Sara, 4
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Numéro varia
Édition électronique
URL: http://revues.imist.ma/index.php?journal=rpe&page=article&op=view&path%5B%5D=12870
ISSN : 2509-0399
Date de mise en ligne : 28 juin 2018
Pagination : 59-73
Référence électronique
Cherradi, L et El Kharraz, O. « Les pratiques de marketing au niveau des
coopératives : cas de la province de Ouarzazate», Revue "Repères et Perspectives
Economiques" [En ligne], Vol. 2, N° 2/ 2ème semestre 2018, mis en ligne le 28 juin 2018.
URL: http://revues.imist.ma/index.php?journal=rpe&page=article&op=view&path%5B%5D=12870
Les pratiques de marketing au niveau des coopératives : Cas de la province de Ouarzazate
Résumé
L’objectif de ce papier est d’étudier les pratiques marketing, utilisés par les coopératives
de la province de Ouarzazate afin de diagnostiquer les défaillances, les avantages et les
besoins, dans un but de concevoir une représentation fidèle de la réalité ce qui pourra
ensuite développer leurs activités et les aider à créer de la valeur ajoutée.
Abstract
In a globalized context marked by the quest for innovation and growth, cooperatives see
themselves in the need to set benchmarks survival and sustainability to try to control
their future. Marketing, long considered a competitive advantage and a tool for
maximizing the profits of commercial enterprises can be applied to the management of
cooperatives to meet these needs.
The purpose of this paper is to study the marketing practices used by the cooperatives
of the province of Ouarzazate to diagnose the failures, the advantages and the needs, in
order to conceive a faithful representation of the reality which will then be able to
develop their activities and help them create added value.
ملخص
تصبح التعاونيات في حاجة إلى معايير البقاء واالستدامة لمحاولة،في سياق معولم يتميّز بالسعي إلى االبتكار والنمو
يمكن، الذي منح الشركات التجارية ولمدة طويلة ميزة تنافسية وحقق لها أرباحا، إن التسويق.السيطرة على مستقبلها
.تطبيقه من طرف التعاونيات لمواجهة هذه التحديات
إن الغرض من هذه المقالة هو دراسة تطبيق مبادئ التسويق من طرف تعاونيات إقليم ورززات وذلك بهدف البحث
ووضع تصور صحيح للواقع من أجل تطوير نشاطها ومساعدتها على، مكامن القوة واالحتياجات،عن االختالالت
.توليد قيمة مضافة
. التسويق، التنمية، التعاونيات:الكلمات المفتاح
Introduction
Il faut reconnaître d’abord, que l’une des principales composantes de l’économie sociale
telle qu’elle apparaît aujourd’hui est constituée de coopératives. Celles-ci permettent
d’organiser des activités génératrices d’emploi, les solidifier, mutualiser les forces et
créer une dynamique locale en institutionnalisant des activités économiques qui
existaient auparavant de façon atomisée, sans visibilité et souvent sans efficacité (Gillot,
2017). De plus, la dualité de leur structure fait des coopératives des entreprises
spécifiques qui cherchent à entreprendre un projet économique tout en le mettant au
service de l’homme.
Par ailleurs et dans un contexte globalisé, marqué par la quête systématique d'innovation
et de croissance, les coopératives rencontrent aussi la nécessité de déterminer des points
de repères pour survivre et perdurer. Le marketing, longtemps considéré comme l’outil
conduisant à un avantage concurrentiel et à une maximisation de profits pour les
entreprises commerciales, peut être appliqué aux coopératives pour renforcer leurs
positionnements.
L’objectif de ce papier est d’étudier de près les pratiques de marketing utilisées par les
coopératives de la province de Ouarzazate afin de diagnostiquer les défaillances, faire
ressortir les avantages et les besoins, dans un but de concevoir une représentation fidèle
de la réalité ce qui permettra ensuite de développer un marketing social adapté et capable
d’aider les coopératives à servir au mieux leur clientèle.
Pour répondre à cette problématique, nous avons opté pour une démarche quantitative à
caractère exploratoire, basée sur des entretiens directs réalisés avec les responsables des
coopératives étudiées.
L’économie sociale et solidaire est le troisième pilier d’une économie qui se vaut
équilibrée et inclusive aux côtés du secteur public et du secteur privé. Elle se définit
comme étant la branche de l’économie regroupant les organisations privées (entreprises,
coopératives, associations, mutuelles ou fondations) qui cherchent à concilier activité
économique et équité sociale (Lacroix et Slitine, 2016).
Il s’agit, donc, d’un modèle d’entreprise qui fondent une identité originale porteuse de
développement sociétal. Tout d’abord, elle a un fort caractère « réciprocitaire », car crée
par des usagers pour faire face à un manque d’offre dans le but de satisfaire les besoins
de l’homme au sein de la société. Puis, elle revitalise des formes d’échanges mises à
l’écart dans l’économie de marché actuelle, c’est-à-dire « l’économie non-marchande et
non-monétaire », afin de trouver un nouvel équilibre entre ces différents types
d’économie (Laville, 2007). Ensuite, c’est parce qu’elle repose sur un savoir-faire, des
modes de fonctionnement et des valeurs (Cf. Figure1) dont la mise en œuvre se fait dans
le respect de quelques principes (adhésion libre et volontaire, autonomie et indépendance,
etc.).
Figure 1. Les valeurs coopératives
Responsabilité des membres de la coopérative Solidarité entre les membres et envers la communauté
Au fil du temps, la coopération est qualifiée de «fille de la nécessité», car elle répond à
la pression de besoins fortement ressentis par des populations plutôt défavorisées ou en
difficulté (Desroche, 1976).
L’entreprise de type coopératif est une entreprise commerciale qui se distingue par son
objet, sa propriété, le principe de vote adopté, sa gestion et ses actions. Le tableau ci-
dessous synthétise les principales différences entre une entreprise capitaliste et une
coopérative :
Tableau 1. Différences entre les entreprises coopératives et les entreprises capitalistes
Entreprise coopérative Entreprise capitaliste
Objet Optimiser les bénéfices pour les membres Maximiser les profits
usagers
Propriété Conférée aux membres Conférée au capital
Propriétair Membres usagers Investisseurs de capital
es
Vote Va du principe « un membre, une voix » Le nombre de voix dépend du nombre
au vote en proportion des transactions avec de parts sociales détenues
la coopérative ou de l’utilisation des
services faite par chaque membre
Gestion La direction est responsable devant les La direction est responsable devant les
membres investisseurs
Actions Choix entre l’actionnariat ou pas. En cas Valeur changeante des actions et pas de
d’actionnariat, la valeur est constante et le limite aux parts possédées
nombre de parts limité
Source : Koopmans, 2006
Par ailleurs, toute entreprise de type coopératif pourrait plus facilement se développer
économiquement et socialement, en se servant directement des techniques marketing.»
(Asencios Ovalle, 1991).
1.4. Le marketing des cooperatives
Par ailleurs et pour s’adapter aux spécificités des coopératives, le marketing doit être
conçu comme une technique de gestion et non comme une philosophie d’entreprise
(Desmarais, 1976).
Ainsi et dans les coopératives ayant réussis leur ancrage communautaire de base, le
développement de l’esprit marketing émane de sa connaissance de l'environnement, sa
primauté du client et sa responsabilité, et non pas de la volonté de s'emparer du marché
ou de l'attrait du lucre (Desmarais, 1976).
Pour sa politique de prix, les coopératives doivent arbitrer entre deux rôles
contradictoires : maximiser à court terme l’avantage coopératif perçu par ses membres
et, assurer le développement futur en dégageant des excédents (CSMO-ESAC, 2001).
De plus, le juste prix implique, aux coopératives, implicitement les principes du
commerce équitable qui s’ajoute aux autres outils de promotion et commercialisation en
marketing classique (Décaillot, 2011).
Reste à signaler ici, que la démarche marketing envisagée par les coopératives doit
répondre, à notre avis, à quatre principales questions (Cf. Figure2).
Figure 2. Modèle schématique de la démarche marketing
Comment y aller ?
Où sommes nous ? Où allons nous ? ˗Produit : comment Comment pérenniser
• Étude du public et de • Définir des objectifs nos résultats ?
améliorer mon produit ?
l'environnement précis • Contrôle et
˗Place : où trouver mon
• Analyser et définir la évaluation
stratégie consommateur ?
(segmentation, ˗Prix : quel est le bon prix
ciblage, pour mon produit ?
positionnement)
˗Promotion : comment
mieux communiquer avec
mon groupe cible ?
Dans le cadre de notre étude de la thématique, nous utiliserons une double optique : (i)
un volet qui a pour objet d’expliquer la réalité tout en élaborant une représentation de
celle-ci ; (ii) un volet "prescriptif" visant à améliorer les pratiques de gestion et offrir
aux praticiens des moyens d'action.
- Existe-t-il une démarche marketing et comment elle est pratiquée par ces
coopératives ?
Dans l’optique de répondre à notre problématique, nous avons mené, dans un premier
temps, une recherche exploratoire afin de dresser une liste actualisée des coopératives
dans la province de Ouarzazate.
Pour les entretiens, ils furent fondés sur la demande de toute information
complémentaire ou d’éclaircissement de certaines réponses au questionnaire.
mix, évaluation) ainsi que l’impact de certains facteurs sur le marketing des coopératives
étudiées.
Sur le plan empirique, nous allons présenter d’abord les coopératives étudiées au niveau
de la province de Ouarzazate. Ensuite, nous exposerons les résultats de l’étude réalisée
au cours de l’année 2017 et enfin nous proposerons un ensemble de recommandations
de développement.
Notre premier défi dans l’étude, était d’avoir une liste actualisée des coopératives de la
province. Un travail de recherche a été réalisé à ce niveau entre la municipalité, le terrain
et sur internet (annuaire professionnel, repères au niveau de la presse, les réseaux
sociaux, etc.).
Pour toutes ces raisons, notre étude s’est concentrée sur seize coopératives (voir
annexe).
Les résultats de l’enquête concernent les axes relatifs aux pratiques d’analyse et de
segmentation du marché, politiques de distribution, politiques de prix, politiques de
produit et politiques de communication.
3.2.1 Pour l’analyse du marché
- 38% des coopératives étudiées disposent d’un service marketing tandis que, 62%
justifient l’absence du service par leurs tailles (dont 20% rattachent le marketing
à un autre service).
- La moitié des coopératives étudiées déclarent avoir effectué la segmentation afin
de cibler leurs clientèles et les critères de segmentation utilisés sont : type d'achat
normale ou spéciale (22%), catégorie socioprofessionnelle et revenu (18%), style
de vie (14%), avantages recherchés du produit (11%), zone géographique (11%),
fréquence d’achat (11%), comportement de la clientèle (8%) et enfin les critères
sociodémographiques avec 5%.
3.2.3 Pour la politique de distribution
Pour les circuits de vente : les coopératives préfèrent, par ordre d’importance, la vente
directe, par téléphone, par site web et à travers des salons professionnels. De plus, la
quasi-totalité des coopératives participent à des foires régionales, nationales et
internationales.
Par ailleurs, 46% des coopératives utilisent une politique de distribution exclusive tandis
que, le reste est partagé entre une politique sélective et intensive.
Pour le développement de partenariats, les résultats montrent que 69% des coopératives
ne recourent pas à des alliances pour différentes raisons.
- Le prix des produits est fixé à partir du coût de la production et/ou le prix pratiqué
par les concurrents (c’est le cas des coopératives agricoles). Pour les coopératives
artisanales c’est en fonction des prix des matières premières ainsi que du temps
L’enquête a révélé que sur l’ensemble des coopératives étudiées, trois seulement ont
obtenues une reconnaissance de la qualité de leurs produits.
Par ailleurs, les problèmes rencontrés par les produits sont nombreux : segment de
marché trop petit (20%), évolution des attentes des consommateurs et réaction rapide
des concurrents (18% chacun), problèmes de distributeurs (15%), coûts de production
trop élevés (12%), capacités de production insuffisantes (9%), mauvaise politique de
lancement (6%) et potentiel de vente surestimé (2%).
Pour l’image de la coopérative, l’étude a montré qu’elle est fondée à hauteur de 48% sur
la qualité du produit, suivi par la fidélité des clients (35%), la culture du ouïe (14%) et
sur la santé financière de l'établissement (3%).
A ce niveau, il faut souligner tout d’abord que 60% des coopératives ne disposent pas
d’un service de communication (manque de moyens humains et financiers), et que pour
30% de la communication est rattachée à un autre service et que pour les 10% restant,
la communication est une affaire propre des artisans.
Pour la promotion des ventes, on trouve respectivement les techniques suivantes : offre
de réductions, cadeaux et offre de produits (dégustation pour l’huile d’olive par
exemple). De plus, les moyens les plus sollicités au niveau de la communication
événementielle sont les relations publiques, les salons et les foires. Enfin, pour la
publicité, les coopératives privilégient une combinaison de l’outil internet et
d’affichage, avec un faible recours à la presse et à la radio.
Reste à signaler ici, que la quasi-totalité des coopératives interviewées disposent d’un
site web ou d’un compte facebook. Toutefois, l’architecture de l’ensemble des sites
consultés révèle une grande faiblesse (photos sans valorisation des produits, manque de
présentation active de la coopérative, vidéos qui ne fonctionne plus, etc.).
- Les actions du marketing mix doivent être fondées sur un prix logique, un produit
authentique et de qualité, une communication réaliste et une distribution de
proximité.
- Assurer la traçabilité de la matière première, valoriser le côté bio du produit avec
plus de transparence sur le procédé de fabrication.
- Réduire la sensibilité du segment au prix de leur produit par l’innovation
(nouveau produit, amélioration des produits existants, etc.).
- Assurer l’accessibilité globale du produit pour le client en identifiant les bons
intermédiaires, la bonne équipe de vente et un meilleur merchandising.
- La création d’un site web performant permettant de se renseigner sur la
coopérative, sur les produits proposés, sur les prix avec une présence actif sur
tous les réseaux sociaux.
- Permettre aux coopératives l’obtention de certifications rassurant le
consommateur des produits solidaires, assortit d’un processus de contrôle de
qualité.
- L’ouverture des institutions de formation supérieures de proximités aux besoins
des coopératives.
- Développer des outils de financement et de valorisation des coopératives.
- La création d’un marché solidaire pour soutenir les coopératives, à l’instar de
celui situé à Casablanca (crée par la Fondation Mohammed V).
Conclusion
Notre étude a montré que pour booster l’activité des coopératives et trouver une place
sur un marché saturer de tromperies sur les produits et les services, il est indispensable
de réfléchir marketing. Ce dernier, constitue souvent un terrain inconnu pour nos
coopératives, ce qui entraîne la non utilisation d'un fort potentiel à ce niveau. S’ajoute,
une grande confusion entre celui-ci et la vente qui n'intervient qu'après le stade du
marketing.
Il faut reconnaitre aussi, que les efforts et la volonté de réussir pour nos coopératives ne
manquent pas mais restent insuffisantes. A cet effet, un ensemble d’actions doivent être
envisagées :
Bibliographie
Annexe
Tableau 2. Fiche technique des coopératives étudiées
Date de
Nom de la coopérative Activité
création
Coopérative Agricole Vente d’huile d’olive et la
1 1971
Huilière El Hassania trituration des olives
Coopérative Agricole Transformation de roses :
2 Soffi pour Production et 2011 extraction, produits dérivés
Distribution de Rose cosmétiques
Coopérative artisanale Produits d’artisanat (bijoux,
3 2014
de femmes (Beija) tissages,…)
Coopérative Agricole Production et vente du lait
4 1979
laitière Tametkalte et dérivés
Coopérative
Production et
5 Ouaouzguiti des tapis 1938
Commercialisation des tapis
traditionnels
Coopérative Féminine pour
6 Coopérative Corosa 2008 l’élevage de chèvres et la
fabrication du fromage
Coopérative artisanale
7 2017 Tissage et broderie
Tahrouyte
8 Coopérative Toumour 2009 Dattes Oasis Tamayousste
Coopérative Agricole Al Arbres fruitiers (olivier,
9 1999
Morabitine palmier)
Coopérative du nouveau Fromage et élevage de
10 2000
testament chèvres
Coopérative
11 professionnelle Ghade 2017 Couture, broderie, nasij
Elmacherik
Coopérative
Artisanat et fabrication de
12 professionnelle 2017
bijoux
Amhaoul
Coopérative féminine du
13 1992 Broderies, tapis
Grand Atlas « Agouim »
Coopérative Al Kasabah
Tapis
14 de tissage des tapis et 1988
hanbels
Coopérative Argan Extraction d’huile d’Argan
15 2009
Tabounte et produits de femmes
Coopérative Attahadi
Bijouterie, menuiserie
16 Multi Fonctions pour les 2012
artistique, tissage
Personnes Handicapées