Chapitre2 MAT322

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0 Introduction

CHAPITRE 2

Fonction complexe de la variable


complexe

Sommaire
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1. Définitions et exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.1 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.2 Exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.3 Partie réelle et partie imaginaire d’une fonction complexe . . . . . . . . . 16
2. Représentation des fonctions complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.1 Exemples de représentations complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.2 Courbes et représentations paramétriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.3 Courbes paramétriques classiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
3. Limite et Continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
3.1 Limite d’une fonction complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
3.2 Continuité d’une fonction complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
4. Fonctions complexes classiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
4.1 Fonctions polynômes complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
4.2 Fonctions rationnelles complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
4.3 Fonction exponentielle complexe/ Fonctions complexes trigonométriques et
hyperboliques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
5. Fonctions multiformes et leurs déterminations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
5.1 Logarithme complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
5.2 Fonction puissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
5.3 La fonction zêta de Riemann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
5.4 Fonctions trigonométriques et hyperboliques inverses . . . . . . . . . . . 25

Introduction
Nous allons nous intéresser dans ce chapitre à l’étude des fonctions complexes, ce sont des fonc-
tions de C vers C. Contrairement aux fonctions de R vers R, on ne peut pas, en général, construire
le graphe d’une fonction complexe. On introduira la notion de représentation complexe ("complex
mapping" en anglais) pour construire graphiquement une fonction complexe. Les notions de limite
et continuité d’une fonction complexe sont définies ici, ces notions sont très similaires à celles des
fonctions de R2 vers R2 . On étudiera les extensions complexes des fonctions classiques de la variable
Edgar Tchoundja 15
1 Définitions et exemples

réelle (exponentielle, sinus, cosinus hyperbolique,...). En voulant définir les extensions complexes
des réciproques de certaines fonctions classiques bien connues de la variable réelle, un nouveau phé-
nomène se produit. Il s’agit de l’apparition de la notion de fonction multiforme. Cette notion sera
introduite et étudiée rigoureusement en fin de ce chapitre.
Dans les applications, une fonction peut être vue comme une règle ou une machine qui accepte
les entrées ("inputs" en anglais), de l’ensemble A et retourne les sorties ("outputs" en anglais), dans
l’ensemble B.

1. Définitions et exemples
1.1 Définitions
On appelle fonction complexe de la variable complexe, toute fonction de C vers C. On parlera
simplement de fonction complexe et on notera par f une telle fonction.
Soit f : C → C une fonction complexe. On appelle domaine de f et on note Dom( f ), l’ensemble
des valeurs z de C pour lesquelles f (z) existe. Pour z ∈ Dom( f ) on appelle f (z) l’image de z par f .
On note par Im( f ) l’ensemble des images par f des points de Dom( f ).

1.2 Exemples
On donne ici quelques exemples de fonctions complexes.
f : C → C g: C → C h: C → C
, ;
z 7→ h(z) = zz2+iz
2
z 7→ f (z) = z2 + iz z 7→ g(z) = iz + Re(z2 ) −i
.
 √ √ 
On a f (i) = −2, g(2 + i) = 2 + 2i, Dom( f ) = C = Dom(g) et Dom(h) = C\ ± 22 + i 22 .
Certaines fonctions complexes ont été étudié auparavant en relation avec les transformations géo-
métriques dans le plan.

t: C → C
Translations :
z 7→ t(z) = z + b.
r: C → C
Rotations : , où a ∈ C et |a| = 1.
z 7→ r(z) = az
h: C →
où a ∈ R+∗ .
C
Homothéties : ,
z 7→ h(z) = az
s: C → C
Similitudes : , où (a, b) ∈ C∗ × C.
z 7→ s(z) = az + b
Ces fonctions sont appélées fonctions complexes linéaires.
Remarques 1.1.
— Puisque R ⊂ C, toute fonction réelle de la variable réelle est une fonction complexe.
— Certaines correspondances
√ définies au chapitre précédent ne sont pas des fonctions com-
plexes : z 7→ n z ; z 7→ argz. Puisqu’a chaque valeur de z ∈ C∗ , on a plusieurs, voir une
infinité de valeurs possibles. On parlera de fonctions complexes multiformes ou fonctions
à valeurs multiples. On reviendra sur cette notion dans la dernière partie de ce chapitre.
L’existence des fonctions multiformes est un phénomène propre à C.
1.3 Partie réelle et partie imaginaire d’une fonction complexe
Soit f : C → C une fonction complexe. Pour tout z ∈ Dom( f ), puisque f (z) ∈ C, il existe u et v
deux fonctions définies de C vers R telle que f (z) = u(z) + iv(z). On note
u(z) = <e f (z) et v(z) = =m f (z).
On appelle u et v les partie réelle et partie imaginaire de f . Puisque C s’identifie à R2 , u et v peuvent
être vus comme des fonctions de R2 → R.
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2 Représentation des fonctions complexes

Exemple 1.1. Pour f (z) = z2 + i, on a u(x, y) = x2 − y2 et v(x, y) = 2xy + 1.


Remarques 1.2.
(1) Il n’est pas toujours possible d’avoir des expressions explicites de <e f (z) et =m f (z).
(2) L’écriture de f sous la forme f (z) = u(z) + iv(z) implique que l’étude des fonctions complexes
est très proche de l’étude des fonctions réelles de deux variables réelles. Les notions de
limite, continuité, différentiabilité, dérivabilité et intégrabilité de ces fonctions réelles seront
utilisées pour développer et aider notre compréhension de concepts analogues pour des
fonctions complexes.
(3) Réciproquement, les fonctions de R2 → R sont vus comme des cas spéciaux de fonctions
complexes.  
Exemple : y = <e z+iz−i .
(4) On a aussi une autre classe intéressante de fonctions complexes, les fonctions complexes
d’une variable réelle.
Exemple : w(t) = f (t) = i + i sin t. On écrit souvent w(t) = x(t) + iy(t).

2. Représentation des fonctions complexes


Pour les fonctions réelles, on utilise le graphe de f pour représenter les fonctions dans le plan.
Il est clair que l’on ne peut pas dessiner le graphe d’une fonction complexe. En effet pour tout
z ∈ Dom( f ), (z, f (z)) ∈ C2 ≡ R4 . Le mathématicien Berhard Riemann propose le concept de repré-
sentation complexe pour représenter geométriquement une fonction complexe. Ce concept consiste
à observer que chaque fonction complexe décrit une correspondance entre points dans deux copies du
plan complexe. Spécifiquement, le point z dans le plan complexe en z est associé avec l’unique point
w = f (z) dans le plan complexe en w. On utilisera le terme de représentation complexe au lieu de
fonction complexe quand on considère cette correspondance.
Dans la pratique, la représentation géométrique d’une fonction complexe w = f (z) consiste en
2 figures : le premier, un sous-ensemble S de points du plan complexe en z et le second, un sous-
ensemble S 0 d’images de points de S par w = f (z) dans le plan complexe en w.
Il y a des logiciels (maple, mathematica, · · · ) qui servent aujourd’hui à produire ses représen-
tations. L’idée ici est de faire les bons choix de S qui permettrait de mieux illustrer f . On peut par
exemple prendre S comme une courbe, un domaine de C, etc.
La représentation de certains sous-ensembles de C par une fonction complexe f conduisent a de
très belles figures et l’étude de ses transformations constituent un domaine important de l’Analyse
Complexe appelé Représentation conforme ("Conformal mapping" en anglais).
2.1 Exemples de représentations complexes
Exemple 2.1. Déterminer l’image du demi-plan S = {z ∈ C, <e z ≥ 1} par la fonction complexe
w = f (z) = iz.
Pour z = x + iy, on a f (z) = −y + ix = u(x, y) + iv(x, y). Ainsi, on a
(2.1) u(x, y) = −y et v(x, y) = x.
Pour z = 1 + iy on a f (z) = i − y. On déduit que quand z parcourt la droite z = 1 + iy, y ∈ R, w = f (z)
parcourt la droite w = −y + i.
Quand z ∈ S on a x ≥ 1 et y ∈ R. Ainsi (2.1) implique que u ∈ R et v ≥ 1 dans le plan complexe
en w. D’où S dans le plan complexe en z est transformé par f en S 0 = {u + iv ∈ C : v ≥ 1 et u ∈ R}.

Figure de cette représentation complexe ici.


Edgar Tchoundja 17
2 Représentation des fonctions complexes

Exemple 2.2. Déterminer l’image de la ligne verticale x = 1 par la fonction complexe f (z) = 1z .
Solution :A voir en cours.

2.2 Courbes et représentations paramétriques


On comprend souvent mieux la représentation complexe en analysant les images des courbes (ce
sont des sous ensembles du plan complexe de dimension 1). Ce processus est facilité par l’utilisation
des équations paramétriques.
Définition 2.1. On appelle courbe dans C toute application continue d’un intervalle I de R vers
C.
Notation : On note souvent une courbe par γ et par γ∗ son image dans le plan complexe.
γ∗ = {γ(t) ∈ C : t ∈ I}.
γ : [0, 1] → C
Exemple 2.3.
t 7→ γ(t) = teit + sin t.
Puisque pour t ∈ I on a γ(t) ∈ C, il existe x(t) et y(t) les fonctions réelles telles que γ(t) =
x(t) + iy(t). Les équations
x = x(t)
(
t∈I
y = y(t)
constituent les équations paramétriques de γ∗ . γ∗ est souvent appelé courbe paramétrique et I l’inter-
valle de paramétrage.
2.3 Courbes paramétriques classiques
Droite :
Une paramétrisation d’une droite passant par les points z et w est
(2.2) γ(t) = (1 − t)z + tw −∞ < t < +∞.
Demi droite :
Une paramétrisation de la demi-droite issue de z et passant par w est
(2.3) γ(t) = (1 − t)z + tw 0 ≤ t < +∞.
Segment :
Une paramétrisation du segment joignant z et w est
(2.4) γ(t) = (1 − t)z + tw 0 ≤ t ≤ 1.
Cercle :
Une paramétrisation du cercle centré en z et de rayon r est
(2.5) γ(t) = z + r(cos t + i sin t) = z + reit 0 ≤ t ≤ 2π.
Demi-Cercle :
Une paramétrisation du demi-cercle supérieur centré en z et de rayon r est
(2.6) γ(t) = z + r(cos t + i sin t) = z + reit 0 ≤ t ≤ π.
Remarque 2.2. Pour étudier la représentation complexe, les courbes paramétriques sont très
utiles car il est facile de déterminer une paramétrisation de l’image d’une courbe paramétrique par
une fonction complexe.
Si w = f (z) est une représentation complexe et γ∗ l’image d’une courbe paramétrisée par
γ(t), a ≤ t ≤ b, alors w(t) = f (γ(t)), a ≤ t ≤ b est une paramétrisation de l’image, Γ∗ de γ∗
par f .
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3 Limite et Continuité

Exemple 2.4. Quelle est l’image du demi-cercle centré à l’origine et de rayon r par la représen-
tation complexe w = z2 ?
Quelle est l’image d’une ligne verticale x = k ou y = k par la représentation complexe w = 1z .
Démonstration. En exercice pour le lecteur.


3. Limite et Continuité
Soient Ω un sous-ensemble de C, z0 ∈ Ω un de ses points et f : Ω → C une fonction complexe
définie dans un voisinage épointé de z0 .
3.1 Limite d’une fonction complexe
Définition 2.3. On dit que f admet pour limite l en z0 et on note lim f (z) = l si
z→z0
∀ > 0, ∃δ > 0, tel que : (∀z ∈ Ω et 0 < |z − z0 | < δ) ⇒ | f (z) − l| < .

iz = −2i.
Exemple 3.1. Montrer que lim z+i
z→i
Soit  > 0. On a
z+i z−i
+ 2i = .
iz z
Si |z − i| < 12 , on a |z| > 12 . Ainsi pour |z − i| < 12 , on a z−i
z < 2|z − i| si bien que
z+i
+ 2i <  dès que 2|z − i| < .
iz
On en déduit que pour δ = min( 12 ; 2 ), on a 0 < |z − i| < δ ⇒ z+i
iz + 2i < .

Exercice 2.1. Montrer que lim zz n’existe pas.


z→0

Quelques propriétés :
Soient f : Ω → C une fonction complexe et z0 = x0 + iy0 ∈ Ω.
(1) Supposons que f (z) = u(x, y) + iv(x, y) et l = u0 + iv0 . On a
lim u(x, y) = u0


 (x,y)→(x0 ,y0 )

lim f (z) = l ⇔ 

z→z0 
 lim v(x, y) = v0 .
,y )
 (x,y)→(x
0 0

(2) Supposons que f, g sont deux fonctions complexes telles que lim f (z) = l et lim g(z) = m,
z→z0 z→z0
alors
(a) Pour tout a ∈ C, lim (a f (z)) = al ;
z→z0
(b) lim f (z) ± g(z) = l ± m ;
z→z0
(c) lim f (z)g(z) = l m ;
z→z0
f (z)
(d) si m , 0, lim g(z) = l
m.
z→z0
Démonstration. En exercice pour le lecteur.

z2 +1
Exemple 3.2. Calculer lim .
z→i z−i

Edgar Tchoundja 19
4 Fonctions complexes classiques

3.2 Continuité d’une fonction complexe


Définition 2.4. On dit que f est continue en z0 si
f est définie en z0 et lim f (z) = f (z0 ).
z→z0
Ceci est équivalent à :
∀ > 0, ∃δ > 0, tel que : (∀z ∈ Ω et |z − z0 | < δ) ⇒ | f (z) − f (z0 )| < .
On dit que f est continue sur Ω si f est continue en chaque point z0 de Ω.
Définition 2.5. On dit que f est uniformément continue sur Ω si
∀ > 0, ∃ δ > 0, tel que : (∀z, w ∈ Ω avec |z − w| < δ) ⇒ | f (z) − f (w)| < .
Quelques propriétés :
(1) Soient f, g deux fonctions complexes continues en z0 , alors les fonctions suivantes sont conti-
nues au point z0 :
f
a f, (a ∈ C); f ± g; f g; (si g(z0 ) , 0).
g
(2) Si f (z) = u(x, y) + iv(x, y) alors f est continue en z0 = x0 + iy0 si et seulement u et v sont
continues en (x0 , y0 ).
(3) f est continue en z0 si et seulement si pour toute suite {zn }n de points de Ω qui converge vers
z0 , on a que la suite { f (zn )}n converge vers f (z0 ).
(4) Toute fonction continue sur un ensemble compact y est uniformément continue.
(5) L’image d’un compact par une fonction continue est un ensemble compact.
(6) L’image d’un domaine par une fonction continue est un ensemble connexe.
Démonstration. En exercice pour le lecteur.


4. Fonctions complexes classiques


Nous définissons dans cette section plusieurs fonctions complexes qui étendent celles bien connues
sur R (exponentielle, logarithme,....). Nous ferons une étude préliminaire de chacune de ses fonctions.
4.1 Fonctions polynômes complexes
Ce sont les fonctions p de la forme
(2.7) p(z) = an zn + an−1 zn−1 + · · · + a1 z + a0 ,
où ak ∈ C, k = 0, 1, · · · , n et an , 0. On parle de polynôme de dégré n.
Proposition 2.6. Les polynômes complexes sont continues dans C.
Exemple 4.1. p(z) = 3z3 + z − i est une fonction polynôme complexe et q(z) = z2 − (1 + i)z + 1
n’est pas un polynôme complexe.
4.2 Fonctions rationnelles complexes
Ce sont les fonctions R de la forme
p(z) an zn + an−1 zn−1 + · · · + a1 z + a0
(2.8) R(z) = = .
q(z) bm zm + bm−1 zm−1 + · · · + b1 z + b0
où p, q sont des polynômes complexes.
Proposition 2.7. Les fonctions rationnelles sont continues dans leur domaine de définition.
z3 +iz
Exemple 4.2. R(z) = z+(i+1)z2
.

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4 Fonctions complexes classiques

En vertu des résultats sur les séries entières, les développements usuels, en série entière des fonc-
tions de la variable réelle permettent de construire des fonctions complexes en remplaçant la variable
réelle par la variable complexe.

4.3 Fonction exponentielle complexe/ Fonctions complexes trigonométriques et


hyperboliques
La fonction exponentielle est la fonction la plus importante en analyse.
Définition 2.8. On définit dans C la fonction exponentielle de la variable complexe z par :
+∞ n
X z
(2.9) exp(z) := e =
z
.
n=0
n!

On définit de façon analogue les fonctions trigonométriques et hyperboliques complexes. On a,


pour les fonctions trigonométriques :
+∞ 2k +∞ 2k+1
cos z = z
(−1)k (2k)! sin z = z
(−1)k (2k+1)!
P P
k=0 k=0
tan z = cos
sin z
z cot z = sin z .
cos z

Et on a, pour les fonctions hyperboliques :


+∞ +∞
z2k z2k+1
cosh z = sinh z =
P P
(2k)! (2k+1)!
k=0 k=0
tanh z = cosh sinh z
z coth z = cosh sinh z .
z

Il est clair que les fonctions cos z, sin z, cosh z, sinh z, sont définies et continues sur C. On obtient de
ces définitions les relations suivantes : pour tout z ∈ C
= e +e
iz −iz
cos z 2 = cosh(iz);
iz −iz
sin z = e −e2i = 1i sinh(iz);
eiz = cos z + i sin z
cos2 z + sin2 z = 1
cosh2 z − sinh2 z = 1.
Exercice 2.2. Démontrer la preuve des relations trigonométriques ci-dessus. Montrer que les
fonctions cos z, sin z, cosh z, sinh z, sont continues sur C. Déterminer le domaine de continuité des
fonctions tan z, cot z, tanh z, coth z.
Nous établissons maintenant un théorème fondamental sur la fonction exponentielle.
Théorème 2.9. Pour tous z, w ∈ C, on a
(2.10) exp (z + w) = exp z exp w.
Démonstration. Pour tout n ∈ N, on a
n n k n k
X (z + w)k X 1 X l l k−l X X 1
= {k z w = zl wk−l
k=0
k! k=0
k! l=0 k=0 l=0
l!(k − l)!
n
X X 1 1 p q X 1 1 p q
= z w = z w
p! q! p! q!
k=0 p+q=k 0≤ p+q≤n
p, q ≥ 0 p, q ≥ 0
  
n n
X 1  X 1  X 1 1 p q
=  z p   wq  − z w .
p! q! p! q!
p=0 q=0 n < p + q ≤ 2n
0 ≤ p, q ≤ n

Edgar Tchoundja 21
5 Fonctions multiformes et leurs déterminations

On a

X 1 1 p q X 1 1 p q
z w ≤ |z| |w|
p! q! p! q!
n < p + q ≤ 2n n < p + q ≤ 2n
p, q ≤ n 0 ≤ p, q ≤ n
2n
X (|z| + |w|)k
≤ .
k=n
k!

(|z|+|w|)k
Or quand n → +∞, on a
P2n
k=n k!→ 0 (critère de Cauchy pour la série e x ). D’où
+∞ +∞ +∞
  
X (z + w)k X 1 p  X 1 q 
=  z  w .
k=0
k! p!  
p=0 q=0
q! 


Conséquences :
Si z = x + iy avec x, y ∈ R, on a
exp(z) = ez = e x eiy = e x (cos y + i sin y).
<e (ez ) = e x cos y =m (ez ) = e x sin y.
|ez | = e x et ez , 0.
e z+2kπi = ez et ez = 1 ⇔ z = 2kπi (k ∈ Z) ⇔ z ∈ 2πiZ.
La recherche des inverses des fonctions que nous venons de définir conduit a de nouveaux phé-
nomènes que nous allons étudier dans la section suivante.
Pour illustrer ceci, essayons de déterminer l’inverse de la fonction exponentielle.
Soit z , 0, cherchons w = u + iv ∈ C tel que ew = z. On a |ew | = eu = |z| ce qui implique que
u = ln(|z|). On aurait alors
eu eiv = |z|ei arg z ⇒ v = arg z,
mais v = arg z n’est pas défini comme fonction complexe ! ! !. On introduit la notion de fonction
multiforme ou à valeurs multiples pour comprendre cette situation. Bien que mathématiquement ça
peut prêter à confusion, cette notion est répandue et s’est avérée normale en analyse complexe.

5. Fonctions multiformes et leurs déterminations


Comme il a été
√ constaté en section 2 (voir (1.3)) et section 3 (voir (1.7)) du chapitre 1, les corres-
pondances z 7→ n z et z 7→ arg z ne définissent pas de fonctions au sens propre. En effet, à chaque z,
elles associent plutôt des ensembles dénombrables fini ou non de plus de deux éléments de C. On ap-
pellera de telles correspondances des fonctions à valeurs multiples ou des fonctions multivaluées
ou encore des fonctions multiformes.
Dans la pratique, on cherche un moyen de déterminer, pour chaque z, uniquement juste une valeur
d’une fonction multiforme. Lorsqu’on fait ce choix de valeur avec le concept de continuité à l’esprit,
on obtient alors une fonction au sens propre qu’on appelle détermination de la fonction multiforme.
Définition 2.10. Soit F une fonction multiforme. Une détermination de F est une fonction f qui
est continue dans un domaine Ω et qui assigne exactement une des valeurs multiples de F à chaque
point z dans ce domaine Ω.
Nous allons étudier quelques unes de ses fonctions ici en commençant par la fonction multiforme
principale : le logarithme complexe.
Université de Yaoundé I - Licence de Mathématiques - Variables Complexes 22
5 Fonctions multiformes et leurs déterminations

5.1 Logarithme complexe


Pour α ∈ R, on pose Sfα = {z ∈ C : α ≤ =m z < α + 2π}, la bande horizontale de largeur 2π. On
montre facilement que :

exp : Sfα −→ C∗ est une bijection.

Exercice 2.3. Montrer que la fonction exponentielle définie une bijection de Sfα −→ C∗ .

Dessin de Sfα .

La bijection réciproque que nous notons logα n’est pas continue. En effet, on a logα (exp(iα)) =
iα et pour  > 0 assez petit, on a logα (exp(i(α − ))) = i(α −  + 2π). On déduit que

lim logα (exp(it)) = lim i(t + 2π) = i(α + 2π) , iα = logα (exp(iα)).
t→α t→α
< <

Pour obtenir une fonction "inverse" qui soit continue, on est améné à s’interdire les valeurs de z
telles que =m z = α et à définir la bande verticale ouverte, S α

S α = {z ∈ C : α < =m z < α + 2π}.

La fonction exponentielle est alors une bijection de S α sur C\∆α où, ∆α est la demi-droite définie par

∆α = {reiα ∈ C : r ≥ 0},

et appélée coupure du plan complexe. Cette bijection réciproque, notée Logα , est continue et est
appélée détermination du logarithme associée au plan coupé (fendu) C\∆α . On résume cette dis-
cussion dans le thórème suivant.

Théorème 2.11 (Diverses déterminations du logarithme). Soit α ∈ R et ∆α = {reiα ∈ C : r≥


0}, la coupure correspondante. Alors la fonction

Logα : C\∆α −→ S α = {z ∈ C : α < =m z < α + 2π}


z 7−→ Logα (z) = ln(|z|) + i argα (z)

où argα (z) est l’unique argument de z appartenant à (α, α + 2π), est une détermination du logarithme.
En particulier, lorsque α = −π, on note Log−π = Log et on parle de la détermination principale
du logarithme qui est donc définie par :

Log : C\∆−π −→ S −π = {z ∈ C : −π < =m z < π}


z 7−→ Log(z) = ln(|z|) + iArg(z).

Dessin de C\∆α .
Edgar Tchoundja 23
5 Fonctions multiformes et leurs déterminations

Exercice 2.4. Montrer qu’en coordonnées cartésiennes, Log(z) est donné par :
 
Arctan yx si x > 0




 π
  
z = x + iy 7−→ ln(|z|) + i  2 − Arctan y  si y > 0 et x ≤ 0
x


 − π − Arctan x si y < 0 et x ≤ 0.



2 y

Remarques 5.1.
(1) Il n’existe pas de détermination (continue) du logarithme sur C∗ .
(2) On note par log la fonction logarithme complexe multiforme, qui est définie sur C∗ . C’est-à
dire lorsqu’on ne précise pas quelle détermination est choisie. On a donc :
(2.11) log(z) = ln(|z|) + i arg(z) = ln(|z|) + i(Arg(z) + 2kπ), k ∈ Z.
(3) Si f et g sont deux déterminations du logarithme sur un domaine Ω ⊂ C∗ , alors f − g = 2ikπ
−g
avec k ∈ Z. En effet, ceci découle de la définition en posant h = f2πi , on a une fonction
continue de Ω connexe à valeurs dans Z, discret, donc h est constante.
Propriétés : On a pour z, w ∈ C∗ et n ∈ N, on a

  = log(z) + log(w)
log(zw)
log wz = log(z) − log(w)
log(zn ) = n log(z).
Remarques 5.2.
(1) On a en général logα (zw) , logα (z) + logα (w).
(2) Pour utiliser le logarithme complexe dans les opérations comme une fonction il faut donc
préciser la détermination utilisée.
5.2 Fonction puissance
Soit a ∈ C et Ω un domaine ne contenant pas l’origine. On défini la fonction (multiforme) puis-
sance a, φa , par :

φa : Ω −→ C∗
z 7−→ φa (z) := za = ea log(z) .
A chaque détermination du logarithme dans Ω, on défini une détermination de la fonction puissance
par
za = eaLogα (z) .
Remarques 5.3.
(1) Certaines propriétés de fonctions puissances restent valables lorsqu’on considére les fonc-
tions puissances multiformes, on a
zα+β = zα zβ ; (zw)α = zα wα ; · · ·
Il faut être très prudent quand on utilise leurs déterminations ! ! !
On a en général (zα )β , zαβ .
(2) Pour utiliser la puissance complexe dans les opérations comme une fonction il faut donc
préciser les déterminations utilisées dans les formules.
Exemple 5.1.
(1) Calculer log(1 + i), Log(1 + i), Log−5π (1 + i) et Log5 √π (1 + i)
√ π
On a 1 + i = 2ei 4 d’où
ln 2 π 
log(1 + i) = +i + 2πn , n ∈ Z.
2 4
Université de Yaoundé I - Licence de Mathématiques - Variables Complexes 24
5 Fonctions multiformes et leurs déterminations

On a alors π
ln 2
Log(1 + i) = +i .
2 4
La valeur de n ∈ Z qui soit telle que −5π < π4 + 2πn < −5π + 2π = −3π est n = −2. On a alors
!
ln 2 −15π
Log−5π (1 + i) = +i .
2 4
√ √
La valeur de n ∈ Z qui soit telle que 5 π < π4 + 2πn < 5 π + 2π est n = 2. On a alors
!
ln 2 17π
Log5 π (1 + i) =
√ +i .
2 4
(2) Calculer i2i , puis calculer ii en utilisant la détermination principale du logarithme.
On a
i2i = e2i log i
= e2i(log(|i|)+i arg(i)) = e−2 arg i
π
= e−2( 2 +2nπ) , n ∈ Z
= e−(4n+1)π , n ∈ Z.
π
De façon analogue on obtient ii = e− 2 .
Exercice 2.5. Déterminer l’image de l’anneau {2 ≤ |z| ≤ 4} par la représentation de la détermi-
nation principale du logarithme complexe.
5.3 La fonction zêta de Riemann
Pour n ≥ 1, on considère la fonction z 7→ nz . La fonction zêta de Riemann est la fonction définie
par la série suivante :

X 1
(2.12) η(z) := .
n=1
nz
Cette fonction est définie sur le demi plan {z ∈ C : <e z > 1}.
5.4 Fonctions trigonométriques et hyperboliques inverses
A partir des formules trigonométriques données en sous section 4.3, on peut déterminer les fonc-
tions trigonométriques et hyperboliques inverses en résolvant les équations complexes appropriées.
Puisque ces équations font entrer en jeu la fonction exponentielle, on obtient les fonctions multi-
formes. Les déterminations de ses fonctions sont définies à partir des déterminations de la fonction
logarithme et de la fonction puissance. On discutera ici le cas de l’inverse de sin z, les autres cas se
font de façon similaire.
5.4.1 Fonction trigonométriques inverses.
eiz −e−iz
On a sin z = 2i . Pour w ∈ C donné, on cherche à résoudre l’équation
sin z = w.
On a
eiz − e−iz
sin z = w ⇔ =w
2i
⇔ e2iz − 2iweiz − 1 = 0.

On fait le √changement de variables Z = eiz . L’équation devient Z 2 − 2iwZ − 1 = 0. Ceci conduit à


Z = iw + 1 − w2 . Ainsi en passant au logarithme on a
 p   p 
iz = log iw + 1 − w2 ⇒ z = −i log iw + 1 − w2 .

Edgar Tchoundja 25
5 Fonctions multiformes et leurs déterminations

Définition 2.12. On appelle sinus inverse, et on note arcsin, la fonction définie par :
 p 
(2.13) arcsin z := sin z = −i log iz + 1 − z .
−1 2


Remarque 2.13. Dans la formule (2.13), il faut bien observer que 1 − z2 est la fonction à
valeurs multiples donnée par la racinée carrée.
De façon analogue on obtient la fonction cosinus et tangente inverses. On a pour tout z ∈ C,
 p 
(2.14) arccos z := cos−1 z = −i log z + i 1 − z2
i i + z
arctan z := tan−1 z = log .
2 i−z

Exemple 5.2. Déterminer arccos( 3).
Exercice 2.6. Etablir les formules en (2.14).
5.4.2 Fonction hyperboliques inverses.
De façon similaire, au paragraphe précédent, on obtient la fonction cosinus hyperbolique, sinus
hyperbolique et tangente hyperbolique inverses. Ces fonctions multiformes sont définies, pour tout
z ∈ C, par :
 p 
(2.15) argsh z := sinh z = log z + 1 + z ,
−1 2
 p 
argch z := cosh−1 z = log z + z2 − 1 ,
1+z
!
1
argth z := tanh z =
−1
log .
2 1−z
Exercice 2.7. Etablir les formules en (2.15).
Déterminer le domaine de définition de la détermination principale de arctan et de argth.

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