas, le Repas représente le repas de noces de l’Agneau anticipé. Il
doit être partagé comme un festin, dans une ambiance de noce et de joie
plutôt que dans une ambiance funeste et solennelle. Un des bienfaits
majeurs du Repas est la communion et l’encouragement qu’en retire
chacun. Dans le contexte d’un repas complet, il doit y avoir qu’une seule
coupe et qu’un seul pain que tous se partagent. Un seul pain entier est
utilisé non seulement pour symboliser l’unité du groupe de croyants, mais
aussi parce que Dieu veut l’utiliser afin de créer l’unité chez un groupe
de croyants. Ils sont les symboles du corps et du sang de Jésus et servent
à rappeler à Jésus Sa promesse de revenir et de manger encore avec
Son église. Amen. Reviens bientôt, Seigneur Jésus!
— Steve Atkerson

45
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?
NOTES
1
Fritz Reinecker & Cleon Rogers, Linguistic Key to the Greek New
Testament (Grand Rapids, MI: Zondervan, 1980), 207.
2
Jaroslav Jan Pelikan, “Eucharist,” Encyclopaedia Britannica, ed.
Warren Preece (Chicago: William Benton, Publisher, 1973), 807-808.
3
R. P. Martin, “The Lord’s Supper,” The New Bible Dictionary, ed. J.
D. Douglas (Wheaton, IL: Tyndale House Publishers, 1982), 709.
4
Frederick Godet, Commentary on Luke (Grand Rapids, MI: Kregel
Publications, 1981), 314.
5
1599 Geneva Bible (White Hall, WV: Telle Lege Press, 2006), 1180.
6
C. K. Barrett, Black’s New Testament Commentary, The Fist Epistle
to The Corinthians (Peabody, MA: Hendrickson Publishers, 1968), 263
& 277.
7
Donald Guthrie, New Testament Theology (Downers Grove, IL: Inter-
Varsity Press, 1981), 758.
8
Gordon Fee, New International Commentary on the New Testament,
The First Epistle to The Corinthians ( Grand Rapids, MI: Wm. B.
Eerdmans Publishing Co., 1987), 532, 555.
9
G. W. Grogan, “Love Feast,” The New Bible Dictionary, ed. J. D.
Douglas (Wheaton, IL: Tyndale House Publishers, 1982), 712.
10
Barrett, 276.
11
Williston Walker, A History of The Christian Church, 3rd Ed. (New
York, NY: Charles Scribner’s Sons, 1970), 38.
12
John Gooch, Christian History & Biography, Issue 37 (Carol Stream,
IL: Christianity Today) 3.
13
Pelikan, 808.
14
Colin Brown, New International Dictionary of New Testament The-
ology, Vol. III (Grand Rapids, MI: Zondervan, 1981) 244.
15
Joachim Jeremias, The Eucharistic Words of Jesus (New York, NY:
Charles Scribner’s Sons, 1966), 252-254.
16
Reinecker, 34.
17
Barrett, 397.
18
Martin, 709.
19
Pelikan, 807.
20
F. F. Bruce, Acts of The Apostles (Grand Rapids, MI: Wm. B. Eerdmans
Publishing Co., 1981) 79.
21
Pelikan, 807.

46
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?
QUESTIONS À DISCUTER
1. Quels sont quelques exemples de l’Ancien Testament où Dieu se
rappelle de Ses promesses d’alliance? Comment cela influence-t-il
notre compréhension de l’aspect de « souvenir » du Repas du Seigneur
(Lc 22:19)?
2. Dans la Bible, qu’est-ce qui démontre que les Juifs du premier siècle
imaginaient le ciel comme un temps de festivité en présence du
Messie?
3. Jésus a dit que le Repas du Seigneur sera accompli dans le royaume
de Dieu (Lc 22:16). Comment et quand cet accomplissement pourrait-
il se faire?
4. Le dernier repas s’est déroulé lors du festin de la Pâque. Les douze
apôtres auraient-ils pu en déduire que les prochains Repas du Seigneur
ne seraient pas aussi des festins? Expliquez.
5. Quel est le consensus des spécialistes au sujet de la façon que l’église
du premier siècle célébrait le Repas du Seigneur? Pourquoi ce con-
sensus est-il important?
6. Si Actes 2:42-47 fait référence au Repas du Seigneur, comment
décririez-vous l’ambiance de ces repas? Pourquoi?
7. Quelle est la seule raison donnée dans le Nouveau Testament pour
laquelle l’église du premier siècle se réunissait chaque Jour du Seigneur?
8. Quelle raison théologique Paul a-t-il donnée pour qu’on prenne un seul
pain lors du Repas du Seigneur?
9. Dans 1 Corinthiens 11:17-22, qu’est-ce qui nous indique que le Repas
du Seigneur était célébré sous la forme d’un repas complet?
10. Quelle a été la solution biblique proposée pour corriger l’abus du
Repas du Seigneur des Corinthiens?
11. Pourquoi le mot « jusqu’à » de 1 Corinthiens 11:26 indique-t-il non
seulement une durée, mais aussi un but?
12. Quelle « manière indigne » a rendu certains Corinthiens coupables
de pécher contre le corps et le sang du Seigneur (1 Co 11:27)? De
quelle façon cela nous interpelle-t-il aujourd’hui?
13. Qu’est-ce qui nous démontre à quelle fréquence l’église du premier
siècle célébrait le Repas du Seigneur?
14. Quelle était la forme d’origine du Repas du Seigneur (des éléments
symboliques ou un repas complet)? Expliquez.
15. À l’origine, le Repas du Seigneur était-il axé sur un retour en arrière
ou une anticipation? Pourquoi?
16. Quelles étaient les fonctions d’origine du Repas du Seigneur?

47
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?
17. Puisque Jésus a dit qu’Il ne le mangerait pas jusqu’à sa consommation
à venir, l’église devrait-elle aussi attendre le retour de Jésus pour le
manger à nouveau? Pourquoi?
18. Comment le Repas du Seigneur peut-il être célébré dans une ambi-
ance de banquet de noce alors qu’une menace de mort plane (1 Co
11) et que 1 Corinthiens 10 parle de manger avec les démons (plus
effrayant encore!)?
19. À l’origine, quelles étaient la fréquence, la forme, la visée (le passé
ou l’avenir) et les fonctions du Repas du Seigneur?
20. Comment la coupe et le vin peuvent-ils être intégrés au repas sans
être considérés comme des éléments séparés du reste du festin?
21. Quelle influence la pratique de l’église du premier siècle devrait-elle
avoir sur la façon que l’église contemporaine célèbre le Repas du
Seigneur?
22. Quelles bénédictions l’église manque-t-elle en ne célébrant pas le
Repas du Seigneur comme un vrai repas saint et complet?

48
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?
ANNEXE
DES TRUCS UTILES POUR L’HÔTE DU SAINT REPAS

Bien que l’on puisse comprendre les Écritures et désirer mettre en


pratique l’hospitalité, l’idée de recevoir une trentaine de personnes (dont
plusieurs sont des enfants) à la maison pour un repas complet peut être
très affolante! Où mangent-ils? Comment organiser le service de la
nourriture? Que devons-nous avoir? Qui s’occupe de quoi? Et ainsi de
suite!
Ce petit chapitre extra n’est ni ecclésiologique, ni théologique. Ce
sont des conseils pratiques sur comment « faire » le Repas du Seigneur,
ce repas en commun qui commence ou termine notre temps ensemble
comme croyants de l’église-maison. Il est principalement écrit pour les
femmes car, comme nous le savons, le poids des détails du repas nous
revient. Ces idées sont simplement des suggestions, des réponses à des
questions que l’on se pose souvent, basées sur nos propres expériences.
Chaque groupe doit régler les détails au fur et à mesure.
Nous espérons que ces paroles seront utiles comme vous
réfléchissez à toute la logistique pour mettre en place ce merveilleux
temps d’encouragement de la manière qui soit la plus simple pour la
famille hôte et pour les participants. Cet article est une compilation de
mes propres 15 ans d’expérience en église-maison avec celles de plusieurs
hôtesses créatives et talentueuses. Je leur dédis cet article.
Être l’hôte du corps de Christ pour la réunion et le repas commun
est un privilège. Quelle occasion parfaite de pratiquer l’hospitalité,
commandée dans la Parole de Dieu. Pierre écrit « Exercez l’hospitalité
les uns envers les autres sans murmures. » (1 Pierre 4:9). Paul exhorte
dans Romains 12:10-13 : « Quant à l’amour fraternel, soyez pleins de
tendresse les uns pour les autres. […] Prenez part aux nécessités des
saints; empressez-vous à exercer l’hospitalité. »
L’hospitalité est un commandement. Plusieurs femmes la pratiquent
aisément et sans problème, étant toujours prêtes à partager. Celles qui
ne sont pas aussi douées doivent apprendre à être hospitalières. Puisque
nous oeuvrons ensemble pour ce repas commun, ceux qui aiment
l’hospitalité ne doivent jamais condamner ou critiquer celle qui est en
apprentissage, mais plutôt, comme des « expertes » en la matière, elles
doivent la soutenir et l’encourager. Philippiens 2:3-4 exhorte à « Ne faites
rien par contestation, ni par vaine gloire; mais que chacun de vous regarde

49
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?
les autres, par humilité, comme plus excellents que lui-même. Ne regardez
pas chacun à votre intérêt particulier, mais aussi à celui des autres. »

QU’EST-CE QU’ON MANGE?


Première chose, la famille hôte ne fournit pas tout le repas. C’est
une tâche commune à toutes les familles. Certaines églises décident du
menu de semaine en semaine et chaque cuisinière sait ce que l’autre
cuisinière apporte. C’est une idée particulièrement utile pour s’assurer
d’avoir un repas bien équilibré si le groupe est petit. Certains groupes
préfèrent que chacun apporte ce qu’il veut. D’autres font des repas
thématiques comme de l’italien, du mexicain, un déjeuner, une nouvelle
recette, etc. Amusez-vous; mais peu importe comment vous le planifiez,
chacun devrait apporter assez de nourriture pour nourrir sa propre famille
et une autre.
Le Repas du Seigneur est un festin plein de bonne nourriture pour
une communion axée sur Christ et une image du banquet de noces de
l’Agneau. C’est le temps de donner et de partager généreusement avec
nos frères et sœurs en Christ. Si vous receviez une autre famille en plus
de la vôtre pour souper, quelle quantité de nourriture feriez-vous? Si pour
une quelconque raison la réunion était annulée, pourriez-vous nourrir
votre famille avec ce que vous avez préparé pour le Repas du Seigneur?
La plupart des femmes apportent un repas principal et un plat
d’accompagnement de légumes, de salade ou de fruits. Dans notre groupe,
les desserts sont considérés comme optionnels et on les apporte comme
troisième plat et jamais comme seul plat d’une famille. Nous encourageons
les célibataires, surtout les hommes qui ne sont peut-être pas très enclins
à cuisiner, à apporter des breuvages, des cacahouètes, des biscuits, des
croustilles et de la trempette, ou bien quelque chose de préparé comme
une salade de pommes de terre ou un poulet rôti.
Voici un exemple récent où sept familles apportèrent ce qu’elles
voulaient : du porc rôti, un plat de poulet et riz, un plat de bœuf haché, des
boulettes de viande, un plat de nouilles au thon, deux grandes salades,
des haricots blancs, des haricots verts, une courge, une salade de pommes
de terre, une salade de fruits, trois desserts, de l’eau et du thé. Lorsqu’il
est temps de servir, notre groupe place la nourriture et les breuvages à la
manière d’un buffet, soit en les mettant sur le comptoir de la cuisine, sur
la table à dîner ou bien sur une table pliante.

COMMENT L’APPORTE-T-ON?
Il y a moins de confusion au moment de servir le repas si votre plat
est prêt lorsque vous arrivez. Cuisinez-le avant de venir. Pensez peut-
50
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?
être à acheter des plats Pyrex dotés d’une mallette à réfrigération chaud/
froid pour conserver la nourriture à la température à laquelle elle a été
préparée. Plusieurs femmes dans notre groupe ont acheté des plats
chauffants qui peuvent être branchés pour garder les plats chauds.
D’autres apportent des mijoteuses. On peut réchauffer le four et y mettre
les plats. Des couvertures de laine ou des serviettes de plage sont
efficaces pour la réfrigération chaud/froid durant le transport; et, bien
sûr, les glacières sont parfaites en été pour refroidir les plats froids.
Par sécurité, il est important de se souvenir de garder les plats
chauds à 150 degrés Farenheit (70 degrés Celsius) et les plats froids à
40 degrés Farenheit (4 degrés Celsius). Une fois la nourriture servie, elle
ne devrait pas rester sortie plus que 2 à 3 heures avant d’être réfrigérée.
Jetez toute nourriture qui est sortie depuis plus de quatre heures.

Que devrait faire l’hôtesse pour être prête?


La cuisine devrait être propre et en ordre pour les plats, avec assez
d’espace sur le comptoir et dans le réfrigérateur, des ustensiles de ser-
vice et un lave-vaisselle vide. Tous seront plus enclins à aider à la
préparation et, plus important encore, au nettoyage, s’ils n’ont pas besoin
de s’occuper de votre vaisselle de la veille ou du matin qui est dans
l’évier ou dans le lave-vaisselle. Si le four doit être utilisé pour garder les
plats chauds à une température sécuritaire, l’hôtesse doit avoir fait cuire
son plat avant que ses invités arrivent. Un grand sac à déchets devrait
être prêt et bien placé. Des chiffons et des essuie-tout sont indispens-
ables pour les dégâts occasionnels. Du papier d’aluminium et de la pellicule
plastique devraient être à portée de main pour aider à serrer les plats et
les apporter à la maison.
Dans notre église, la famille hôte fournit la coupe de vin et le pain.
Certaines femmes font leur propre pain; d’autres utilisent du pain sans
levain; et certaines achètent une miche toute prête. La coupe est soit du
jus de raison ou du vin. La famille hôte fournit aussi les verres, les assiettes,
les serviettes de table et les ustensiles. Chaque hôtesse décide si elle en
emploie des jetables ou des lavables qui seront réutilisés par la suite.
Certaines d’entre nous jettent tout; certaines gardent les verres et les
ustensiles. Certaines utilisent des assiettes lavables. Ma voisine utilise
des ustensiles en acier inoxydable qu’elle a achetés dans des ventes-
débarras.
J’ai un assortiment de tasses dépareillées pour le café et puisqu’elles
sont toutes différentes, mes invités savent laquelle est la leur parmi les
autres. D’autres familles utilisent des tasses en mousse de polystyrène.
Et en passant, préparez le café avant que les invités commencent à
51
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?
arriver. On peut serrer la glace dans une glacière ou dans un seau à
glace.

QU’EN EST-IL DU RESTE DE LA MAISON?


Votre maison n’a pas besoin d’être impeccable, mais ça aide si elle
est propre et en ordre. Rappelez-vous que l’église se réunit dans le but
de communier et non pour voir si votre maison est bien propre. Cependant,
certains endroits ont besoin d’un peu plus d’attention.
Passez un coup de chiffon dans les salles de bain et vérifiez s’il y a
assez de papier de toilette. Nous utilisons des serviettes de papier pour
nous essuyer les mains pour ne pas répandre les microbes. Si vous
préférez les serviettes en linge, assurez-vous d’en avoir plusieurs propres
qui sont sorties. Vérifiez le distributeur à savon. Commencez la journée
avec des poubelles vides.

Que faire avec les enfants pour le repas?


Parfois, même si nous les aimons beaucoup, les enfants peuvent
être une source de stress pour la famille hôte, spécialement s’ils n’ont
pas d’enfants ou s’il y a plusieurs jeunes enfants à la réunion. Parents,
pensez à faire la queue avec vos enfants pour préparer leurs assiettes.
Les petits ont souvent les yeux plus grands que la panse et beaucoup de
nourriture peut ainsi être gaspillée. Plusieurs d’entre nous préfèrent
acheter des verres plus petits que 350 ou 450 millilitres. La plupart des
gens remplissent leur verre au complet, souvent sans tout le boire. De
plus petits verres font moins de gaspillage. Il est préférable de remplir à
nouveau son verre que de jeter un breuvage dont on ne veut plus.
Un mot sur l’hygiène peut être approprié — on ne se lave jamais
trop les mains entre amis! Pensez aux microbes. Tous ceux qui font la
queue pour se servir devraient se laver les mains avant de toucher aux
ustensiles de service. Plusieurs femmes dans notre groupe mettent une
pompe de désinfectant pour les mains à côté des assiettes au début de la
ligne.
Parents, assurez-vous de bien comprendre les attentes de l’hôtesse.
Certaines femmes sont plus exigeantes que d’autres, mais dans leur
maison, faites comme elles font. Je ne permets pas à ma propre famille
de manger sur le mobilier, alors je demande aux enfants de manger à une
table spéciale ou sur des couvertures étendues par terre. Habituellement,
je mets de vieux couvre-lits sur mon sofa et les chaises puisque le risque
d’accidents et de liquide renversé augmente lorsque tout le monde ne
peut s’asseoir autour de la table. Si le tapis vous inquiète, que chacun
enlève ses chaussures et mettez une nappe de plastique sur le plancher
52
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?
pour les enfants. Si la température est clémente, l’option de manger à
l’extérieur peut être amusante. Dites-le à tout le monde si certains endroits
dans la maison sont interdits d’accès. Si les chambres, le deuxième étage,
le sous-sol ou d’autres endroits ne sont pas « ouverts au public », dites-
le. Encore une fois, chaque hôtesse a des particularités (ou peut-être
aucune) — dites à votre famille quoi faire.

Comment puis-je être un bon invité?


Être un bon invité et un membre du corps veut aussi dire d’avertir
la famille hôte si vous ne serez pas présents. Cette marque de politesse
aide la famille à se préparer, comme pour sortir le bon nombre de chaises,
et cela aide toutes les familles à savoir quelle quantité de nourriture il
faut préparer. Si la moitié du corps n’est pas là un certain dimanche pour
une quelconque raison, cela change la quantité de nourriture qui doit ou
qui ne doit pas être apportée.
Si vous être censé être l’hôte de l’église et que quelque chose
arrive et que vous ne pouvez plus, ne faites pas que dire « Désolé les
amis, on ne peut se réunir ce dimanche », et leur laissant le souci de
trouver une solution. Démontrez de l’amour pour le corps en prenant la
responsabilité de trouver une autre famille avec qui échanger et avertissez
tout le monde des changements.
Le Repas du Seigneur est un grand moment de communion et une
occasion merveilleuse de mettre en pratique le commandement biblique
d’exercer l’hospitalité. Que les différentes familles se partagent
l’expérience d’être hôte. Autant qu’il puisse être plaisant d’être l’hôte,
c’est bien aussi de rendre visite à quelqu’un d’autre. Tout comme la
réunion se veut participative, être les hôtes pour le repas commun devrait
l’être aussi. Notre corps fait une rotation régulière des membres en
préparant un calendrier de deux mois pour les rotations. Nous échangeons
avec quelqu’un d’autre si notre dimanche tombe une journée que nous
ne pouvons être les hôtes.
Parfois, il y a des circonstances durant lesquelles il est difficile
pour une famille d’être les hôtes : les problèmes de santé, la taille de la
maison, le nombre limité de places de stationnement, un nouveau bébé
ou rester trop loin du reste de l’église. Dans ce cas, partagez la tâche
avec la famille hôte en contribuant aux produits de papier et de plastique,
en amenant à l’occasion le pain et le vin et en faisant un effort particulier
pour le nettoyage. Nous avons une famille qui n’est jamais hôte car elle
demeure trop loin. Cette famille donne généreusement de la nourriture
en apportant de gros rôtis, de grandes lasagnes, etc.

53
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?
Une sœur d’une église-maison dans l’État de Washington a fait
remarquer que pour être un bon invité, vous pouvez aider en vous occu-
pant des choses qui passent inaperçues. Par exemple : inclure les
personnes qui semblent négligées, refaire du café, vider les poubelles
pleines, nettoyer un dégât et avertir avec douceur des enfants qui courent
aux endroits où ils devraient marcher. Même si ce n’est pas votre maison,
« aider » à servir est réellement une bénédiction pour l’hôtesse qui doit
vraiment « tout » garder sous contrôle.
Le repas commun fait des merveilles en soudant l’église ensemble.
Être hôte renforcera même ce lien puisque vous apprendrez à servir le
corps et à vous dévouer pour lui. Mesdames, il y a plusieurs autres idées
géniales à propos de l’hospitalité que vous pourrez vous partager entre
vous. Que le Seigneur bénisse abondamment vos temps ensemble.

— Sandra Atkerson

LISTE
Un remerciement spécial à Arietta Watson, mon amie, voisine et
autre hôtesse de l’église pour la liste suivante à utiliser pour se préparer
à recevoir l’église.

POUR LE REPAS DU SEIGNEUR


·un pain
·une coupe
·café
·tasses à café
·crème à café
·sucre
·cuillères à café
·cuillères à sucre
·verres
·ustensiles
·ustensiles de service
·serviette de table
·assiettes
·glace
·eau

54
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?
POUR LA CUISINE
·seau à glace ou glacière
·essuie-tout
·savon à vaisselle
·savon à mains
·plats chauds
·espace dans le réfrigérateur
·plateau à ustensiles sales
·poubelle avec un sac
·des linges ou des serviettes pour les dégâts
·papier d’aluminium
·pellicule plastique
·lave-vaisselle vide

POUR LA SALLE DE BAIN


·papier de toilette
·serviettes de papier
·serviettes en linge propres
·distributeur de savon
·un lavabo et un comptoir propres
·une toilette propre
·poubelle vide

AUTRES
·chaises
·table
·balayer les entrées

55
LE REPAS DU SEIGNEUR — FESTIN OU FAMINE?

56
DES RÉUNIONS INTERACTIVES
3
DES RÉUNIONS INTERACTIVES

Le premier chant commence à 10 h 30 le dimanche matin. Avant


cela, les gens s’embrassent et se saluent, amènent leur nourriture, font
entrer les enfants, se servent du café ou jasent ensemble. Ce premier
chant est le signal pour que tous se rejoignent au salon afin que la partie
plus formelle de la réunion commence. Habituellement, on est dix familles
et deux célibataires. Si on compte les enfants, on est environ cinquante
personnes. Quelques-uns arrivent habituellement en retard. Il y a
normalement assez de chaises pour les adultes et les enfants s’assoient
par terre près de leurs parents. Les jeunes enfants colorient ou jouent
calmement avec leurs jouets durant toute la réunion. Les gens s’habillent
de manière simple et décontractée.
Les musiciens (un banjo, un djembé, deux guitares et une mandoline)
n’essaient pas de passer pour des directeurs de chants. Leur but est
simplement de faciliter et d’accompagner les chants du groupe. Selon
les requêtes de ceux qui sont présents, on chante plusieurs chants ou
quelques-uns seulement. La prière spontanée est souvent offerte entre
deux chants, et parfois d’autres suivent et prient tour à tour. Il n’y a pas
de bulletin ni d’ordre de service, quoique tout est fait de manière
appropriée et ordonnée. Seule une personne à la fois peut parler. La
directive première est que tout ce qui est dit ou fait doit servir à nourrir,
édifier, encourager ou fortifier toute l’église.
Parfois plusieurs frères enseignent. D’autres semaines, il n’y a
personne qui apporte de parole d’instruction. Ceux qui ont la tâche
d’enseigner se préparent avant la réunion, mais il est rare que l’on désigne
officiellement d’avance quelqu’un pour enseigner. Parsemés parmi les
chants et les enseignements, des témoignages sont partagés sur la provi-
dence de Dieu, ainsi que des leçons apprises, des prières répondues, des
événements encourageants, etc. Il y a parfois des moments de silence.
Fréquemment, un ouvrier chrétien en visite fait un compte rendu de son
ministère et de l’œuvre de Dieu ailleurs.
Ce n’est ni un spectacle, ni une représentation. Il n’y a pas de
modérateur ou de maître de cérémonie. À moins qu’il y ait un problème
à régler, un visiteur ne saurait même pas qui sont les responsables. Il n’y
a pas d’heure déterminée pour la fin de la réunion. Souvent, elle prend
une heure trente à deux heures. On termine la réunion parce que les

57
DES RÉUNIONS INTERACTIVES
chants et les enseignements sont terminés, parce que les enfants n’en
peuvent plus, ou bien parce que tout le monde a faim. Généralement, la
réunion se termine par une prière. Ensuite, les gens restent pour un temps
de communion aussi longtemps qu’ils le veulent. La réunion laisse
habituellement place au Repas du Seigneur, un repas complet que tous
apprécient.
La réunion d’église décrite ci-dessus n’est pas fictive. De telles
réunions se tiennent chaque Jour du Seigneur à travers le monde. Elles
se tiennent même à des endroits aussi improbables que l’Angleterre,
l’Amérique, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande! Elles ont pour
modèle les réunions d’église décrites dans le Nouveau Testament. Les
croyants modernes sont si habitués d’aller dans des églises avec des
sanctuaires spéciaux, des vitraux, des clochers, des orgues, des bancs,
des chaires, des chorales, des bulletins et des directeurs de chants qu’on
suppose que les Écritures dictent de tels pratiques et accessoires. À la
vérité, les réunions d’église du Nouveau Testament différaient
grandement de ce qui est pratiqué aujourd’hui.

DES ARGUMENTS BIBLIQUES EN FAVEUR DES RÉUNIONS INTERACTIVES


En effet, les réunions d’église interactives sont bibliques. Par
exemple, Paul a demandé aux Corinthiens : « Que faut-il donc, frères?
Lorsque vous vous assemblez, chacun a-t-il un cantique, ou une instruc-
tion, une langue étrangère, une révélation, une interprétation? Que tout
se fasse pour l’édification » (1 Co 14:26).
N’aurait-on pas mieux décrit la plupart des services des églises
modernes si les mots « une seule personne » avaient été utilisés plutôt
que le mot « chacun »? Ce passage rend clair que les réunions d’église
étaient à l’origine très différentes de celles d’aujourd’hui. Il y avait de
l’interaction, de la spontanéité et de la participation. Il n’est pas faux de
dire qu’il n’y avait pas vraiment de spectateur, car tous les frères pouvaient
entrer en scène (tout dépendant des dons et de la direction de l’Esprit).
L’aspect spontané et participatif des réunions de l’église du pre-
mier siècle est aussi évident d’après les recommandations faites à ceux
qui parlent en langues : « S'il y en a qui parlent une langue, qu'il n'y en ait
que deux ou trois, tout au plus, et l'un après l'autre; et qu'il y en ait un qui
interprète. S'il n'y a point d'interprète, que celui qui parle une langue se
taise dans l'Église, et qu'il parle à lui-même et à Dieu. » (1 Co 14:27-28).
Était-il prévu que ceux qui parlent des langues inconnues allaient
parler? Vraisemblablement pas, compte tenu de la nature surnaturelle de
ce don. Il est évident que les réunions étaient participatives du seul fait

58
DES RÉUNIONS INTERACTIVES
que jusqu’à trois personnes pouvaient parler en langues et qu’un interprète
devait aussi être présent.
Les instructions données aux prophètes dans 1 Corinthiens 14:29-
32 indiquent aussi la nature participative de leurs assemblées. On nous
dit « Qu'il n'y ait aussi que deux ou trois prophètes qui parlent, et que les
autres jugent. » (14:29). La nature spontanée de la participation se voit
aussi dans 14:30-31a : « Et si un autre assistant a une révélation, que le
premier se taise. Car vous pouvez tous prophétiser l'un après l'autre ».
De toute évidence, quelques prophètes venaient à l’église sans avoir
préparé quelque chose à dire, mais ils recevaient une révélation pendant
qu’ils étaient assis en train d’écouter.
L’un des passages les plus controversés du Nouveau Testament se
trouve dans 1 Corinthiens 14:33b-35 et concerne le silence des femmes
pendant la réunion. Peu importe l’interprétation qu’on donne à ce pas-
sage, Paul n’aurait pas eu besoin d’écrire ceci si les réunions d’église du
premier siècle n’avaient pas été interactives. Paul n’aurait probablement
pas l’occasion d’écrire ceci aux églises modernes puisqu’en général,
personne n’a le droit de parole s’il n’est pas membre du personnel pas-
toral. Il est sous-entendu au verset 14:35 que les gens pouvaient poser
des questions à ceux qui prenaient parole durant la réunion d’église : « Si
elles veulent s'instruire sur quelque chose, qu'elles interrogent leurs maris
à la maison ». Même si Paul voulait simplement dire que les femmes ne
pouvaient poser de question, il demeure que les hommes étaient libres de
le faire. Le fait à retenir est que la réunion d’église n’est pas l’affaire
d’une seule personne. Ceux qui s’assemblent doivent faire des interven-
tions édifiantes et encourageantes.
Presque chaque lettre du Nouveau Testament est un « écrit de
circonstance » puisqu’elles ont été écrites en réponse à des problèmes
locaux. Il est clair que quelques-uns à Corinthe voulaient que leurs réunions
se déroulent différemment de ce que ce passage indique. Certaines choses
n’allaient probablement pas à Corinthe concernant quelques aspects des
réunions d’église. C’est évident en raison des deux questions qui leur
sont posées « Est-ce de vous que la parole de Dieu est venue, ou n'est-
elle parvenue qu'à vous seuls? » (1 Co 14:36).
La parole de Dieu ne venait décidément pas des Corinthiens, et
elle n’était certainement pas parvenue qu’à eux. Ces questions avaient
pour but de convaincre les croyants de Corinthe qu’ils n’avaient ni le
droit, ni l’autorisation de mener leurs réunions d’une façon autre que ce
qui avait été prescrit par les apôtres. Il s’ensuit que tout ce qui s’appliquait
aux églises de Corinthe s’applique aussi à nous aujourd’hui. La correc-
tion inspirée a eu pour but d’assurer une participation ordonnée aux
59
DES RÉUNIONS INTERACTIVES
assemblées de l’église et non de l’empêcher. Paul a écrit « C'est pourquoi,
frères, désirez avec ardeur de prophétiser, et n'empêchez point de parler
des langues. Que toutes choses se fassent avec bienséance et avec
ordre. » (14:39-40).
D’avoir des réunions spontanées et participatives est considéré
comme un ordre. Selon 1 Corinthiens 14:37, « Si quelqu'un croit être
prophète, ou inspiré, qu'il reconnaisse que les choses que je vous écris
sont des commandements du Seigneur. ». Ainsi, 1 Corinthiens 14 n’est
pas seulement une description des premières réunions d’église. C’est
plutôt une prescription indiquant la façon que notre Seigneur veut que les
réunions de l’église entière soient dirigées. Ce ne sont pas toutes les
assemblées de croyants qui doivent être interactives — seulement les
rassemblements réguliers de toute l’église le Jour du Seigneur. D’autres
genres de réunions qui ne sont pas nécessairement interactives sont aussi
appropriées (des croisades d’évangélisation, des services de louange,
des séminaires, etc.) Il faut seulement prendre garde que des réunions
plus grandes où seul un petit groupe mette exclusivement ses dons en
pratique ne viennent se substituer au rassemblement hebdomadaire et
participatif de l’église locale le Jour du Seigneur.
Lorsque l’on comprend le contexte historique de l’église du pre-
mier siècle, il n’est pas surprenant que les réunions de l’église de l’époque
étaient interactives. Les premiers croyants dans la plupart des régions
de l’Empire romain étaient Juifs. Ils étaient habitués de s’assembler dans
les synagogues qui étaient, jusqu’à un certain point, ouvertes à la partici-
pation de ceux qui s’y trouvaient. Un regard attentif au livre des Actes
révèle que les apôtres n’auraient pas pu évangéliser de la manière qu’ils
l’ont fait à moins que les synagogues ne laissent la parole aux gens de la
congrégation (13:14-15, 14:1, 17:1-2, 17:10, 18:4, 19:8). Apparemment,
on permettait aux apôtres de prendre parole pendant les réunions de la
synagogue. Si les réunions des synagogues du premier siècle avaient été
semblables à la plupart des services des églises du vingt-et-unième siècle,
Paul et ses compagnons auraient dû trouver un autre moyen d’atteindre
les Juifs avec l’Évangile!
Il y a d’autres exemples bibliques. Dans Actes 20:7, on voit que
Paul a parlé (« discouru » dans la Ostervald) avec l’église de Troas
jusqu’à minuit. Le mot grec traduit par « discourir » est dialegomai, ce
qui veut dire « considérer et discuter, argumenter ». Même qu’il est à
l’origine de notre mot français « dialogue ». Visiblement, cette réunion à
Troas était interactive. Ayant connu Christ en personne, Paul était
probablement celui qui parlait le plus, mais son enseignement n’était pas
nécessairement un monologue ininterrompu.
60
DES RÉUNIONS INTERACTIVES
De plus, l’auteur d’Hébreux presse ses lecteurs : « N’abandonnons
point notre assemblée, comme quelques-uns ont coutume de faire, mais
exhortons-nous les uns les autres » (10:25). Les premiers chrétiens
s’exhortaient les uns les autres lorsqu’ils s’assemblaient. Il est évident
qu’ils se réunissaient pour faire cela. Bien sûr, ces encouragements se
faisaient grâce à l’interaction. De plus, les croyants sont enseignés dans
Hébreux 10:24 à se réunir afin de stimuler en chacun l’amour et les
bonnes œuvres. Cela aussi exige de l’interaction. Comment les relations
de type « les uns les autres » se réalisent-elles dans un service moderne?
Le but ultime de tout ce qui était fait dans les assemblées de l’église
était, selon Paul, « pour l’édification » (1 Co 14:26). Le mot grec employé
ici, oikodomé, veut dire « construire » ou « édifier ». Thayer a relevé
dans son lexique qu’il s’agit d’une action pour promouvoir la croissance
de l’autre en Christ. Ainsi, chaque commentaire fait dans les réunions
d’église devrait servir à encourager, nourrir, fortifier et édifier les autres
croyants présents. S’il ne satisfait pas à ces critères, il est inapproprié et
ne devrait pas être dit. Tous les enseignements doivent être véridiques et
inspirants. De même, les questions devraient ultimement servir à forti-
fier toute l’assemblée. Tous les chants doivent être édifiants. Chaque
témoignage sert aussi à édifier l’église. Comme Pierre a dit, « Si quelqu'un
parle, qu'il parle selon les oracles de Dieu » (1 P 4:11). Dans la même
ligne de pensée, Paul privilégiait la prophétie au parler en langues public.
La raison est que ceux qui prophétisaient dans la réunion d’église
s’adressaient aux autres pour leur « édification, exhortation et consola-
tion » (1 Co 14:3) dans le but que l’église soit « édifiée » (14:5). Les
Corinthiens étaient enseignés à « chercher à avoir abondamment les
dons spirituels pour l’édification de l’Église » (14:12). Tout ceci montre
bien la nature participative des assemblées de l’église du premier siècle
(participative dans le sens où tous les frères pouvaient s’adresser à
l’assemblée).
Une dernière observation : on appelle souvent les rassemblements
de l’église d’aujourd’hui des cultes. Ce titre suggère que la raison pour
laquelle les chrétiens se réunissent régulièrement est d’adorer Dieu.
Pourtant, le Nouveau Testament ne qualifie jamais une réunion d’église
de culte. Comme on l’a déjà vu, les Écritures nous disent que l’église du
premier siècle s’assemblait d’abord dans le but de s’édifier et de se
fortifier mutuellement.
Ne méprenez pas mes paroles. Adorer Dieu en groupe peut
certainement contribuer à l’édification de l’église. Cependant, l’adoration
n’est pas la seule activité qui peut édifier. Le problème, c’est en partie
d’appeler la réunion un culte. Premièrement, les réunions d’église doivent
61
DES RÉUNIONS INTERACTIVES
permettre une contribution significative de la part de l’auditoire et non
pas un service où tout est fait pour eux. Deuxièmement, un tel titre
suggère que l’adoration est la seule activité appropriée à faire. Les autres
moyens d’édifier sont considérés comme moins importants. Les gens
s’attendent ainsi à vivre une expérience émotionnelle comme celles
engendrées par l’architecture des églises, les chandelles, les sanctuaires
silencieux, les vitraux, la musique inspirante, et la présentation d’un
programme qui est essentiellement une représentation. Avec de telles
attentes non bibliques, une réunion vraiment biblique comme dans
1 Corinthiens 14 semblera étrange, inconfortable et même déconcertante.
Alors que faire de l’adoration? Jésus a dit à la femme au puits : « le
temps vient que vous n'adorerez plus le Père ni sur cette montagne, ni à
Jérusalem » (Jean 4:21-24). En disant cela, Il a établi clairement que
l’adoration sous la nouvelle alliance n’aurait rien à voir avec un endroit
particulier. Cela va au-delà du « dimanche matin onze heures » et ne
devrait pas être confiné à aucun sanctuaire d’église.
Il y a surtout deux mots grecs pour adoration dans le Nouveau
Testament. Le premier est proskuneo et désigne l’attitude de contem-
plation de Dieu dans l’adoration. C’est s’humilier devant le Père. C’est
une attitude de révérence, d’appréciation, de crainte et d’émerveillement.
La mise en pratique de cette attitude de dévotion personnelle est
exprimée par le deuxième mot qui signifie adoration dans le Nouveau
Testament, (latreia), et qui fait référence à un style de vie d’obéissance
et de service. L’adoration est donc à la fois une attitude et une action.
Comme Francis Scott Key l’a formulé dans un hymne : « Comme les
mots ne peuvent l’exprimer, que ma vie proclame Tes louanges. » Ainsi,
bien que notre participation à une réunion d’église hebdomadaire soit
indéniablement un acte d’adoration, il en est de même lorsque nous
travaillons honnêtement, disciplinons nos enfants, aimons nos familles,
etc. Notre vie quotidienne est un acte d’adoration continuel.
L’assemblée du dimanche sert au bien des gens présents. Dieu n’a
pas besoin d’être fortifié, car Il n’est pas faible. Le Seigneur n’a pas
besoin d’encouragement puisqu’Il n’est ni fatigué, ni découragé. Jésus
ne manque de rien, mais Son peuple a des besoins. Le but premier de la
réunion d’église est d’équiper le peuple de Dieu afin qu’il L’adore et Le
serve une autre semaine (He 10:24-25). C’est pour inciter les élus à une
adoration et une obéissance plus grande.

DES ARGUMENTS LOGIQUES EN FAVEUR DES RÉUNIONS INTERACTIVES


C’est un simple fait historique que l’église du premier siècle
s’assemblait dans les maisons de ses membres. Aucun bâtiment d’église
62
DES RÉUNIONS INTERACTIVES
n’a été construit durant l’ère du Nouveau Testament, ni durant les deux
cents ans qui ont suivi. Cela veut donc dire qu’ils avaient de petites
assemblées plutôt que des grandes. Des assemblées plus petites écartent
la possibilité que ces toutes premières réunions consistaient d’un sermon
éloquent prononcé devant une foule d’auditeurs silencieux.
Lorsque le christianisme a été fait la religion officielle de l’Empire
romain, les temples païens ont été convertis en bâtiments d’église par un
décret du gouvernement. Les croyants ont été menés hors de leurs
maisons et conduits dans de larges basiliques. De si grands
rassemblements prirent bien sûr la forme d'une représentation ou d'un
service. L’enseignement interactif a disparu et l’instruction s'est faite
par le monologue. L’auditoire n’avait pas le droit de poser de questions.
La spontanéité était perdue. La participation individuelle était étouffée.
L’aspect relationnel de l’assemblée est devenu impossible. Tout le
caractère informel de la réunion a cédé sa place à la formalité. Les
responsables de l’église ont commencé à porter des habits spéciaux. On
a inventé des pratiques de culte : l'encens, des icônes, des gestes, etc.
Cela continue même aujourd’hui à une échelle plus ou moins grande.
Bref, les voies du Nouveau Testament ont été délaissées pour celles de
l’homme.
Quel type de réunion d’église convient mieux au peuple de Dieu?
Nous ne nions pas qu’entendre chaque semaine la Parole de Dieu
proclamée par les responsables de l’église que nous appelons aujourd’hui
prédicateurs ou pasteurs-enseignants fait beaucoup de bien. De chanter
de grands hymnes inspirants d’adoration est aussi bénéfique. Néanmoins,
selon la Bible, assister à un simple culte n’équivaut pas à participer à une
réunion complète d’église.
Laisser participer les frères qui le désirent en leur laissant la parole
pendant les réunions permet à l’Esprit de se mettre à l’œuvre par les
différents dons qui sont exercés. Ne pas leur permettre d’être exercés
produit l’atrophie et même l’apathie. Selon ce que Paul a écrit, Dieu peut
donner la tâche à plusieurs frères, indépendamment des autres, d’apporter
un enseignement. L’apprentissage est multiplié à l’aide de questions
appropriées qui sont posées au locuteur. Le groupe peut apporter des
applications ou des illustrations additionnelles à la parole d’instruction.
Les nouveaux croyants apprennent à réfléchir selon la Bible avec l’esprit
de Christ lorsque des croyants plus matures raisonnent ensemble. La
maturité s’acquiert donc rapidement. Les frères font leur la réunion, ils
prennent la responsabilité pour ce qui s‘y fait et deviennent des partici-
pants actifs plutôt que des spectateurs passifs.

63
DES RÉUNIONS INTERACTIVES
DES TÉMOIGNAGES DE SPÉCIALISTES EN FAVEUR DES RÉUNIONS INTERACTIVES
Les chercheurs s’entendent pour dire que les assemblées d’église
du Nouveau Testament étaient complètement ouvertes et participatives,
sans personne pour diriger à l’avant. Par exemple, Dr. Henry Sefton,
dans A Lion Handbook - The History of Christianity (Le Manuel du
Lion — L’histoire du Christianisme) affirme, « L’adoration dans l’église-
maison était faite de façon intime où tous ceux qui étaient présents y
prenaient part activement […] (cela) a changé d’une “action commune
de l’église entière” à “un service donné par le clergé que les laïcs
écoutent” ».1
Ernest Scott, dans The Nature of the Early Church (La nature
de L’église du Premier Siècle), écrit, « La mise en pratique des dons
spirituels était alors une caractéristique du culte du premier siècle. Ces
dons pouvaient varier par leur nature et leur mesure selon la capacité de
chacun, mais ils étaient accordés à tous et on permettait à tous ceux qui
étaient présents de participer durant le service […] Chaque membre
était convié à contribuer personnellement au culte commun. »2
Dans le journal Mid America Baptist Theological Journal,
Dr. J. Milikin a affirmé que dans les premières congrégations chrétiennes
« l’Esprit avait apparemment une liberté d’expression pleine et entière.
Dans l’assemblée publique, une personne pouvait avoir un psaume, une
autre un enseignement, une autre une révélation, une autre une parole en
langues ou un autre une interprétation. »3
Dr. John Drane, dans Introducing the New Testament (Introduc-
tion au Nouveau Testament), a écrit, « Dans les premiers jours […]
leur culte était spontané. Cela semblait être l’idéal, car lorsque Paul
décrit comment une réunion d’église devrait fonctionner, il parle de la
participation de plusieurs, sinon de tous, guidée par l’Esprit […] Il était
normal que chacun ait la liberté de participer dans un tel culte. Cette
situation idéale où chacun est inspiré par le Saint-Esprit démontrait bien
l’expression parfaite de la liberté chrétienne. »4
A. M. Renwick, dans The Story of the Church (L’histoire de
l’Église) a dit « L’essence même de l’organisation de l’église et de la vie
et du culte du chrétien [….] c’était la simplicité […] Leur culte était libre
et spontané sous la direction du Saint-Esprit et n’était pas encore rendu
inflexible en raison de l’emploi d’un manuel de dévotion. »5

DES ASPECTS PRATIQUES


L’un des aspects des réunions du Nouveau Testament encore
pratiqué aujourd’hui est le chant. L’église d’Éphèse avait reçu cette di-
rective : « Entretenez-vous ensemble par des psaumes, des hymnes et
64
DES RÉUNIONS INTERACTIVES
des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant de votre cœur au
Seigneur » (Ep 5:19). De la même façon, les Colossiens ont été exhortés
à « Que la parole de Christ habite abondamment en vous, en toute sagesse.
Instruisez-vous et exhortez-vous les uns les autres, par des psaumes, et
des hymnes et des cantiques spirituels, chantant dans vos cœurs au
Seigneur, avec reconnaissance. » (Col 3:16). Ce qui est peut-être moins
familier aux croyants modernes cependant, c’est l’accent sur le
« entretenez-vous » (Ep 5:19) et le « réciproquement » (Col 3:16) par le
chant. Selon 1 Corinthiens 14:26, chacun des frères avait la possibilité
d’apporter un hymne. Il n’est jamais question dans le Nouveau Testa-
ment d’un ministre de la musique ou d’un directeur de chant qui prend le
contrôle des chants. C’est certainement une bénédiction d’avoir des
musiciens de talent qui peuvent assister la congrégation dans l’adoration
et les chants. Cependant, pour être fidèles aux prescriptions du Nouveau
Testament, les musiciens doivent être prudents afin de ne pas jouer
comme sur une scène dans un spectacle. On doit laisser aux frères de
l’église la liberté et la responsabilité de demander à chanter les chants
qu’ils ont choisis quand ils le veulent.
Pour suivre sur cette même note (jeu de mots intentionnel!), certains
chrétiens sont catégoriquement contre l’utilisation d’instruments de
musique dans les réunions d’église. Cependant, le mot grec qui donne
« hymne » (1 Co 14:26) est traduit à partir du mot psalmos qui veut
littéralement dire « chants accompagnés d’un instrument à cordes ».
Puisque les instruments ne sont pas interdits et puisqu’il n’y a aucun cas
où on spécifie de ne pas les utiliser, c’est sans doute une question où
chaque église a la liberté de décider de leur utilisation.
Un autre aspect des réunions du premier siècle qui est toujours
pratiqué aujourd’hui est l’enseignement de la Parole de Dieu. Notre
Seigneur a enseigné aux apôtres à faire de toutes les nations des dis-
ciples et de leur enseigner à garder tout ce qu’Il leur avait prescrit.
(Mt 28:20). Par conséquent, on voit dans Actes 2:42 que l’église de
Jérusalem persévérait dans l’enseignement des apôtres. Plus loin,
l’enseignement est nommé comme étant un don spirituel dans Romains
12:7 et 1 Corinthiens 12:28. De plus, l’un des critères pour être ancien
est d’avoir la capacité d’enseigner (1 Tm 3:2). Les anciens qui se
consacrent à l’enseignement sont dignes d’un double honneur (soutien
financier, 1 Tm 5:17-18). Cependant, dans 1 Corinthiens 14,
l’enseignement est mentionné comme une simple activité parmi d’autres.
L’enseignant ne prend pas une place de premier plan tel qu’on le voit
dans les réunions d’église conventionnelles d’aujourd’hui. Chacun des

65
DES RÉUNIONS INTERACTIVES
frères en règle avec l’église pouvait avoir l’opportunité de contribuer par
une parole d’instruction (14:26).
Tout cela exige de notre part de reconnaître l’importance de ceux
qui sont appelés à servir par l’enseignement. Néanmoins, nous devrions
laisser n’importe quel frère enseigner dans nos assemblées régulières
qui suivent le modèle de 1 Corinthiens 14. En pratique, cela suggère
aussi que durant les réunions qui suivent le modèle de 1 Corinthiens 14,
les enseignements devraient tendre à être courts plutôt que longs afin de
permettre à ceux qui le désirent d’enseigner.
Étonnamment, les pasteurs et les anciens ne sont pas même
mentionnés dans 1 Corinthiens 14. C’est peut-être parce que les pasteurs
ne dominaient pas ces genres de rassemblements avec leurs
enseignements. Cela ne veut pas dire que les anciens n’enseignaient pas
dans les réunions, mais il est clair dans 1 Corinthiens 14 que d’autres que
les anciens pouvaient le faire. Ainsi, l’auteur d’Hébreux a fait cette
remarque générale : « vous deviez, avec le temps, être des maîtres »
(5:12). Il est évident par la salutation qu’il ne parlait pas des responsables
(« saluez tous vos conducteurs »13:24), révélant ainsi qu’il ne s’attendait
même pas à ce que les anciens lisent la lettre! Il demeure que s’il est
possible pour quelqu’un d’enseigner, cela ne veut pas nécessairement
dire qu’il doit enseigner. Les anciens doivent rappeler à l’église la mise
en garde de Jacques : « Mes frères, qu'il n'y en ait pas parmi vous
beaucoup qui enseignent, car nous encourrons un jugement plus sévère. »
(3:1). La mise en garde de Jacques prend tout son sens dans le contexte
des réunions intimes et participatives qui caractérisaient l’église du pre-
mier siècle.
La présence des anciens est d’autant plus essentielle en raison de
cette liberté qu’ont tous les frères d’enseigner. Si un frère apporte un
enseignement ou une application erroné, les anciens doivent corriger
l’erreur avec douceur. Timothée, un ouvrier apostolique temporairement
en poste à Éphèse, devait « recommander à certaines personnes de ne
pas enseigner une doctrine étrangère » (1 Tm 1:3). Les Écritures nous
disent aussi que l’une des qualités d’un ancien est qu’il doit être « Attaché
à la véritable doctrine qui doit être enseignée, afin qu'il soit capable, tant
d'exhorter, selon la saine doctrine, que de convaincre ceux qui s'y
opposent. » (Tt 1:9). De la même façon, on a dit à Tite : « Enseigne ces
choses, exhorte, et reprends avec une pleine autorité. Que personne ne
te méprise. » (Tt 2:15). Dans son vieil âge, l’apôtre Jean a fait cette mise
en garde contre un séducteur avéré : « ne le recevez point dans votre
maison » (2 Jn 1:10). (On peut facilement voir comment les instructions

66
DES RÉUNIONS INTERACTIVES
de Jean peuvent s’appliquer aux églises-maison ayant des réunions
interactives.)
Évidemment, certains frères sont plus qualifiés que d’autres pour
enseigner. Un homme âgé et pieux, doué pour l’enseignement, qui aime
le Seigneur, qui a étudié la Bible et a servi les autres toute sa vie aura des
réflexions profondes à partager avec l’église. Particulièrement en
présence de tels hommes, les autres devraient être « prompt à écouter,
lent à parler » (Jc 1:19). Des moments particuliers devraient être mis à
part afin de laisser à un tel homme l’opportunité d’exposer la Parole de
Dieu. Cependant, ces réunions d’enseignement devraient être considérées
soit comme des réunions d’ouvriers, des réunions apostoliques ou en-
core des réunions de ministère, et non pas comme des réunions d’église
telles que dans 1 Corinthiens 14. Il y a un temps et un lieu pour les deux.
La réunion du Jour du Seigneur doit être caractérisée par les petites
contributions de plusieurs personnes plutôt qu’une grande contribution
d’une seule personne.
Les églises charismatiques et pentecôtistes sont assez familières
avec les révélations, les langues et les interprétations. Les églises qui
pratiquent de tels dons devraient s’assurer de suivre rigoureusement les
directives de 1 Corinthiens 14:26-32. Les langues non interprétées ne
doivent pas être tolérées. Il y a une limite au nombre de personnes qui
parlent en d’autres langues. Une seule personne à la fois devrait parler.
Les prophéties doivent être jugées et n’importe qui désirant prophétiser
doit s’attendre à ce que ses paroles soient jugées avec attention. Il n’y a
pas de doute, quelques prophéties ou langues sont fausses. Faire de
l’ordre dans ces choses peut s’avérer difficile et frustrant car ce sont
souvent les gens trop émotionnels ou instables qui croient détenir ces
dons. Peut-être est-ce pour cette raison qu’on a dit aux Thessaloniciens
« Ne méprisez point les prophéties. Éprouvez toutes choses; retenez ce
qui est bon. Abstenez-vous de toute apparence de mal. » (1 Th 5:20-22).
Malgré cette abondance de paroles surnaturelles, il doit y avoir de l’ordre:
« Or, les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes; Car Dieu
n'est point pour la confusion, mais pour la paix. » (1 Co 14:32-33a). Les
anciens sont les personnes clés qui s’assurent que tout ce qui est fait
durant la réunion est fait « avec bienséance et avec ordre » (1 Co 14:40).
Certaines églises croient que les dons charismatiques ont cessé au
premier siècle, ou bien qu’elles n’ont personne qui détient l’un de ces
dons. Encore là, le principe des réunions interactives demeure. Les frères
devraient malgré tout être libres d’apporter des enseignements de manière
spontanée, de demander ou d’introduire des chants, de partager des
témoignages, d’offrir une prière, de poser des questions aux personnes
67
DES RÉUNIONS INTERACTIVES
qui parlent, etc. En dépit de leurs soupçons théologiques, le passage
suivant des Écritures est clair et devrait les pousser à réfléchir : « C'est
pourquoi, frères, désirez avec ardeur de prophétiser, et n'empêchez point
de parler des langues. » (1 Co 14:39). Les langues ont peut-être
effectivement cessé, mais peut-être pas aussi. Sommes-nous si certains
de notre théologie au point d’être prêts à contredire directement un
commandement biblique?
Une autre considération pratique concernant les réunions
interactives est la présence d’un modérateur ou d’un maître de cérémonie.
Remarquez que rien n’est mentionné à ce sujet dans 1 Corinthiens 14.
Au fur et à mesure qu’une église mature dans le cadre des
rassemblements interactifs, le besoin d’une personne pour modérer
diminuera. Idéalement, un visiteur dans une église qui fonctionne bien ne
devrait même pas savoir qui sont les responsables, à moins qu’un
problème ne requière une intervention de leur part.
Une mise en garde importante a été faite par l’auteur inspiré dans
1 Corinthiens 14:38. Après avoir affirmé que ces réunions interactives
ordonnées étaient un « commandement du Seigneur » (14:37), il les met
en garde que quiconque ignorait ce qui était commandé devait être ignoré.
Bien qu’il ne soit pas clair ce que cela signifiait, une certaine forme de
châtiment était évoquée. Il y aurait un prix à payer pour avoir ignoré le
commandement du Seigneur concernant les réunions d’église.

DES PROBLÈMES POSSIBLES


Les auteurs de ce livre ont à eux tous plusieurs années d’expérience
pratique dans les réunions interactives. Nous avons remarqué qu’il existe
certains problèmes typiques auxquels il faut s’attendre. Nous les décrivons
ici en détail dans l’espoir que ceux qui commencent à expérimenter des
réunions interactives évitent quelques-unes des erreurs les plus com-
munes.
LES SPECTATEURS. Après avoir assisté pendant plusieurs années à
des services, beaucoup de gens dans l’église sont habitués d’être assis
silencieusement comme s’ils regardaient la télévision. Ça prend de
l’encouragement et de la patience pour surmonter cela. Au début, participer
réellement à la réunion semblera quelque peu gênant pour les gens. De
l’incitation et de l’encouragement continuels de la part des responsables
durant la semaine peuvent être nécessaires jusqu’à ce que les gens
« percent le mur du son ». Les responsables peuvent inciter à l’interaction
en demandant « Y a-t-il un témoignage que le Seigneur veut que vous
partagiez? Y a-t-il un chant qui édifierait l’église? Y a-t-il un enseignement
sur quelque sujet ou passage des Écritures? »
68
DES RÉUNIONS INTERACTIVES
Si une corde était accrochée en travers d’un ruisseau au niveau de
l’eau, différentes choses s’y attacheraient au cours de la journée, des
choses qui autrement auraient passé tout droit. De la même façon, réfléchir
tout au long de la semaine sur ce qu’on partagera à la réunion aide
grandement. Si personne n’apportait de nourriture pour le repas agape, il
n’y aurait pas de festin. Pareillement, si personne n’arrive à la réunion
préparée à participer, il n’y aura pas vraiment de réunion! Mes frères,
vos femmes passent-elles plus de temps à se préparer pour l’église (en
cuisinant pour le festin agape) que vous le faites (en réfléchissant à
quelque chose à partager à la réunion)?
DES REMARQUES QUI N’ÉDIFIENT PAS. Parfois lorsque les gens se
mettent à parler, ils deviennent trop à l’aise. Ils commencent à parler de
choses qui n’édifient vraiment pas l’assemblée. Ce n’est pas parce que
c’est une réunion libre que les gens peuvent dire tout ce qu’ils veulent.
Les responsables doivent rappeler à l’église que tout ce qui est dit pen-
dant la réunion doit avoir pour but d’édifier le corps et d’encourager tout
le monde. Les réunions d’églises ne sont pas non plus des séances de
thérapie pour les malades où toute l’attention est tournée vers une personne
et ses besoins. Bien que de telles personnes aient besoin d’un suivi, cela
doit être généralement fait à un moment autre que l’assemblée com-
mune.
DE FAUSSES DOCTRINES. L’attrait d’une réunion interactive peut être
assez fort pour attirer ceux qui soutiennent une théologie aberrante et
qui cherchent une place où promouvoir leur doctrine unique. Suivre le
modèle biblique des réunions interactives ne doit pas donner l’occasion
aux fausses doctrines de proliférer! La prévention et la correction de
l’erreur est précisément l’une des raisons pour laquelle les anciens sont
requis. Les anciens doivent être des hommes matures enracinés dans la
foi. Ils doivent détecter et réfuter l’erreur lorsqu’ils l’entendent, ne lui
laissant aucune place. Aucune doctrine contraire à l’orthodoxie historique
chrétienne ne devrait être permise.
APPEL À L’IGNORANCE COMMUNE. Plutôt que d’étudier un sujet à
l’avance et de l’apporter comme enseignement, des gens vont parfois
venir à la réunion non préparés et ils lanceront simplement une question
à l’église assemblée afin d’être répondu. C’est l’opposé d’apporter un
enseignement. Cela produit l’effet contraire d’un enseignement. Les
responsables devraient décourager les gens de poser à l’église de telles
questions motivées par l’ignorance. Une telle question ne fait qu’attirer
l’attention sur la personne qui l’a posée et n’a pas pour but d’édifier
l’église. C’est trop centré sur soi car cela est fait dans le but de répondre
à un besoin personnel. De plus, puisqu’il est peu probable que quelqu’un
69
DES RÉUNIONS INTERACTIVES
ait récemment étudié le sujet en question, l’ignorance commune s’accroîtra
sûrement lorsque chacun donnera son opinion. Il n’y a simplement aucune
alternative à l’étude attentive, systématique et en profondeur des Écritures
en privé et avant la réunion. Il n’y a aucune excuse pour ne pas le faire.
DES RÉUNIONS TROP ORGANISÉES. Les personnes habituées aux bul-
letins d’église voudront organiser d’avance l’enseignement, la musique
et la prière. Attention, n’éteignez pas l’Esprit! Il est clair dans 1 Corinthiens
14 que les réunions d’église du Nouveau Testament étaient généralement
spontanées.
DES VISITEURS PERTURBATEURS. Il y a plusieurs types de visiteurs
perturbateurs. Des invités mal informés peuvent facilement troubler la
réunion par des commentaires inutiles. Des gens centrés sur eux-mêmes
tenteront de dominer la réunion. Des personnes dérangées mentalement
parleront fort et souvent, ce qui dérange l’assemblée. Des gens critiques
peuvent s’attaquer à ce que l’église fait ou croit dans les réunions. Des
hérétiques verront les réunions interactives comme une chance de
promouvoir leur fausse théologie. Les responsables sont essentiels dans
de tels cas afin de restaurer l’ordre en toute sagesse et patience. Les
visiteurs devraient être informés à l’avance des directives divines qui se
trouvent dans 1 Corinthiens 14. Mieux vaut prévenir que guérir! (Lire le
modèle de lettre aux visiteurs potentiels à la fin.) Il peut être approprié
d’inviter la personne qui critique à exprimer ses opinions plus tard lorsque
la réunion est terminée, soit pendant le temps de communion du Repas
du Seigneur ou en privé avec les anciens.
GÉRER LE NOMBRE DE PERSONNES. Il n’est pas à l’avantage des
réunions interactives d’avoir trop ou pas assez de gens. Trop peu de
gens peut être ennuyeux. Trop de gens peut gêner les plus timides et
nuire au partage libre.
LES DIRECTEURS DE CHANT. Les musiciens sont là pour accompagner
les chants et l’adoration de l’église et non pour en avoir le monopole.
Prenez garde aux directeurs de chants qui prennent le contrôle de la
réunion pour en faire un spectacle.
L A PONCTUALITÉ . Les églises fondées sur les relations
interpersonnelles sont reconnues pour leur retard. Si on annonce que la
réunion commencera à une certaine heure, les responsables doivent
s’assurer qu’elle commence à cette heure. C’est une question de
courtoisie et de respect pour le temps des autres. Arriver à l’heure
démontre aussi du respect. Être constamment en retard pour la réunion
peut être interprété comme une agression passive. C’est du moins une
impolitesse et un manque de considération.

70
DES RÉUNIONS INTERACTIVES
LE MAÎTRE DE CÉRÉMONIE. Certains responsables auront tendance
à vouloir diriger les réunions comme s’ils étaient les hôtes d’un talk-
show. Ces incitations seront peut-être nécessaires pour l’église à ses
débuts, mais la maturité en diminuera le besoin. De plus, il n’y a rien de
mal aux silences occasionnels. Soyez persuadés que l’Esprit Saint dirige
l’assemblée. Idéalement, un visiteur dans une réunion inspirée de
1 Corinthiens 14 ne devrait même pas être capable de dire qui sont les
anciens dans l’église. À moins qu’il y ait un problème, les anciens
devraient se confondre avec les autres! Il faut toutefois admettre qu’un
manque de participation de la part des membres peut s’avérer un problème.
Dans ce cas, les anciens doivent diriger un peu plus afin d’encourager
les autres à participer.
LES ENFANTS. Le modèle du Nouveau Testament semble démontrer
que les enfants étaient en compagnie de leurs parents lors des réunions.
Par exemple, Paul voulait que certaines de ses lettres soient lues à toute
l’église (voir Col 4:16). Selon Éphésiens 6:1-3, les enfants étaient présents
lors des réunions de l’église d’Éphèse. Sinon, lors de la lecture de la
lettre, ils n’auraient pu entendre les instructions que Paul leur adresse.
(Comparez aussi Mt 19:13-15, Lc 2:41-50, Ac 21:5.)
Toutefois, un enfant très jeune qui pleure bruyamment devrait être
éloigné de la réunion par ses parents jusqu’à ce qu’il se calme. On doit
inciter les enfants plus âgés à être assis tranquillement ou bien à jouer
silencieusement par terre pour ne pas déranger la réunion. Certains par-
ents vont parfois oublier d’être attentifs à cela; dans ce cas, les
responsables doivent en parler aux parents en privé afin de s’assurer de
leur coopération pour calmer leurs enfants.
DE FAUSSES ATTENTES. À coup sûr, des gens viendront aux réunions
inspirées de 1 Corinthiens 14 avec des idées préconçues sur son
déroulement. Certains, par exemple, s’attendront à un service de louange
puissant ou bien à chanter seulement les grands hymnes de la foi. Certains
associeront exclusivement les chants de louange à une louange sincère
et d’autres s’attendront à voir des guérisons surnaturelles. Certains
voudront une lecture puissante de la Bible et d’autres une présentation
plus émotionnelle de l’Évangile. Quand les attentes ne sont pas remplies,
la déception et le mécontentement sont les résultats. Les responsables
de l’église doivent en être conscients afin d’aider les gens à avoir des
attentes bibliques par rapport aux réunions et de désirer les mêmes choses
que notre Seigneur.

71
DES RÉUNIONS INTERACTIVES
QUELQUES OBJECTIONS
Certains responsables émettent de fortes objections contre ce type
de réunion d’église. Avec raison, ils craignent que le chaos et l’anarchie
s’installent. Rappelez-vous, cependant, que bien qu’il y ait de l’ordre
dans un cimetière, il n’y a aucune vie. Il est préférable d’avoir la vie tout
en risquant un peu de désordre. Maintenir l’ordre est l’un des devoirs de
l’ancien. Les responsables de l’église ont aussi pour responsabilité de
former les saints afin qu’ils soient outillés pour contribuer à la réunion
dans une certaine mesure et pour juger eux-mêmes des erreurs. De
plus, il faut être persuadés que l’Esprit Saint œuvre dans la vie d’une
l’église. Si les Écritures révèlent vraiment que les réunions interactives
sont la volonté de Dieu, alors Dieu pourvoira afin que les réunions soient
un succès au fil du temps.
Alors qu’il commente les différences entre les réunions de l’église
du premier siècle et les réunions de l’église moderne, Gordon Fee a
observé : « En général, l’histoire de l’église démontre que nous n’avons
pas vraiment confiance en la diversité des dons du corps pour le culte.
L’édification doit toujours être la règle et cela nécessite de l’ordre afin
que tous apprennent et soient encouragés. Mais ce n’est pas à son honneur
qu’en optant pour « l’ordre », l’église historique a ignoré le ministère de
plusieurs. »6
Honnêtement, certains pasteurs vont s’opposer aux directives de
1 Corinthiens 14 précisément parce que les mettre en pratique mettrait
une ombre sur le pasteur. Malheureusement, un petit nombre de pasteurs
veulent flatter leur amour-propre ou satisfaire leur besoin d’affirmation
en étant la vedette du culte. C’est une tache aveugle à laquelle on doit
mettre fin.
Un autre risque à suivre les directives de 1 Corinthiens 14 est aussi
possible si les croyants deviennent si épris de leur toute nouvelle liberté
qu’ils se lancent dans l’anarchie ou le gnosticisme. Ils deviennent
excessivement méfiants de quelque ordre. Pour eux, quiconque possède
des habiletés à diriger est probablement entêté ou malveillant. Néanmoins,
il est évident que Paul, un responsable pieux, avait des directives de Dieu
pour les églises qu’il servait. L’équilibre est la clé. Nous devons avoir
pour but d’aider les églises à respecter tout ce que le Seigneur a
commandé!
Plusieurs ont lu 1 Corinthiens 14 et ont jugé que leur église s’y
conformait totalement simplement parce que la congrégation participe
en répondant par des lectures à haute voix, en faisant des génuflexions,
en prenant l’hostie et le vin du Repas du Seigneur, en chantant des hymnes,
en donnant la dîme et des offrandes, etc. Une partie du problème réside
72
DES RÉUNIONS INTERACTIVES
en ce que tout est planifié, sans spontanéité, que la structure est la même
chaque semaine et que tout le déroulement du culte est décrit dans le
bulletin. Il peut y avoir une participation limitée de l’auditoire, mais il n’y
a pas de véritable liberté. Est-ce qu’un des frères est libre de choisir un
hymne? D’apporter un enseignement? De lever sa main et de poser une
question? Y a-t-il de la spontanéité?

CONCLUSION : AFFIRMATIONS ET REJETS


Quelles conclusions peut-on tirer au sujet du déroulement que Dieu
désire pour la réunion d’église hebdomadaire le Jour du Seigneur? Nous
rejetons que :
1. l’église du Nouveau Testament tenait des « services »;
2. le modèle du Nouveau Testament soit de grandes assemblées de
chrétiens qui se réunissent chaque semaine pour un service;
3. les réunions d’église doivent être dirigées par un ministre du culte à
l’avant;
4. les bulletins soient nécessaires ou quelque peu bénéfiques pour la
réunion d’église;
5. seulement une personne peut enseigner lors de la réunion;
6. les enseignants devraient être prévus à l’avance;
7. les réunions d’église du Nouveau Testament comprenaient un aspect
rituel et cérémoniel;
8. des attributs spéciaux ajoutés au culte soient importants tels que
l’encens, les habits, les icônes, les statues, les vitraux ou les bâtiments
ornés comme des cathédrales; et
9. qu’une représentation ou un spectacle se substituent légitimement à la
réunion interactive commandée par le Nouveau Testament.
Par ailleurs, nous affirmons que:
1. la réunion d’église hebdomadaire ordinaire doit être participative et
spontanée;
2. tout ce qui est fait ou dit doit servir à fortifier (édifier) l’église entière;
3. seulement une personne à la fois peut s’adresser à l’assemblée;
4. tout doit être fait de manière appropriée et ordonnée;
5. l’un des rôles de l’ancien dans de telles réunions est de « maintenir le
cap » et de vraiment s’attacher à ce que tout ce qui est fait le soit pour
l’édification; et
6. ce type de réunion participative n’est pas optionnel, ce n’est pas que
des faits historiques intéressants ou bien de l’information désuète.
Des telles réunions sont « le commandement du Seigneur »
(1 Co 14:37).
— Steve Atkerson
73
DES RÉUNIONS INTERACTIVES
NOTES
1 Henry Sefton, A Lion Handbook - The History of Christianity (Ox-
ford, UK: Lion Publishing, 1988) 151.
2 Ernest Scott, The Nature Of The Early Church (New York, NY:
Charles Scribner’s Sons, 1941), 79.
3 Jimmy Milikin, “Disorder Concerning Public Worship,” Mid America
Baptist Theological Journal (Memphis, TN: Mid-America Baptist Semi-
nary Press, 1983), 125.
4 John Drane, Introducing the New Testament (Oxford, UK: Lion Pub-
lishing, 1999), 402.
5 A. M. Renwick, The Story of the Church (Downers Grove, IL: Inter-
Varsity Press 1958), 22-23.
6 Gordon Fee, NICNT, The First Epistle To The Corinthians (Grand
Rapids, MI: Wm. B. Eerdmans Publishing Co., 1987), 698.

QUESTIONS À DISCUTER
1. Supposons que 1 Corinthiens 14:26 disait « une seule personne » plutôt
que « chacun ». Lequel aurait le mieux décrit la plupart des services
des églises modernes? Pourquoi?
2. Supposons que 1 Corinthiens 14:26 est en fait une critique de ce que
l’église de Corinthe faisait (des réunions prétenduement désordonnées).
La solution inspirée était-elle d’interdire les réunions participatives ou
bien de les soumettre à des règles? Expliquez.
3. Quel était le rôle de la musique et des directeurs de chants dans les
réunions de l’église du premier siècle?
4. De façon globale, quels sont les différents aspects dans 1 Corinthiens
14 qui, mis ensemble, démontrent la nature participative des réunions
de l’église du premier siècle?
5. Quels sont certains principes de base pour des réunions d’église par-
ticipative selon 1 Corinthiens 14 et Hébreux 10:24-25?
6. Pourquoi est-ce si important que tout ce qui est dit et fait serve à
l’édification dans la réunion d’église?
7. Comment peut-on allier la nature participative de la réunion d’église
avec le besoin d’une exposition en profondeur de la Parole de Dieu
par des enseignants compétents?
8. Que nous dit 1 Corinthiens 14:37 au sujet de 1 Corinthiens 14? Est-ce
simplement une description ou une prescription?

74
DES RÉUNIONS INTERACTIVES
9. Plusieurs églises n’ont personne qui détienne de dons particulièrement
surnaturels, dits « charismatiques ». En l’absence de tels dons, pourquoi
le commandement du Seigneur (1 Co 14:37) de tenir des réunions
d’église participatives n’est-il pas annulé?
10. Quelles autres contributions peuvent être faites à la réunion d’église
selon Actes 2:42, 14:26-28 et 1 Timothée 4:13?
11. Quel contexte favorise une réunion d’église interactive? Une petite
congrégation dans un salon ou une grande congrégation dans un énorme
centre d’adoration? Pourquoi?
12. Quel est le rôle de l’ancien dans une réunion interactive?
13. Quel est le risque encouru par l’église qui se réunit sans ancien dans
le but d’avoir un temps d’encouragement mutuel (1 Co 14)?
14. Quelles sont les preuves que les enfants restaient avec leurs parents
durant la réunion d’église?
15. Avoir des réunions libres peut évidemment attirer des hérétiques qui
cherchent à répandre leurs nouvelles idées. Comment devrait-on s’y
préparer et comment s’en occuper?
16. Que devrait-il être fait si, semaine après semaine, peu de gens
apportent quelque chose de significatif à la réunion interactive?
17. Où est-il écrit dans le Nouveau Testament que le but de la réunion
d’église est de tenir un culte? Expliquez.
18. De quelles façons l’église dont vous faites partie adhère-t-elle à ou
dévie-t-elle de la norme du Nouveau Testament?

75
DES RÉUNIONS INTERACTIVES
UNE LETTRE AUX VISITEURS POTENTIELS
Nous sommes honorés que vous désiriez vous joindre à l’une de
nos réunions d’église. Nous nous sommes efforcés de suivre les tradi-
tions des premiers apôtres concernant la forme de l’église. Ainsi, bien
que nous soyons traditionnels selon le Nouveau Testament, ce que nous
faisons est plutôt hors du commun selon les standards contemporains.
Ne vous inquiétez pas, ce qui suit vous donne une bonne idée de ce à
quoi vous pouvez vous attendre. Nous espérons que vous serez à l’aise
et encouragés lorsque vous vous réunirez avec nous.
Nous nous réunissons le matin dans la ville de ____________.
Pour connaitre l’adresse et les directions, veuillez communiquer avec
Luc et Lucie Lemieux au (000)-000-0000 ou Jules et Julie Tremblay au
(000)-000-0000.
1. Selon le modèle du Nouveau Testament, l’église se réunit régulièrement
le premier jour de chaque semaine. Les Écritures l’appellent le Jour
du Seigneur, le jour où Jésus a vaincu la mort et est ressuscité du
tombeau. Cependant, nous ne voyons pas là une réplique du jour du
sabbat. Chaque jour est un jour saint en vertu de la Nouvelle Alliance
(He 4, Col 2:16-17, Ga 4:8-11).
2. L’hôte ouvre ses portes à 10 h le matin et on commence par un chant
exactement une demi-heure plus tard. Il y a donc une période de
30 minutes pour laisser les gens arriver, s’asseoir, prendre connaissance
des lieux, se verser un café, etc. Veuillez vous stationner sur le même
côté de rue que la maison si possible. Nous pourrons ainsi éviter que
nos véhicules bloquent la rue.
3. Notre code vestimentaire est simple et confortable. Personne ne porte
de cravate. Les femmes portent ce qu’elles veulent, que ce soit une
robe confortable, uu pantalon ou même un short modeste. Les enfants
portent des vêtements et des souliers pour jouer puisqu’habituellement,
ils vont s’amuser dehors après la réunion. Il n’est pas rare que les
enfants se salissent après l’église.
4. Certains intéressés voudront savoir si notre église maintient les doc-
trines historiques de la foi chrétienne, les Doctrines de la Grâce
(www.ids.org), la théologie de la Nouvelle Alliance, l’infaillibilité de la
Bible (www.churchcouncil.org), et le Danver’s Statement on Biblical
Manhood and Womanhood (La déclaration de Danver sur les rôles
bibliques de l’homme et de la femme) (www.cbmw.org). Allez à
www.ntrf.org pour plus d’information au sujet de la vie d’église du
Nouveau Testament.
5. La réunion elle-même est spontanée et participative (pas de bulletin!)
selon le modèle décrit dans 1 Corinthiens 14:25 et les versets suivants.
76
DES RÉUNIONS INTERACTIVES
Rien n’est planifié à l’exception du premier chant qui commence la
réunion (10 h du matin). Parfois nous chantons plusieurs chants, parfois
que quelques-uns tout dépendant du nombre demandé. Un dimanche,
il peut y avoir trois frères qui enseignent et un autre dimanche, aucun.
Parfois nous prions longtemps et d’autres fois nous prions peu. Tous
les frères peuvent participer en prenant parole, mais tout ce qui est dit
doit servir à édifier l’église entière (1 Co 14:26). Une seule personne
à la fois peut s’adresser à l’assemblée puisque tout doit être fait de
manière appropriée et ordonnée. Tout enseignement et prophétie sont
sujets à être examiné et jugé publiquement par ceux qui sont présents.
De plus, il n’y a pas de modérateur ou de maître de cérémonie en soi.
En fait, à moins qu’il y ait un problème à régler, vous ne saurez même
pas qui sont les responsables. Les femmes ne prennent pas parole
publiquement durant la réunion (lisez 1 Corinthiens 14:33-35 et vous
verrez d’où cela est tiré). En revanche, elles parlent beaucoup durant
la communion du Repas du Seigneur.
6. Les enfants restent avec nous durant la réunion. Toutefois, si un très
jeune enfant est bruyant, l’un des parents doit l’éloigner jusqu’à ce
qu’il se calme. Si vous avez de jeunes enfants, vous pouvez leur apporter
quelque chose pour les occuper, comme des crayons et du papier ou
bien des jouets silencieux. Les enfants s’assoient généralement par
terre près de leurs parents. Nous croyons que c’est la tâche des par-
ents et non de l’église d’instruire les enfants au sujet de Jésus. C’est
pourquoi nous n’avons pas d’école du dimanche ou d’église pour
enfants.
7. Le Repas du Seigneur est une partie intégrante de notre rassemblement.
En fait, c’est la raison première pour laquelle nous nous assemblons
chaque semaine. Nous le célébrons comme un repas complet tel que
décrit dans 1Corinthiens 11b. Chacun apporte quelque chose à partager
avec toute l’église. Nous croyons que ce doit être un vrai repas qui
représente les noces de l’Agneau (Ap 19). C’est un bon temps de
communion et d’encouragement qui ressemble beaucoup plus à un
banquet de noce qu’à des funérailles. Au centre des autres plats, vous
remarquerez une coupe (un pichet en fait) et un pain qui représentent
le corps et le sang de notre Seigneur. En fait, nous croyons que le
Repas du Seigneur a pour but de rappeler à Jésus sa promesse de
revenir et de partager encore une fois le repas avec Son peuple.
8. Bref, nous croyons que le modèle évident de la forme d’église du
Nouveau Testament n’est pas simplement une description mais en
fait une prescription (2 Th 2:15, 1 Co 11:2). C’est pourquoi nous croyons
aux églises-maison, aux églises sous la conduite des anciens plutôt
77
DES RÉUNIONS INTERACTIVES
que sous leur domination, au ministère des ouvriers itinérants, aux
réunions interactives, et que le Repas du Seigneur et le Festin Agape
ne font qu’un à chaque semaine. Il pourrait vous être utile de lire
1 Corinthiens 11:17-34 et 1 Corinthians 14:26-40 avant votre visite.
9. Pour nous, la vraie vie de l’église se vit chaque jour puisque nous nous
voyons les uns les autres au cours de la semaine. Pour faciliter cela, il
est prioritaire pour nous d’essayer d’habiter le plus près possible les
uns des autres. Les activités du Jour du Seigneur telles que décrites
ci-haut sont seulement une partie de notre communion hebdomadaire.
De nous évaluer seulement sur la base de ce que l’on voit le dimanche
serait donc incomplet!
10. L’idéal est que la communauté « vive » l’église et ne fasse pas qu’y
passer. C’est faire du tort à soi-même que de s’entretenir avec les
saints le dimanche seulement. Si vous ne pouvez déménager à l’endroit
où nous habitons, nous serons heureux de vous aider à commencer
(ou trouver), éventuellement, une église dans votre quartier une fois
que vous comprendrez bien la vie de l’église selon le Nouveau Testa-
ment.
En conclusion, nos églises sont dédiées à se réunir et à vivre aussi
simplement que possible le modèle d’église du Nouveau Testament et la
compréhension que nous en avons. Nous savons que nous n’y
comprenons pas tout encore, mais nous tâchons d’y parvenir. Nous
abordons habituellement une question à la fois et essayons de parvenir à
un consensus biblique avant de passer à autre chose. Chacun est
considéré et idéalement personne n’est écrasé ou mis de côté. Cela veut
dire que nous avançons lentement, mais dans une grande paix et unité.
Pour cette raison nous sommes bénis et nous en sommes reconnaissants.

Au plaisir de vous voir au Jour du Seigneur!

78
DES RÉUNIONS INTERACTIVES

« Nous sommes un “corps” par le sentiment commun d’une même


croyance, par l’unité de la discipline, par le lien d’une même espérance.
Nous formons une ligue et une congrégation pour assiéger Dieu de nos
prières, comme en bataillon serré. […] Nous nous assemblons pour la
lecture des saintes Écritures […] Ce sont des vieillards éprouvés qui
président […]
Et même s’il existe chez nous une sorte de caisse commune, elle
n’est pas formée par une somme honoraire, versée par les élus, comme
si la religion était mise aux enchères. Chacun paie une cotisation modique,
à un jour fixé par mois ou quand il veut bien, et s’il le veut et s’il le peut.
Car personne n’est forcé; on verse librement sa contribution. […] pour
nourrir et inhumer les pauvres, pour secourir les garçons et les filles qui
n’ont ni fortune ni parents, et puis les serviteurs devenus vieux […]
Ainsi donc, étroitement unis par l’esprit et par l’âme, nous n’hésitons
pas à partager nos biens avec les autres. Tout sert à l’usage commun
parmi nous, excepté nos épouses. Nous rompons la communauté, là
précisément […]
Notre repas fait voir sa raison d’être par son nom : on l’appelle
d’un nom qui signifie « amour » chez les Grecs (agape). […] On ne se
met à table qu’après avoir goûté auparavant d’une prière à Dieu. On
mange autant que la faim l’exige; on boit autant que la sobriété le permet.
[…] Après qu’on s’est lavé les mains et qu’on a allumé les lumières,
chacun est invité à se lever pour chanter, en l’honneur de Dieu, un cantique
qu’on tire, suivant ses moyens, soit des saintes Écritures, soit de son
propre esprit. […]
Le repas termine comme il a commencé, par la prière […] »

Tertullien, Apologétique, bilingue (Paris, France: Société d’édition Les


Belles Lettres, 1998) 175-183. Tertullien a vécu vers 200 apr. J.-C.

79
DES RÉUNIONS INTERACTIVES

LA RÉUNION DANS LE NOUVEAU TESTAMENT


Que faut-il donc, frères? Lorsque vous vous assemblez, chacun a-
t-il un cantique, ou une instruction, une langue étrangère, une révélation,
une interprétation? Que tout se fasse pour l'édification.
S'il y en a qui parlent une langue, qu'il n'y en ait que deux ou trois,
tout au plus, et l'un après l'autre; et qu'il y en ait un qui interprète. S'il n'y
a point d'interprète, que celui qui parle une langue se taise dans l'Église,
et qu'il parle à lui-même et à Dieu.
Qu'il n'y ait aussi que deux ou trois prophètes qui parlent, et que les
autres jugent. Et si un autre assistant a une révélation, que le premier se
taise. Car vous pouvez tous prophétiser l'un après l'autre, afin que tous
apprennent, et que tous soient exhortés. Or, les esprits des prophètes
sont soumis aux prophètes;
Car Dieu n'est point pour la confusion, mais pour la paix. Comme
on le voit dans toutes les Églises des saints,
Que vos femmes se taisent dans les Églises, parce qu'il ne leur est
pas permis d'y parler; et qu'elles soient soumises, comme la loi le dit
aussi. Si elles veulent s'instruire sur quelque chose, qu'elles interrogent
leurs maris à la maison; car il n'est pas bienséant aux femmes de parler
dans l'Église. Est-ce de vous que la parole de Dieu est venue, ou n'est-
elle parvenue qu'à vous seuls?
Si quelqu'un croit être prophète, ou inspiré, qu'il reconnaisse que
les choses que je vous écris sont des commandements du Seigneur. Et si
quelqu'un veut l'ignorer, qu'il l'ignore.
C'est pourquoi, frères, désirez avec ardeur de prophétiser, et
n'empêchez point de parler des langues. Que toutes choses se fassent
avec bienséance et avec ordre.

— 1 Corinthiens 14:26-40

80
DES RÉUNIONS INTERACTIVES

LA RÉUNION DES TEMPS MODERNES


Que faut-il donc, frères? Lorsque vous vous assemblez, le pasteur
a une instruction et le directeur de chants a les psaumes. Que tout se
fasse pour le culte.
Si quelqu’un d’autre que le pasteur a une instruction, ne le laissez
pas parler; qu’il se taise. Qu’il s’assoit sur le banc et qu’il se tourne face
à la nuque de la personne assise devant lui.
Que les gens se taisent dans les églises parce qu’il ne leur est pas
permis d’y parler; et qu’ils soient soumis, comme la tradition de l’église
le dit aussi. S’ils veulent s’instruire sur quelque chose, qu’ils interrogent
leur pasteur après le service, car il n’est pas bienséant aux laïcs de
parler dans l’église. Car, pour sa part, le pasteur a un diplôme du séminaire
tandis que le laïc lui, n’a aucun diplôme reconnu.
Si quelqu’un veut demeurer un membre en règle de l’église, qu'il
reconnaisse que les choses que je vous écris sont des commandements
de la maison mère de l’organisation ecclésiastique. Et si quelqu'un veut
l'ignorer, il sera immédiatement escorté dehors par les placiers.
C’est pourquoi, frères, ne convoitez pas de parler dans l’église.
Que toutes choses se fassent avec bienséance et selon l’ordre qui a été
écrit dans le bulletin de l’église.

— Rusty Entrekin

81
DES RÉUNIONS INTERACTIVES

82
CONSENSUS D’ASSEMBLÉE
4
CONSENSUS D’ASSEMBLÉE

À votre avis, pourquoi Jésus a-t-il choisi le mot église pour décrire
ses disciples? « Église » est la traduction française du terme grec origi-
nal ekklesia. En dehors du contexte du Nouveau Testament, ekklesia
était un mot séculier qui portait de très fortes connotations politiques.
Jésus aurait pu utiliser d’autres mots grecs pour décrire ses disciples et
leurs rassemblements, des mots aux connotations religieuses et non
politiques. Comme nous le verrons, une des raisons pour laquelle il a
choisi le mot ekklesia pour décrire ses disciples est qu’Il voulait qu’ils
prennent ensemble les décisions qui les concernaient en tant que groupe.
Comment Jésus désirait-il que l’église soit gouvernée? D’abord, regardons
attentivement comment la vraie signification du mot moderne « église »
a été perdue.

L’ÉGLISE MODERNE ET L’ANCIENNE EKKLESIA


Le dictionnaire anglais Webster’s New Collegiate Dictionary
soutient que le mot anglais pour église peut être employé pour faire
référence à la réunion du peuple de Dieu ou bien au bâtiment spécial où
ils se réunissent.1 Par opposition, le mot grec ekklesia ne désigne jamais
un bâtiment ou un lieu de culte mais il peut faire référence à bien plus
que seulement une réunion, une assemblée ou un rassemblement. Notre
compréhension de l’église de Dieu sera grandement diminuée si on néglige
de tenir compte des implications du mot grec d’origine employé par Jésus.
La séparation de l’État et de l’église est si importante aujourd’hui que les
gens ne pensent pas à associer église et gouvernement. Pourtant, c’est
bel et bien la signification d’origine d’ekklesia.
Au temps de Jésus, le mot ekklesia était utilisé presque
exclusivement pour désigner une assemblée politique convoquée
régulièrement dans le but de prendre des décisions. Selon le lexique de
Thayer, c’était une « assemblée de gens convoqués à la place publique
du conseil dans le but de délibérer »2. Le lexique de Bauer définit ekkle-
sia comme une « assemblée d’un groupe politique convoquée
régulièrement »3. Le Dr. Lothan Coenen, dans un écrit pour le The New
International Dictionary of New Testament Theology (Le nouveau
dictionnaire international de théologie du Nouveau Testament), a souligné
que le mot ekklesia était « clairement caractérisé comme un phénomène

83
CONSENSUS D’ASSEMBLÉE
politique, répété selon certaines règles et s’inscrivant à l’intérieur d’un
certain cadre. C’était une assemblée de citoyens en règle, très bien ancrés
dans la constitution d’une démocratie, une assemblée qui prenait des
décisions politiques et judiciaires fondamentales […] le mot ekklesia,
dans les régions grecques ou hellénistes, a toujours fait référence à
l’assemblée de la cité. » Dans l’ekklesia séculière, chaque citoyen avait
« le droit de parler et de proposer des sujets de discussion. »4 (Il n’était
pas permis du tout aux femmes de parler dans les ekklesia grecques
séculières.)5
Cet emploi séculier est aussi illustré dans la Bible dans Actes 19:23-
41. Les occurrences du mot ekklesia dans Actes 19 (traduit par
« assemblée », « assemblée légale » et « assemblée » dans 19:32, 39, 41)
désignent la réunion des artisans qui avaient été appelés par Démétrius
dans le théâtre pour décider ce qu’ils allaient faire de Paul, bien qu’il y
avait tant de confusion que la majorité ignorait pourquoi ils avaient été
convoqués. C’est un exemple où ekklesia désigne un groupe politique
convoqué régulièrement (dans ce cas, des orfèvres et ceux reliés à ce
métier). Ils s’assemblèrent (comme une sorte de syndicat) afin de décider
comment remédier à la réputation entachée de leur profession et à la
diminution de leurs chiffres d’affaires. Finalement, quand ils dépassèrent
les limites de leur juridiction en voulant s’occuper du cas de Paul, le
secrétaire de la ville suggéra que le grief soit réglé par l’ekklesia légale
(plutôt que par l’ekklesia du syndicat, Ac 19:37-39).

L’EMPLOI DU MOT EKKLESIA PAR JÉSUS


À la lumière de ceci, pourquoi Jésus (dans Mt 16:13-20; 18:15-20)
a-t-il choisi un mot politique aussi chargé de sens qu’ekklesia pour décrire
Son peuple et ses réunions? Jésus désirait peut-être que Son peuple, les
chrétiens, fonctionne entre eux de manière semblable au gouvernement
politique. Jésus a voulu que les croyants suggèrent des sujets de discus-
sion, décident des choses ensemble, prennent des décisions conjointement
et procèdent par consensus. Si Jésus avait simplement voulu décrire une
assemblée sans aucune connotation politique, il aurait employé les mots
sunagoge, thiasos ou eranos. Cependant, il avait une raison de choisir
ekklesia
Le peuple de Dieu a le mandat de prendre des décisions.
Fondamentalement, l’église est le corps des citoyens du Royaume qui
sont autorisés à (et qui ont le devoir de) juger des problèmes, prendre
des décisions et rendre des jugements. Bien qu’on ne prenne pas de
décision lors de la plupart des réunions d’église (il n’y a habituellement
pas de problème à régler), il est important de comprendre que l’église en
84
CONSENSUS D’ASSEMBLÉE
tant que corps a l’autorité et l’obligation de prendre des décisions. Les
églises dont l’assemblée n’est axée que sur les louanges et l’enseignement
sans jamais se préoccuper de résoudre collectivement les questions et
les problèmes manquent peut-être en partie à leur devoir en tant
qu’ekklesia.
Le peuple de Dieu prend des décisions en tant que corps à plusieurs
reprises dans le Nouveau Testament. On voit dans Matthieu 16:13-20
que Jésus s’attendait à ce que l’ekklesia prenne des décisions. Après
avoir promis de bâtir Son ekklesia sur la pierre de la confession de la
révélation accordée à Pierre, Jésus parle immédiatement des clés du
royaume des cieux et du pouvoir de lier et délier. Les clés représentent
le pouvoir d’ouvrir et de fermer quelque chose, le royaume est un terme
politique, et lier et délier implique l’autorité de prendre des décisions.
Ainsi, dans Matthieu 18:15-20, Jésus a dit que l’ekklesia (18:17) a le
devoir de rendre une sentence concernant le prétendu péché d’un frère
et, encore une fois, l’autorité de lier et délier est attribuée à l’ekklesia.
Dans Actes 1:15-26, Pierre a chargé toute l’église de Jérusalem de
remplacer Judas. Plus tard, les apôtres se sont adressés à l’église entière
afin qu’elle choisisse des hommes chargés de gérer l’aide aux démunis
(Ac 6:1-6). Actes 14:23 laisse entrevoir que certaines églises choisirent
leurs propres anciens. Lors de la controverse portant sur la circoncision,
l’église d’Antioche a décidé d’envoyer des représentants à Jérusalem
pour l’arbitrage, et alors toute l’église de Jérusalem s’est penchée sur la
résolution de ce conflit (Ac 15:4, 12, 22). Finalement, dans
1 Corinthiens 14:29-30, il est clair que les révélations prophétiques devaient
être jugées quand « l’ekklesia entière se rassemble » (14:23).
Il est important de souligner que lorsque l’église prend des décisions,
cela devrait être fait de manière judiciaire plutôt que législative. Le rôle
de l’église n’est pas de faire des lois – seul Dieu peut bien faire cela. En
cela, l’ekklesia du peuple de Dieu diffère de l’ekklesia des anciennes
cités-états grecques par rapport à sa fonction. Notre responsabilité en
tant que croyant dans l’ekklesia de Christ est d’appliquer correctement
et de faire respecter la loi de Christ telle qu’elle est sous la Nouvelle
Alliance. Les membres de l’église doivent être comme des citoyens-
magistrats qui se réunissent afin de délibérer et prendre des décisions ou
bien de rendre des jugements (au besoin). Cette forme de gouvernement
fonctionne assez bien dans une église-maison où les gens s’aiment assez
pour surmonter leurs désaccords. Il est pratiquement impossible de
fonctionner de cette façon dans le contexte plus large de l’église
institutionnelle.

85
CONSENSUS D’ASSEMBLÉE
L’APPLICATION
La prise de décision n’est pas implicite chaque fois que le mot
ekklesia est mentionné dans le Nouveau Testament. En fait, le mot
ekklesia est employé de six manières différentes dans le Nouveau Tes-
tament. Néanmoins, son emploi le plus fréquent demeure celui où il
désigne un groupe de gens qui s’assemble dans le but de prendre des
décisions. Dans ce sens, l’ekklesia n’implique pas seulement le
rassemblement du peuple de Dieu. C’est aussi ce qui s’y fait lorsque le
peuple de Dieu se réunit. Le Seigneur autorise l’église à prendre des
décisions afin qu’elle applique fidèlement les Écritures. Elle se doit
d’appliquer la loi de Christ (dans la famille de Dieu) et de régler les
questions qui peuvent être soulevées. C’est en partie ce qui se fait dans
les réunions libres et participatives. Les problèmes ne doivent pas être
relégués au placard. Les questions concernant la bonne conduite doivent
être résolues. Il n’y aura pas de problème à régler chaque semaine (et
même la plupart du temps), mais le peuple de Dieu doit garder à l’esprit
son devoir d’agir à titre d’ekklesia au besoin.
Dans son organisation humaine, l’église n’est pas censée fonctionner
comme une pyramide où un homme ou une poignée de gens détiennent
le pouvoir au sommet. Les décisions ne doivent pas être prises derrière
des portes closes et ensuite imposées à l’église par la direction. L’église
ressemble plutôt à un sénat ou un congrès qui délibère diverses ques-
tions et prend les décisions appropriées en tant qu’assemblée. Les
responsables de l’église doivent faciliter ce processus et servir l’église
en lui fournissant l’enseignement et les conseils, et non pas en étant les
seigneurs de l’église.
Il y a des limites à ce que l’église locale, en tant que corps habilité
à prendre des décisions, devrait décider. Certains sujets dépassent les
bornes, se situent au-delà des limites ou bien sont des erreurs de catégorie.
Par exemple, aucune église locale n’a le droit de redéfinir la foi chrétienne
historique. Certaines choses ne peuvent simplement pas être débattues.
Chaque ekklesia doit demeurer à l’intérieur des limites de l’orthodoxie.
Les anciens doivent empêcher la considération d’idées dangereuses et
hérétiques (1 Tm 1:3). C’est parce que l’église d’aujourd’hui dans son
ensemble et celle du passé ont déjà fait consensus au sujet d’interprétations
fondamentales des Écritures (comme quels sont les livres de la Bible, la
résurrection corporelle de Jésus, le message de l’Évangile, la Trinité, le
retour physique de Jésus, etc.) Le Saint-Esprit n’a pas failli à sa tâche de
guider les élus dans toute la vérité (Jn 16:13).

86
CONSENSUS D’ASSEMBLÉE
CONSENSUS OU LOI DE LA MAJORITÉ?
Ce que nous défendons principalement est que l’assemblée se
gouverne elle-même. Puisque l’ekklesia doit délibérer en tant
qu’assemblée des problèmes qui surviennent, que faut-il faire lorsqu’il y
a un désaccord et que les membres ne s’entendent pas sur la question?
Les décisions sont-elles prises par consensus ou selon la loi de la majorité?
Considérons d’abord ce que ces deux options impliquent.
Le mot « consensus » signifie un accord mutuel, une tendance
représentative ou une opinion. C’est un mot de même famille que
« consentement » ou « consensuel ». À l’opposé, la loi de la majorité
peut favoriser ce que 51 % des gens veulent contre les autres 49 % qui
s’y opposent; cela va nécessairement à l’encontre de l’unité. Cependant,
le consensus cherche à créer l’unité. La volonté de Dieu est-elle que
Son église prenne des décisions par consensus ou par la loi de la majorité?
Prenez connaissance de ces textes bibliques afin que vous et moi
parvenions à un consensus à ce sujet :
« Voici, oh! qu’il est bon et qu’il est agréable que des frères
demeurent unis ensemble! » (Ps 133:1).
« Or, je vous prie, frères, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ,
de tenir tous le même langage, et de n’avoir point de divisions parmi
vous, mais d’être unis dans une même pensée, et dans un même senti-
ment. » (1 Co 1:10).
« Ainsi, vous êtes […] la maison de Dieu; étant édifiés sur le
fondement des apôtres et des prophètes, dont Jésus-Christ est la pierre
angulaire, en qui tout l’édifice, bien coordonné, s’élève pour être un temple
saint au Seigneur, en qui aussi vous êtes édifiés ensemble, pour être la
maison de Dieu par l’Esprit. » (Ep 2:19-22).
« Vous appliquant à conserver l’unité de l’esprit, par le lien de la
paix. Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous êtes appelés
à une seule espérance, par votre vocation. Un seul Seigneur, une seule
foi, un seul baptême; un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de
tous, et par tous, et en vous tous. » (Ep 4:3-6).
« S’il y a donc quelque consolation en Christ, s’il y a quelque
soulagement dans la charité, s’il y a quelque communion d’esprit, s’il y a
quelque compassion et miséricorde, rendez ma joie parfaite, étant en
bonne intelligence, ayant une même charité, une même âme, un même
sentiment » (Ph 2:1-2).
« Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-
aimés, d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de
patience; vous supportant les uns les autres, et vous pardonnant les uns
aux autres, si l’un a quelque sujet de plainte contre l’autre. Comme Christ
87
CONSENSUS D’ASSEMBLÉE
vous a pardonné, vous aussi, faites de même. Mais par-dessus toutes
choses revêtez-vous de la charité, qui est le lien de la perfection. » (Col
3:12-15).
La plupart du temps, le processus pour parvenir à créer un consen-
sus ne se fera pas à l’occasion de la réunion d’église. Cela se fera plutôt
lors de la communion du Repas du Seigneur, des visites en semaine, d’un
dîner, durant les conversations habituelles au téléphone, par courriel, etc.
Bien sûr, parfois certains frères, et surtout les responsables, peuvent
apporter des enseignements pertinents au sujet du problème en cause.
Cependant, la plus grande partie de la délibération se fera un à un, de
frère à frère. Cela prend du temps, de la patience, de l’humilité et de la
douceur pour que les membres de l’église parviennent à un accord.

LA PROVIDENCE DE DIEU
Il est important de se rappeler que le processus entrepris par l’église
pour parvenir à un consensus est tout aussi important qu’un consensus
atteint. Le gouvernement par consensus prend du temps, de l’engagement,
de l’édification mutuelle et beaucoup d’amour fraternel. Cela peut
vraiment fonctionner dans une petite église-maison. Nous devons nous
aimer les uns les autres assez pour nous supporter les uns les autres! Le
concept derrière l’idée de consensus peut être appelé gouvernement par
l’unité, la cohésion, l’harmonie ou l’accord mutuel. Avons-nous réellement
confiance en l’œuvre de l’Esprit Saint dans nos vies et nos églises?
De peur qu’un gouvernement par consensus semble trop utopique,
considérez ce que le Seigneur a fait afin que Son peuple parvienne à
l’unité. Premièrement, notre Seigneur Lui-même a prié pour Son église :
« qu’ils soient un, comme nous. […] Afin que tous soient un, comme toi,
ô Père, tu es en moi, et moi en toi […] afin qu’ils soient parfaitement un,
et que le monde connaisse que tu m’as envoyé, et que tu les aimes,
comme tu m’as aimé. » (Jn 17:11, 21-23). Puisque Jésus a prié cela pour
nous, l’unité peut certainement être atteinte.
Dieu a pourvu à un autre moyen d’atteindre l’unité par le Repas du
Seigneur. Selon 1 Corinthiens 10:17, « Comme il y a un seul pain, nous
qui sommes plusieurs, ne sommes qu’un seul corps; car nous participons
tous au même pain. » Évidemment, de prendre part dignement au pain
pendant le Repas du Seigneur illustre non seulement l’unité, mais cela la
crée!
Finalement, comme on l’a déjà mentionné, Christ a donné divers
ministères et dons pour diriger à l’église (comme les apôtres, les prophètes,
les évangélistes et les pasteurs-enseignants) dans un but : « Jusqu’à ce
que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance
88
CONSENSUS D’ASSEMBLÉE
du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite
de Christ » (Ep 4:11-13). Une des raisons pour laquelle Christ donne ces
responsables à son église est afin qu’elle parvienne au consensus.

QU’EN EST-IL DES ANCIENS?


Quelle est la place des anciens dans un gouvernement d’église par
consensus? Les anciens sont essentiels au maintien à long terme de
l’église. Les anciens guident, sont des modèles, persuadent, enseignent,
nourrissent, conseillent, protègent, mettent en garde, reprennent et corri-
gent.
L’église dans son ensemble peut être comparée à un sénat ayant
l’autorité de prendre des décisions et de rendre des jugements qui lient
ses membres. Un ancien de l’église est un autre sénateur, mais qui prend
part à un comité spécial du sénat dont le but est d’étudier les problèmes,
faire des recommandations, enseigner, informer ou inciter. Normalement,
l’ancien n’a pas à prendre de décisions au nom de l’église. Il ne devance
habituellement pas le processus de consensus. Tous les anciens sont des
sénateurs-serviteurs de tout le sénat (l’église). Cependant, le sénat se
trouvera parfois dans une impasse, incapable de résoudre un problème.
Dans de tels cas, rares, les anciens font office d’arbitres prédéterminés
ou ils prennent la décision finale. Dans ces conditions inhabituelles, les
opposants doivent « se soumettre » au jugement de l’ancien et à sa
sagesse (He 13:17).
Dans Hébreux 13:17, les croyants sont exhortés à « obéir » aux
responsables de l’église. Comment expliquer cela quand l’assemblée se
gouverne elle-même? Le mot commun utilisé pour obéir est celui employé
dans le cas des enfants qui obéissent à leurs parents et des esclaves à
leurs maîtres (Ep 6:1,5). Il y a une raison pour laquelle le mot grec pour
obéir dans Hébreux 13:17 n’est pas le mot habituel. On emploie plutôt
peitho, défini dans le lexique de Bauer comme étant littéralement per-
suader ou convaincre.6 (D’autres emplois de peitho se trouvent dans
Luc 16:31, Actes 17:4, 21:14.) La Bible interlinéaire littérale de Paul
McReynolds traduit peitho dans Hébreux 13:17 par l’équivalent anglais
de « persuader ». Employé dans Hébreux 13:17 sous la forme passive, il
rend cette idée : « laissez-vous persuader par » vos responsables.
Évidemment, lorsque quelqu’un est persuadé de quelque chose, il agit en
conséquence, ou il « obéit » (Rm 2:8, Ga 5:7, Jc 3:3). Le commentateur
Vine fait remarquer que peitho signifie « persuader, gagner à, écouter,
obéir. L’obéissance suggérée n’est pas la soumission à l’autorité mais la
conséquence d’une persuasion. »7 On observe donc qu’une obéissance
aveugle n’est pas ce que propose Hébreux 13:17.
89
CONSENSUS D’ASSEMBLÉE
Ce même verset enseigne aussi aux croyants à se « soumettre »
aux responsables de l’église. Comme dans le cas d’« obéir », le mot grec
commun utilisé pour « soumettre » n’est pas employé. L’auteur choisit
plutôt hupeiko, un mot qui veut aussi dire abandonner, se rendre, mais
après une bataille. C’était employé au sujet des combattants. On peut
comprendre le sens de hupeiko dans une lettre d’un général sudiste,
Robert E. Lee, adressée à ses troupes au sujet de la reddition à
Appomadox : « Après quatre ans de service intensif marqué d’un cour-
age et d’une force d’âme inégalables, l’armée de la Virginie du Nord a
été contrainte à se rendre face au nombre et aux ressources
insurmontables de l’adversaire. » La nuance de hupeiko n’est pas de
l’ordre de qui se soumet automatiquement (comme la soumission au
gouvernement civil). C’est plutôt une soumission après qu’un processus,
un conflit ou même une bataille ait eu lieu. Il y a soumission, mais une
discussion sérieuse et un dialogue ont eu lieu avant qu’un parti abandonne.
Ainsi, le troupeau de Dieu doit être ouvert à ce que ses bergers les
persuadent (peitho). Dans les discussions et les enseignements, le
troupeau doit être ouvert à ce que les responsables les convainquent
(peitho). Une obéissance aveugle d’esclave n’est pas la relation entre
les anciens et l’église que le Nouveau Testament présente. Cependant, il
y aura des moments ou quelqu’un, ou quelques-uns parmi le troupeau ne
pourront être persuadés de quelque chose. Ce sera l’impasse. Lorsqu’il
faut faire cesser cette impasse, les contestataires doivent abandonner,
ou se rendre (hupeiko) à la sagesse des responsables de l’église.
Pour faire une synthèse, les églises doivent plutôt être conduites
par les anciens et non dominées par les anciens. Selon le modèle du
Nouveau Testament, l’assemblée se gouverne elle-même. Les moments
où l’église doit être temporairement dominée par les anciens surviennent
lorsqu’une ou plusieurs personnes de l’église sont entêtées, déraisonnables,
obstinées, diviseurs, esclaves du péché ou séduites par de fausses doc-
trines (He 13:17). Cependant, même cette soumission doit être précédée
de dialogues, de discussions et de débats.

CONCLUSION
Ce que nous avons défendu peut être comparé à un gouvernement
parlementaire monarchique. Jésus le Roi est notre Monarque. L’église
est Son Parlement qui fonctionne sur une base consensuelle. Chaque
membre de l’église est un membre du Parlement (dans la Chambre des
Communes). Les anciens sont aussi membres du Parlement mais ils
servent de whip du parti aux aguets. (Rappelez-vous, bien sûr, que

90
CONSENSUS D’ASSEMBLÉE
l’analogie n’est plus valide si on la pousse trop loin!) L’idée, c’est que
l’administration politique de l’église se fait par un consensus d’assemblée
sous la conduite des anciens.
— Steve Atkerson

NOTES
1 Henry Woolf, ed., Webster’s New Collegiate Dictionary (Springfield,
MA: Merriman, 1973), 200.
2 Joseph Thayer, Greek-English Lexicon of the New Testament (Grand
Rapids, MI: Baker, 1977), 196.
3 Baurer, Arndt, Gingrich, Danker, A Greek-English Lexicon of the
New Testament and Other Early Christian Literature (Chicago, IL:
University of Chicago Press, 1979), 240.
4 Lothan Coenen, “Church,” The New International Dictionary of
New Testament Theology, Vol. 1, Colin Brown, General Editor (Grand
Rapids, MI: Zondervan, 1971), 291.
5 Wayne Gruden & John Piper, Recovering Biblical Manhood and
Womanhood (Wheaton, IL: Crossway Books, 1991), 150.
6 Bauer, 639.
7 W.E. Vine, An Expository Dictionary of New Testament Words (Iowa
Falls, IA: Riverside Book and Bible House, 1952), 124.

91
CONSENSUS D’ASSEMBLÉE
QUESTIONS À DISCUTER
1. Quelle est la différence entre un gouvernement politique épiscopal,
presbytérien et congrégationnel?
2. À quoi le mot ekklesia faisait-il originalement référence?
3. À votre avis, pourquoi Jésus a-t-il choisi un mot aussi lourd de sens
politiquement qu’ekklesia pour décrire Ses disciples?
4. Dans le Nouveau Testament, quels sont certains exemples où le peuple
de Dieu prend des décisions en tant que corps?
5. Quelle est la différence entre la loi de la majorité et le consensus
d’assemblée?
6. Quelle est la différence entre consensus et unanimité?
7. Quels sont les moyens donnés par Dieu pour aider l’église à parvenir
à un consensus?
8. Où et comment les anciens interviennent-ils dans un gouvernement
d’église par consensus des membres?
9. Selon Jésus, quelle est la mesure d’autorité impartie aux responsables
de l’église? (Lc 22:24-27)?
10. Dans Hébreux 13:17, on exhorte les croyants à « obéir » et à « se
soumettre » aux responsables de l’église. Comment est-ce possible
dans un contexte de consensus d’assemblée?
11. À votre avis, pour quelles personnes et pour quels types de situation
Hébreux 13:17 a-t-il été écrit?
12. Comment envisager l’interprétation de la Bible en tenant compte
tout à la fois du consensus d’assemblée locale et du consensus de
l’église universelle?

92
LA DOCTRINE DE L’ÉGLISE-MAISON
5
LA DOCTRINE DE L’ÉGLISE-MAISON

PREMIÈRE PARTIE
Que l’église du début ait tenu principalement ses réunions dans des
maisons privées est un fait bien connu et incontesté (Ac 16:40, 20:20,
Rm 16:3-5a, 1 Co 16:19, Col 4:15, Phm 1-2b, Jc 2:3). Ce qui est moins
connu, c’est que l’église du premier siècle a continué cette pratique pen-
dant des centaines d’années, bien après que les écrits du Nouveau Tes-
tament aient été complétés. C.F. Snyder a fait la remarque suivante :
« l’Église du Nouveau Testament a commencé sous la forme d’une pe-
tite église-maison (Col 4:15) et il en a été ainsi jusqu’au milieu ou vers la
fin du troisième siècle. Rien n’indique qu’il y ait eu de plus grands lieux
de rassemblement avant 300. »1 La pratique quasi universelle de l’église
a été de se réunir dans des maisons pendant une période plus longue que
l’existence des États-Unis comme nation. M. Snyder dit aussi : « Aucune
évidence littéraire ou archéologique n’indique qu’une de ces maisons ait
été transformée en l’un des bâtiments d’église qui existent toujours. Par
ailleurs, aucune de ces églises qui existent à ce jour n’a été construite
avant Constantin. »2 Pourquoi les églises-maison ont-elles été la norme
pendant si longtemps?

LA PERSÉCUTION?
L’explication la plus répandue pour l’existence des premières
églises-maison est la pression de la persécution semblable à celle vécue
aujourd’hui en Chine. Cependant, aurait-il pu y avoir d’autres raisons
tout aussi importantes pour entretenir la communion dans les maisons?
Supposons qu’il n’y ait pas eu de persécution pendant le premier siècle.
Devons-nous croire qu’on aurait construit des bâtiments d’église sur-le-
champ et que les congrégations individuelles seraient devenues énormes,
étant limitées seulement par les dimensions du plus gros bâtiment disponible
dans une communauté?
On néglige souvent de reconnaître que les disciples de Jésus se
sont parfois rencontrés dans des maisons au même moment qu’ils
« obtenaient la faveur de tout le peuple » (Ac 2:47). La persécution n’a
pas toujours été un facteur. Selon 1 Corinthiens 14:23 (« Si donc toute
l’Église est assemblée en un même lieu, et […] des incrédules y entrent »),
il était possible que des non-croyants assistent aussi aux réunions d’église,

93
LA DOCTRINE DE L’ÉGLISE-MAISON
alors leur lieu de rencontre n’était pas toujours un secret pour ceux du
dehors. Il est faux de dire que les premiers croyants étaient persécutés
partout et en tout temps. La persécution antérieure à 250 apr. J.-C. était
sporadique, localisée et très souvent le résultat des hostilités d’une foule
(plutôt qu’un décret émis dans tout l’empire par un dirigeant romain).
Étonnamment, les dirigeants romains sont souvent présentés assez
positivement par les auteurs du Nouveau Testament puisqu’ils sont
intervenus afin de protéger les chrétiens de la persécution locale illégale
du judaïsme incrédule (Ac 16:35, 17:6-9, 18:12-16, 19:37-38, 23:29, 25:18-
20, 25:24-27, 26:31-32). Avant 250, la chrétienté était illégale mais
généralement tolérée. En fait, une persécution généralisée n’est pas
arrivée avant l’Empereur Décius en 250 apr. J.-C., suivi de Gallus (251-
253), ensuite de Valérien (257-259) et finalement de Dioclétien (303-
311).3 Quelqu’un, quelque part, aurait pu construire un bâtiment d’église
spécial dans les 200 ans avant Decius mais, à l’évidence, personne ne
l’a jamais fait. (Même en Chine aujourd’hui quelques croyants parviennent
à construire des bâtiments d’église.) Cela suggère qu’il y avait peut-être
une raison théologique à ces réunions maison.
Lorsque les persécutions ont commencé, Paul savait exactement
où aller pour arrêter les chrétiens, malgré le fait qu’ils se réunissaient
dans les maisons (Ac 8:3). Plus tard, en réaction à la persécution du
gouvernement, l’église de Rome s’est rencontrée sous terre dans les
catacombes pour plus de sureté. Cependant, même l’existence de la
persécution n’a pas écarté cette préférence profonde et voulue pour des
congrégations plus petites de type églises-maison. Il reste que tout ce qui
a été écrit dans le Nouveau Testament l’a été pour des églises-maison et
c’est sans doute dans un contexte petit et à l’image de la famille que la
vie d’église idéale du Nouveau Testament se réalise le mieux.

LA PAUVRETÉ?
La pauvreté peut-elle être un facteur déterminant qui explique
l’absence totale de bâtiments d’église à l’époque du Nouveau Testa-
ment et dans les siècles suivants? La plupart des premiers convertis au
christianisme venaient du Judaïsme. La construction de synagogues était
chose commune dans le monde méditerranéen. Sans doute, ces gens
auraient aussi eu les moyens de construire des bâtiments d’église. La
mise en commun des biens dans Actes 4:32-36 révèle que plusieurs
nouveaux convertis détenaient des terres et des maisons. Un peu plus
tard, la majorité des convertis étaient des Gentils. Des païens comme
eux parvenaient d’une façon ou d’une autre à construire d’énormes

94
LA DOCTRINE DE L’ÉGLISE-MAISON
temples à leurs dieux. Les chrétiens gentils n’auraient-ils pas eu les
moyens eux aussi de construire des endroits où l’église peut s’assembler?
Que certains des élus de Dieu aient été riches est clair par le conseil
que reçoit Timothée : « Recommande aux riches du présent siècle de
n’être point orgueilleux; de ne point mettre leur confiance dans l’incertitude
des richesses, mais dans le Dieu vivant, qui nous donne toutes choses
abondamment pour en jouir; de faire le bien, d’être riches en bonnes
œuvres, prompts à donner, faisant part de leurs biens; s’amassant ainsi
pour l’avenir un trésor placé sur un bon fonds, afin d’obtenir la vie
éternelle. » (1 Tm 6:17-18). Aussi, Jacques fait une mise en garde au
sujet du favoritisme démontré envers ceux qui viennent à l’assemblée de
l’église et portent un anneau d’or et des vêtements magnifiques (Jc 2:1-4),
indiquant ainsi que de telles personnes faisaient partie de l’église.
Il y a un autre exemple démontrant la présence de croyants fortunés
dans le reproche que Paul fait aux riches de Corinthe qui offensent les
pauvres en refusant de partager avec eux le Repas du Seigneur :
« N’avez-vous pas des maisons pour manger et pour boire? Ou méprisez-
vous l’Église de Dieu, et faites-vous honte à ceux qui n’ont rien? Que
vous dirai-je? Vous louerai-je? Je ne vous loue point de cela. » (1 Co
11:22). La pauvreté à elle seule ne s’avère donc pas un facteur
déterminant expliquant l’absence de bâtiments d’église pendant les pre-
miers siècles.

DES PROGRÈS?
Certains pensent que la pratique de l’église-maison est une phase
légitime voulue par Dieu pour la croissance initiale de l’église, une étape
transitoire vers la maturité. Les églises-maison sont donc une
caractéristique de l’église dans ses débuts, mais pas dans sa maturité. Il
était bon et naturel, disent-ils, que l’église grandisse au-delà des pra-
tiques premières et développe des façons très différentes, mais dans le
même esprit, que les pratiques des apôtres telles que décrites dans les
Écritures. C’est ainsi que l’érection de cathédrales, les grands cultes, la
désignation d’un évêque présidant les églises d’une ville, le développement
du système de presbytère hiérarchique moderne, et même la fusion
éventuelle de l’église et de l’État après Constantin sont considérés comme
des avancées positives.
Pourtant, les apôtres semblent avoir voulu que les églises adoptent
le modèle précis qu’ils avaient originalement établi. Par exemple, les
Corinthiens sont louangés de conserver les traditions des apôtres au sujet
de la forme d’église (1 Co 11:2). On les presse de conserver les différentes
pratiques de l’église basées sur la pratique universelle de toutes les autres
95
LA DOCTRINE DE L’ÉGLISE-MAISON
églises (1 Co 11:16, 1 Co 14:33b-34). Les Thessaloniciens sont
directement commandés de conserver les traditions des apôtres
(1 Th 2:15). Les apôtres ont été choisis et formés personnellement par
notre Seigneur. Qui mieux que les premiers apôtres pour comprendre le
but de l’église? Les pratiques qu’ils ont établies pour les activités de
groupe de l’église concordaient certainement avec la compréhension
qu’ils avaient du but de l’église. Du respect pour l’Esprit par lequel ils
ont été dirigés devrait nous inciter à choisir leur modèle d’organisation
plutôt qu’une idée suggérée par notre esprit créatif.
L’absence totale d’instruction dans le Nouveau Testament au sujet
de la construction de bâtiments spéciaux pour le culte est aussi révélatrice.
Cela fait contraste avec la loi mosaïque de l’Ancienne Alliance qui
contenait des plans précis pour le tabernacle. Lorsque les auteurs du
Nouveau Testament ont soulevé la question, ils ont fait remarquer que
les croyants eux-mêmes sont le temple du Saint-Esprit, des pierres
vivantes assemblées ensemble pour former un édifice spirituel dont Jésus-
Christ est la pierre angulaire (1 P 2:4-5, Ep 2:19-22, 1 Co 3:16, 6:19).
Dans le meilleur des cas, les bâtiments d’église laissent notre Seigneur
indifférent. Au pis, ils sont un retour charnel sous l’ombre de la loi
mosaïque. L’enjeu n’est pas vraiment où l’église se réunit, mais où et
comment elle peut le mieux accomplir ce que Dieu commande. Une des
raisons principales de construire des bâtiments d’église est de pouvoir
accueillir plus de gens que dans un salon de taille moyenne. Néanmoins,
il est bon de se questionner sur le bon sens de construire de plus grands
édifices puisque d’avoir trop de gens présents nuit d’abord et avant tout
à la raison pour laquelle une réunion d’église est tenue! Il est bien d’avoir
de grandes foules pour un service de louange, des réunions
d’évangélisation ou pour écouter une prédication, mais l’église doit se
rencontrer pour quelque chose de totalement différent que ces activités
(voir ci-dessous).

UN MODÈLE QUI N’EST PAS SANS RAISON


Le modèle d’église-maison établi par les apôtres a-t-il une raison
d’être? Concrètement, quels sont les effets de se réunir dans une maison
pour un croyant? Dans le domaine du design, c’est un axiome que la
fonction détermine la forme. Ce que les apôtres croyaient au sujet de la
fonction de l’église s’est évidemment reflété dans la forme qu’a adoptée
l’église du premier siècle. Certaines pratiques particulières de l’église
(maison) du premier siècle valent la peine d’être examinées.
1. La plus grande valeur de l’église-maison réside dans sa théologie
de communauté. Les auteurs apostoliques ont décrit l’église à l’aide de
96
LA DOCTRINE DE L’ÉGLISE-MAISON
termes appartenant à la famille. Les croyants sont les enfants de Dieu
(1 Jn 3:1) qui sont nés dans sa famille (Jn 1:12-13). Le peuple de Dieu
est considéré comme faisant partie de la famille de Dieu (Ep 2:19, Ga
6:10). Ils sont appelés frères et sœurs (Phm 2, Rm 16:2). Par conséquent,
les chrétiens doivent interagir les uns avec les autres à la manière des
membres d’une famille (1 Tm 5:1-2; Rm 16:13). Les enfants de Dieu
sont une famille et ce fait théologique soulève de nombreuses questions
pratiques pour l’église. La question se pose alors ainsi : quel est la meilleure
situation pour fonctionner en tant que famille de Dieu?
2. Plusieurs spécialistes sont persuadés que le Repas du Seigneur
était à l’origine célébré chaque semaine comme un repas complet de
communion (le Festin Agape). Chaque église locale est comme une famille
(1 Tm 5:1-2) et l’une des choses les plus communes que font les familles
est de manger ensemble. Les premières réunions maison axées autour
de la Table du Seigneur étaient des moments formidables de camarade-
rie, de communauté et d’encouragement (Lc 22:16-19, 29-30, Ac 2:42,
20:7, 1 Co 11:17-34). Au lieu d’avoir une ambiance de funérailles, le
Repas du Seigneur servait à anticiper le Banquet de Noces de l’Agneau
(Ap 19:6-9). Plus une congrégation individuelle s’élargit, moins elle
s’apparente à une famille. Le Repas du Seigneur devient plus impersonnel
et il n’est plus pratique de le célébrer comme un vrai repas. Quelques
siècles plus tard lorsque l’église abandonna les réunions maison, le Repas
du Seigneur a été démuni de tout, à l’exception de la consommation
symbolique d’un morceau de pain et d’une gorgée de vin.
3. Les réunions d’église du premier siècle étaient manifestement
interactives (1 Co 14, He 10:24-25, Ep 19-20, Col 3:16). Tous les frères
pouvaient prendre parole. Tout ce qui était dit devait l’être dans le but
d’édifier et de fortifier l’église. C’était là le critère. Puisque de prendre
la parole publiquement est une grande crainte pour plusieurs, les réunions
participatives sont plus appropriées dans les rassemblements d’église-
maison où les gens se connaissent les uns les autres et sont de vrais
amis. Les réunions participatives ne peuvent se faire avec de grands
groupes. Lorsque les maisons ont été remplacées par le sanctuaire, les
réunions interactives ont été remplacées par des cultes.
4. Les Écritures regorgent de commandements qui visent « les uns
les autres ». La responsabilité devant les autres, la communauté et le
maintien d’une discipline d’église sont partie intégrante de l’église
(Mt 18:15-20). On parvient mieux à ces idéaux dans de petites
congrégations où les gens se connaissent et s’aiment les uns les autres.
L’église, c’est des relations interpersonnelles. Un grand auditorium rempli
de gens qui, pour la plupart, se connaissent très peu ne parviendra pas à
97
LA DOCTRINE DE L’ÉGLISE-MAISON
atteindre ces buts. On entretient un christianisme où il est facile de l’être
que de nom puisqu’on peut aisément se fondre dans la foule. Les églises
qui se réunissent dans les maisons favorisent la simplicité, la vitalité,
l’intimité et la pureté que Dieu veut pour Son église.
5. L’église du Nouveau Testament a clairement désigné des
responsables (anciens, pasteurs, évêques). Néanmoins, ces responsables
dirigeaient plus par l’exemple et la persuasion que par le commandement.
Un consensus de toute la congrégation sous la conduite des anciens était
de première importance dans la prise de décisions (Mt 18:15-20, Lc
22:24-27, Jn 17:11, 20-23, 1 Co 1:10, 10:17, Ep 2:19-20, 4:13-17, Ph 2:1-2,
1 P 5:1-3). Parvenir à un consensus est possible dans une église où
chacun se connait, s’aime, se soutient, est patient avec l’autre, et est
engagé envers l’autre. Cependant, plus le groupe s’agrandit, plus il est
difficile de maintenir des relations et de communiquer. Dans une grande
congrégation, le pasteur tient plutôt le rôle de chef de direction d’une
société.
6. L’église du premier siècle a bouleversé le monde entier (Ac 17:6)
et elle l’a fait en mettant en pratique le modèle d’église-maison du
Nouveau Testament. Les églises-maison ne sont pas coûteuses, sont
dirigées par les laïcs, se reproduisent rapidement et ont un fort potentiel
de croissance par l’évangélisation. De petits moyens peuvent mener
loin! Pour Dieu, de grandes œuvres ne dépendent pas de grandes
capacités. Paul a rappelé que « Dieu a choisi les choses folles du monde
pour confondre les sages, et Dieu a choisi les choses faibles du monde
pour confondre les fortes, et Dieu a choisi les choses viles du monde et
les plus méprisées, même celles qui ne sont point, pour anéantir celles
qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie devant lui. » (1 Co 1:27-29).
7. Le Nouveau Testament nous presse de soutenir avec générosité
les missionnaires, les évangélistes, les anciens compétents et les pauvres
(1 Co 9, 1 Tm 5:17-18, 3 Jn 5-8). Lequel de ces deux groupes de croyants
serait le plus en mesure de financer des implanteurs d’église et de
subvenir aux besoins des pauvres : un millier de croyants assemblés
dans une église traditionnelle avec son propre sanctuaire, auquel on a
joint une aile pour l’école du dimanche et un centre pour la famille (un
gymnase) ou bien un millier de croyants répartis dans des églises-maison
s’entraidant en réseau? Des sondages effectués par des congrégations
protestantes en Amérique révèlent qu’environ 80 % des revenus de l’église
servent aux bâtiments, au personnel et aux programmes internes; 20 %
seulement vont à l’évangélisation et à l’aide. Dans les réseaux d’églises-
maison, ces pourcentages sont facilement réversibles. Être libéré du
fardeau de construire des bâtiments d’église et d’assumer les dépenses
98
LA DOCTRINE DE L’ÉGLISE-MAISON
qu’ils entraînent permet d’investir de plus grosses sommes d’argent dans
le soutien aux ouvriers de l’église et aux pauvres.
8. Puisqu’ils se réunissaient presque exclusivement dans des maisons
privées, la congrégation typique de l’ère apostolique était petite. On ne
mentionne jamais de nombre exact dans les Écritures, mais il n’y avait
généralement pas plus de gens que ce qu’un salon de taille moyenne
peut contenir sans qu’on y soit trop à l’étroit. Le modèle est conçu pour
de petites églises et non des grosses. Au sujet de la taille des maisons du
premier siècle, Robert Banks, professeur au séminaire Fuller, a écrit « la
salle familiale d’une maison relativement aisée pouvait contenir environ
30 personnes tout en étant confortable — peut-être une moitié de plus si
absolument nécessaire […] il est peu probable qu’une réunion de “toute
l’église” aurait excédé les 40 ou 45 personnes, et ça peut bien avoir été
moins […] Dans aucun cas on ne doit penser qu’elles ont été plus grandes
[…] Même les réunions de “toute l’église” étaient assez petites pour
qu’une relation intime se développe entre ses membres. »4

CONCLUSION
Nous ne préconisons pas de se réunir dans les maisons simplement
pour se réunir dans les maisons. Nous avançons que l’église apostolique
n’a pas construit de bâtiments d’église en grande partie parce qu’elle
n’en avait tout simplement pas besoin. La volonté de Dieu pour l’église
typique est qu’elle soit de la taille d’un salon. Les lettres qui ont été
écrites aux différentes églises du Nouveau Testament ont été écrites à
des églises-maison. Parce qu’elles ont été écrites à des églises-maison,
les instructions qu’elles contiennent sont adaptées au fonctionnement
d’une petite congrégation — elles n’étaient pas destinées à être appliquées
à un grand groupe. Pour cette raison, elles ne fonctionnent pas dans un
tel contexte. Essayer d’appliquer les pratiques de l’église du Nouveau
Testament à une grande église contemporaine est tout aussi anormal que
de verser du vin nouveau dans de vieilles outres (Mt 9:17).
— Steve Atkerson

DEUXIÈME PARTIE
Pourquoi insistons-nous sur le fait que les églises doivent se réunir
chez les gens? Ailleurs ne ferait-il pas l’affaire? Plusieurs églises qui
pratiquent ce que nous défendons se réunissent dans des librairies
chrétiennes ou dans des cafés qui ont un salon, comme dans une maison
privée; qu’y a-t-il de mal à cela? Bien, je suppose que dans certaines
régions du monde, les Eskimos se réunissent dans des igloos et les
Amérindiens dans des tipis; et bien sûr, par une belle journée ensoleillée
99
LA DOCTRINE DE L’ÉGLISE-MAISON
(eh oui, nous en avons nous aussi occasionnellement en Angleterre),
peut-on s’opposer à se réunir dans une cour ou dans un champ quelque
part? À ceci, je n’ai aucune objection, mais je désire seulement rappeler
un point essentiel : la forme des rassemblements d’église du Nouveau
Testament gardait les églises individuelles petites, ce qui faisait en sorte
qu’elles auraient pu s’assembler dans une maison sans problème. Après
tout, qu’a besoin de plus l’église biblique pour ses rassemblements que
les maisons de ceux qui en font partie? Et lorsque des églises bibliques
se réunissent dans les salons des librairies ou des cafés – en fait, dans
n’importe quel autre lieu public – il y a un problème important qui
(espérons-le) devra éventuellement être réglé, mais dont certains semblent
totalement inconscients.
Il est vrai que l’église pourrait se rencontrer dans un lieu public et
demeurer assez petite pour fonctionner de la manière que les Écritures
l’enseignent; et si ce lieu public peut être organisé un peu comme un
salon où on se sent « comme chez soi », alors c’est tant mieux. En fait, si
en plus on a accès à une cuisine, alors il n’y a même aucun problème
pour partager le repas agape ensemble. Mais un problème surviendra, et
il n’est pas négligeable. C’est simplement ceci : la première génération
de l’église biblique peut très bien s’assembler et se réunir de cette façon
sans aucun problème – mais qu’arrive-t-il si l’église grandit et qu’elle
donne naissance à d’autres églises? (Je présuppose ici, en m’appuyant
sur les Écritures, que cette église fictive désire en effet grandir en nombre,
comme le Seigneur le permet, et non garder seulement les mêmes
membres pendant toute son existence.) Alors, voyez-vous le problème?
Cette église ne peut devenir plus grande (même si on peut accueillir
plusieurs personnes puisque le lieu de rencontre est public) parce qu’elle
ne pourra plus fonctionner de la façon que le Nouveau Testament le lui
enseigne et qu’une autre église a besoin de voir le jour. Et c’est là le
problème : où cette église se réunira-t-elle?
Bien sûr, il peut y avoir plusieurs librairies et cafés chrétiens qui ont
un salon et une cuisine et probablement que les nouvelles églises pourraient
les louer. Je crois toutefois qu’une importante question demeure : pourquoi
ne pas simplement se réunir dans les maisons? Ce que je veux dire, c’est
quel est le problème à faire cela? Après tout, c’est ce que chaque église
des Écritures a fait. (Chaque fois qu’on mentionne le lieu d’une église
dans le Nouveau Testament, c’est toujours, sans exception, dans la maison
de quelqu’un.) Alors pourquoi, oui, pourquoi, voudriez vous faire
autrement? Pourquoi une église qui est biblique sur tous les autres points,
et qui croit qu’elle doit faire les choses comme elles étaient faites à cette
époque, aurait-elle décidé de faire autrement à ce sujet?
100
LA DOCTRINE DE L’ÉGLISE-MAISON
Serait-il possible (bien que probablement pas) que cela cache un
malaise à ouvrir nos maisons aux autres? Peut-être est-ce trop intime?
Les apôtres de Jésus enseignèrent aux croyants à ouvrir leurs maisons
les uns aux autres et à faire les rassemblements d’église dans leurs
maisons. Après tout, me connaît-on vraiment si ma vie privée à la maison
n’est pas ouverte à ceux avec qui j’ai une communion? Les gens me
connaissent-ils assez, vraiment et profondément s’ils ne voient pas
régulièrement ma vie à la maison et ma vie familiale et que je ne la
partage pas avec eux? Allons-nous croire que de se réunir dans les
maisons était un aspect seulement secondaire pour la vie de l’église
comme on la trouve dans les Écritures, ou bien n’est-ce pas aussi
significatif et important que les autres aspects comme les réunions libres
et participatives, le partage du Repas du Seigneur comme un repas complet
et la mise en pratique d’un gouvernement biblique d’église par consen-
sus? Je vous assure que le fardeau de la preuve repose surtout sur ceux
qui ne considèrent pas cela comme important!
Cependant, je tiens à dire que dans les endroits où les maisons sont
vraiment trop petites pour recevoir plus que trois ou quatre personnes à
la fois (à Tokyo peut-être?), alors faites ce que vous pouvez pour trouver
une autre option. L’ironie, c’est qu’où cette tendance est particulièrement
répandue, en Amérique, les maisons sont surtout assez grandes. (Du
moins, elles le sont selon nos standards ici en Angleterre. Justement, à
notre église, on remplit les maisons les uns des autres et advienne que
pourra, même si dans certaines maisons, comme dans la mienne, vous
ne pouvez même plus voir le tapis.)
Alors si vous êtes une église biblique qui se réunit dans un café
quelque part, c’est bien; c’est sûrement mieux que d’être une église non
biblique qui se réunit chez quelqu’un. Cependant, considérez que si vous
grandissez et devenez trop nombreux pour ne rester qu’une seule église
(et comme je l’ai déjà mentionné, vous devriez désirer que ce soit le
cas), alors il sera ridicule d’essayer de trouver d’autres cafés chrétiens
ou autres choses à louer plutôt que de simplement tenir les assemblées
d’église dans les maisons de ceux qui en font partie. Il serait tout aussi
ridicule que la nouvelle église se réunisse dans une maison tandis que
l’église d’origine continue à se réunir dans un café, une librairie, une
salle communautaire ou autre chose.
Peu importe comment vous abordez la question, il demeure illogique
de ne pas faire les choses comme les églises du Nouveau Testament
l’ont fait sous la direction des apôtres. En effet, une église peut se réunir
dans un lieu public et demeurer réellement biblique dans tous les autres
aspects de sa pratique. Mais la question demeure : si on considère les
101
LA DOCTRINE DE L’ÉGLISE-MAISON
deux options, quand c’est réalisable de se réunir dans les maisons et
sachant que c’était la pratique universelle des églises du Nouveau Tes-
tament comme l’ont enseigné et commandé les apôtres de Jésus, alors
pourquoi donc une église pourtant biblique en tout autre point déciderait-
elle de faire autrement sur ce point?
— Beresford Job

TROISIÈME PARTIE
QUE PEUT FAIRE L’ÉGLISE POUR EMPÊCHER QUE LA FAMILLE HÔTE NE
SE FATIGUE DE RECEVOIR? Les écrits du Nouveau Testament nous indiquent
que le même couple accueillait l’église chaque semaine. C’était
probablement dû au fait que les plus grandes maisons dont on avait besoin
pour accueillir quelques dizaines de personnes n’étaient pas en grand
nombre. Certaines personnes ont vraiment un don pour l’hospitalité et se
feront un plaisir d’être les hôtes chaque semaine. Cependant, cela peut
être très exigeant. C’est particulièrement un problème lorsque l’une des
personnes du couple ne comprend pas l’autre. Généralement, la personne
inconsciente de l’ampleur de la tâche (habituellement l’homme) ne
comprendra pas le fardeau que porte l’autre (généralement la femme)
en accueillant l’église chaque semaine. Des membres de l’église pourraient
venir aider à nettoyer avant et après la réunion. Une autre option est de
faire une rotation du lieu de rencontre chaque semaine en se partageant
la tâche entre ceux qui ont une demeure appropriée pour cela. C’est
bien que les autres apprennent à être hospitaliers! De plus, chaque maison
peut avoir ses propres règles, comme : enlever ses souliers en entrant,
ne pas sauter sur les divans, ne pas manger dans le salon, etc.
QUE FAIRE SI LES MAISONS SONT PETITES ET INADÉQUATES POUR LES
RÉUNIONS? Cela peut être un vrai problème. Bien sûr, les maisons en
Chine sont petites et ils se réunissent quand même là pour l’église! On
peut alors agrandir la maison pour faire la salle de réunion plus grande,
défaire un mur, ou bien enlever plusieurs meubles de la salle de réunion
ou encore se réunir tout près dans un garage. Si tout cela est impossible,
louer un local ou autre chose de semblable peut faire l’affaire, pourvu
que l’objectif ne soit pas d’y avoir plus de gens que ce qu’une maison
moyenne aisée pourrait contenir. L’église-maison typique du premier
siècle était composée de dizaines de personnes et non de centaines.
Comment éviter que les voisins ne se plaignent des véhicules? Faites
une rotation de la réunion d’église chaque semaine dans des maisons
différentes, garez-vous tous du même côté de la rue et dans l’entrée
autant que possible afin de libérer la rue, garez-vous à une école près ou
à un magasin fermé, etc. Rappelez-vous aussi que l’idée est de com-
102
LA DOCTRINE DE L’ÉGLISE-MAISON
mencer une nouvelle église lorsque l’église en place devient trop
nombreuse. Il ne devrait pas y avoir tant de véhicules à garer.
QUELS PEUVENT ÊTRE LES DOMMAGES CAUSÉS À UNE PROPRIÉTÉ
LORSQU’ON EST HÔTE POUR L’ÉGLISE? Des breuvages renversés, de la
nourriture échappée sur les meubles, des marques de crayons sur le
plancher et sur la nappe, des traces de boue, etc. Lors d’une réunion
d’église une adolescente a foncé à travers une porte patio (porte-fenêtre)
fermée. Soyez mentalement et (médicalement) préparés aux accidents.
COMMENT S’Y PRENDRE LORSQUE LES ENFANTS D’UN VISITEUR OU BIEN
CEUX D’UN COUPLE QUI S’EST JOINT RÉCEMMENT NE SE COMPORTENT PAS
BIEN? Pour certains couples, les standards d’un comportement social
acceptable varient beaucoup des standards des autres. Cela pourrait
vous choquer ou vous étonner de voir à quel point certains parents sont
indifférents aux actions destructrices de leurs enfants. Dans de tels cas,
vous devez leur demander directement avec calme et politesse de
s’occuper de leurs enfants. (Et attendez-vous à ce qu’ils soient offensés,
peu importe avec quel tact vous leur en parlez!) Sans doute, ils n’auront
pas une bien bonne idée de comment calmer leurs enfants, alors soyez
prêts à les aider pour l’éducation des enfants. Ayez une bonne réserve
de livres au sujet de l’éducation des enfants que vous pourriez donner.
Les réunions maison ne sont pas faciles, mais elles suivent le modèle
du Nouveau Testament.
— Steve Atkerson

NOTES
1 Graydon F. Synder, Church Life Before Constantine (Macon, GA:
Mercer University Press: 1991) 166.
2 Ibid., 67.
3 Williston Walker, A History of The Christian Church (New York,
NY: Charles Scribner’s Sons, 1970) 43.
4 Robert Banks, Paul’s Idea of Community: The Early House Churches
in Their Historical Setting (Grand Rapids, MI: Wm. B. Eerdmans Pub-
lishing Co., 1988), 41-42.

103
LA DOCTRINE DE L’ÉGLISE-MAISON
QUESTIONS À DISCUTER
1. Pourquoi les églises-maison était-elle la norme dans le Nouveau Tes-
tament, et pendant combien de temps le sont-elles restées?
2. Quelles sont les preuves que la persécution et la pauvreté n’étaient
pas les seules raisons que l’église du premier siècle se réunissait dans les
maisons?
3. Certains disent que les églises-maison convenaient à l’église dans son
enfance, mais non dans sa maturité. Il était juste et naturel, ajouteront-
ils, pour elle de croître au-delà des limites d’une maison. Qu’en pensez-
vous?
4. Pourquoi les apôtres auraient-ils intentionnellement laissé un modèle
d’église-maison?
5. De la perspective pratique de la vie d’église, quels avantages y a-t-il à
se réunir dans une maison pour un croyant individuel?
6. Que faire lorsque l’église grandit et devient trop grande pour la maison?
7. Devons-nous croire que de se réunir dans les maisons n’était qu’un
détail circonstanciel du plan pour la vie d’église, ou bien cet aspect est-il
autant voulu que les autres tels que les réunions participatives, célébrer
le Repas du Seigneur comme un repas complet et le consensus
d’assemblée? Pourquoi?
8. En quoi le nombre de personnes a-t-il une influence sur la capacité
d’une église d’avoir une réunion participative ou d’atteindre un consen-
sus d’assemblée?
9. Quels avantages pour la croissance et la multiplication l’approche
église-maison a-t-elle par rapport à une approche axée sur un bâtiment
d’église?
10. Comment une église du premier siècle faisait-elle pour grandir sur le
plan numérique tout en continuant à se réunir dans des maisons privées?
11. Quels problèmes peut-il arriver lorsqu’on accueille chez soi l’église
pour la réunion?
12. Que peut-on faire lorsqu’une maison est carrément trop petite pour
accueillir la réunion d’église?
13. Quelle influence psychologique l’endroit que l’on choisit pour la réunion
peut-il avoir sur la réunion elle-même ou sur les gens qui y participent?

104
DIX RAISONS DE FAIRE L’ÉGLISE-MAISON
6
DIX RAISONS DE FAIRE L’ÉGLISE-MAISON

L’évangéliste anglican David Watson a fait remarquer que « Pen-


dant les deux premiers siècles, l’église s’est assemblée en petits groupes
dans les maisons de ses membres, en plus des rassemblements spéciaux
dans les grands lieux publics ou dans les marchés, où les gens pouvaient
s’assembler en plus grand nombre. Ces deux siècles représentent
l’avancée la plus puissante et la plus marquée de l’église qui n’a peut-
être jamais été égalée par la suite. L’absence de bâtiments d’église n’était
pas un obstacle à l’expansion rapide de l’église; en comparaison avec la
situation en 200 apr. J.-C., cela semble plutôt avoir eu un effet positif. »1
Il est évident dans le Nouveau Testament que l’église du premier
siècle s’assemblait généralement dans les maisons (Ac 2:46, Rm 16:3, 5,
1 Co 16:19, Col 4:15, Phm 12). Il y a eu une expansion massive de
l’église universelle lorsqu’ils s’assemblaient régulièrement et localement
en petites communautés. Le Saint-Esprit oeuvrait de façon incroyable
dans ces petites communautés de l’église du premier siècle et aussi par
elles. Ces petites communautés étaient comme de la dynamite dans leur
localité. Chaque membre semblait actif dans le corps de Christ lorsqu’ils
se réunissaient dans leurs maisons privées. Le Royaume de Dieu s’est
répandu puissamment à l’aide de tout le peuple de Dieu.
Devrions-nous nous réunir dans des maisons simplement parce que
l’église du premier siècle faisait ainsi? Est-ce mal de se réunir dans un
bâtiment? L’église du premier siècle n’avait pas de véhicules pour se
déplacer rapidement, de séminaires avec système de sonorisation, de
guitares, de téléphones, d’ordinateurs, etc. Cela veut-il dire qu’on ne
devrait pas les utiliser? Il y a plusieurs bonnes raisons de comprendre
pourquoi se réunir dans des maisons est un bon choix qui nous aide
particulièrement à fonctionner de façon biblique. Nous parlerons des dix
raisons pour lesquelles se réunir dans les maisons est une stratégie efficace
pour avoir une église en santé.

UN MINISTÈRE VISANT « LES UNS LES AUTRES »


Il y a quelque temps, j’ai reçu un article au sujet de la croissance de
l’église intitulé « Transformer les visiteurs en membres ». Je me suis
demandé à quel endroit dans la Sainte Bible on parlait « d’aller à l’église ».
Selon les Saintes Écritures, l’église est constituée de croyants actifs qui

105
DIX RAISONS DE FAIRE L’ÉGLISE-MAISON
participent réellement à l’édification du corps de Christ. D’un point de
vue biblique, on a grandement besoin de messages qui s’articuleraient
ainsi « Transformer les spectateurs en participants ». L’église, ce n’est
pas d’assister passivement à des services formels; ce n’est pas un
programme, mais des gens. Ce n’est pas d’aller à un service mais de
servir les autres. Il s’agit d’une communion intime avec les autres. Il
s’agit de s’encourager activement les uns les autres. Il s’agit de dépendre
les uns des autres pour l’édification de tous. Il est regrettable qu’en
raison de la structure et de l’ordre de l’église d’aujourd’hui, nous négligions
souvent le but principal de l’assemblée de l’église — la communion et
l’encouragement des uns et des autres (He 10:25).
Robert Banks a écrit « Le but de l’église est la croissance et
l’édification de ses membres en Christ et dans une vie de communion à
l’aide des ministères donnés pour le service des autres (1 Co 14:12, 19,
26) ».2 Aujourd’hui, le contraste avec les réunions d’église du Nouveau
Testament est frappant et il est regrettable qu’on néglige presque
totalement l’importance que chaque membre participe dans le corps de
Christ. La théologie de la sacrificature de tous les croyants semble
n’exister qu’en théorie. L’église a reculé et est retournée au vieux
judaïsme et à la façade catholique romaine qui engendre la passivité qui
prévaut actuellement. Il est triste que les bâtiments d’église d’aujourd’hui
ressemblent à des temples où les pasteurs dirigent comme des prêtres;
le modèle d’église du Nouveau Testament a été mis de côté pour le
système du temple de l’Ancien Testament. David Watson fait remarquer
avec raison : « Depuis que les symboles de l’Ancien Testament ont été
accomplis en Christ et dans Son église, l’église a été constamment tentée
de retourner aux institutions que Christ a accomplies et abolies; et elle a
largement succombé à ces tentations. »3
Il y a aujourd’hui un grand besoin d’une réforme de l’église qui
restaurera l’importance et la sacrificature de chaque membre du corps
de Christ. On dit que l’église du premier siècle était basée sur la com-
munion des uns et des autres et non sur le service d’un homme au-
dessus des autres. Puisqu’il manque la contribution du ministère de chaque
membre, l’église est non seulement dans un état passif, mais plusieurs
responsables souffrent de stress et d’épuisement. L’église est censée
être une équipe, non un auditoire, où tous participent ensemble à sa
croissance. Les responsables ne sont pas appelés à faire figure de
« grandes vedettes de ministère » mais à encourager chaque membre à
participer (Ep 4:11-12). Y a-t-il un homme qui a une fonction prédominante
dans l’église du premier siècle? Y a-t-il un équilibre entre l’enseignement

106
DIX RAISONS DE FAIRE L’ÉGLISE-MAISON
et la participation de chaque membre dans les réunions d’église typiques
d’aujourd’hui?
De quelle façon les responsables de l’église encouragent-ils chaque
membre à participer activement dans le corps de Christ et à témoigner
efficacement aux gens? Offre-t-on la possibilité et l’encouragement à
chaque membre de participer pendant le rassemblement de l’église?
William Barclay écrit au sujet des réunions de l’église du premier siècle:
« Un élément particulier du service de l’église du premier siècle est que
chacun devait avoir le sentiment d’avoir à la fois la possibilité et
l’obligation d’y contribuer. »4 Il semble que nous ne reconnaissions plus
la réalité bénie que chaque membre dans le corps de Christ peut être un
instrument du Saint-Esprit précieux et puissant. Dans l’église du pre-
mier siècle, le ministère appartenait à tout le peuple de Dieu.
Dans son livre très stimulant Rich Christians in an Age of Hun-
ger (Des chrétiens riches à une époque de famine), Ronald J. Sider a
fait cette remarque intéressante. Il a dit « L’église du premier siècle a
été capable de tenir tête aux valeurs de décadence de la civilisation
romaine et c’est précisément parce qu’elle expérimentait la réalité de
la communion chrétienne de manière puissante […] La communion
chrétienne signifiait d’être disponible sans condition pour les frères et
sœurs et d’être responsable les uns des autres au plus haut degré —
émotionnellement, financièrement et spirituellement. Quand un membre
souffrait, tous souffraient. Quand l’un d’eux se réjouissait, tous se
réjouissaient (1 Co 12:26). Quand une personne ou une église avait des
problèmes financiers, les autres partageaient sans réserve. Et quand un
frère ou une sœur péchait, les autres reprenaient avec douceur cette
personne rebelle (Mt 18:15-17; 1 Co 5; 2 Co 2:5-11; Ga 6:1-3). Les
frères et sœurs étaient disponibles les uns pour les autres, ils étaient
responsables les uns des autres et rendaient compte les uns aux autres.
Bien sûr, l’église du premier siècle n’a pas toujours totalement mise en
pratique la vision du Nouveau Testament du corps de Christ. Il y a eu
de tragiques manquements. Mais le réseau de petites églises-maison
réparties dans l’Empire romain a connu son unité en Christ avec une
telle intensité qu’ils ont été capables de tenir tête et par la suite conquérir
une civilisation païenne puissante. Cependant, une trop grande majorité
des églises d’aujourd’hui ne donnent pas la possibilité aux frères et
sœurs de s’encourager, de se reprendre et d’exercer la discipline les
uns envers les autres. Nous avons désespérément besoin d’une forme
et d’une structure nouvelles afin de veiller les uns sur les autres dans
l’amour. »5

107
DIX RAISONS DE FAIRE L’ÉGLISE-MAISON
Nous devons comprendre que la structure et les systèmes existent
pour une raison; ils ne sont pas la fin en soi. Il est grandement nécessaire
que nous ayons des structures et des systèmes qui contribueront au bon
fonctionnement de l’église. S’assembler dans les maisons facilite
beaucoup plus la participation, l’interaction, la discussion et le ministère
des uns envers les autres. C’est aussi dans un tel cadre que l’enseignement
peut être donné sous la forme d’un dialogue plutôt qu’un monologue; il
est ainsi plus percutant et efficace.
Pour fonctionner aussi efficacement que l’église du premier siècle
fonctionnait, la structure, la taille et le système sont très importants. La
structure devrait être informelle, la taille de la communauté se doit d’être
petite et le système ou l’ordre doit être flexible. Puisque la participation
et le ministère de chaque membre étaient grandement estimés et
encouragés dans l’église du premier siècle, la maison est un bon endroit
où chacun peut confortablement contribuer et participer à l’édification
de tout le corps de Christ.

L’INTIMITÉ ET LA RESPONSABILITÉ
La Parole de Dieu révèle que l’église est la famille de Dieu et que
nous sommes les membres de la famille de Dieu (Ep 2:19, 1 Tm 3:15,
Ga 6:10). Puisque l’église est une famille, chacun est responsable du
bien-être de tous les membres. Paul a écrit « Aussi, lorsqu’un membre
souffre, tous les membres souffrent avec lui; et lorsqu’un membre est
honoré, tous les membres se réjouissent avec lui. » (1 Co 12:26). Com-
ment pouvons-nous croire que cela soit possible dans l’église si nous ne
sommes pas intimes comme dans une famille? Combien de croyants ont
faim spirituellement en raison du manque de communion? Bien que l’on
s’assemble physiquement, n’y a-t-il pas un manque d’intimité et de
responsabilité entre nous? Marchons-nous vraiment dans l’amour d’une
relation intime? Les premiers croyants étaient si intimes, comme une
famille, qu’ils ont été faussement accusés d’être immoraux et incestueux
(parce qu’ils s’appelaient les uns les autres frères et sœurs, qu’ils
partageaient le repas agape et qu’ils se saluaient d’un saint baiser).
Il est nécessaire d’entretenir une ambiance familiale dans les
réunions d’église plutôt qu’une ambiance sobre et formelle. L’église n’est
pas un service religieux mais une famille. Les croyants voient-ils l’église
comme une famille, ont-ils le sentiment d’appartenir à cette famille?
Règne-t-il une ambiance familiale lorsque nous nous assemblons en tant
qu’église? Réalisons-nous l’importance de mettre l’accent sur les rela-
tions interpersonnelles et la communion parmi nous? Il semble que nous
ayons seulement de bons services sans communion sincère. En pratique,
108
DIX RAISONS DE FAIRE L’ÉGLISE-MAISON
comment pouvons-nous encourager une telle communion intime lorsque
l’église s’assemble? Dans un chapitre intitulé Small is Beautiful (La beauté
de la petitesse), l’auteur prolifique Robert Banks a écrit « L’église-maison
nous permet de connaître, d’aimer et de servir un groupe de gens de
taille raisonnable qui viendra à la longue lui aussi à nous connaître, nous
aimer et nous servir. Dans un tel groupe, on peut graduellement mettre
de côté les masques que nous portons en public et commencer à partager
nos faiblesses, nos doutes, nos craintes ainsi que nos forces, nos certi-
tudes et nos habiletés. On parvient ainsi à renverser la situation ironique
où l’on est moins ouvert et honnête à l’église qu’on l’est ailleurs. Dans
les petits groupes d’église-maison, nous apprenons à donner et à recevoir,
à enseigner et à comprendre, à porter les fardeaux des autres et à se
faire aider avec les nôtres, à aimer et à être aimé. Dans un tel groupe, on
peut devenir plus semblable à Christ et aider les autres à devenir aussi
plus semblable à Christ. De cette manière, on développe ensemble une
conduite, un caractère et une attitude semblables à Christ. Nous nous
attachons à Christ plus intimement et plus fermement. »6
Dans une petite communauté, l’intimité et la responsabilité sont
possibles et réalistes. Le degré de spiritualité d’une personne devient
évident dans les petites communautés, ce qui laisse plus de place à
l’encouragement mutuel afin que personne ne s’endurcisse par la
séduction du péché (He 3:13). Nous pouvons interagir dans l’intimité,
nous connaître les uns les autres, partager les uns les autres, nous ex-
horter et nous stimuler les uns les autres à l’amour et aux bonnes œuvres
(He 10:24-25). Gerald Oliver presse l’église : « Il est temps que tous
s’impliquent dans des petits groupes unis par amour qui prient, étudient
la Bible, partagent une communion et tiennent chaque membre
responsable des 168 heures de chaque semaine. »7 Le privilège de
favoriser l’intimité et de demeurer responsables devant les autres peut
très bien être mis en pratique dans ce genre de petites communautés.
Nous croyons qu’un endroit informel comme une maison est propice à la
mise en pratique des éléments essentiels susmentionnés.

LE REPAS DU SEIGNEUR
Michael Green a souligné que « la communion (c’est-à-dire le Repas
du Seigneur) à cette époque était bien plus un repas que ce ne l’est
aujourd’hui, ce qui favorisait une communion et une adoration plus
informelles. Le repas s’appelait une agape, un repas d’amour, et on l’a
plus tard abandonné car on en a fait des abus. »9 Cependant, Paul n’a
pas fait cesser le repas en raison des abus de l’église de Corinthe. Il les
a plutôt instruits de la manière appropriée de participer au Repas du
109
DIX RAISONS DE FAIRE L’ÉGLISE-MAISON
Seigneur.10 Le Repas du Seigneur est une pratique importante de l’église
assemblée car elle dirige notre attention sur la relation verticale (le rappel
de la mort et de la venue du Seigneur) et sur la relation horizontale (la
communion des croyants en tant que famille).
Plus tôt dans ce livre, on a fait remarquer que l’église du premier
siècle s’assemblait comme une famille, célébrant le Repas du Seigneur
dans un contexte de communion et de repas commun, se rappelant la
mort du Seigneur, rappelant au Seigneur Sa venue et se réjouissant de se
réunir en tant que corps et famille. Au sujet du Repas du Seigneur, J.I.
Packer and Merrill C. Tenney ont écrit dans Illustrated Manners and
Customs of the Bible (Les coutumes et les pratiques de la Bible illustrées)
que « les premiers chrétiens célébraient le repas symbolique du Repas
du Seigneur pour commémorer le Dernier Repas, où Jésus et les dis-
ciples ont observé le festin traditionnel de la Pâque juive. Les thèmes
des deux événements étaient les mêmes. À Pâque, les Juifs se
réjouissaient que Dieu les ait délivrés de leurs ennemis et anticipaient
leur avenir comme enfants de Dieu. Au Repas du Seigneur, les chrétiens
célébraient comment Christ les a délivrés de leurs péchés et ils
exprimaient leur anticipation du jour où Christ allait revenir (1 Co 11:26).
Au début, le Repas du Seigneur était un repas complet que les croyants
partageaient dans leurs maisons. Chaque invité apportait un plat pour le
repas commun. Le repas commençait par une prière en groupe et l’on
mangeait des petits morceaux pris d’un seul pain qui représentait le corps
de Christ rompu. Le repas se terminait par une autre prière et le partage
d’une coupe de vin, qui représentait le sang de Christ versé. »11 Il est
difficile de célébrer le Repas du Seigneur comme une famille dans une
grande réunion impersonnelle avec une structure formelle. La maison
est l’endroit idéal pour célébrer adéquatement le repas du Seigneur.

L’ÉGLISE EN TOUTE SIMPLICITÉ


S’assembler comme église dans une maison est aussi simple que
ça en a l’air. On n’a pas besoin de beaucoup d’argent pour implanter ce
type d’église. Comme l’église du premier siècle, une simple maison suffit
pour la communion de l’église. Aujourd’hui, l’argent est devenu un facteur
déterminant pour plusieurs ministères. C’est devenu une préoccupation,
un sujet de conversation et une source de conflit importants. Sans de
grosses sommes d’argent, il semble qu’il soit devenu impossible de faire
l’œuvre du Seigneur. Cependant, lorsque nous examinons l’église du pre-
mier siècle, l’argent n’était pas la préoccupation première. Les premiers
disciples ont implanté des églises dans des maisons, ils avaient des

110
DIX RAISONS DE FAIRE L’ÉGLISE-MAISON
rassemblements dans les maisons en toute simplicité et se multipliaient
en d’autres maisons quand le nombre de gens s’accroissait.
Dans des pays comme l’Inde (où je vis), acheter un terrain et
construire un bâtiment n’est pas chose facile. Ici, la plupart des bâtiments
d’église sont construits à l’aide de sommes d’argent en provenance de
l’étranger. Les non-croyants accusent souvent les ouvriers chrétiens que
le ministère chrétien et la conversion sont faits grâce à des investissements
étrangers et en vue d’obtenir d’autres investissements. Ces ministères
qui dépendent de fonds étrangers sont en danger. Les premières églises
étaient généralement des communautés indigènes, mais même lorsqu’il
y avait un besoin ils se secouraient et s’entraidaient les uns les autres.
Bénie est la nation où la plupart des églises et des ministères sont enracinés
dans le concept de l’autosuffisance, de l’autopropagation et de la
gouvernance locale.
Pour le ministère d’implantation d’église, il est grandement difficile
de planter plusieurs nouvelles églises si on suit le modèle actuel très
couteux qui exige de grosses sommes d’argent pour un bâtiment (qu’on
utilise que de temps à autre), son entretien et les salaires. Plusieurs croient
qu’il n’y a pas d’église sans bâtiment sacré. Il est regrettable de voir à
quel point le point de vue du Nouveau Testament pour l’église et le temple
est tordu par l’idolâtrie d’un bâtiment comme un endroit sacré pour Dieu
et la reprise du rideau du temple de l’Ancien Testament qui a été déchiré
grâce à l’œuvre accomplie par Christ à la croix (Mt 27:51). Arthur Wallis
a dit « Dans l’Ancien Testament, Dieu avait un sanctuaire pour Son
peuple; dans le Nouveau, Dieu a pour sanctuaire son peuple. »12 Par
Christ Jésus, nous sommes nous-mêmes le temple de Dieu et l’église de
Dieu (1 Co 3:16, Ac 20:28). Prenons en considération les paroles
profondes de John Havlik : « L’église n’est jamais un endroit, mais toujours
des gens; jamais un enclos, mais toujours un troupeau; jamais un bâtiment
sacré, mais toujours une assemblée de croyants. L’église, c’est toi qui
pries, et non où tu pries. Une structure de brique ou de marbre ne peut
pas être l’église tout comme les vêtements de serge ou de satin ne peuvent
être toi. Il n’y a dans ce monde rien de sacré sinon l’homme, aucun
sanctuaire de l’homme sinon l’âme. »13
Par conséquent, bien qu’il n’y ait rien de mal à avoir un bâtiment
spécial, ce n’est pas un critère pour l’assemblée de l’église puisque nous
pouvons simplement nous assembler dans des maisons comme l’église
du premier siècle. J’ai vu comment les ouvriers chrétiens vont de lieu en
lieu pour demander de l’argent pour la construction de bâtiments d’église.
Certains demandent même à des non-croyants de faire ce travail. Le
nom du Seigneur a subi un grand déshonneur car des prédicateurs ont
111
DIX RAISONS DE FAIRE L’ÉGLISE-MAISON
beaucoup insisté afin qu’on donne de l’argent pour leur ministère. Nous
n’accomplirons pas grand-chose pour le Seigneur de cette manière.
Donald McGavran, considéré comme un expert sur la croissance
de l’église, a affirmé avec justesse : « Trouver un endroit où s’assembler
ne devrait pas représenter un fardeau financier pour une petite
congrégation. L’église-maison satisfait tout à fait ces critères. On devrait
toujours considérer le modèle d’église-maison, que ce soit pour implanter
une église ou pour sa croissance à venir. »14 Pour planter des églises
partout, pour que les villes et les villages soient remplis d’églises, nous
avons besoin d’une stratégie simple. S’assembler comme église dans
des maisons est une méthode simple et efficace.

DES RESPONSABLES À DEUX VOCATIONS


Par le modèle de l’église du premier siècle, nous apprenons que les
bergers ou les évêques de l’église étaient tirés de leur propre communauté
(Ac 14:23, 2 Tm 2:2, Tite 1:5). Ils venaient du groupe et avaient œuvré
sous la responsabilité de plusieurs responsables dans chaque église.15 Il
y avait deux sortes de responsables dans l’église du premier siècle : les
responsables locaux, et les responsables itinérants.16 De nos jours, le
ministère est réduit à un travail à temps plein sans emploi séculier.
Cependant, lorsqu’on étudie l’église du Nouveau Testament, les
responsables locaux étaient généralement des ouvriers ayant deux vo-
cations et les responsables itinérants étaient soutenus financièrement.
Étant les responsables locaux, les pasteurs étaient généralement
des ouvriers à deux vocations. Paul, bien qu’il était un ouvrier itinérant,
s’est donné lui-même en exemple aux autres en travaillant de ses propres
mains (Ac 20:17, 33-35; 1 Th 4:11-12, 2 Th 3:6-12). Bien sûr, il y a des
exceptions où certains sont dignes de recevoir l’hospitalité et des
offrandes volontaires en raison de leur travail de prédication et
d’enseignement (1 Tm 5:17). Si on regarde la situation d’aujourd’hui,
est-ce que de donner un sermon pour une heure (ou plus) une fois par
semaine le dimanche et à d’autres occasions spéciales ce qu’on appelle
œuvrer à la prédication et l’enseignement? Robert Baker, dans A Sum-
mary of Christian History (Un résumé de l’histoire chrétienne), a
remarqué « Ces responsables travaillaient habituellement pour gagner
leur vie et n’étaient pas soutenus par l’église. Aucune distinction artificielle
n’était faite entre le clergé et les laïcs. »17 La International Standard
Bible Encyclopedia affirme que « Le ministère de l’église du premier
siècle ne recevait aucune rémunération. Le ministère était composé
d’hommes ayant une charge, à qui on devait une obéissance ecclésiastique
en raison de leur appel et de leur élection, et parce qu’ils étaient mis à
112
DIX RAISONS DE FAIRE L’ÉGLISE-MAISON
part pour cette charge sacrée par la prière et peut-être aussi par
l’imposition des mains; mais ils étaient aussi des marchands et des arti-
sans ayant des vocations séculières pour pourvoir à leurs besoins […] Si
ces responsables recevaient du soutien, c’était seulement en raison de
leur pauvreté et parce qu’ils faisaient parties de la liste des veuves, des
orphelins et des démunis. L’introduction de la rémunération du ministre
et le fait implicite qu’un ministre payé se doit de donner tout son temps
au service de l’église ont accentué la distinction entre le clergé et les
laïcs. Lorsqu’on étudie la question, il est évident que le fait que le clergé
soit payé complique la situation; car les rôles les plus anciens font état
des personnes ayant droit aux fonds de l’église, ce qui voudrait dire que
les veuves et les orphelins étaient ordonnés ou faisaient partie du
clergé. »18
Il n’est donc pas nécessaire que les anciens locaux abandonnent
leurs emplois séculiers et qu’ils s’adonnent exclusivement aux affaires
de l’église. Cependant, ils sont libres de s’adonner exclusivement au
ministère de l’église s’ils sont sincèrement et personnellement guidés
par Dieu pour un ministère dépassant les limites de l’église locale. Il est
désolant de voir plusieurs ouvriers chrétiens qui souffrent inutilement sur
le plan financier en raison de leur point de vue non biblique du ministère
de l’église. Un « appel au ministère » est automatiquement compris
comme un renoncement au travail séculier. Avons-nous quelque
fondement biblique qui soutienne cette croyance bien enracinée? Alex
Rattray Hay a remarqué que Paul « a fortement conseillé aux anciens
d’Éphèse de subvenir à leurs besoins (Ac 20:32-35), et que, par la suite,
c’est devenu la pratique usuelle. »19 Bien sûr, certains anciens seront
soutenus entièrement par l’église, mais ils sont l’exception et non la règle.
De plus, l’implantation d’églises et la multiplication de l’église
deviennent difficiles si tous les pasteurs locaux s’attendent à dépendre
entièrement de l’église pour leurs besoins. Généralement, ils doivent plutôt
avoir un emploi séculier et diriger une petite communauté de croyants.
L’argent n’est pas un problème majeur dans une simple petite communauté
dans une maison, puisque les pasteurs peuvent facilement pourvoir à
leurs besoins et à la fois diriger l’église. C’est une merveilleuse opportunité
pour les pasteurs et les croyants de soutenir les missionnaires itinérants
et les évangélistes à l’œuvre, ainsi que les pauvres et les démunis. Nous
croyons donc que l’église-maison est une approche sage où les pasteurs
peuvent être des ouvriers à deux vocations qui guident efficacement de
petites communautés.

113
DIX RAISONS DE FAIRE L’ÉGLISE-MAISON
LA FACILITÉ D’ACCÈS POUR LES NON-CROYANTS
On m’a déjà demandé « Les gens considèrent que la mosquée est
l’endroit sacré des musulmans et le temple l’endroit sacré des Indus. Ne
pensez-vous pas qu’il soit important que les chrétiens aient un endroit
sacré? » Le christianisme est unique parce que l’église elle-même, tout
le peuple de Dieu, est le temple de Dieu et chaque membre est un
sacrificateur de Dieu (1 Co 3:16, 1 P 2:5, 9). En essayant de nous distinguer
des autres religions païennes, nous devons être prudents de ne pas perdre
notre singularité. Nous ne devrions pas compromettre les perspectives
bibliques en voulant contextualiser le message. Frank Senn fait bien
remarquer que « les chrétiens des premiers siècles n’avaient pas les
moyens publicitaires des cultes païens. Ils n’avaient pas de lieux de
pèlerinage, de temples, de statues ou de sacrifices. Ils ne tenaient aucun
festival public, danse, représentation musicale ou bien pèlerinage […]
En fait, les chrétiens des trois premiers siècles se réunissaient
généralement dans des maisons privées qui avaient été aménagées pour
les réunions de la communauté chrétienne. Cela démontre que le culte
des premiers chrétiens dénué de ritualisme ne devrait pas être considéré
comme un signe de primitivisme, mais plutôt un moyen de mettre en
valeur le caractère spirituel du culte chrétien. »20
Chaque bâtiment religieux est considéré comme un endroit sacré
pour son groupe religieux et les non-croyants qui appartiennent à un
différent groupe religieux se sentent très inconfortables dans un tel
endroit. Un de mes amis, un pasteur, m’a une fois partagé : « J’ai
développé une amitié avec plusieurs non-croyants et ils sont très à l’aise
de venir chez moi. Mais si je leur dis de venir à un bâtiment spécial, que
les gens considèrent être un sanctuaire, ils sont très mal à l’aise de venir.
La maison est un bon endroit où les inviter à se joindre à une réunion. »
Une maison est un endroit si informel que même les non-croyants se
sentent à l’aise d’y venir, voyant comment nous vivons en tant que
communauté et que nous nous aimons les uns les autres. N’est-ce pas
cet amour qui nous identifie comme disciples de Christ pour le monde,
nous donnant ainsi l’opportunité de leur témoigner (Jn 13:35)?
Donald McGavran a déjà dit « La congrégation devrait se réunir
dans les endroits les plus familiers où les non-chrétiens peuvent venir
sans gêne et où les convertis dirigent le service. »21 Nous ne pouvons
nous attendre à ce que des non-croyants viennent à un bâtiment religieux,
bien que parfois ils y vont. L’église du premier siècle s’assemblait dans
des maisons et il y avait des occasions où des non-croyants assistaient à
la réunion (1 Co 14:23-24). Les maisons servaient à l’hospitalité et aussi
à la réunion de l’église. Michael Green a mentionné : « L’une des méthodes
114
DIX RAISONS DE FAIRE L’ÉGLISE-MAISON
les plus importantes pour répandre l’Évangile […] c’était d’utiliser les
maisons. »22 L’église-maison favorise une ambiance informelle et amicale
où les non-croyants se sentent à l’aise dans l’assemblée de l’église et
expérimentent l’amour et la communion de Christ Jésus par Ses enfants.

LA PERSÉCUTION
Un jour, j’ai lu dans le journal qu’une église avait été incendiée.
Cela ne m’a pas affecté car l’église, le peuple de Dieu, n’a rien subi.
C’est le bâtiment où l’église se réunit qui a été incendié. Plusieurs chrétiens
et non-croyants croient que le bâtiment est l’église tandis qu’en vérité,
c’est le peuple racheté de Christ qui est l’église et le sanctuaire de Dieu.
Dans les temps de persécution, les bâtiments d’église, qui sont considérés
comme les endroits sacrés des chrétiens, sont souvent les premiers à
être pris d’assaut. Il n’est pas prudent pour le peuple de Dieu de se
réunir dans un tel endroit lorsque la situation est critique.
La réunion de l’église dans une maison est préférable dans les
temps de persécution. Cela ne garantit pas qu’il n’y aura pas de
persécution. L’église du premier siècle a souffert de la persécution malgré
les réunions maison; il reste qu’il est plus sécuritaire de se réunir dans
des maisons pendant les temps de persécution que de se réunir dans des
bâtiments prétendument sacrés. Dans plusieurs régions du monde et
particulièrement dans les pays du tiers-monde, les croyants se réunissent
pour la communion sous la forme d’un réseau d’églises-maison
clandestines — de petites communautés qui se rassemblent secrètement
dans les salons des croyants.23
De plus, il est intéressant de remarquer qu’en période de
persécution, que ce soit dans le cas de l’église du premier siècle ou de
l’église moderne, les églises-maison se multiplient rapidement. Dieu utilise
souvent la persécution pour nous faire fléchir le genou et nous faire
avancer. Dans les temps difficiles, c’est souvent là que l’église avance;
elle prie et elle grandit. Les églises-maison jouent habituellement un rôle
vital lorsque les circonstances sont difficiles. Les églises de Chine et
aussi de quelques régions de l’Inde grandissent rapidement sous la forme
d’un réseau d’églises-maison. Un journaliste a écrit au sujet du
mouvement d’église-maison en Chine qu’ « il est difficile d’estimer
exactement le nombre de chrétiens qui adorent et servent dans ces églises-
maison. À l’an 2000, un rapport non vérifié affirme qu’il y aurait environ
80 millions de croyants dans le mouvement d’église-maison. Il est évident
que l’église-maison a été le véhicule principal du christianisme protes-
tant en Chine. »24

115
DIX RAISONS DE FAIRE L’ÉGLISE-MAISON
La persécution semble se répandre rapidement dans plusieurs pays.
Les adversaires tentent d’arrêter l’œuvre chrétienne partout où elle fait
des progrès. Il est important de faire l’œuvre du Seigneur sagement
dans de telles situations. On a besoin de beaucoup de prière,
d’encouragement et de diligence. La communion de l’église est vraiment
essentielle pour s’encourager les uns les autres à demeurer fermes dans
le Seigneur. Nous croyons donc que de s’assembler en tant qu’église
dans les maisons est un modèle efficace à suivre dans les temps de
persécution.

La croissance et la multiplication des églises


Je parlais à un homme membre d’une vieille église qui se réunissait
à cet endroit depuis plus de cent ans. Je lui ai demandé poliment « Combien
d’églises avez-vous implantées? ». Il a dit « Environ deux je crois. » Et
cela, en raison du budget considérable requis pour implanter et construire
des églises. Ce n’est pas de cette façon que le Royaume de Dieu se
répand rapidement. L’église doit se répandre dans la société. C’est l’église
qui est invitée à « aller », et non les autres qui sont invités à « venir ».
Pour que l’église se répande dans chaque région du monde, elle doit
absolument être bien nourrie et se multiplier.
Comme il a été dit au premier homme et à la première femme
«Croissez et multipliez» (Gn 1:28), de même il est commandé à l’église
de se multiplier et de faire de toutes les nations des disciples (Mt 28:19-
20). Quelle est la façon la plus efficace et laquelle a le plus grand potentiel
de favoriser la multiplication de l’église? Combien de membres de l’église
vivent une vie sans fruit en raison d’une croissance insuffisante et d’un
manque de motivation? S’assembler dans les maisons offre un grand
potentiel de croissance et de multiplication spirituelles. Si le groupe grandit
au-delà de ce qui est une taille normale pour une maison, l’église devra
inévitablement se multiplier et se répandre à d’autres endroits. De cette
façon, les églises peuvent facilement et rapidement se multiplier dans la
ville ou le village.
Howard A. Synder a observé l’efficacité des églises qui se multiplient
et a affirmé que « Ce n’est pas seulement la croissance en nombre mais
la multiplication des églises locales qui prouve la croissance et la santé
d’une église. L’idéal biblique est ni de produire une foule de nouveaux
croyants qui vivent indépendamment et séparément les uns des autres,
ni d’agrandir les églises locales jusqu’à ce que leur nombre se gonfle à
des milliers de membres. Le modèle biblique est de former de nouveaux
convertis dans les congrégations locales et de multiplier le nombre des
congrégations au fur et à mesure que s’ajoutent de nouveaux convertis.
116
DIX RAISONS DE FAIRE L’ÉGLISE-MAISON
Le ministère de Paul et ceux d’autres évangélistes du Nouveau Testa-
ment étaient des ministères de multiplication d’églises. Dans plusieurs
villes, le nombre des convertis a rapidement atteint les milliers; et pourtant,
aucun bâtiment d’église n’a été construit pendant près de deux cents
ans. Une telle croissance en de telles conditions peut seulement s’expliquer
par la multiplication de petites congrégations. »25
Implanter des églises partout peut se faire efficacement avec un
tel modèle, si nous travaillons avec diligence et avec la sagesse et la
puissance du Saint-Esprit. L’église qui grandit à un seul endroit est une
chose dont on peut se vanter, mais elle manque habituellement d’une
communion de qualité, de croissance spirituelle et de motivation à se
répandre. Je connais plusieurs membres qui appartiennent à une église
grande « en nombre » mais qui n’ont aucune relation personnelle stimulante
avec les surveillants et les autres. Est-ce que d’assister à un service du
dimanche pendant deux heures fait de quelqu’un un membre du corps de
Christ? Sommes-nous membres de l’église que de nom? Est-ce pour ce
genre d’église que Jésus est mort? Qu’est-ce que ça veut dire d’être
membre du corps de Christ? Avons-nous à cœur de voir le Royaume de
Dieu se répandre ou de voir Son Royaume grandir qu’à un seul endroit?
Les églises qui sont bien nourries et qui se répandent sont celles qui
prospèrent facilement en nombre et spirituellement. L’une des raisons
principales pour laquelle l’église du premier siècle a prospéré, c’est le
fait que des croyants bien nourris spirituellement se sont répandus
(Ac 8:1,4, 11:19 et les versets suivants). La multiplication de l’église est
plus efficace que l’implantation d’église. Il est important de mettre
davantage l’accent sur la multiplication de l’église que sur l’implantation
d’église. La multiplication d’église est contagieuse. C’est un peu comme
un feu de forêt. Mais comment cela peut-il bien se faire? Wolfgang
Simpson a sagement écrit « Dans les églises-maison, les gens sont les
ressources, Jésus est le programme, la communion est la raison, la mul-
tiplication est le résultat et faire du quartier des disciples est le but. »26
Ailleurs, il a écrit « L’église revient à une structure ouverte plutôt qu’une
structure fermée. Un des buts, c’est que l’Église cesse de tenter d’amener
les gens « à l’église » et commence à amener l’Église aux gens. La
mission de l’Église ne sera jamais accomplie en ajoutant seulement à la
structure en place; il ne faut rien de moins que l’église pousse comme
des champignons en se multipliant elle-même à différents endroits du
monde, là où Christ est inconnu. »27 Nous croyons donc que de se réunir
dans une maison en petite communauté favorise une croissance spiritu-
elle de qualité et incite l’église à se multiplier.

117
DIX RAISONS DE FAIRE L’ÉGLISE-MAISON
FAIRE DES DISCIPLES ET LA MULTIPLICATION DES RESPONSABLES
Il y a un important besoin d’une multiplication de responsables
bibliques dans les églises d’aujourd’hui. La multiplication des responsables
entraîne une croissance explosive du Royaume de Dieu par le moyen de
l’église. C’est possible quand les disciples sont bien formés. Jésus n’a
pas dit « Allez et ayez de bons services et de bonnes réunions. » Il a dit
« Allez et faites des disciples. » (Mt 28:19-20). Faire des disciples, c’est
former par une relation personnelle. L’assemblée de l’église est une
occasion de former des disciples. L’une des façons les plus efficaces de
voir la multiplication des responsables, c’est la formation de disciples.
La croissance des croyants et la multiplication des responsables
par le processus de formation de disciples sont des signes de la bonne
santé d’une église biblique. Plus les responsables forment l’église, plus
l’église se formera elle-même et se répandra dans la société dans la
perspective de former des disciples. Il est dommage que dans notre
système moderne, la formation de disciples ne soit pas une tâche
importante et nécessaire de l’église. On suppose que c’est le travail de
centres de formation de disciples ou des collèges bibliques. Dietrich
Bonhoeffer a judicieusement affirmé « Le christianisme sans la forma-
tion de disciple est toujours un christianisme sans Christ. »28
Quand il n’y a pas de formation de disciples, le potentiel de l’église
est éteint et on ignore qui ferait un bon responsable, car on ne parvient
pas à discerner une telle personne, et elle-même n’est pas motivée de le
devenir. N’aurait-on pas des résultats surprenants si un sondage était
fait au sujet de la manière dont les disciples dans les églises sont formés,
et la manière que les églises forment et envoient des responsables en un
an ou du moins en cinq ans? Le Seigneur Jésus ne nous a-t-il pas dit « La
moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers. Priez donc le Maître de la
moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson. » (Mt 9:37-38). Est-ce
que nous prions, équipons, mobilisons et envoyons des ouvriers dans la
moisson? Quels sont les buts et les stratégies de l’église pour la multipli-
cation des responsables?
La croissance des petites communautés par la formation de dis-
ciples donne souvent comme résultat la croissance de plus de
responsables. Bien souvent, les responsables naissent et se développent
non par l’enseignement public, mais par la formation de disciples grâce à
une relation personnelle. Le mentorat de qualité et la supervision se
manifestent beaucoup plus dans de petites assemblées, permettant ainsi
d’identifier et de stimuler les responsables potentiels. Grace Wiebe a
bien fait remarquer « Les églises-maison peuvent jouer un rôle vital dans
le choix, la formation et la multiplication de plusieurs responsables-
118
DIX RAISONS DE FAIRE L’ÉGLISE-MAISON
serviteurs (ainsi, beaucoup moins de responsables s’épuisent). »29 Dans
ce genre de contexte informel, il y a un grand potentiel à la multiplication
de disciples, ce qui signifie une multiplication de responsables et d’églises.
Nous croyons donc que de s’assembler dans une maison est un moyen
efficace de former les disciples dans l’église et de choisir, équiper et
envoyer plusieurs responsables.

LES PAUVRES, LES DÉMUNIS ET LES MISSIONS


Une lecture attentive des Saintes Écritures révèle que dans l’église
du premier siècle, l’argent était en grande partie utilisé pour aider les
pauvres et les démunis.30 Chaque église était autonome et représentait
une organisation sociale indépendante. Même au milieu du deuxième
siècle, la collecte était premièrement faite afin d’aider les pauvres et les
démunis. Selon l’information qu’on trouve dans la Première apologie de
Justin Martyr et dans la Didachè, l’historien de l’église Earle E. Cairns
mentionne qu’à la fin de la réunion de l’église, « ils faisaient une collecte
pour aider les veuves, les orphelins, les malades, les prisonniers et les
étrangers. Ensuite, la réunion prenait fin et les gens retournaient chez
eux. »31
L’église du premier siècle donnait aussi pour les missions. Cependant,
plusieurs exhortations données à l’église au sujet des dons concernent
les gens dans le besoin. Cet aspect est presque négligé de nos jours.
Pourquoi insiste-t-on autant sur l’aide donné aux pauvres et aux démunis
qu’aux missions? Réfléchissons un peu… Que vaut notre prédication de
l’Évangile si on néglige de montrer l’amour et la compassion de Christ
dans nos œuvres? Jean a écrit «Or, celui qui aurait des biens de ce
monde, et qui, voyant son frère dans le besoin, lui fermerait ses entrailles,
comment l’amour de Dieu demeurerait-il en lui? Mes petits enfants,
n’aimons pas de paroles ni de la langue, mais en action et en vérité.» (1 Jn
3:17-18).
Mahatma Gandhi a déjà dit «Il y a dans le monde des gens si affamés
que Dieu ne peut leur apparaître que sous la forme d’un pain.»32 L’évangile
de Christ rencontre les besoins matériels et spirituels. Dans Sa parabole
du Bon Samaritain, Jésus a enseigné qu’« aimer son prochain » signifie «
aider les démunis » (Lc 10:25-37). Paul exhorte même les pasteurs à
aider les démunis. En fait, c’est à eux que Paul dit « Je vous ai montré en
toutes choses, que c’est ainsi qu’en travaillant, il faut secourir les faibles,
et se souvenir des paroles du Seigneur Jésus, qui a dit lui-même : Il y a
plus de bonheur à donner qu’à recevoir. » (Ac 20:17, 28, 34-35).
Quand les croyants ont apporté l’argent récolté par la vente de leur
propriété et l’ont déposé aux pieds des apôtres, ils l’ont distribué aux
119
DIX RAISONS DE FAIRE L’ÉGLISE-MAISON
démunis (Ac 4:32-35). Il est intéressant de remarquer que l’église du
premier siècle a même vendu ses terres pour aider ceux qui étaient
grandement dans le besoin. Les paroles bien connues « Dieu aime celui
qui donne avec joie » ont été écrites à l’église de Corinthe dans le contexte
de donner aux saints pauvres de l’église (2 Co 9:1, 7).
John MacArthur souligne bien « Le premier but du don, tel
qu’enseigné dans le Nouveau Testament, c’est de soutenir les saints,
l’église. La première obligation du chrétien est de soutenir les autres
croyants, de manière individuelle et collective. La première responsabilité
financière de l’église est d’investir pour ses propres besoins et pour son
propre peuple (voir aussi 2 Co 8:1-5; 9:12-15; Ph 4:14-16). Évidemment,
ce n’est pas la seule obligation financière que nous avons. La parabole
du Bon Samaritain démontre clairement que nous devrions œuvrer
personnellement et financièrement pour quiconque est dans le besoin,
sans égard à la religion, la culture ou les circonstances (Luc 10:25-37).
Paul enseigne aussi que nous devrions « faire du bien à tous » (Ga 6:10).
Mais dans le même verset il continue et dit « mais surtout à ceux qui sont
de la famille de la foi » (voir aussi 1 Jean 3:17). Dans 2 Corinthiens 9:13,
les apôtres demandent une contribution généreuse « envers tous ».
Soutenir les pauvres et les démunis dans le monde au nom du Seigneur
est une œuvre chrétienne hautement prioritaire d’après les normes
bibliques.33 Quel pourcentage de l’argent collecté dans l’église est destiné
aux pauvres et aux démunis? Même dans l’Ancien Testament, une dîme
spéciale était collectée une fois aux trois ans pour aider les orphelins, les
veuves et les autres sortes de pauvres (Dt 14:28-29). Comment les dîmes
sont-elles utilisées aujourd’hui dans les églises?
On dit que la majeure partie de l’argent est généralement utilisée
pour l’entretien et l’administration, et qu’une plus petite partie sert aux
missions. Dans plusieurs églises, on ne se s’occupe pas particulièrement
d’aider les pauvres et les démunis. Les pauvres et les missions sont-elles
une priorité dans le budget des églises traditionnelles? Quel pourcentage
de l’argent collecté dans une église traditionnelle sert à aider les démunis
et les missions? Les auteurs du commentaire biblique Life Application
Bible Commentary font cet avertissement en traitant de l’Évangile selon
Marc : « Si nos églises dépensent de grosses sommes d’argent pour
leurs bâtiments et ignorent les missions, l’évangélisation et l’aide aux
pauvres, elles vont pareillement subir le jugement de Dieu. »34 Puisque
de s’assembler dans une maison est un modèle simple (c’est-à-dire que
l’argent n’est pas nécessaire pour la construction et l’entretient d’un
bâtiment), l’argent peut être utilisé pour aider les pauvres et les démunis,
ainsi que pour soutenir les missions.
120
DIX RAISONS DE FAIRE L’ÉGLISE-MAISON
MOT DE LA FIN
Pour justifier leurs pratiques, plusieurs s’opposent de façon
déraisonnable et ignorante à cet enseignement (je l’ai déjà fait), sans
faire d’étude ou de recherche approfondie sur la façon que fonctionnait
l’église du premier siècle. Il y a tellement de bien à dire de l’église
moderne d’aujourd’hui. Pourtant, une réforme est nécessaire afin d’aider
le peuple de Dieu à fonctionner plus efficacement et bibliquement.
S’assembler dans des maisons n’est pas une solution parfaite où l’on
n’éprouve aucun problème. C’est seulement une meilleure approche,
plus efficace. J’affirme par-là qu’il y a plus d’avantages et moins de
désavantages. Bien sûr, les problèmes qui surviennent en raison de
différentes situations, endroits ou cultures doivent être considérés avec
prière et sagesse selon la sagesse du Saint-Esprit et le conseil et
l’expérience de gens pieux.
De plus, que le lecteur ne fasse pas erreur en croyant que l’église
est contrainte à s’assembler dans une maison. Elle peut s’assembler
dans un bureau, une salle, une salle de classe, une cabane, une tente,
etc., pour autant que la taille de la communauté reste petite pour que
chaque membre ait réellement la possibilité de participer. La structure
n’est pas aussi importante que le fonctionnement de l’église. Ce chapitre
pourrait en fait s’intituler « Dix raisons d’avoir de petites communautés».
Puisque la maison est un endroit informel où les gens peuvent
généralement se réunir en petites communautés, je l’ai souvent employé
dans ce chapitre. Le peuple de Christ est libre de s’assembler où il se
sent à l’aise et quand même fonctionner selon le modèle d’église du
Nouveau Testament.
Finalement, n’oublions jamais que n’importe quel modèle d’église
est faible et sans vie sans la puissance du Saint-Esprit. L’Esprit de Dieu
est la vie de l’église; sans Lui toute église est morte. Cherchons à être
revêtus de la puissance d’en haut tout en cherchant à ce que Son règne
vienne sur la terre. Que le Seigneur déverse Son Esprit sur Son corps,
l’église!
Je termine ce chapitre avec un commentaire digne de considération
du commentateur anglican David Prior. Il a écrit « Il est préférable de se
préoccuper de la qualité plutôt que de la quantité : un diamant minuscule
vaut bien plus qu’un camion rempli de pierres. C’est pour cette raison
que l’on travaille auprès de groupes et de petites communautés plutôt
qu’auprès de grandes foules […] nous sommes seulement préoccupés
par des petites communautés composées de gens qui savent qu’ils sont
l’Église. C’est avec eux que nous entreprenons l’œuvre de répandre
l’Évangile, de proclamer en parole et en oeuvre que Christ est venu nous
121
DIX RAISONS DE FAIRE L’ÉGLISE-MAISON
libérer de la misère et l’oppression, qu’elle soit spirituelle ou matérielle.
Travailler en petits groupes vaut beaucoup plus la peine. Une cuillère à
café de sucre dissoute dans une petite tasse sucre le café : ainsi, l’Évangile
agit au sein d’une petite communauté. Mais mettez la même cuillère à
café de sucre dans un grand pot de café et le goût s’y perd. »35

— Stephen David

NOTES
1 David Watson, I Believe in the Church (Great Britain: Hodder &
Stoughton, 1978), 121.
2 Robert Banks, Paul’s Idea of Community (Massachusetts:
Hendrickson Publishers), 90.
3 Watson, 117.
4 William Barclay, The Letters to the Corinthians, Revised Edition
(Westminster Press, 1977), 135.
5 Ronald Sider, Rich Christians in an Age of Hunger (Illinois: Inter-
Varsity Press, 1977), 190-191.
6 Robert & Julia Banks, The Church Comes Home (Massachusetts:
Hendrickson Publishers, Inc., 1998), 84.
7 Pris dans un article non publié, “Services Versus Service.”
8 Dictionary of Biblical Imagery (India: OM-Authentic Books), 828.
9 Michael Green, Evangelism Now & Then (Illinois: InterVarsity Press,
1979), 103-104.
10 Paul mentionne le problème dans 1 Co 11:20-21 et donne finalement
la solution dans les versets 33-34.
11 J. I. Packer and Merrill C. Tenney, Illustrated Manners and Cus-
toms of the Bible (Nashville: Thomas Nelson Publishers, 1980), 540-
541.
12 Frank Viola, Pagan Christianity (Present Testimony Ministry, 2002),
99.
13 John Havlik, People Centered Evangelism (Nashville: Broadman
Press, 1971), 47.
14 Robert Fitts, The Church in the House (Salem, OR: Preparing the
Way Publishers, 2001), 18.
15 Ac 11:30; 15:2, 4, 6, 22, 23; 14:23; 20:17-28; Php 1:1; 1Th 5:12-13; 1Ti
4:14; 1Ti 5:17; Tit 1:5; Jam 5:14; 1Pe 5:1-3; Heb 13:7, 17, 24.
16 Gordon Fee, Gospel and Spirit (Massachusetts: Hendrickson Pub-
lishers, Inc., 1991), 139.
17 Robert Baker, A Summary of Christian History (Nashville, Tennes-
see: Broadman & Holman Publishers, 1994), 11.
122
DIX RAISONS DE FAIRE L’ÉGLISE-MAISON
18 Power Bible CD [CD-Rom] V4.5. Bronson: Online Publishing, 1999-
2005.
19 Alex Rattray Hay, The New Testament Order for Church and Mis-
sionary (1947), 299.
20 Christian Liturgy, 53.
21 Fitts, 18.
22 Michael Green, Evangelism in the Early Church (1970), 207.
23 www.bibleleague.org/church/planting/china.php
24 Eternal Perspective Ministries, www.epm.org/articles/
Chinesetorture.htm.
25 Howard Synder, The Community of the King (Illinois: Inter-Varsity
Press, 1978), 122.
26 Wolfgang Simpson, Houses that Change the World (Chennai, India:
Mission Educational Books, 1998), 142.
27 Ibid, 21-22.
28 www.choosethelife.com/041100_article.html
29 The Network for Strategic Missions, www.strategicnetwork.org/
index.php?loc=kb&view=v&id=8614&fto=1269&
30 Ac 2:45; 4:32-37; 6:1-4; 9:36; 20:34-35; Ro 12:13; 1Co 16:1-3, 15;
2Co 8:1-5; 9:1-2, 7; Ga 2:6-10; 6:9-10; Php 7; Tit 3:8; Heb 6:10-11; Heb
13:2-3, 15-16; Jam 1:27; 2:15-17; 1Pe 4:9; 1Jn 3:16-18.
31 Earle E. Cairns, Christianity Through The Centuries (Grand Rap-
ids: Zondervan Publishing House, 1996), 84.
32 Wheel Words, www.texaschapbookpress.com/wheelwords.htm.
33 John MacArthur, The MacArthur New Testament Commentary 1
Corinthians (Printed in India: 1984 by The Moody Bible
Institute of Chicago), 451.
34 Bruce B. Baton, et al., Life Application Bible Commentary on
Mark (Illinois: Tyndale House Publishers, Inc., 1994), 319.
35 David Prior, The Church in the Home (Great Britain: Marshall Mor-
gan and Scott Marshall Pickering, 1983), 163-164.

QUESTIONS À DISCUTER
1. Qu’est-ce qui démontre que l’absence de bâtiment d’église n’est pas
un obstacle à une expansion rapide de l’église?
2. En quoi la structure, la taille et le système d’une église influencent-ils
l’aspect réciproque (les uns les autres) du ministère?
3. En quoi la taille d’une congrégation influence-t-elle la façon que l’église
se perçoit, soit comme une entreprise, soit comme une famille? En quoi
cela touche-t-il l’intimité et la responsabilité devant les autres?
4. Quel était le but principal des réunions de l’église du premier siècle?
123
DIX RAISONS DE FAIRE L’ÉGLISE-MAISON
En quoi cela diffère-t-il de la manière dont nous nous réunissons
aujourd’hui?
5. Qu’est-ce que cela signifie d’être membre du corps de Christ? Quelle
est votre fonction dans l’église?
6. Pourquoi est-ce difficile de célébrer le Repas du Seigneur comme un
repas familial dans une grande assemblée impersonnelle à la structure
formelle?
7. Dans quelles circonstances et dans quel but l’église du premier siècle
célébrait-elle le Repas du Seigneur? Quelle différence pourra-t-on
remarquer si nous le célébrons ainsi de nos jours?
8. En quoi les réunions dans les maisons simplifient-elles l’implantation
d’églises?
9. Quels sont les avantages pour les églises-maison d’avoir des pasteurs
à deux vocations?
10. Pourquoi pensez-vous que les responsables locaux avaient
généralement deux vocations, tandis que les responsables itinérants étaient
généralement soutenus par l’église?
11. Quels sont les avantages pour l’église-maison d’avoir quelques an-
ciens à temps plein?
12. De quelle façon l’église met-elle à l’aise les non-croyants en
s’assemblant dans des maisons?
13. Faites une liste de cinq avantages à faire l’église-maison dans les
temps de persécution.
14. Comment la croissance et la multiplication de l’église sont-elles
favorisées dans une petite communauté comparativement à une plus
grande?
15. Croyez-vous que la formation de disciples devrait être une
responsabilité centrale de l’église? Si oui, dans quel environnement et de
quelles façons peut-on efficacement former des disciples?
16. Pourquoi les petites églises sont-elles le meilleur endroit pour la mul-
tiplication et la formation de responsables?
17. Comparez les objectifs des dons dans le Nouveau Testament avec
les dépenses de l’église moderne. À votre avis, quels changements
devrions-nous adopter en vue d’utiliser notre argent d’une façon biblique?
18. Pourquoi est-ce préférable de se préoccuper de la qualité plutôt que
de la quantité?

124
LES ENFANTS À L’ÉGLISE
7
LES ENFANTS À L’ÉGLISE

Lors d’une conférence sur les églises-maison en Virginie, avant


que ne débute la période de discussion, j’ai murmuré à mon ami que
j’étais certain que la première question serait « Que faisons-nous avec
les enfants? » Et bien entendu, ce l’était. À mon avis, c’est la première
question que se posent ceux qui envisagent l’église-maison. C’est une
grande pierre d’achoppement et pourtant, ce ne devrait pas. Ce chapitre
examinera trois choses : premièrement, les philosophies ou les points de
vue différents qu’ont l’église institutionnelle et l’église-maison envers les
enfants; deuxièmement, les problèmes concrets qui surviennent; et
troisièmement, l’avantage pour les enfants de faire l’église à la maison.
Dans un article que j’ai écrit, j’ai posé cette question : « Que faites-
vous pour les enfants? » J’ai honte de dire que dans le brouillon de cet
article, j’avais écrit : « Que faites-vous avec les enfants? »
Inconsciemment, j’avais succombé à la philosophie ou au point de vue
d’une grande partie de l’église institutionnelle : les enfants sont un
problème, ils dérangent le très prestigieux « service » où des professionnels
importants et payés, vêtus de robes ou en complet donnent d’éloquents
sermons et où les saints auditeurs, sérieux et tranquilles, sont assis comme
morts sur des bancs. De ce point de vue, la question devient : que faisons-
nous des enfants pendant que nous faisons les choses très importantes
du « service »?
Ni Jésus, ni les apôtres ne se sont inquiétés au sujet de ce qu’ils
feraient des enfants. Jamais Jésus n’a dit « Permettez que les petits
enfants soient mis à l’écart à la garderie. » Pouvez-vous imaginer qu’on
ait amené les enfants à l’Église des Enfants pendant le Sermon sur la
Montagne?
Les Écritures ne disent pas grand-chose sur ce qu’il faut faire
avec les enfants lorsque les croyants s’assemblent. Mais je ne peux
m’imaginer que les croyants de l’époque n’avaient pas d’enfant. J’imagine
qu’on n’en a pas dit grand-chose parce que les premiers chrétiens n’ont
pas fait de cas de cette question. Les églises étaient dans les maisons;
les familles vivaient dans les maisons; les enfants se réunissaient avec
l’église dans les maisons.
Bien que les Écritures ne disent explicitement rien au sujet des
enfants et des assemblées de croyants, il y a des indices. Par exemple,

125
LES ENFANTS À L’ÉGLISE
on mentionne explicitement que les enfants étaient présents lorsqu’on
nourrit cinq mille personnes et aussi lorsqu’on en nourrit quatre mille (Mt
14:21, 14:38.). Lors d’un voyage missionnaire, « tous, avec leurs femmes
et leurs enfants » ont accompagné les apôtres sur la plage pour prier à
l’occasion de leur départ (Ac 21:5b). Finalement, lorsque la lettre de
Paul a été lue aux Éphésiens, elle s’adressait directement aux enfants :
«Enfants, obéissez à vos parents, selon le Seigneur» (Ep 6:1-2). Com-
ment les enfants auraient-ils pu entendre l’exhortation lue dans l’église
autrement que si les enfants étaient à la réunion d’église?
Et en dépit du silence des Écritures au sujet des enfants, je peux
garantir une chose : il n’y avait pas d’école du dimanche ou d’église pour
enfants. Si l’école du dimanche est un complément si essentiel à la vie
d’église, pourquoi la Bible n’en parle-t-elle pas? Le plan de construction
de Dieu, la Bible, est complet dans les moindres détails. Quel chrétien
nierait que la Bible est le plan parfait? Curieusement, il n’y a pas une
seule mention de l’école du dimanche dans le plan de Dieu.
À l’origine, l’école du dimanche n’enseignait pas des histoires
bibliques et la morale chrétienne, mais elle a été mise sur pied au dix-
neuvième siècle en Angleterre pour donner aux enfants pauvres des
moulins et des mines la chance d’apprendre à lire et à écrire. Qui avait
premièrement la responsabilité d’éduquer les enfants avant l’apparition
de l’école du dimanche? La famille. Je crois que c’est l’avis de la plupart
des églises-maison que la famille a toujours la responsabilité première
d’instruire et de former des enfants chrétiens. C’est sûrement la raison
pour laquelle la plupart des églises-maison (tout comme l’église biblique
du Nouveau Testament) n’ont pas d’école du dimanche. Et cela est
véritablement un obstacle pour les chrétiens qui envisagent de quitter
l’église institutionnelle pour l’église-maison. C’est incroyable le nombre
de chrétiens qui s’inquiètent au sujet du bien-être spirituel de leurs enfants
au point de s’empoisonner à mort de la religiosité corrompue des églises
institutionnelles, pourvu que celles-ci aient un bon programme pour les
jeunes. Je suis convaincu que les églises institutionnelles savent cela et
qu’elles en profitent en offrant une foule de « ministères pour les jeunes
» afin que leurs « payeurs de dîme » ne partent pas. (Bien sûr, je suis
conscient qu’il y a d’autres motivations sincères derrière cela aussi.)
Bien que ce soit d’abord le rôle de la famille d’élever les enfants
dans le Seigneur, cela ne veut pas dire que l’église-maison ne se
préoccupe pas de leur bien-être. Bien au contraire. Si les enfants pensent
que l’église de leur parent est une corvée, ils penseront que Jésus est
une corvée aussi. Nous devons donc discuter de moyens concrets pour
que l’église-maison soit un lieu où les enfants se sentent intégrés.
126
LES ENFANTS À L’ÉGLISE
Lorsqu’on parle de moyens concrets pour intégrer les enfants dans
la vie de l’église-maison, on doit comprendre dès le début que si les
parents gardent le point de vue traditionnel de l’église institutionnelle
dans l’église-maison, cela n’ira pas bien pour les enfants. L’église
institutionnelle a la mentalité de la ségrégation juvénile : amenez-les dans
les locaux de l’école du dimanche, afin que tout soit Saint et Calme. Bien
sûr, cela n’est pas biblique. À votre avis, à quel point les enfants étaient-
ils calmes durant le Sermon sur la Montagne? L’église institutionnelle est
stricte en ce qui concerne « l’ordre du service » et les enfants, si spontanés
et imprévisibles qu’ils sont, ne peuvent jamais s’adapter à ce cadre rigide.
Alors la première chose à faire dans l’église-maison est de relaxer – il y
aura plus de bruit et d’interruptions dans l’église-maison. Les gens qui
ont des enfants doivent cesser de se sentir coupables et les gens sans
enfant doivent démontrer plus de tolérance qu’ils n’auraient eu à le faire
dans une église institutionnelle.
La deuxième chose à faire est de développer des relations plus
rapprochées entre les adultes et entre tous les adultes et tous les enfants.
Ce rapprochement est possible dans l’église-maison d’une façon qui est
impossible dans l’église organisée. Des relations proches permettent que
lorsque le petit Brian est sur le point de tirer la chasse d’eau et d’y
mettre un pétard, un adulte qui n’est pas l’un des parents de Brian peut
fermement lui dire d’éteindre la mèche, sans craindre que le petit Brian
ou sa mère ne s’en offensent.
La troisième chose à faire est de trouver des moyens créatifs et
réalisables pour faire participer les jeunes à la réunion avec les adultes.
D’où vient cette idée que la réunion (ou l’église) appartient exclusivement
aux adultes? Je connais une église-maison où les enfants sont
particulièrement doués pour la musique. Les jeunes jouent de la guitare,
du violon ou de la flute et se sentent à l’aise pour conduire un chant ou la
musique. D’autres églises-maison encouragent les jeunes à partager un
témoignage, à réciter un passage des Écritures ou à dire une requête de
prière. À l’occasion d’une réunion, mon église-maison a permis aux ado-
lescents de conduire la réunion dans les Écritures et la musique. La
réunion a été totalement différente – ça faisait de la variété et ça a aidé
les jeunes à s’intégrer. Lors d’une autre réunion de mon église-maison,
une des sœurs a donné des « leçons d’école du dimanche » aux jeunes
enfants en présence des adultes. Les adultes ont été contraints d’adopter
le point de vue des jeunes enfants (quelque chose que tous les adultes
devraient faire de temps à autre) et les enfants ont pu avoir du plaisir
avec leurs parents tout en apprenant la leçon spirituelle enseignée.

127
LES ENFANTS À L’ÉGLISE
La quatrième chose que je suggère est de ne pas être trop strict
quant à la « théologie d’église-maison ». Bien sûr, on ne croit pas dans
l’école du dimanche, mais ce n’est pas la fin du monde si quelqu’un
apporte quelque chose de spécial pour les enfants ou s’il les prend parfois
à part. Et nous ne croyons pas qu’il faut occuper les enfants afin de ne
pas les avoir dans les parages, mais il n’y a rien de mal à leur montrer un
vidéo de temps à autre (et même si, ô sacrilège, le vidéo n’est pas spiri-
tuel car c’est un dessin animé Bugs Bunny).
Une cinquième suggestion pratique que m’a donnée quelqu’un d’une
église-maison est d’annoncer à chaque réunion les règles de la maison
afin que les parents et les enfants ne fassent rien de mal par mégarde
(par exemple, « ne pas manger dans le salon »).
Une sixième suggestion pratique est de tolérer les jeunes enfants
agités autant que possible. S’ils deviennent trop bruyants, assurez-vous
que les parents comprennent que le bébé devrait être amené à l’écart
jusqu’à ce qu’il se calme. Si un parent ne fait pas cela, on devrait l’avertir.
Rappelez-vous que les relations sont importantes.
Une septième et dernière suggestion pratique est de ne jamais laisser
la réunion devenir ennuyeuse – ni pour les enfants, ni pour les adultes. Si
la réunion est sans vie et trop longue pour les adultes, imaginez ce que
c’est pour les enfants! Leur durée d’attention est probablement la moitié
de la nôtre. Nous devons constamment nous mettre à la place de nos
frères et sœurs – et les enfants sont, dans le corps de Christ, nos frères
et sœurs. Ayons donc à cœur leur intérêt dans l’amour.
Nous terminons ces réflexions au sujet des enfants et de l’église-
maison en présentant les avantages évidents de l’église-maison pour les
jeunes. Nous ne devrions pas considérer les enfants comme un obstacle
à ce que des gens viennent à l’église-maison. Nous devrions regarder
aux avantages de l’église-maison pour les enfants et souligner ces
avantages à ceux qui envisagent l’église-maison.
Un grand avantage de l’église-maison est que les jeunes peuvent
voir leurs parents entretenir des relations d’amour et de soutien les uns
avec les autres. Ils voient leurs parents ouvrir leurs cœurs à Dieu d’une
façon réelle, personnelle, non religieuse et sincère.
Un autre grand avantage est que les enfants n’ont pas un statut de
deuxième classe dans l’église : ils ne sont pas enfermés, loin de notre
vue et de nos pensées dans la garderie, l’école du dimanche ou à un
ministère pour les jeunes.
À mon avis, l’un des plus grands avantages est que des relations
intimes se développent entre les adultes et les enfants des autres adultes.
Dans mon église-maison, je prie constamment pour les enfants qui s’y
128
LES ENFANTS À L’ÉGLISE
trouvent. Il y a seulement six couples dans l’église et seulement quatorze
enfants. C’est très facile de savoir ce que les jeunes vivent et facile
alors de prier pour eux individuellement, chaque jour, par leur nom. Je
me permets de vous dire que cela n’arrive pas très souvent dans les
grandes églises.

CONCLUSION
Je conclus par une parodie brillante écrite par Doug Phillips de
Vision Forum au sujet du programme pour les jeunes de son église. Bien
que ça ne décrive pas une église-maison, ses remarques sont tout de
même très pertinentes :
« J’ai le privilège de m’assembler dans une église petite et axée sur
la famille. Quand on me questionne au sujet des différents programmes
de l’église, j’explique que nous sommes bénis avec plus d’une trentaine
d’organisations différentes auxquelles nos membres appartiennent – elles
s’appellent des familles. Je leur explique ensuite que nous avons plus de
soixante responsables pour les jeunes – ils s’appellent des parents. En
fait, nous avons un tel horaire rempli d’événements que nous avons une
activité obligatoire chaque jour de la semaine – ça s’appelle le culte
familial […]
Avec de telles responsabilités sur leurs épaules, nos responsables
pour les jeunes doivent vraiment s’y mettre […] Ils doivent étudier la
Parole de Dieu plus qu’ils ne l’ont jamais fait auparavant afin de pouvoir
diriger leur organisation avec sagesse. Ils doivent être créatifs afin de
résoudre les divers problèmes de leurs groupes d’intérêt particulier. Ils
doivent apprendre à être patients. Ils doivent apprendre à aimer. Ils doivent
même apprendre à réorganiser les priorités de leurs vies.
Cette dernière partie est cruciale. Nos responsables de jeunes auront
du succès seulement s’ils réorganisent leurs priorités et s’ils forment
leur organisation correctement. Ils le savent. Ils savent aussi qu’il y a un
prix à payer. Mais la plupart d’entre eux sont prêts à payer le prix, car ils
ont décidé que l’activité la plus importante de leur vie est d’être pasteur
de jeunesse et de diriger une organisation spéciale qui s’appelle une
famille chrétienne.
Voici ce qu’on découvre : plus nous nous dévouons à diriger
fidèlement notre mini-congrégation, plus grande est la bénédiction. Par
ailleurs, plus on étudie ce que la Parole de Dieu dit au sujet de ces petites
congrégations, plus on voit à quel point le plan de Dieu est merveilleux et
génial : équiper l’Église et changer la culture à l’aide de ces organisations
souvent oubliées, déformées et mal-aimées appelées les familles
chrétiennes. »1 — Dan Walker
129
LES ENFANTS À L’ÉGLISE
NOTES
1 Douglas W. Phillips, “Our Church Youth Group” (San Antonio, TX:
Vision Forum Ministries, 2002) www.visionforumministries.org/issues/
uniting_church_and_family/our_church_youth_group.aspx.

QUESTIONS À DISCUTER
1. Pourquoi est-ce si difficile d’imaginer que les enfants ont été mis à
part dans une église pour enfants, version premier siècle, lors du Sermon
sur la Montagne?
2. Dans la Bible, quels sont les exemples où des enfants sont présents
lors de rassemblements religieux?
3. Quelle est l’origine de l’école du dimanche?
4. Qui avait premièrement la responsabilité d’éduquer les enfants avant
l’apparition des écoles du dimanche?
5. Qui est responsable de l’éducation religieuse de l’enfant? L’église ou
ses parents? Expliquez.
6. Qui sont les vrais responsables de jeunesse dans les églises?
7. Pourquoi plusieurs parents ne veulent-ils pas avoir leurs enfants avec
eux à l’église ou lors d’une étude biblique?
8. Pourquoi plusieurs parents insistent-ils pour que leurs enfants restent
avec eux à l’église ou lors d’une étude biblique, plutôt que de les envoyer
à l’école du dimanche ou avec le groupe jeunesse?
9. Quel rôle peuvent avoir les enfants et adolescents lors des réunions
interactives selon 1 Corinthiens 14?
10. Dans le monde antique, le taux de mortalité infantile était
incroyablement élevé. Certains défendent que les plus grandes familles
d’aujourd’hui justifient l’utilisation de lieux qui peuvent contenir plus de
gens que dans une maison privée (en raison du plus grand nombre
d’enfants). Êtes-vous d’accord? Pourquoi?

130
UNE ÉGLISE PLEINEMENT BIBLIQUE
8
UNE ÉGLISE PLEINEMENT BIBLIQUE

Y a-t-il des critères indispensables pour qu’une église soit biblique?


Il a été avancé plus tôt dans ce livre que les pratiques léguées par les
apôtres ont l’autorité d’un commandement biblique. Si on considère le
Nouveau Testament dans son ensemble, on peut se faire une idée claire
de ce qui a été commandé par les apôtres pour la forme de l’église :

•Les croyants se réunissent en tant qu’église le premier jour de la


semaine. (Il est bien de remarquer que c’est la seule tradition
apostolique que les premiers pères de l’église n’ont pas
reconsidérée ou changée. La raison est que cela n’affectait en
rien la nature de ce qu’est l’église et n’avait alors aucun impact
sur les fausses doctrines ou sur les changements sur le plan de la
forme de l’église qu’ils ont intégrée d’une manière ou d’une au-
tre. Ils n’y ont donc rien changé et c’est demeuré comme les apôtres
l’avaient établi à l’origine.
•Lorsque les églises s’assemblent, elles se réunissent dans des
maisons.
•Lorsqu’ils s’assemblaient ensemble dans leurs maisons, l’adoration
en groupe et le partage étaient tout à fait libres et spontanés
(1 Corinthiens 14:26 décrit le déroulement comme «chacun a»),
sans que personne dirige à l’avant. Les premiers croyants
n’avaient rien qui ressemblait quelque peu à un service d’église.
•Un des aspects de leur réunion consistait à manger le Repas du
Seigneur comme un repas complet, en fait comme leur principal
repas de la journée, qu’on appelait communément le repas agape.
•Pour eux, l’église était comme une extension de la famille (l’idée
que des églises soient des institutions ou des organisations leur
aurait été complètement étrangère) et la conduite, sans hiérarchie,
était faite par des hommes choisis dans l’église qu’ils serviraient
ensuite. Ce conseil d’anciens tiré du groupe (ancien, pasteur/
berger, évêque/surveillant étant tous des synonymes dans le
Nouveau Testament) cherchait à diriger par consensus dans la
mesure du possible, et comprenait que son rôle en était un de
fonction et non de dignité.

131
UNE ÉGLISE PLEINEMENT BIBLIQUE
La Bible révèle clairement comment les apôtres, qui ont reçu une
complète révélation de Jésus et ses enseignements, ont prévu que les
églises fonctionneraient. La question est : à quel point le plan peut-il être
changé tout en laissant l’église fondamentalement biblique dans sa na-
ture et ses fonctions? (J’emploie ces termes car la nature et les fonctions
sont reliées. Ils sont des côtés différents d’une seule et même chose.)
Comme dans la vie, la fonction détermine la forme et rien ne peut changer
cela! Par exemple, les parents et les enfants interagissent différemment
que des collègues de travail et c’est la différence de nature qui fait que
la différence de fonction est si différente. Une famille où les parents et
les enfants interagissent entre eux comme des collègues de travail plutôt
que comme des parents par le sang serait un exemple d’une famille
dysfonctionnelle et non d’une famille normale. Pareillement, les églises
qui fonctionnent comme des institutions ou des organisations plutôt que
comme de grandes familles du peuple du Seigneur sont des exemples
d’églises dysfonctionnelles et non d’églises normales selon la Bible.)
Alors répondons à la question qui a été posée et voyons quels aspects du
plan apostolique, s’il y en a, ne sont pas essentiels au maintien de la
nature et des fonctions d’une église biblique. Traitons d’abord de la question
de la journée que l’église doit se réunir.
En ce qui concerne la nature et les fonctions, cet aspect n’a pas
d’impact et comme je l’ai mentionné auparavant, les premiers pères de
l’église l’ont compris et n’ont donc pas vu l’intérêt d’y changer quelque
chose. Ils savaient qu’ils pouvaient changer les fonctions et la nature des
églises sans tenir compte du jour qu’elles se réunissent, alors ils ont
gardé le statu quo apostolique à ce sujet. À l’opposé, une église biblique
pouvait changer leur jour de rencontre et malgré tout demeurer comme
elle était et continuer à fonctionner de la même façon dans tous les
autres aspects. Je serais le premier à dire que d’être (la nature) et de
faire (la fonction) l’église de façon biblique est plus important que le jour
de la réunion afin d’être ceci et ou de faire cela. Je préfèrerais faire
partie d’une église biblique dans sa pratique et ses fonctions mais qui se
rencontre en milieu de semaine que de faire partie d’une autre qui se
réunit les dimanches mais qui n’est pas biblique selon notre précédente
définition. Mais voilà ma question : même si les premiers pères de l’église
eux-mêmes ont choisi de ne pas changer le jour de la réunion des croyants,
sur quelle base et pour quelle raison le ferions-nous? Je répète toutefois
que j’admets sans réserve qu’une église se réunissant un autre jour de
semaine que le dimanche puisse être en tous autres points totalement
biblique. Par ailleurs, si cela devenait illégal de se réunir les dimanches
mais non les jeudis, je serais probablement heureux de faire les
132
UNE ÉGLISE PLEINEMENT BIBLIQUE
changements nécessaires en de telles circonstances. Mais en l’absence
de circonstances atténuantes, pourquoi changer le jour où, sous la direc-
tion et les soins des apôtres, l’église du premier siècle se réunissait?
Laissez-moi ici répondre à une question légitime. Dans le monde
du Nouveau Testament, les Juifs commençaient une nouvelle journée le
soir, ce qui signifie que le premier jour de la semaine commençait pour
eux le samedi soir. C’est pourquoi, si une église se réunissait les samedis
soir spécialement pour cette raison, je considèrerais ceci comme étant
une chose biblique à faire. Cependant, on doit dire que cela paraîtrait
illogique dans les pays où on considère que chaque jour débute le matin.
Pour la plupart d’entre nous, le premier jour est à partir de notre lever le
dimanche matin jusqu’à notre coucher, alors à mon avis, je dirais que de
se réunir les dimanches reste biblique. De plus, le verset dans Actes 20
qui nous indique que les églises se réunissent le premier jour de la semaine
a été écrit par un Gentil (Luc), au sujet de Gentils (Troas), et il est peu
probable dans ce cas qu’il adoptait la manière juive de compter les jours.
Mais passons maintenant à la question des réunions dans les maisons.
Personne ayant un minimum de connaissances bibliques ne peut
nier que l’église du premier siècle se réunissait dans des maisons. La
nature et les fonctions des réunions qu’avaient les croyants lorsqu’ils
s’assemblaient en tant qu’église voulaient simplement dire qu’il n’y avait
pas pour eux le besoin de faire autrement. Le nombre de personnes de
chaque église devait, par définition, être petit; leurs réunions interactives,
sans personne pour diriger à l’avant (l’église du Nouveau Testament
n’avait rien qui ressemblait, même vaguement, à un service d’église), et
un repas préparé en quantité suffisante étaient parfaits pour être faits
dans une maison. Après tout, à quel autre endroit cela pourrait-il être
mieux? Encore une fois, on voit que la fonction détermine la forme et
c’est toujours le cas dans le Nouveau Testament. Le changement éventuel
des maisons à des bâtiments religieux spécialement consacrés a été fait
par les premiers pères de l’église, tout comme les autres changements
que nous examinons. Il est intéressant de remarquer que cela a été le
dernier changement qu’ils ont apporté au plan des apôtres; la réunion
maison est la tradition apostolique qui a subsisté le plus longtemps à leur
réorganisation de l’église chrétienne.
Mais prenons maintenant pour exemple la situation critique de vingt
Eskimos d’un village près du Pôle Nord qui viennent tout juste de devenir
chrétiens et qui veulent former une église. Cependant, leur plus grand
igloo ne peut contenir que huit personnes. S’ils décident alors de louer un
igloo légèrement plus grand dans le but de l’utiliser pour leurs réunions
d’église, et supposant qu’ils se réunissent quand même comme la Bible
133
UNE ÉGLISE PLEINEMENT BIBLIQUE
le décrit, c’est-à-dire sans changer la nature que devrait avoir la réunion,
je n’y vois pas de problème. En fait, je préfèrerais faire partie d’une
église biblique qui se réunit en dehors des maisons pour leur réunion
principale — en supposant que les autres pratiques bibliques se font —
plutôt que de faire partie d’une église qui se réunit dans des maisons
mais qui n’est pas biblique dans tous ses autres aspects. Vous pouvez, si
vous le devez vraiment, maintenir la nature et les fonctions de l’église
tout en vous réunissant ailleurs que dans une maison. En fait, l’église
dont je fais partie a quelques fois loué une salle pour la partie de nos
réunions qui inclut des chants par amour pour les voisins qui se sont
plaints du bruit. Mais nous nous y assoyions en cercle, comme dans les
maisons, et ce que nous avons fait dans cette salle était participatif;
chacun pouvait participer spontanément et personne ne dirigeait à l’avant.
Lorsque nous avions terminé, nous retournions dans une des maisons
pour le repas agape. Laissez-moi toutefois insister qu’il faut s’assurer
qu’une dérogation de la norme biblique, qui est acceptable en raison de
circonstances atténuantes, ne devienne pas elle-même la norme. Laissez-
moi faire la démonstration de ceci à l’aide de ce que la Bible enseigne au
sujet du baptême.
Le baptême biblique est un commandement du Seigneur, comme le
sont les traditions apostoliques concernant le fonctionnement de l’église.
Bien que la façon de baptiser ne soit nulle part commandée, nous savons
qu’il doit être fait immédiatement au moment de la conversion et dans
l’eau, car c’est ce que l’église du premier siècle faisait (la tradition
apostolique nous sert ici encore de modèle). (Et on conclut que c’est par
immersion pour la seule raison que le mot baptême en français est
simplement une translittération du mot grec baptizo qui veut littéralement
dire tremper, plonger ou immerger.) Plusieurs d’entre nous sont très inquiets
à l’idée que l’on est libre d’apporter des changements à cela, que ce soit
au sujet de la personne qui est baptisée, du mode de baptême ou bien le
moment; et nous sommes tristement conscients que l’église en général a
tordu le baptême de plusieurs manières pendant bien trop longtemps.
Afin d’obéir à l’enseignement de la Parole de Dieu, notre position serait
que le baptême d’une personne doit être effectué après sa profession de
foi, par immersion complète sous l’eau.
Supposons qu’une personne confinée au lit en raison d’un handi-
cap se convertisse au Seigneur. Il ne convient évidemment pas de baptiser
un tel homme par immersion comme on le commande et le voit dans le
Nouveau Testament. Ne serait-il pas permis ici, et avec raison, d’avoir
recours à un autre mode de baptême (l’aspersion?) plus approprié? Bien
sûr! Bien que ce baptême ne serait plus conforme au modèle des Écritures
134
UNE ÉGLISE PLEINEMENT BIBLIQUE
dans les apparences, il en respecterait l’esprit. Mais voici ce qu’on doit
en retenir : tout ce que je viens de dire ne peut s’appliquer au baptême
d’une personne qui possède la pleine jouissance de son corps; on la
baptiserait de façon normale afin de respecter la volonté du Seigneur. Et
personne ne pourrait préconiser le baptême pour quelqu’un qui ne croit
pas en Jésus par la foi, parce que cela porterait atteinte à la nature
même du baptême, bien que son mode puisse être en accord avec les
Écritures.
C’est ce que je veux dire lorsque j’affirme qu’il ne faut pas laisser
des dérogations permises par la Bible en raison de circonstances
atténuantes devenir la norme. Si l’église dont je fais partie avait eu accès
à une maison dont la taille est semblable à celles qui se trouvent, par
exemple, en Amérique, nous n’aurions jamais songé à utiliser une salle
pour une partie de notre réunion. (Les voisins n’auraient évidemment
jamais entendu les chants dans une maison détachée située sur un grand
terrain, alors il n’aurait pas été nécessaire de les calmer.) Retournons un
instant à nos frères et sœurs hypothétiques du Pôle Nord : si finalement
ils ont un igloo assez grand pour accueillir beaucoup de gens, pourquoi
auraient-ils besoin de louer un endroit public plus grand pour leurs réunions
d’église?
Bien sûr, la vérité est que d’essayer de ne pas tenir compte de ces
facteurs qui font qu’une église est biblique est habituellement une tenta-
tive de faire passer en douce d’autres façons de faire les trois choses
que j’ai dites :
•des louanges et des partages participatifs où personne ne
dirige à l’avant;
•le Repas du Seigneur célébré comme un repas complet; et
•une direction sans hiérarchie d’hommes tirés du groupe.
Qu’il soit clair que ce qui a été dit au sujet des réunions maison et
des trois choses mentionnées ci-dessus représente les critères de base
non négociables pour qu’une église puisse être considérée biblique. Mais
qu’il soit clair aussi que je ne veux pas dire que tout doit être mis en place
en criant ciseaux. Il y a souvent, et même fréquemment, le besoin de
s’instruire, de se fortifier et de croître spirituellement tout d’abord. Il
reste que ces choses doivent demeurer ce vers quoi l’église tend même
si elle n’y est pas parvenue encore. C’est en quelque sorte une destina-
tion. Bien sûr, le Repas du Seigneur en tant que repas complet se doit
d’être mis en place dès le début puisqu’il n’y a pas de raison pour que ce
ne soit pas le cas. Pour ce qui est du conseil des anciens par exemple,
cela peut effectivement être mis en place beaucoup plus tard. Et comme
c’est souvent le cas, quelqu’un peut faire le premier pas dans les réunions
135
UNE ÉGLISE PLEINEMENT BIBLIQUE
de groupe hebdomadaires jusqu’à ce que les autres apprennent eux aussi
à y prendre part. Il faut bien comprendre toutefois qu’on doit mettre au
clair ce vers quoi l’église se dirige en ce qui a trait à ses fonctions et le
déroulement des choses.
Un point important est que tout ce qui touche ces choses de près
ou de loin a une incidence sur la nature même de l’église. Changez
certains aspects et l’église fonctionnera non seulement d’une manière
différente de ce que le Nouveau Testament nous révèle, mais d’une
manière qui lui est tout à faire étrangère. En fait, c’est pratiquement
l’opposé! Pour revenir à l’exemple du baptême, on peut dire que cela
équivaut à baptiser un non-croyant. On change ainsi la nature même de
la chose, ce qui correspond à invalider et faire abstraction de la volonté
du Seigneur à ce sujet. En fait, c’est presque de s’en défaire! On arrive
donc à ceci : pourquoi quelqu’un qui comprend ces trois aspects du plan
voudrait-il remettre en question les deux premiers (se réunir les dimanches
dans les maisons), à moins qu’il y ait des circonstances atténuantes qui
l’y contraignent très fortement? On ne pourrait l’exprimer mieux que l’a
fait mon bon ami Steve Atkerson « La vraie question n’est pas : “Pourquoi
devrions-nous faire les choses telles que les apôtres les ont faites? ” Elle
est plutôt : “Pourquoi voudrions-nous faire les choses autrement?” »
Je pense que ça dit tout!

— Beresford Job

QUESTIONS À DISCUTER
1. À votre avis, quels sont les critères indispensables pour qu’une église
soit biblique?
2. À quel point le plan apostolique peut-il être changé tout en laissant
l’église fondamentalement biblique dans sa nature et ses fonctions?
3. Pourquoi ce que l’église fait est-il plus important qu’où et quand elle le
fait?
4. Quelles sont les circonstances atténuantes qui justifient de déroger du
modèle biblique?
5. Pourquoi l’auteur a-t-il pris comme exemples les Eskimos et la
personne quadriplégique?
6. Une église n’est pas simplement biblique parce qu’elle se réunit dans
une maison. Qu’est-ce que l’auteur entendait par église biblique?

136
UNE ÉGLISE PLEINEMENT BIBLIQUE

PARTIE II
LES MINISTERES DE L’ÉGLISE

137
UNE ÉGLISE PLEINEMENT BIBLIQUE

138
LES MINISTÈRES DE LA PRÉDICATION ET DE L’ENSEIGNEMENT
9
LES MINISTÈRES DE LA PRÉDICATION ET DE L’ENSEIGNEMENT

PREMIÈRE PARTIE
Quel était le rôle de la prédication et de l’enseignement au temps
de l’église du premier siècle? Le peuple de Dieu a besoin d’un
enseignement approfondi de la Parole de Dieu. Actes 2:42 révèle que les
premiers chrétiens persévéraient dans l’enseignement des apôtres.
L’enseignement est aussi l’un des dons de l’Esprit mentionnés dans
1 Corinthiens 12. Paul a recommandé que si un homme possède le don
d’enseigner, qu’il « s’applique à l’enseignement » (Rm 12:7). Les anciens
qui travaillent à l’enseignement et à prédication doivent être soutenus
financièrement par l’église (1 Tm 5:17).
1 Corinthiens 14 présente un modèle à suivre détaillé de réunion
d’église ordinaire. Un point important à retenir de 1 Corinthiens 14 est
qu’une seule personne ne doit pas dominer la réunion, peu importe son
don spirituel. Chaque frère doit avoir la possibilité de participer à la réunion.
Il est clair que l’enseignement fait parties des activités de la réunion,
mais dans le texte, il est mentionné comme une simple activité parmi
d’autres (14:26). De toute évidence, les premières réunions d’église
n’étaient pas essentiellement axées sur l’étude biblique. Dans ce contexte,
si un enseignant doté de ce don l’exerçait chaque semaine de manière
approfondie, cela empêchait nécessairement l’exercice des autres dons.
Une part égale doit être accordée à une variété de contributions : les
chants, les témoignages, la prière, la prophétie, les langues, les
enseignements, etc. Ainsi, un enseignement se doit d’être plutôt court
que long, afin de permettre aux autres dons d’être exercés librement. Si
la réunion décrite dans 1 Corinthiens 14 ne laisse pas place aux personnes
ayant des dons surnaturels d’enseignement de présenter des
enseignements très complets, quand en est-il temps?
La réponse est simple. De longs et intenses enseignements doivent
se faire lors de réunions spécialement dédiées à un ministère et non lors
de la réunion ordinaire du Jour du Seigneur. Les réunions hebdomadaires
de l’église locale doivent être axées sur le Repas du Seigneur et suivi
d’un temps de partage participatif et ordonné (1 Co 11:17-22; 14:23).
Ceci dans le but que tout serve à l’édification (1 Co 14:26). De telles
réunions doivent être plutôt petites (des dizaines de personnes) plutôt
que grandes (des centaines ou des milliers de personnes) et ne pas être
sous la domination d’une seule personne.
139
LES MINISTÈRES DE LA PRÉDICATION ET DE L’ENSEIGNEMENT
Par opposition aux réunions de l’église, les réunions de ministère
sont généralement axées sur les dons d’une seule ou de quelques
personnes et peuvent être de grands rassemblements selon l’espace
disponible. Si cinq milles croyants veulent s’assembler pour entendre
quelqu’un expliquer les Écritures, c’est fantastique! Cependant, il faut
s’assurer que personne ne pense qu’un tel rassemblement est une réunion
d’église. C’est simplement une réunion de ministère
Par exemple, Paul a enseigné tous les jours pendant deux ans à
l’école de Tyrannus, de telle sorte que tous ceux qui demeuraient en
Asie entendirent la parole du Seigneur (Ac 19:9-10). Quand il était à
Rome, Paul a demeuré deux ans dans un logement privé en prêchant le
royaume de Dieu et enseignant les choses qui regardent le Seigneur
Jésus-Christ, avec toute liberté et sans aucune empêchement (Ac 28:30-
31). Ces réunions de ministère ne remplaçaient pas la réunion régulière
de l’église locale mais elles s’ajoutaient à elles. Un autre exemple d’une
grande réunion de ministère est le ministère de guérison public des apôtres
au portique de Salomon (Ac 5:12-16,42). De grandes foules
s’assemblaient pour entendre l’Évangile et ils amenaient leurs malades
afin qu’ils soient guéris. Néanmoins, ces services de prédications et de
guérisons quotidiens n’ont pas supplanté les plus petites réunions d’église
maison régulières.
Il y a plusieurs exemples modernes de réunions de ministère. Bill
Gothard a voyagé pour présenter son école, l’Institute in Basic Youth
Conflicts, dans toutes les grandes villes d’Amérique. Des milliers de
personnes se sont déplacées pour l’entendre, remplissant à pleine capacité
les centres communautaires de chaque localité. Des chrétiens de diverses
confessions chrétiennes s’y rendaient. Cependant ce n’était pas l’église;
c’était un temps d’enseignement qui avait pour but d’outiller l’église en
général. Comme autre exemple, prenons Billy Graham qui arrivait dans
une ville, louait un stade et y tenait une croisade d’évangélisation. Des
croyants de diverses églises participaient à sa croisade. Toutefois, la
croisade n’était pas une réunion d’église; c’était de l’évangélisation. Ceux
qui crurent en Christ lors d’une croisade ont été redirigés vers les églises
locales. Le ministère musical de Bill et Gloria Gather peut être un
troisième exemple. Le peuple de Dieu est venu en masse à leurs concerts
afin de louer le Seigneur de tout leur cœur. Le peuple de Dieu retournait
ensuite dans ses églises locales encouragés et remplis de louange. Les
images d’adoration décrites dans Apocalypse 19:1-10 me viennent à
l’esprit. Il est bon d’être béni par de tels rassemblements.
Toutes les réunions de ministère devraient servir à fortifier l’église
locale et non la supplanter. Les vraies églises ont le droit d’exercer la
140
LES MINISTÈRES DE LA PRÉDICATION ET DE L’ENSEIGNEMENT
discipline de l’église, d’avoir leurs propres anciens et de célébrer le Repas
du Seigneur. Rien de cela n’est vrai concernant les réunions de ministère
bibliques. L’une des grandes erreurs du christianisme moderne est de
confondre les grandes réunions de ministère avec les vraies réunions de
l’église. En effet, ce qui est réellement l’église a été entièrement remplacé
par des réunions de ministère. Après avoir visité l’église occidentale, le
chrétien chinois Watchman Nee a observé que la plupart des chrétiens
occidentaux n’ont jamais réellement assisté à une réunion d’église — ils
ont seulement expérimenté les réunions de ministère!
La façon occidentale de tenir un service d’église ressemble
beaucoup à une réunion de ministère du Nouveau Testament. Elle est
dominée par une personne dotée d’un don et un grand nombre de
personnes y participent afin de bénéficier de ce don. Ces réunions de
ministère peuvent s’articuler autour de l’enseignement biblique,
l’évangélisation, la louange, la guérison, l’encouragement, etc. De telles
réunions sont très utiles et ont leur place. Toutefois, ces réunions sont au
bout du compte secondaires et optionnelles. Le principal et l’indispensable,
ce sont les réunions d’église. Les réunions d’église locales doivent être
petites et participatives. Elles ne doivent pas être axées sur le don d’une
seule personne. Le Repas du Seigneur doit y tenir une place centrale.

— Steve Atkerson

DEUXIÈME PARTIE
Dans le Nouveau Testament, il y a des réunions d’église où on
s’assemble le dimanche dans les maisons avec deux objectifs.
Premièrement, ils avaient un temps de partage et de louange complètement
libre, participatif et spontané qui n’était d’aucune façon dirigé par une
personne à l’avant. Deuxièmement, ils célébraient le Repas du Seigneur
comme le repas principal de la journée. Compte tenu d’un tel modèle
(c’est bel et bien la façon dont les apôtres ont établi toutes les églises),
certaines autres pratiques seraient inadmissibles.
Par exemple, un tel contexte ne nécessite pas du tout de bâtiment
sacré. Par conséquent, il n’est pas surprenant de découvrir que les
réunions d’église du Nouveau Testament se tenaient exclusivement dans
les maisons. Une autre chose qui ne se trouve pas dans le Nouveau
Testament, c’est un service du dimanche dirigé de l’avant, où l’assistance
s’assoit en rangée comme un auditoire et ne participe qu’aux chants et,
dans certains cas, à un bref temps libre de prière. Vous n’y trouverez
pas non plus quelque chose qui ressemble un tant soit peu à un sermon.
Une telle pratique irait complètement à l’encontre de l’essence du
141
LES MINISTÈRES DE LA PRÉDICATION ET DE L’ENSEIGNEMENT
rassemblement de l’église le dimanche comme on le voyait à l’origine.
De la façon dont les églises ont été établies par les apôtres, lorsqu’elles
s’assemblaient le Jour du Seigneur, la règle était strictement « chacun a-
t-il […] car vous pouvez tous prophétiser l’un après l’autre » (1 Co 14:26,
31). Ils ont établis les églises de sorte à encourager vivement tous ceux
qui sont assemblés à participer et ainsi créer une dynamique où le Seigneur
pourrait librement agir par Son Esprit par chaque partie de Son corps.
L’idée que le rassemblement de l’église au Jour du Seigneur s’articule
autour d’un seul individu va à l’encontre des Écritures et les contredit
absolument.
Cependant, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas lieu d’avoir, parmi
le peuple de Dieu, des réunions axées sur l’enseignement d’une personne
en particulier. En effet, le Seigneur pourvoit des gens dans les églises qui
sont dotés de ce don et le Nouveau Testament précise que l’enseignement
est un appel et un don du Saint-Esprit. Dans l’église dont je fais partie,
nous nous réunissons les mardis soirs pour une étude biblique et nous
nous appliquons à approfondir notre compréhension de la Parole de Dieu.
Mais dans le Nouveau Testament, les rassemblements de l’église le
dimanche n’étaient pas un temps où les dons étaient exercés de cette
façon. L’on favorisait surtout la participation mutuelle; plusieurs personnes
partageaient quelque chose, même de courts enseignements, sans que
personne ne prédomine ou ne dirige de quelque manière.
Cela nous aide à ne plus mettre les responsables sur un piédestal et
à contrer notre tendance à se rassembler autour de ceux qui ont la capacité
d’enseigner et de prendre parole publiquement, ce qui a pour conséquence
de faire d’eux des surhommes. Cela nous préserve de la division néfaste
entre le clergé et les laïcs et du système non biblique où la majorité est
dirigée par une minorité, ce qui crée une hiérarchie. Une église ne devrait
jamais avoir de hiérarchie. La seule hiérarchie applicable à l’église dans
le Nouveau Testament est simplement Jésus et tous les autres. Même
les anciens — car c’est cela que l’église biblique a ou ce vers quoi elle
tend : une pluralité d’anciens masculins égaux qui sont tirés du groupe
qu’ils servent — se trouve strictement dans la catégorie tous les autres.
De plus, cette approche biblique de faire les choses crée une
dynamique où les gens se sentent libres de poser des questions peu
importe ce qui est enseigné afin d’examiner la matière et de la comprendre
plus amplement. Ceux qui enseignent réalisent ainsi que leur tâche est
de faire en sorte que les gens soient persuadés que ce qu’ils disent est
biblique. Ainsi, on s’attend moins à ce que les gens gobent un
enseignement simplement parce que c’est ce que leurs responsables
leur enseignent. Cela crée une dynamique où les gens sont plus enclins à
142
LES MINISTÈRES DE LA PRÉDICATION ET DE L’ENSEIGNEMENT
chercher à comprendre et à réfléchir au lieu de simplement accepter ce
qui leur est enseigné comme un fait avec lequel ils n’ont d’autre choix
que d’être d’accord. Bref, cela engendre ce que plusieurs responsables
de plusieurs églises craignent, des gens qui ouvrent leur Bible et qui sont
capables de penser pour eux-mêmes, qui n’acceptent pas simplement ce
qu’on leur dit à cause de l’autorité du responsable, mais qui questionnent
l’enseignement et l’éprouve jusqu’à ce qu’ils soient persuadés qu’il est
biblique ou non. Cela permet d’entendre les différents points de vue et la
sagesse de toute l’église et suscite une ambiance d’humilité où chacun
cherche de bon cœur à apprendre de l’autre. Cela nous rappelle un fait
important et vital : le Seigneur habite tout Son peuple et peut donc parler
par le moyen de n’importe qui dans l’église, et non seulement par le
moyen d’une élite choisie et douée pour s’exprimer.
Je dois maintenant aborder ce que certains perçoivent comme une
objection biblique : la prédication de Paul. Regardons plus attentivement
ce dimanche particulier que l’apôtre Paul a passé avec l’église de Troas:
« Et le premier jour de la semaine, les disciples étant assemblés pour
rompre le pain, Paul discourait avec eux, devant partir le lendemain, et il
prolongea son discours jusqu’à minuit. » (Ac 20:7).
Ici, les croyants de Troas se rassemblent pour leur assemblée
principale de la semaine et on peut y observer certaines choses. (En
passant, aucun spécialiste de la Bible ne serait en désaccord avec les
observations que je fais ici. Ce sont simplement des faits tirés du texte.)
•L’église s’assemble le premier jour de la semaine, le dimanche.
•Ils s’assemblaient ensemble dans une maison.
•Le texte grec nous indique que le but principal de leur
assemblée est de rompre le pain.
•L’expression rompre le pain signifie manger un repas complet,
qui est ici le Repas du Seigneur.
Ce que je veux souligner ici, c’est que Paul parlait aux gens et il a
continué à le faire jusqu’à minuit. Cela peut sembler comme si Paul est
le seul à prendre parole et que les autres ne font qu’écouter. Si c’est le
cas, il ne s’agit pas ici d’une réunion libre, non dirigée et participative
comme on pourrait s’y attendre si on suppose que ce que j’ai dit jusqu’ici
n’est pas complètement faux. Mais ce n’est pas tout, car certaines
traductions de la Bible le formulent ainsi, « Paul discourait avec eux,
[…], et il prolongea son discours jusqu’à minuit. »
Cela ne vous apparaît-il pas comme un sermon du dimanche ou,
mieux encore, le plus grand sermon du dimanche jamais prononcé depuis
des temps immémoriaux? S’il faut en croire ce verset, Paul n’a pas
seulement prêché à cette église, mais il a continué à le faire jusqu’à
143
LES MINISTÈRES DE LA PRÉDICATION ET DE L’ENSEIGNEMENT
minuit. Que puis-je donc dire par rapport à cela considérant le but de cet
article? Bien, c’est en réalité très simple. Dans l’original, le mot grec ne
dit pas exactement ce que la traduction rapporte. Luc n’emploie pas du
tout l’un des mots qui peuvent être traduits par prêcher. Il décrit plutôt ce
que Paul a fait jusqu’à minuit à l’aide du mot dialogemai. Et dialogemai,
comme n’importe quel spécialiste du grec vous le dirait, signifie converser,
discuter, raisonner ou argumenter avec. Cela dénote un échange verbal
entre deux partis différents et c’est en fait l’origine du mot dialogue.
La prédication est un monologue et dans certains contextes de la
vie d’église cela peut être très bien. Par exemple, les études bibliques en
semaine peuvent très bien être dirigées quelques fois par une personne
qui fait un monologue suivi de questions. Mais dans le Nouveau Testament,
lorsque le peuple du Seigneur s’assemble le dimanche en tant qu’église,
ce n’est strictement que du dialogue qui doit prendre place et c’est
précisément ce que Paul fait ici. En effet, il donne véritablement un
enseignement à l’église, qui se poursuit tard dans la nuit parce qu’ils
veulent apprendre tout ce qu’ils peuvent de lui, mais c’est sous la forme
d’une discussion et non d’un monologue, quel qu’il soit. C’était participatif
et interactif, à l’image du modèle qu’ont établi les apôtres lorsqu’ils ont
organisé les réunions du dimanche. Bref, Paul conversait simplement
avec eux. C’était un dialogue où lui et l’église assemblée raisonnaient
ensemble. C’était une communication dans les deux sens. C’était des
questions et des réponses, des arguments et des contre-arguments, des
objections et des explications! Paul ne se tient pas là debout sur une
plateforme, pendant que les tous les autres sont assis silencieusement et
l’écoutent leur parler. Non, il est plutôt assis sur le sofa dans le salon et
discutent avec eux.
Comme je l’ai déjà dit, il y a bien sûr un temps pour quelque chose
qui relève plus de l’enseignement formel, mais il est clair que quiconque
enseigne doit être totalement ouvert aux questions qui touchent son sujet.
Ce ne doit pas être nécessairement fait pendant l’enseignement, mais
lorsque l’enseignant a terminé, les questions et les retours en arrière sont
appropriés. Qu’il soit clair cependant que quiconque fait cet enseignement,
et c’est encore mieux si plusieurs frères se partagent cette tâche, est
seulement un frère parmi les autres, et qu’il n’est pas spécial ou plus
spirituel parce qu’il a un don pour cela. (À l’étude biblique du mardi de
l’église dont je fais partie, nous avons aussi beaucoup de discussions et
de séances d’enseignement de type interactif. Le type « conférence »
est seulement l’une des approches possibles.)
Laissez-moi terminer en insistant sur le fait que je ne veux pas du
tout réduire l’importance de l’enseignement de la Bible dans la vie des
144
LES MINISTÈRES DE LA PRÉDICATION ET DE L’ENSEIGNEMENT
églises chrétiennes. Loin de là! En effet, aucun d’entre nous n’aborderait
ces choses si ce n’était du fait que nous sommes nous-mêmes ancrés
dans un bon enseignement de la Bible, que c’est ce que nous voulons et
que nous voulons transmettre. Non, nous affirmons seulement que nous
devons commencer à faire les choses de façon biblique. En cela comme
en toutes autres choses, nous devons nous réajuster d’après ce que la
Parole de Dieu enseigne plutôt que de conserver des traditions qui datent
mais qui n’ont rien de biblique.
Il n’y a pas de doute, les églises ont constamment besoin
d’enseignement. Mais elles ont aussi besoin d’autres choses! De pratiquer
certaines choses bibliques aux dépens de d’autres également bibliques
est, croyez-moi, une grande erreur. Les apôtres s’attendaient à ce que
lorsque les croyants se réunissaient dans leurs églises respectives le
Jour du Seigneur, ils feraient ainsi, « Lorsque vous vous assemblez,
chacun a-t-il » (1 Co 14:26). Il devrait donc en être de cette façon! Rien
de moins, rien de plus!
Vous comprenez? Très bien! C’est assez simple, n’est-ce pas?
Après tout, quelles idées et quelle façon de faire sont les meilleures?
Celles de Jésus et des apôtres? Ou bien celles de quelqu’un d’autre?

— Beresford Job

TROISIÈME PARTIE
Bien que l’on parle beaucoup de groupes de maison, il est aussi
important de prendre conscience de ce que les Écritures décrivent comme
une attitude et une congrégation beaucoup plus grande : être membre de
l’église universelle. Il est malsain pour des croyants d’exister
exclusivement dans le cadre d’une seule église-maison isolée. Chaque
église-maison est, à proprement parler, une partie d’une église plus grande,
celle de la ville, peu importe dans quelle ville elle est située. Bien qu’ils
puissent ne jamais se rencontrer ensemble dans un même endroit et bien
qu’il ne soit pas nécessaire qu’une autorité ecclésiastique extérieure en
ait la charge, toutes les congrégations d’une même région constituent le
corps de Christ. Nous devons entretenir une attitude d’unité, d’acceptation,
d’amour, d’intérêt et de coopération avec tous les autres croyants de
notre ville.
Qu’est-ce que l’église universelle a à voir avec la prédication et
l’enseignement? Simplement ceci : concernant l’enseignement et
l’interprétation de la Bible, nous ne devons pas négliger le reste de l’église
dans son ensemble. La Bible est notre autorité finale, mais elle n’est pas
notre seule autorité. Le Saint-Esprit a activement guidé et œuvré parmi
145
LES MINISTÈRES DE LA PRÉDICATION ET DE L’ENSEIGNEMENT
le peuple de Dieu depuis 2 000 ans. Quand l’église historique a étudié
une question et est parvenue à un consensus à ce sujet, cela fait aussi
autorité pour nous. Avons-nous réellement le droit de remettre en question
la théologie établie par l’église au fil du temps? Comme un historien de
l’église l’a dit « On dit que les Actes des apôtres peuvent être mieux
décrites comme les “Actes du Saint-Esprit”. Mais c’est l’histoire entière
de l’église qui devrait être intitulée de cette façon et considérée de cette
façon. N’importe quel mouvement chrétien qui néglige cette histoire perd
ce lien de solidarité avec l’église de Christ de tous les âges. Le slogan
“Retour au Nouveau Testament” est représentatif en partie seulement
de la vérité. “De l’avant avec l’Esprit” est l’autre partie de cette vérité;
ensemble, ils forment l’autorité des Réformateurs — qui en était toujours
une de “Parole et Esprit”. C’est le même Esprit qui a inspiré la Bible qui
habite l’église, formant les traditions et rappelant à chaque époque
l’autorité de la Parole donnée une fois pour toute. »1
Qui a l’autorité de décider de l’interprétation correcte de la Bible?
Une seule église (Rome par exemple), un seul croyant ou bien l’église
universelle dans son ensemble? À un extrême, les catholiques romains
affirment qu’en tant qu’individu vous n’êtes pas supposé interpréter votre
Bible mais plutôt accepter l’interprétation que Rome en fait. Cependant,
à l’extrême opposé, plusieurs évangéliques ont remplacé Rome avec un
nouveau Pape, c’est-à-dire chaque croyant individuel. «Moi et ma Bible.»
Est-ce si différent?
Les auteurs de ce livre défendent l’orthodoxie chrétienne et
historique (le vin), mais sous la forme d’église (l’outre) que les apôtres
nous ont léguée dans le Nouveau Testament. Nous croyons que les
enseignements d’origine des apôtres ont été préservés par les doctrines
essentielles de la foi chrétienne historique. Jésus a dit qu’il était bon pour
nous qu’Il parte afin d’envoyer le Saint-Esprit qui vit en nous et qui nous
guide. Nous croyons que l’Esprit a la capacité d’enseigner et de diriger
le peuple de Dieu et nous en concluons que l’église historique a bel et
bien préservé l’essentiel de la théologie, car elle a été enseignée par
l’Esprit. Lorsque certaines doctrines de base reçoivent aujourd’hui
l’approbation de chrétiens de différents milieux, ainsi que l’approbation
de pratiquement tous ceux qui nous ont précédés dans la foi, cela devrait
retenir notre attention. Cela fait foi d’autorité. Certaines de ces bases
sont : les soixante-et-six livres de la Bible contiennent dans son entièreté
finale la révélation de Dieu écrite pour nous, la doctrine de la Trinité, la
divinité de Christ, la nature propitiatoire de l’œuvre de Christ à la croix,
la justification par la grâce par le moyen de la foi pour les bonnes œuvres,
le retour futur de Christ sur terre sous la forme d’un homme, la résurrection
146
LES MINISTÈRES DE LA PRÉDICATION ET DE L’ENSEIGNEMENT
future de la chair et des morts et le jugement à venir.
La doctrine protestante d’origine sola scriptura affirme entre autres
que bien que la Bible soit notre autorité finale, elle n’est pas la seule
autorité. L’église dans son tout est aussi une autorité (bien que secondaire).
Comme Paul l’a écrit à Timothée, l’église est « la colonne et la base de
la vérité » (1 Tm 3:15). Lorsque l’église entière parvient aux mêmes
conclusions concernant la théologie, cela fait autorité. Des enseignements
contraires à la doctrine universellement approuvée par l’église dans son
ensemble ne doivent pas être retenus.
L’église historique nous a légué plusieurs crédos et confessions.
Le mot crédo est de racine latine et signifie simplement « Je crois. »
Saviez-vous qu’il y a un crédo fait par l’église et postérieur au Nouveau
Testament imprimé dans votre Bible? Il s’appelle la «Table des matières».
Ce n’est que longtemps après l’ère apostolique que les livres de la Bible
ont été rassemblés et approuvés. Comment pouvons-nous avoir confiance
que l’église historique nous donne la bonne compilation de livres qui doit
être dans nos Bibles mais cependant ne pas avoir confiance qu’elle nous
donne aussi la bonne théologie sur ce que cette même Bible enseigne?
La plupart des gens qui ont une réticence à accepter les crédos de base
de l’église sont ceux qui adhèrent à une théologie aberrante qui rejettent
un ou plusieurs des éléments essentiels susmentionnés.
Puisqu’ils ne sont pas inspirés, on doit reconnaître que les crédos et
confessions des différentes églises sont sujets à l’erreur. C’est évident
du fait qu’ils diffèrent les uns des autres en certains points. Cependant,
nous devrions être attentifs lorsque les crédos et les confessions
s’accordent sans contraintes sur divers sujets. Il serait naïf, et même
arrogant, de penser qu’une nouvelle vérité a été découverte et que 99 %
des gens qui ont étudié la Bible ne l’ont pas vue. Nous devons garder
une humilité historique ainsi qu’un esprit de soumission mutuelle envers
l’église en général et l’église du passé. Que les pasteurs, enseignants,
laïcs, historiens, catéchistes et théologiens parviennent tous à la même
conclusion à l’égard d’un concept de base de théologie est très révélateur.
Bien que la forme de l’église est au-delà de la portée des crédos, il est
important de souligner que des spécialistes de chaque dénomination
s’entendent généralement au sujet des pratiques de l’Église du premier
siècle, comme les églises-maison, les réunions interactives, le Repas du
Seigneur comme un repas de communion, une direction sans hiérarchie,
le soutien d’anciens compétents, les évangélistes itinérants et des
implanteurs d’église.
Si vous rejetez les interprétations de l’église dans son ensemble, il
ne vous reste que le subjectivisme individualiste. Keith Mathison, dans
147
LES MINISTÈRES DE LA PRÉDICATION ET DE L’ENSEIGNEMENT
The Shape of Sola Scriptura (La forme de Sola Scriptura) a
correctement fait remarquer que le mouvement évangélique américain
moderne a redéfini sola scriptura comme étant du rationalisme illuminé
ou de l’individualisme démocratique à l’état pur. Cette réinterprétation
moderne rend autonome la raison et le jugement de chaque croyant
individuel. Ça donne comme résultat le relativisme, le subjectivisme et le
chaos théologique que l’on voit dans le mouvement évangélique moderne
d’aujourd’hui. Mathison fait aussi remarquer que chacun de nous aborde
les Écritures avec différents présupposés, des taches aveugles, des faits
importants ignorés et, plus important encore, une nature pécheresse.
Puisque nous ne sommes pas en terrain neutre, chacun de nous lit les
Écritures en y voyant des choses qui n’y sont pas et en manquant des
choses qui y sont. La raison et la conscience deviennent alors les
interprètes finaux. La vérité objective et universelle des Écritures devient
pratiquement sans conséquence, car plutôt que l’Église annonce d’une
même voix ce que la Bible enseigne, chaque individu interprète les
Écritures comme il lui est bon à ses yeux. Le monde païen entend ainsi
une cacophonie de voix contradictoires plutôt que la Parole du Dieu
vivant. En bout de ligne, chaque individu a la responsabilité d’établir son
propre crédo.2
Des doctrines passagères (théories ou pensées théologiques)
continueront à proliférer comme la mauvaise herbe dans un jardin. Il y
aura toujours des vents de doctrines diaboliques qui balloteront de tous
côtés les plus faibles. Ces problèmes doivent être remis en perspective.
Qu’aimeriez-vous mieux jeter par la fenêtre? Un roman théologique
récent issu des convictions d’un petit groupe de gens ou bien les
convictions théologiques de l’église universelle chrétienne de tous les
temps? Un choix doit être fait entre la foi vécue et éprouvée de l’ensemble
du peuple de Dieu, en tant que corps, ou le jugement personnel de quelques
contradicteurs. Les fausses doctrines pourraient être définies de manière
très large comme étant tout ce qui ne concorde pas avec la foi historique
orthodoxe qui a été préservée par un consensus générale de l’Église
chrétienne pendant les deux derniers millénaires.
L’église dans son ensemble s’est clairement prononcée sur
l’interprétation correcte des doctrines fondamentales de la foi chrétienne.
De les rejeter est de rejeter les enseignements de la Bible. Ceux qui
n’adhèrent pas à une orthodoxie solide n’ont pas la permission
d’enseigneur leur fausse doctrine (1 Tm 1:3) et ne doivent pas être
reconnus comme apôtres, anciens, enseignants ou diacres (1 Tm 3:9,
Tite 1:9). Les églises individuelles ne sont pas comme des barques sur un
lac tranquille. Nous allons plutôt vivre des tempêtes en haute mer. Les
148
LES MINISTÈRES DE LA PRÉDICATION ET DE L’ENSEIGNEMENT
difficultés viendront. De faux enseignements vont nous secouer. On ne
se demande pas si cela arrivera, mais quand ça arrivera. Lorsqu’ils
s’opposent à de la théologie hérétique, les anciens et les enseignants
doivent dire, comme les capitaines de vaisseaux de guerre « Repoussez
les attaquants! ». Nous devons reprendre avec douceur les adversaires,
« attendant que Dieu leur donne la repentance, et leur fasse connaître la
vérité, et qu’ils sortent de l’ivresse des pièges du diable, qui les tient
captifs et soumis à sa volonté. » (2 Tm 2:25-26).
— Steve Atkerson

NOTES
1 Tom Dowley, ed. Eerdman’s Handbook to the History of The
Christianity (Grand Rapids, MI: Wm. B. Eerdman’s Publishing Co.,
1977), 16.
2 Keith Mathison, The Shape of Sola Scriptura (Moscow, ID: Canon
Press, 2001).

QUESTIONS À DISCUTER
1. Quels ont été les rôles respectifs de la prédication et de l’enseignement
dans l’église du premier siècle?
2. Si les réunions selon 1 Corinthiens 14 ne sont pas le moment propice
pour les enseignants dotés d’un don surnaturel de donner des
enseignements approfondis, quand en est-il le temps? Expliquez.
3. Quelle est la différence entre une réunion d’église et une réunion de
ministère?
4. Pourquoi est-ce si important d’avoir la possibilité de poser une ques-
tion au sujet de l’enseignement? Quand n’est-il pas approprié de poser
une question lors d’un enseignement?
5. Selon la Bible, quelle est la différence entre la prédication et
l’enseignement?
6. De quelle façon le consensus intervient-il pour décider de l’interprétation
correcte de la Bible?
7. Un historien a écrit que « Retour au Nouveau Testament! » est
représentatif en partie seulement de la vérité. « De l’avant avec
l’Esprit » est l’autre partie de cette vérité. Que voulait-il dire par
cela?
8. Qui a l’autorité de décider de l’interprétation correcte de la Bible?
Une seule église (Rome par exemple), un seul croyant (que ce soit
vous ou le Pape) ou bien l’église universelle dans son ensemble?
Expliquez.

149
LES MINISTÈRES DE LA PRÉDICATION ET DE L’ENSEIGNEMENT
9. Quel est le rôle des premières confessions dans notre système de
croyances?
10. Qu’aimeriez-vous mieux jeter par la fenêtre? Un roman théologique
récent issu des convictions d’un petit groupe de gens ou bien les con-
victions théologiques de l’église universelle chrétienne de tous les
temps? Pourquoi?
11. Que pouvons-nous faire pour nous assurer que notre église préserve
l’orthodoxie chrétienne historique?
12. Si vous êtes dans une église-maison qui n’a pas d’enseignants
compétents, que pouvez-vous faire afin de transmettre à votre famille
un enseignement de qualité?

150
LE MINISTÈRE DES ANCIENS
10
LE MINISTÈRE DES ANCIENS

Nous avons affirmé plus tôt dans ce livre que l’idéal est un
gouvernement par consensus de l’église entière et que les églises devraient
être conduites et non dominées par les anciens. Si c’est le cas, avons-
nous réellement besoin des anciens dans l’église? Quelle est leur fonction?

LES AVANTAGES À AVOIR DES ANCIENS


Ce serait une grande erreur de conclure que les anciens ne sont
pas nécessaires à la vie d’église. Paul a fait la mise en garde qu’« il
s’introduira parmi vous des loups ravissants, qui n’épargneront point le
troupeau » (Ac 20:29). Certains loups provoquent des schismes, d’autres
apportent de fausses doctrines et d’autres pratiquent l’immoralité. Trop
souvent, les églises-maison qui n’ont pas d’anciens compétents se
retrouvent dans une sorte d’impasse spirituelle. Personne ne prend la
responsabilité de diriger. Personne n’indique la direction à prendre. Les
choses suivent leur cours. La discipline est minimale. Bien souvent, cela
devient comme des aveugles guidant des aveugles. L’ignorance com-
mune devient la norme pour « l’enseignement ». Des péchés évidents
sont ignorés. Des problèmes sociaux ne sont pas résolus. L’église peut
ainsi devenir vulnérable aux loups déguisés en brebis.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, à la bataille de Midway, un
escadron torpilleur aérien américain (VT-8), du porte-avion Hornet, a
attaqué la flotte d’invasion japonaise. Malheureusement, l’escadron a
reçu l’ordre d’attaquer sans escorte de chasseurs. Tout comme la charge
de la brigade légère, cela s’est avéré suicidaire. Un seul pilote a survécu.
Les anciens doivent être à l’église ce que les avions de chasse américains
auraient été aux bombardiers : une protection. L’un des ministères
importants des anciens est la défense contre les loups sauvages. Par
exemple, les anciens sont les hommes qui peuvent « convaincre » ceux
qui s’opposent à la saine doctrine (Tt 1:9).
La réalité, c’est que les églises-maison ne sont pas encore populaires
dans le christianisme occidental. Elles sont donc plus à risque d’attirer
tous les hérétiques, les rebelles ou les inadaptés ambulants des environs.
Sans anciens à l’affût afin d’intercepter et de s’occuper de telles
personnes, une église-maison est particulièrement vulnérable à l’abus,
aux conflits, à la frustration et même aux divisions.

151
LE MINISTÈRE DES ANCIENS
En plus de repousser les loups, les anciens servent le corps de bien
d’autres façons. À bien des égards, une église sans anciens ressemble
beaucoup à une famille sans père. Des anciens compétents dirigent,
enseignent, font la discipline, aident l‘église à atteindre le consensus,
favorisent la croissance des saints, forment les futurs responsables, guident
par l’exemple et préservent la vérité (Ac 20:25-31, Ep 4:11-13, 1 Tm 1:3,
3:4-5, 5:17, 6:20, 2 Tm 1:13-14, 2:2, 15, 3:16-17, 4:2-4, Tt 1:9, 13, 2:15 et
He 13:17). Les responsables de l’église sont des hommes matures qui
surveillent, guident, enseignent, équipent et encadrent. Parfois, ils devront
inciter un contradicteur à se soumettre à leur autorité (He 13:17).

CONSENSUS D’ASSEMBLÉE SOUS LA CONDUITE DES ANCIENS


Un important ministère des anciens est la direction. Tous s’entendent
pour dire que le Seigneur Jésus est la tête de l’église (Col 1:15-20). On
peut donc dire que l’église est sous une dictature (ou une théocratie)
dirigée par Christ à l’aide de Sa Parole écrite et par l’influence du Saint-
Esprit (Jn 14:25-27; 16:12-15; Ac 2:42; Ep 2:19-22; 1 Tm 3:14-15). Selon
ce modèle organisationnel qui commence par la tête, qui est ensuite en
position d’autorité?
En parlant des anciens de l’église d’Éphèse, Paul a dit « Prenez
donc garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit
vous a établis évêques, pour paître l’Église de Dieu, qu’il a acquise par
son propre sang. » (20:17, 28). L’emploi des termes évêques et bergers
suggère certainement la fonction de supervision des anciens. Quand il
écrit à Timothée au sujet des critères pour être ancien, Paul a demandé
« Car si quelqu’un ne sait pas conduire sa propre maison, comment
gouvernera-t-il l’Église de Dieu? » (1 Tm 3:5). Cela suggère que les
anciens ont un rôle de direction. Pierre a demandé aux anciens « Paissez
le troupeau de Dieu qui est au milieu de vous » (1 P 5:2). Encore une fois,
les anciens sont décrits par leur rôle de responsable.
1 Timothée 5:17 fait référence aux anciens qui dirigent bien les
choses de l’église. 1 Thessaloniciens 5:12 demande aux frères de re-
specter ceux « qui travaillent parmi vous, et qui président sur vous ».
Hébreux 13:7 commande « souvenez-vous de vos conducteurs ». Sur
cette même lancée, Hébreux 13:17 ajoute « Obéissez à vos conducteurs
et soyez-leur soumis, car ils veillent sur vos âmes, comme devant en
rendre compte ». Tout ceci indique qu’il doit y avoir des hommes qui
dirigent dans l’église. On appelle souvent ces responsables les anciens
ou les évêques.
Pour ce qui est des différences entre ancien, évêque et pasteur
(berger), une étude attentive d’Actes 20:17, 28-30, Tite 1:5-7 et de 1 Pierre
152
LE MINISTÈRE DES ANCIENS
5:1-3 démontre que ces mots sont employés comme synonymes. Les
trois font référence à la même personne ou au même ministère. Les
distinctions modernes entre eux sont purement artificielles et sans
fondement biblique.
Si on les prend séparément, les références bibliques mentionnant
les évêques qui « dirigent » peuvent facilement mener à une mauvaise
compréhension de la façon que les anciens doivent fonctionner. Il faut
gratter en dessous de la surface. Prenez en considération les étapes de
la discipline de l’église décrites dans Matthieu 18:15-17 concernant le
processus de décision de l’église (voir aussi
1 Corinthiens 5:1-5; Galates 6:1). Remarquez que l’église entière doit
participer à la décision d’exercer la discipline. Remarquez aussi qu’on
ne demande pas aux anciens d’examiner d’abord les cas avant qu’ils
parviennent à toute l’assemblée ou que les anciens exercent eux-mêmes
la discipline. La décision revient à toute la congrégation.
On assiste à ce processus de groupe dans Actes 1:15-26. L’apôtre
Pierre a remis à toute l’église la tâche de trouver quelqu’un pour remplacer
Judas. Dans Actes 6:1-6, les apôtres convoquent « la multitude des dis-
ciples » et leur demandent de choisir des administrateurs pour l’aide que
l’église apporte aux démunis. Ces deux exemples démontrent la partici-
pation de la congrégation.
Paul a écrit à « tous » (1:7) les saints de Rome et n’a pas fait de
mention spéciale des anciens. Les lettres aux Corinthiens sont adressées
à l’église de Corinthe (1 Co 1:2, 2 Co 1:1). Encore une fois on ne met pas
l’accent sur les évêques. Cela est d’autant plus étonnant quand on constate
que ces épîtres traitent de la discipline de l’église, du mariage, du Repas
du Seigneur et des réunions interactives. La salutation dans Galates 1:2
s’adresse aux « églises » de Galatie. Le message ne passait pas d’abord
entre les mains des responsables. Les « saints à Éphèse » (1:1) étaient
les destinataires de cette lettre (Ep 1:1). Dans Philippiens 1:1, les saints
font l’objet d’une attention égale à celle portée aux évêques et aux diacres,
qui sont mentionnés à la fin de la salutation. Dans Colossiens 1:2, la
salutation est faite aux « frères en Christ, les Saints et les fidèles à
Colosses ». Cela signifie que les anciens eux-mêmes étaient des brebis.
Les anciens sont un sous-groupe de l’église dans son entier. Il n’y avait
pas de distinction entre le clergé et les laïcs.
On constate aussi cette absence de mention des responsables dans
1 Thessaloniciens 1:1; 2 Thessaloniciens 1:1; Jacques 1:1; 1 Pierre 1:1; 2
Pierre 1:1; 1 Jean 2:1,7 et Jude 1:1. En fait, le livre d’Hébreux a été écrit
à un groupe de croyants et ce n’est qu’au tout dernier chapitre que

153
LE MINISTÈRE DES ANCIENS
l’auteur leur a demandé « saluez tous vos conducteurs » (13:24). Il n’a
même pas salué directement les responsables!
On peut observer plusieurs choses dans la façon dont les auteurs
du Nouveau Testament s’adressent directement aux églises en entier.
Ils faisaient beaucoup d’efforts pour influencer les croyants ordinaires.
Les apôtres n’ont pas simplement lancé des ordres et émis des injonctions
(comme un commandant militaire le ferait). Ils ont plutôt traité les autres
croyants comme leur égal et se sont adressés à eux de cette manière.
On traitait sans doute les responsables d’église locaux de la même façon.
Leur autorité résidait premièrement dans leur habileté à influencer à
l’aide de la vérité. Le respect qu’ils recevaient était honnêtement gagné.
C’est tout à fait à l’opposé de l’autorité militaire où les soldats respectent
le rang, mais pas nécessairement l’homme.
Hébreux 13:7 démontre que le type de direction favorisé par les
responsables de l’église est la direction par l’exemple : « Souvenez-vous
de vos conducteurs […] et considérant l’issue de leur vie, imitez leur
foi». Dans cette même pensée, 1 Thessaloniciens 5:12-13 révèle que les
anciens doivent être respectés en raison de la valeur de leur service, et
non en raison d’une autorité gagnée automatiquement grâce à un statut
— « et d’avoir pour eux le plus grand amour, à cause de leur œuvre ».
Jésus a dit « Vous savez que les princes des nations les dominent, et que
les grands leur commandent avec autorité. Mais il n’en doit pas être
ainsi parmi vous; au contraire, quiconque voudra être grand parmi vous,
qu’il soit votre serviteur. Et quiconque voudra être le premier entre vous,
qu’il soit votre esclave » (Mt 20:25-28).
Dans le Nouveau Testament, le mot église est employé quelques
fois afin de désigner l’église universelle. Mais la plupart du temps, il
désigne les églises locales organisées. Aucune église organisée ne devrait
être plus grande qu’une seule congrégation et aucune église n’a de
juridiction officielle ou d’autorité sur une quelconque autre église (bien
qu’il y ait généralement une coopération et un soutien entre les églises).
Idéalement, chaque église-maison est dirigée par son (ses) propre(s)
ancien(s). Les anciens ont tous une autorité égale. Il ne doit pas y avoir
de pasteur principal ou d’évêque responsable d’une ville. L’autorité d’un
responsable est premièrement basée sur son habileté à persuader à l’aide
de la vérité. Il doit diriger par l’exemple et non pas traiter l’église avec
condescendance (1 P 5:3). L’administration de l’église est donc un pro-
cessus dynamique d’interaction, de persuasion et d’opportunité entre les
bergers et les brebis.
Les commentaires de Jésus sur la direction doivent nous guider du
début à la fin dans notre compréhension de l’autorité des anciens
154
LE MINISTÈRE DES ANCIENS
(Lc 22:24-27). Le docteur Hal Miller a fait remarquer avec raison:
«L’enseignement troublant de Jésus à ses disciples au sujet de l’autorité
s’oppose à l’expérience qu’ils en ont avec toutes les autres sociétés.
Les rois des Gentils, dit-il, traitent de haut leurs sujets et en font une
bonne chose en s’appelant eux-mêmes des « bienfaiteurs ». Ils exercent
leur puissance et essaient (tant bien que mal) de faire croire aux gens
que c’est pour leur bien. Il ne devrait jamais en être ainsi dans l’église.
Au contraire, dans ce cas celui qui est un responsable est comme un
esclave et celui qui dirige est comme le plus jeune (Lc 22:24-27). De
peur d’oublier cet aspect important, on devrait arrêter de considérer le
plus jeune et les esclaves comme étant ceux qui n’ont aucune autorité,
comme c’est le cas par définition. Néanmoins, la direction parmi le peuple
de Jésus est de cette façon. »1
Bien qu’ils étaient dans les faits des ouvriers apostoliques, Timothée
et Tite ont manifestement été des anciens provisoires jusqu’à ce que des
hommes de la localité soient choisis. On peut s’attendre à ce que les
anciens choisis plus tard aient fait le même genre de choses sur le plan
local que ce que les ouvriers apostoliques temporaires avaient fait
(1 Tm 1:3, 4:11, 5:17, 6:17, Tt 1:12-13, 2:15, 3:10). On voit donc qu’il est
approprié pour un ancien qui remplit sa tâche comme un serviteur de
reprendre, parler, enseigner et guider avec autorité. Un ancien doit «
bien diriger » et « conduire » l’église en prenant l’initiative d’encourager
et de protéger. Étant un croyant mature, sa compréhension de ce qui est
une bonne ou une mauvaise conduite sera probablement juste. Un an-
cien sera généralement l’un des premiers à détecter et à gérer les
problèmes. Il doit être proactif au lieu de seulement réactionnaire.
Cependant, si ceux qu’il confronte refusent de l’écouter, l’ancien doit en
dernier recours remettre le problème entre les mains de l’église entière
selon le processus dans Matthieu 18. Bien qu’un ancien soit essentiel au
processus de consensus, l’autorité revient toujours, en fin de compte, à
l’église entière (consensus d’assemblée).
Il y a un équilibre fragile à atteindre entre le rôle de direction des
anciens et la responsabilité de la congrégation à prendre des décisions.
À un extrême, vous avez un pape. À l’autre, vous avez un bateau sans
gouvernail. À la base, les arguments en faveur de la direction des an-
ciens et ceux en faveur de la responsabilité de groupe de l’église entière
sont tous valides. D’un côté, des anciens dirigent par l’exemple, guident
à l’aide d’enseignements et modèrent le va-et-vient des discussions de
l’assemblée. De l’autre côté, on a le troupeau. L’église prend la décision
finale ensemble, mais on l’exhorte toutefois à suivre ses anciens et à se
laisser persuader par les arguments de leurs responsables (He 13:17).
155
LE MINISTÈRE DES ANCIENS
Les paroles des anciens ont du poids seulement dans la mesure où les
gens les considèrent. Les anciens méritent d’être estimés en raison de la
fonction que Dieu leur a donnée (1 Tm 5:17).

L’ÉTABLISSEMENT DES ANCIENS


Comment devrait-on choisir les anciens? Tous les conducteurs
potentiels doivent répondre à une longue liste de critères (1 Tm 3:1-7;
Tt 1:5-9). La volonté et la capacité d’un homme à être ancien dépendent
évidemment de l’œuvre du Saint-Esprit (Ac 20:28). Lorsque ces critères
sont remplis, l’ancien en devenir est alors choisi. Dans Actes 14:23, Paul
et Barnabas semblent avoir fait le choix, et Tite a été laissé à Crête par
Paul pour établir des anciens (Tt 1:5). Comme Nee l’a remarqué « ils ont
seulement établi comme anciens ceux que le Saint-Esprit avait déjà
désignés comme conducteurs de l’église. »2
Après que les apôtres (missionnaires/implanteurs d’église) aient
choisi les anciens et soient partis, c’est le silence presque complet sur
comment les anciens étaient ou devaient être choisis. Suivant les principes
d’Actes 1:15-26 et 6:1-6, on pourrait conclure que les anciens suivants
ont été choisis par toute la congrégation (selon les critères établis dans 1
Timothée 3:1-7), sous la direction des anciens en place et sous le conseil
de ministres itinérants qui ont gagné le droit d’être entendu par la
congrégation locale.

LE CONSEIL DES ANCIENS


Selon le modèle du Nouveau Testament, chaque église-maison doit
être dirigée par un groupe de frères égaux (dont quelques-uns sont an-
ciens) qui dépendent les uns des autres, sont responsables les uns envers
les autres, se soumettent les uns aux autres et exercent ensemble un
ministère. Doit-il y avoir un ancien par église, plusieurs anciens par église
ou plusieurs églises pour un ancien? Selon Actes 14:23, Paul et Barna-
bas « établirent des anciens dans chaque église ». Il semble que ce qui
est biblique est une pluralité d’anciens dans chaque église.
Cependant, il peut y avoir de la confusion car le Nouveau Testa-
ment parle parfois d’une seule église dans certaines villes. Par exemple,
Actes 8:1 mentionne : « l’église de Jérusalem ». Paul a écrit « à l’église
de Dieu qui est à Corinthe » (1 Co 1:2) et à « l’église des Thessaloniciens»
(1 Th 1:1). Jésus a dit à Jean d’écrire à « l’église » de Smyrne, « l’église»
de Pergame, etc. (Ap 2:1, 8, 12, 18; 3:1, 7, 14) C’est possible que ces
exemples reflètent la doctrine selon laquelle il n’y a qu’une seule église
par ville. Comme il y a selon la Bible qu’une seule église universelle,
certains affirment que, d’un point de vue philosophique, il n’y a qu’une
156
LE MINISTÈRE DES ANCIENS
seule église par ville. Néanmoins, comme l’église universelle est une
réalité abstraite sans organisation externe, le concept d’église unique par
ville serait lui aussi une réalité abstraite, sans organisation externe. Une
étude attentive du Nouveau Testament révèle que bien que toutes les
églises étaient unies sous Christ la tête, il n’y avait aucune organisation
ecclésiastique externe les unissant. Bien qu’elles coopéraient
volontairement, chaque église était autonome. Leur union était celle d’un
lien très fort, l’unité spirituelle de la vie dans le Seigneur. Bien
qu’indépendantes d’un gouvernement externe, elles étaient
interdépendantes par la responsabilité qu’elles avaient les unes envers
autres (voir 2 Co 8-9). Alors, d’un point de vue philosophique, il n’y
aurait qu’une seule église à Atlanta, une seule à Londres, une seule à
Moscou, etc. Chacune de ces églises abstraites serait constituée de
plusieurs églises-maison locales, organisées et autonomes. Si ce point de
vue est juste, la pluralité des anciens mentionnée dans les Écritures
pourrait désigner une pluralité par ville, et pas nécessairement dans chaque
église-maison.
Est-ce que la pluralité des anciens a servi l’église de la ville entière
ou bien seulement quelques églises-maison individuelles? Il est évident
dans Philippiens 1:1, 1 Timothée 4:14 et Tite 1:5 que les anciens travaillaient
ensemble. Cependant, ce serait une erreur d’en conclure qu’ils dirigeaient
ensemble plusieurs églises comme une sorte de conseil de direction par
des anciens. Puisque l’autorité d’un ancien repose premièrement sur
son habileté à persuader à l’aide de la vérité et puisque le respect qui lui
est donné est gagné par l’interaction personnelle, en aucune façon un
conseil des anciens ne pourrait diriger un groupe d’églises. Idéalement,
chaque église-maison devrait avoir son (ses) propre(s) ancien(s). Dans
le cas d’une période de transition où une église-maison n’a personne
répondant aux critères d’un ancien, on pourrait recourir à une direction
temporaire de la part d’un implanteur d’église reconnu, un missionnaire,
un ancien d’une église près ou d’un pasteur-enseignant itinérant (Ep 4:11).

CONCLUSION
Harvey Bluedorn donne cet excellent résumé biblique du ministère
et de l’autorité des anciens :
1. LE STANDARD DU NOUVEAU TESTAMENT — Tout comme le modèle
des choses montrées à Moïse a servi de plan au tabernacle (Ex 25:9,40;
26:30; 39:42,43; Ac 7:44; He 8:5) et que le modèle des choses montrées
à David a servi de plan au temple (1 Ch 28:11-13,19), ainsi le modèle des
choses montrées dans le Nouveau Testament sert de plan à l’assemblée,
le temple de Dieu (1 Co 3:9,16,17; 6:19,20; 2 Co 6:16; Ep 2:21,22; 4:13-
157
LE MINISTÈRE DES ANCIENS
16; 1 Tm 3:15; 1 P 2:5,9; Ap 1:6; 3:12; 5:10; 20:6).
2. DES RESPONSABLES QUI SERVENT — Les responsables sont
nécessaires au fonctionnement d’une assemblée. Le Seigneur Jésus
suscite des hommes parmi les membres du corps et les équipe afin de
satisfaire les critères établis. Inévitablement, ils vont se démarquer des
autres, ce qui deviendra évident pour l’assemblée; l’assemblée devra
formellement reconnaître l’appel du Seigneur sur ceux à qui le Seigneur
a vraiment donné des dons et équipé afin de servir comme des guides,
des enseignants, et des modèles pour tout le corps. De tels serviteurs
sont appelés des anciens ou des évêques, des bergers ou des enseignants.
(Tt 1:5, Ep 4:11).
3. PLUSIEURS ANCIENS — Généralement, un bon nombre d’anciens
se démarqueront des membres de l’assemblée (Ac 14:23), bien que dans
une toute nouvelle assemblée, cela puisse prendre quelques temps avant
que le Seigneur équipe et rende des hommes aptes à être anciens
(Lc 12:42; 1 Co 4:2; 1 Tm 3:6,10; 5:22; Tt 1:5; He 5:12,13). Parmi les
pasteurs-anciens, quelques-uns sont particulièrement qualifiés pour
discourir et enseigner (Ep 4:11; 1 Th 5:12,13; 1 Tm 5:17).
4. DES DÉCISIONS PRISES D’UN COMMUN ACCORD — Les décisions
doivent être prises avec l’accord de toute l’assemblée, représentée par
les hommes de l’assemblée, à l’aide du conseil et de l’avis de leurs
serviteurs, les anciens. Les hommes peuvent aussi, d’un commun ac-
cord, déléguer certaines décisions rapides à quelqu’un, y compris un
ancien, mais ils doivent se réserver le droit de prendre la décision eux-
mêmes ou de déterminer une politique dans le cas de telles décisions. Ils
peuvent aussi exiger que ceux à qui ils ont délégué ces décisions fassent
un rapport complet et en rendent compte à l’assemblée.
5. LES ANCIENS SONT DES SERVITEURS, ET NON DES SEIGNEURS — La
Parole de Christ règne par Son Esprit parmi Son peuple dans les cœurs
régénérés et les esprits renouvelés des membres de l’assemblée en les
guidant vers une entente mutuelle, un accord unanime, ou un consensus.
Les anciens conduisent par l’autorité morale d’un serviteur qui sert par
la parole et par l’exemple et qui reçoit le respect pour ce qu’il donne et
non pour ce qu’il requiert. Les anciens ne dirigent pas comme des autorités
indépendantes. Leur rôle est de conseiller et de superviser, et non de
commander et d’imposer la soumission par une autorité condescendante.
Les anciens sont des instruments par leur direction, leurs enseignements
et leur exemple et en guidant l’assemblée vers le consensus; mais toute
autorité repose en Christ seul. Tous les membres — y compris les an-
ciens — se soumettent au Seigneur et ensuite les uns aux autres dans le
Seigneur — de même que les anciens, qui se soumettent aux autres
158
LE MINISTÈRE DES ANCIENS
membres et aussi aux autres anciens. En d’autres mots, il n’y a pas de
hiérarchie — Dieu, ensuite Christ, ensuite les anciens, ensuite les membres
— mais seulement un réseau de soumission. Les anciens ont le poids
d’une plus grande soumission et responsabilité parce qu’ils sont les
serviteurs de toute l’assemblée. Seuls ceux qui s’humilient eux-mêmes
comme serviteurs devant le Seigneur et Son assemblée peuvent être
élevés à ce niveau de responsabilité. En raison de la nature de cette
charge, ceux qui s’élèvent eux-mêmes en autorité sur les autres se
disqualifient en fait eux-mêmes d’une charge de service.
6. LES SAINTS SONT DES ROIS ET DES SACRIFICATEURS — C’est une
violation grave de la conscience d’un adulte que de traiter les saints
comme des enfants sous la seigneurie des anciens. De traiter les saints
comme des enfants aura pour effet qu’ils demeureront des enfants, qui
se donnent en esclavage, ou bien ils se rebelleront. Les anciens exercent
une autorité appropriée comme des pères sur leurs familles, mais leur
rôle dans l’assemblée n’est pas celui de pères et de seigneurs sur leurs
enfants et serviteurs; ils sont comme des frères plus âgés dans la foi et
des serviteurs humbles envers tous.
7. UNE ASSEMBLÉE DÉLIBÉRANTE — L’assemblée est un corps
délibérant. Les hommes de l’assemblée sont encouragés à interagir de
manière ordonnée par rapport à la lecture, l’exhortation, et l’enseignement
dans l’assemblée, peu importe sous quelle forme cette interaction arrive
– par une lecture instructive, par la discussion et la considération sérieuse
de propositions des Écritures, par un débat logique des points de vue sur
une question ou par une consultation sur des questions pratiques. Ce
n’est pas une réunion de quakers du genre « peu importe où l’esprit nous
guide », ni une réunion de famille ou d’amis faite d’affirmations
incontestables de la part des chefs de famille, ni une réunion d’adoration
en guise de divertissement; mais c’est un processus d’apprentissage
authentique et de formation de disciples qui édifie et mène l’assemblée
vers une maturité en Christ à l’aide de l’interaction des hommes de
l’assemblée.
8. LA RESPONSABILITÉ INDIVIDUELLE DE LA CONGRÉGATION — Chaque
congrégation constitue sa propre communion et est indépendamment
responsable devant le Seigneur. Cependant, toutes les vraies congrégations
existent au sein du même royaume spirituel. Elles dépendent du même
Seigneur et elles coopèrent selon que les circonstances le requièrent et
le permettent, autant sur le plan des individus qu’au niveau des
congrégations. Il ne devrait pas y avoir de jalousie impie entre les croyants
ni entre les différentes assemblées.
— Steve Atkerson
159
LE MINISTÈRE DES ANCIENS
NOTES
1 Hal Miller, “As Children and Slaves: Authority in the New Testament,”
Voices, (Salem, MA: March/April 1987), 6-7, 20-21.
2 Watchman Nee, The Normal Christian Church Life (Colorado Springs,
CO: International Students Press, 1969) 41.

QUESTIONS À DISCUTER
1. Pourquoi a-t-on besoin des anciens dans l’église? Quelle est leur
fonction?
2. Selon le modèle organisationnel qui commence par Christ, la tête, qui
vient ensuite en autorité?
3. Quelle est la différence entre un ancien, un surveillant (évêque) et un
pasteur?
4. Pourquoi les responsables de l’église ne sont pas mentionnés dans les
salutations des épîtres, et pourquoi on ne s’adresse même pas à eux
ou on ne leur écrit pas dans des épîtres en entier?
5. Dans Luc 22:24-27, quels exemples Jésus a-t-il donnés concernant
l’autorité qu’ont les responsables d’église sur l’église?
6. Pourquoi les anciens n’ont-ils pas été mentionnés dans le processus
de discipline ecclésiastique dans Matthieu 18?
7. Comment les anciens devraient-ils être choisis?
8. Une pluralité d’anciens servait-elle l’ensemble de l’église d’une ville
ou bien seulement des églises-maison individuelles?
9. Une église sans ancien est-elle réellement une église?
10. Quel aspect du résumé du ministère des anciens de Harvey Bluedorn
avez-vous trouvé le plus intéressant?
11. En général, quel genre d’homme l’église devrait-elle considérer pour
ancien selon 1 Timothée 3 et Tite 1?
12. Les critères pour être ancien se rattachent-ils principalement au
caractère ou aux compétences (1 Tm 3, Tite 1)? Expliquez.
13. Pourquoi est-ce si important qu’un homme remplisse les critères de
1 Timothée 3 et de Tite 1 pour servir en tant qu’ancien?

160
LES MINISTRES À TEMPS PLEIN
11
LES MINISTRES À TEMPS PLEIN

Cette parole de Jésus est bien connue « Il y a plus de bonheur à


donner qu’à recevoir. » Toutefois, le contexte dans lequel se trouve cette
vérité est moins connu. Cette parole de Jésus ne se trouve dans aucun
des quatre Évangiles. Cette parole de Jésus est citée par l’apôtre Paul
lorsqu’il prend parole à une conférence de pasteurs (Ac 20:32-35).
Étonnamment, Paul enseigne ces pasteurs à être en mesure de pouvoir
donner de l’argent, de l’or et des vêtements à l’église au lieu d’en recevoir
de sa part!

ACTES 20
À la lumière de ce que Jésus a dit, les pasteurs devraient-ils gagner
leur vie en comptant sur l’église? Dans Actes 20, Paul a donné aux
anciens d’Éphèse des instructions précises au sujet de leur devoir
d’ancien. Au sujet des finances, Paul a affirmé qu’il n’avait pas convoité
l’argent ou l’or de quelqu’un d’autre et qu’en fait, il avait pourvu à ses
besoins en travaillant de ses propres mains (20:34-35; comparez avec
18:1 et les versets suivants). Selon l’exemple de Paul, les anciens devaient
aussi gagner leur vie en ayant un travail séculier afin d’aider les faibles
et mettre en pratique la parole de Christ disant qu’il y a plus de bonheur
à donner qu’à recevoir. Alors, selon Actes 20:32-35, il est clair que les
anciens doivent généralement être en mesure de pourvoir financièrement
pour l’église et non de recevoir d’elle. D’ailleurs, Actes 20 n’est pas le
seul passage qui traite de cette question.

1 CORINTHIENS 9
Qu’en est-il de 1 Corinthiens 9:14 où il est mentionné que ceux qui
proclament l’Évangile vivront de l’Évangile? On voit dans 1 Corinthiens 9
qu’il y a au moins trois groupes qui vivaient de leurs ministères à l’époque
du Nouveau Testament : les apôtres (9:1-6), les frères du Seigneur (9:5)
et les évangélistes (9:14). Selon Paul, plusieurs facteurs combinés justifient
cette vérité :
•la coutume des hommes (un soldat, un gardien de la vigne, un
berger), 9:8
•la loi de Moïse (le bœuf, les sacrificateurs du temple), 9:9-10, 13
•la logique ou un principe spirituel (semence spirituelle/récolte
matérielle), 9:11
161
LES MINISTRES À TEMPS PLEIN
•les paroles de Jésus. 9:14
Simplement selon « la coutume des hommes » (9:8), Paul demande
« Qui est-ce qui va jamais à la guerre à sa propre solde? Qui plante une
vigne, et ne mange pas de son fruit? Ou, qui paît un troupeau, et ne
mange pas du lait du troupeau? » (9:7). La réponse est évidente. Tous
gagnent leur vie avec leur travail et il devrait en être ainsi pour les apôtres/
implanteurs d’église/missionnaires/évangélistes.
Ensuite, de la loi de Moïse (9:8-9), Paul cite « Tu n’emmuselleras
point le bœuf qui foule le grain. ». En appliquant cela aux apôtres, Paul
demande « Est-ce des bœufs que Dieu prend soin? Ou n’est-ce pas
réellement pour nous qu’il a dit cela? » (9:9-10). Si le bœuf peut manger
grâce à ce qu’il fait, les apôtres peuvent faire pareil! Au verset 9:13,
Paul cite l’exemple des sacrificateurs de l’Ancien Testament et demande
« Ne savez-vous pas que ceux qui font le service sacré, mangent des
choses sacrées, et que ceux qui servent à l’autel, ont part à l’autel? »
(9:13).
Paul a aussi souligné l’important principe spirituel de la semence et
de la moisson : « Si nous avons semé pour vous les choses spirituelles,
est-ce beaucoup que nous moissonnions de vous les charnelles? » (9:11).
Paul conclut en disant que c’est un « droit » et affirme « n’en userions-
nous pas plutôt? »
Le dernier argument de Paul, ce sont les paroles de notre Seigneur
qui «a ordonné à ceux qui annoncent l’Évangile, de vivre de l’Évangile.»
(9:14). Si cela est vrai pour les évangélistes, cela est aussi vrai pour les
apôtres.
1 Corinthiens 9 traite spécifiquement des droits des apôtres, ces
personnes envoyées par Jésus ou par l’église pour voyager afin
d’évangéliser et d’établir des églises (le mot missionnaire n’est jamais
employé dans les Écritures; ces personnes étaient appelées des apôtres
et des évangélistes). Comme le dit clairement le texte, ces personnes ont
« droit » (9:12) à un soutien financier.
Sans qu’on s’y attende, après avoir écrit avec persuasion au sujet
des droits des apôtres dans 1 Corinthiens 9, Paul ajoute alors « Mais
pour moi, je n’ai usé d’aucun de ces droits, et je n’écris point ceci, afin
d’obtenir rien de semblable » (1 Co 9:15). Si Paul n’a pas écrit ceci dans
l’espoir que les Corinthiens le soutiennent (1 Co 9:15), alors pourquoi a-
t-il écrit cela? 1 Corinthiens 9 est essentiellement une remarque au pas-
sage. Le sujet principal de Paul commence dans 1 Corinthiens 8 et c’est
de ne pas être une pierre d’achoppement pour les autres (la nourriture
sacrifiée aux idoles, 8:9). Le fait que Paul renonce à son droit à un
soutien à temps plein (1 Co 9) démontre jusqu’où Paul était prêt à aller
162
LES MINISTRES À TEMPS PLEIN
afin « de n’apporter aucun obstacle à l’Évangile » (9:12b, 15). Ensuite,
dans 1 Corinthiens 10, Paul reprend son sujet principal en concluant ainsi
« Ne donnez aucun scandale, ni aux Juifs, ni aux Grecs, ni à l’Église de
Dieu » (1 Co 10:31-32). L’objectif de Paul dans 1 Corinthiens 9 n’est
donc pas d’élargir ou de limiter les catégories de gens qui ont droit au
soutien de l’église. C’était simplement une illustration. Cela révèle donc
que Paul avait une approche très libérale pour ce qui du soutien des
ouvriers de l’église : « Est-ce des bœufs que Dieu prend soin? » et « Si
nous avons semé pour vous les choses spirituelles, est-ce beaucoup que
nous moissonnions de vous les charnelles? ».
Chaque croyant a le privilège et la responsabilité de donner
généreusement pour soutenir les missionnaires et les évangélistes. En
faisant cela, le donateur participe aussi à l’œuvre de l’ouvrier chrétien.
Sans de tels ouvriers à temps plein, l’avancement du royaume de Dieu
serait ralenti. Priez pour de tels ministres. Trouvez des façons créatives
de les encourager dans leur œuvre d’amour. Ayez pour objectif de donner
régulièrement pour les soutenir, comme un sacrifice.
Est-ce incorrect d’appliquer ce passage aux anciens? Puisque
l’apôtre Paul a renoncé à son « droit » apostolique de « vivre » de
l’Évangile (9:15, 18), l’exemple qu’il donne aux anciens d’Éphèse dans
Actes 20 semble d’autant plus incitatif (voir aussi 1 Th 2:9; 2 Th 3:7-9).
1 Corinthiens 9 traite spécifiquement des droits des apôtres et non
de ceux des anciens. Cependant, basé sur les principes expliqués
dans 1 Corinthiens 9, un ancien commettrait-il le péché impardonnable
en gagnant sa vie en comptant sur l’église? Bien sûr que non! Sur la
seule base d’Actes 20, il semblerait que les pasteurs (anciens) ne recevront
généralement pas un soutien financier à temps plein pour leur ministère.
Cependant, puisqu’Actes 20 n’est pas le seul passage qui traite de ce
sujet, on doit considérer 1 Corinthiens 9 (ci-dessus) ainsi que 1 Timothée 5
(ci-dessous).

1 TIMOTHÉE 5
Timothée, le compagnon de voyage de Paul et un apôtre
(1 Th 1:1; 2:6), était temporairement en poste à Éphèse car Paul l’y avait
laissé pour mettre un frein aux doctrines étrangères (1 Tm 1:3). Au sujet
des mêmes anciens d’Éphèse que dans Actes 20, Paul a écrit que les
anciens qui gouvernent bien l’église et qui travaillent fort à la prédication
et à l’enseignement sont jugés dignes de quelque chose qu’il appelle un
« double honneur » (1 Tm 5:17). En reprenant presque le même
raisonnement que dans 1 Corinthiens 9:9 et 1 Timothée 5:18, il affirme :
« Tu n’emmuselleras point le bœuf qui foule le grain » et « l’ouvrier est
163
LES MINISTRES À TEMPS PLEIN
digne de son salaire ». Ce parallèle ne doit pas être négligé. Les implica-
tions sont claires.
Honneur signifie-t-il un salaire? Non. Du mot grec time, il signifie
premièrement « respect ». Il y a un mot spécifique pour salaire (misthos)
et il est notamment employé dans 1 Timothée 5:18 (au sujet des employés),
mais pas dans 1 Timothée 5:17 (au sujet des anciens). Time peut parfois
signifier prix, mais puisque le prix est ce qui est demandé pour une chose
lors d’une vente, cela fait peu de sens dans ce passage (les anciens sont-
ils à vendre?). Le même mot (time) est employé immédiatement après
dans 1 Timothée 6:1, « Que tous les esclaves qui sont sous le joug,
regardent leurs maîtres comme dignes de tout respect (time) ». Les
esclaves paient-ils leurs maîtres? Une application pratique de cet honneur
est qu’une accusation contre un ancien ne doit pas être reçue si elle
n’est appuyée par plus d’un témoin (1 Tm 5:19). 1 Timothée 5:19 suit la
logique des versets 17 et 18 si l’honneur fait référence au respect (une
accusation est un déshonneur). Par contre, le lien n’est pas évident si
l’honneur fait référence au salaire. Un passage parallèle pertinent est
1 Thessaloniciens 5:12-13 où on commande à l’église de
Thessalonique « d’avoir en considération ceux qui travaillent parmi vous,
et qui président sur vous selon le Seigneur, et qui vous exhortent, et
d’avoir pour eux le plus grand amour, à cause de leur œuvre ».
Cependant, time est aussi employé tout juste avant le passage au
sujet des anciens. Selon 1 Timothée 5:3, on doit rendre honneur aux
veuves qui sont véritablement dans le besoin. Cet emploi du mot time
signifie évidemment d’accorder à une veuve plus que du respect. L’idée
ici, c’est de donner à la veuve de la nourriture, de l’aider avec sa maison
et son terrain, de la visiter, de l’héberger si nécessaire et bien sûr de lui
donner un soutien financier. Pour Jésus, l’honneur pouvait aussi faire
référence au soutien matériel, comme dans Marc 7:10. La loi de Moïse
exigeait « Honore ton père et ta mère. » Mécontent envers les chefs
religieux du judaïsme, Jésus a dit « Mais vous, vous ajoutez: A moins qu’il
n’ait dit à son père ou à sa mère: Tout ce dont je pourrais t’assister est
corban, c’est-à-dire, un don consacré à Dieu.
Et vous ne lui permettez plus de rien faire pour son père ou pour sa
mère; anéantissant la parole de Dieu par votre tradition, que vous avez
établie » (Mc 7:11-13). Alors il est possible que d’honorer un ancien
puisse signifier de lui donner une offrande d’amour.
Alors pourquoi Paul a-t-il employé le mot time (honneur) au lieu de
misthos (salaire) dans 1 Timothée 5:17? Peut-être parce que l’ancien ne
doit pas être une sorte de mercenaire pour l’église. Il ne doit pas non plus
facturer ses services. Jonathan Campbell a sagement affirmé, « Il y a
164
LES MINISTRES À TEMPS PLEIN
une différence entre être payé pour faire un travail et être libéré pour
faire un travail. »
Au sujet d’une offrande volontaire par opposition à un emploi salarié,
Dan Walker a fait cette mise en garde « Les veuves de 1 Timothée 5:3-
16 ne gagnaient pas un salaire, elles recevaient la charité. Et la citation
de Luc 10 “l’ouvrier est digne de son salaire” ne signifie pas que les
disciples reçoivent un salaire ou un revenu, mais plutôt l’hospitalité
(mangez et buvez ce qu’on vous donnera, etc.) Le mot salaire tiré de la
citation de l’Ancien Testament (1 Tm 5:18) est évidemment une
métaphore (tout comme le bœuf non muselé qui foule le grain est une
métaphore). Si vous poussez trop loin la métaphore, vous aurez des
ouvriers chrétiens qui mangent de la paille! Pour donner un autre exemple
de l’emploi métaphorique du salaire, Paul a écrit aux Corinthiens qu’il
avait volé les autres églises afin de ne pas accepter de salaire de la part
des Corinthiens. Vines dit que le mot salaire dans 2 Corinthiens 11:8 est
manifestement une métaphore, ce qui est vrai bien sûr. Un ouvrier chrétien
(que ce soit un apôtre, un prophète, un ancien, un enseignant ou autre)
peut bien recevoir des offrandes volontaires de quiconque pour quelque
raison que ce soit. On ne peut l’empêcher. Mais dès le moment où un
salaire ou un revenu est donné, le principe de l’offrande volontaire pour
le service du corps est violé, le principe d’un christianisme sans clergé
est violé, la sacrificature de tous les croyants est violée, etc. Je n’y crois
pas car cette pratique est vouée à l’échec. La chose la plus infecte dans
l’église institutionnelle, c’est tout simplement l’argent. C’est une abomi-
nation, un déshonneur non seulement pour Dieu, mais pour la race
humaine. Et dès qu’on ouvre la porte à un clergé sous contrat, on est
fichu. En conclusion, si Paul avait voulu dire un double salaire
dans 1 Timothée 5:17, pourquoi n’a-t-il pas dit double misthos ou double
opsonion, deux mots très clairs qui signifient salaire et qui auraient bien
exprimé ce qu’il voulait dire? Et s’il voulait dire salaire, pourquoi l’église
du premier siècle n’a-t-elle pas suivi son exemple?
Beresford Job, ancien à Londres, fait ce commentaire, « Je crois
peu plausible qu’on ait besoin d’un ancien à temps plein à moins qu’il ait
un ministère qui dépasse les limites de l’église-maison dont il fait partie.
À ce propos, lorsque Paul aborde la question, il suppose que les anciens
qui ont besoin de soutien sont particulièrement ceux qui prêchent et
enseignent (1 Tm 5:17 et les versets suivants). Cela me pousse à croire
qu’il fait référence à ceux parmi les évangélistes et les pasteurs-
enseignants qui font partie d’un des quatre ministères interlocaux
mentionnés dans Éphésiens 4:11. J’en conclus donc qu’il y a des hommes
qui sont appelés à servir plus d’une église et qui n’auront pas
165
LES MINISTRES À TEMPS PLEIN
nécessairement le temps d’avoir un emploi séculier en plus. Si l’on sup-
pose qu’ils ne sont pas millionnaires, ou qu’ils n’ont pas d’entreprise qui
pourvoit à leur besoin et qui fonctionne bien sans qu’ils aient trop à s’en
occuper, ils devront recevoir du soutien d’une autre façon.
Cependant, la contradiction apparente que l’on semble voir dans
les Écritures est celle-ci : bien que le laboureur soit digne de son salaire
(ces hommes ont des factures à payer et des familles à soutenir), le
ministère est néanmoins sans frais et il n’y a jamais quelque mention que
ce soit d’emplois salariés dans le Nouveau Testament. En effet, l’idée
que les églises embauchent quelqu’un est aux antipodes de l’enseignement
de tout le Nouveau Testament. Si quelqu’un se sent appelé à un ministère
qui l’empêche d’avoir le temps de gagner de l’argent grâce à un autre
emploi, il doit donc croire que le Seigneur pourvoira à ses besoins. Ce
sera, bien sûr, par l’entremise d’offrandes volontaires de la part du peuple
du Seigneur. Toutefois, celui qui est appelé à un ministère à temps plein
ne doit rien faire pour se procurer de l’argent, sans quoi il transgresserait
l’enseignement biblique selon lequel tout ministère est sans frais.
Je suis dans le ministère à temps plein depuis vingt-cinq ans et je ne
charge rien, je ne fais pas de collecte, je n’ai jamais demandé qu’on
fasse une collecte pour moi, je n’ai jamais mentionné les dépenses
engagées, je n’ai jamais envoyé de lettre de prière ou fait connaître mes
besoins aux autres de quelque façon. Je finance moi-même tout ce que
je fais et j’accepte simplement tout ce que je crois que le Seigneur veut
que je fasse, que ce soit de me déplacer localement pour enseigner ou
d’acheter des billets d’avion pour moi et ma famille afin d’aller servir
aux États-Unis. Je sais que si je sers sans frais, le Seigneur pourvoira
pour moi et ma famille en réponse aux prières. J’appelle cela “ vraiment
vivre par la foi ” en opposition à “ vivre par la foi - et les allusions et les
lettres de prière et les collectes ”. »
Il est clair dans les Écritures que chaque croyant des églises lo-
cales doit honneur (estime) à tous les anciens et un double honneur
(notamment par des dons réguliers) aux anciens qui ont les dons pour la
surveillance et l’enseignement. Ceux qui sont bénis par ce ministère
spirituel de l’ancien devraient prendre l’initiative de bénir en échange de
façon matérielle.
Parmi les chrétiens américains, on se questionne beaucoup si une
église-maison doit se constituer en société auprès du gouvernement ou
posséder son propre compte en banque. Nous faisons une mise en garde
là-dessus. Premièrement, les églises américaines sont déjà exemptes
d’impôt selon la Constitution. De plus, tenir un budget d’église et avoir
un compte en banque ne fera qu’ajouter une autre chose avec laquelle la
166
LES MINISTRES À TEMPS PLEIN
chair se débattra. S’il le faut absolument, ce sont les anciens compétents
qui devraient se constituer en société en tant que ministère 501c3. De
cette façon, on obtient d’être exempt d’impôt, les dons volontaires à
l’ancien sont déductibles d’impôt et l’ancien n’est pas un salarié de l’église.
Essentiellement, le pasteur-enseignant serait comme n’importe quel frère
de l’assemblée qui est travailleur autonome. Comme il a été mentionné
plus haut, il faudrait probablement qu’il ait un ministère qui dépasse les
limites d’une seule église-maison.

1 PIERRE 5
Qu’a voulu dire Pierre dans 1 Pierre 5:2 lorsqu’il exhorte les an-
ciens à paître le troupeau de Dieu volontairement et non pour un gain
honteux? « Gain honteux » vient du seul mot grec aischrokerdos. Aischros
signifie honte ou déshonneur et kerdos signifie gain, profit ou avantage.
Un terme relié, aischrokerdes, est employé dans Tite 1:7 où on exige
des anciens de ne pas être portés au gain déshonnête. Parallèlement,
1 Timothée 3:3 exige que les anciens soient exempts d’avarice.
Aischrokerdes est donc pratiquement un synonyme d’être avare.
L’avertissement de Pierre suggère qu’un ancien recevait
occasionnellement de l’argent pour son ministère et que ce n’était pas
une bonne raison d’être ancien pour l’argent!
R.C.H. Lenski a fait remarquer que puisque les anciens avaient
souvent deux vocations, Pierre avertissait les anciens de ne pas se servir
de leur charge pour tenter de faire des affaires avec les gens de l’église.1
(Combien d’hommes d’affaires se sont joints à la Première Église dans
le but d’améliorer leur condition sociale et économique?)
On peut aussi voir les paroles de Pierre comme une mise en garde
à l’ancien qui connaît déjà le succès dans son travail séculier et ne peut
pas vraiment gagner plus d’argent qu’il en fait déjà. Cet ancien doit être
prêt à renoncer à travailler plus pour gagner plus d’argent et plutôt donner
son temps et son énergie à servir comme évêque.

SYNTHÈSE
Jésus a commandé que ceux qui prêchent l’Évangile (les
évangélistes) doivent vivre de l’Évangile. Paul, à l’aide d’une illustration,
a appliqué le même principe aux apôtres (1 Co 9). Finalement, en utilisant
les mêmes arguments que ceux de 1 Corinthiens 9, il les a appliqués aux
anciens compétents (1 Tm 5).
Actes 20 s’adresse aux anciens en général. Normalement, les an-
ciens ont deux vocations et sont donc en mesure de pourvoir
financièrement pour l’église, plutôt que de recevoir de sa part. L’exception
167
LES MINISTRES À TEMPS PLEIN
à cette généralisation est dans 1 Timothée 5, où on fait référence aux
anciens qui non seulement « gouvernent bien » (5:17) mais qui aussi
« travaillent à la prédication et à l’enseignement ». Bien que les anciens
sont dignes d’honneur (1 Th 5:12-13), certains anciens sont dignes d’un
double honneur. Ce double honneur fait très probablement référence au
soutien financier de l’église. Si l’on tient compte d’Actes 20 et
de 1 Timothée 5, on semble aussi suggérer que les anciens dignes d’un
double honneur (soutien financier) soient prêts et formés à travailler
dans une quelconque vocation séculière si les conditions locales le
requièrent (c’est-à-dire, en cas de crise économique, dans les très pe-
tites églises, en raison de la persécution, etc.).

MISES EN GARDE
1. Suggérer que chaque croyant est obligé de soutenir ces anciens
dignes d’un double honneur (les pasteurs-enseignants) ne signifie pas
que ces anciens à temps plein sont en quelque sorte de plus haut rang
que les autres anciens. Un ancien peut posséder plus de dons qu’un
autre ou avoir plus d’influence, mais il n’y a rien dans le Nouveau Testa-
ment au sujet d’un pasteur principal, d’une hiérarchie d’anciens ou d’un
évêque présidant sur les autres anciens. Le pasteur-enseignant mentionné
dans Éphésiens 4 n’est d’aucune façon responsable de toutes les églises
d’une ville. Il est plutôt le serviteur de toutes les églises de la ville.
2. On doit éviter que les anciens (particulièrement ceux dignes
d’un double honneur) dominent une réunion inspirée de 1 Corinthiens 14.
Si un ancien reçoit un soutien financier qui lui permet d’étudier la Parole,
il est possible qu’il ait beaucoup de choses à enseigner et c’est ce à quoi
on s’attendra. Dans ce cas, les autres frères ne se sentiront plus aussi
libres d’enseigner. Cela négligerait la sacrificature des croyants et
enfreindrait l’esprit de 1 Corinthiens 14:26. Ces réunions ne doivent pas
être centrées sur un pasteur. L’enseignement en profondeur d’un
enseignant ayant un don pour cela devrait plutôt se faire dans une étude
biblique en mi-semaine ou bien lors d’une réunion de ministère spéciale.
3. Bien que des anciens compétents peuvent gagner leur vie grâce
à leur ministère, il n’y a pas de distinction entre un clergé et les laïcs.
L’église entière détient d’une façon générale l’autorité, et non les
responsables seulement. Les responsables doivent être des serviteurs
humbles et non des seigneurs. Rusty Entrekin fait cette mise en garde :
« Bien que nous savons que les pasteurs-enseignants sont censés être
des serviteurs et ne font pas partie d’un clergé spécial, ceux qui ne sont
pas des pasteurs-enseignants auront tendance à les considérer de cette
façon, et ce, en raison de notre pensée d’église institutionnelle moderne
168
LES MINISTRES À TEMPS PLEIN
et de ses pasteurs professionnels. Même si ce pasteur-enseignant n’a
pas cette opinion de lui-même de prime abord, il pourrait facilement,
avec le temps, développer cette pensée sans que cela paraisse. Puisque
les croyants pieux, sincères et bouillants de la fin du premier siècle et du
début du second siècle ont été victimes de cette pensée, imaginez avec
quelle facilité la sagesse conventionnelle qui nous presse, les siècles de
traditions et la spiritualité tiède nous poussent à cela! Nous devons pren-
dre garde que les sacrificateurs ne soient pas privés des droits que Dieu
leur a octroyés, et aussi à les exhorter à ne pas renoncer d’eux-mêmes
à ces droits. »

CONCLUSION
Que peut-on conclure au sujet des ouvriers d’église à temps plein?
1. Il n’y a aucun modèle historique dans le Nouveau Testament qui
est pour ou contre les anciens à temps plein. Il n’y a pas d’exemple
à suivre. Il s’y trouve, cependant, des enseignements explicites
sur le sujet.
2. Actes 20 contient un commandement général qui incite les an-
ciens à suivre l’exemple de Paul en pourvoyant à leurs propres
besoins afin d’être en mesure de donner de l’argent, de l’or et
des vêtements à l’église, plutôt que d’en recevoir de sa part.
3. Tous les anciens sont dignes d’être honorés (estimés), 1
Thessaloniciens 5.
4. Les anciens compétents, ceux qui dirigent et enseignent, sont
dignes d’un double honneur (un soutien financier volontaire, 1
Tm 5).
5. Les anciens ne doivent pas être motivés par le désir d’un « gain
honteux » tiré de leur ministère (c’est-à-dire, non seulement pour
y gagner de l’argent, mais aussi de se servir de leur charge dans
le but de faire des ventes ou de trouver des clients), 1 Pierre 5.
6. Chaque membre de l’église doit soutenir financièrement les
évangélistes, apôtres et pasteurs-enseignants selon 1 Corinthiens
9 et Timothée 5. C’est une tradition du Nouveau Testament que
de soutenir ces gens.
— Steve Atkerson

NOTES
1 R.C.H. Lenski, The Interpretation of the Epistles of St. Peter (Min-
neapolis, MN: Augsburg Publishing, 1966) 219.

169
LES MINISTRES À TEMPS PLEIN
QUESTIONS À DISCUTER
1. Pourquoi Paul a-t-il rappelé aux anciens d’Éphèse qu’il y a plus de
bonheur à donner qu’à recevoir (Ac 20)?
2. Selon 1 Corinthiens 9:1-14, quel droit ont tous les apôtres
(missionnaires)?
3. Dans 1 Corinthiens 9, quels sont ceux qui comptent sur l’église pour
vivre?
4. Pourquoi Paul a-t-il demandé « Si nous avons semé pour vous les
choses spirituelles, est-ce beaucoup que nous moissonnions de vous
les charnelles? » (1 Co 9:11).
5. De quelle manière avez-vous personnellement obéi au commandement
du Seigneur dans 1 Corinthiens 9:14?
6. Selon Romains 15:26-27, que devez-vous à ceux qui vous ont béni
spirituellement?
7. De quelle manière avez-vous personnellement obéi à Galates 6:6?
8. Qu’est-ce qui indique dans les passages suivants que Paul n’a pas
toujours lui-même pourvu à ses besoins en faisant des tentes (Rm
15:24, 1 Co 16:5-6, 2 Co 1:15-16, 11:7-9, Ph 4:10-19, Phm 22)?
9. Quels anciens sont dignes d’un double honneur (1 Tm 5:17)?
10. Quelles similitudes y a-t-il entre 1 Timothée 5:18 et 1 Corinthiens 9:9-
10? Voir Dt 25:4, Lc 10:7.
11. Qu’est-ce que cela signifie de juger d’un double honneur certains
anciens (1 Tm 5:17 et les versets suivants)?
12. Il y a un mot grec précis pour « salaires » (misthos; utilisé dans
1 Tm 5:18). Pourquoi pensez-vous que Paul utilise time (« honneur »)
plutôt que misthos dans 1 Timothée 5 :17?
13. Quelles mises en garde fait-on aux anciens dans 1 Corinthiens 2:17
et 1 Timothée 6 :3-5?
14. Qu’a voulu dire Pierre lorsqu’il exhorte les anciens à paître le troupeau
de Dieu volontairement et non pour un gain honteux (1 P 5:2)?
15. Est-ce que 1 Pierre 5:1-4 sous-entend qu’en certaines circonstances,
il est possible de recevoir de l’argent en tant qu’ancien? Expliquez.
16. Une congrégation typique du Nouveau Testament n’était pas plus
grande qu’un salon de taille moyenne (une église-maison). Comment
un ancien compétent pourrait-il compter sur une si petite église pour
vivre?
17. Quels principes ont été établis par Jean dans 3 Jean 5-8?
18. Que peut-on conclure au sujet des ministres qui sont entièrement
soutenus par l’église?

170
LE MINISTÈRE D’ÉVANGÉLISATION
12
LE MINISTÈRE D’ÉVANGÉLISATION

Nous devons considérer les dernières paroles d’une personne


comme étant très importantes. Les membres d’une famille entourent
le lit d’un homme mourant pour entendre ses dernières paroles et se
les rappellent encore et encore dans les années suivantes. Eh bien, je
suggère que les dernières paroles de Jésus-Christ avant son ascension
au ciel sont d’une grande importance. Il nous les donne dans les quatre
Évangiles et dans le livre des Actes.
Matthieu 28:18-20 « Toute puissance m’a été donnée dans le
ciel et sur la terre; allez donc et instruisez toutes les nations, les baptisant
au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à garder
tout ce que je vous ai commandé; et voici, je suis avec vous tous les
jours jusqu’à la fin du monde. »
Marc 16:15-16 « Allez par tout le monde, et prêchez l’évangile
à toute créature. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé; mais
celui qui ne croira point sera condamné »
Luc 24:46-49 « Ainsi est-il écrit, et ainsi fallait-il que le Christ
souffrît, et qu’il ressuscitât des morts le troisième jour, et qu’on prêchât
en son nom la repentance et la rémission des péchés, parmi toutes les
nations, en commençant par Jérusalem. Or, vous êtes les témoins de
ces choses; et voici, je vais vous envoyer ce que mon Père a promis.
Pour vous, demeurez dans la ville de Jérusalem, jusqu’à ce que vous
soyez revêtus de la vertu d’en haut. »
Jean 20:21 « La paix soit avec vous! Comme mon Père m’a
envoyé, je vous envoie aussi. »
Actes 1:8 « Mais vous recevrez la puissance du Saint-Esprit,
qui viendra sur vous; et vous me servirez de témoins, tant à Jérusalem
que dans toute la Judée, et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la
terre. »
Remarquez qu’à chaque fois, Jésus met l’accent sur la
responsabilité des apôtres de répandre Son royaume. Ils doivent faire
de toutes les nations des disciples, prêchez l’évangile à toute créature,
proclamer la repentance pour la rémission des péchés à toutes les
nations, ils sont envoyés par Jésus-Christ comme le Père l’a envoyé et
ils serviront de témoins jusqu’aux extrémités de la terre. Jésus donne
le même message de cinq manières différentes afin que les apôtres ne
doutent pas de leur devoir après Son départ. Il voulait que leurs oreilles
171
LE MINISTÈRE D’ÉVANGÉLISATION
en bourdonnent. C’était quelque chose qu’Il voulait qui demeure à jamais
dans leurs esprits. C’était comme s’Il leur disait « Si vous oubliez toutes
les autres choses que je vous aies enseigné, vous ne devez jamais oublier
cela ! » Ces textes donnent une direction à l’Église jusqu’au retour de
Christ.
Ceux parmi nous qui nous assemblons dans des églises-maison
devons considérer sérieusement ces dernières paroles de Jésus-Christ.
En théorie, nous devrions avoir un avantage par rapport à ceux qui
s’assemblent dans un contexte plus traditionnel. Puisque nous n’utilisons
normalement pas notre argent pour embaucher un pasteur ou pour payer
l’hypothèque d’un bâtiment, nous devrions avoir l’argent nécessaire pour
pouvoir travailler à l’évangélisation dans notre ville. De plus, le modèle
d’église-maison est bien plus facile à reproduire que le modèle d’église
traditionnelle. Pour implanter une nouvelle église, nous n’avons pas besoin
d’embaucher une personne formée dans un séminaire et de construire
un bâtiment religieux spécial avec une croix, des vitraux, une chaire, des
bancs et un orgue. Tout ce dont nous avons vraiment besoin pour im-
planter une église-maison est une poignée de gens qui aiment Jésus-
Christ et qui veulent le suivre, ensemble. D’un autre côté, la dynamique
de l’église-maison dans son ensemble peut aller à l’encontre du
commandement de Christ de répandre l’Évangile. Souvent, lorsque des
gens se joignent à une église-maison, ils bénéficient tellement d’une com-
munion riche et intime avec les autres croyants qu’ils sont seulement
axés sur cela et négligent d’autres questions importantes, comme
l’évangélisation, faire des disciples et implanter des églises. Cependant,
cela ne doit pas nous arriver. Nos églises ne doivent pas seulement se
préoccuper de leur propre édification. Elles doivent aussi se préoccuper
de leur croissance sur le plan de la mission.
L’église a trop souvent une mentalité de forteresse. En voyant la
puissance de Satan et de ses démons, et en voulant nous protéger de la
puissance et de la pollution du péché, on se replie et se renferme dans
nos craintes. Cependant, plutôt que d’être sur la défense, nous devrions
être à l’offensive! Jésus a dit que les portes du séjour des morts ne
prévaudront point contre Son église (Mt 16:18). Dans ce passage, l’église
est à l’offensive et l’enfer est sur la défensive! J’en comprends que
Jésus dit que lorsque l’église envahit avec audace et agressivité le royaume
de Satan avec l’Évangile de Jésus-Christ, le diable ne parvient pas à
réprimer notre assaut. Nous prévaudrons. Nous avons la puissance et
l’autorité pour envahir le royaume des ténèbres avec la vérité de l’Évangile
et l’enfer ne peut nous arrêter. Que cette vérité venant de la bouche de

172
LE MINISTÈRE D’ÉVANGÉLISATION
Christ nous encourage et nous enhardisse à faire de nouveaux exploits
d’évangélisation!
Si tout cela est vrai, comment nos églises-maison devraient-elles
aborder cette tâche de toucher les perdus et d’implanter de nouvelles
églises? Considérons où et comment l’église du premier siècle évangélisait
afin d’y trouver quelques conseils pour nos propres églises.

Où l’église du premier siècle évangélisait-elle?


Très souvent les églises d’aujourd’hui essaient d’évangéliser en
invitant les non-chrétiens à l’une de leurs réunions. Une approche populaire
consiste à ce que le service d’église du dimanche vise les non-chrétiens
en ayant de la musique professionnelle, des pièces de théâtre, ou bien
des messages au contenu pratique qui s’adressent aux non-croyants au
sujet des finances, du stress, du travail et de la famille. Par ces moyens,
ils espèrent que les non-croyants seront attirés à Christ. Après s’être
convertis, on les encourage à participer à une étude biblique durant la
semaine où ils pourront grandir dans leur foi. Cependant, l’approche du
Nouveau Testament est presque complètement le contraire. Plutôt que
d’inviter les perdus à leurs réunions d’église, l’évangélisation dans le
Nouveau Testament se faisait essentiellement pendant la semaine, lorsque
les croyants côtoyaient les non-croyants, ou lorsque les ouvriers
apostoliques proclamaient Christ dans les lieux publics. Les réunions
d’église servaient à l’édification des croyants et non à la conversion des
non-croyants (1 Co 14:3, 5, 12, 17, 26). Bien sûr, des non-croyants
assistaient parfois à des réunions d’église (1 Co 14:24-25). Néanmoins,
les réunions ne s’adressaient pas à eux, mais avaient pour but d’édifier
l’église. Le modèle biblique semble être de proclamer Christ aux autres
selon que le Seigneur nous donne des occasions de témoigner. Et lorsque
quelqu’un parvient à la foi en Christ, on peut alors l’inviter à s’assembler
avec les autres croyants dans nos réunions de groupe.

De quelle manière l’église du premier siècle évangélisait-elle?


L’église du premier siècle a accepté les paroles de Jésus à la lettre
et a cherché à les suivre. Ils l’ont fait de deux façons différentes. Pour
parler de manière générale à l’aide de catégories, les apôtres (les
implanteurs d’église) et les évangélistes tentaient d’atteindre ceux qu’ils
ne connaissaient pas par la proclamation publique, tandis que les autres
membres de l’église cherchaient à atteindre les perdus par les contacts
quotidiens qu’ils avaient avec les gens qu’ils connaissaient. Les ouvriers
apostoliques ont proclamé Christ dans les synagogues, les marchés, et
aux abords d’une rivière (Ac 13:5, 14; 17:17; 16:13). Pour ce qui est du
173
LE MINISTÈRE D’ÉVANGÉLISATION
reste de l’église, ils témoignaient tout d’abord grâce à leurs contacts
réguliers et quotidiens avec les non-croyants. C’est pourquoi Paul leur a
écrit et leur a dit « Conduisez-vous avec sagesse envers ceux du dehors,
en rachetant le temps. Que votre parole soit toujours accompagnée de
grâce, et assaisonnée de sel, de manière que vous sachiez répondre à
chacun comme il faut. » (Col 4:5-6). Pierre fait une exhortation similaire
« Mais sanctifiez dans vos cœurs le Seigneur Dieu. Et soyez toujours
prêts à vous défendre, avec douceur et respect auprès de tous ceux qui
vous demandent raison de l’espérance qui est en vous » (1 P 3:15). Les
premiers membres de l’église devaient répondre à ceux de l’extérieur et
toujours être prêts à défendre leur foi auprès de ceux qui le demandent.
Ces passages semblent démontrer que les premiers chrétiens témoignaient
habituellement de leur vie transformée par l’Évangile à ceux qu’ils
connaissaient déjà (l’évangélisation par le style de vie), tandis que les
apôtres (les implanteurs d’église) avaient une approche plus agressive
en proclamant Christ à ceux qu’ils ne connaissaient pas.
Compte tenu de cela, de quelle façon nos églises-maison devraient-
elles atteindre les perdus? Cela veut dire que ceux qui, dans nos églises,
ont reçu de Dieu le don et l’appel de l’évangélisation (les évangélistes et
les implanteurs d’église) chercheront les moyens de présenter l’Évangile
de Christ à ceux qu’ils ne connaissent pas. Peut-être feront-ils de la
prédication en plein air, de l’évangélisation dans la rue, du porte-à-porte
ou bien de la distribution de tracts. Peut-être auront-ils la possibilité de
parler lors d’événements variés. Puisque je joue du banjo bluegrass, j’ai
eu plusieurs fois la possibilité de prêcher l’Évangile à un auditoire séculier
dans des concerts ou des festivals.
Par ailleurs, les autres membres de la congrégation devraient prier
et rechercher l’occasion de parler de Christ à ceux avec qui ils
interagissent, comme les collègues de classe, les voisins, les collègues de
bureau, la famille élargie, les clients ou d’autres connaissances. De plus,
on doit essayer d’aller en des lieux où l’on peut interagir avec les non-
chrétiens. On peut se joindre à un programme de surveillance du quartier,
un club civil ou un club de danse carrée afin de rencontrer des gens.
Nous pouvons recevoir les gens lors des jours de fête et inviter nos
voisins. Nous pouvons inviter chez soi des non-croyants pour un souper.
Nous pouvons commencer une étude biblique exploratoire pour nos amis
non sauvés qui s’intéressent à la Bible. Nous pouvons demander à nos
amis non-croyants ce pour quoi on peut prier pour eux. J’ai été étonné
de constater que bon nombre de voisins sont des gens seuls qui sont très
heureux de partager une belle amitié. Quand Dieu nous donne l’opportunité
de côtoyer un non-croyant, nous n’avons qu’à être nous-mêmes et laisser
174
LE MINISTÈRE D’ÉVANGÉLISATION
notre lumière briller. Les occasions d’aimer les gens sont nombreuses, et
cela a un impact éternel dans leurs vies.
De plus, nos églises devraient prier pour et donner généreusement
à ceux à qui Dieu a donné un don et a appelé à évangéliser et implanter
des églises. L’apôtre Paul presse souvent les congrégations locales de
prier pour lui dans son œuvre d’évangélisation et d’implantation d’église
(Ep 6:19-20; Col 4:3-4). Dans ces textes, Paul incite les croyants à prier
pour lui afin que Dieu lui donne la hardiesse de faire connaître le mystère
de l’Évangile et que Dieu lui ouvre les portes afin qu’il annonce le mystère
de Christ. De plus, Paul louange toujours les églises qui donnent
généreusement pour soutenir financièrement son œuvre d’évangélisation
(Ph 4:14-19; 2 Co 8:1-5). Prions et donnons à ceux que Dieu a choisis
comme évangélistes et implanteurs d’église aujourd’hui.
Parmi tous les gens à qui l’église témoigne, Dieu en a préparé
quelques-uns à recevoir Christ et à être sauvés. Que faire ensuite? Eh
bien, si possible, la personne qui a amené cette autre personne à Christ
devrait commencer à en faire un disciple en passant du temps avec lui,
en l’encourageant, en répondant à ses questions sur comment il devrait
vivre pour Dieu et en étant lui-même un exemple de serviteur de Christ.
Que faire de ces croyants sauvés par Dieu? Nous pouvons soit les ajouter
à l’église déjà existante ou bien commencer une nouvelle église. Puisque
les églises-maison sont limitées par leur taille (autant qu’une maison peut
en contenir), vous commencerez probablement à avoir des difficultés à
vous rencontrer lorsque vous serez environ 35 ou 40 personnes. À ce
moment-là, c’est le temps d’implanter une nouvelle église! Vous pouvez
implanter une nouvelle église soit en divisant l’église en deux, ou en
ayant quelques personnes seulement qui commencent une nouvelle église
tandis que l’église d’origine demeure pratiquement telle qu’elle était.
Personnellement, je préfère la deuxième option. Quand les gens
commencent à développer de fortes amitiés dans l’église, il peut être
déchirant de les séparer. Il peut donc être moins stressant de prendre
quelques nouveaux croyants et un frère qui a le don d’implanter une
église afin qu’ils commencent à se réunir à un autre endroit. L’implanteur
d’église peut commencer à enseigner à ces nouveaux croyants de quelle
manière l’Église fonctionne et comment partager l’Évangile de Christ
avec leur cercle social. On a bon espoir qu’avec le temps, Dieu choisira
parmi ces nouveaux convertis des frères matures qui pourront servir en
tant qu’anciens pour guider le troupeau. L’implanteur d’église sera alors
libre d’aller implanter une nouvelle église et de refaire le même proces-
sus.

175
LE MINISTÈRE D’ÉVANGÉLISATION
Nous qui sommes dans les églises-maison, que Dieu nous presse à
travailler à accomplir la Grande Commission, et puisse Jésus recevoir
toute la gloire et Son royaume se répandre de par le monde!
— Brian Anderson

Certains croyants ont un don surnaturel pour évangéliser et/ou im-


planter une église. Leur existence et leur ministère sont un modèle
du Nouveau Testament, plus particulièrement dans les régions
pionnières. Cependant, cela ne veut pas dire que chaque église doit
être commencée par un authentique implanteur d’église pour être
une vraie église du Nouveau Testament. Bien que leur ministère aide
grandement à implanter une nouvelle église, ils ne sont pas
nécessairement essentiels, particulièrement dans les endroits où
l’Évangile a déjà été prêché et que l’Église est déjà bien présente.
— L’éditeur

176
LE MINISTÈRE D’ÉVANGÉLISATION
QUESTIONS À DISCUTER
1. Pourquoi Jésus dit-il que son peuple est le sel de la terre (Mt 5:13)?
2. Selon Matthieu 5:17- 7:29, comment pouvons-nous faire luire notre
lumière devant les hommes de telle sorte qu’ils glorifient notre Père
qui est dans les cieux (Mt 5:13-16)?
3. Qu’a prédit Jésus au sujet de l’Évangile dans Matthieu 24:14?
Comparez avec Mc 13:10, Lc 24:46-47?
4. Selon ce que Jésus a dit dans Marc 4:1-20, à quoi peut-on s’attendre
de l’évangélisation?
5. Dans Jean 4:34-38, que peut-on apprendre au sujet du processus qui
amène quelqu’un à la foi en Christ? Comparez 1 Co 3:5-9, Ga 6:9-10.
6. Quelle dernière mission Jésus a-t-il donnée à ses apôtres avant Son
ascension au ciel (Mt 28:18-20, Mc 16:15-16, Lc 24:46-49, Jn 20:212,
Ac 1:8)?
7. De quelle façon ceux qui se réunissent dans les maisons peuvent-ils
prendre leurs responsabilités en ce qui concerne les dernières paroles
de Jésus-Christ?
8. Que devrions-nous demander à Dieu de faire chaque fois que nous
prions pour les évangélistes et les missionnaires selon Matthieu 9:35-
38, Éphésiens 6:19-20 et Colossiens 4:3-4?
9. Pourquoi Paul a-t-il loué les églises de Philippes et de Macédoine
(Ph 4:14-19; 2 Co 8:1-5)?
10. Que devrait faire une église-maison lorsqu’il vient plus de gens que
la capacité d’accueil de la maison?
11. Selon Actes 11:19-21, 13:48, et 16:14, pourquoi leur évangélisation
était-elle si efficace?
12. Devriez-vous vous voir comme un ambassadeur de Christ
(2 Co 5:11-21)? Comment cette perspective change-t-elle votre style
de vie?
13. Quel conseil d’évangélisation donne Paul dans Colossiens 4:5-6?
14. Selon le contexte de 1 Pierre 3:8-22, pourquoi quelqu’un vous
demanderait-il raison de l’espérance qui est en vous (1 P 3:15)?
15. Pourquoi la dynamique de l’église-maison dans son ensemble peut-
elle aller à l’encontre du commandement de Christ de répandre
l’Évangile?
16. À l’opposé des apôtres et des évangélistes, comment les membres
de l’église locale sont-ils censés évangéliser?

177
LE MINISTÈRE D’ÉVANGÉLISATION

178
LE MINISTÈRE DE LA FAMILLE — LA CLÉ POUR DES ÉGLISES EN SANTÉ

13
LE MINISTÈRE DE LA FAMILLE — LA CLÉ POUR DES ÉGLISES EN SANTÉ

La culture moderne nous a amenés à considérer pratiquement tout


d’un point de vue individualiste. Nous affirmons notre identité par notre
individualité, nos accomplissements, notre statut, nos possessions, etc.
De plus en plus, nous avons de la difficulté à concevoir le fait que nous
faisons partie de quelque chose qui est plus grand que nous.
Mais la Bible montre un paradigme très différent. Les gens doivent
trouver leur identité en faisant partie d’un groupe : une lignée, une famille
ou, plus important encore, le corps de Christ. Mais plusieurs d’entre
nous ont de la difficulté à comprendre cette appartenance. Par exemple,
bon nombre d’Occidentaux n’ont qu’une compréhension théorique de
l’affirmation de Christ (Mt 19:6; Mc 10:8) disant que l’homme et la femme
« ne sont plus deux, mais une seule chair » ou de l’affirmation (Rm 12:5)
de Paul disant que « nous sommes un seul corps en Christ; et nous
sommes chacun en particulier les membres les uns des autres ».
Sur le plan théorique, j’ai toujours cru ces vérités. Mais en pra-
tique, je ne pouvais comprendre comment ma femme et moi étions un
autrement qu’au sens primaire de l’intimité physique. Pareillement, la
majeure partie de mon expérience d’église reflète la supposition que
l’église est un regroupement d’individus assistant au même événement
social.
Parmi ceux que le Seigneur dirige à comprendre le modèle
apostolique de l’église du Nouveau Testament, où l’on s’assemble dans
des maisons privées, je suppose que plusieurs, comme moi, apportent
avec eux le bagage de leurs expériences et de leur compréhension
passées. Il semble toutefois que le Seigneur renouvelle la compréhension
et l’expérience de l’appartenance au corps de Christ parmi plusieurs
églises-maison d’aujourd’hui. D’un consentement uniquement théologique
à la vérité de l’unité, Il nous amène à vivre cette réalité en nous unissant
en un tout plus grand que ses parties.
Un de Ses moyens est de renouveler la fondation de l’unité et de
l’identité de la famille. J’ai comme théorie que l’une des raisons du
mouvement de l’école à la maison (une œuvre apparemment distincte de
Dieu, mais que je crois néanmoins être liée dans le plan bien coordonné
de Dieu) est de préparer les familles à vivre dans l’unité dans l’église.
D’un point de vue historique, lorsque l’individualisme a graduellement

179
LE MINISTÈRE DE LA FAMILLE — LA CLÉ POUR DES ÉGLISES EN SANTÉ
changé les perceptions que la société occidentale avait d’elle-même,
l’église a progressivement délaissé « La puissance spirituelle des
ministères des familles » (le titre d’un message dont s’inspire cet ar-
ticle).
Lorsque Dieu a donné à l’église du dix-neuvième siècle une vision
pour les missions à l’étranger, une semence insidieuse et destructrice a
germé et s’est répandue. Les familles missionnaires s’inquiétaient au
sujet de l’éducation de leurs enfants. Comme l’éducation institutionnalisée
était devenue la norme, cela a semblé un problème pour plusieurs
missionnaires et pour les agences qui les envoyaient. Graduellement, on
a instauré un système d’éducation avec des pensionnats pour enfants de
missionnaires afin de pallier ce besoin apparent. Au vingtième siècle, il
était courant que des parents missionnaires soient séparés de leurs enfants
pour de très longues périodes et souvent dès un très bas âge. Comme
ces pensionnats pour enfants de missionnaires devinrent chose courante,
on accepta de plus en plus un phénomène tragique. Les enfants de
missionnaires étaient élevés presque comme des orphelins par des gens
bien intentionnés qui ont fait de leur mieux. Toutefois, plusieurs fils et
filles de missionnaires à l’étranger devinrent amers en raison des sacri-
fices que leurs parents ont faits. Malheureusement, on entend aujourd’hui
plusieurs histoires au sujet d’enfants de missionnaires qui ne veulent rien
savoir du Seigneur et qui accusent l’église de les avoir séparés de leurs
parents alors que, selon le plan de Dieu, ils devaient être le principal
ministère de leurs parents (bien qu’ils ne soient pas leur seul ministère).
De nos jours, certaines agences missionnaires exigent que les
candidats missionnaires inscrivent leurs enfants à des pensionnats. On
justifie cela non seulement en disant que c’est pour le bien de l’enfant,
mais on le fait ouvertement dans le but de libérer chaque parent, afin
qu’ils puissent œuvrer au champ missionnaire moins distraitement. On
considère les couples missionnaires comme des partenaires de ministère
plutôt qu’une famille. L’agence qui les envoie s’attend ainsi à bénéficier
du travail de deux ouvriers individuels au lieu de considérer le couple
comme une seule unité.
Cela a non seulement un effet dévastateur sur les enfants, mais
aussi sur le concept même de la famille. En fait, cela répand rapidement
les présupposés individualistes. Ironiquement, cela a parfois davantage
miné des familles dont la culture est relativement plus biblique parmi les
groupes évangélisés. Le triste résultat, c’est qu’on présente aux nouvelles
églises implantées un modèle de vie de famille malsain et non naturel.
Ceux qui les enseignent ne leur donnent jamais un exemple de ce qu’est
une famille unie et en santé. (Lors de mon ministère en Asie, j’ai
180
LE MINISTÈRE DE LA FAMILLE — LA CLÉ POUR DES ÉGLISES EN SANTÉ
malheureusement fréquemment observé à quel point négliger la vie de
famille, tout en excusant et même louant cette négligence, a porté ses
« fruits » partout dans les églises indiennes et chinoises modernes.)
Cependant, cette malheureuse situation n’est pas uniquement
l’affaire des missions à l’étranger. Au cours des dernières générations,
l’église occidentale a vu augmenter le nombre d’ouvriers chrétiens qui
se sont préoccupés de leur ministère au point de négliger leur famille.
Bien que ce phénomène ne soit pas nouveau, il devient largement répandu
dans le christianisme institutionnalisé. Les conséquences destructrices
comprennent la mauvaise réputation des enfants de prédicateurs et la
subversion des modèles de familles selon Dieu parmi le peuple de Dieu.
Avant de poursuivre, laissez-moi ajouter à mon exhortation que je
reconnais que l’erreur opposée est aussi un piège. Tout comme il est
possible qu’un homme devienne idolâtre de son propre ministère, il lui est
aussi possible d’idolâtrer sa famille, ou bien l’idée de la famille. Nous
devons toujours aimer Jésus par-dessus tout, que notre ministère soit
pour Lui ou pour la famille qu’Il nous a confiée. Jésus nous avertit de ne
pas Lui préférer notre famille (Mt 10:34-37; 12:47-50; 19:29; Mc 10:29-30;
Lc 9:59-62; 14:20-26). Toutefois, ces Écritures sont de plus en plus
utilisées pour justifier une négligence non biblique de la responsabilité
familiale. Sans oublier les mises en garde contre une idolâtrie inappropriée
de la famille, considérons ce que dit la Parole de Dieu sur la priorité du
ministère de la famille et de ses conséquences sur les autres ministères.

DIEU AIME LA FAMILLE


Dieu a créé les familles et exprime Ses sentiments à leur sujet. Par
cette exclamation directe de Son cœur, Dieu exprime Ses sentiments
passionnés au sujet de la famille dans Malachie 2:16 : « Car je hais la
répudiation, dit l’Éternel, le Dieu d’Israël ». Je crois que Dieu aime le
principe de la famille. Il a choisi les relations familiales comme métaphore
principale pour illustrer la relation des chrétiens du Nouveau Testament
avec Lui et avec les autres. Les chrétiens deviennent les enfants de
Dieu (Jn 1:12; Rm 8:16; 1 Jn 3:2). Ils font partie de sa maisonnée (Ep 2:19).
Jésus est venu, entre autres choses, pour révéler Dieu en tant que Père
(Lc 11:2; Jn 1:18, 16:25). Le Saint-Esprit a été donné, entre autres choses,
pour révéler Dieu comme notre Abba (Papa — une référence plus intime
au Père; Rm 8:14; Ga 4:6). Une des façons les plus fréquentes par
laquelle les chrétiens s’identifient dans le Nouveau Testament est le mot
frères (Mt 23:8; Ac 6:3; 1 P 1:22; 1 Jn 3:14, 16). Une des plus belles
images de la relation entre Christ et l’église est la relation de l’Époux
avec son épouse (Mt 9:15; Jn 3:29; 2 Co 11:2; Ap 19:7-9; 21:2, 9; 22:17).
181
LE MINISTÈRE DE LA FAMILLE — LA CLÉ POUR DES ÉGLISES EN SANTÉ
Bien que ces métaphores ne soient pas inconnues dans l’Ancien Testa-
ment, elles sont très développées dans le Nouveau Testament. La volonté
de Dieu est que nos saines relations familiales Lui servent pour démontrer
concrètement les réalités spirituelles. Si on néglige cette image, on perd
alors en partie la volonté de Dieu pour cette révélation.
En fait, Paul a dit que la famille sert à refléter le patriarcat du Père
aux cieux. Dans Éphésiens 3:14-15, il a écrit « C’est pour ce sujet que je
fléchis les genoux devant le Père [grec : pater] de notre Seigneur Jésus-
Christ, de qui toute famille [grec : patria], dans les cieux et sur la terre,
tire son nom ». Selon Son dessein, les familles doivent être dirigées par
les pères et elles semblent être définies par la juridiction patriarcale du
père.
Loin d’abolir ou même de minimiser la famille, le Nouveau Testa-
ment renforce et développe ce qui a été dit au sujet de la famille dans
l’Ancien Testament. L’un des commandements de l’Ancien Testament
le plus fréquemment cité dans le Nouveau Testament est le
commandement « Honore ton père et ta mère » (Ex 20:12; Lv 19:3;
Dt 5:16; Mt 15:3-9; 19:16-19; Mc 7:6-13; 10:17-19; Lc 18:18-20; Ep 6:2).
Dans leurs lettres, les apôtres passent beaucoup de temps à enseigner
au sujet de la vie de famille (1 Co 7; Ep 5:22-6:4; Col 3:18-21; 1 Tm 3:2,
4-5, 11-12; 5:4, 8-10, 14, 16; Tt 1:6; 2:3-5; 1 P 3:1-7; He 12:5-11).

L’HOSPITALITÉ FAMILIALE
Une importante pratique encouragée dans le Nouveau Testament
est l’hospitalité (Rm 12:13; 1 Tm 3:2; Tt 1:8; 1 P 4:9). Cela devrait éveiller
en nous le soupçon d’un problème sous-jacent puisque c’est l’un des
mandats les plus ouvertement négligés dans l’église moderne. L’hospitalité
est pratiquée dans un contexte familial. Mais si nos familles sont pulvérisées
en individus fragmentés où chacun vit de manière indépendante, il y a
peu de potentiel pour l’hospitalité dans ce contexte.
Il est révélateur de noter que l’un des critères institués par Dieu
pour évaluer les compétences des responsables potentiels est qu’ils soient
hospitaliers (1 Tm 3:2; Tt 1:8). Quand j’étais un jeune homme, j’ai servi
comme pasteur jeunesse et pasteur associé dans deux églises
institutionnelles (chacune pendant plus d’un an) et je ne suis pas entré
une seule fois dans la maison du pasteur principal. Dans l’un des cas, je
n’ai même jamais su où habitait le pasteur.
Je ne veux pas entièrement mettre la faute sur ces hommes de
Dieu sincères qui sont censés être les « modèles du troupeau » (1 P 5:3)
pour cette négligence choquante des Écritures. J’étais presque aussi
pire qu’eux. Je croyais que le lieu neutre du bâtiment d’église était l’endroit
182
LE MINISTÈRE DE LA FAMILLE — LA CLÉ POUR DES ÉGLISES EN SANTÉ
le plus approprié pour la communion et que même si l’hospitalité était
bien, ce n’était pas essentiel. J’ai donc œuvré parmi des saints qui
pourraient m’accuser du même manquement. Nous n’y comprenions
tout simplement rien!

LA FAMILLE D’UN ANCIEN


Les exigences explicites minimums pour être un responsable dans
le corps de Christ incluent d’autres aspects familiaux. Un ancien ou un
évêque (manifestement la même chose que le pasteur dans le Nouveau
Testament — voir poimaino, presbuteros, et episkopos dans Ac 2:17,
28; Tt 1:5, 7; 1 P 5:1-2) devait être « le mari d’une seule femme »
(1 Tm 3:2; Tt 1:6). De nos jours, l’application de ce verset est
controversée. Certains ne font que l’appliquer à la polygamie, d’autres
ont tendance à penser que cela exclut les hommes divorcés et remariés,
afin qu’ils ne soient pas reconnus publiquement comme des exemples à
suivre, et d’autres encore croient que cela signifie qu’un ancien doit être
le genre d’homme qui n’aime qu’une seule femme.
Je pense que le critère d’être le « mari d’une seule femme » signifie
non seulement qu’un homme avec plus d’une femme ne peut se quali-
fier, mais qu’un homme avec moins qu’une femme ne peut également se
qualifier comme modèle pour l’église. Même si les hommes célibataires
ont l’avantage d’avoir moins de distractions et de responsabilités et ainsi
plus de liberté, ce manque de responsabilités est aussi un handicap quand
il s’agit de diriger dans l’église. Il est plus probable pour un homme
célibataire d’être (ou du moins d’être perçu comme) un nouveau converti,
mais Paul a dit à Timothée (1 Tm 3:6) de choisir des anciens qui ne sont
pas de nouveaux convertis. Il affirme aussi clairement que la maturité
d’un homme, de réputation et dans les faits, était importante (1 Tm 3:7;
« Il faut aussi qu’il ait bon témoignage de ceux du dehors »).
Peu après avoir marié mon épouse Connie, j’ai réalisé à quel point
je n’étais pas préparé au mariage. Je n’étais tout simplement pas assez
mature pour le mariage. Et pourtant, en réfléchissant à la question, j’en
ai conclu que je ne serais jamais devenu assez mature pour le mariage
en restant célibataire. Mais il m’a semblé qu’en l’espace de quelques
mois de mariage, j’ai été éprouvé de merveilleuses façons, ce qui m’a
forcé à grandir. J’ai bien peur de n’avoir jamais pu grandir dans ces
aspects si j’étais demeuré célibataire. Le mariage a fait de moi quelqu’un
que je n’aurais jamais été d’une autre façon. Cela est vrai dans la majorité
des cas : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul » (Gn 2:18). Il y a
probablement des exceptions, mais un homme qui n’a jamais été marié

183
LE MINISTÈRE DE LA FAMILLE — LA CLÉ POUR DES ÉGLISES EN SANTÉ
est moins susceptible d’être un modèle équilibré et complet pour le corps
de Christ.
En fait, je pense qu’un homme qui n’a pas vécu la paternité a un
handicap similaire. Paul a dit à Tite (1:6) de ne reconnaître comme an-
ciens que les hommes qui sont « mari d’une seule femme, ayant des
enfants fidèles ». Tout comme je n’étais pas prêt au mariage jusqu’à ce
que je sois marié, je n’étais pas prêt pour la paternité jusqu’à ce que
Connie et moi soyons bénis par notre premier enfant. Être un père m’a
éprouvé et m’a fait grandir sur certains plans et je n’aurais sûrement
jamais grandi dans ces domaines si je n’avais pas eu d’enfants. J’ai été
de plus en plus préparé à devenir ancien au fur et à mesure que le
Seigneur nous a bénis avec plus d’enfants et que chacun a été élevé
dans les différentes étapes de l’enfance et de l’adolescence.
Dans notre congrégation locale, les autres pères qui font l’école à
la maison et moi avons pour théorie que la raison pour laquelle Dieu nous
amène à éduquer nos propres enfants à la maison plutôt que de les
envoyer à l’école n’est pas exclusivement (peut-être même
premièrement) pour leur bien. Du moins en partie, Dieu nous a appelé à
enseigner nos propres enfants en raison de la maturité que l’on en retire
comme pères. N’importe quel enseignant va reconnaître que les
enseignants apprennent autant sinon plus que leurs élèves par
l’enseignement. En fait, je pense qu’une des raisons principales que Dieu
fait avancer le mouvement de l’école à la maison dans cette génération
est pour préparer des anciens vraiment qualifiés qui ont appris à former
les autres puisqu’ils ont formé leurs propres fils et filles.
Malheureusement, comme on l’a vu plus tôt, les enfants des gens
qui s’occupent d’un ministère dans l’église contemporaine ont souvent la
plus mauvaise réputation. J’ai moi-même été béni d’être l’enfant d’un
prédicateur. Mais étant enfant, j’ai appris que les enfants des prédicateurs
n’ont pas toujours bonne réputation. Bien que ce ne soit pas toujours
mérité (plusieurs aiment à trouver des manquements chez les responsables
afin d’excuser leurs propres manquements), il est trop souvent vrai que
les enfants de ceux qui ont un ministère public ne sont pas des exemples
pour le reste du corps de Christ.
J’imagine que nous avons tous vu des hommes qui semblent avoir
véritablement un appel de Dieu sur leur vie pour un ministère public,
mais qui sont si absorbés par leur ministère qu’ils en négligent leur propre
famille. Paul a inclus comme critère pour les anciens de l’église locale
que les enfants de l’ancien doivent être bien élevés. Il définit « quelqu’un
gouvernant bien sa maison » (1 Tm 3:4) comme quelqu’un « tenant ses
enfants dans la soumission, en toute honnêteté ». Ensuite, il raisonne
184
LE MINISTÈRE DE LA FAMILLE — LA CLÉ POUR DES ÉGLISES EN SANTÉ
ainsi (1 Tm 3:5) « Car si quelqu’un ne sait pas conduire sa propre maison,
comment gouvernera-t-il l’Église de Dieu? ».
Dans ses instructions à Tite (1:6), il est plus explicite en spécifiant
les fruits auxquels on s’attend grâce à la paternité de l’ancien. Il doit
avoir « des enfants fidèles qui ne soient pas accusés de dérèglement, ni
d’insubordination ». Les enfants des anciens doivent non seulement être
soumis, mais leur fidélité doit être si évidente qu’ils ne soient pas même
accusés d’excès ni de désobéissance.
Évidemment, les enfants des anciens seront égoïstes et enclins au
péché, comme tout le reste de l’humanité. Mais ces hommes qui ont
démontré leur capacité à « instruire le jeune enfant selon la voie qu’il doit
suivre » (Pr 22:6) devraient être reconnus publiquement comme des
modèles pour l’église. Le mot traduit par fidèle au sujet des enfants (le
mot grec pistos) est traduit ailleurs par croyant. (Par exemple, Jésus
emploie ce mot en opposition au doute de Thomas dans Jean 20:27. Voir
aussi Ac 10:45; 16:1; 2 Co 6:15; 1 Tm 4:3, 10, 12; 5:16; 6:2). Cela n’est
certainement pas exagéré d’affirmer que seuls les hommes qui ont élevé
des enfants croyants devraient être considérés pour devenir anciens.
Certains feront remarquer les exemples de Jésus et de Paul comme
des hommes non mariés et sans enfants. De telles exceptions devraient
nous inciter à être prudents afin de ne pas appliquer une norme biblique
trop à la lettre. Par contre, on doit prendre garde ne pas utiliser des
exceptions pour abolir des normes qui sont clairement enseignées dans
les Écritures. Bien qu’il y ait de bonnes raisons de croire que Paul était
célibataire, certains spécialistes croient qu’il a été marié. Même s’il était
un eunuque, ses propres écrits inspirés par l’Esprit spécifient que les
anciens de l’église locale (pas nécessairement les apôtres itinérants)
doivent « être le mari d’une seule femme, ayant des enfants fidèles ».
Quelques-uns persisteront à démontrer que d’autres apôtres ont
apparemment délaissé leurs familles pour suivre Jésus. Mais je crois que
nous comprenons ces récits au travers un voile moderne déformé qui
fausse notre perception pour l’adapter à notre propre pensée individualiste.
Même Jacques et Jean, dans le récit explicite (Mc 1:20) où ils « laissèrent
leur père Zébédée dans la barque avec ceux qui étaient employés »
n’ont pas déshonoré leur père. C’est clair par la réprimande de Jésus
plus loin (Mc 7:1-13) adressée aux Pharisiens adultes qui « annulaient la
parole de Dieu par [leur] tradition » lorsqu’ils justifiaient leur omission
d’honorer leur père et leur mère. Bien que les arguments tirés du silence
soient douteux, il n’est pas improbable que Jacques et Jean eussent la
bénédiction de Zébédée. C’est d’autant plus probable que leur mère
semble avoir été une des femmes qui suivaient Jésus (Mt 20:20; 27:56).
185
LE MINISTÈRE DE LA FAMILLE — LA CLÉ POUR DES ÉGLISES EN SANTÉ
Pourtant, on mentionne « plusieurs femmes qui avaient accompagné
Jésus depuis la Galilée » (Mt 27:55-56; Mc 15:40-41; Lc 8:1-3; 23:49, 55;
24:10). Qui étaient-elles? Certaines sont nommées (« Marie-Madeleine,
Marie mère de Jacques et de Joseph et la mère des fils de Zébédée »)
mais apparemment qu’il y en avait plusieurs autres. C’est plutôt surprenant
que rien ne laisse croire que des Pharisiens aient accusé Jésus et les
apôtres d’inconvenance en raison du grand nombre de femmes qui les
accompagnaient. Une explication possible est que plusieurs de ces femmes
pourraient avoir été les femmes des apôtres.
Encore une fois, certains protesteront que c’est un argument tiré
du silence. Mais l’affirmation selon laquelle les apôtres ont laissé femmes
et enfants pour suivre Jésus est aussi basée sur une déduction. Certains
défendent que lorsque Jésus a loué ceux qui quittaient « maison, frères,
sœurs, mère, père, enfants ou terres » pour Lui et Son Évangiles
(Mc 10:29), Il établissait une norme. Cependant, s’il en était ainsi, cela
contredirait Ses autres enseignements et ceux des apôtres. Femmes et
enfants font manifestement partie de ceux que nous devons haïr
(Lc 14:26) en comparaison à notre amour pour Jésus. Néanmoins, on
commande ailleurs aux maris d’aimer leurs femmes (Ep 5:25; Col 3:19).

LES APÔTRES ÉTAIENT-ILS MARIÉS?


Nous savons que Pierre était marié parce que chaque Évangile
synoptique rapporte que Jésus a guéri « sa belle-mère » (Mt 8:14; Mc 1:30;
Lc 4:38). N’est-ce pas étonnant que mis à part cette occasion, la femme
de Pierre n’est mentionnée nulle part dans les Évangiles ? Mais que
cette femme soit passée sous silence dans les Évangiles n’indique pas
nécessairement son manque d’activité ou de dévotion. Nous savons que
la femme de Pierre a voyagé avec lui plus tard au cours de son ministère
(1 Co 9:5).
En fait, nous voyons que d’autres apôtres et les frères du Seigneur
ont aussi voyagé avec leurs femmes. Combien d’apôtres avaient une
femme? Paul emploie peut-être une hyperbole ici, mais il semble dire
implicitement que lui et possiblement Barnabas (1 Co 9:6) sont les seuls
apôtres à ne pas suivre cette pratique.
Nous ne savons pas quand ces apôtres se sont mariés. Il est très
possible que ce soit suite aux trois ans et demi avec Jésus, mais ce n’est
pas nécessairement vrai parce que leurs femmes ne sont pas mentionnées
dans le récit. Nous ferions cette conclusion seulement en lisant ces récits
à travers le voile des paradigmes modernes. De nos jours, cela semblerait
très déplacé de négliger de mentionner les femmes des apôtres. Mais si
ce n’était de ce seul commentaire de Paul au passage, nous n’aurions
186
LE MINISTÈRE DE LA FAMILLE — LA CLÉ POUR DES ÉGLISES EN SANTÉ
aucune mention directe des femmes des apôtres. Si ce n’était de cette
affirmation, plusieurs auraient supposé qu’ils n’étaient pas mariés en
raison du silence des Écritures à leur sujet. Cependant, cela semble être
une façon de penser relativement récente.
Qu’en est-il des enfants? Il est probable que les mariages des apôtres
aient été bénis du fruit des entrailles. Bien que les enfants ne soient pas
mentionnés plus que les femmes ne le sont, c’est seulement avec la
pensée moderne que nous utiliserons ce silence pour conclure que ces
enfants n’existaient pas ou qu’ils ne voyageaient pas avec leurs parents.
Dans la culture hébraïque, on suppose que les hommes ont une femme
et des enfants, à quelques exceptions près.
Il est étonnant d’où nous parvient la preuve qu’un autre apôtre
avait une femme et des enfants. Avant de trahir Jésus, Judas était « du
nombre des douze » apôtres (Lc 6:13-16; 22:3). Et il était marié et avait
des enfants. Après sa mort, Pierre a dit aux autres disciples (Ac 1:16)
qu’il y avait « la prophétie que le Saint-Esprit a prononcée par la bouche
de David, touchant Judas ». Il a ensuite continué en citant une partie du
Psaume 109:8, qui dit « Que ses jours soient peu nombreux; qu’un autre
prenne sa charge! » Remarquez que ce Psaume continue en parlant de
la même personne (Ps 109:9-10) : « Que ses fils soient orphelins, et sa
femme veuve! Que ses fils soient errants et mendiants; qu’ils aillent
quêter loin de leurs masures! » Le passage continue en parlant de ses
enfants orphelins de père et de sa postérité. Et Pierre a cité ce passage
comme une prophétie biblique au sujet de Judas. Sans doute, Judas avait
une femme et des enfants.
Bien que ces indications ne soient pas d’une importance majeure,
j’affirme que nous, avec notre pensée moderne, supposons que puisque
les Écritures passent sous silences les familles des apôtres, ils suivaient
Jésus sans aucune famille. Il serait plus correct, d’un point de vue
historique et selon le contexte culturel, de supposer que ces hommes
étaient mariés et avaient des enfants. Je suis persuadé que nous devrions
utiliser ce silence relatif au sujet des familles des apôtres comme une
évidence de leur existence et que leurs familles entières suivaient Jésus.

LE MINISTÈRE DE LA FAMILLE DANS LE NOUVEAU TESTAMENT


Non seulement la plupart des apôtres avaient leur famille, mais le
Nouveau Testament fait allusion plus spécifiquement au ministère des
familles. Aquilas et Priscille formaient un couple dévoué à l’œuvre du
Seigneur. Le silence des Écritures concernant s’ils avaient ou non des
enfants qui faisaient partie du ministère de leur famille ne devrait pas
être pris comme une preuve contre la probabilité qu’ils en avaient.
187
LE MINISTÈRE DE LA FAMILLE — LA CLÉ POUR DES ÉGLISES EN SANTÉ
Historiquement, cela aurait été inhabituel qu’un couple n’ait pas d’enfant
et il aurait été normal que ceux-ci ne soient pas nommés ou mentionnés.
La mention (Ac 18:2) que Paul a trouvé Aquilas à Corinthe pourrait
indiquer qu’il connaissait déjà sa famille et qu’il le cherchait. En tout cas,
ils l’ont accueilli dans leur maison et l’ont même laissé prendre part à
l’entreprise familiale, la fabrication de tentes (Ac 18:3). Paul est demeuré
à Corinthe un an et demi. Lorsqu’il est parti pour Éphèse, Priscille et
Aquilas l’ont accompagné. S’ils avaient des enfants, comme je le crois
probable, leurs enfants auraient sans doute déménagé avec la famille
eux aussi. Paul est resté à Éphèse que pour un court moment, avec
l’intention d’y revenir plus tard. Mais la famille d’Aquilas est demeurée
à Éphèse (Ac 18:18-19) possiblement afin de préparer le retour prochain
de Paul dans cette ville.
Pendant l’absence de Paul, un homme du nom d’Apollos a
commencé à prêcher l’Évangile dans la synagogue d’Éphèse. Toutefois,
ses connaissances étaient incomplètes. Alors Aquilas et Priscille « le
prirent avec eux » (Ac 18:26, probablement chez eux) « et l’instruisirent
plus exactement de la voie de Dieu ». Paul affirme plus loin (1 Tm 2:12)
« Car je ne permets pas à la femme d’enseigner, ni de prendre de l’autorité
sur son mari; mais elle doit demeurer dans le silence. » Comment cela
peut-il être en accord avec le récit que Priscille, tout comme Aquilas, « a
instruit [Apollos] plus exactement de la voie de Dieu »?
Une solution à cette contradiction apparente pourrait être la dis-
tinction entre « expliquer » et « enseigner ». Une autre solution pourrait
être que l’avertissement de Paul concernant le silence des femmes durant
les assemblées d’église (1 Co 14:34-35) se limite à lorsque « toute l’Église
est assemblée en un même lieu » (14:23). Il est bien probable (ou du
moins possible) que l’avertissement de Paul contre les femmes qui
enseignent les hommes soit dans le même contexte. Il serait ainsi plus
acceptable pour les femmes d’exercer leurs dons spirituels dans un
contexte plus privé, ou dans tout contexte autre que la réunion de l’église
entière. Prenant part de manière significative au ministère de la famille
d’Aquilas (c’est clairement mentionné), Priscille pouvait ainsi s’exprimer
de façon appropriée par son don d’instruction dans une conversation
privée, et ce, même en reprenant avec douceur le manque de
compréhension d’Apollos de l’Évangile.
On voit que lorsque Apollos est parti plus tard pour Corinthe, il y
avait un groupe de frères à Éphèse (Ac 18:27) qui ensemble « écrivirent
aux disciples [de Corinthe] de bien le recevoir ». Il semble que le ministère
de la famille d’Aquilas a porté du fruit. Nous savons avec certitude que
lorsque Paul a écrit la première épître aux Corinthiens (on présume à
188
LE MINISTÈRE DE LA FAMILLE — LA CLÉ POUR DES ÉGLISES EN SANTÉ
partir d’Éphèse), il envoie des salutations de la part d’Aquilas et Priscille
(1 Co 16:19), « avec l’Église qui est dans leur maison ». Le ministère de
leur famille portait avec évidence beaucoup de fruits.
Nous ne pouvons qu’émettre des hypothèses au sujet du progrès
du ministère de la famille d’Aquilas au cours des années, mais quelque
temps après, lorsque Paul a écrit son épître aux saints de Rome, il dit
spécifiquement « Saluez Priscille et Aquilas, mes compagnons d’œuvre
en Jésus-Christ » (16 :3). Apparemment, cette famille se trouvait
maintenant à Rome et il semble que le Seigneur ait aussi utilisé leur
ministère là-bas. Après les avoir louangés, Paul dit « Saluez aussi l’Église
qui est dans leur maison » (16 :5). Comme à Corinthe et à Éphèse,
Aquilas, Priscille et leur famille oeuvraient manifestement et efficacement
ensemble à Rome, pour le royaume de Dieu.
Un autre ministère de la famille intéressant dans les Écritures est
celui de Philippe l’évangéliste. Il était l’un des « sept hommes […], dont
on rende bon témoignage, pleins d’Esprit-Saint et de sagesse » (Ac 6:3)
auxquels les apôtres ont confié la distribution des vivres aux veuves de
Jérusalem. Il a plus tard été utilisé puissamment afin d’apporter l’Évangile
en Samarie et il a ensuite conduit l’eunuque éthiopien au Seigneur. Le
silence des Écritures concernant le fait que Philippe ait une femme ne
doit pas laisser entendre qu’il était célibataire. Il n’était pas inhabituel
que la femme reste dans l’ombre de son mari. Dans ce cas, on peut en
conclure que Philippe avait une femme, puisque ses « quatre filles vierges,
qui prophétisaient » sont mentionnées (Ac 21:9).
Ce ministère familial a pourvu l’hospitalité nécessaire à Paul et ses
compagnons (incluant Luc). Certains supposent que puisque les filles de
Philippe prophétisaient, l’utilisation de leurs dons est un argument contre
la directive répétée de Paul (1 Co 14:34-35; il dit cela comme étant « des
commandements du Seigneur », verset 37) que les sœurs « se taisent
dans les Églises ». Cependant, il n’y a rien dans le texte qui pourrait
suggérer que ces jeunes femmes prophétisaient dans les réunions d’église.
Pareillement, lorsqu’un autre prophète, Agabus, est venu et a prophétisé
que Paul serait lié à Jérusalem (Ac 21:11), il n’y a aucune raison d’en
conclure que cela a été fait durant une réunion d’église, mais plutôt dans
un contexte où Philippe exerçait l’hospitalité envers des invités. Dans le
ministère familial de Philippe, la prière, l’exhortation et même les prophéties
étaient courantes et quotidiennes, ainsi qu’expérimentées autant par les
hommes que par les femmes.
Un autre ministère familial mentionné dans le Nouveau Testament
est celui d’Onésiphore. Paul a écrit (2 Tm 1:16-17) : « Le Seigneur fasse
miséricorde à la famille d’Onésiphore; car il m’a souvent consolé, et il
189
LE MINISTÈRE DE LA FAMILLE — LA CLÉ POUR DES ÉGLISES EN SANTÉ
n’a point eu honte de mes chaînes. Au contraire, quand il a été à Rome,
il m’a cherché fort soigneusement, et m’a trouvé. » Ce frère, et peut-
être sa famille, a voyagé à Rome en partie pour y trouver Paul et pourvoir
à ses besoins. Que la famille d’Onésiphore était ou n’était pas avec lui,
Paul a béni toute sa famille. Pourquoi?
Paul a continué (2 Tm 1:18) : « et tu sais mieux que personne,
combien il m’a servi à Éphèse ». C’était là un frère qui, en voyage ou
chez lui, avait la réputation de prendre soin des saints. Avec la mention
de sa famille, il n’est pas difficile de s’imaginer qu’ils oeuvraient en-
semble avec le chef de famille par des moyens très concrets. C’était un
autre ministère familial que Dieu utilisait en tant qu’unité familiale. Avant
de conclure la lettre à Timothée, il mentionne une fois de plus la famille
d’Onésiphore. Il écrit (2 Tm 4:19) « Salue Prisca et Aquilas, et la famille
d’Onésiphore. » Il est évident que cette famille avait une place particulière
dans le cœur de Paul.
Un dernier ministère familial que je voudrais examiner est celui de
Stéphanas. Paul a baptisé sa famille à Corinthe (1 Co 1:16). Ils étaient
les premiers convertis de Paul (les premiers fruits) dans la province
romaine de l’Achaïe et il les louangea (1 Co 16:15) comme la famille «
dévouée au service des Saints ». Il continue ensuite en commandant
quelque chose que je n’ai trouvé nulle part ailleurs dans le Nouveau
Testament. Il commande (1 Co 16:16) aux saints Corinthiens de se
soumettre à eux. Il dit à l’église de se soumettre à toute la famille de
Stéphanas. Et contrairement à d’autres endroits où les traducteurs ont
employé le mot soumettre dans le contexte des relations de l’église, ce
cas emploie le mot grec hupotasso, un terme militaire qui fait référence
à la subordination et l’obéissance.

L’APPLICATION
Il est manifestement beaucoup plus efficace de montrer quelque
chose à quelqu’un que de simplement en parler. Le modèle biblique,
c’est que les responsables dans le corps de Christ soient des exemples
pour le troupeau et non des seigneurs (1 P 5:3). L’un des premiers
domaines dans lequel les anciens doivent être des exemples est la façon
dont ils dirigent leurs familles. Pour être un exemple, ceux parmi lesquels
ils oeuvrent doivent être en mesure de voir la famille du responsable à
l’oeuvre.
Je mets au défi le corps de Christ de chercher la révélation du
Seigneur au sujet de la volonté de Dieu pour les familles et de discerner
les liens imposés par l’individualisme de notre culture. Je presse les
ouvriers chrétiens à faire de leurs familles leur premier ministère — de
190
LE MINISTÈRE DE LA FAMILLE — LA CLÉ POUR DES ÉGLISES EN SANTÉ
leurs propres enfants leurs premiers disciples. Et lorsque nous oeuvrons
pour les autres, nous ferions bien de le faire, autant que possible, en
présence de notre famille.
Pendant plusieurs années, le Seigneur m’a permis d’éviter de voy-
ager seul. À l’occasion, un autre frère voyage et œuvre avec moi. Mais
habituellement, j’amène ma femme ou l’un de mes enfants. Quand j’ai
l’occasion d’œuvrer assez près pour m’y rendre en voiture, j’amène
souvent toute ma famille. (Au moment où j’écris ces lignes, toute ma
famille [c’est-à-dire, ma femme et mes six enfants] est en voyage de
ministère pour une durée de trois mois en Inde.) J’ai vu l’impact, parfois
subtil mais bien présent, d’avoir au moins une partie de ma famille avec
moi lorsque j’œuvre. Cela donne à mes paroles beaucoup plus de crédibilité
lorsque les autres voient le fruit de mon style de vie de leurs propres
yeux.
Mon désir est que ma famille soit, comme celle de Stéphanas, un
ministère familial puissant et exemplaire qui plaît au Seigneur Jésus.

— Jonathan Lindvall

QUESTIONS À DISCUTER
1. Comment l’individualisme a-t-il eu un impact sur nos familles et nos
églises?
2. Plusieurs ouvriers chrétiens se sont tellement consacrés à leurs minis-
ters qu’ils en ont négligé leurs familles. Quel est l’impact de cela sur
les églises dans lesquelles ces ouvriers travaillent?
3. Que nous disent les Écritures au sujet de l’attitude de Dieu envers la
famille?
4. Donnez quelques exemples de comment Dieu s’est servi des relations
familiales comme métaphore dominante pour décrire la relation des
chrétiens du Nouveau Testament avec Lui et entre eux.
5. Pourquoi le commandement concernant l’hospitalité est-il l’un des
mandats les plus négligés dans l’église moderne?
6. Pourquoi le mariage est-il un critère essentiel pour être un ancien?
7. Pourquoi avoir des enfants bien élevés est-il un critère pour être un
ancien?
8. Que nous indique la Bible au sujet des apôtres qui ont des familles et
qui voyagent avec leurs femmes?
9. Quels sont les exemples dans le Nouveau Testament de familles
entières qui oeuvraient dans le ministère?

191
LE MINISTÈRE DE LA FAMILLE — LA CLÉ POUR DES ÉGLISES EN SANTÉ

192
SERVIR PAR LES DONS
14
SERVIR PAR LES DONS

Lequel de ces deux groupes de croyants serait le plus en mesure


de financer des implanteurs d’église et de subvenir aux besoins des
pauvres : un millier de croyants assemblés dans une église traditionnelle
avec son propre sanctuaire, auquel on a joint une aile pour l’école du
dimanche et un centre pour la famille (qui contient des allées de quilles,
des courts de racquetball et un gymnase), ou bien un millier de croyants
subdivisés en cinquante églises-maison, dirigées pour la plupart par des
responsables à deux vocations? Un sondage effectué sur des
congrégations protestantes en Amérique révèle qu’environ 82 % des
revenus de l’église servent aux bâtiments, au personnel et aux
programmes internes; 18 % seulement vont à l’évangélisation.1 Dans les
églises-maison bibliques, ces pourcentages sont très facilement
réversibles!
Puisqu’il n’y a aucun bâtiment à payer, bien souvent aucun pasteur
à temps plein et qu’on ne perçoit pas les offrandes chaque semaine, les
nouveaux adeptes de l’église-maison nous posent souvent la question : «
Que faite-on avec nos dîmes et nos offrandes? » La réponse est agréable
et libératrice. Premièrement, Dieu aime celui qui donne avec joie
(2 Co 9:6-7) et donner à la façon du Nouveau Testament peut être très
réjouissant! Deuxièmement, c’est libérateur dans le sens où vos dons
peuvent servir aux besoins les plus criants : soutenir les ouvriers de l’église
à temps plein et subvenir aux besoins des pauvres.
L’église-maison dont je fais partie fait rarement de collecte. On
encourage chaque famille à mettre de côté un montant de leur paie pour
faire leur propre fonds d’offrande. Semaine après semaine, les fonds de
chaque famille augmentent et ils sont gardés jusqu’à ce qu’il y ait un
besoin dans la congrégation. Les dons dans notre église se font
généralement directement du donateur au bénéficiaire, sans intermédiaire
(même si, à l’occasion, il y a des collectes). Nous donnons de cette
façon aux missionnaires, aux orphelinats étrangers, à l’église persécutée,
aux anciens locaux et aux pauvres. Dans notre cas, nous n’avons pas de
compte en banque pour l’église ni de propriété d’église.

LES COLLECTES
Dans le Nouveau Testament, peu de situations ont nécessité une
véritable collecte de la part de toute l’église. L’une d’elles était d’aider
193
SERVIR PAR LES DONS
les autres croyants dans le besoin (Ac 11:27-30; 24:17; Rm 15:25-28;
1 Co 16:1-4; 2 Co 8:1-15; 9:12). Une autre était afin de soutenir les
apôtres (les implanteurs d’église) dans leur ministère (Ac 15:3; Rm 15:23-
24; 1 Co 9:1-14; 16:5-6, 10-11; 2 Co 1:16; Ph 4:14-18; Tt 3:13-14; 3 Jn 5-
8).
Quand des croyants d’ailleurs vivaient des épreuves (en raison
d’une famine, de la persécution ou d’autre chose), on demandait aux
autres églises de les soutenir financièrement. Évidemment, ces collectes
n’étaient pas continuelles — elles cessaient lorsque le besoin était
rencontré (Ac 11:27-30; 12:25; 1 Co 16:1-4). Dans cette perspective,
nous qui faisons partie de l’église occidentale ferions bien de soutenir
nos frères de l’église chinoise. Les dons locaux faits aux pauvres étaient
faits en secret et directement (Mt 6:1-4, 19-21; Ep 4:28). L’église gardait
aussi une liste des veuves admissibles à un soutien (1 Tm 5:3, 9, 16).
L’église avait le devoir de soutenir (envoyer) des apôtres (des
implanteurs d’église). Dans le Nouveau Testament, le mot grec pour
envoyer (propempo) est associé avec l’idée de soutenir quelqu’un lors
de son voyage avec de la nourriture et de l’argent, de lui fournir des
compagnons de voyage, d’organiser ses moyens de transport, etc. Cela
signifie d’envoyer un apôtre avec des provisions (Ac 15:3; Rm 15:24;
1 Co 16:6,11; 2 Co 1:16; Tt 3:13; 3 Jn 5-8). On peut dire la même chose
du mot accueillir (Ph 2:29; 3 Jn 10). Accueillir un implanteur d’église
était de lui fournir un logis temporaire et pourvoir à ses besoins matériels.
Les implanteurs d’église du Nouveau Testament recevaient une somme
d’argent pour se rendre à destination. Une fois là-bas, ils évangélisaient
la région, établissaient des églises, donnaient une formation de base puis
s’en allaient. En chemin, ils pouvaient être accueillis dans les églises
existantes et ils continuaient ensuite leur route.
1 Corinthiens 9:1-14 affirme que les apôtres/implanteurs d’église
ont le droit de vivre de l’Évangile. Paul était assez polyvalent pour être
capable de pourvoir à ses propres besoins lorsque les fonds de l’église
étaient insuffisants. D’autres qui ont reçu des dons dans l’église du pre-
mier siècle étaient des évangélistes à temps plein et des anciens
compétents. On doit une dette matérielle à ceux qui sèment des
bénédictions spirituelles dans nos vies.
Il est troublant de comparer les buts des dons du Nouveau Testa-
ment avec les dépenses faites de nos jours avec l’argent pour le ministère.
Dans le milieu des années 80, un journal de Memphis rapportait que le
bâtiment d’une église baptiste locale au centre-ville avait 330 000 pieds
carrés, 1 400 espaces de stationnement, 221 salles de classe et un audi-
torium pouvant contenir 2700 personnes. Le coût moyen d’entretien par
194
SERVIR PAR LES DONS
mois, même à cette époque, était de 25 000 $! La valeur de leur orgue
était évaluée à 800 000 $.2 Comment Paul et les apôtres ont-ils pu œuvrer
sans avoir recours à de tels moyens? Il n’y a pas grand-chose dans le
Nouveau Testament qui peut justifier de telles dépenses. Le modèle du
Nouveau Testament est de donner aux autres plutôt que de posséder.

LA DÎME
« La Bible l’enseigne. J’y crois. La dîme. » Telles sont les paroles
chantées chaque semaine par la congrégation d’une grande église où
j’allais avant. Certains pasteurs-enseignants ont catégoriquement déclaré
que si le peuple de Dieu ne donne pas la dîme, il vole Dieu (Mal 3:8-10)!
Une méga-église demande à ses membres de réciter le « Credo du donneur
de dîme ». Ils répètent « La dîme appartient au Seigneur. Par la vérité,
nous le savons. Par la foi, nous y croyons. Avec joie, nous la donnons. La
dîme! »
Bien sûr, la Bible enseigne la dîme. Cette même loi mosaïque qui
exige la dîme enseigne aussi au peuple de Dieu à ne pas manger de
crevettes et d’huîtres. La vraie question est si oui ou non de telles lois de
l’Ancienne Alliance nous lient toujours sous la Nouvelle Alliance. La loi
de Moïse est-elle identique à la loi de Christ?
À l’opposé, la dîme de l’Ancien Testament était obligatoire et non
volontaire. Son but était de soutenir financièrement un gouvernement
théocratique. C’était comme notre impôt fédéral. C’était un élément
nécessaire à tout le système lévitique avec ses sacrificateurs et son
temple (2 Ch 24:6, 9). Contrairement à Israël, l’église n’est pas sous une
théocratie, mais sous des gouvernements humains séculiers.
Contrairement à Israël, l’église n’a aucune classe spéciale de
sacrificateurs, mais tous ceux dans l’église sont sacrificateurs.
Contrairement à l’Alliance mosaïque, la Nouvelle Alliance n’a pas de
temple complexe à construire et à entretenir. L’église se réunit plutôt
dans les maisons de ses membres et les croyants eux-mêmes
(individuellement et en groupe) forment le temple de Dieu (des pierres
vivantes pour un temple spirituel). Tout comme il n’y a plus de temple,
plus de classe spéciale de sacrificateurs, plus de théocratie, plus de terre
sainte, plus de restrictions alimentaires (huîtres, crevettes), il n’y a plus
de dîme non plus. La dîme n’est jamais commandée dans la Nouvelle
Alliance. Il y a eu un changement de loi (He 7:12), les ordonnances
antérieures ont été abolies (He 7:18) et la Nouvelle Alliance a rendu
l’ancienne caduque (He 8:13).
Certains frères se sentent obligés de donner la dîme puisque la
pratique a en fait précédé l’Ancienne Alliance. Par exemple, Abraham
195
SERVIR PAR LES DONS
donna la dîme à Melchisédech et puisque l’Ancienne Alliance n’a été
instaurée que plusieurs centaines d’années après, la dîme est considérée
comme une pratique continuelle qui transcende n’importe quelle alliance.
Au premier coup d’œil, cet argument semble valable. Cependant,
lorsqu’on réalise que c’est un événement isolé (et non continuel) dans la
vie d’Abraham (on peut dire la même chose de la dîme de Jacob), et
qu’Abraham a aussi offert des animaux en sacrifice et qu’il a circoncis
les mâles de sa maison (lesquels sont maintenant considérés comme des
pratiques religieuses caduques par tous les chrétiens), cet argument perd
sa force. Dans le meilleur des cas, on pourrait conclure que nous devons
seulement donner la dîme qu’une fois dans toute notre vie!
D’autres ont la conscience liée en raison de cette affirmation de
Jésus « vous payez la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin, et vous
négligez les choses les plus importantes de la loi […]. Il fallait faire ces
choses-ci et ne pas omettre celles-là. » (Mt 23:23). Pour bien comprendre
cela, il faut savoir à quoi s’applique le mot loi (Mt 23:23). Jésus parlait
aux docteurs de la loi et aux Pharisiens – des hommes qui vivaient avant
l’instauration de la Nouvelle Alliance. La loi était celle de l’Alliance
mosaïque et non de la Nouvelle Alliance. Les Israélites du temps de
Jésus devaient en effet donner la dîme (et, en passant, faire des sacri-
fices d’animaux). Nous qui sommes sous la Nouvelle Alliance n’avons
pas cette obligation puisque la première alliance et sa loi ont été abolies.
Vive la loi de Christ!
Bien sûr, il n’y a rien de mal avec la dîme si c’est ce que Dieu vous
met à cœur. Comme on l’a remarqué plus haut, Abraham et Jacob ont
tous deux donné la dîme volontairement avant même que la loi ne soit
donnée. Ce sont des exemples à suivre! Mais ne vous sentez pas obligé
de donner la dîme. La clé est de donner selon ce que nous avons à cœur
de donner. Jésus est-il mort sur la croix pour que nous ayons à donner
moins que dix pour cent?!

SEMER ET RÉCOLTER
La Nouvelle Alliance prône sans hésiter la vertu de la générosité.
Dans Matthieu 6:19-21, Jésus nous a enseigné à amasser des trésors au
ciel. Dans Matthieu 19:21, Jésus a dit au jeune homme riche de donner
aux pauvres afin qu’il ait un trésor au ciel. 1 Timothée 6:18-19 nous
exhorte à être « prompts à donner, faisant part de [nos] biens; s’amassant
ainsi pour l’avenir un trésor placé sur un bon fonds, afin d’obtenir la vie
éternelle ». Nous devons partager avec les autres, « car Dieu prend
plaisir à de tels sacrifices » (He 13:16). Selon ce que vous donnez
régulièrement, quel trésor avez-vous amassé au ciel?
196
SERVIR PAR LES DONS
Mais combien devrions-nous donner? Cela dépend de comment
nous voulons récolter plus tard, combien nous voulons être bénis et
combien de trésors nous voulons au ciel. Les Écritures nous rappellent
ceci : « Celui qui sème chichement moissonnera chichement, et celui qui
sème abondamment moissonnera aussi abondamment. Que chacun donne
selon qu’il l’a résolu en son cœur, non à regret, ni par contrainte; car
Dieu aime celui qui donne avec joie. » (2 Co 9:6-7). Selon la Nouvelle
Alliance, chacun devrait donner « selon qu’il l’a résolu en son cœur ».
C’est tout ce qu’il y a à ce sujet! La dîme, telle qu’exigée par Moïse,
n’est pas une pratique de la Nouvelle Alliance. Remarquez bien que le
texte dit que notre don doit être fait « non à regret, ni par contrainte »
(2 Co 9:7). Si un enseignant vous dit que vous devez donner la dîme
sinon vous volez Dieu, n’est-ce pas de vous contraindre? Mais ne prenez
pas cette liberté pour couvrir votre avarice. Donnez généreusement.
Donnez avec joie. Donnez régulièrement.
Donnez selon ce que vous avez à cœur de donner. Considérez que
ce n’est peut-être pas d’utiliser vos dons de la meilleure façon que de les
dépenser pour des sanctuaires d’église spéciaux, pour des frais de
conciergerie, pour de l’aménagement paysager, pour des meubles haut
de gamme semblables à des trônes où le pasteur s’assoit ou pour des
orgues à 800 000 $. La volonté de Dieu est que son peuple donne
premièrement afin de subvenir aux besoins des pauvres et de soutenir
les ouvriers chrétiens (missionnaires, implanteurs d’église, apôtres,
évangélistes, anciens compétents, etc.). Priez pour savoir à qui et combien
vous devriez donner.
— Steve Atkerson

NOTES
1 “Where Church Revenues Go,” The Atlanta Journal And Constitu-
tion (Atlanta, GA: April 19, 1992).
2 John Belfuss, “Mississippi Boulevard OK’s Bellevue Purchase,” The
Commercial Appeal (Memphis, TN), A-1.

197
SERVIR PAR LES DONS
QUESTIONS À DISCUTER
1. Lequel de ces deux groupes de croyants serait le plus en mesure de
soutenir des ministres et de subvenir aux besoins des pauvres : un
millier de croyants assemblés dans une église traditionnelle ou bien un
millier de croyants subdivisés en cinquante églises-maison, dirigées
pour la plupart par des responsables à deux vocations? Expliquez votre
réponse.
2. Puisqu’il n’y a aucun bâtiment à payer, aucun budget à respecter et
pas d’offrande collectée à chaque semaine, qu’est-ce que les croyants
de l’église-maison sont censés faire avec leurs dîmes et leurs
offrandes?
3. Quelques causes seulement ont justifié une collecte dans les églises
du Nouveau Testament. Quelles étaient-elles?
4. Quel euphémisme est sous-entendu dans les mots « envoyer » et «
recevoir » un ouvrier d’église?
5. Quel principe peut-il être tiré de 1 Corinthiens 9:1-14 concernant les
dons?
6. Évaluez ce slogan : « La Bible l’enseigne. J’y crois. La dîme. »
7. Selon Jésus, comment pouvons-nous nous amasser des trésors au ciel
(Mt 6:19-21)? Voir aussi 1 Tm 6:18-19.
8. Que nous dit 2 Corinthiens 9:6-7 sur le montant que nous devrions
donner?
9. Selon ce que vous donnez régulièrement, quel trésor avez-vous amassé
au ciel?

198
SERVIR PAR LES DONS

Partie III
QUESTONS TOUCHANT L’ÉGLISE

199
SERVIR PAR LES DONS

200
L’ÉGLISE DE LOCALITÉ
15
L’ÉGLISE DE LOCALITÉ

Le mot église (ekklesia) était employé de diverses façons dans le


Nouveau Testament. La plupart du temps, il est employé dans deux cas.
L’un d’eux est ce que les théologiens ont appelé l’église catholique
(universelle). L’autre est l’église locale. L’église universelle désigne
l’ensemble des croyants qui ont vécu, de tous les temps et du monde
entier. L’église locale est l’ensemble des croyants d’une localité
spécifique. Certains enseignent que l’église locale prend la forme de ce
qu’ils nomment l’église de localité. Qu’est-ce que l’église de localité?
Quelle est la relation entre l’église de localité et l’église-maison? Pour
répondre à cela, on doit d’abord comprendre l’église universelle
(catholique).

I. UNE SEULE ÉGLISE CATHOLIQUE


1. L’église universelle est une réalité biblique. Certaines affirma-
tions dans les Écritures ne font pas référence à une église locale
particulière, mais plutôt à l’ensemble du peuple de Dieu, en tout temps et
en tous lieux (au ciel ou encore sur la terre), c’est-à-dire tous ceux qui
appartiennent à Jésus. Par exemple, Jésus dit dans Matthieu 16:18, « sur
cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront
point contre elle ». C’est un fait que certaines églises locales ont disparu.
La promesse de perpétuer l’église n’a pas été faite à une église locale
particulière mais plutôt à l’église tout entière.
La réalité de l’église catholique se voit aussi dans Romains 12:5,
« nous, qui sommes plusieurs, nous sommes un seul corps en Christ ».
Plus loin, Éphésiens 1:22 affirme que Dieu le Père a donné Christ comme
« chef suprême de l’Église ». Colossiens 1:18 renchérit cette idée en
affirmant que Jésus est « la tête du corps de l’Église ». Christ est la Tête
et l’église universelle est Son corps. Il y a donc qu’une seule église
universelle, un seul corps de Christ. (En raison d’abus passés du concept
d’église universelle, plusieurs font référence à ces exemples en utilisant
le mot générique église.)
2. L’église universelle est constituée de l’ensemble de tous les
croyants. Ce sont tous ceux dont le nom paraît dans le Livre de Vie de
l’Agneau; tous ceux qui sont inscrits dans les cieux (He 12:22-23). La
mort sépare les saints d’ici-bas des saints d’en haut, mais ils ne forment
qu’un, une seule église.
201
L’ÉGLISE DE LOCALITÉ
3. L’église universelle n’a encore jamais été toute réunie. Plusieurs
de ses membres ont déjà été glorifiés, beaucoup d’autres ne sont pas
encore nés, et ceux sur terre sont répandus aux quatre vents. Comme
nous le savons, cette assemblée aura lieu un jour dans le futur, lorsque le
temps aura cessé. Plusieurs hymnes font allusion à cette assemblée. De
ce qu’on en dit, ce sera une expérience hors du commun.
4. L’église universelle n’a pas d’organisation humaine externe. Il
n’y a aucune preuve biblique que les disciples de Christ, après la disper-
sion de l’église d’origine à Jérusalem, se soient mobilisés pour former
une société organisée. L’église est invisible dans le sens où elle n’est pas
sous la responsabilité d’une organisation terrestre et humaine.
On peut comparer l’église universelle aux noms inscrits dans un
bottin téléphonique. Plusieurs noms se trouvent dans le bottin. Ils ont
tous quelque chose en commun : un numéro de téléphone. Pourtant, ces
gens ne sont pas rassemblés par une même organisation. Il en est ainsi
de l’église universelle sur terre. Chaque croyant est inscrit dans le Livre
de Vie de l’Agneau. Tous ont Christ. Pourtant, ils ne sont pas organisés
ensemble de façon extérieure et terrestre.
5. Le lien de l’église universelle est le lien spirituel de l’amour. Cet
amour surnaturel s’exprime concrètement : Paul avait à cœur les besoins
de l’église locale de Jérusalem et il a fait une collecte dans tout le monde
romain pour lui venir en aide. Si une partie du corps souffre, tout le corps
souffre. Nous compatissons vivement aux mauvais traitements subis par
nos frères et sœurs chinois puisqu’ils sont de la même famille; nous
sommes dans la même église. Romains 12:5 nous rappelle que « nous
sommes un seul corps en Christ; et nous sommes chacun en particulier
les membres les uns des autres ». 1 Corinthiens 12 révèle que chacun
est une partie d’un corps de Christ et que « lorsqu’un membre souffre,
tous les membres souffrent avec lui » (12:26-27).
6. L’église universelle a des ministres identifiables ayant des dons
surnaturels. Éphésiens 4:11-12 dit que Christ « a établi les uns apôtres,
les autres prophètes, les autres évangélistes, et les autres pasteurs et
docteurs; pour le perfectionnement des saints, pour l’œuvre du ministère,
pour l’édification du corps de Christ ». Ces gens avec des dons peuvent
certainement être membres d’églises locales organisées, mais leurs dons
viennent du Saint-Esprit et leur utilité est souvent pour l’église universelle,
pas seulement pour l’église locale. Ces hommes œuvrent localement
mais ils ont souvent à cœur toute l’église. Ces exemples incluent Paul,
Barnabas, Apollos. Comme John Wesley a dit « Ma paroisse, c’est le
monde. » 1 De tels ministres pensent au monde entier, mais agissent
localement!
202
L’ÉGLISE DE LOCALITÉ
En somme, l’église universelle est l’ensemble de tous ceux qui sont
sauvés en Christ. C’est la collectivité de ceux qui sont rachetés en Christ,
toute la famille de la foi. L’église universelle est composée des citoyens
de la Nouvelle Jérusalem. L’existence de l’église universelle est exprimée
ainsi dans le Crédo de Nicée « Je crois en l’Église, une, sainte, catholique
et apostolique. »

II. PLUSIEURS ÉGLISES LOCALES


Même s’il y a manifestement qu’une seule église universelle, le
Nouveau Testament mentionne aussi de multiples églises (au pluriel)
dans différentes régions (Ga 1:2, Ap 1:4) ou distingue les églises de
différentes villes (Ac 13:1, 1 Th 1:1). Si des groupes de croyants se
réunissaient à deux endroits différents, la Bible en parle comme étant
deux églises distinctes. Cela nous amène à employer le mot église dans
un contexte différent, l’église locale. L’église locale est un sous-groupe
de l’église universelle.
Jésus a dit que si un frère pèche et refuse de se repentir, l’une des
étapes pour le reprendre est « dis-le à l’Église » (Mt 18:17). Jésus faisait
référence à l’église locale et non à l’église universelle. C’est l’église
locale qui a l’autorité de chasser les membres rebelles, de tenir des
réunions régulières, d’avoir des anciens reconnus et d’être organisée.
Rien de cela ne s’applique à l’église universelle.
Donald Guthrie a écrit que « le but initial de l’église était que les
communautés locales de croyants se réunissent à un même endroit […]
on ne peut trop insister sur l’importance de la communauté dans le
Nouveau Testament. »2 Selon le dictionnaire New Bible Dictionnary
(Nouveau dictionnaire biblique), « Une ekklesia était une réunion ou un
rassemblement […] église n’est pas synonyme de “peuple de Dieu ”;
c’est plutôt une activité du “peuple de Dieu” ».3 Pareillement, quelqu’un
a déjà fait remarquer avec humour que les oiseaux volent, les poissons
nagent et les églises se réunissent. L’idée, c’est que « Si tu ne te réunis
pas, ce n’est pas une église locale! »
Quelle est la forme extérieure appropriée de l’église locale? Est-ce
l’église-maison ou bien l’église de localité?

1. UNE ÉGLISE LOCALE À LA GRANDEUR DE LA VILLE. Certains affirment


que l’église locale doit être organisée en une seule église par ville,
constituée d’un réseau de plusieurs églises-maison qui se réunissent.
Ceux qui défendent l’idée d’une seule église par localité affirment qu’il
n’y a qu’une seule église organisée par ville. On avance aussi que cette

203
L’ÉGLISE DE LOCALITÉ
église de localité devrait tenir régulièrement des réunions pour l’ensemble
des croyants de la ville.
De telles « églises » -maison ressembleraient plutôt à des groupes
de rencontre de quartier ou bien à des cellules d’église semi-autonomes,
soumises à l’église-mère (l’église de localité). En pratique, ce ne serait
pas très différent d’une grande église baptiste dont les membres sont
subdivisés en quelques dizaines de classes d’école du dimanche. Selon
le plan idéal d’une église de localité, aucun sous-groupe (comme les
églises-maison, les églises baptistes, les églises presbytériennes ou les
assemblées pentecôtistes) d’une localité n’est censé être autonome. Elles
sont toutes censées être réunies sous la bannière de l’église de localité.
Les réunions de toute l’église de localité sont dites être le contexte
approprié pour les rassemblements interactifs de 1 Corinthiens 14 et non
les églises-maison. Les rassemblements de l’église de localité seraient le
moment approprié pour célébrer le Repas du Seigneur. Seule l’église
d’une localité aurait le pouvoir de discipliner un frère ou une sœur. Si la
théorie de l’église de localité est correcte, « l’église »-maison n’a alors
aucune directive biblique sur ce qu’elle doit faire lorsqu’elle s’assemble
ou encore pour quoi elle existe.
Sur quoi fondent-ils leurs convictions au sujet de l’église de localité
organisée? Les endroits dans le Nouveau Testament où une seule église
est mentionnée dans une ville en particulier sont un argument pour justi-
fier le modèle d’une seule église par localité. Par exemple, Apocalypse 1:4
fait référence aux églises (pluriel) de la province d’Asie et traite ensuite
de l’église (singulier) de chacune des sept villes de cette province (2:1, 8,
12, 18, etc). Le fait que le Nouveau Testament ne se réfère jamais
spécifiquement aux « églises » (pluriel) d’une même ville ajoute du poids
à l’idée d’une seule église par localité. La situation à Corinthe pourrait
servir d’exemple principal du modèle d’église de localité.

LA SITUATION À CORINTHE
A. LA SALUTATION. La salutation dans 1 Corinthiens 1:2 mentionne «
l’Église de Dieu qui est à Corinthe ». Cette salutation suggère qu’il n’y
avait qu’une seule église à Corinthe et non plusieurs. La théorie de l’église
de localité affirme qu’il n’est censé y avoir qu’une seule église par ville
et qu’elle doit être une entité organisée avec son propre gouvernement,
ses responsables et ses réunions.
B. LA DISCIPLINE DE L’ÉGLISE. Dans 1 Corinthiens 5:4-5, Paul s’est
occupé du frère immoral qui devait être discipliné. Il a écrit « Au nom de
notre Seigneur Jésus-Christ, vous et mon esprit étant assemblés, avec la
puissance de notre Seigneur Jésus-Christ, qu’un tel homme soit livré à
204
L’ÉGLISE DE LOCALITÉ
Satan ». Paul a écrit comme s’il y avait une assemblée de toute l’église
de Corinthe au même endroit.
C. LE REPAS DU SEIGNEUR. 1 Corinthiens 11b révèle qu’il y avait des
abus lors du Repas du Seigneur à Corinthe. Il y avait des divisions
profondes entre les classes. Les riches préféraient évidemment ne pas
manger avec les pauvres, alors ils ont convenu d’arriver plus tôt au lieu
de rencontre. Lorsque les pauvres arrivaient enfin, peut-être après avoir
travaillé, les riches avaient déjà mangé. Il ne restait plus de nourriture.
Ce type d’abus du Repas du Seigneur n’aurait pas pu arriver à moins
que tous, riches et pauvres, ne s’assemblent dans la même église et ne
se réunissent au même endroit. Manifestement, ils ne s’assemblaient
pas en différents endroits pour célébrer le Repas du Seigneur. Les riches
évitaient les pauvres en mangeant à une heure différente et non dans un
endroit différent.
D. LA RÉUNION PARTICIPATIVE. Le contexte de la réunion participa-
tive implique aussi la réunion de toute l’église de la localité. Par exemple,
1 Corinthiens 14:23 affirme que « Si donc toute l’Église est assemblée en
un même lieu, et que tous parlent des langues, et que des gens du commun
peuple, ou des incrédules y entrent, ne diront-ils pas que vous avez perdu
le sens? ».
E. LES ANCIENS DE LA VILLE. Les défenseurs de l’église de localité
pensent que c’est l’ensemble de l’église d’une localité qui doit avoir des
anciens et pas nécessairement chaque église-maison. En effet, com-
ment une église-maison typique peut-elle vraiment engendrer plusieurs
anciens? En regardant ailleurs qu’à l’exemple des Corinthiens, les
défenseurs de l’église de localité citeront Tite 1:5, « La raison pour laquelle
je t’ai laissé en Crète, c’est afin que tu achèves de mettre en ordre ce
qui reste à régler, et que tu établisses des anciens dans chaque ville,
suivant que je te l’ai ordonné ». Ils y voient la nécessité d’un conseil
d’anciens pour l’église de localité, et non d’anciens pour l’église-maison.
Certains demandent même l’établissement d’un évêque dirigeant ou de
pères apostoliques pour guider l’église de localité.

2. L’ÉGLISE-MAISON LOCALE. D’autres affirment que l’église-maison


organisée est la forme extérieure appropriée pour l’église locale et non
une seule église par localité. D’un côté, il y a l’église universelle et de
l’autre, l’église locale. Il y a une grande église et une petite église, mais
non une église-mère par ville.
Comment plusieurs textes au sujet de l’église-maison peuvent-ils
être utilisés pour mettre de l’avant des textes au sujet de l’église locale?
Sans aucun doute, tous les endroits où le mot église est utilisé (à
205
L’ÉGLISE DE LOCALITÉ
l’exception des références à l’église universelle) désignent un groupe de
croyants qui s’assemblaient tous au même endroit pour des assemblées
régulières d’église. Au début, dans une nouvelle ville, il n’y avait
certainement qu’un seul lieu de rencontre; mais quand le nombre de
croyants augmentait, les lieux de rencontre se multipliaient. Il finissait
donc par avoir plusieurs églises à l’intérieur d’une même ville. Il n’a
jamais été question qu’il n’y ait pour toujours qu’une seule réunion d’église-
maison par ville.
En d’autres mots, si les auteurs du Nouveau Testament ont parlé
de l’église (singulier) dans une ville particulière, c’est simplement parce
qu’il n’y avait qu’un seul groupe, qu’un seul lieu de rencontre à ce mo-
ment de l’histoire et dans cette ville. Selon Mark Galli, l’éditeur du
magasine Histoire chrétienne, « En 100 apr. J-C, les chrétiens étaient
environ au nombre de 7 000, un simple 0.0034 pour cent de l’Empire
romain. »4 Il n’est pas étonnant qu’il n’y avait qu’une seule congrégation
par ville à cette époque. Mais avec le temps, chaque église initiale devait
éventuellement multiplier ses lieux de rencontre afin de devenir plusieurs
églises organisées dans cette ville plutôt que de rester une seule église-
maison.
Combien grande était l’église de Corinthe? Peu importe sa gran-
deur, tous ses membres étaient capables de s’assembler en un même
endroit pour avoir une réunion plénière participative, tous y célébraient le
Repas du Seigneur ensemble et ils exerçaient tous ensemble la discipline
de l’église. C’était toutefois une seule église-maison. Dans sa lettre aux
Romains rédigée à Corinthe, Paul a écrit « Gaïus, mon hôte, et celui de
toute l’Église, vous salue » (Rm 16:23). Il semble que c’était une très
grande église-maison, bien que néanmoins une église-maison, puisque
Gaius était en mesure de pouvoir accueillir toute l’église de Corinthe.
Quelle est la preuve que l’église-maison soit la forme extérieure
appropriée pour l’église locale? À l’exception peut-être du portique de
Salomon, c’est un fait que chaque fois que le Nouveau Testament affirme
clairement où une église se réunissait régulièrement, c’était dans une
maison privée. Si on regarde l’histoire de l’église, on constate que les
premiers croyants ont continué à s’assembler dans des maisons privées
pendant deux cents ans (l’équivalent de l’histoire des États-Unis comme
nation). Mais où cette supposée église de localité se serait-elle réunie si
pendant des siècles, le tout premier lieu de rencontre pour les réunions
d’église était un salon?
G. F. Snyder, dans Church Life Before Constantine (La vie d’église
avant Constantin), a écrit que « l’Église du Nouveau Testament a
commencé en petit groupe d’église-maison […] et il en a été ainsi jusqu’au
206
L’ÉGLISE DE LOCALITÉ
milieu ou vers la fin du troisième siècle. Il n’y a aucune preuve d’endroits
plus grands pour les réunions avant 300. » 5 Ces premières églises-maison
ont grandi et plutôt que de chercher de plus grands endroits pour tenir
leurs réunions, elles ont commencé de nouvelles églises-maison dans la
même ville. Ceci est aux antipodes de la théorie d’église de localité comme
une entité organisée. Les églises-maison auxquelles on fait référence
dans le Nouveau Testament semblent authentiques, de vraies églises en
elles-mêmes, et non seulement des cellules ou des groupes-maison.
Ceux qui défendent l’église de localité croient qu’idéalement, les
églises doivent se diviser seulement en raison de la distance, telle que
définie par les limites de la ville (la géographie). Ceux qui maintiennent
que l’église-maison est le modèle approprié pour l’église locale
reconnaissent que la division par la géographie est vraie en principe,
mais que les limites de la ville ne sont pas les vraies limites. Ils croient
aussi à un autre facteur de division : les limites de la maison, l’espace du
salon, de la géographie au sens de l’espace approprié disponible. Si tous
les croyants ne peuvent se réunir dans une maison, il est temps de com-
mencer une nouvelle église. La limite, c’est la grandeur d’un salon de
taille moyenne.
Quel est le lien entre ces références à l’église-maison et les quelques
affirmations bibliques au sujet de l’église (singulier) d’une ville? Est-ce
vraiment possible que la Bible parle de « l’église » dans une ville en
particulier simplement parce qu’il y avait qu’une seule assemblée dans
cette ville à cette époque? S’il y a eu plusieurs congrégations, n’aurait-il
pas été plus approprié de faire référence aux églises de cette ville plutôt
qu’à l’église de cette ville? Prenons comme exemple la situation à Rome.

LA SITUATION À ROME
La plupart des épîtres du Nouveau Testament ne contiennent pas
de salutation à « l’église » dans une ville particulière. En saluant les
croyants de Rome par exemple, Paul a écrit « À tous les bien-aimés de
Dieu, appelés et saints, qui sont à Rome » (Rm 1:7). Il n’a pas salué «
l’église » de Rome comme telle. En fait, le Nouveau Testament ne fait
jamais référence à « l’église » de Rome. Serait-ce parce qu’il y avait
plus d’une congrégation à Rome?
Aquilas et Priscille étaient un couple juif qui vivait à Rome. Paul
n’avait jamais été à Rome lorsqu’il a écrit sa lettre aux croyants de
Rome, mais il connaissait ce couple qui avait vécu à Corinthe et à Éphèse.
Paul les a donc salués dans sa lettre lorsqu’il a écrit aux saints de Rome.
Il a écrit « Saluez Priscille et Aquilas, mes compagnons d’œuvre en

207
L’ÉGLISE DE LOCALITÉ
Jésus-Christ […] Saluez aussi l’Église qui est dans leur maison »
(Rm 16:3-5).
Quelle est la différence entre « tous les saints à Rome » (Rm 1:7)
et « l’église qui est dans leur maison » (Rm 16:3-5)? L’église qui se
réunissait chez Priscille et Aquila a été particulièrement saluée en tant
qu’église distincte, un sous-groupe de « tous les saints à Rome » (Rm 1:7).
Paul n’aurait pas eu à spécifier quelle église il saluait à moins qu’il n’y
eût plus d’une église à Rome. « Saluez l’église qui est dans leur maison
» (je mets en gras), et non les églises d’autres maisons de Rome.
Il y avait évidemment un nombre considérable de croyants à Rome,
beaucoup plus qu’à Corinthe, et ils se réunissaient en plus d’un endroit
chaque Jour du Seigneur. Par exemple, dans Romains 16:14, il y a une
salutation pour « Asyncrite, Phlégon, Hermas, Patrobas, Hermès, et les
frères qui sont avec eux. ». Qui étaient les frères qui étaient « avec »
eux? Probablement les autres personnes d’une autre église qui se
réunissait avec eux.
Regardons aussi Romains 16:15 : « Saluez Philologue et Julie, Néréa
et sa sœur, et Olympe, et tous les Saints qui sont avec eux. ». Qui étaient
les saints qui étaient « avec » eux? Cela suggère fortement que les saints
qui étaient avec eux formaient encore une autre église de Rome, distincte
des « frères » qui se réunissaient avec Asyncrite et les autres, et aussi
distincte de l’église qui se réunissait dans la maison de Priscille et
d’Aquilas.
On peut aisément défendre qu’il y avait au moins trois lieux de
rassemblement distincts pour les croyants de Rome, qui représentaient
au moins trois églises distinctes. Prenez note aussi que Paul a seulement
salué par leur nom ceux qu’il connaissait. Sans doute existait-il beaucoup
d’autres églises-maison à Rome que Paul ne connaissait pas
personnellement lorsqu’il a écrit.

L’EXEMPLE DE L’ÉGLISE DE JÉRUSALEM : PETITE OU GRANDE?


Appliquons tout ceci à l’église de Jérusalem. L’église de Jérusalem
est l’un des quelques exemples où la Bible parle d’une seule église dans
une ville (Ac 8:1). On peut penser que c’est simplement parce que les
croyants s’assemblaient tous ensemble en un seul endroit. En effet, l’église
de Jérusalem était une seule entité organisée. Par exemple, Actes 2:1
affirme qu’« ils étaient tous d’un accord dans un même lieu ». Actes 6:1-
2a affirme que « C’est pourquoi les douze, ayant convoqué la multitude
des disciples ».
Contrairement à Corinthe, l’église de Jérusalem n’était pas du tout
une église-maison (bien qu’ils mangeaient ensemble dans différentes
208
L’ÉGLISE DE LOCALITÉ
maisons, Ac 2:46). À la Pentecôte, environ 3000 personnes se sont ajouté
aux premiers cent vingt croyants (Ac 1:15). Ensuite, Actes 4:4 nous dit
que « plusieurs de ceux qui avaient entendu la parole, crurent, et le nombre
des hommes fut d’environ cinq mille. ». Luc nous informe aussi que « le
nombre des disciples se multipliait beaucoup à Jérusalem. Et un grand
nombre de sacrificateurs obéissaient à la foi » (Ac 6:7). L’église de
Jérusalem était une église énorme même selon les standards d’aujourd’hui.
C’était une méga-église!
Où tant de gens se réunissaient-ils? Actes 5:12 nous donne la
réponse : « ils étaient tous d’un commun accord au portique de Salomon ».
Le portique de Salomon était un énorme lieu de rassemblement, il avait
un toit posé sur des colonnes bien espacées dont les côtés étaient ouverts.
C’était un portique, une véranda. Cela se faisait avant la persécution qui
s’abattit plus tard sur Jérusalem et qui empêcha de si grands
rassemblements.
Devrions-nous suivre l’exemple de Jérusalem dans nos églises
d’aujourd’hui? (Si c’est le cas, ce serait fait en parallèle au concept
d’église-maison.) La réponse est oui et non. Oui en des circonstances
semblables. Mais leurs circonstances étaient uniques et non similaires
aux nôtres. Alors en pratique, normalement et dans les faits, c’est non.
Trop souvent l’église moderne a laissé l’exception devenir la règle. La
situation à Jérusalem était unique pour plusieurs raisons.
Premièrement, l’église de Jérusalem était la toute première église
et n’en était qu’à ses débuts. Elle était au stade de l’incubation. Comme
Harvey Bluedorn l’a fait remarquer « Plusieurs choses devaient encore
se mettre en place. C’était un tout nouveau projet de construction, mais
on ne doit pas confondre l’échafaudage et le matériel de construction
avec le bâtiment lui-même. »6
Deuxièmement, l’église de Jérusalem était seulement composée
de Juifs nouvellement convertis. Par conséquent, ils étaient fortement
attachés aux choses de l’ancienne alliance, incluant l’adoration dans le
temple. Pour citer encore Bluedorn : « L’église de Jérusalem était
seulement composée de Juifs circoncis qui avaient vécu toute leur vie
sous la loi et dans les environs du temple. Sur le plan culturel, ils avaient
un certain style de vie sous une loi administrative qui devait bientôt cesser
de s’appliquer. Ils étaient en période de transition. Ils devaient se défaire
de la culture immature de l’ancienne alliance, axée sur la conformité
externe, en faveur de la culture mature de la nouvelle alliance, axée sur
la transformation intérieure. Il y avait plusieurs sacrificateurs convertis
qui étaient encore zélés pour la loi, ayant ainsi une conscience faible qui
les empêchait de grandir dans l’Évangile. À Jérusalem, bon nombre
209
L’ÉGLISE DE LOCALITÉ
d’accommodements culturels ont été permis que nous n’envisagerions
probablement même pas de nos jours. »7
Troisièmement, l’église de Jérusalem était instantanément
confrontée à un très grand nombre de convertis. Des milliers se sont
convertis. Plusieurs convertis étaient des pèlerins religieux, des visiteurs
temporaires venus à Jérusalem pour observer la Pâque et la Pentecôte.
Josephus a écrit que la population de la ville grossissait de plusieurs fois
sa taille normale. Luc l’a dit de cette manière « Or, il y avait en séjour à
Jérusalem des Juifs, hommes pieux, de toutes les nations qui sont sous le
ciel. […] Parthes, Mèdes, Élamites, et ceux qui habitent la Mésopotamie,
la Judée, la Cappadoce, le Pont et l’Asie, la Phrygie, la Pamphylie,
l’Égypte, les quartiers de la Lybie qui est près de Cyrène, et les étrangers
romains,
Juifs et Prosélytes, Crétois et Arabes » (Ac 2:5-11). Éventuellement,
ces nouveaux convertis ont dû retourner chez eux. Entre-temps, tous
ces gens devaient être instruits en tant que disciples et affermis dans
leur foi. Comment s’y prendre lorsque 3 000 Juifs de toutes les nations
se convertissent soudainement à Jérusalem (Ac 2:5-11, 41) et, peu après,
quelques milliers de résidents locaux (Ac 4:4)? Il n’y avait que douze
apôtres formés et désignés!
Pour être en mesure d’enseigner rapidement tant de nouveaux
convertis, l’église devait tenir de grandes réunions. C’est pourquoi « ils
persévéraient dans la doctrine des apôtres » (Ac 2:42) et s’assemblaient
chaque jour dans la cour du temple (Ac 2:46). C’était aussi l’époque du
communalisme volontaire (Ac 4:32-35), une façon unique de donner en
réponse à ce besoin unique et formateur. Ce modèle n’a pas été répété
par les autres églises établies plus tard. La norme, c’est les petites églises
et la propriété privée, et non les méga-églises et le communalisme.
Imaginez cela : des milliers de nouveaux croyants qui n’ont vraiment
nulle part ailleurs sur terre pour être formés si ce n’est là à Jérusalem.
Le temps était court pour les former. Ils devaient éventuellement retourner
chez eux. Des situations extraordinaires nécessitent des mesures
extraordinaires : des réunions de masse et le communalisme. Si tous les
mormons de Salt Lake City se convertissaient soudainement et
manifestaient une foi sincère dans le Seigneur Jésus, cela aussi serait
une situation unique qui nécessiterait des mesures extraordinaires de la
part de la vraie église.
Ces grands rassemblements dans la cour du temple n’ont pas duré
longtemps, parce que les pèlerins sont par la suite partis et même les
résidents locaux qui restaient furent forcés d’en sortir. Luc écrit qu’« il y
eut une grande persécution contre l’Église de Jérusalem; et tous, excepté
210
L’ÉGLISE DE LOCALITÉ
les apôtres, furent dispersés dans les contrées de la Judée et de la
Samarie. » (Ac 8:1).
Des années plus tard, ce qui restait de l’église de Jérusalem a
encore tenu une réunion plénière. Cela est écrit dans Actes 15, le conseil
de Jérusalem : « Alors toute l’assemblée se tut, et ils écoutaient Barna-
bas et Paul, qui racontaient quels miracles et quelles merveilles Dieu
avait faits par eux, parmi les Gentils. » (Ac 15:12). Luc a écrit que « les
apôtres et les anciens avec toute l’Église jugèrent à propos […] » (Ac
15:22). L’église avait grandement diminué, ce n’était plus des milliers
comme auparavant.
(Pour préciser, le conseil de Jérusalem lui-même était un événement
assez unique en ce qu’on a débattu au sujet de la nature même du mes-
sage de l’Évangile. La question était celle-ci : « La foi en Jésus est-elle
suffisante ou les gens doivent-ils être circoncis? » Les premiers apôtres
étaient toujours à Jérusalem et ils établissaient ce qu’était la norme et le
standard pour la doctrine. Le faux évangile de la circoncision devait être
condamné et le vrai Évangile devait être affermi et défendu. C’était la
responsabilité des Douze. Ils avaient été choisis et formés par Jésus afin
de Le représenter sur terre d’une façon que personne d’autre n’a pu le
faire jusqu’ici. Ce n’est pas que l’église de Jérusalem avait quelque autorité
sur les autres églises. C’est plutôt que les apôtres, de pair avec l’église
de Jérusalem, ont envoyé une lettre décidant de la question qui condamnait
le critère de la circoncision.)

L’ÉGLISE DE LA JUDÉE, DE LA GALILÉE ET DE LA SAMARIE?


Le modèle biblique est normalement de faire référence aux églises
(pluriel) d’une région (Ac 15:41, 1Co 16:1, 16:9, 2Co 8:1, Ga 1:2). Par
conséquent, dans Actes 9:31, la version Ostervald dit « Cependant, les
Églises étaient en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie ».
Cependant, dans la Colombe, le mot église est au singulier : « L’Église
était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie ». Quelle est la
bonne lecture, église ou églises?
La cause est une différence dans le texte original grec utilisé par
ces traductions. Si « église » (singulier) est la bonne traduction, alors ce
serait la seule référence à une église régionale dans toute la Bible. Mais
même si c’est la bonne traduction, on peut légitimement penser que le
mot désignait l’église dispersée de Jérusalem. L’église de Jérusalem était
la seule église dans le monde entier. L’église d’origine a été si sauvagement
persécutée que « tous, excepté les apôtres » ont été dispersés (Actes 8:1).
Où l’église est-elle allée? En Judée et en Samarie (Ac 8:1). Ainsi
« l’église » en Judée, en Galilée et en Samarie (9:31) fait probablement
211
L’ÉGLISE DE LOCALITÉ
référence à l’église dispersée de Jérusalem. On trouve dans Galates 1:22
une autre preuve que Actes 9:31 désigne l’église dispersée de Jérusalem.
Écrit des années après la dispersion de l’église de Jérusalem, Galates
1:22 revient à l’usage courant et fait référence aux « églises » (pluriel)
en Judée. Cela suggère que des églises indigènes locales autonomes se
sont formées en Judée dans les années suivant la dispersion. Des réfugiés
de l’église de Jérusalem ont commencé de nouvelles églises dans les
endroits où ils ont fui.
Mais il est possible que Luc fasse référence à tous les croyants de
ces régions de manière abstraite. De façon similaire, on pourrait
dire « L’église en Chine est persécutée. » Il n’y a pas d’église organisée
en Chine où tous les croyants participent; c’est une réalité abstraite.
L’église de Chine et celle de Judée sont toutes deux des sous-groupes
abstraits de la seule église universelle. La Bible ne parle pas d’église
régionale organisée, pas plus qu’elle ne parle d’une église universelle
organisée. Il y a des exemples d’églises locales organisées (pluriel) dans
une région (comme Galates 1:2), mais aucun exemple d’une église
régionale organisée. Il n’y a aucun fondement biblique à ce que l’autorité
ou l’organisation d’une église terrestre dépasse les limites de sa
congrégation locale. Il n’y a aucun fondement biblique à une église
mondiale organisée (comme l’Église catholique romaine dit l’être) ni même
à une église régionale organisée (comme l’Église d’Écosse ou l’Église
d’Angleterre ou l’Église orthodoxe russe).
Ainsi, la différence dans les manuscrits grecs d’Actes 9:31 peut
permettre de considérer une alternative possible au concept d’église de
localité : une église abstraite dans chaque localité, représentant plusieurs
églises-maison locales organisées. Tout en reconnaissant que chaque
église-maison est la forme appropriée pour l’église locale, les croyants
ne devraient quand même pas perdre de vue qu’il n’y a, sur le plan
abstrait, qu’une seule église dans la ville. On doit être conscient de la
réalité abstraite de l’église de localité, mais non pas lui faire prendre la
forme d’une organisation ou d’une autorité terrestre. Notre attitude devrait
être de reconnaître qu’il y a en effet une seule église par ville et que nous
en sommes partie intégrante. Mais l’église-maison demeure la forme
appropriée pour l’organisation d’une église locale et non pas l’église de
localité.
En somme, l’église universelle est une réalité abstraite; l’église
régionale est une réalité abstraite et l’église de la ville est une réalité
abstraite. Aucune d’elles n’a d’autorité, de réunions ou de modèle
d’organisation selon la Bible. En pratique, de croire qu’il n’y a, sur le
plan abstrait, qu’une seule église dans la ville signifie coopérer avec les
212
L’ÉGLISE DE LOCALITÉ
autres vraies églises dans des projets communs (les dons, la prière,
l’évangélisation) comme Paul a collecté l’église universelle pour aider
l’église locale de Jérusalem. Croire en une seule église par ville signifie
être solidaire par le lien d’amour pour tous les croyants de votre ville.
Croire en une seule église par ville signifie accepter tous les croyants de
votre ville, qu’ils soient baptistes, méthodistes, presbytériens ou autre.
C’est aussi une possibilité pour tous les anciens de chaque ville de
coopérer comme un genre de conseil d’anciens libre.

REMARQUES SUR L’ÉGLISE DE LOCALITÉ


1. Comment l’église entière d’une grande ville peut-elle tenir une
assemblée plénière? Seulement à Londres, il y a plus de gens que dans
certains pays européens en entier. Il y a eu des croyants à Londres
depuis l’époque romaine et le nombre de chrétiens à cet endroit est
certainement énorme. Même Watchman Nee, un ardent défenseur de
l’église de localité, a admis que des villes comme Londres devraient être
divisées pour avoir une église par arrondissement ou par code postal.
Cependant, si d’avoir une seule église par ville (l’église de localité) est
vraiment la norme biblique, quelle autorité avons-nous pour nous en
détourner et diviser Londres en de plus petites unités?
2. Le Nouveau Testament a été écrit il y a maintenant deux mille
ans. Plusieurs des premières églises ont cessé d’être des églises et sont
plutôt devenues des synagogues de Satan. D’autres églises sont remplies
de membres non régénérés; de prétendus frères qui vivent ouvertement
dans le péché sans que personne les exclue du groupe. Certaines
congrégations ont des pasteurs homosexuels. D’autres ont des anciens
qui nient la Trinité, la conception virginale ou l’œuvre propitiatoire de
Christ à la croix. Devons-nous nous joindre à de tels prétendus frères
dans le but d’avoir une seule église dans la ville? Les défenseurs de
l’église de localité répondront sans doute en disant que seulement les
vrais croyants sont admis dans l’église de localité. Mais qui va déterminer
cela? Cela peut aisément engendrer des conflits, du ressentiment et des
divisions. Un groupe de croyants à Atlanta qui croient au concept de
l’église de localité ont construit un grand bâtiment avec une affiche à
l’extérieur qui clame « L’Église d’Atlanta se réunit ici ». Combien
arrogante et sectaire doit sembler cette affiche aux milliers d’autres
croyants d’Atlanta qui ne se réunissent pas là pour l’église le dimanche.
Ironiquement, les défenseurs de l’église de localité font face au
même genre de problème que les grands Réformateurs : séparer les
vrais croyants des non-croyants dans des églises d’État. Ils en sont venus
à Ecclesiola in Ecclesia, la petite église de bon blé dans la grande église
213
L’ÉGLISE DE LOCALITÉ
d’ivraie. L’histoire laisse croire que de telles tentatives de réforme in-
terne sont rarement une réussite.8
3. Dans une seule et énorme église de la localité, comment le peuple
de Dieu peut-il être protégé contre les prima donna, les loups en habit
d’agneau ou les fausses doctrines? Bien que les églises de toutes tailles
font face à ce problème, une église de localité finirait probablement par
avoir des problèmes semblables à ceux qui sont arrivés à l’Église
catholique romaine. Quand la direction est devenue corrompue, toute la
structure l’est aussi devenue. Tandis qu’avec des églises-maison
décentralisées, lorsque l’une d’elles est corrompue, les autres sont plus
isolées de l’erreur.
4. Certains profitent déjà du concept d’église de localité pour ex-
cuser de passer d’une église-maison à une autre, de dimanche en
dimanche, comme des gitans spirituels qui ne doivent rien à personne. Se
considérant eux-mêmes comme étant membres de l’église en général,
ils ne veulent rien savoir des réalités mondaines des relations
interpersonnelles avec le même groupe de croyants chaque semaine.
D’autres ont tordu le concept d’église de localité afin d’avoir une excuse
pour faire tout ce qu’ils veulent. Pour eux, l’église de localité est
essentiellement une église sans définition.
5. Les réunions d’église doivent être axées sur le Repas du Seigneur
comme un repas complet de communion, suivi d’une réunion interactive.
Une des choses que les familles font, c’est de manger ensemble. L’église
doit être comme une famille et doit manger ensemble. Cela se fait plus
facilement dans une maison avec quelques personnes que l’on peut
apprendre à connaître et avec qui on peut entretenir une relation
personnelle. S’il y a trop de gens, on perd ce contexte intime.
Lorsque j’étais au séminaire, je faisais partie du personnel à temps
partiel d’une église comptant plus de 14 000 membres. Nous avions des
soupers les mercredis soir au bâtiment d’église dans une grande salle
avec plusieurs rangées de tables. Malgré le fait que je faisais partie du
personnel, je ne connaissais pas 90 % des gens qui s’y trouvaient! Ce
repas de communion ressemblait à une sortie au restaurant. C’était très
impersonnel et institutionnel. En quoi serait-ce différent si le Repas du
Seigneur était célébré par l’église entière d’une ville?
6. Un autre aspect de la réunion du Jour du Seigneur est la réunion
participative (1 Co 14) qui n’est pas censée être le spectacle d’une seule
personne ou un « service ». De petites assemblées facilitent les réunions
participatives. De grandes assemblées sont plus appropriées pour une
réunion de type « conférence ». Si chacun des frères doit avoir la
possibilité de prendre parole lors des réunions (1 Co 14:23), il faut donc
214
L’ÉGLISE DE LOCALITÉ
avoir de petites plutôt que de grandes réunions. Si chaque semaine vous
venez à la réunion avec quelque chose que vous croyez que le Seigneur
veut que vous partagiez et que semaine après semaine vous revenez à la
maison sans avoir eu la possibilité de le partager parce qu’il y a beaucoup
d’autres personnes qui partagent, vos réunions sont peut-être rendues
trop grandes. Comment l’église d’une ville entière peut-elle réellement
tenir des réunions inspirées de 1 Corinthiens 14 avec des centaines ou
même des milliers de personnes présentes?
7. Jacques 5:16 enseigne « Confessez vos fautes les uns aux autres,
et priez les uns pour les autres ». Galates 6:1-2 exige « Frères, si un
homme a été surpris en quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez-
le dans un esprit de douceur. Prends garde à toi-même, de peur que tu ne
sois aussi tenté. Portez les fardeaux les uns des autres, et accomplissez
ainsi la loi de Christ. ». Ils étaient proches dans l’église du premier siècle
et ils étaient responsables les uns des autres dans le cadre de relations
interpersonnelles. Dans une grande église vous pouvez facilement vous
perdre dans la foule. Si vous n’y êtes pas, vous ne manquez à personne.
Votre contribution à l’église est comparable à un litre d’eau de plus qui
passe sous le pont de Londres. Si vous êtes dans le péché, vous pouvez
facilement vous en tirer parce que personne ne sait ce qui se passe dans
votre vie. Une grande église est trop impersonnelle. Jésus a enseigné
clairement que nous devons être un groupe de gens qui pratiquent la
sainteté et l’obéissance. Jésus a décrit dans Matthieu 18 les étapes à
suivre pour reprendre une personne rebelle. Ces procédures sont plus
efficaces dans un petit groupe où tous se connaissent (les églises-maison),
mais cela devient d’autant plus difficile à mesure qu’une église locale
grandit (l’église d’une ville entière).
8. Le Nouveau Testament est rempli de commandements visant «
les uns les autres », ce qui présuppose des relations interpersonnelles
intimes : « soyez pleins de tendresse les uns pour les autres, quant à
l’honneur, prévenez-vous les uns les autres, ayez les mêmes sentiments
entre vous, aimez-vous les uns les autres, accueillez-vous les uns les
autres, exhortez-vous les uns les autres, ayez soin les uns des autres,
assujettissez-vous les uns aux autres, supportez-vous les uns les autres,
soyez bons et miséricordieux les uns aux autres, soumettez-vous les uns
aux autres dans la crainte de Dieu, consolez-vous les uns les autres,
exhortez-vous les uns les autres, prenons garde les uns aux autres, pour
nous exciter à la charité et aux bonnes œuvres » (Rm 12:10, 12:16, 13:8,
15:7, 15:14, 1 Co 12:25, Ga 5:13, 6:2, Ep 4:2, 4:32, 5:21, 1 Th 4:18. He
3:13, 10:24). C’est l’église-maison locale et non l’église de localité qui
est le meilleur lieu pour cela.
215
L’ÉGLISE DE LOCALITÉ
9. Si les apôtres ont clairement enseigné ou établi quelque chose,
on ne devrait pas remettre en question ce que l’on doit faire. Si les
apôtres n’ont pas été précis, alors on a la liberté. Le danger de l’église
de localité est de rendre obligatoire une structure artificielle qui n’a aucun
fondement dans le Nouveau Testament.

RÉSUMÉ
L’église de localité est, tout au plus, un sous-groupe abstrait de
l’église universelle. La forme appropriée pour l’église locale organisée
est l’église-maison et non l’église de localité. L’église de localité est
davantage une attitude qu’une entité. Une conviction philosophique de
l’église de localité devrait engendrer une attitude de coopération avec
les autres églises dans l’évangélisation, les dons, la prière, l’adoration, la
formation, de l’amour pour tous les frères, et un intérêt pour les croyants
qui ne sont pas de notre groupe. Le concept d’église de localité nous
aide à empêcher les divisions et à créer un sentiment d’unité avec les
autres croyants de notre ville.
Ceux qui adhèrent aux idées de ce livre pour la première fois vont
naturellement consacrer leur temps et leur attention à commencer et à
maintenir leur première église-maison. Cependant, on ne doit pas s’arrêter
lorsque la première église a été mise en place avec succès. Une église-
maison isolée, entièrement seule, peut rapidement devenir axée sur soi,
monastique et malsaine. La véracité de l’existence de l’église universelle
signifie que nous devons vraiment penser de manière globale et agir
localement. Dans les mêmes proportions, une approbation philosophique
de l’église de localité exige que nous pensions à la ville et agissions
localement. À tout le moins, la théorie de l’église de localité suggère que
l’on n’est pas satisfait d’une seule église-maison, mais que nous visons
plutôt que la ville soit remplie d’églises-maison locales autonomes, mais
qui coopèrent.
— Steve Atkerson

NOTES
1 John Wesley, Journal of John Wesley (Chicago, IL: Moody Press,
1951).
2 Donald Guthrie, New Testament Theology (Downers Grove, IL: In-
ter-Varsity Press, 1988), 788.
3 D.W.B. Robinson, “Church,” New Bible Dictionary, J.D. Douglas,
editor. 2nd ed., (Wheaton, IL: Tyndale House Publishers, 1982), 205.
4 Mark Galli, “Adventures in Time Travel,” Discipleship Journal (Colo-
rado Springs, CO: NavPress, Issue #106 July/August 1998).
216
L’ÉGLISE DE LOCALITÉ
5 G. F. Snyder, in Church Life Before Constantine (Macon, GA: Mer-
cer University Press, 1991), 166.
6 Harvey Bludorn, personal correspondence,
7 Ibid.
8 Martin Llyod Jones, “Approaches to the Reformation of the Church,”
Puritan and Westminster Conference in 1965.

QUESTIONS À DISCUTER
1. Quelles sont les deux principales manières d’employer le mot « église »
dans les écrits du Nouveau Testament?
2. Quels passages bibliques peuvent être cités pour prouver l’existence
de l’église universelle?
3. Comment les théologiens définissent-ils l’église universelle?
4. Qu’est-ce que l’église locale?
5. En quoi l’église locale est-elle différente de l’église universelle?
6. Quels sont les différents points de vue concernant l’église de localité?
7. En quoi l’église de localité est-elle différente de l’église-maison?
8. Quelle est la preuve que l’église maison est la forme appropriée de
l’église locale?
9. Est-ce l’église de localité ou l’église-maison qui est autonome?
Pourquoi?
10. Comment reconcilier les divers passages concernant l’église-maison
avec les différents passages concernant l’église de localité pour définir
la forme appropriée de l’église locale?
11. Que pensez-vous de l’argument disant que la Bible parle de « l’église »
dans une certaine ville simplement parce qu’il n’y avait qu’une seule
assemblée dans cette ville à cette époque.
12. Quelle est la différence entre « tous les saints à Rome » (Rm 1:7) et
« l’église qui est dans leur maison » (Rm 16:3-5)?
13. Devrions-nous suivre l’exemple de Jérusalem dans nos églises
d’aujourd’hui? Pourquoi?
14. Qu’est-ce qui est surprenant dans l’énoncé « L’Église était en paix
dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie » (Actes 9:31, version
Colombe)?
15. Où donc une église de localité organisée d’une très grande ville
pourrait-elle tenir une réunion plénière?
16. Comment éviter de s’associer avec de prétendus frères (les
théologiens libéraux, les gens immoraux, les hérétiques) lorsqu’on tente
d’établir une église de localité?

217
L’ÉGLISE DE LOCALITÉ
17. Dans une seule et énorme église de localité, comment le peuple de
Dieu peut-il être protégé contre les prima donna, les loups en habit
d’agneau ou les fausses doctrines?
18. Comment une église de la localité organisée pourrait-elle de manière
réaliste tenir des réunions interactives selon 1 Corinthiens 14 lorsque
des centaines, voire des milliers de gens sont présents?
19. Que représente l’église locale : la ville ou la maison? Pourquoi?

218
METTRE LA VÉRITÉ EN PRATIQUE — LA DISCIPLINE ECCLÉSIASTIQUE
16
METTRE LA VÉRITÉ EN PRATIQUE — LA DISCIPLINE
ECCLÉSIASTIQUE

LA MOTIVATION DE LA DISCIPLINE
Nous avons un Sauveur qui désire que tous Ses enfants marchent
dans la vérité. Son amour pour nous est démontré de plusieurs façons. Il
s’est donné lui-même, Il nous a sauvés, Il nous a transformés, Il nous a
donnés la puissance, Il vit en nous, Il nous guide, nous dirige, nous enseigne,
et même qu’Il nous discipline. Tout cela est motivé par son amour pour
ses enfants. Écoutez la déclaration d’Apocalypse 3:19, « Je reprends et
je châtie tous ceux que j’aime; aie donc du zèle, et te repens. ».
Cette forme de discipline motivée par l’amour n’est rien d’autre
que le désir du Père que ses enfants connaissent la vérité et y marchent.
Cet amour souligne que le Père sait mieux que quiconque ce qui est bon,
et qu’Il veut ce qu’il y a de mieux pour ses enfants. Il souligne que nous
voyons comme dans un miroir, obscurément, et que nous prenons des
décisions égoïstes, qui engendrent parfois des conséquences horribles
dans nos vies. Puisque le Père a envoyé le Fils pour que nous ayons la
vie, et que nous l’ayons en abondance, nous avons besoin d’être corrigés,
dirigés et disciplinés, ce qu’Il fait dans son amour.
L’amour que le Père démontre en nous disciplinant est expliqué
dans Hébreux 12:5-11 : « Mon fils, ne méprise pas le châtiment du
Seigneur, et ne perds point courage, lorsqu’il te reprend; car le Seigneur
châtie celui qu’il aime, et il frappe de ses verges tout fils qu’il reconnaît.
Si vous souffrez le châtiment, Dieu se présente à vous comme à des fils;
car quel est le fils que son père ne châtie pas? Mais si vous êtes exempts
du châtiment auquel tous ont part, vous êtes donc des bâtards, non des
fils légitimes. D’ailleurs nos pères selon la chair nous ont châtiés, et nous
les avons respectés: ne serons-nous pas beaucoup plus soumis au Père
des esprits, pour avoir la vie? Car nos pères nous châtiaient pour peu de
jours, comme ils le trouvaient bon; mais Dieu nous châtie pour notre
avantage, afin que nous participions à sa sainteté.
Il est vrai que tout châtiment ne paraît pas sur le moment un sujet
de joie, mais de tristesse; mais ensuite il produit un fruit paisible de jus-
tice pour ceux qui ont été ainsi exercés. ».
Le dictionnaire biblique Evangelical Dictionary of Biblical The-
ology montre que « le concept de la discipline de Dieu, et éventuellement
le concept de la communauté et ses responsables exerçant la discipline
de Dieu, sont tirés du concept de discipline domestique (Dt 21:18-21; Pr
219
METTRE LA VÉRITÉ EN PRATIQUE — LA DISCIPLINE ECCLÉSIASTIQUE
22:15; 23:13). Dieu est décrit comme un père qui guide son enfant… Le
concept de discipline en tant que châtiment familial demeure dans le
Nouveau Testament (Ep 6:4; 2 Tm 2:25; He 12:5-11). »1

DISCIPLINE PERSONNELLE ET PRIVÉE


Comment le Père nous discipline-t-il? Il discipline de diverses façons
et à l’aide de plusieurs méthodes, mais, habituellement, il utilise à la fois
la Parole et Son Esprit. D’une façon très privée et personnelle, en utilisant
la Parole et en nous convainquant par l’Esprit de Dieu, Il nous révèle nos
péchés et nous amène à la vérité. Lorsque nous nous repentons avec
zèle, Il prend plaisir à changer nos pensées et nos cœurs et à nous donner
la puissance de surmonter les obstacles qui nous ont arrêtés par le passé.
Comment la Parole nous discipline-t-elle? 2 Timothée 3:16 dit « Toute
l’Écriture est divinement inspirée, et utile pour enseigner, pour convaincre,
pour corriger, pour former à la justice ». Quand nous lisons et étudions
Sa Parole, et que nous prenons conscience de Ses commandements, Il
nous donne alors la chance de nous repentir et de faire les choses à Sa
façon. Proverbes 6:23 déclare : « Car le commandement est une lampe,
l’enseignement est une lumière, et les corrections propres à instruire
sont le chemin de la vie ». La majeure partie de la discipline divine a lieu
pendant les temps de dévotion dans la Parole et la prière. En privé et de
façon personnelle, le Père nous enseigne sa voie et nous donne la puis-
sance de la suivre!
La Parole travaille de concert avec le Saint-Esprit pour nous
convaincre de la justesse des voies du Seigneur. Par exemple, Jésus a
promis dans Actes 1:8 que « vous recevrez la puissance du Saint-Esprit,
qui viendra sur vous; et vous me servirez de témoins, tant à Jérusalem
que dans toute la Judée, et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la
terre ». Lorsque nous sommes sauvés, le Saint-Esprit vient vivre en
nous : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit,
qui est en vous, et qui vous a été donné de Dieu » (1 Co 6:19). Nous
avons la responsabilité de garder ce que le Seigneur nous a donné par
son Esprit. 2 Timothée 1:14 commande, « Garde le bon dépôt, par le
Saint-Esprit qui habite en nous ». L’un des outils que nous avons pour
nous aider à garder ce que le Seigneur nous a donné est l’esprit de
discipline. Par exemple, Paul rappelle que « Car Dieu ne nous a point
donné un esprit de timidité, mais de force, de charité et de prudence » (2
Tm 1:7).
Toute discipline est dure et difficile : « Il est vrai que tout châtiment
ne paraît pas sur le moment un sujet de joie, mais de tristesse; mais
ensuite il produit un fruit paisible de justice pour ceux qui ont été ainsi
220
METTRE LA VÉRITÉ EN PRATIQUE — LA DISCIPLINE ECCLÉSIASTIQUE
exercés » (He 12:11). En contraste, selon Proverbes 12:1 : « Celui qui
aime la correction, aime la science; mais celui qui hait d’être repris, est
un insensé. ». Notre choix est clair : soit nous acceptons la discipline du
Seigneur et aimons les fruits paisibles de la justice, soit nous jouons les
insensés et rejetons Sa discipline.

DISCIPLINE ECCLÉSIASTIQUE PUBLIQUE


Qu’arrive-t-il lorsqu’un frère ou une sœur refuse la conviction de
l’Esprit et l’enseignement clair de la Parole? Lorsqu’un croyant accepte
ouvertement et pratique un comportement explicitement interdit par la
Parole? 1 Corinthiens 12 enseigne avec précision que nous sommes les
membres d’un seul corps. Non seulement nous y apprenons comment le
corps fonctionne et la place de tous les dons dans le corps, mais aussi
que lorsqu’un des membres du corps est malade, cela touche tout le
corps. Le verset 26 déclare : « Aussi, lorsqu’un membre souffre, tous les
membres souffrent avec lui; et lorsqu’un membre est honoré, tous les
membres se réjouissent avec lui ». Lorsque notre frère pèche et qu’il ne
se repent pas, cela affecte tout le corps, et tout le corps en souffre.
N’oubliez pas : « Or, vous êtes le corps de Christ, et vous êtes ses
membres, chacun en particulier. » (12:27). Par conséquent, nous avons
une responsabilité familiale d’aider notre frère qui est dans le péché.
Motivé par amour pour le frère, nous sommes commandés de confronter
le frère et la situation de péché afin de rétablir le frère et de protéger la
famille qui se réunit localement.
Bien que plusieurs passages des Écritures touchent à ce sujet, les
deux principaux sont Matthieu 18 et Galates 6. Nous citons ces pas-
sages ci-dessous puisque nous y faisons souvent allusion :
Si ton frère a péché contre toi, va et reprends-le entre toi et lui seul;
s’il t’écoute, tu as gagné ton frère. Mais s’il ne t’écoute pas, prends
avec toi encore une ou deux personnes, afin que tout soit réglé sur la
parole de deux ou de trois témoins. Que s’il ne daigne pas les écouter,
dis-le à l’Église; et s’il ne daigne pas écouter l’Église, regarde-le comme
un païen et un péager. Je vous dis en vérité que tout ce que vous aurez
lié sur la terre, sera lié dans le ciel; et tout ce que vous aurez délié sur
la terre, sera délié dans le ciel. Je vous dis encore, que si deux d’entre
vous s’accordent sur la terre à demander quoi que ce soit, ils
l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. Car où il y a deux ou trois
personnes assemblées en mon nom, je suis là au milieu d’elles.
— Matthieu 18:15-20

221
METTRE LA VÉRITÉ EN PRATIQUE — LA DISCIPLINE ECCLÉSIASTIQUE

Frères, si un homme a été surpris en quelque faute, vous qui êtes spirituels,
redressez-le dans un esprit de douceur. Prends garde à toi-même, de
peur que tu ne sois aussi tenté. Portez les fardeaux les uns des autres,
et accomplissez ainsi la loi de Christ.
— Galates 6:1-2

LA PREMIÈRE ÉTAPE
Le processus de découverte du péché est toujours laissé à la provi-
dence du Seigneur. Il ne doit jamais y avoir un comité permanent d’enquête
ou un groupe de surveillants responsable de découvrir les péchés qui
sont dans la vie de un et chacun. Plus nous marchons en Christ, plus
nous grandissons dans l’intimité et la communion, plus nous deviendrons
naturellement au courant de ce qui arrive dans la vie de notre prochain.
Lorsque nous marchons en Christ et découvrons qu’une personne est
dans le péché ou voyons un frère pécher, nous sommes alors appelés à
agir pour le bien du frère en question. Il importe de remarquer que tout le
monde, et non seulement les anciens et les responsables, sont appelé à
exercer ce ministère qui appartient au corps en entier. Si vous êtes celui
qui découvre un frère dans le péché, vous êtes aussi celui qui est
responsable d’aller voir le frère et de le confronter. N’allez pas voir les
anciens; plutôt, allez voir le frère qui est dans le péché. La seule qualifi-
cation requise de la personne qui doit confronter le frère en question est
qu’elle soit un frère et soit spirituelle, habitée par l’Esprit du Dieu vivant.
Si le Seigneur vous a choisi pour être utilisé de cette façon, la
première étape consiste à prier et à vérifier votre motivation. Sommes-
nous motivés par l’amour du frère? Agissons-nous dans un esprit de
douceur? Cherchons-nous la guérison du frère en question? Faisons-
nous attention au cas où nous serions tentés d’une façon similaire? De
toute évidence, on doit prier et penser à propos de beaucoup de choses
avant de franchir la première étape de parler en privé avec le frère qui
est dans le péché.
Après vous être préparé dans la prière et l’introspection, la prochaine
étape consiste à aller voir en privé le frère qui est dans le péché,
« reprends-le entre toi et lui seul » (mis en italiques par l’auteur). Je suis
convaincu qu’il s’agit de la méthode privilégiée par le Seigneur. C’est
parce que la majeure partie de la discipline est personnelle et privée, et
elle sert de pont entre une discipline personnelle et une discipline publique.
Jésus a spécifié « seul ». N’est-ce pas merveilleux que le Seigneur ne
veut même pas que nous soyons publiquement humiliés et qu’Il tente
délibérément et spécifiquement de nous en garder? Quelle belle occa-
222
METTRE LA VÉRITÉ EN PRATIQUE — LA DISCIPLINE ECCLÉSIASTIQUE
sion de se repentir sur-le-champ et en privé! Lorsqu’elle porte fruit,
cette première étape de la discipline publique amène le pécheur à la
repentance, édifie le corps et solidifie habituellement la relation entre
celui qui confronte et le frère qui est confronté.
On doit laisser le temps au Saint-Esprit de convaincre de péché.
La réaction initiale de la plupart des gens n’est pas leur réaction finale.
Laissez le temps au frère de considérer dans la prière ce que vous lui
avez dit. N’imposez pas une échéance au travail du Saint-Esprit, mais
continuez d’être disponible pour le frère pour prier et le conseiller. Ne
vous attendez pas à ce que sa toute première réaction soit de se repentir.
C’est un privilège d’observer le travail du Saint-Esprit dans la vie d’un
frère. Un bon indice est de laisser au frère autant de temps que vous
aimeriez qu’on vous en laisse.
Si le frère vous écoute, vous avez gagné le frère. L’affaire est
réglée et aucune autre confrontation n’est nécessaire. Une attention
toute particulière doit être donnée aux fruits de la repentance, afin de
s’assurer que le frère est sincère et qu’il entreprend une démarche biblique
pour se retirer de l’occasion de tentation. Pour aider le frère, il peut
s’avérer nécessaire de continuer de prier et de le conseiller. On devrait
persévérer dans ces moyens jusqu’à ce que et le frère qui a confronté et
le frère qui est dans le péché sont convaincus que la victoire a été obtenue.

LA SECONDE ÉTAPE
Que faire si un frère refuse d’écouter et de se repentir? Jésus a
dit : « Mais s’il ne t’écoute pas, prends avec toi encore une ou deux
personnes, afin que tout soit réglé sur la parole de deux ou de trois
témoins ». On a beaucoup écrit sur la seconde étape de discipline
ecclésiastique publique. Certains pensent que les deux témoins ou plus
doivent être témoins du péché en question. D’autres croient plutôt qu’ils
sont là pour être témoin de la confrontation entre les deux frères au sujet
du péché en cause et pour juger l’attitude et les réactions des deux
hommes impliqués dans la confrontation. Cela a définitivement pour effet
de rendre le processus public. Il s’agit d’une aggravation dramatique du
processus et cela fait appel à la pression publique pour convaincre le
frère d’abandonner son péché et de se repentir.
Nous devons aller voir le frère dans le péché à l’aide de deux ou
trois témoins. Je ne pense pas qu’ils doivent nécessairement être témoins
du péché en cause, mais ils doivent être témoins de la confrontation. Les
témoins doivent aussi être des hommes spirituels qui sont bien ancrés
dans la Parole et qui ne seront pas tentés par une même sorte de péché.
Ils devraient également être en relation avec les deux parties. Ils sont là
223
METTRE LA VÉRITÉ EN PRATIQUE — LA DISCIPLINE ECCLÉSIASTIQUE
pour observer le processus et conseiller à la fois celui qui confronte et
celui qui est confronté. Étant donné que ce type de confrontation verse
parfois dans l’émotion et l’agitation, les témoins peuvent aussi agir en
tant que superviseurs afin de s’assurer qu’un esprit de douceur règne.
Tout au long de la confrontation, les deux ou trois témoins doivent aider
à garder en vue le but de la guérison et à faire en sorte que la conversa-
tion continue dans la bonne direction. La personne confrontée tente parfois
de changer de sujet en interrompant, en attaquant la ou les personnes qui
la confrontent, en justifiant son comportement ou en niant carrément les
accusations. Les témoins doivent aider les deux parties à demeurer
calmes, à garder en vue le but de la guérison dans leur conversation, à
s’assurer que la motivation d’amour pour le frère soit clairement exprimée
pour justifier la confrontation et pour amener la conversation vers une
décision.

LA TROISIÈME ÉTAPE
Si après avoir confronté en privé et avec deux ou trois témoins il
n’y a toujours par de fruit de repentance, la personne à l’origine de la
confrontation et les témoins doivent le rapporter à l’église. Il ne s’agit
pas de l’église universelle, mais de l’église locale, le groupe local qui se
réunit ensemble. On doit parler de la nature du péché, des étapes qui ont
été franchies et des résultats des conversations précédentes. Le pre-
mier rapport peut être fait lors d’une rencontre des hommes, afin que
chaque homme puisse discerner ce qui arrive et décider ce qu’il en dira
à sa femme et à ses enfants, s’il décide de leur en parler. Puisque le
rapport inclut une description du péché en cause, une attention particulière
doit être portée aux croyants immatures et aux enfants. N’oubliez pas
que l’Écriture, dans Galates, enseigne que ceux qui confrontent doivent
être spirituels (matures) et avoir un esprit de douceur. Le but de la guérison
doit être poursuivi avec encore plus de force dans les rapports publics,
car plus il y a de frères et de sœurs qui sont mis au courant, plus la
possibilité de mal réfléchir et de mal agir augmente. Nous devons faire
très attention de ne pas faire des racontars et de la médisance, d’exagérer
et d’adopter une mauvaise attitude. Le but est de guérir, et non de crucifier
le frère. Tous les membres du corps local participent maintenant à la
confrontation du frère et ils doivent tous l’aider.
Il n’y a que deux groupes de personnes dans le monde, ceux qui
sont sauvés et qui sont dans l’église, et ceux qui sont hors de l’église.
Dans Matthieu 18, Jésus parlait à ses disciples, à un temps où l’église
n’existait pas encore. Lorsque Jésus a dit que le frère qui ne se repent
pas devrait être considéré comme un Gentil, il enseignait à ses auditeurs
224
METTRE LA VÉRITÉ EN PRATIQUE — LA DISCIPLINE ECCLÉSIASTIQUE
juifs que le frère non repentant devait être traité comme s’il ne faisait
pas partie de la famille de l’alliance, comme un étranger, séparé de la
grâce de Dieu. Nous voyons l’un des meilleurs exemples de cela dans
les épîtres aux Corinthiens, où Paul dit aux Corinthiens d’exclure le frère
qui était dans le péché sexuel avec sa belle-mère. Dans la seconde épître,
il dit aux Corinthiens de le recevoir à nouveau au sein de l’assemblée de
l’église. Donc, comme pour les autres étapes, cette dernière étape vise
aussi la repentance et la guérison du frère dans le péché.

SOMMAIRE
Le bon berger va toujours chercher la brebis perdue. L’Évangile
est vraiment merveilleux, car il prend soin du frère dans le péché qui ne
parvient pas à se repentir, car celui-ci peut compter sur la bonne volonté
d’une assemblée pleine d’amour qui l’aidera à être guéri et rétabli dans
l’assemblée. Ces directives claires de l’Écriture nous enseignent com-
ment effectuer cette guérison. Considérez les principes suivants :
1. La motivation pour tout acte disciplinaire est l’amour du Père.
2. La majeure partie de la discipline est personnelle et s’effectue en
privé.
3. La majeure partie de la discipline est réalisée au moyen de l’étude
de la Parole et de la prière et du travail du Saint-Esprit dans la
vie d’un croyant.
4. La pratique du péché est un problème familial et les autres membres
de la famille de l’église doivent parfois s’en occuper pour l’amour
du frère qui pèche et de la famille.
5. Dieu lui-même révèle et fait lumière sur toutes choses.
6. Tous les membres spirituels matures du corps sont appelés à ce
ministère du corps.
7. Avant une confrontation, il faut prier et s’examiner soi-même.
8. Faites bien attention de préserver la vie privée du frère qui est
dans le péché en allant le voir en privé.
9. Si le frère rejette le conseil, retournez le voir avec deux ou trois
témoins.
10. « Que s’il ne daigne pas les écouter, dis-le à l’Église »
11. « S’il ne daigne pas écouter l’Église, regarde-le comme un païen
et un péager. »
— Mike Indest
NOTES
1 Walter Elwell, Evangelical Dictionary of Biblical Theology (Grand
Rapids, MI: Baker Publishing Group, 1996).

225
METTRE LA VÉRITÉ EN PRATIQUE — LA DISCIPLINE ECCLÉSIASTIQUE
QUESTIONS À DISCUTER
1. Selon Hébreux 12:4-11 et Apocalypse 3:19, qu’est-ce qui fait partie
intégrante de l’amour de Dieu pour nous?
2. Selon Proverbes 12:1, à quel choix fait face chaque croyant?
3. Comment Dieu le Père utilise-t-il la Parole et l’Esprit pour nous disci-
pliner?
4. Que faire lorsqu’un frère ou une sœur refuse d’être convaincu par
l’Esprit et l’enseignement clair de la Parole (Mt 18, Ga 6)?
5. Quelles sont les étapes du processus disciplinaire de l’église (Mt 18:15-
17)?
6. Quelles questions quelqu’un devrait-il se poser en ce qui concerne ses
motivations avant d’entreprendre la première étape d’un processus
disciplinaire?
7. Quel est le but d’avoir plusieurs témoins lors de la seconde étape du
processus disciplinaire?
8. Quel genre de chrétien devrait vous accompagner en tant que témoin
(Ga 6)?
9. Qu’est-ce que cela veut dire de regarder quelqu’un comme un païen
ou un péager?
10. Quel est le but ultime à chaque étape du processus disciplinaire? Voir
aussi Jacques 5:19-20.
11. Quels sont les différents exemples que Jésus a employés dans Matthieu
18:1-9 pour démontrer la gravité d’être une pierre d’achoppement
pour quelqu’un d’autre?
12. Comment doit-on appliquer Matthieu 18:10-14?
13. Quelle est le lien entre Matthieu 18:18-20 et Matthieu 18:15-17?
14. Jésus a senti le besoin de nous mettre en garde au sujet du pardon
(Mt 18:21-35). Pourquoi une église aurait-elle de la difficulté à
pardonner à un frère repentant? Voir 2 Corinthiens 2:5-11.
15. Pour quelle raison la plupart des églises d’aujourd’hui négligent-elles
totalement Matthieu 18:15 et les versets suivants? Voir 1 Corinthiens 5.
16. Que devriez-vous faire si vous êtes dans une église qui refuse d’obéir
à Matthieu 18:15 et les versets suivants?

226
LES FAMILLES DE L’ÉGLISE
17
LES FAMILLES DE L’ÉGLISE

Malachie 4:4-6 prédit le plan familial de Dieu pour Israël (et plus
tard l’église). Ça montre ce dont Dieu s’attendait des familles israélites
– des cœurs tournés les uns vers les autres. Ce changement du cœur
dans les affaires familiales est un parallèle au changement du cœur de la
Nouvelle Alliance dans Jérémie 31, où Dieu dit qu’il va mettre Sa loi
dans nos cœurs. Quatre cents ans plus tard, l’ange qui apparut à Zacharie
lui annonça la naissance de Jean-Baptiste cité dans Malachie 4 pour
expliquer l’objectif et le ministère de Jean. Dans Luc 1:13-17, l’ange
décrit Jean comme celui qui « convertira plusieurs des enfants d’Israël
au Seigneur leur Dieu » et comme celui qui « tournera les cœurs des
pères vers les enfants, et les rebelles à la sagesse des justes, afin de
préparer au Seigneur un peuple bien disposé ». Le style et l’arrangement
de ces deux descriptions par l’ange en fait des corollaires. Il a tout mis
aux alentours du verset 17a pour que les faits au sujet du ministère de
Jean soient évidents. Jean, en tant que précurseur, a prêché de tourner
son cœur vers le Seigneur, qui en échange allait restaurer les cœurs des
pères vers les cœurs de leurs enfants.
Une des bonnes œuvres qui vient avec le salut est un changement
dans les attitudes et les actions des familles. Le père va guider sa famille
selon Dieu en tant que chef; la mère sera une aide soumise dont son
mari a besoin pour l’aider à obéir au Seigneur. Les enfants obéiront à
leur père et à leur mère. Les membres de la famille s’aimeront les uns
les autres, seront bons les uns envers les autres et seront comme de
meilleurs amis les uns pour les autres. Bref, la famille représentera Dieu
et le Christianisme sur terre.
Les enfants ne sont pas en dehors de l’équation. Nous ne faisons
pas seulement « faire de notre mieux et espérer qu’ils s’en sortent bien ».
Regardez encore Luc 1:17. L’ange n’a cité qu’une partie de Malachie 4:6.
Il a changé « les rebelles à la sagesse des justes » pour « le cœur des
enfants vers leurs pères ». L’ange nous dit donc ce que veut dire « le
cœur des enfants vers leurs pères ». Que les enfants tournent leurs
cœurs (comme le dit Malachie) signifie qu’ils vont obéir à leurs parents
(comme le dit Luc). Quand les parents sont véritablement sauvés, les
enfants vont par la suite changer de rebelles à justes. Cependant, ce
changement n’est pas sans de grands efforts de la part des parents. Ils

227
LES FAMILLES DE L’ÉGLISE
vont fortement désirer la sainteté chez leurs enfants. Une part de ce
changement est de se repentir de la façon du monde d’élever les enfants.
Les parents qui désirent la sainteté chez leurs enfants seront récompensés
par un changement du cœur de ces derniers envers eux dans l’obéissance.

LA DIRECTION DE L’ÉGLISE
Tout cela a une grande influence sur la direction de l’église. Les
anciens et les diacres doivent tous deux répondre aux critères suivants :
« Gouvernant bien sa propre maison, tenant ses enfants dans la
soumission, en toute honnêteté. » (1 Tm 3:4; 5; 12). De plus, ils doivent
avoir des enfants « fidèles, qui ne soient pas accusés de dérèglement, ni
d’insubordination » (Tt 1:6). Être marié et avoir des enfants sont des
critères pour être un ancien. Mais ce critère n’est pas valable pour l’apôtre
itinérant – ni Paul, ni Timothée n’étaient mariés et ils ne sont pas appelés
anciens. Par contre, l’apôtre Pierre était marié et il se dit lui-même un
ancien dans 1 Pierre 5:1-3.
L’ancien doit avoir des enfants dont les cœurs sont tournés vers
leurs parents. L’ancien qui est trop préoccupé par ses besoins ou ceux
de l’église (aussi « importants » soient-ils) ne comprend pas la priorité
absolue d’élever ses enfants d’une façon qui plaît à Dieu. Cela indique
que lui-même n’est pas tourné vers le Seigneur si son propre cœur n’est
pas tourné vers ses enfants (Lc 1:13-17). Qui d’autre le voit vingt-quatre
heures par jour dans ses bons comme dans ses mauvais moments? S’il
ne vit pas la vie chrétienne avec ses enfants, qui est-il pour être un
exemple pour les autres?

L’ÉVANGÉLISATION
Vous pourriez croire qu’avec l’importance des enfants soulignée ci-
dessus, ils doivent être l’objet des efforts d’évangélisation de l’église.
Mais à qui s’adresse l’évangélisation des apôtres? Le livre des Actes
nous montre que les apôtres évangélisaient aux chefs de famille, et non
aux enfants. Corneille, Lydia, et le geôlier philippien sont tous venus à
Christ suite aux efforts des apôtres. Étonnamment, toutes leurs familles
ont suivi. Est-ce seulement un phénomène culturel de l’époque? Je ne
crois pas. Selon le Nouveau Testament, si nous dirigeons notre
évangélisation vers les pères (ou les mères monoparentales), nous allons
gagner leurs enfants. L’homme dont le cœur se tourne réellement vers
le Seigneur se tournera vers ses enfants et ils vont probablement venir à
Christ eux aussi.

228
LES FAMILLES DE L’ÉGLISE
LA DISCIPLINE DE L’ÉGLISE
Les affaires familiales sont directement en lien avec la discipline de
l’église. L’homme qui suit Dieu va discipliner ses enfants (Ep 6:4). Il
tiendra ses enfants responsables de leurs actions et leur enseignera à
obéir à lui et son épouse (voir Pr 1:8; 2:1; 3:1; 4:1; 5:1; etc.).
Les églises modernes ne font pas la discipline des membres
désobéissants parce que nous avons oublié les raisons et les méthodes
bibliques de discipliner nos propres enfants. Ayant élevé des générations
d’enfants sans discipline biblique, nous avons aussi élevé ces mêmes
générations à ne rendre compte à personne de leurs actions, surtout pas
à une église dont les seules exigences sont leur argent et quelques heures
de leur temps par semaine. Les enfants qui ont appris qu’il est nécessaire
que leurs autorités les disciplinent ne fuiront pas l’église qui tente de les
discipliner pour leur bien. En fait, les enfants qui ont été élevés dans la
discipline et l’instruction du Seigneur auront besoin de très peu de disci-
pline de la part de l’église une fois adultes. Nous serions étonnés de la
transformation de nos églises (et de notre société) pendant une génération
si nous disciplinions nos enfants à obéir à l’autorité établie par Dieu et à
ne pas rejeter la discipline de leur père (Pr 3:11,12; et He 12:5-6) et, par
la suite, la discipline de l’église.

LES RÉUNIONS D’ÉGLISE


Je suis convaincu que les enfants de tous âges devraient être avec
leurs parents pendant les réunions d’église-maison. Si on prend
littéralement Éphésiens 6:4, c’est le père qui doit élever ses enfants et
non pas un autre enseignant adulte. Le père qui enseigne à ses enfants
les choses du Seigneur six jours par semaine n’aura pas besoin que
quelqu’un d’autre le fasse les dimanches. De plus, un père qui discipline
ses enfants les aura sous son contrôle. Son contrôle permettra aux enfants
d’être avec leurs parents dans les réunions d’église-maison. Rappelez-
vous que nous n’élevons pas nos enfants pour qu’ils restent des enfants
mais pour qu’ils deviennent des adultes. Ils ont besoin de voir comment
les adultes se réunissent en tant qu’église et d’apprendre aussi à participer.
Dans notre église, les familles s’assoient ensemble. Lorsque nécessaire,
les parents corrigent leurs enfants dans nos réunions ou les retirent pour
les discipliner ce qui, certains dimanches, peut arriver assez souvent!
Mais cela fait partie de notre processus de maturation en tant qu’église
et que famille. C’est quelque chose que nous avons enseigné à nos par-
ents et nos enfants, et nous nous attendons à ce qu’ils le mettent en
pratique. Les enfants peuvent parfois faire bien plus que ce l’on exige.
S’ils ont besoin de faire une sieste, ils dorment sur les genoux de maman
229
LES FAMILLES DE L’ÉGLISE
ou papa, dans une chaise ou sur l’un de nos lits. Souvent, les enfants
jouent avec des jouets silencieux, ils lisent ou colorient (parfois sur du
papier, et d’autres fois sur le plancher!). C’est comme une famille.
La façon de Dieu de transmettre la vérité à la génération suivante
n’a pas changé. Dieu veut que la vérité soit enseignée et apprise par les
enfants dans un contexte familial. Ce n’est ni l’église, ni la société qui a
cette responsabilité immédiate; c’est celle des mères et des pères. Le
plus tôt que l’on comprend cette leçon du corps de Christ, le plus tôt nous
mettrons de côté les façons mondaines d’enseigner et d’élever les enfants.
Nous aurons des générations d’hommes et de femmes pieuses dans
l’église qui vont bouleverser le monde encore une fois.

LE MINISTÈRE CHRÉTIEN
La conception de Paul du ministère s’inspirait en partie de la vie
familiale. Paul rappelle ce qu’est une famille pieuse en illustrant son
propre ministère apostolique aux Thessaloniciens dans
1 Thessaloniciens 2:5-12. Il prend pour exemple la mère qui allaite et le
père. En tant qu’apôtre, Paul aurait pu être payé pour le travail fait parmi
eux puisqu’il prêchait l’Évangile et formait des disciples. Cependant, il
travaillait fort parmi eux nuit et jour afin qu’ils ne pensent pas qu’il était
avare. Une mère qui allaite prend soin de ses enfants nuit et jour et
s’avère l’exemple parfait du service de Paul. Son lien sentimental avec
ses enfants la pousse à son ministère d’amour et de dévouement.
Contrairement au rôle principal du père, elle doit s’occuper de nourrir
ses enfants. Les femmes doivent être celles qui nourrissent dans la maison,
et l’attention qu’elles portent aux relations interpersonnelles est ce qui
donne un élan au ministère de Paul. Les tendres soins de Paul et sa
volonté à sacrifier son temps et son énergie pour leur bien-être sont à
l’image de la mère pieuse qui prend soin de ses enfants.
D’un autre côté, Paul considérait l’exemple du père pieux qui était
très préoccupé par l’intégrité de ses enfants et apparemment par leur
réputation. Paul écrit avec conviction que le père qui s’assure du
développement moral de ses enfants s’avère être l’exemple parfait de
l’apôtre qui exhorte, encourage et implore les nouveaux chrétiens de
Thessalonique à marcher d’une manière digne de Dieu. Cela revient à la
responsabilité du père envers ses enfants; leur enseigner la justice et les
élever selon cette règle. Cependant, le père qui aime ses enfants et qui
veut la bénédiction de Dieu sur eux n’impose pas le légalisme dans sa
famille. Cela engendre la rébellion. Les chrétiens ne gagnent ni ne
préservent un bon statut devant Dieu par ce qu’ils font. Cela signifie que
par la relation que nous avons avec nos enfants, nous comme pères
230
LES FAMILLES DE L’ÉGLISE
incitons autant que possible nos enfants à marcher dans l’obéissance
avec Dieu. Paul a tiré profit de ses observations des hommes pieux qui
sont préoccupés de la conduite de leurs enfants.
Le père passif va élever des fils qui seront eux-mêmes passifs et
susceptibles d’être dominés par les femmes. Ses filles auront tendance à
être dominantes dans tous les aspects de la famille, de l’église et de la
société. La mère sans émotion aura des enfants qui n’entrent pas en
relation avec les gens. Tout cela peut être évité par des pères et des
mères engagés qui voient au bien-être de leurs enfants et qui leur
enseignent les rôles respectifs des hommes et des femmes dans la famille,
l’église et la société. Il me semble que Paul a pris les caractéristiques
remarquables du père et de la mère et qu’il les a appliquées à son ministère
: les liens sentimentaux qui entraînent le sacrifice de la mère et le désir
d’enfants dignes de porter le nom familial qui pousse le père à s’engager.
Nous devons faire la même chose.

CONCLUSION
Une église est une famille. Paul l’appelle la « famille de Dieu »,
appelle le salut « l’adoption comme fils », nous décrit comme des
« héritiers », dit à Timothée de « considérer l’ancien comme un père »,
appelle les chrétiens « frères » et « sœurs » et emploie un mot d’enfant
pour père (abba) pour s’adresser au Père aux cieux. Toutes ces de-
scriptions visent les relations que nous avons avec Dieu et les uns envers
les autres.
Une famille, ce sont des gens qui interagissent les uns avec les
autres. Les relations interpersonnelles de l’église, bonnes ou mauvaises,
sont omniprésentes pour le lecteur du Nouveau Testament qui les re-
cherche. La bonne église nourrit et construit ces relations et ne leur
substitue pas une série d’activités sans fin. Les gens désirent des rela-
tions saines plus que toutes autres choses. Cependant, les membres de
l’église-maison doivent s’attendre à se rapprocher vraiment beaucoup.
Voyez cela comme des porcs-épics qui se pelotonnent les uns aux autres
pour se réchauffer l’hiver. Plus ils se rapprochent, plus ils sentent les
pics. Lorsqu’ils se séparent, ils ont froid. C’est mieux de sentir les pics!
Le modèle d’église-maison est celui qui ressemble le plus à une
famille car l’église se réunit où les gens vivent. La famille qui accueille la
réunion d’église et les gens qui y vont se rapprochent les uns des autres
comme groupe. L’ambiance est vraie, pas surréelle. La conversation ne
fait pas compétition au prélude de l’orgue, ni les relations aux vêtements
ou aux voitures, ni la vérité à l’hypocrisie.

231
LES FAMILLES DE L’ÉGLISE
L’église qui se réunit dans une maison contribue mieux à la spiritualité
de la famille et permet plus facilement au père qui est le chef de la
famille de favoriser son bien-être. Une église-maison donne le temps
d’enseigner à sa famille ce que cela signifie d’être chrétien dans le
royaume de Christ et de Dieu. En fait, ça ne fait pas que donner l’occasion;
cela remet au père cette responsabilité parce que personne d’autre n’est
désigné pour le faire. Personne ne peut déléguer son devoir à un
enseignant d’école du dimanche, un responsable d’étude biblique, un
pasteur jeunesse ou un ministre, car cela n’existe pas dans l’église-
maison. L’enseignement hebdomadaire ne se substitue pas à
l’enseignement du père mais il le complète.
— Tim Melvin

Tim enseigne un merveilleux séminaire d’un week-end sur


l’éducation biblique des enfants. Contactez-le sur NTRF pour qu’il
vienne le présenter à votre église! — L’éditeur

QUESTIONS À DISCUTER
1. Dans Luc 1:13-17, l’ange a appliqué Malachie 4 :4-6 au ministère de
Jean-Baptiste. En quoi cela est-il important pour la vie de famille sous
la nouvelle alliance?
2. Quels critères s’appliquant aux responsables dans l’église (1 Tm 3:4;
5; 12) sont en lien avec la vie de famille? Pourquoi est-ce important
pour un responsable d’église potentiel?
3. Pourquoi les apôtres dirigeaient-ils leur évangélisation vers les chefs
de famille?
4. En quoi les affaires familiales sont-elles directement en lien avec la
discipline de l’église (ou le manque de discipline dans l’église)?
5. Pourquoi les enfants de tous âges devraient-ils être avec leurs parents
lors de la réunion d’église-maison?
6. Quelle application Paul a-t-il tiré de l’exemple d’une famille pieuse
pour illustrer son propre ministère apostolique envers les
Thessaloniciens dans 1 Thessaloniciens 2:5-12?
7. Quel genre d’enfants aura un père passif?
8. Pourquoi est-ce que l’auteur compare la vie d’église à des porcs-
épics qui se pelotonnent pour se réchauffer en hiver?

232
L’ordre divin
18
L’ordre divin

PREMIÈRE PARTIE : UNE VUE D’ENSEMBLE DE L’ORDRE DIVIN DANS L’ÉGLISE


Nous détestons tous la confusion. Demandez à n’importe quel par-
ent s’il préfère la confusion et s’il approuve ouvertement le chaos chez
lui. Demandez à un bibliothécaire si la meilleure façon de tenir une
bibliothèque est de lancer tous les livres dans un entrepôt et de chercher
dans ce désordre chaque fois qu’on a besoin d’un livre. De quoi auraient
l’air les réunions de groupe si tout le monde parle en même temps et que
trois enseignements sont donnés au même moment? À quoi
ressembleraient nos autoroutes sans lumières, sans panneaux, sans con-
vention que l’on conduit tous du côté droit, sans limite de vitesse, et ainsi
de suite? Le monde dans lequel nous vivons ne pourrait fonctionner sans
ordre.
L’ordre de qui… l’ordre de Dieu ou des hommes? Puisque nous
cherchons à ce que le Saint-Esprit prenne de plus en plus de place en
nous, c’est le défi que nous devons affronter chaque fois qu’une décision
doit être prise. Bien sûr, nous savons tous que les Écritures nous enseignent
à nous abaisser, à mettre les autres en premier et à considérer les autres
comme étant au-dessus de nous-mêmes. Nous nous souvenons avec
joie que nous sommes transformés à l’image de Son Fils, le Christ Jésus.
Et pourtant, on essaie encore de mettre de l’ordre dans nos choses selon
la sagesse actuelle de l’homme.
T. Austin-Sparks a observé avec sagesse : « Pour ceux qui ont une
connaissance de la Bible, il est clair que toutes les Écritures se trament
selon les quatre principes que nous avons indiqués, c’est-à-dire
1. Dieu est un Dieu d’ordre;
2. Satan est le prince de ce monde sous le jugement divin et la
nature de ce jugement est la confusion;
3. Christ, dans Sa personne et Son œuvre, est l’incarnation de cet
ordre divin;
4. L’église est le véhicule élu par lequel cet ordre divin doit être
manifesté et mis en pratique dans les siècles à venir. »1
On peut voir un modèle de l’ordre divin dans tout ce que le Seigneur
fait. En commençant dans l’éternité passée, on peut discerner un ordre
divin dans la Trinité. Et à mesure que le Seigneur a créé le monde et Ses
institutions, nous pouvons observer cet ordre divin se répéter dans la
famille, le gouvernement et l’église.
233
L’ordre divin
Par exemple, les Écritures déclarent que « Christ est le Chef de
tout homme, et que l’homme est le chef de la femme, et que Dieu est le
chef de Christ. » (1 Co 11:3) et que « Dieu n’est point pour la confusion,
mais pour la paix. Comme on le voit dans toutes les Églises des saints »
(1 Co 14:33).

LA TRINITIÉ
Prenez en considération la Trinité et plus particulièrement la rela-
tion entre le Père et le Fils. Le Père et le Fils sont égaux en attributs et
en essence. Une revue rapide des noms de Christ (Dieu, Fils de Dieu,
Seigneur, Roi des Rois, Seigneur des Seigneurs), de Ses attributs (om-
nipotent, omniscient, omniprésent, immuable, la vie et la vérité) et de Ses
œuvres (Il crée, maintient, pardonne les péchés, ressuscite des morts,
juge, envoie le Saint-Esprit) nous convainc tous que Jésus est Dieu. De
plus, les affirmations explicites de Jésus dans Jean 10:30, 14:9, 17:21 (et
les versets suivants) et Matthieu 28:19 nous convainquent tous de la
déité de notre Sauveur. Mais est-ce possible d’être tout à la fois égal et
soumis? Que signifie 1 Corinthiens 11:3 qui déclare que « Dieu est le
chef de Christ »? L’ordre divin est ici dans sa forme et sa pratique les
plus pures. Bien que totalement Dieu, Jésus « étant en forme de Dieu,
n’a point regardé comme une proie à saisir d’être égal à Dieu; mais il
s’est dépouillé lui-même, ayant pris la forme de serviteur, devenant
semblable aux hommes; et, revêtu de la figure d’homme, il s’est abaissé
lui-même, en se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort
de la croix. » (Ph 2:6-8).
Écoutez la confession de Christ expliquant Sa soumission à Son
Père :
Jean 6:38 — « Car je suis descendu du ciel, pour faire, non ma volonté,
mais la volonté de celui qui m’a envoyé. »
Jean 4:34 — « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a
envoyé, et d’accomplir son oeuvre. »
Jean 5:30 — « Je ne puis rien faire de moi-même, je juge selon que
j’entends, et mon jugement est juste, car je ne cherche point ma volonté,
mais la volonté du Père qui m’a envoyé. »
Matthieu 6:10 — « Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel »
Matthieu 26:39 — « Mon Père, s’il est possible que cette coupe passe
loin de moi. Toutefois, non pas comme je veux, mais comme tu veux.
»
Égaux, mais soumis! C’est ainsi que s’articule l’ordre divin dans la
Trinité. Cet ordre divin trouve son empreinte dans toute Sa création. La
famille, le gouvernement et l’église ont des instructions claires concernant
234
L’ordre divin
leurs fonctions et leurs pratiques. Tous ces commandements sont basés
sur l’ordre visible qui existe entre les personnes de la Trinité. Ce ne sont
pas les commandements arbitraires d’un Dieu capricieux et ils ne sont
pas limités par le temps ou la culture. Dieu a créé la famille, le
gouvernement et l’église afin qu’ils ressemblent et fonctionnent de
manière semblable à la Trinité et que nous jouissions des bénédictions de
l’ordre divin dans tout ce que nous faisons.

LA FAMILLE
Ensuite dans l’ordre de la création vient la famille. Il n’y a aucune
autre institution sur terre qui ressemble autant à la Trinité dans son ordre
et ses fonctions. Ne faites pas erreur, toutes les comparaisons entre
l’alliance du mariage et l’alliance du salut de Dieu qu’on trouve dans
Éphésiens et Colossiens sont une image de Son amour et de Son désir de
partager cet amour avec nous. Mais l’ordre dans nos mariages doit être
selon Son plan et non le nôtre. De la même façon que la Trinité fonctionne
selon l’ordre divin, le Seigneur s’attend à ce que nous vivions nos mariages
la même façon.
Un mari et une femme sont égaux en attributs et en essence.
Galates 3:28 révèle qu’« Il n’y a plus ni Juif ni Grec; il n’y a plus ni
esclave ni libre; il n’y a plus ni homme ni femme; car vous êtes tous un
en Jésus-Christ. ». Comme le Père et le Fils, un mari et une femme sont
égaux en attributs et en essence. Mais afin que la famille fonctionne
selon la Bible, Dieu a établi un plan divin clair et sans équivoque. Le mari
est sans conteste le chef de la femme : « l’homme est le chef de la
femme » (1 Co 11:3). En tant que tête, il est commandé d’aimer sa
femme comme Christ a aimé l’église et s’est donné Lui-même pour elle.
Il doit l’aimer comme il aime son propre corps, et pourvoir pour elle et
prendre soin d’elle. La femme doit se soumettre à son mari en tout (tout
comme dans la Trinité : égaux, mais soumis). Et les enfants doivent
obéir. Résumé simplement, le plan de l’ordre divin dans la famille est : les
maris aiment, les femmes se soumettent, les enfants obéissent.
Remarquez à quel point cela ressemble à l’ordre qui existe entre le
Père et le Fils. Puisque nous sommes prédestinés à être conformes à
l’image de Son Fils, voyez combien l’ordre divin concourt à notre bien et
de combien meilleurs sont les plans du Seigneur à ceux de l’homme.
Regardez au chaos et à la confusion complète qui existent chez ceux qui
choisissent d’avoir une vie familiale ordonnée selon la sagesse de l’homme
plutôt que celle de Dieu. Certains s’opposent à l’ordre de Dieu, disant
que d’un point de vue culturel ces directives sont dépassées ou étaient
seulement pour l’époque où elles ont été écrites, mais que nous vivons à
235
L’ordre divin
une époque et dans une culture plus éclairées. Quelle superficialité! Le
plan de Dieu pour la famille n’est rien de plus que ce que Lui et Son Fils
vivent depuis l’éternité, et ça fonctionne!
Remarquez bien l’ordre dans l’ordre divin. Le Fils se soumet au
Père. L’homme se soumet au Fils. La femme se soumet au mari. Les
enfants obéissent aux parents. Et ceci, non par obligation, mais
volontairement, humblement et dans la joie quand nous marchons selon
le plan de Dieu pour nous.

LE GOUVERNEMENT
Ensuite dans l’ordre chronologique de la création vient le
gouvernement. Les passages principaux concernant l’ordre divin du
gouvernement sont dans Romains 13:1 et les versets suivants, Tite 3:1 et
les versets suivants et 1 Pierre 2:14 et les versets suivants. À partir de
cela, trois principes sont identifiables :
Principe #1 — « Car il n’y a point de puissance qui ne vienne de Dieu;
et les puissances qui subsistent, ont été établies de Dieu. » (Rm 13:1).
Principe #2 — « Que toute personne soit soumise aux puissances
supérieures » (Rm 13:1).
Principe #3 — « C’est pourquoi, celui qui s’oppose à la puissance,
s’oppose à l’ordre que Dieu a établi; or ceux qui s’y opposent, attireront
la condamnation sur eux-mêmes. » (Rm 13:2).
Il faut la foi pour se soumettre à Dieu; il faut la foi pour qu’une
femme se soumette à son mari; il faut la foi pour se soumettre aux
autorités. Nous oublions parfois que l’histoire est « Son » histoire et que
le Seigneur fait selon Sa volonté en tout temps. Pierre, dans 1 Pierre
2:13-15, nous presse « Soyez donc soumis à toute institution humaine, à
cause du Seigneur; soit au roi, comme à celui qui est au-dessus des
autres; soit aux gouverneurs, comme à des personnes envoyées de sa
part, pour punir ceux qui font mal et approuver ceux qui font bien. Car
ceci est la volonté de Dieu, qu’en faisant bien vous fermiez la bouche à
l’ignorance des hommes dépourvus de sens ».
Pour augmenter notre foi, nous devons nous rappeler que le
Seigneur:
• « Relâche l’autorité des rois, et il serre la corde sur leurs reins » (Job
12:18).
• « Juge; il abaisse l’un et élève l’autre. » (Ps 75:7-8).
• « Change les temps et les moments; qui dépose les rois et qui les
établit; qui donne la sagesse aux sages, et la science à ceux qui ont de
l’intelligence. » (Dn 2:21).

236
L’ordre divin
• « Domine sur le règne des hommes, et qu’il le donne à qui il veut, et
qu’il y élève le plus abject des hommes.» (Dn 4:17, 32).
Le gouvernement est le ministre ou le serviteur de Dieu. Dieu a
établi les autorités pour être des ministres de colère qui punissent ceux
qui font le mal. Notre soumission comprend d’obéir aux lois (Tite 3:1) et
de financer ces lois par le paiement des impôts (Rm 13:7). C’est le
même modèle que dans la Trinité et dans la famille…l’ordre divin!

L’ÉGLISE
La Parole est remplie de commandements concernant nos
rassemblements d’adoration. On insiste sur la démonstration publique de
l’ordre divin lorsqu’on s’assemble pour célébrer le Repas du Seigneur,
pour prier, pour s’exhorter, pour chanter et pour jouir de la communion.
Mais nos assemblées reflètent-elles l’ordre divin ou reflètent-elles le
mieux que l’homme peut faire?
Qui est la tête de l’église? Paul écrit « Et c’est lui qui est la tête du
corps de l’Église; il est le commencement, le premier-né d’entre les
morts, afin qu’il tienne le premier rang en toutes choses. » (Col 1:18);
« Et il a mis toutes choses sous ses pieds, et l’a donné pour chef suprême
de l’Église » (Ep 1:22); « Mais que, professant la vérité dans la charité,
nous croissions en toutes choses dans celui qui est le chef, Christ »
(Ep 4:15); et « Christ est le Chef de tout homme, et que l’homme est le
chef de la femme, et que Dieu est le chef de Christ. » (1 Co 11:3). Ce
n’est ni un pasteur ou un ancien, ni une organisation ecclésiastique ou un
surintendant, ni un évêque ou un apôtre, mais Christ qui est la tête de Son
église.
De la même façon que Jésus s’est soumis à Son Père, de la même
façon que la femme doit se soumettre à son mari, de la même façon que
les enfants doivent obéir à leurs parents et de la même façon que nous
devons nous soumettre aux autorités, l’église doit se soumettre à Lui en
toutes choses. L’expression publique de notre communion doit être un
exemple de cette soumission dans tout ce que nous faisons.
Quelle est la place des anciens dans ce cas? Les anciens doivent
être des exemples de l’ordre divin en action. Considérez les critères
pour être ancien et la description de leur travail. 1 Timothée 3:1-7
et Tite 1:7-9 décrivent ces hommes qui sont les chefs de leurs familles,
qui ont une famille en ordre (divin) et dont les femmes et les enfants
vivent selon cet ordre. 1 Pierre 5:1-5 affirme que ces anciens doivent
diriger par l’exemple et non par contrainte, qu’ils conduisent par l’exemple
fidèle de leur propre soumission tout comme par l’exemple fidèle de la
soumission de leur famille. Ils ne doivent pas être condescendants vis-à-
237
L’ordre divin
vis le groupe, mais suivre l’exemple du Seigneur en dirigeant par des
vies exemplaires dans la soumission.
Toutes les directives de 1 Corinthiens concernent la façon de
démontrer l’ordre divin en public. Ne soyez pas ivres, ne mangez pas
toute la nourriture avant que les autres arrivent, le port du voile, le si-
lence des femmes, la direction des hommes, les instructions au sujet des
dons et plus important encore les instructions au sujet du Repas du
Seigneur servent à démontrer l’ordre divin. Comme toutes les directives
du Seigneur, elles ne sont pas sujettes aux considérations temporelles ou
culturelles, mais elles sont la manifestation continuelle de Sa propre
soumission.

ÉGAUX, MAIS SOUMIS


Le Père, le Fils et le Saint-Esprit ont de toute éternité vécu en-
semble dans la perfection. Nous avons été créés pour être en commun-
ion avec le Père. Le péché a brisé cette communion et plutôt que d’être
parfait, notre monde a été envahi par le chaos et la mort. Par soumission
au Père, le Fils est mort pour que l’on retrouve la communion avec Son
Père. Nous sommes prédestinés à être conformes à Son image. Par
conséquent, le Père a créé la famille pour qu’elle fonctionne tout comme
la Trinité. Une tête, le mari. Dieu a alors créé les autorités et nous
demande encore de leur obéir. Au jour de la Pentecôte, Son église est
née. L’église doit fonctionner comme la famille et comme la Trinité.
L’ordre divin, c’est : dans la Trinité, dans la famille, dans le gouvernement
et dans l’église.
— Mike Indest

DEUXIÈME PARTIE : UN EXEMPLE DE L’ORDRE DIVIN DANS L’ÉGLISE


Appliquer correctement 1 Corinthiens 14:33b-35 est un défi,
particulièrement pour ceux qui tiennent des réunions interactives dans
une église-maison. Le texte dit ceci « Comme on le voit dans toutes les
Églises des saints, que vos femmes se taisent dans les Églises, parce
qu’il ne leur est pas permis d’y parler; et qu’elles soient soumises, comme
la loi le dit aussi. Si elles veulent s’instruire sur quelque chose, qu’elles
interrogent leurs maris à la maison; car il n’est pas bienséant aux femmes
de parler dans l’Église. » (1 Co 14:33-35).
Puisque ce passage doit être mis en pratique chaque semaine, c’est
quelque chose qu’on doit considérer sérieusement et honnêtement. Avant
d’essayer d’expliquer ce que ce passage signifie, quelques observations
préliminaires et générales au sujet du texte doivent d’abord être faites.

238
L’ordre divin
Premièrement, cela s’adressait aux congrégations de partout.
Spécifiquement à propos du silence des femmes, Paul en a appelé dans
1 Corinthiens 14:33b à un fait qui était déjà vrai dans « toutes les Églises
des saints ». Cela indique que peu importe ce que Paul demandait aux
femmes, c’était une pratique universelle. De plus, il affirme que les
femmes devraient se taire dans les « églises » (pluriel, 14:34). Puisque la
Bible parle généralement d’un point de vue philosophique qu’il n’y a
qu’une seule église par ville, l’emploi du mot « églises » au pluriel fait
sans aucun doute référence à toutes les églises des villes de tous les
temps.
Deuxièmement, ce passage n’est pas simplement une opinion de
Paul non inspirée. Peut-être dans l’anticipation de l’opposition à cette
instruction au sujet du rôle des femmes durant la période interactive de
la réunion d’église, Paul appuie sa directive de ce rappel « Si quelqu’un
croit être prophète, ou inspiré, qu’il reconnaisse que les choses que je
vous écris sont des commandements du Seigneur. » (14:37). Ensuite il
fait cette mise en garde « Et si quelqu’un veut l’ignorer, qu’il l’ignore. »
(14:38). Par conséquent, peu importe ce que ce passage signifie, ce
n’est pas simplement l’opinion de Paul. C’est un commandement du
Seigneur. Nous ne devons pas l’ignorer.
Troisièmement, le mot silence vient du mot sigao et signifie
l’absence de tout bruit, que ce soit en parole ou par un autre moyen.
C’est intéressant de voir comment siago est employé à d’autres endroits
dans 1 Corinthiens 14. Ceux qui parlent en langues sont commandés de
garder le silence (sigao, 14:28) s’il n’y a aucun interprète présent et les
prophètes devaient s’arrêter (sigao, 14:30) si quelqu’un d’autre a une
révélation. Celui qui parle en langues ou le prophète ne devaient pas
s’adresser à l’église en certaines circonstances. Par conséquent, peu
importe l’interprétation exacte pour les femmes, il y a des moments où
une sœur ne doit pas s’adresser à l’église assemblée. Le commandement
principal est que les femmes se taisent pendant les réunions interactives
d’église.
Quatrièmement, le contexte entourant ce passage est au sujet de
l’ordre durant la période interactive de la réunion hebdomadaire du Jour
du Seigneur (1 Co 14:40). La raison principale que l’église s’assemble
chaque semaine est afin d’être édifiée (1 Co 14:4-5, 12, 26, He 10:24-
25). Le premier moyen pour être édifiée, c’est par la communion du
Repas du Seigneur sous la forme d’un repas complet (voir
1 Corinthiens 11b). Comme lors de n’importe quel grand repas, c’est un
moment où plusieurs conversations ont lieu en même temps et où personne
n’est particulièrement mis de l’avant. Les hommes et les femmes parlent
239
L’ordre divin
librement, ils se détendent et communient tout en mangeant. Dans l’église
du premier siècle, comme on finissait le festin de communion, la seconde
partie de la réunion commençait. Cette seconde partie est décrite dans 1
Corinthiens 14. C’est un temps pour l’enseignement, le chant, les
témoignages, etc. La toute première règle à suivre pour cette partie de la
réunion est qu’une seule personne à la fois s’adresse à la congrégation.
Tous les autres écoutent calmement. On prend la parole « l’un après
l’autre » (14:31). Ainsi, peu importe ce que ce passage signifie au sujet
du silence, il parle spécifiquement du silence des autres pendant qu’un
seul s’adresse publiquement à l’assemblée. Logiquement, cela ne
s’applique donc pas aux chants en groupe, aux interventions du groupe
ou aux conversations privées chuchotées et certainement pas à la com-
munion durant le Repas du Seigneur (1 Co 11:17-35).
Cinquièmement, le critère du silence des femmes pendant la prise
de parole publique devant la congrégation assemblée n’est pas une ques-
tion d’habileté, de don ou de spiritualité. C’est plutôt une question d’ordre
divin, d’obéissance et de mettre les autres en premier pour l’avancement
du royaume. Par exemple, un frère qui vient à la réunion préparé pour
parler dans une langue ne doit pas utiliser son don si aucun interprète
n’est présent. Un prophète peut avoir une parole qui le brûle et qui vient
véritablement du Seigneur, mais si une révélation est donnée à quelqu’un
d’autre, le premier frère doit arrêter de dire sa prophétie. Pareillement,
les sœurs chrétiennes sont appelées à garder le silence dans certains
contextes particuliers.

DEUX POINTS DE VUE


Parmi les auteurs de ce livre, on tient deux points de vue différents
quant à la signification correcte de ce passage. L’un d’eux est de s’abstenir
de juger une prophétie, ce qui signifie qu’une femme peut en effet
s’adresser à l’église assemblée, sauf pour juger à haute voix une prophétie
qui a été donnée. Selon ce point de vue, une femme doit garder le silence
seulement s’il s’agit de juger une prophétie pendant la période interac-
tive de la réunion d’église. L’autre point de vue est de garder silence
pendant la partie interactive; la Bible enseignerait donc qu’à aucun mo-
ment une sœur ne devrait s’adresser à une assemblée plénière inspirée
de 1 Corinthiens 14.
De nos jours, le point de vue de s’abstenir de juger une prophétie
est très populaire dans l’église en général. Historiquement cependant, le
point de vue de garder silence pour la partie interactive a été la position
la plus répandue. Ce sur quoi les auteurs de ce livre sont unanimes, c’est
que Dieu a créé les hommes et les femmes avec des différences voulues
240
L’ordre divin
par Dieu. Chaque genre est parfaitement équipé pour les différents appels
et ministères que Dieu donne à chacun. Nous ne faisons qu’un quant
aux rôles ordonnés par Dieu pour les hommes et les femmes.

LE POINT DE VUE DE S’ABSTENIR DE JUGER UNE PROPHÉTIE


Pour ceux qui soutiennent le point de vue que les femmes ne doivent
pas juger une prophétie, 1 Corinthiens 14:33b-35 (garder silence) est
compris dans le sens de juger des différentes prophéties mentionnées
dans 14:29-33a. Dans 14:29a, Paul commande que deux ou trois prophètes
devraient parler; ensuite, il donne les directives concernant la prophétie
dans 14:30-33a. Ensuite, dans 14:29b, Paul commande que les prophéties
soient attentivement jugées. Après, il donne les directives concernant le
jugement dans 14:30b-35. Par conséquent, tout comme ceux qui parlent
en langues doivent se taire en certaines circonstances (14:28 - c’est-à-
dire dans le cas où il n’y a pas d’interprète présent pour celui qui parle en
langues) et tout comme les prophètes doivent se taire en certaines
circonstances (14:30 - c’est-à-dire dans le cas où quelqu’un d’autre reçoit
une révélation), ainsi les femmes doivent-elles se taire en certaines
circonstances (14:33b-35 - c’est-à-dire dans le cas du jugement des
prophéties).
Car des femmes qui jugeraient d’une prophétie dans l’église
supposerait leur autorité et violerait ainsi le critère de soumission écrit
ailleurs dans les Écritures (1 Tm 2:11-13). Remarquez comment Paul
fait le lien entre le silence des femmes dans ce passage avec la soumission
(14:34), démontrant ainsi que ce silence est par rapport à la mise en
pratique de l’autorité. Par conséquent, les femmes ne sont pas autorisées
à questionner ou éprouver les prophètes quant à leur orthodoxie. Faire
cela signifierait être en autorité sur les prophètes. Elles doivent plutôt
interroger leurs maris à la maison, après la réunion, pour savoir pourquoi
certaines prophéties n’ont pas été remises en question (14:35).
De plus, ceux qui soutiennent le point de vue que les femmes ne
doivent pas juger les prophéties considèrent que 1 Corinthiens 11 (au
sujet des femmes qui prophétisent) est écrit dans le contexte d’une réunion
d’église plénière interactive. Et ce parce que les instructions qui suivent
immédiatement ce passage, 11:17-34 (au sujet du Repas du Seigneur),
concernent manifestement une réunion d’église. Dans 1 Corinthiens 11:2,
les Corinthiens sont loués pour ce qu’ils ont fait de bien dans leurs réunions
et dans 1 Conrinthiens 11:7, on les réprimande pour ce qu’ils ont fait de
mal dans leurs réunions. La contradiction apparente créée entre
1 Corinthiens 11:2-16 (les femmes priant et prophétisant) et
1 Corinthiens 14:33b-35 (les femmes en silence) est résolue en interprétant
241
L’ordre divin
le silence des femmes comme étant conditionnel dans 1 Corinthians
14:33b-35. Les femmes peuvent prendre parole si leurs affirmations sont
faites dans la soumission (14:34). Cependant, si ce qu’elles veulent dire
comporte un jugement sur une prophétie donnée durant la réunion, elles
doivent alors garder silence. Ainsi, les soeurs doivent se taire à certains
moments, mais pas toujours.

GARDER SILENCE PENDANT LA PARTIE INTERACTIVE


En faveur du point de vue de garder silence pendant la partie inter-
active, remarquez le caractère absolu de 1 Corinthiens 14:33b-35.
L’injonction paraît claire comme de l’eau de roche. Comme il a déjà été
mentionné, le mot grec pour silence (sigao) veut littéralement dire muet.
Il s’oppose à un autre mot que Paul aurait pu employer (hesuchia) qui
signifie habituellement « silence » dans le sens de tranquille, calme, ou
reposé, mais pas nécessairement dans le sens de muet (voir son utilisation
dans 2 Th 3:12; 1 Tm 2:2, 11-12). De plus, comme s’il anticipait que
quelqu’un mécomprenne la signification de « que vos femmes se taisent
dans les églises », Paul précise qu’« il ne leur est pas permis d’y parler »
(14:34). Il n’a pas fait de restrictions spécifiques disant qu’il ne leur était
pas permis de parler en langues, de dire une prophétie, de poser un
jugement ou de donner un enseignement. Aucun qualificatif n’est ajouté.
C’est évident, les femmes ne doivent rien dire pendant l’assemblée. En
fait, elles ne peuvent même pas poser une question à l’église (14:35) car
« il n’est pas bienséant aux femmes de parler dans l’église. » Une note
de bas de page d’origine de la Bible de Genève de 1599 dit ceci « Les
femmes sont commandées de se taire dans les assemblées publiques et
elles sont commandées d’interroger leurs maris à la maison. »
Gordon Fee, dans le commentaire New International Commen-
tary on the New Testament: The First Epistle To The Corinthians (Le
nouveau commentaire international du Nouveau Testament : la première
épître aux Corinthiens) a observé qu’« En dépit des avis contraires, la
“règle” est énoncée de manière absolue. C’est-à-dire qu’elle est donnée
sans être nuancée. Puisque l’interdiction ne permettant pas aux femmes
de parler ne contient pas de nuance, on peut difficilement interpréter
cela autrement qu’il s’agit de toutes formes d’adresses faites en public
[…] la signification claire de cette phrase est une interdiction absolue de
s’adresser de quelque façon à l’assemblée. »2
Selon le commentaire biblique The Expositor’s Bible Commen-
tary, « les femmes ne devaient pas parler pendant la réunion publique
(33b-36) […] Le commandement semble absolu : on ne permet pas aux
femmes de prendre parole publiquement dans l’église ».3 De plus, B.B.
242
L’ordre divin
Warfield a écrit que « ce que l’apôtre fait, c’est d’interdire totalement
aux femmes de prendre parole dans l’église […] Il aurait été difficile
pour l’apôtre d’être plus direct ou plus absolu que ce qu’il a fait ici. Il
demande aux femmes de se taire pendant les réunions d’église; c’est ce
que signifie « dans toutes les églises » car il n’y avait pas de bâtiment
d’église à l’époque. »4
Le théologien baptiste John Broadus (Southern Baptist) a affirmé
en commentant sur 1 Corinthiens 14:33-34 et 1 Timothée 2:11-15, « Il
n’est pas nécessaire d’insister sur le fait que ces deux passages de l’apôtre
Paul interdisent définitivement et fortement que les femmes prennent
parole dans les assemblées publiques mixtes. Personne ne peut se
permettre de remettre en question la signification si évidente des
commandements de l’apôtre. »5
Une étude des normes culturelles du premier siècle démontrerait
aussi que Paul voulait véritablement que les femmes gardent le silence
durant la partie interactive. Dans les synagogues juives, on ne permettait
pas aux femmes de prendre parole publiquement. Plutarque, un biographe
grec séculier, a écrit que la voix modeste des femmes ne devait pas être
entendue en public et qu’elles devraient se sentir aussi honteuses d’être
entendues que d’être déshabillées.6 Les commentaires de Plutarque
semblent refléter l’attitude gréco-romaine de l’époque. Alors, si Paul
avait voulu qu’on permette aux femmes de prendre parole dans l’église,
n’aurait-il pas eu besoin d’écrire longuement pour convaincre ses lecteurs
d’une pratique tellement opposée à leur culture? Cependant, le Nouveau
Testament ne contient aucun argument de la sorte. Il y a plutôt un
commandement de garder silence; un commandement qui n’est pas basé
sur la culture de l’époque de Paul, mais sur la pratique universelle de
toutes les églises et sur les Écritures hébraïques (« comme la loi le dit
aussi », 14:34). Paul a certainement affirmé l’égalité des sexes dans
Galates 3:28 (à l’opposé de la culture du premier siècle), mais il maintient
la subordination des femmes à leurs maris (1 Co 11, 14:34, Ep 5:22 et les
versets suivants, Co 3:18) et que la direction dans l’église doit être faite
par les hommes (1 Tm 2:11-13, 1 Tm 3, Tt 1).
Dans quel but les femmes gardent-elles le silence pendant les
réunions interactives inspirées de 1 Corinthiens 14? Selon le texte, leur
silence est une forme de soumission : « parce qu’il ne leur est pas permis
d’y parler; et qu’elles soient soumises, comme la loi le dit aussi. » Bien
sûr, la loi de l’Ancien Testament ne traite pas du silence des femmes
dans les réunions d’église, mais elle enseigne la soumission des femmes
à leurs maris et est un exemple de la direction des hommes en matière
de religion et dans la société. Dans un contexte d’église où toute l’église
243
L’ordre divin
se rassemble en un endroit pour être édifiée par l’enseignement, la
louange, l’adoration, les témoignages et autres, les hommes sont appelés
à être les principaux responsables et serviteurs. Les femmes mettent en
pratique un silence dynamique qui encourage les hommes à prendre pa-
role et à tenir leur rôle de responsable.
Le point de vue de garder silence pendant la partie interactive
harmonise le passage au sujet des femmes qui prophétisent dans
1 Corinthiens 11 avec 1 Corinthians 14 si on tient compte que nulle part
ce texte ne spécifie que la prophétie dans 1 Corinthiens 11 ne parle
d’une réunion plénière de l’église. On comprend donc que la prière et la
prophétie dont il est question dans 1 Corinthiens 11 se font dans un autre
contexte que celui d’une assemblée plénière de l’église. La présence du
mot églises (11:16) ne fait pas référence aux réunions d’église interactives,
mais au consensus de l’ensemble des chrétiens qui habitent dans diverses
régions géographiques.
Mais qu’en est-il des affirmations claires dans 1 Corinthiens 14:26
disant que tous peuvent parler dans la réunion ou que tous peuvent
prophétiser? Dans plusieurs cas, le mot « frères » fait référence aux
hommes et aux femmes. À d’autres moments, il désigne seulement les
hommes croyants (comme dans 1 Co 7:29, 9:5). C’est un terme inter-
changeable. Certains affirment que le terme « frères » signifie autant les
hommes que les femmes dans toute l’épître aux Corinthiens. Est-ce aussi
le cas dans 1 Corinthiens 14? La teneur du discours, depuis le chapitre 1
au chapitre 14, semble bien le confirmer. Dans 1 Co 14, on s’adresse
aux lecteurs soit par « frères » ou par « vous » (2e personne du pluriel).
Cependant, il y a un changement significatif et inattendu du « vous » au
« elles » (3e personne du pluriel) dans le paragraphe qui concerne les
femmes (14:33b-35). Plutôt que d’écrire « femmes…vous », le texte dit
« femmes…elles ». Pourquoi Paul n’a-t-il pas écrit directement aux sœurs
si elles étaient comprises dans le terme « frères »?
Ce changement de pronom peut facilement être expliqué si le mot
« frères » dans 1 Co 14 désigne les hommes en particulier. On ferait
donc référence aux femmes par la 3e personne puisqu’on écrit à leur
sujet plutôt que de s’adresser directement à elles. Alors, quand il est dit
que tous, quiconque ou que chacun des frères peut participer à la réunion
interactive (14:26), il est possible que ce soit les hommes qui sont visés.
Les femmes (« elles ») ne doivent pas faire de commentaires qui
s’adressent à toute l’église. Il est intéressant de noter que le Textus
Receptus ajoute le mot « vos » avant « femmes » dans 14:34, une autre
preuve que le terme « frères » dans 1 Co 14 désigne spécifiquement les
hommes et non les femmes. Puisque Paul n’hésitait pas à s’adresser
244
L’ordre divin
directement aux femmes dans d’autres lettres (par exemple Évodie et
Syntyche dans Ph 4:2), le fait qu’il ne le fait pas dans 1 Corinthiens 14
est d’autant plus significatif. Gordon Fee a observé dans son commentaire
sur ce passage que « toutes les directives données précédemment par
l’apôtre, y compris l’inclusif « chacun » du verset 26 et le « tous » du
verset 31 ne devaient pas être compris comme incluant les femmes. »
(p.706).

CONCLUSION
Le silence des femmes est à la fois une leçon et une application de
l’ordre qui existe dans la famille et dans l’église. Cela encourage les
hommes à diriger la réunion, à être responsable de ce qui s’y fait, de
commencer à formuler leurs pensées, d’apprendre à être des meneurs,
etc. Une femme s’est réjouie de constater que plus elle était silencieuse
dans la réunion d’église interactive, plus son mari passif a pris la parole
et ses responsabilités (voir 1 P 3:1-2).
Parfois, ceux qui veulent minimiser l’importance de ces passages
des Écritures qui semblent limiter les rôles des femmes dans le ministère
ne comprennent pas la vue d’ensemble de l’ordre de Dieu pour la famille,
établi lors de la création, valable dans l’Ancienne et la Nouvelle Alli-
ance. L’église est premièrement composée de familles. Si l’ordre de
l’église contredisait l’ordre de la famille (Ep 5), ce serait le désordre et le
chaos. Le Seigneur a créé et a fait don aux hommes et aux femmes de
rôles de ministère complémentaires. Comprendre véritablement l’ordre
de Dieu dans la famille et l’église nous fait réaliser que ces passages
contraignants ne sont pas tant restrictifs que protecteurs. Ils gardent les
femmes du fardeau de diriger et d’avoir à agir comme des hommes. Ils
encouragent aussi les hommes à être des responsables qui servent. Et
Dieu nous montre une image de Christ et de Son épouse, l’église, qui est
soumise à la Tête, Christ.
C’est une question sérieuse aux conséquences énormes, peu importe
comment on l’applique. Nous devons tous faire quelque chose par rap-
port à ce passage au moins une fois par semaine. Mon objectif en écrivant
ceci est d’offrir une option biblique aux approches répandues de nos
jours et non pas d’attaquer ceux qui tiennent une opinion différente de la
mienne. Pour ceux qui lisent ceci et qui n’ont pas décidé comment
appliquer 1 Corinthiens 14:33b-35, comprenez bien que nous ne pouvons
pas simplement cacher nos têtes dans le sable et faire comme si de rien
n’était. Comme Paul a averti « Et si quelqu’un veut l’ignorer, qu’il
l’ignore. » (14:38).
— Steve Atkerson
245
L’ordre divin
NOTES
1 T. Austin Sparks, The Collected Writngs of T. Austin Sparks, Vol. 2,
(www.austin-sparks.net), 70.
2 Gordon Fee, The New International Commentary on the New Testa-
ment, The First Epistle to The Corinthians (Grand Rapids, MI: W. B.
Eerdmans Publishing Co., 1987), 706-707.
3 Frank E. Gaebelein, editor, The Expositor’s Bible Commentary, Vol.
10 ( Grand Rapids, MI: Zondervan, 1998), 275-276.
4 B.B. Warfield, “Women Speaking in the Church” (The Presbyterian,
Oct. 30, 1919), 8-9.
5 John Broadus, “Should Women Speak In Mixed Public Assemblies?”
(Louisville, KY: Baptist Book Concern pamphlet, 1880).
6 Fritz Reinecker & Cleon Rogers, Linguistic Key to the Greek New
Testament (Grand Rapids, MI: Zondervan, 1980), 438.

(Pour une étude plus complète de ce sujet controversé, consultez la


section des articles sur www.ntrf.org)

QUESTIONS À DISCUTER
1. Pourquoi l’ordre est-il si important?
2. Qu’a dit T. Austin Sparks au sujet de l’ordre et du chaos?
3. De quelle façon la Trinité illustre-t-elle l’ordre divin?
4. Quel est l’ordre biblique pour la famille et en quoi est-elle semblable à
celle de la Trinité?
5. Quel est l’ordre de Dieu en ce qui concerne le gouvernement?
6. Quelles sont les différentes façons que l’ordre divin est reflété dans
l’église?
7. Pourquoi l’ordre divin tel qu’établi dans 1 Corinthiens 14:33b-35 est-il
particulièrement important pour les églises ayant des réunions
interactives?
8. Quelle est la preuve que 1 Corinthiens 14:33b-35 s’applique aux églises
de partout?
9. Pourquoi ne devrait-on pas considérer 1 Corinthiens 14:33b-35 comme
étant seulement l’opinion de Paul?
10. Qu’est-ce que le mot grec sigao (« silence ») signifie?
11. Comment le contexte démontre-il qu’il s’agit spécifiquement du si-
lence des autres pendant qu’un seul s’adresse publiquement à
l’assemblée?
12. Quels autres locuteurs sont tenus de s’arrêter et de garder silence
pendant le rassemblement?
246
L’ordre divin
13. Expliquez le point de vue de s’abstenir de juger une prophétie.
14. Expliquez le point de vue de garder silence pendant la partie interac-
tive.
15. Qu’a dit Gordon Fee à propos du fait que 1 Corinthiens 14:33b-35 ne
soit pas nuancé?
16. Est-ce que la « loi » (1 Co 14:34) enseigne le silence, la soumission
ou les deux? Voir Genèse 2:20-24, 3:16.
17. Pour quelle raison les femmes ne prendraient pas parole pendant les
réunions interactives de 1 Corinthiens 14?
18. Qu’en est-il de l’énoncé dans 1 Corinthiens 14:26 disant que tous
peuvent parler à la réunion et que tous peuvent prophétiser?
19. Expliquez la signification de l’emploi du pronom « elles » (plutôt que
« vous ») dans 1 Corinthiens 14:33b-35.
20. Comment 1 Corinthiens 14:33b-35 s’appliquerait-il à la partie du Repas
du Seigneur lors d’une assemblée (1 Co 11:17 et les versets suivants)?
21. En quoi 1 Corinthiens 14:38 devrait-il motiver chaque église à pren-
dre le temps de considérer honnêtement 1 Corinthiens 14:33b-35?

247
L’ordre divin

248
UNE SITUATION DIFFICILE — DEVENIR TROP NOMBREUX
19
UNE SITUATION DIFFICILE — DEVENIR TROP NOMBREUX

PREMIÈRE PARTIE
Selon le sens le plus commun du terme biblique, l’église ne peut
jamais être trop grande. Aussi longtemps que le Seigneur laisse Son
peuple sur terre, Sa volonté sera toujours que son église grandisse. Et
même dans le sens d’une vraie église locale (tous les rachetés dans une
localité), c’est toujours la volonté de Dieu que nous considérions la
croissance comme une bénédiction (faites une étude biblique sur la mul-
tiplication pour comprendre le cœur de Dieu par rapport à la croissance
en nombre).
Mais qu’en est-il d’une congrégation donnée de saints qui se réunit
régulièrement? Est-ce possible qu’une telle assemblée devienne trop
grande? Dans la pensée de l’église d’aujourd’hui, c’est presque
impensable. Après tout, le but est la croissance en nombre, n’est-ce
pas? La croissance n’est-elle pas une preuve de santé spirituelle et
l’accomplissement de la grande commission? Plus grande est une église,
plus efficace elle est, n’est-ce pas? Plus il y a de gens dans une église,
plus ses programmes peuvent être diversifiés et spécialisés afin de
satisfaire des besoins plus spécifiques. De telles présuppositions sont
très communes, mais reflètent-elles vraiment la volonté de Dieu pour Sa
maison?
Un nombre croissant de chrétiens participant à des églises-maison
ressentent le besoin d’une communion intime avec les autres croyants
dans le Seigneur. Bon nombre ont vécu les aspects sans cesse plus
impersonnels des églises axées sur des programmes, particulièrement
lorsqu’elles grandissent (ou tente de paraître plus grandes qu’elles ne le
sont). Plusieurs ont senti qu’on les mettait de côté en les remplaçant par
une production professionnelle grandissante, que bon nombre d’églises
aspirent à fournir dans leurs services.
Pour ce qui est de moi et de ma famille, je trouve très convaincants
les arguments bibliques pour des réunions d’église exclusivement dans
des maisons privées. L’insistance de Paul (dans 1 Co 4:16-17; 11:1-2,
16; 14:33; Ep 2:20; Ph 3:17; 4:9; 2 Th 2:15; 3:6-9; 1 Tm 1:16; 1 Tm 3:14-
15; 2 Tm 1:13) à ce que les églises suivent le modèle apostolique (et son
propre exemple) sont des arguments convaincants contre la pensée selon
laquelle le lieu de réunion des églises n’est pas commandé dans les
Écritures.
249
UNE SITUATION DIFFICILE — DEVENIR TROP NOMBREUX
Se rassembler dans le Seigneur de manière authentique est si exci-
tant, intéressant et agréable que la croissance en nombre va probablement
arriver en son temps, au fur et à mesure que les saints grandissent en-
semble dans une aisance qui permet au Saint-Esprit de diriger leurs
réunions/festins. Alors que devraient faire les églises lorsqu’elles
grandissent au point qu’elles dépassent la taille d’une maison privée
moyenne? Être trop nombreux, c’est combien de personnes?
Jésus a utilisé une analogie (une parabole – Mt 9:17; Mc 2:22;
Lc 5:37-39) qui compare du vieux vin avec du vin nouveau et une vieille
outre avec une outre neuve lorsqu’Il a défendu ses disciples relativement
au fait qu’ils ne jeûnaient pas. Évidemment, le vin est plus important que
l’outre, mais une mauvaise outre peut nuire à la qualité du vin. La fonction
est plus importante que la forme, mais la mauvaise forme peut nuire au
fonctionnement voulu.
Il est toujours risqué (et donc parfois douteux) de spéculer sur les
objectifs des actes de Dieu. Pourtant, Il nous demande d’apprendre Ses
voies (Ps 25:4; 51:13; 95:10). Laissez-moi proposer, en toute prudence,
pourquoi l’église du Nouveau Testament était toujours décrite comme se
réunissant dans des maisons. Je crois qu’on peut trouver une réponse
dans la description claire donnée par Paul d’une assemblée d’église dans
laquelle toutes choses doivent être faites « avec bienséance et avec
ordre » (1 Co 14:40).
Dans 1 Corinthiens 14, Paul oppose des pratiques désordonnées et
créant la confusion à celles qui sont ordonnées et édifiantes. Il est
intéressant de noter que la définition de Paul de l’ordre est assez différente
de ce avec quoi la plupart d’entre nous sont à l’aise, du moins dans une
réunion formelle (ce qui pourrait être la réponse pour comprendre le
problème). Paul fait une mise en garde contre des pratiques désordonnées
comme de parler en langues lorsque les autres ne comprennent pas, de
parler plus d’une personne à la fois, d’avoir des femmes qui dirigent, et
d’autres choses centrées sur ses propres intérêts plutôt que sur ceux de
tout le groupe. Mais ensuite il les oppose avec des descriptions
d’expériences de groupe ordonnées et édifiantes.
Par exemple, après avoir décrit une situation déplacée où « un
incrédule, ou un ignorant » (sans doute un croyant dans l’ignorance)
entrent où « toute l’église est assemblée en un même lieu, et que tous
parlent en langues » et conclut « que vous avez perdu le sens »
(1 Co 14:23), Paul décrit ensuite l’alternative appropriée. Il est intéressant
de noter que la meilleure pratique n’est pas de rester tranquillement
assis et d’écouter des experts exposer les Écritures. Paul dit plutôt (1 Co
14:24-25) que « si tous prophétisent », cet « incrédule ou ignorant » sera
250
UNE SITUATION DIFFICILE — DEVENIR TROP NOMBREUX
« convaincu par tous » et « jugé par tous » (mis en italique par l’auteur).
Il en résulte que « se prosternant la face contre terre [est-ce bienséant?],
il adorera Dieu, et publiera que Dieu est véritablement au milieu de vous. »
La chose incroyable, c’est que la participation prophétique est ce
que Paul veut dire par « avec bienséance et avec ordre ». Il continue son
exposé (verset 26) en disant que lorsque les frères s’assemblent, chacun
apporte quelque chose pour l’édification. Il peut s’agir d’un psaume,
d’un enseignement, d’une langue, d’une révélation ou d’une interprétation.
Prenez note que cette liste comprend des choses qui peuvent être
planifiées, mais aussi d’autres qui ne pourraient manifestement pas l’être.
Un peu après, il dit (verset 30) que si quelqu’un parle et qu’« un
autre assistant a une révélation », le premier discoureur est invité à
s’arrêter et laisser l’autre frère parler. Il continue avec cette affirmation
étonnante (verset 31) que « vous pouvez tous prophétiser » (mis en
italique par l’auteur). À première vue, cela semble contredire sa direc-
tive donnée deux versets auparavant « qu’il n’y ait aussi que deux ou
trois prophètes qui parlent, et que les autres jugent. » Si seulement deux
ou trois peuvent prophétiser, mais qu’il dit que « tous » peuvent prophétiser,
une interprétation possible est que seulement deux ou trois frères sont
présents. Bien que je ne pense pas vraiment que ce soit l’interprétation
correcte de ce passage, cela ferait sans doute référence à de petites
assemblées.
En fait, je crois que l’interprétation correcte est que les prophéties
devaient être dites sous forme de conversation, par deux ou trois frères,
et les autres écoutaient afin de discerner si c’était effectivement la voix
du Berger qu’ils entendaient (Jn 10:3-5, 16, 27). Cela ressemble encore
à une conversation assez intime, où quelques-uns participent et les autres
s’approchent (inclinent leurs cœurs) pendant qu’ils écoutent avec leurs
oreilles et leurs esprits.
Même dans la prochaine partie, où Paul aborde le silence dynamique
des femmes (exerçant une pression silencieuse sur les hommes afin
qu’ils dirigent), il y a une référence au contexte interactif de l’assemblée
lorsqu’il dit (verset 35) « Si elles veulent s’instruire sur quelque chose,
qu’elles interrogent leurs maris à la maison. » Apparemment, les hommes
étaient libres d’interagir pendant la réunion, de poser des questions. C’est
évident que l’assemblée de l’église, telle qu’envisagée par l’apôtre, était
participative, interactive, intime, et guidée par la spontanéité du Saint-
Esprit, bien qu’elle était ordonnée dans le sens où chaque personne devait
favoriser le bien du groupe plutôt que de chercher sa propre édification
(être prévenant). Une congrégation est trop grande lorsque tous ne peuvent
participer de façon intime.
251
UNE SITUATION DIFFICILE — DEVENIR TROP NOMBREUX
Un aspect intéressant des maisons privées, c’est qu’elles peuvent
rarement avoir assez de place pour accueillir des rassemblements de
plus de quelques familles. Je pense que nous sommes sages et coopératifs
avec les voies du Seigneur lorsque nous décidons d’accommoder nos
maisons afin qu’un groupe de saints puisse s’y réunir. Mais est-ce pos-
sible que le Seigneur ait commandé que les églises se réunissent de
maison en maison afin que le nombre de personnes demeure relativement
petit? Si c’est le cas, nous pourrions contrevenir à Sa volonté lorsque
nous cherchons des lieux de rassemblement plus grands.
Si je pouvais construire une maison dont le salon pouvait facilement
accueillir des rassemblements de deux cents personnes, cela serait-il
utile à l’église? Ou serais-je possiblement en train de contrevenir à la
volonté du Seigneur que l’on reste des groupes pas trop grands? Je doute
qu’il plaise au Seigneur que nous imposions des limites quant au nombre.
Cependant, il me semble qu’il y a un principe général dont on doit tenir
compte concernant la taille des congrégations qui se réunissent dans
l’intimité.
En 1993, pour la quatrième fois, notre famille a commencé à se
réunir avec quelques familles en tant qu’église. Au cours des années, le
groupe a grandi et parfois diminué. À un certain moment, certains d’entre
nous ont senti que nous étions devenus trop nombreux pour une maison.
J’ai suggéré que nous tentions de trouver une plus grande salle pour
nous réunir, mais le Seigneur a utilisé plusieurs frères qui nous ont
empêchés de prendre cette avenue. Il semblait que la volonté de Dieu
pour nous à ce moment-là était que le groupe diminue. Sur une période
de temps relativement courte, plusieurs familles ont déménagé dans
d’autres régions. Nous étions ainsi libérés de la pression du problème
d’une congrégation qui devient trop nombreuse pour se réunir dans une
maison.
Récemment, le Seigneur a encore fait grandir le groupe de saints
auquel nous sommes rattachés. Il y a actuellement cinq familles
participantes qui demeurent dans notre communauté de Springfield,
Californie, dont la proximité géographique permet des contacts fréquents
qui nous encouragent à marcher ensemble dans une intimité relative
(bien que nous ayons tous le désir que le Seigneur travaille encore plus à
lier nos cœurs ensemble en Lui). Deux autres familles font actuellement
les démarches pour déménager ici. Deux autres familles qui vivent à
environ une demi-heure ont exprimé le désir (et des intentions réalistes)
de déménager ici. Deux autres familles participantes demeurent à moins
d’une demi-heure de Springville, et deux autres familles vivent à près
d’une heure ou deux d’ici, mais ils ont assisté aux réunions hebdomadaires
252
UNE SITUATION DIFFICILE — DEVENIR TROP NOMBREUX
depuis des années. Finalement, il y a plusieurs autres familles qui visitent
les réunions hebdomadaires assez souvent. (Ceux qui demeurent plus
loin ne peuvent pas vraiment mettre en pratique le « exhortez-vous les
uns les autres chaque jour » d’Hébreux 3:13 en raison des barrières
géographiques.)
Nous sommes vraiment rendus au point où tous ceux qui veulent se
réunir avec nous ne peuvent tous participer à une seule réunion dans une
maison privée. Si toutes les familles qui disent faire partie de notre
congrégation se réunissaient en même temps en un seul endroit, il y
aurait quatre-vingt-dix personnes. Si des visiteurs réguliers ou occasionnels
étaient présents, ce serait encore plus.
Nous voulons connaître la direction du Seigneur par rapport à ce
que nous devons faire dans cette situation. On pourrait tenter de trouver
une solution, mais il est fort probable qu’on en trouve une qui ne Lui
plaise pas. Salomon a dit (à deux reprises, Pr 14:12 & 16:25), « Il y a telle
voie qui semble droite à l’homme, mais dont l’issue est la voie de la
mort. ». Néanmoins, le Seigneur aime apparemment que l’on considère
Ses voies telles que révélées dans les Écritures et que l’on anticipe ce
qu’Il fera. Prenons en considération quelques solutions possibles, qui
pourraient (ou ne pourraient pas) être éventuellement ce que le Seigneur
fera.
Bien que je doute vraiment que ce soit la volonté de Seigneur que
nous trouvions un endroit plus grand pour se réunir qui pourrait accueillir
tout le monde, c’est une possibilité qui plaît au Seigneur selon certains.
C’est certainement une possibilité, mais elle est peu probable.
On pourrait simplement ne rien faire. Cela pourrait être la volonté
du Seigneur pour nous, comme le dit ce passage : « tenez-vous là, et
voyez la délivrance que l’Éternel va vous donner » (2 Ch 20:17). Il est
bien possible que le Seigneur pourvoie à une solution sans demander à
quiconque parmi nous de changer de quelque façon que ce soit ce que
nous faisons. Ou bien Il pourrait nous appeler à supporter ce grand nombre
de gens avec joie. La plupart d’entre nous ont entendu les histoires de
congrégations du tiers-monde où plusieurs personnes se réunissent dans
un endroit exigu. Mais dans le cas présent, peu de familles veulent tenir
les réunions dans leurs maisons car elles savent qu’il n’y a pas assez de
place pour tous. Nous devrions chercher à ce que le Seigneur empêche
une démotivation à pratiquer l’hospitalité.
Une autre possibilité (cependant peu probable) est que le Seigneur
veuille que nous limitions le nombre de personnes qui sont invitées à se
réunir avec nous. Nous pourrions faire comme certains groupes de soutien
pour l’école à la maison, en ayant un groupe fermé qui recommande à
253
UNE SITUATION DIFFICILE — DEVENIR TROP NOMBREUX
ceux qui sont intéressés de suivre le chemin dans lequel le Seigneur nous
guide de trouver d’autres personnes avec qui se réunir. Aussi douteuse
que me semble cette option, je veux laisser la porte ouverte à tout ce que
le Seigneur pourrait vouloir.
Une option dont il a été question parmi plusieurs dans le mouvement
d’église-maison est la possibilité évidente de se multiplier en divisant le
groupe en deux. Cela pourrait être fait sur une base géographique ou
selon une autre méthode (tirer au sort, le nombre ou l’âge des membres
des familles, des intérêts communs, des convictions, la théologie, etc.). Il
me semble que de faire des distinctions entre les églises sur toute autre
base que celle de la géographie est le genre de division dont Paul parle
dans les premiers chapitres de 1 Corinthiens. Choisir de se réunir
seulement avec des gens qui me ressemblent sous-entend une accepta-
tion de divisions dans le corps. Si je pense qu’une personne est
véritablement un membre du corps de Christ, je dois aussi accepter de
communier avec cette personne.
Quelques familles avec lesquelles nous nous réunissons qui
demeurent assez loin de la plupart d’entre nous ont exprimé leur crainte
de ce qu’on leur demande de se séparer et de former un groupe distinct.
Il est intéressant de noter que si toutes les familles qui ne demeurent pas
à Springville se réunissaient pour former un groupe distinct des familles
de Springville (y compris ceux qui vont déménager là), les deux groupes
auraient exactement le même nombre de familles. Cela pourrait
certainement être la volonté du Seigneur. Cependant, mon sentiment est
qu’une telle division arbitraire est le résultat d’une manipulation humaine
plutôt que de l’écoute de la volonté du Saint-Esprit.
Mais dans l’Écriture, les distinctions géographiques dans l’église
étaient la seule base légitime pour identifier une église. L’église d’Antioche
ne faisait qu’une avec l’église de Jérusalem, mais dans un certain sens
elles étaient des églises distinctes. Il y a un seul corps en Christ, composé
de tous les croyants de tout temps partout dans le monde. Mais il y a des
églises distinctes (pluriel) basées sur la géographie (pas sur des allégeances
humaines, des pratiques distinctives ou des positions théologiques uniques).
Bien que nous devions admettre que l’église moderne est fractionnée, la
solution est de voir l’église avec la perspective de Jésus. Il n’y a donc
qu’une seule église à Springville, Californie et tous les chrétiens de
Springville font partie de l’église de Springville. Ttous les chrétiens de
l’église de Springville ne peuvent toutefois (et je crois qu’ils ne devraient
pas) se réunir régulièrement à un seul endroit. Si nous ne nous réunissons
pas en un seul endroit parce que nous sommes trop nombreux, comment
décidons-nous qui se rencontre où?
254
UNE SITUATION DIFFICILE — DEVENIR TROP NOMBREUX
Une autre possibilité est de planifier des réunions à des moments
différents et d’inviter les gens à participer aux réunions qui conviennent
le mieux à leur horaire et leurs préférences. C’est bien sûr une solution
évidente pour les églises institutionnelles qui dépassent la capacité
d’accueil de leur sanctuaire. Nous pourrions avoir un service du matin et
un service du soir. (Je ne suis pas sérieux!) Les gens pourraient choisir à
quel repas agape ils veulent participer. Ils pourraient alterner ou même à
l’occasion participer aux deux. Peut-être que certains frères qui ressentent
l’appel de diriger la congrégation pourraient participer à titre spécial dans
les deux groupes.
Nous sommes en des temps excitants où le Seigneur nous dirige
dans des voies différentes des traditions qui ont été suivies pendant des
siècles. Puissions-nous nous humilier devant le Seigneur, reconnaître que
nous ne pouvons trouver les meilleures solutions et que nous sommes
complètement dépendants de la direction du Saint-Esprit pour
véritablement plaire à notre Époux.
— Jonathan Lindvall
DEUXIÈME PARTIE
Lorsque les auteurs de ce livre défendent que selon le modèle du
Nouveau Testament, chaque église locale doit être petite plutôt que grande,
nous ne voulons pas dire petite dans le sens de trois ou quatre personnes.
Nous voulons dire petite dans le sens de dizaines de personnes en
comparaison à des centaines ou des milliers de personnes. Être trop peu
dans une église peut être aussi problématique que d’être trop nombreux.
Quelles preuves bibliques y a-t-il quant au nombre de personnes qui
participaient dans les églises-maison du Nouveau Testament?
Il n’y avait qu’une seule église-maison à Corinthe. Dans sa lettre
aux Romains, écrite à partir de Corinthe, Paul a écrit « Gaïus, mon hôte,
et celui de toute l’Église, vous salue » (Rm 16:23). Gaius accueillait toute
l’église de Corinthe dans sa maison. De plus, la salutation dans
1 Corinthiens 1:2 salue « A l’Église de Dieu qui est à Corinthe », suggérant
ainsi qu’il n’y avait qu’une seule église à Corinthe, et non plusieurs.
1 Corinthiens 11b révèle qu’il y avait des abus du Repas du Seigneur
à Corinthe. Il y avait de grandes divisions entre les classes. Les riches
refusaient de manger avec les pauvres, alors ils ont convenu d’arriver
plus tôt au lieu de rassemblement. Lorsque les pauvres arrivaient, peut-
être après le travail, les riches avaient déjà pris le repas et il n’y avait
plus de nourriture. Ce type d’abus du Repas du Seigneur n’aurait pu être
possible s’il n’avait été que tous, riches et pauvres, formaient ensemble
une même église et se réunissaient au même endroit. Manifestement, ils
ne se réunissaient pas à des endroits différents à Corinthe pour le Repas
255
UNE SITUATION DIFFICILE — DEVENIR TROP NOMBREUX
du Seigneur. Les riches évitaient les pauvres en arrivant à une autre
heure et non en se réunissant à une autre place.
Dans 1 Corinthiens 5:4-5, Paul s’est occupé du frère immoral qui
devait être discipliné. Il a écrit, « Au nom de notre Seigneur Jésus-Christ,
vous et mon esprit étant assemblés, avec la puissance de notre Seigneur
Jésus-Christ, qu’un tel homme soit livré à Satan ». Paul écrivait vraiment
comme si tous les croyants de Corinthe étaient ensemble au même endroit.
Le Seigneur Jésus a énuméré les étapes du processus de discipline
de l’église dans Matthieu 18. Comptez le nombre de personnes qui sont
possiblement visées : le pécheur, le frère offensé, ensuite les deux ou
trois témoins. Cela fait quatre personnes. Après cela, toute l’église est
visée. Sans doute que le reste de l’église ne comprend pas qu’une seule
personne de plus, une cinquième. Probablement que le nombre de
personnes dans le reste de l’église équivaut au moins au nombre de
personnes ayant participé au processus disciplinaire (au moins quatre
personnes de plus). Cela voudrait dire que Jésus envisageait qu’une église
typique comprenne au moins huit adultes. Il y avait probablement
beaucoup plus de gens dans l’église que ceux ayant participé aux premières
étapes du processus disciplinaire. À l’époque où Jésus a parlé de ceci, le
système de la synagogue exigeait évidemment qu’il y ait au moins dix
hommes juifs à un endroit pour former une synagogue. Si on utilise ce
principe général pour les églises, dix hommes avec leurs femmes font
une vingtaine de personnes. Ajoutez à cela des enfants et vous avez une
maison remplie!
On peut trouver dans 1 Corinthiens 14:23 une autre indication qu’il
n’y avait qu’une assemblée de l’église à un même endroit à Corinthe « Si
donc toute l’Église est assemblée en un même lieu, et que tous parlent
des langues, et que des gens du commun peuple, ou des incrédules y
entrent, ne diront-ils pas que vous avez perdu le sens? ».
Une étude des différents dons présents dans l’assemblée de
Corinthe indique que des dizaines de personnes faisaient partie de cette
seule église. Trois personnes qui parlent en langues et trois prophètes
sont mentionnés dans 1 Corinthiens 14:27-32, pour un total de sept
personnes. Ajoutez-y une personne avec un hymne et une autre avec
une parole d’instruction (14:26) et le total s’élève à neuf. Comptez les
femmes (qui ne parlaient pas, 14:33b-35) et le nombre d’adultes présents
monte à dix-huit. Environ douze dons spirituels différents sont mentionnés
dans 1 Corinthiens 12:7-31 en sous-entendant qu’ils étaient tous présents
à Corinthe. La taille de cette église-maison était très bien!
De quelle grandeur était l’église-maison à Corinthe? Il n’était
clairement pas question de « nous quatre et personne d’autre ». Il y avait
256
UNE SITUATION DIFFICILE — DEVENIR TROP NOMBREUX
des douzaines de personnes dans cette église-maison; pas des centaines,
pas des milliers et pas seulement une ou deux familles. Lorsqu’on envis-
age la grandeur d’une église-maison typique du Nouveau Testament,
nous devrions envisager une maison remplie avec des dizaines de croyants
présents. De manière similaire, dans nos églises aujourd’hui, de petits
moyens peuvent mener loin! Bon nombre de participants aux églises-
maison ne seraient pas heureux dans une église conventionnelle avec
des centaines ou des milliers de personnes. Ils ne devraient pas non plus
être satisfaits d’avoir très peu de gens dans leur église-maison. L’église
doit être énergique et en croissance, partageant l’Évangile à de nouvelles
personnes. La norme est qu’il y ait des douzaines de personnes.
Vous pouvez vous demander comment une maison peut accueillir
tant de gens pour l’église. C’est intéressant que le Nouveau Testament
indique souvent que l’église se réunissait régulièrement dans la même
maison. Par exemple, Paul a envoyé des salutations à l’église qui se
réunit dans la maison de Priscille et Aquilas (Rm 16:3-4), à l’église qui se
réunit dans la maison de Nymphas (Col 4:15) et à l’église qui se réunit
dans la maison de Philémon (Phm 1-2). Ces groupes ne faisaient pas de
rotation de maison en maison. C’est peut-être parce que ces gens
possédaient des maisons assez grandes pour tenir les réunions de toute
l’église. Si la norme est qu’une église-maison ait des dizaines de personnes
et que les maisons de certains membres sont trop petites pour accueillir
tant de gens, l’église peut ne pas être en mesure de tenir ses réunions
dans ces maisons. L’histoire de l’église du premier siècle révèle que
l’église se réunissait dans les maisons de ses membres les plus fortunés,
sans doute parce qu’ils avaient des maisons qui pouvaient accueillir plus
facilement un grand nombre de personnes.
On peut facilement s’attendre à ce qu’un groupe de croyants qui
marche avec le Seigneur et qui irradie Sa lumière dans une communauté
de ténèbres attirera de nouveaux membres. Lorsque l’église grandit en
nombre, l’espace devient d’autant plus important. Dans l’histoire, les
croyants ont résolu ce problème (et c’est un problème souhaitable) en
construisant des bâtiments toujours plus grands pour accueillir plus de
gens. Cependant, le modèle du Nouveau Testament n’est pas de
construire des bâtiments spéciaux pour y accueillir plus de gens que ce
qu’un salon de taille moyenne peut généralement contenir. Néanmoins, il
n’y a pas non plus de modèle dans le Nouveau Testament qui illustre une
division d’église-maison. Le témoignage des apôtres ne dit pas comment
l’église du premier siècle faisait face à la croissance. À moins qu’un
autre modèle du Nouveau Testament ne soit violé, c’est en fin de compte
une question de liberté dans le Seigneur.
257
UNE SITUATION DIFFICILE — DEVENIR TROP NOMBREUX
Les gens résistent à la division (et on peut comprendre) parce que
l’idée de délaisser des amis leur est trop douloureuse. D’autres craignent
avec raison que le manque de responsables compétents dans le nouveau
groupe s’avère un désastre. Dans cette nouvelle œuvre pionnière, on
s’inquiète aussi que les gens qui n’ont pas un fort sentiment d’appartenance
pourraient quitter l’église (les pionniers peuvent avoir une vie difficile).
Mais une autre raison de s’opposer à la division est l’inquiétude que la
nouvelle église prenne des décisions contraires à celles prises par l’église
d’origine, ce qui pourrait créer un conflit. Ce sont toutes des inquiétudes
valables.
Il y a de mauvaises raisons de se diviser : accueillir un trop grand
nombre de gens exige trop de préparation; il y a trop d’enfants turbulents
à s’occuper; des différences théologiques mineures font qu’il est plus
facile de se séparer que d’y travailler ou de les tolérer. Les motivations
sont importantes. Pourquoi voulez-vous vous diviser? Vos motivations
sont-elles égoïstes ou ont-elles pour objectif de mieux servir le corps de
Christ?
D’un autre côté, il est peut-être temps de considérer une nouvelle
œuvre lorsqu’il devient difficile pour tous ceux qui veulent participer de
le faire parce qu’un grand nombre de personnes assistent régulièrement
à la réunion inspirée de 1 Corinthiens 14. Un autre signe démontrant
qu’il est temps de commencer une nouvelle église, c’est lorsqu’il y a
tellement de gens qui assistent que l’hôte ne peut tout simplement pas
tous les accueillir (pas de place pour s’asseoir). Aussi, un groupe encore
plus grand perdra nécessairement de son intimité et de sa responsabilité
devant les autres (un réseau de quelques amis seulement peut être
maintenu). Une église plus petite encouragera aussi les plus timides à
prendre parole et à commencer à apprendre à devenir eux-mêmes des
responsables-serviteurs (une formation accélérée sur le terrain).
En fin de compte, c’est une question d’espace. Si une église veut
être utilisée par Dieu pour être de plus en plus une bénédiction pour les
autres, de nouvelles personnes doivent en quelque sorte être les
bienvenues et accueillies. Pour commencer, il doit y avoir de la place
pour les inviter à la réunion! La seule solution biblique à long terme pour
cela est de commencer une nouvelle église. Idéalement, la nouvelle église
aura des responsables compétents, elle maintiendra des liens forts avec
l’église fondatrice, elle aura des enseignants ayant des dons, elle aura
des musiciens, elle aura quelques personnes qui veulent accueillir l’église
chez eux, elle aura une bonne diversité de vieux et de jeunes, etc. Mais
cela, c’est l’idéal. Toutes ces choses ne sont pas nécessaires. L’exigence
principale, c’est qu’il y ait un certain type de direction et de surveillance
258
UNE SITUATION DIFFICILE — DEVENIR TROP NOMBREUX
matures, par l’instrumentalité d’un apôtre ou de l’église-mère. (Il faut
souligner que personne ne devrait se faire pousser, forcer ou commander
de faire quoique ce soit à l’égard de l’endroit où ils participent à l’église.
Le gouvernement de l’église se fait par consensus et non par
commandement. Personne ne devrait être désigné à aller quelque part,
ni quand y aller, de façon arbitraire ou forcée ou suite à des pressions.)
Dans la plupart des églises bien établies, on trouve habituellement
ceux qui sont vraiment engagés; ceux qui viennent parce que cela leur
convient, mais qui ne croient pas vraiment au modèle du Nouveau Testa-
ment et qu’il faut le suivre; ceux qui vivent dans les environs et qui
forment le cœur de la communauté; ceux qui viennent de loin; ceux qui
sont célibataires (qui sont seuls); et aussi ceux qui servent d’encadreurs
(les anciens). Les responsables doivent tenir compte de cette diversité
lorsqu’ils pensent à établir une nouvelle église à partir d’une église
existante.
En résumé, une église dispose de plusieurs options une fois qu’elle
a atteint sa taille limite :
1. Rester comme elle est et cesser de s’accroître en nombre. Selon ce
scénario, les nouveaux venus ne seront plus les bienvenus et seront
perçus comme des problèmes. En ressentant cela, soit que les visiteurs
ne reviendront pas, soit ils iront bientôt à une autre assemblée plus
accueillante. Assurément que cela n’est pas la voie de Dieu! Le
royaume, comme le levain caché dans la pâte, doit grandir et s’étendre.
Travaillons avec Dieu, et non contre Lui.
2. Édifier des bâtiments encore plus grands afin de pouvoir accueillir
plus de gens. C’est l’option la plus courante, mais elle enfreint le
modèle du Nouveau Testament. S’il y a trop de personnes dans une
seule église, la réunion d’église perd sa raison d’être. La taille n’est
pas nécessairement un indicateur de force (de la graisse n’est pas du
muscle). Les réunions selon 1 Corinthiens 14 ne sont plus possibles
(c’est justement en raison de ce problème que les services d’adoration
ont été créés). Le Repas du Seigneur en tant que vrai repas complet
peut toujours se faire, mais il devient difficile, sinon impossible, de
parler avec tous ceux présents pendant le repas puisqu’il y a tellement
de personnes. L’intimité est perdue, et la responsabilité devant les
autres commence à se perdre. Il devient difficile de s’occuper des
différents problèmes qui affectent les gens. L’église ressemble de
plus en plus à une entreprise plutôt qu’une famille.
3. Diviser l’église en parts égales, en répartissant les forces et les
faiblesses le plus également possible, selon que les gens sont guidés
par l’Esprit (et non forcés).
259
UNE SITUATION DIFFICILE — DEVENIR TROP NOMBREUX
4. Séparer du groupe principal de plus petits groupes (des sous-groupes)
afin qu’ils commencent de nouvelles œuvres. Par exemple, les deux
tiers restent, et l’autre tiers s’en va. C’est Dieu qui aura mis à cœur
au sous-groupe de former la nouvelle église. Personne ne s’est fait
tordre un bras pour le faire.
En fin de compte, on doit demander : « Qu’est-ce que le Seigneur
en pense? Quelle est la volonté de Dieu pour notre église? » Attendez-
vous à recevoir une réponse de Lui!
— Steve Atkerson

QUESTIONS À DISCUTER
1. Est-ce possible qu’une seule assemblée devienne trop grande?
2. Quels sont les inconvénients des grandes églises axées sur les
programmes?
3. Que devraient faire les églises lorsqu’elles grandissent au point qu’elles
dépassent la taille d’une maison privée moyenne? Combien est-ce
d’être trop nombreux?
4. Quelles propositions prudentes a fait l’auteur afin expliquer pourquoi
l’église du Nouveau Testament était toujours décrite comme se
réunissant dans des maisons?
5. Si vous pouviez construire une maison dont le salon pouvait facilement
accueillir des rassemblements de deux cents personnes, cela serait-il
utile à l’église? Pourquoi?
6. Quelles sont les solutions données par l’auteur pour résoudre le
problème souhaitable où il y a trop de gens pour la grandeur du salon?
7. Quelle preuve biblique y a-t-il quant au nombre de personnes qui se
trouvait dans une église-maison du Nouveau Testament?
8. Les églises du Nouveau Testament faisaient-elles la rotation d’une
maison à une autre ou bien se réunissaient-elles toujours dans la même
maison? Expliquez.
9. Pourquoi les gens sont-ils réticents à délaisser l’église en place pour
en commencer une nouvelle?
10. Quels sont les signes démontrant qu’il est temps de considérer à
commencer une nouvelle église?
11. Quels facteurs devraient être pris en considération lorsqu’on étudie
la possibilité d’implanter un nouveau groupe?

260
LES TRADITIONS DE L’ÉGLISE
20
LES TRADITIONS DE L’ÉGLISE

Bien que ce ne soit qu’un fait, il est étonnant de comprendre que le


conflit entre Jésus et les chefs religieux d’Israël ne portait pas sur la loi
de Moïse. Jésus a observé l’Ancienne Alliance à la lettre, et mis à part
une tentative embarrassante de le piéger en le confrontant à une femme
surprise à commettre un adultère, ils opposaient Jésus pour d’autres
raisons. Ce qui les rendait furieux après Jésus n’était pas qu’Il s’opposait
aux Écritures de l’Ancien Testament, et Il ne l’a effectivement pas fait,
mais parce qu’Il s’est opposé à une chose nommée la tradition des an-
ciens.
On peut lire dans l’Évangile de Marc : « Alors des pharisiens et
quelques scribes, venus de Jérusalem, s’assemblèrent vers Jésus; et
voyant que quelques-uns de ses disciples prenaient leur repas avec des
mains souillées, c’est-à-dire qui n’avaient pas été lavées, ils les en
blâmaient. Car les pharisiens et tous les Juifs ne mangent point sans se
laver les mains jusqu’au coude, gardant en cela la tradition des anciens;
et lorsqu’ils reviennent des places publiques, ils ne mangent point non
plus sans s’être lavés. Il y a aussi beaucoup d’autres choses qu’ils ont
reçues pour les observer, comme de laver les coupes, les pots, les
vaisseaux d’airain et les lits. Là-dessus les pharisiens et les scribes lui
demandèrent : D’où vient que tes disciples ne suivent pas la tradition des
anciens, et qu’ils prennent leur repas sans se laver les mains? » (Mc 7:1-
5). Quel est le problème? C’est qu’Israël, en théorie, considérait les
Écritures de l’Ancien Testament comme son autorité finale en matière
de foi et de pratique, mais non en pratique. Les Juifs portaient beaucoup
plus d’attention à un système d’enseignement et de pratique connu comme
« la tradition des anciens » ou « la loi orale ».
Le judaïsme pharisien enseignait que lorsque Moïse est allé sur le
mont Sinaï, il n’a pas reçu une seule loi de Dieu, mais deux. La loi écrite,
ou loi de Moïse, a été écrite dans les pages de l’Ancien Testament.
Toutefois, on disait qu’il y avait une deuxième loi, une loi secrète, qui
avait été entièrement transmise par voie orale au fil des générations.
Apparemment, cette loi secrète a été rendue publique seulement pen-
dant les années ayant précédé le temps de Jésus. Inévitablement, lorsque
les deux lois en sont venues à se contredire, Israël devait choisir laquelle
était vraiment leur autorité finale. Vous pouvez bien prétendre avoir deux
autorités finales (dans ce cas-ci l’Ancien Testament et la loi orale), mais
261
LES TRADITIONS DE L’ÉGLISE
en réalité vous ne pouvez en avoir qu’une seule, et c’est celle à laquelle
vous allez donner préférence lorsqu’il y a contradiction entre les deux.
Étonnamment, Israël a choisi la loi orale, et a donc relégué au second
plan la loi de Moïse et toutes les Écritures de l’Ancien Testament. En
effet, les Pharisiens enseignaient qu’il était plus condamnable de
transgresser la tradition des anciens que les Écritures de l’Ancien Testa-
ment.
Il faut donc bien comprendre qu’au temps de Jésus, la nation d’Israël
vivait sous l’autorité d’un système d’enseignements et de pratiques qui,
en de nombreux et importants points, s’opposait complètement à d’autres
enseignements et pratiques retrouvés dans l’Ancien Testament. Ils ont
prétendu que Dieu Lui-même les a guidés à faire cela, étant donné qu’Il
leur avait supposément transmis cette loi orale par l’entremise de Moïse.
Un système d’enseignements et de pratiques d’origine et d’invention
complètement humaines s’était frauduleusement substitué à la vérité
révélée de la Parole écrite de Dieu en prétendant venir du Seigneur Dieu
d’Israël Lui-même, et ce, même s’il contredisait les Écritures de l’Ancien
Testament.
Cependant, si nous voulons savoir ce que le Seigneur Dieu d’Israël
pensait vraiment de cette prétendue loi orale inspirée, écoutons ce que
Jésus en disait : « Il leur répondit: Hypocrites, Ésaïe a bien prophétisé à
votre sujet, quand il a dit : Ce peuple m’honore des lèvres; mais leur
cœur est bien éloigné de moi. Mais c’est en vain qu’ils m’honorent,
enseignant des doctrines qui sont des commandements d’hommes. Car,
en abandonnant le commandement de Dieu, vous observez la tradition
des hommes » (Mc 7:6-8).
De l’hypocrisie! Voilà le jugement clair et net du Seigneur à l’égard
de telles traditions qui poussaient Son peuple à s’opposer aux traditions
inspirées révélées dans la Parole de Dieu. De suivre une pratique d’origine
purement humaine, peu importe laquelle, au lieu d’une pratique biblique
équivaut, selon le Seigneur Jésus-Christ, à « abandonner le
commandement de Dieu ».
Je pense que vous serez d’accord que c’est très sérieux comme
offense, et je vous imagine bien répondre : « Amen frère! Comme c’est
terrible ce qu’Israël a fait! » « Franchement! Israël qui préfère les
enseignements, les pratiques et les traditions qu’ils se sont inventés à la
loi de Moïse? Ce n’est pas étonnant que Dieu les ait jugés! » « Com-
ment? Abandonner le commandement de Dieu en suivant une tradition
purement humaine? Impensable! » Je dois toutefois vous confesser que,
pendant environ deux mille ans, c’est bel et bien ce que nous, chrétiens,
avons fait aussi.
262
LES TRADITIONS DE L’ÉGLISE
Bien que ce ne soit aussi qu’un fait, cela dépasse l’entendement de
réaliser que toute notre vie d’église, c’est-à-dire les traditions ou pra-
tiques établies que la vaste majorité des chrétiens suivent sans les remettre
en question, provient d’un système de pratiques qui, tout comme la tradi-
tion des anciens d’Israël, n’a rien à voir avec la Parole de Dieu. Au lieu
de correspondre aux Écritures du Nouveau Testament, ces pratiques
proviennent d’hommes qui ont existé après la mort des apôtres de Jésus,
et par conséquent après que la rédaction du Nouveau Testament fut
achevée.
Comprenez bien que la différence entre ces traditions et les Écritures
n’est pas qu’une simple question de nuances. Dans les faits, elles en
viennent à être complètement l’opposé de ce qui est écrit dans le Nouveau
Testament. Elles ne sont pas du tout que des applications légèrement
différentes de pratiques bibliques selon que les circonstances le requièrent,
mais plutôt des pratiques introuvables dans le Nouveau Testament qui
s’y opposent complètement en tout point. Elles font en sortent que ceux
qui y adhèrent vont complètement et directement à l’encontre de la
révélation de la Parole de Dieu, ce qui est en plein ce que Jésus a
condamné si ouvertement et avec tant de force.
Je vais maintenant faire une simple observation qu’aucun
commentateur, spécialiste ou historien de la Bible digne de ce nom
n’infirmerait. Cela concerne la manière dont les églises du Nouveau
Testament étaient établies et organisées selon les traditions transmises
par les apôtres de Jésus, et telle que révélée dans leurs écrits, qui se
trouvent être le Nouveau Testament. Tout ce que je vais faire, c’est
décrire une réunion d’église d’un groupe de croyants, comme elle est
révélée dans les pages de l’Écriture. Et je tiens à le souligner : c’est
révélé si clairement que, comme je l’ai dit, aucun spécialiste ne
l’infirmerait.
Retournons voir ce à quoi ressemblait l’église du premier siècle, à
l’époque du Nouveau Testament. La première chose qui nous frappe,
c’est que pour aller à la réunion d’une église, il fallait aller chez quelqu’un.
Il y avait donc peu de gens, ce qui signifie un petit groupe intime de gens
qui se connaissent très bien, comme une sorte de famille élargie.
L’ambiance générale de la réunion est celle d’une intimité informelle.
Lors de telles réunions entre frères et sœurs, il y avait deux événements.
Premièrement, et pas nécessairement dans cet ordre, il y avait un
temps de partage où tous étaient libres de participer selon la direction du
Seigneur. Chacun pouvait apporter un chant d’adoration, une prière, une
intercession; un enseignement ou une prophétie; partager un fardeau ou
apporter une parole de connaissance ou de sagesse. Tous pouvaient
263
LES TRADITIONS DE L’ÉGLISE
participer de la sorte. Personne ne menait la réunion de l’avant. En fait,
c’était impossible, car tous sont assis face aux autres dans un salon au
lieu d’être en rangées et de regarder la nuque de la personne d’en face.
Tout ce qui s’y passait était spontané, libre, sans structure, et de nature à
être mené par l’Esprit. L’ambiance en est une d’adoration, de joie
respectueuse et informelle.
Deuxièmement, tous ceux présents mangeaient un repas ensemble.
En fait, c’était le repas principal de la journée qu’ils partageaient. Ce
repas comprenait une seule miche de pain et une seule coupe de vin que
tous partageaient, rappelant ainsi à l’église assemblée que Jésus est l’invité
d’honneur et que, bien que ce soit un repas ordinaire en commun, c’était
en même temps un repas en commun très spécial : le Repas et la Table
du Seigneur. Ce repas d’alliance des croyants individuels collectivement
assemblés en tant qu’église les liait ensemble comme une seule famille
étendue de Dieu, peu importe l’endroit où vous pouviez vous trouver.
On peut aussi remarquer autre chose : leurs responsables se faisaient
discrets plutôt que de se faire remarquer d’une quelconque façon. Leur
rôle n’était que fonctionnel, et non une question de dignité et de titre
officiel. De plus, il y en avait plusieurs. Toute idée de la responsabilité
d’un seul homme aurait été complètement étrangère aux personnes
assemblées. Ces responsables auraient tous été tirés de la même église.
C’était des hommes du coin, des gens de la localité que tous connaissaient
très bien dans cette église. Quant à leur titre (il n’y avait aucun titre
officiel), ces hommes étaient appelés, de façon interchangeable, anciens,
surveillants ou évêques (selon votre traduction de la Bible) et pasteurs
ou bergers (encore une fois, selon votre traduction de la Bible), chacun
de ces termes étant des synonymes désignant les mêmes gens. Les
autres qui exerçaient divers ministères (les apôtres, les prophètes, les
enseignants, etc.) passaient parfois prêter main-forte, et y étaient invités,
mais ils allaient ensuite à d’autres endroits. Les seuls responsables per-
manents dans l’église étaient ces grands frères de la place. Ils s’assuraient
que la forme de la réunion reste toujours libre et spontanée, permettant
une participation de tous. Mener la réunion de l’avant était la dernière
chose qu’ils voulaient faire parce que ce n’était précisément pas la volonté
de Dieu qui leur avait été enseignée par les Apôtres.
C’était ce à quoi ressemblaient les réunions d’église pendant que
les enseignements et les traditions des apôtres, telles qu’elles nous sont
révélées dans les pages du Nouveau Testament, prédominaient. De plus,
je le souligne à nouveau (soulignez-le à l’encre rouge!), aucun
commentateur, spécialiste ou historien de la Bible digne de ce nom
n’infirmerait cette description. Tout ce que j’ai fait, c’est indiquer ce qui
264
LES TRADITIONS DE L’ÉGLISE
est déjà écrit dans le Nouveau Testament. L’Écriture ne révèle qu’une
seule voie prescrite aux croyants, qui se sont fait enseigner de s’assembler
et faire certaines choses ensemble. Comment faisons-nous les choses
de nos jours lorsque nous nous assemblons en tant qu’églises? (En fait,
de quelle façon les croyants l’ont-ils fait tout au long de la majeure partie
de l’histoire de l’église?) Comme nous l’avons indiqué plus tôt, nous ne
faisons pas que faire les choses différemment, nous faisons complètement
le contraire!
Premièrement, nous nous assemblons en grand nombre dans des
bâtiments publics. Je vous demande : n’est-ce qu’une nuance de la pe-
tite réunion dans une maison privée? Non, c’est tout à fait l’opposé!
Deuxièmement, nous avons des services menés de l’avant par,
généralement parlant, des responsables professionnels rémunérés, ce
qui assure que tous ne sont pas libres de participer selon la direction de
l’Esprit. Dites-moi, n’est-ce qu’une nuance d’une réunion libre et
complètement participative, sans personne qui mène de l’avant et où
tous sont libres de participer? Non, c’est tout à fait l’opposé!
Troisièmement, après le service principal (et nous avons bien vu
que les églises du Nouveau Testament n’avaient rien qui ressemblait
même vaguement à un service d’adoration), nous avons droit à un autre
type de service, un rite fait avec du pain et du vin. Je demande encore :
n’est-ce qu’une nuance d’un repas en commun? Non, c’est quelque
chose de totalement différent! C’est quelque chose qui aurait été
complètement étranger aux apôtres, qui nous ont enseigné à partager un
repas ensemble. C’est ça le Repas du Seigneur! (Le mot grec utilisé
dans l’Écriture, deipnon, signifie le repas principal de la journée, pris en
fin de journée.)
En dernier lieu, bien qu’on aurait pu toucher d’autres sujets si ce
n’était du manque d’espace, comment s’effectue la direction de l’église?
Comment nos églises se comparent-elles à celles de cette époque? Eh
bien, nous introduisons une hiérarchie et des distinctions de dignité
étrangères sous la forme d’une personne portant un titre quelconque. En
d’autres termes, nous varions le même thème, celui d’un seul homme à
la barre — et pratiquement toujours un professionnel rémunéré qui provient
de l’extérieur. Comparez cela à la pluralité de frères locaux sans titre qui
ne sont pas des professionnels rémunérés, et je demande à nouveau :
n’est-ce qu’une quelconque nuance? N’est-ce que jouer un tout petit
peu avec les limites? Non, c’est complètement le contraire de la manière
dont l’église faisait les choses qui lui avait été enseignée par les apôtres
de Jésus. Où sont-ils allés chercher leurs idées? Auprès du Seigneur
Lui-même!
265
LES TRADITIONS DE L’ÉGLISE
Il faut bien noter que nos paroles ne concernent pas qu’une église
en particulier. Qu’il s’agisse de catholiques ou de presbytériens,
d’anglicans ou de baptistes, de pentecôtistes ou de méthodistes,
d’épiscopaliens ou d’évangéliques libres, quand il s’agit de pratique
d’église, tous se fondent sur les mêmes traditions et enseignements
d’hommes qui ont existé après que le canon de l’Écriture fut achevé et
qui ont enseigné des pratiques contraires à la Parole révélée de Dieu.
Toutes les églises que nous avons énumérées ont besoin de bâtiments,
de services religieux et de rites utilisant du pain et du vin. Elles pratiquent
aussi toutes un type de direction qui s’oppose à celui révélé dans l’Écriture.
En d’autres mots, bien que différentes l’une de l’autre en certains détails,
toutes sont pareilles en ce que leur pratique s’oppose au modèle de
l’Écriture.
Les premiers Pères de l’Église (c’est le nom retenu par l’histoire
des hommes qui ont dirigé les églises chrétiennes dans les années et les
générations qui ont suivi la mort des Apôtres) ont fait beaucoup de bien
et ont été grandement utilisés par Dieu. Mais par rapport aux choses que
nous examinons ici, ils ont été gravement dans l’erreur. Moi-même et
plusieurs autres demandons maintenant que nous renoncions aux fausses
pratiques que ces derniers ont introduites (sans rejeter toutefois les choses
bibliques qu’ils ont faites et enseignées), et par conséquent que nous
rejetions aussi l’héritage de la vie d’église complètement non biblique
qu’ils nous ont légué. Comme je l’ai déjà souligné, personne qui connaît
sa Bible n’infirmerait ma description de la vie et des pratiques de l’église
du Nouveau Testament, qui est clairement différente des pratiques
instaurées par les Pères de l’Église. Toutefois, malgré que ce soit là le
point de controverse, j’ajouterai qu’ils ont eu tort d’enseigner ce qu’ils
ont enseigné à l’égard de la vie et des pratiques de l’église, et que nous
avons aussi eu tort de les suivre au fil des siècles.
Israël a désobéi à l’Ancien Testament en divers points en raison de
leur tradition des anciens, qu’ils aimaient tant, mais qui toutefois était
entièrement mauvaise et non biblique. L’église chrétienne a fait
exactement la même chose avec la tradition des premiers Pères de
l’Église. Encore une fois! Qu’allons-nous faire maintenant? Allons-nous
choisir les traditions des hommes, ou bien les traditions de Dieu? À vous,
ami lecteur, de choisir!
— Beresford Job

266
LES TRADITIONS DE L’ÉGLISE
QUESTIONS À DISCUTER
1. Si le conflit entre Jésus et les chefs religieux d’Israël ne portait pas sur
Son obéissance à la loi de Moïse, alors pourquoi s’opposaient-ils à
Lui?
2. Qu’était la tradition des anciens?
3. En quoi la réponse de Jésus à la loi orale démontre-t-elle ce que Dieu
en pensait vraiment?
4. D’où proviennent la plupart des pratiques de l’église d’aujourd’hui?
5. Quand la tradition de l’église historique devient-elle nuisible plutôt que
bénéfique?
6. Quelles étaient les bases de la pratique d’église du Nouveau Testa-
ment sur lesquelles s’entendent généralement les spécialistes?
7. Sur quels aspects l’église moderne typique diffère-t-elle dans ses pra-
tiques de ce que faisait l’église du premier siècle?
8. D’où les premiers apôtres ont-ils pris leurs idées au sujet de la forme
de l’église?
9. Quelle est l’appréciation mitigée de l’auteur au sujet des premiers
Pères de l’Église?
10. Puisqu’il n’y a pas de grande controverse parmi les groupes de
spécialistes en ce qui a trait aux pratiques de l’église du premier siècle,
à quel moment la controverse entre-t-elle en jeu?
11. Chaque vraie église désire que sa théologie soit biblique. Pourquoi
est-ce si important d’être aussi rigoureusement biblique dans la pra-
tique de l’église?
12. Votre église suit-elle les traditions des premiers Pères de l’Église ou
bien les traditions des apôtres? Expliquez.

267
LES TRADITIONS DE L’ÉGLISE

268
CONCLUSION

Que faire si vous avez lu ce livre et que vous croyez aux bases de
la vie d’église du Nouveau Testament? Que faire maintenant? Une op-
tion est de demeurer dans l’église où vous êtes et tenter de la réformer
pour la faire revenir graduellement aux traditions des apôtres. Sinon, si
vous avez le don pour diriger, vous pourriez demander la bénédiction de
votre église pour qu’elle vous envoie commencer une nouvelle église.
Travaillez avec l’église en place et non contre elle. Puisqu’en adhérant
au modèle du Nouveau Testament vous vous retrouvez en position très
minoritaire, il n’est pas approprié de reprendre sévèrement l’église
historique de l’avoir négligé. Cela ressemble beaucoup à l’instruction de
Paul à Timothée disant de ne pas reprendre rudement le vieillard mais de
l’exhorter plutôt comme un père (1 Tm 5:1). Dans l’histoire, Dieu a
suscité des hommes qui appellent l’église à la repentance, à l’obéissance,
à l’action ou à la responsabilité les uns envers les autres. Ils sont plusieurs
et ils sont bien déterminés ceux qui veulent maintenir le statu quo.
Comme n’importe quel réformateur du passé vous le dirait, attendez-
vous à de l’opposition lorsque vous prenez position pour la vérité.
Réjouissez-vous et tressaillez de joie, parce que votre récompense sera
grande dans les cieux (Mt 5:12).
À quelques-uns d’entre vous qui lisez ceci, nous faisons cette mise
en garde : N’essayez pas cela à la maison. Commencer une église, même
une église-maison, est quelque chose de très sérieux. Ce n’est pas quelque
chose à prendre à la légère. Certains parlent de l’église-maison comme
d’un modèle parmi d’autres. L’église-maison n’est pas qu’un modèle
parmi d’autres — c’est LE modèle. Plusieurs dans le peuple de Dieu
n’ont pas de dons surnaturels pour diriger. Si c’est votre description,
nous vous conseillons de ne pas commencer seul une église-maison.
Vous et votre famille seriez mieux de demeurer dans le groupe où vous
vous trouvez déjà. Soyez un puritain. Satan ne souhaite rien de moins
que de vous rendre malheureux, de vous isoler et de vous rendre inefficace
pour le service du royaume. C’est la vieille manigance de diviser pour
mieux régner (2 Co 2:11). Quelqu’un qui s’occupe d’implanter une nouvelle
église doit tenir un rôle de père, être mature dans la foi et avoir des
compétences évidentes à diriger afin que l’église se maintienne et porte
du fruit à long terme.
269
Si vous désirez implanter une nouvelle église, il est important de
réaliser qu’afin d’avoir un réel espoir de réussir à vivre la vie d’église du
Nouveau Testament, au moins deux choses sont nécessaires de la part
des principales familles de l’église. Premièrement, il doit y avoir un amour
absolu, ferme et inébranlable pour Jésus qui s’exprime par un engage-
ment absolu, ferme et inébranlable à obéir à tous Ses commandements.
La Parole de Dieu doit être considérée comme l’autorité infaillible qui
dirige tout ce qui est dit, pensé et fait. Nous devons assez aimer Jésus
pour amener nos églises à se conformer à tout ce que Jésus a commandé.
Deuxièmement, le groupe doit avoir un amour indéfectible les uns pour
les autres. Nous devons assez aimer nos frères pour endurer leurs fautes,
leurs défauts et leur manque de vision. Les réformateurs doivent être
patients, d’une endurance à toute épreuve et être compréhensifs des
autres dans le groupe. À moins qu’il n’y ait un engagement total envers
le Seigneur et Son peuple, toute église est gravement dans le pétrin (voir
Jean 14:15, 21-24 15:9-17).
Plusieurs personnes en viennent à considérer l’église-maison en
raison d’un désespoir pur et simple. Ils ont tout essayé ou bien ils ont été
mis en pièces par le système, alors ils considèrent finalement le modèle
des apôtres. Nous croyons sincèrement que c’est le modèle des apôtres
qui doit être choisi. Néanmoins, la réalité est que peu importe comment
l’église est structurée, elle contient toujours des gens. Comme Pogo a dit
« Nous avons rencontré l’ennemi. C’est nous. » Reprendre les pratiques
de l’église du premier siècle n’est pas une façon d’échapper à la réalité
ou aux gens. Les croyants du premier siècle étaient loin d’être parfaits.
Presque toutes les épîtres du Nouveau Testament ont été écrites en
réponse aux problèmes des gens dans l’église du premier siècle. D’un
autre côté, suivre le modèle du Nouveau Testament nous aidera à éviter
des situations que Dieu n’a jamais voulues pour Son peuple. D’un autre
côté, cela nous aidera à être plus en mesure d’aider réellement les gens
à devenir de vrais disciples.
On devrait aussi dire un mot au sujet des attentes. Bien que les
églises-maison sont la norme dans plusieurs régions du monde, vous ne
devriez pas entretenir l’illusion qu’elles deviendront rapidement populaires
en Occident. Le christianisme occidental est tellement associé à l’idée
des bâtiments d’église que le chrétien typique aura la même considération
pour l’idée de l’église-maison qu’il en aurait pour un autre bout de papier
inutile dans sa boîte aux lettres. D’un point de vue numérique et en
termes de pourcentages, l’église-maison n’a tout simplement pas « la
cote » en Occident actuellement. Si l’Esprit Saint vous convainc que
d’adhérer aux traditions apostoliques est ce qu’Il veut pour vous, ne
270
vous inquiétez pas de ce que les autres font ou ne font pas. Vous n’avez
qu’à plaire au Seigneur, et non aux autres (Jn 6:66-69).
Après que les Hébreux aient été en captivité à Babylone pendant
soixante-dix ans, Dieu a suscité dans sa providence un dirigeant païen
qui était enclin à accorder la liberté aux Juifs afin qu’ils retournent à la
Terre promise. Cependant, peu d’entre eux trouvèrent avantageux de
retourner chez eux. Babylone était simplement trop confortable et
Jérusalem était dévastée. Seulement une minorité, dirigée par Néhémie,
Esdras et Zorobabel se sont risqués à reconstruire ce qui avait été détruit.
Vous avez un choix semblable devant vous. Resterez-vous dans votre
confort avec les indifférents ou bien aiderez-vous à réformer l’église?
— Steve Atkerson

QUESTIONS À DISCUTER
1. Si une personne est persuadée que ce serait d’honorer le Seigneur
que de suivre le modèle de vie d’église du Nouveau Testament, mais
qu’il se trouve dans une église qui ne suit pas ce modèle, quelles sont
ses options?
2. Pourquoi n’est-ce pas approprié de reprendre sévèrement une église
établie parce qu’elle ne suit pas les traditions des apôtres?
3. Pourquoi certaines personnes ne devraient-elles pas essayer de com-
mencer leur propre église-maison?
4. Afin d’avoir un réel espoir de porter du fruit en expérimentant la vie
d’église du Nouveau Testament, quelles sont les deux choses
nécessaires de la part des principales familles de l’église?
5. Pourquoi simplement reprendre les pratiques de l’église du premier
siècle n’est-il pas une panacée à tous nos problèmes?
6. Pourquoi est-ce important de réaliser que, bien que vous puissiez être
excité au sujet des églises-maison, la plupart de vos amis ne le seront
probablement jamais?
7. Ayant maintenant étudié les pratiques de l’église du premier siècle,
qu’est-ce que le Seigneur Jésus veut que vous fassiez?

271
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veuillez aller à l’adresse suivante :
www.eglisedemaison.info

Personnes-ressources francophones :
Sylvain Bigras
[email protected]

Alexandre Grondin
[email protected]

272
À PROPOS DES AUTEURS

BRIAN ANDERSON — Brian et sa femme vivent à Sonora, Californie et ont


deux fils d’âge adulte. Brian était le pasteur à temps plein d’une église adhérant
aux Écritures avant de faire partie des églises-maison bibliques. Il est maintenant
un implanteur d’église à deux vocations. Il joue aussi du banjo à cinq cordes
dans un groupe de musique bluegrass et cela lui donne souvent des occasions
de proclamer l’Évangile. Plusieurs des enseignements de Brian sont en ligne à
l’adresse www.SOLIDROCK.net

STEVE & SANDRA ATKERSON — Steve et sa femme vivent à Atlanta et font


l’école à la maison pour leurs trois enfants. Steve a obtenu une maîtrise en
théologie du séminaire baptiste Mid America Baptist Theological Seminary et a
servi pendant sept ans comme l’un des pasteurs d’une église baptiste (South-
ern Baptist Church). Il s’est retiré en 1990 pour être à l’œuvre dans les églises-
maison bibliques. Steve est maintenant un ancien d’une église-maison locale,
un enseignant itinérant et le président de New Testament Reformation Fellow-
ship (NTRF). On peut communiquer avec lui en allant à l’adresse www.NTRF.org

MIKE INDEST — Mike et sa femme vivent à Folsom, Louisiane, à environ 60


miles au nord de la Nouvelle-Orléans. Ils ont trois enfants d’âge adulte et cinq
petits-enfants. Après avoir obtenu une maîtrise en Études bibliques à l’université
Dallas Baptist University, Mike a été pasteur d’une église à la Nouvelle-Orléans
et il a donné sa démission douze ans plus tard. Depuis 1997, Mike est un ancien
dans une église-maison à la Nouvelle-Orléans et il a participé à l’implantation de
plusieurs autres églises-maison dans la région de la Nouvelle-Orléans. Ces quinze
dernières années, il a animé une émission radiophonique avec ligne ouverte
chaque samedi après-midi dont les sujets furent l’église persécutée, les mis-
sions et l’église-maison. On peut communiquer avec lui en allant à l’adresse
www.FELLOWSHIPOFBELIEVERS.org

BERESFORD JOB — Beresford est un ancien à temps plein aux alentours de


Londres en Angleterre. Il est marié et a une fille. Beresford est né de nouveau en
1971. Peu après, il dirigeait un ministère d’évangélisation itinérant. Cependant, il
est devenu pasteur-enseignant et a été reconnu comme ancien de l’église
Chigwell Christian Fellowship à ses débuts en 1988. Le site web de leur église se
trouve à l’adresse www.HOUSE-CHURCH.org

273
STEPHEN DAVID — Chinappa Stephen David est sauvé par la grâce de Dieu et
il est béni de servir le Seigneur de différentes façons. Il vit à Hyderabad, en Inde,
avec sa femme, Chaitanya, et leurs deux fils, Joy et Joe. Il a obtenu un diplôme en
théologie du collège Trinity Christian College et il a reçu sa maîtrise en coun-
seling biblique de l’institut Care Counseling Institute. Il est l’auteur de Does
God Need your Money? (Dieu a-t-il besoin de votre argent?), New Testament
Patterns for Church and Ministry: A Disciple’s Workbook (Le modèle du
Nouveau Testament pour l’église et le ministère : un cahier d’exercices pour le
disciple) et de plusieurs articles. Il est aussi un ancien d’une église-maison et
on peut communiquer avec lui à l’adresse www.NTEKKLESIA.BLOGSPOT.com

JONATHAN LINDVALL — Jonathan et sa femme ont toujours fait l’école à la


maison pour leurs six enfants. Leur famille fait partie d’une église-maison à
Springville, Californie. Jonathan est l’administrateur du ministère local d’école à
la maison et président de Bold Christian Living et donnant plusieurs séminaires
et ateliers. Il possède un arrière-plan en éducation publique et privée, dans le
ministère pastoral et dans la radiodiffusion. Il a obtenu son B.A. en théologie
biblique et en sciences sociales du collège biblique Bethany Bible College à
Santa Cruz, Californie, et une maîtrise en administration scolaire à l’université
California State University à Bakersfield. On peut communiquer avec lui en
allant à l’adresse www.BOLDCHRISTIANLIVING..com

TIM MELVIN — Après le collège, après un court essai comme entrepreneur et


ensuite une carrière militaire, Tim a obtenu sa maîtrise en théologie au séminaire
baptiste Mid-America Baptist Theological Seminary tout en faisant partie du
personnel de plusieurs églises à Memphis. Il a ensuite passé trois années à faire
son doctorat en étude de l’hébreu et de l’Ancien Testament tout en enseignant
la recherche, la rédaction et l’anglais. Une fois convaincu de la théologie de
l’église-maison, Tim a implanté plusieurs églises-maison à Memphis au Tennes-
see. Il gère maintenant un centre de distribution à Memphis. Lui et sa femme
demeurent à Olive Branch au Mississippi et ils ont trois filles d’âge adulte qu’ils
ont enseigné à la maison pendant douze ans. L’adresse électronique de Tim est
[email protected].

DAN WALKER — Dan et sa femme demeurent dans la campagne et ils ont trois
enfants d’âge adulte. Il est un ancien dans une église-maison qu’il a aidé à
implanter en 1992. Dan a une maîtrise en histoire de l’église du séminaire Trinity
Evangelical Divinity School près de Chicago. Il a aussi été avocat et il est
maintenant un professeur d’administration des affaires à la retraite. Son ministère
consiste à voyager outre-mer et à enseigner la vie d’église selon le Nouveau
Testament.

274
À PROPOS DE NTRF

Le New Testament Reformation Fellowship (NTRF) fait partie


d’un groupe grandissant de croyants qui en sont venus à croire à
l’importance de suivre le modèle d’église du Nouveau Testament. Nous
avons pris au sérieux la conviction évangélique que la Bible est notre
autorité finale non seulement pour les questions de foi, mais aussi pour
les pratiques. Nous voyons une importance théologique aux traditions
distinctives de l’église apostolique.
Que nous mettions l’accent sur la réforme ne veut pas dire que
nous croyons que l’église a en quelque sorte cessé d’exister après
l’époque des apôtres. Dieu a toujours guidé et préservé Ses élus au fil
des ans. Nous avons une grande dette envers ceux qui nous ont précédés
et nous leur sommes reconnaissants, car nous ne serions pas là
aujourd’hui si ce n’était d’eux. L’idée d’une réforme vient de notre désir
de réformer l’église d’aujourd’hui avec les pratiques du Nouveau Testa-
ment (orthopraxie), tout comme la théologie du Nouveau Testament
(orthodoxie) a été réaffirmée lors de la Réforme.
Nous cherchons à aider les autres à se réapproprier l’intimité, la
simplicité, la responsabilité des uns des autres et la dynamique de l’église
du premier siècle. Notre but est de rendre accessibles des ressources et
de la formation sur la manière que l’église du premier siècle se réunissait
en tant que communauté. Nous sommes heureux de livrer par courrier
notre matériel sans aucuns frais à ceux qui ne peuvent aider à payer nos
dépenses. Des montants d’argent suggérés sont établis pour ceux qui
ont les moyens de participer à l’œuvre avec nous par leurs dons volontaires.
Tous le matériel produit par NTRF suit les Doctrines de la Grâce, la
Théologie de la Nouvelle Alliance, le Chicago Statement on Biblical In-
errancy (la Déclaration de Chicago sur l’infaillibilité de la Bible) et le
Danver’s Statement on Biblical Manhood and Womanhood (la Déclaration
de Danver sur les rôles bibliques de l’homme et de la femme). Les
principaux articles de notre foi auxquels nous adhérons se retrouvent
dans les confessions doctrinales de n’importe quelle institution évangélique
respectable. L’une de nos confessions de foi préférées est la Confession
de foi baptiste de Londres de 1646.

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CADEAUX GRATUITS

Qui n’aime pas recevoir un cadeau gratuitement? Il y a deux


cadeaux dont on veut vous parler. Le premier est l’exemplaire du livre
que vous tenez entre vos mains, Ekklesia. Si vous n’avez ni les moyens
ou le désir de nous aider à payer les frais de distribution de ce livre, nous
sommes heureux de vous en envoyer un exemplaire gratuit, sans aucuns
frais. Écrivez-nous par la poste ou par courrier électronique. Notre désir
est de voir le royaume de Dieu avancer et non de vendre des livres! Bien
sûr, si vous êtes en mesure de faire un don, ce serait grandement apprécié
et cela nous aiderait à continuer notre ministère.
Le deuxième cadeau dont nous aimerions vous parler est d’une
valeur infiniment plus grande qu’aucune offre de livre gratuit. C’est
néanmoins d’un livre que nous avons d’abord nous-mêmes appris
l’existence de ce cadeau. La Bible est la Parole de Dieu pour les croyants.
La Bible met l’accent sur la personne et l’œuvre du Fils de Dieu, Jésus-
Christ. C’est dans la Bible que l’on découvre le don de Dieu : « la vie
éternelle en Jésus-Christ » (Romains 6:23).

LA BONNE NOUVELLE
Dans Jean 5:39 Jésus a dit « les Écritures […] rendent témoignage
de moi ». Ici, Il fait référence à l’Ancien Testament, de Genèse à
Malachie. Lorsque Moïse a écrit les cinq premiers livres de l’Ancien
Testament (Genèse—Deutéronome), Jésus a fait remarqué « il a écrit
de moi » (Jean 5:46). Après Sa résurrection, Jésus a rencontré deux de
Ses disciples et les a exhortés en disant « il fallait que tout ce qui a été
écrit de moi dans la loi de Moïse et dans les prophètes et dans les psaumes,
fût accompli. ». Lorsque vous lisez l’Ancien Testament, soyez attentifs
aux promesses au sujet de Jésus-Christ : Il est la Semence qui écrase la
tête de Satan; Il est l’Agneau de Dieu; Il est le Prophète que l’on doit
écouter; Il est le sacrificateur qui s’offre Lui-même à Dieu; Il est le Roi
qui règne sur Son peuple.
Dans le Nouveau Testament, l’Évangile est venu et nous commande
de croire en Christ, Celui que Dieu a promis dans l’Ancien Testament et
à l’accomplissement des temps. Qu’est-ce que l’Évangile? L’Évangile
est la « Bonne Nouvelle » qu’en croyant à la mort, l’ensevelissement et
la résurrection de Christ, nous pouvons recevoir le pardon de nos péchés
et la vie éternelle (1 Corinthiens 15:3-4).
277
Mais pourquoi Jésus devait-il venir dans ce monde? Il est venu en
raison de nos péchés — nous faisons des choses qui déplaisent à Dieu.
Mais pourquoi sommes-nous pécheurs? Parce que nos premiers parents
que Dieu créa, Adam et Ève, ont péché (ils ont désobéi à la volonté
révélée de Dieu), nous sommes nés dans le péché et expérimentons le
salaire du péché : la mort et la condamnation éternelle (Genèse 3 :1-19;
Romains 5:12; 3:23; Jean 3:18).
En raison de notre nature pécheresse, nous sommes séparés de
Dieu. Il est saint (sans péché) et ne permet pas au mal d’être en Sa
présence. Mais Jésus était une personne très spéciale. Il était à la fois
Dieu et homme. Parce qu’Il était Dieu, Il n’a jamais péché. Il a toujours
plu à Son Père dans les cieux et il a donné Sa vie en rançon pour le
péché de Son peuple. Étant à la fois Dieu et homme, Il pouvait être le
médiateur entre un Dieu saint et un peuple pécheur (1 Timothée 2:5).
Son sang versé couvre les péchés de plusieurs, afin que des pécheurs
soient pardonnés et justifiés. Le troisième jour après Sa crucifixion, Jésus
a été glorifié et exalté pour toujours lorsque Son Père L’a ressuscité des
morts. Pendant quarante jours, Il est apparu vivant à de nombreux témoins
et il est monté au ciel s’asseoir à la droite du Père où maintenant Il règne
et intercède pour Son peuple (Actes 1:9; Romains 8:34). Ceux qui sont
morts dans la foi seront ressuscités pour la vie éternelle quand Jésus
reviendra dans la splendeur de sa gloire à la fin des temps. Ils seront
rejoints par les croyants qui sont toujours en vie et ensemble ils recevront
le royaume qui leur est promis. Tous ceux qui n’ont pas obéi à l’appel de
l’Évangile de se repentir et de croire en Son nom — qu’ils soient morts
ou vivants à Son retour — se tiendront dans Sa cour de justice pour être
condamnés au jugement éternel (2 Thessaloniciens 1:8-10).
Après Sa résurrection, Jésus a dit que la repentance des péchés et
le pardon des péchés doivent être proclamés à toutes les nations
(Luc 24:47). Lorsque les gens regardent à Christ par la foi pour le par-
don des péchés, ils doivent aussi se repentir de leurs péchés. La repen-
tance signifie qu’une personne a une tristesse selon Dieu pour ses péchés
et qu’elle se détourne du mal afin de pratiquer la justice (2 Corinthiens
7:1). Paul a bien compris cette vérité de l’Évangile lorsqu’il a fait
remarquer aux croyants thessaloniciens, « vous êtes convertis des idoles
à Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son
Fils » (1 Thessaloniciens 1:9-10).
Tous ceux qui cessent d’avoir confiance en leurs œuvres — dans
tout ce qu’ils font — pour être juste devant Dieu et qui regardent par la
foi à Jésus-Christ comme leur substitut, sont acceptés de Dieu. Dieu ne
voit plus le péché de ceux qui croient en Christ, mais Il voit la vie et
278
l’œuvre parfaites de Son Fils (Romains 3:21; 5:18-19). Le Nouveau Tes-
tament appelle cela la « justification » — Dieu qui accepte les pécheurs
en raison de l’œuvre accomplie de Christ (Romains 4:1-8). Dans Luc 18,
Jésus raconte l’histoire du péager qui est convaincu de son péché. Il ne
s’est pas comparé aux autres. Il savait que ses meilleurs efforts ne
sauraient satisfaire aux exigences de justice de Dieu. Il se frappait plutôt
la poitrine et criait « O Dieu, sois apaisé envers moi qui suis pécheur! ».
Jésus a dit « Je vous le dis, celui-ci redescendit justifié dans sa maison
préférablement à l’autre » (Luc 18:14).
Pour nous présenter devant Dieu, nous devons être saints. Puisque
nous sommes très impurs à Ses yeux, nous devons nous détourner de
nous-mêmes pour regarder à Christ qui Lui seul est saint et parfait.
Nous comparaîtrons tous au jugement de Dieu un jour. Nous y
comparaîtrons soit dans nos péchés et pour y être condamnés ou nous
comparaîtrons devant Lui vêtus de la justice (perfection) de Christ.
Nous avons tous tendance à croire que Dieu nous acceptera en Sa
présence à cause de ce que nous faisons. Peut-être pensons-nous que si
le nombre de nos bonnes œuvres dépasse celui de nos mauvaises, Il
nous acceptera au Jour du Jugement. Mais c’est seulement ce que Jésus
a fait que Dieu accepte. Dieu accepte seulement les gens qui sont « en
Christ ». Nous pouvons seulement venir à Dieu par Son Fils. Avez-vous
cessé vos bonnes œuvres et votre âme se repose-t-elle en l’œuvre de
Christ? Croyez-vous que la vie, la mort, l’ensevelissement et la
résurrection de Christ sont les seuls moyens acceptables pour obtenir le
salut? Que le Seigneur vous amène à crier, comme l’a fait le péager, « O
Dieu, sois apaisé envers moi qui suis pécheur grâce à Ton Fils, Jésus-
Christ! »

LE BAPTÊME
Après sa résurrection, Jésus a dit « Toute puissance m’a été donnée
dans le ciel et sur la terre; allez donc et instruisez toutes les nations, les
baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à
garder tout ce que je vous ai commandé; et voici, je suis avec vous tous
les jours jusqu’à la fin du monde. Amen! » (Matthieu 28:18b-20).
Si vous avez la foi en Jésus pour le salut, vous êtes devenu Son
disciple. Jésus a commandé que Ses disciples soient baptisés d’eau. Il a
été promis qu’après la résurrection de Jésus, Il « vous baptisera du Saint-
Esprit » (Matthieu 3:11). Le Jour de la Pentecôte, Jésus, maintenant
exalté, a déversé son Saint-Esprit sur son peuple (Actes 2:33). En ce
jour, environ 3 000 personnes ont cru en Jésus et ceux qui ont reçu la
parole de l’Évangile ont été baptisés d’eau (Actes 2:41).
279
Quand l’Évangile s’est répandu au-delà de la nation juive aux na-
tions païennes, « le Saint-Esprit descendit » sur eux aussi et Pierre a dit
« Quelqu’un peut-il refuser l’eau du baptême à ceux qui ont reçu le
Saint-Esprit, aussi bien que nous? » (Actes 10:44, 47).
« Et ayant un grand Sacrificateur établi sur la maison de Dieu;
approchons-nous avec un cœur sincère, dans une pleine certitude de foi,
ayant les cœurs purifiés des souillures d’une mauvaise conscience, et le
corps lavé d’une eau pure. » (Hébreux 10:21-22). Si vous êtes maintenant
un croyant, vous pourriez être baptisé par la personne qui vous a d’abord
partagé l’Évangile, ou par une personne du groupe de croyants avec
lequel vous vous réunissez.

SUIVRE JÉSUS-CHRIST
Jésus a dit à tous ceux qui vinrent à Lui pour le salut « Si quelqu’un
veut venir après moi, qu’il se charge de sa croix, et me suive. »
(Matthieu 16:24). L’apôtre Paul a affirmé que Christ est mort pour que
Son peuple ne vive plus pour lui-même, mais pour Celui qui est mort pour
eux (2 Corinthiens 5:15). Si vous êtes effectivement venus à Christ pour
le pardon de vos péchés, vous désirerez vivre une vie qui Lui plaît et non
qui vous plaît. Parce qu’Il vous a aimé le premier, vous l’aimerez, Lui et
Son peuple, avec ferveur, et vous garderez ses commandements (1 Jean
4:7-11, 19-20).

Un remerciement spécial à Jon Zens pour cette explication du par-


don. Elle est tirée de « Salvation in Christ: A Handbook for Dis-
cipleship ».
— L’éditeur.

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