Memoire Ndiaye 2007
Memoire Ndiaye 2007
Memoire Ndiaye 2007
Sénégal
07 Décembre 2007
i
ii
Contribution à la mise en place d’un
Sénégal
iii
iv
RÉSUMÉ
A Saint-Louis, l’homme a exploité la mer et transformé le littoral entraînant
l’appauvrissement généralisé de l’écosystème fluviomaritime suite à la
modification et la destruction des habitats. Certaines espèces sont tellement
vulnérables aux effets de l’action anthropique (pêche, barrage de Diama,
nouvelle embouchure (brèche)…) qu’elles ont disparu de la majeure partie de
leur aire de répartition. Pour plusieurs autres espèces, l’extinction semble
imminente et l’Aire Marine Protégée est considérée comme le meilleur moyen
de garantir leur survie. C’est dans ce contexte qu’a été créée l’AMP de Saint-
Louis.
Toutefois, lorsque des populations comme celle de Guet-Ndar vivant
essentiellement de l’exploitation des ressources halieutiques sont privées
d'opportunités de pêcher, elles peuvent être exposées au chômage et à la
paupérisation. Les autorités publiques souhaitent donc éviter les coûts sociaux
et économiques qui en résulteraient pour certaines catégories de pêcheurs
(surtout les poseurs de filets dormants qui seront les plus affectés, le site de
protection prévu constituant leur principal lieu de pêche).
En effet pour qu’un tel projet soit viable il faut que les acteurs concernés et
surtout les usagers y adhérent. Il est important que le plan de gestion soit
élaboré de manière concertée en tenant compte de l’avis des différentes parties
prenantes dans la définition des règles de gestion du périmètre AMP et des
zones périphériques.
Ce travail a permis de caractériser les différents acteurs impliqués dans la mise
en place et la gestion de l’AMP, de mettre en évidence leurs points de vue
(particulièrement ceux des pêcheurs de Guet Ndar), et de les croiser pour
élaborer des pistes de réflexion sur des mesures et des modalités de gestion
concertée de cette aire protégée.
L’État (la Direction des parcs nationaux et la Direction des pêches maritimes),
les artisans pêcheurs de Guet-Ndar et le WWF sont les principaux acteurs de
l’AMP. L’étude montre que les pêcheurs n’ont pas forcément été bien
représentés dans le processus de mise en place de l’AMP et qu’il est nécessaire
de mieux les associer par la suite aux décisions de gestion. D’autres acteurs ont
aussi un rôle important à jouer dans la réussite du plan de gestion s’ils sont
représentés dans le comité de gestion à savoir les gestionnaires du barrage de
Diama et de la brèche ou associés au processus, notamment les armateurs
industriels et les professionnels du tourisme.
i
ABSTRACT
ii
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier toutes les personnes et institutions qui nous ont permis de
réaliser ce travail de fin d’études.
Je remercie mon maître de stage, Arona Soumaré pour m’avoir proposé ce sujet. Il m’a
conseillé et accompagné efficacement pour ce travail. A travers lui je remercie toute l’équipe
du WWF WAMER pour l’accueil et le soutien.
J’exprime ma reconnaissance envers le Directeur des Parcs Nationaux du Sénégal,
Colonel Mame Balla GUEYE pour m’avoir accordé l’autorisation de réaliser cette formation
à l’étranger.
Nos recherches n’auraient pu aboutir sans les nombreux concours qui nous ont été si
largement apportés par Joël TARAUD, Directeur de ce mémoire, qui m’a puissamment aidé
et guidé dans mes recherches. A lui nous adressons un grand merci.
J’exprime ma profonde gratitude à Loïc TREBAOL qui m’a constamment assisté de ses
précieux conseils. Son appui pédagogique m’a permis d’aborder les thèmes sous d’autres
angles de vue
Je tiens particulièrement à remercier Jacques RIPOCHE qui s’est rendu sur la zone
d’étude et m’a guidé par son remarquable esprit de méthode. Sa présence et son aide ont été
déterminants dans l’accomplissement de cette spécialisation en ADR.
Mention spéciale au Conservateur de l’AMP de Saint-Louis, le Capitaine Bocar
THIAM, et au Chef du BIPRAMP le Capitaine Issa SIDIBE pour leur accueil, leur soutien et
leur esprit d’équipe. Ils ont beaucoup facilité le déroulement de ce stage.
J’exprime ma reconnaissance envers les pêcheurs de Guet-Ndar qui ont eut la
gentillesse de nous recevoir malgré leur emploi du temps souvent chargé et nous livrer une
partie de leur savoir. Je pense particulièrement à Baye DIALLO qui a su nous faire profiter de
sa connaissance du terrain.
Mes remerciements s’adressent aussi à Omar DIOUF du CRODT/Saint-Louis, Abdou
DIA, Cheikh Mbaye DIALLO, Inspecteur des pêches de Saint-Louis et ses collaborateurs
Malick GUEYE et Ablaye MBODJ, sans oublier Ablaye DIAGNE, Capitaine du port de
Saint-Louis pour leur accueil, leurs conseils et leurs informations.
Je ne saurais terminer sans remercier aussi tous ceux que je n’ai pas cités ici et qui ont
contribué et participé à ce travail participé à ce travail en leur demandant toute leur
indulgence pour les éventuelles imperfections et omissions.
iii
iv
DÉDICACES
v
vi
QUELQUES ABRÉVIATIONS…..
AFD : Agence Française de Développement
AJPGN : Association des Jeunes Pêcheurs de Guet –Ndar
APLB : Association des Pêcheurs de la Langue de Barbarie
AMP : Aire Marine Protégée
CDB : Convention Internationale sur la Diversité Biologique
CIRAD : Centre International de Recherche Agronomique et du Développement
CNEARC : Centre Nationale d’Études Agronomique des Régions Chaudes
CNPS : Collectif National des pêcheurs du Sénégal
CRODT : Centre de Recherche Océanographique de Dakar Thiaroye
DPM : Direction des Pêches Maritimes
DPN : Direction des Parcs Nationaux
ENGREF : École Nationale du Génie Rural et des Eaux et Forêts
FENAGIE : Fédération Nationale des Groupements d’Intérêts Économiques de
pêcheurs
GAIPES : Groupement des Armateurs et Industriels de la Pêche du Sénégal
GREP : Groupe Environnement Presse
IRC : Institut des Régions Chaudes (Montpellier SupAgro)
MECROPAS : Mutuelle d’Épargne et de Crédit des Organisations de Pêcheurs
Artisanaux de Saint-Louis
MEPN : Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature
MEM : Ministère de l’Économie Maritime
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
PNLB : Parc National de la Langue de Barbarie
PRCM : Programme Régional de Conservation Marine
SAED : Société d’Aménagement et d’Exploitation des Terres du Delta du Fleuve
Sénégal
SRPSM : Service Régional des Pêches et de la Surveillance Maritime
ZEE : Zone Économique Exclusive
WAMER : Western Africa Marine Eco-Region
WWF: World Wildlife fund (Fonds Mondial pour la Nature)
vii
viii
SOMMAIRE
RÉSUMÉ..................................................................................................................................... i
ABSTRACT ............................................................................................................................... ii
REMERCIEMENTS ................................................................................................................. iii
QUELQUES ABRÉVIATIONS….. ........................................................................................ vii
SOMMAIRE ............................................................................................................................. ix
INTRODUCTION ...................................................................................................................... 1
PARTIE I : CONTEXTE GENERAL, PROBLÉMATIQUE ET DÉMARCHE DE L’ÉTUDE
.................................................................................................................................................... 3
1 CONTEXTE GENERAL DE L’ÉTUDE ........................................................................... 5
1.1 La zone d’étude .......................................................................................................... 5
1.2 la structure d’accueil : une organisation de conservation de la nature ....................... 7
1.3 les AMP dans le monde : UN aboutissement des recommandations de rio. .............. 7
2 PROBLÉMATIQUE : INTÉRÊT DES AIRES MARINES PROTÉGÉES AU
SÉNÉGAL : L’IMPORTANCE DE LA PROTECTION, DE LA PÊCHE ET DES SIGNES
D’ÉPUISEMENT ..................................................................................................................... 13
2.1 Processus du choix des sites d’AMP au Sénégal ..................................................... 15
2.2 Cadre légal national : les instruments juridiques applicables .................................. 21
2.3 Le cadre institutionnel .............................................................................................. 21
3 LA DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE ...................................................................... 27
3.1 La demande initiale : une demande aux objectifs larges .......................................... 27
3.2 Objectifs spécifiques : des objectifs recentrés dans le cadre du mémoire. .............. 27
3.3 Objet du mémoire ..................................................................................................... 28
3.4 Hypothèses de l’étude .............................................................................................. 28
3.5 But de l’étude : ......................................................................................................... 28
3.6 La démarche ............................................................................................................. 28
3.7 Difficultés rencontrées ............................................................................................. 33
PARTIE II : INFORMATIONS GÉNÉRALES SUR LA ZONE ............................................ 35
4 PÊCHE ARTISANALE A SAINT-LOUIS, UNE ACTIVITÉ TRÈS ANCIENNE QUI A
CONNU BIEN DES ÉVOLUTIONS ...................................................................................... 37
4.1 Évolution des activités de pêche .............................................................................. 38
4.2 Organisation sociale et évolution ............................................................................. 40
4.3 Cadre Socio-économique général............................................................................. 42
4.4 Conclusion ................................................................................................................ 50
PART III : MILIEU BIOPHYSIQUE, MODES D’EXPLOITATION ET DE GESTION . 51
5 L’ENVIRONNEMENT PHYSIQUE ............................................................................... 53
5.1 Les conditions météorologiques ............................................................................... 53
5.2 Les conditions hydrologiques marines et leurs variations saisonnières. .................. 55
5.3 L'hydroclimatologie de la région. ............................................................................ 59
5.4 Évolution géomorphologique à Saint-Louis ............................................................ 62
5.5 Les aquifères ............................................................................................................ 64
5.6 Morphologie et sédimentation des fonds de pêche au large de St-Louis ................. 65
5.7 Les effets de la nouvelle brèche sur la pêche maritime à Saint-Louis : la traversée de
la barre moins pénible mais des impacts négatifs ailleurs. .................................................. 69
5.8 Conclusion ................................................................................................................ 71
6 LE PATRIMOINE NATUREL DE L’AMP : UNE SITE A HAUT POTENTIEL
BIOLOGIQUE ......................................................................................................................... 73
6.1 Les habitats naturels : Géographie et toponymie des lieux de pêche ....................... 73
6.2 Les ressources exploitées : les poissons ................................................................... 76
ix
6.3 Autres espèces présentes : les oiseaux, tortues et mammifères marins .................... 87
7 LES MODES D’EXPLOITATION : une diversité DE PRATIQUES à l’origine de la
pression accrue sur la ressource et des conflits entre usagers. ................................................. 89
7.1 Les moyens de production : des types de pêche en fonction de l’embarcation et des
engins utilisés et du quartier ................................................................................................. 90
7.2 Les types de pêche artisanale ................................................................................... 92
7.3 La Pêche industrielle : une pratique avec des effets écologiques néfastes mais pas
l’unique responsable de la baisse des ressources. .............................................................. 101
7.4 Les conflits entre les usagers. ................................................................................. 102
7.5 Les activités connexes à la pêche ........................................................................... 103
8 DES DÉFIS A ReLEVER POUR UNE BONNE PARTICIPATION
COMMUNAUTAIRE ............................................................................................................ 105
8.1 Les contraintes de la filière pêche à Saint-Louis.................................................... 105
8.2 point de vue des pêcheurs sur l’amp : des perceptions différentes sur une notion mal
comprise ............................................................................................................................. 108
8.3 Des modes de Gestion dont on peut s’inspirer ....................................................... 111
8.4 DISCUSSION ET PROPOSITIONS ..................................................................... 112
9 CONCLUSION GÉNÉRALE ........................................................................................ 115
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 117
TABLE DES MATIÈRES ..................................................................................................... 121
LISTE DES FIGURES ........................................................................................................... 125
LISTE DES TABLEAUX ...................................................................................................... 127
ANNEXE ............................................................................................................................... 129
ANNEXE 1 : GUIDE D’ENTRETIEN .................................................................................. 131
ANNEXE 2 : Les mécanismes de l’upwelling ....................................................................... 136
ANNEXE 3 : Décret de création de l’AMP ........................................................................... 137
ANNEXES 4 : Cartes des températures de surface et des salinités de l’océan (saison froide-
saison chaude) pour la période 1971-1970 ............................................................................. 142
ANNEXE 5 : Infrastructures de pêche et touristiques sur la Langue de Barbarie, au nord de
l’embouchure .......................................................................................................................... 146
ANNEXE 6 : Accords de pêche sénégalo-mauritaniens ........................................................ 147
ANNEXE 7 : Répartition spatiale des activités à St-Louis .................................................... 152
ANNEXE 8 : Évolution des effectifs et des débarquements de la pêche à St-Louis ............. 153
ANNEXE 9 : Axes de circulation et nœuds d’engorgements ................................................ 154
ANNEXE 10 : Filets dormants............................................................................................... 155
ANNEX 11 : Filets de senne tournante .................................................................................. 155
ANNEXE 12 : Filets dérivants avec ses flotteurs .................................................................. 156
ANNEXE 13 : PALANGRIER .............................................................................................. 156
x
« Défendre la mer, c’est
défendre le droit des plus
démunis à la vie »
A. LE. SANN (1986)
xi
xii
INTRODUCTION
Les ressources marines et plus particulièrement les ressources halieutiques, jouent un
rôle capital dans l’économie et la vie sociale du Sénégal. La pêche est la première source
d’entrée de devises avec une valeur des exportations de produits halieutiques d’environ 200
milliards de F CFA par an (soit 304 460 000.euros). Elle occupe 17% de la population active.
Or, les tendances actuelles de l’évolution des stocks montrent des signes inquiétants
(diminution de la taille moyenne des poissons capturés, réduction des prises par unité d’effort
de plusieurs espèces notamment les espèces démersales côtières). L’épuisement des stocks
halieutiques entraînerait des conséquences économiques et sociales désastreuses, DIOUF,P.S
et SIEGEL,P.(2005) ; SARR, O.(2005) ; ZEBA,S.(2003) ; PAULY,D.(2002).
Saint-Louis n’a pas échappé à ce modèle. Les phénomènes de migration des pêcheurs
de Guet-Ndar vers d’autres centres de pêche et leur obstination à pêcher dans les eaux sous
juridiction mauritanienne démontre la carence dont souffrent les côtes saint-louisiennes. Il est
largement admis par la communauté scientifique que cette variabilité est provoquée par une
combinaison de différents facteurs dont essentiellement la surpêche et les conditions
environnementales.
Il y a une affirmation, découlant de différents constats : « la ressource halieutique est
menacée, il est urgent de prendre des mesures pour protéger, voire restaurer le
potentiel ». D’où, la volonté des pouvoirs publics et des populations de pêcheurs de mettre en
œuvre des mesures de gestion efficaces des ressources halieutiques. Aussi, en promulguant en
2004 le décret de création de 4 Aires Marines Protégées dont celle de Saint-Louis, le Sénégal
s’est inscrit dans une dynamique de création d’AMP et de renforcement de leur gestion.
Les organismes de développement, notamment non gouvernementaux intervenant au
Sénégal s’interrogent sur les actions à mener à l’instar du WWF dans son programme d’appui
à la mise en place d’AMP et à l’élaboration de plans de gestion. Les objectifs de croissance
des revenus tirés de l’exploitation des ressources halieutiques, notamment par la
multiplication et l’amélioration de l’efficacité des techniques de capture, sont-ils
contradictoires avec les objectifs de protection de l’écosystème marin ? Cette étude réalisée
doit permettre de répondre à cette question et de rechercher les solutions en associant toutes
les parties prenantes à la définition de règles pour une gestion concertée.
Le présent mémoire cherche à caractériser les acteurs concernés par la mise en œuvre
de l’AMP de Saint-Louis et à comprendre les opinions des uns et des autres sur l'intérêt de
l'AMP et le système de gestion à mettre en place afin de protéger durablement la ressource et
maintenir une activité rentable pour les familles de pêcheurs qui en vivent. Cette
compréhension est indispensable pour les décisions et les orientations de la gestion de la
réserve et des projets de développement visant à restaurer le milieu marin.
L’étude se base sur un travail de terrain de 6 mois et 3 mois de préparation. Elle est
réalisée dans le cadre d’un stage de fin d’études supérieures d’agronomie tropicale au Centre
National d’Études Agronomiques des Régions Chaudes (CNEARC) de Montpellier
Dans une première partie seront présentés le contexte général, l’historique des AMP
pour définir la problématique de l’étude et construire la démarche méthodologique. La
deuxième partie fournira des informations générale sur la zone d’étude et la troisième partie
s’attachera à la description du milieu biophysique, à la caractérisation des usagers de la
ressources, à l’analyse des modes d’exploitation et au recueil des points de vue sur la mise en
1
œuvre de l’AMP. En conclusion seront repris les éléments essentiels à considérer lors de
l’élaboration du plan de gestion afin de définir des règles de gestion participative de l’AMP.
2
PARTIE I : CONTEXTE GENERAL, PROBLÉMATIQUE ET
DÉMARCHE DE L’ÉTUDE
3
4
1 CONTEXTE GENERAL DE L’ÉTUDE
Guet-Ndar
WWW.ausenegal.com
AMP de Saint-Louis
5
6
5
1.2 LA STRUCTURE D’ACCUEIL : UNE ORGANISATION DE CONSERVATION DE LA
NATURE
Le WWF initialement World Wildlife Fund (littéralement, Fonds mondial pour la vie
sauvage), rebaptisé ensuite World Wide Fund for Nature (littéralement, Fonds mondial
pour la Nature), puis simplement WWF en 2001, est une organisation non gouvernementale
internationale de protection de la nature et de l'environnement, fortement impliquée dans le
développement durable. Cette association ayant son siège à Gland en Suisse, compte plus de
4,7 millions de membres à travers le monde et dispose d'un réseau opérationnel dans 96 pays.
Le WWF gère des politiques environnementales et mène des études d’écosystèmes et
d’autres milieux à travers le monde. Il cible des ensembles géographiques appelés Écorégions.
Au départ, le WWF avait choisi 200 Écorégions à travers le monde et avait décidé de se
focaliser sur ces 200 Écorégions. Aujourd’hui le nombre d’Écorégions a atteint 238 parmi
lesquelles l’Écorégion Ouest Africain (depuis 2000 avec un bureau régional à Dakar) appelée
WAMER (Western Africa Marine Eco-Region). L’objectif du WWF WAMER est d’assurer
la conservation durable des écosystèmes marins et côtiers de l’Afrique de l’ouest.
Il intervient dans six pays : Sénégal, Mauritanie, la Gambie, le Cap-Vert, la Guinée
Bissau et la Guinée Conakry. Le WWF WAMER met en œuvre des programmes dans
plusieurs domaines dont les aires marines protégées, la pêche durable, et les espèces menacées
(les tortues et les baleines).Il a aidé le gouvernement du Sénégal à créer quatre AMPs (Saint-
Louis, Joal, Kayar et Abéné).
1 Le rendement maximal durable est la quantité maximale de poissons d’un stock qui peut être retirée d’une pêcherie sans
compromettre la capacité du stock de se reconstituer naturellement.
7
d’urgence cet objectif pour les stocks réduits, et là où c’est possible, pas plus tard qu’en
2015 »2.
En 2003, le Congrès mondial sur les parcs naturels a recommandé que de 20 à 30 % de
chaque habitat océanique soit pleinement protégé contre la pêche, A SOUMARE (2007). En
octobre 2005, le premier Congrès mondial des aires marines protégées a eu lieu. Les progrès,
malheureusement, sont lents : les données récentes indiquent que, au rythme mondial actuel
de désignation des AMPs, la cible prévue pour 2012 ne sera pas atteinte avant au moins
20853.
Ensemble, ces accords ont le potentiel significatif de contribuer à la conservation de la
biodiversité marine et côtière. Le Sénégal, en tant que signataire de ces documents et pays
côtier, a répondu en adoptant des mesures de protection des ressources marines pour le futur.
Soucieux de renforcer le régime de gestion intégrée des zones marines et côtières pour une
conservation durable, ce pays, s’est investi dans la création, en novembre 2004, de cinq (05)
nouvelles Aires Marines Protégées (AMPs) d’une superficie totale de 1030 km² (103 000 ha)
à Saint Louis, Cayar, Joal-Fadiouth, Abéné et Bamboung.
2 Nations Unies. Plan de mise en œuvre du Sommet mondial pour le développement durable (2002), 2004, paragr. 31(a), p.
27.
3 « Global Targets for MPA Designations Will Not Be Met Experts Respond », MPA News, vol. 7, no 5, novembre 2005.
8
- accroître la productivité des lieux de pêche en protégeant les lieux favorables à la
reproduction et l'alimentation des poissons,
- réguler les différents usages de la mer
4 SENAGROSOL-CONSULT (2007). « Élaboration d’un plan d’aménagement et de gestion de l’AMP de Cayar : Rapport
bilan diagnostic ». pp 21
9
est devenu évident que les ressources halieutiques, ne pouvaient plus soutenir, cette
exploitation et cette mise en valeur rapide. Dés lors, de nouvelles approches de gestion du
milieu marin prenant en considération la conservation s’imposaient.
1.3.2.2 La Convention sur la Diversité Biologique (CDB)
Adoptée à Rio en 1992, elle a été ratifiée par le Sénégal en 1994. La plupart des
dispositions de la CDB obligent les États signataires à coopérer pour la conservation et
l’utilisation durable de la diversité biologique. Elle s’applique donc à la biodiversité de
l’espace marin et côtier. En son article 2, elle procède à la définition de la zone protégée
Considérée comme étant « toute zone géographiquement délimitée et qui est désignée
ou réglementée, et gérée en vue d’atteindre des objectifs spécifiques de conservation ».
Chaque Partie contractante doit selon l’article 8, établir un système de zones protégées qui
sont gérées suivant des formules cohérentes (plans, Stratégies, Politiques intégrées à celle des
autres secteurs –art. 6) BEAUCILLON C, (2007). Ces prescriptions renforcent les
dispositions relatives au respect de la biodiversité ainsi que les obligations édictées par la
Convention sur le Droit de la Mer. En effet, l’article 22 évoque la primauté de cette dernière
sur la CDB en cas de conflit.
Au regard de la CDB, les AMP jouent un double rôle Selon BEAUCILLON. Elles
doivent tout d’abord contribuer à la conservation stricte du patrimoine écologique (article 8).
Elles interviennent ensuite comme recommandée par l’article 10, dans le processus de gestion
durable des ressources naturelles de l’État côtier.
10
des politiques appropriées…pour permettre une utilisation durable des ressources ". La
question de l'allocation des ressources est souvent facteur de conflits : entre plusieurs
communautés de pêcheurs invoquant un accès aux espaces de pêches, entre les communautés
de pêcheurs et les autres utilisateurs des zones côtières (tourisme, pêche industrielle,
expansion urbaine…). La prévention des risques potentiels d'interactions doit être évaluée
avec la mise en place en parallèle de mécanismes de résolution des conflits au niveau
administratif (art. 10.1.4). Les AMP suscitent souvent la convoitise de ceux qui sont à sa
périphérie, ainsi un aménagement efficace implique un cadre juridique et institutionnel fort et
une définition précise des rôles et des responsabilités respectives des organismes de gestion.
L'utilisation du zonage apparaît comme un moyen pertinent de réglementation de l'accès aux
espaces et d'utilisation rationnelle des ressources. De plus, les droits et pratiques
traditionnelles des communautés côtières doivent être reconnus et garantis et leurs
représentants consultés et associés aux processus de décisions engagés par l'autorité publique
(art. 10.1.2 et 10.1.3).
11
12
2 PROBLÉMATIQUE : INTÉRÊT DES AIRES MARINES
PROTÉGÉES AU SÉNÉGAL : L’IMPORTANCE DE LA
PROTECTION, DE LA PÊCHE ET DES SIGNES
D’ÉPUISEMENT
La pêche a une importance stratégique dans l’économie sénégalaise de par son rôle dans
l'approvisionnement en protéines (la part du poisson dans la consommation de protéines
animales est supérieure à 75%)5, des emplois qui en dépendent (63000 pêcheurs, 94% dans le
secteur artisanal, AFD/Dakar.2004) des revenus qu’elle génère, du rôle qu'elle joue dans la
fixation et la stabilité des communautés littorales. Cependant, face à une population
croissante, une demande de plus en plus importante des marchés mondiaux, des outils
d’exploitation de plus en plus sophistiqués, les ressources halieutiques sont menacées et la
question de leur gestion devient de plus en plus une urgence.
Lors d’un groupe de travail tenu à Dakar en 2001 dans le cadre du programme SIAP6
(Système d’Information et d’Analyse des Pêches) sur l’évolution des stocks halieutiques
pendant les cinquante dernières années, il a été établi que les stocks halieutiques (notamment
les espèces démersales à haute valeur commerciale) de l’écorégion marine ouest-africaine
allant de la Mauritanie à la Guinée (le Cap Vert y compris), ne sont actuellement que le
cinquième de ce qu’ils étaient en 1950 ( Pauly, 2002 cité par P S Diouf et al 2005 ).
C’est le cas à Saint-Louis où une forte colonie de pêcheurs (7751 pêcheurs, 1543
pirogues opérationnelles, CRODT/ISRA 2005) avec une grande diversité d’unités de pêche se
concentre sur un espace géographique étroit (forte compétition entre pêcheurs) et débarque un
tonnage important de poisson : les débarquements en 2006 sont estimés à 49393 tonnes contre
49613 tonnes en 2005 soit une baisse de 0,4%, alors que la valeur commerciale
(respectivement 6 542 711 303 et 5 421 633 800 FCFA a connu une hausse de 20%
(SRPSM/SL).
Les variations sont aggravées par le fait que les bancs et lieux de pêche ne sont pas
propriété privée comme la terre en agriculture et que plusieurs unités de pêche se font
concurrence pour un stock épuisable de poissons.
Du point de vue des pêcheurs Saint-Louisiens, la pression sur la ressource est telle que
la croissance du stock halieutique est affectée aujourd’hui par l’intensité de l’effort de pêche
qui lui est appliquée. Conséquence direct, selon les pêcheurs de Guet-Ndar : la disparition de
la plupart des espèces démersales côtières. Ils affirment que la Dentée (Dentex filosus) et les
Mérous (Epinephelus aeneus et gigas) très prisés par les populations et les exportateurs ont
presque totalement disparu induisant une diminution des prises et un éloignement progressif
des lieux de pêche (les eaux mauritaniennes sont de plus en plus sollicitées). Dotés d’une plus
grande autonomie, les pêcheurs vont de plus en plus loin et mouillent leurs engins dans la
5 www.oceanium.org
6 Projet financé par l’Union Européenne en faveur des six pays membres de la Commission Sous-régionale des Pêches.
L’objectif recherché était de permettre à ces États de réunir les données scientifiques sur leurs pêcheries, disponibles aussi
bien localement que dans les institutions partenaires à l’étranger, en vue de les traiter et de les diffuser, A SOUMARE 2007
13
zone où le chalutage est autorisé, sans les matérialiser comme il se doit. Ceci entraîne des
risques de destruction de ces engins et de conflits avec les chalutiers.
Il s’y ajoute que les aménagements effectués sur le fleuve Sénégal avec l’érection du
barrage de Diama7 ont beaucoup modifié la dynamique estuarienne de cette zone
d’importance capitale pour certaines espèces, entraînant du coup, la disparition des espèces
inféodées telle le Capitaine (Polydactylus quadrifilus), et l’appauvrissement du fleuve. Du point
de vue de l’ichtyologie, DIOUF (1999) cité par KANE (2007) estime que la biodiversité des
poissons est menacée dans le cadre de l’après barrage. En effet, les ouvrages constituent des
barrières physiques contre la migration des poissons et entraînent une perte d’habitat du fait
du rétrécissement de la zone estuarienne. Le mode de gestion de Diama (retenues et lâchers
périodiques d’eau) entraîne des variations brusques du milieu néfastes aux poissons évoluant
dans l’estuaire. En fait, l’AMP de Saint-Louis est directement sous l’influence des
aménagements du fleuve qui ont été faits pour d’autres raisons que la pêche côtière ou la
gestion des ressources halieutiques. Selon les techniciens du service de l’hydraulique de
Saint-Louis, les impacts ichtyologiques n’ont pas été pris en compte lors de leur construction.
Les techniciens du service régional des pêches y voient une cause plus fondamentale de la
diminution de la ressource halieutique que l’activité des pêcheurs piroguiers.
De ce fait, les pêcheurs estuariens se rabattent sur l’océan et augmentant la pression sur
ce milieu déjà menacé. « Ici à Saint-Louis, la mer ne nourrit plus son homme » avoue un
pêcheur lors d’un entretien, affirmation corroborée par un phénomène de migration
saisonnière d’une grande intensité chez les pêcheurs de cette localité. En 2005 déjà, le
CRODT a établit (à l’issu d’un recensement national de la pêche artisanale sénégalaise) que le
département de Saint-Louis ne reçoit presque pas d’unités de pêche étrangères alors que les
Guet-Ndariens sont présent dans tous les grands centres de pêche maritime: Louga, Kebemer,
jusqu’au sud à Bignona où elles représentent entre 20 et 54% de la flottille (CRODT/ISRA
2005)
7
Construit en 1986, il a pour objectif d’empêcher le remontée d'eau salée en période de basses eaux,qui peut atteindre 200km
en amont, d’assurer une réserve censée permettre l'irrigation en saison sèche. En tout il doit permettre l’irrigation de 120 000
ha. Le but est de produire assez pour réduire le déficit alimentaire vivrier sénégalais, MONGET C (1997)
14
Un fait nouveau que nous avons vérifié au cours des entretiens, est que, ce sont
maintenant les pêcheurs eux-mêmes qui tirent sur la « sonnette d’alarme ». Soucieux de leur
devenir ils sont conscients du fait que les prélèvements sont excessifs et que le
renouvellement de la ressource est compromis si cette tendance se maintient.
Aussi, pour assurer une exploitation durable de la ressource ou en d’autres termes,
éviter que le système d’exploitation ne porte atteinte à la capacité de récupération de la
ressource, les prélèvements doivent rester inférieurs à la productivité de cet écosystème
largement affecté par les barrages qui ont modifié les caractéristiques physiques, biologiques
et chimiques du milieu . Il s’agit donc de gérer (voire contrôler) ces prélèvements pour limiter
l’effort de pêche.
En effet, il semble possible d’agir sur le système d’exploitation en proposant des
mesures ou stratégies d’action pour une utilisation durable (maintien et/ou reconstitution) de
la ressource encore disponible. C’est donc dans un contexte national caractérisé par une
diminution progressive des ressources halieutiques que le WWF, la Direction des Parcs
Nationaux (DPN), le CRODT, Wetlands International, la FENAGIE (Fédération Nationale
des GIE de pêcheurs), le GAIPES (Groupement des Armateurs et Industriels de la Pêche du
Sénégal), l’Océanium ont lancé l’initiative de création d’Aire Marines Protégées au Sénégal.
Selon P S DIOUF (2005), cette initiative de création de nouvelles Aires Marines Protégées au
Sénégal, coordonnée par le WWF, s’intègre dans un processus plus large du Programme
Régional de Conservation Marine (PRCM), visant à doter la sous-région ouest-africaine d’un
réseau d’Aires Marines Protégées permettant d’une part de préserver la diversité biologique et
culturelle de la zone, et d’autre part de promouvoir l’amélioration des moyens d’existence des
populations locales.
En septembre 2003, lors du cinquième Congrès Mondial des Parcs, le Gouvernement du
Sénégal déclarait son intention de créer cinq nouvelles aires marines protégées. Cette
déclaration d’intention a été honorée, une année plus tard, par la signature d’un décret
présidentiel (N° 2004-1408 du 04 Novembre 2004) portant création de 5 AMP dont celle de
Saint-Louis qui couvre une superficie de 496 km2. Ces AMP constituent selon les experts du
WWF une « option efficace pour conserver la biodiversité marine ».
15
Le processus de sélection des sites des Aires Marines Protégées piloté par le WWF
WAMER a été le suivant :
- Une réunion organisée par la Direction des Parcs Nationaux (DPN) regroupant des
représentants des différents acteurs travaillant dans les zones marines et côtières du
Sénégal (professionnel de la pêche artisanale et industrielle, administration de la
pêche, Direction des Parcs Nationaux, Recherche, ONGs internationales et
nationales, presse et Collectivités Locales…) a été organisée pour identifier les
objectifs de création de nouvelles aires marines protégées et répertorier tous les
sites potentiels. Trente trois (33) sites ont été répertoriés. Cette réunion est suivie
d’une recherche bibliographique pour établir une liste des objectifs et des critères
habituellement utilisés à travers le monde pour sélectionner des sites d’Aires
Marines Protégées
- Une deuxième réunion, a été organisée par la DPN pour identifier dans la liste des
objectifs et des critères donnée par la synthèse bibliographique, ceux qui sont
pertinents pour le Sénégal. Au final, dix-huit critères classés suivant leur nature en
cinq groupes ont été choisis (liste détaillée de tous les critères en annexe) : critères
sociaux, critères économiques, critères liés à la recherche, critères bioécologiques,
critères liés à la faisabilité. Ensuite ces critères ont été classés en critères cruciaux
(que l’Aire Marine Protégée devait obligatoirement satisfaire) et en critères
secondaires. Le critère le plus important, et qui conditionnait tout, était l’accord
des populations locales pour la création d’une Aire Marine Protégée. De la même
manière, des objectifs pertinents pour le Sénégal ont été sélectionnés.
- Lors d’une troisième réunion, les critères et les objectifs choisis ont été croisés
avec les caractéristiques des trente-trois sites identifiés. Cet exercice a permis
d’éliminer plusieurs sites et de ne retenir que onze.
- Le WWF, mandaté par les autres parties prenantes, a rendu visite au Ministre de
l’Environnement pour lui rendre compte des résultats des trois réunions. Le
Ministre a donné son accord pour la création des Aires Marines Protégées et a écrit
au Directeur des Parcs Nationaux pour lui demander d’appuyer très fortement
l’initiative de création d’Aires Marines Protégées. Ce soutien politique a été
déterminant dans le succès de l’initiative.
- Il a été demandé à un sociologue, assisté d’un biologiste et d’un économiste du
CRODT, de traduire les critères retenus en un questionnaire permettant de
recueillir les informations sur le terrain notamment au niveau des onze sites
présélectionnés.
- Des équipes, constituées chacune d’un biologiste, d’un sociologue et d’un agent de
l’administration, ont été envoyées sur le terrain pour recueillir les informations
relatives aux critères de sélection. La collecte des informations s’est faite lors de
réunions regroupant des représentants de tous les acteurs du site mais également en
consultant la bibliographie et en discutant avec les experts en science de la nature
(biologiste, environnementaliste, océanographe, écologiste etc.) et en science
humaine (socio-économiste…).
- Une fois les informations recueillies, une réunion regroupant des représentants des
structures (citées en dessus) travaillant sur la zone marine et côtière du Sénégal a
été organisée pour faire le choix définitif des sites. Un tableau à deux entrées
(critères cruciaux et sites) a été construit. Pour chaque critère, en tenant compte des
16
informations recueillies, il était demandé aux experts qui ont effectué les travaux
de terrain de donner une note allant de 0 à 5. Le total de tous les points a été
calculé pour chaque site. Les quatre sites qui avaient le plus grand score ont été
choisis. Il s’agit de Saint-Louis, Kayar, Joal-Fadiouth et Abéné.
KL AB FA ND MB JL MD LC LT KA SL
Importance économique 3 4 3 1 5 4 3 3 3 5 4
nationale/internationale
Maintien des méthodes 2 4 2 2 1 4 3 4 0 4 3
traditionnelles
d’exploitation ressources
Existences 2 3 3 0 4 4 2 4 1 5 4
d’organisations locales
Valeur culturelle 5 4 2 5 2 5 2 1 1 3 4
Valeur éducative 4 4 2 4 4 4 2 5 2 5 4
Appui des populations 2 4 4 3 3 5 3 5 4 5 5
locales
Appui des autorités 5 4 5 4 4 5 4 5 3 5 5
Compatibilité avec les 5 4 3 5 2 5 5 5 4 5 3
systèmes d’exploitation
en place
Importance écologique 5 4 4 3 4 4 4 4 2 5 4
nationale/internationale/
mondial
Présence d’habitats 4 3 3 2 5 5 5 3 4 5 3
vulnérables
Présence d’espèces ou de 4 4 4 3 3 4 4 3 2 5 4
populations d’intérêt
particulier
Importance dans le 4 4 4 2 4 5 4 3 3 5 5
fonctionnement et le lien
des écosystèmes
Total score 45 46 39 34 41 54 41 45 29 57 48
Rang 5 4 9 10 7e 2 7 5e 11 1 3
ex x ex x
Source : WWF(2005)
17
- Une fois les sites sélectionnés, des missions de terrain ont été organisées par la
DPN pour informer les populations des sites choisis et leur demander de confirmer
leur volonté de créer des AMP.
- A Saint-Louis, les organisations professionnelles (Section locale du CNPS,
Mouvement des Jeunes Pêcheurs de Saint-Louis (MJP/SL), Union des Pêcheurs
Artisanaux de Guet-Ndar (UPAG), Section locale du Syndicat National des
Pêcheurs Maritimes du Sénégal (SNPMS) et de la FENAGIE pêche, GIE des quais
de pêche de Saint-Louis, Association des femmes transformatrices de Saint-Louis
etc.), l’Administration des pêches, la DPN, les autorités coutumières et
administratives, ONGs, Recherche, et Collectivités locales ( Conseil Régional et
Municipal de Saint-Louis, Conseil Rural de Gandon) ont sur l’initiative de la DPN
appuyée par le WWF, tenu une réunion pour confirmer leur adhésion au projet de
création sur la partie de l’océan atlantique qui fait face à Saint-Louis.
Le processus ainsi décrit traduit la volonté des autorités à appliquer une approche
globalement participative. Cependant, il y a fort à parier qu’en organisant de telles rencontres
(pour mettre tout le monde autour de la même table) on ne favorise pas l’expression de ceux
qui sont socialement les moins favorisés (les populations à la base). Cette démarche n’aide
pas les professionnels de la pêche (ceux qui vont en mer et tirent sur le filet …) à construire et
à exprimer leur point de vue qui est fondamental pour la viabilité des AMP. Nous pensons
que des diagnostics participatifs préalablement menés dans les régions de pêche situées sur le
littoral, auraient eu plus de chance de faire participer les populations. Cela aurait permis de
mieux appréhender les préoccupations des populations, pour en tenir compte dans la prise des
décisions. D’après DARRE, JP8 (2006): « il ne peut y avoir un partage réel de l’initiative sans
accord explicite sur le but poursuivi »
8 Jean-Pierre DARRE, 1986 : Aider les producteurs à résoudre leurs problèmes / Documents de cours :
formation master ADR-CNEARC . 115p
18
espèces démersales côtières) est quasi permanente, donc, il serait potentiellement
propice à la fréquentation des espèces fonds.
- Ensuite le site est non juxtaposé aux quartiers pêcheurs et englobe la brèche
devenue le passage le plus emprunté par les pirogues pour éviter la barre au niveau
de Saint-Louis. Il fallait mettre l’AMP aussi loin au sud de Guet-Ndar sans
empiéter sur la région de Louga pour éviter aux pêcheurs un accès difficile à la
mer dans l’espace bordant les habitations. Qui plus est, la marge de manœuvre est
limitée côté nord par la proximité de la frontière avec la Mauritanie (2à 3km au
nord de Guet Ndar).
- Enfin, il restait à raisonner la taille, et définir une superficie dont la surveillance ne
présenterait pas de contraintes difficiles à lever en termes de moyens matériels et
de ressources humaines à mobiliser. L’AMP de Saint-Louis est tout de même avec
ces 496 Km2 la plus grande de toutes celles créées au Sénégal. En effet selon P S
DIOUF9 , les pêcheurs de Saint-Louis recherchent des moyens pour lutter contre la
concurrence des chalutiers qui violent leur espace de pêche et l’AMP leur semble
être un frein supplémentaire à leur intrusion. C’est pour cette raison qu’ils ont la
plus grande AMP.
19
Mobilisation des acteurs
(Association et groupement
de pêcheurs) ONGs (WWF,
Wetlands International,
État (DPN, DPM)
2.1.2 Océanium, UICN) et
Recherche
Maître d’ouvrage (CRODT, UCAD…)
Collectivités
2003
locales (commune
Initiative de création et conseil Régional)
d’AMP
Pilotage
Pilotage
Enquêtes Expertise
exploratoires conservation
Définition
Choix des sites d’AMP des critères
de choix
Information,
sensibilisation Validation
Comité de
Élaboration de Plan gestion
2007-2008 d’Aménagement et de Gestion
Accompagnement
Indicateurs de
du plan de gestion
suivi d’efficacité
20
2.2 CADRE LÉGAL NATIONAL : LES INSTRUMENTS JURIDIQUES APPLICABLES
SENAGROSOL-CONSULT (2007) dans son rapport bilan diagnostic réalisé sur l’AMP
de kayar10 est amplement revenu sur les lois, décrets et arrêtés relatifs à la gestion du milieu
marin au Sénégal. Pour analyser l’environnement juridique dans lequel s’insère l’AMP de
Saint-Louis nous nous intéressons particulièrement ici au régime juridique du Domaine Public
Maritime et au régime juridique de la pêche maritime
21
son équipe et la DPSP à travers l’agent de Service Régional des Pêches et de la Surveillance
Maritime (SRPSM) membres du Comité de Gestion.
Les ministères chargés de l’environnement et de la pêche définissent les grandes
orientations du processus sur la base des politiques nationales en matière de conservation de
l’environnement et de développement socioéconomique. Ils ont également autorité à décider
au final, de l’adoption ou non des mesures préconisées à l’issue dudit processus, SARR O
(2005). Pour la mise en œuvre de l’AMP de Saint-Louis, ces institutions collaborent avec le
WWF WAMER qui apporte un appui technique et financier grâce à son Programme Aire
Marine Protégée. Cela implique également une bonne implication communautaire
22
2.3.1.2 Le comité de gestion
Le Comité de Gestion est l’organe exécutif du système et la principale instance de
décision de l’AMP. C’est en son sein que sont débattues et “affinées’’ les questions
importantes inhérentes au processus de gestion participative de l’AMP, comme la
surveillance, l’application de sanctions… C’est aussi cet organe qui analyse les propositions
d’initiatives de développement durable associées au processus de cogestion qui seront
soumises à l’AG. Pour cela, c’est à ce niveau que doit être réalisé le plus gros investissement
afin de renforcer les capacités de ses membres, afin de garantir la pérennité du système.
Le Comité de Gestion travaille en association avec tous les acteurs présents dans
l’AMP. Il crée les conditions de la démarche intégrée en constituant un lieu d’échange,
d’information et de réflexion sur les problématiques de l’AMP et l’évolution de
l’environnement marin.
Entre autres compétences le CG a mandat :
- Réalisation du zonage participatif de l’AMP
- Définition des engins de pêche devant être utilisés dans l’AMP
- Gestion des conflits entre les différents groupes socioprofessionnels
- Élaboration, adoption et application du règlement intérieur consensuel fixant les
conditions d’accès aux ressources
- Responsable de la gestion quotidienne de l’AMP
- Évaluation de l’efficacité des mesures de gestion proposées
- Approbation et suivi des contrats de gestion entre les différentes parties prenantes
et les services de conservation
- Élaboration du Plan de Travail Annuel (PTA)
Pour le traitement sectoriel de toutes ces questions, l’AMP s’est dotée de manière
consensuelle d’un bureau exécutif et de commissions techniques réparties comme suit : un
comité de règlement des conflits, un comité de surveillance et un comité de communication.
2.3.1.2.1 Le fonctionnement
Le Comité de Gestion tient une session bimestrielle au cours de laquelle il évalue les
activités du bureau et planifie les activités du bimestre suivant. Son quorum est constitué par
la majorité de ses membres et les décisions sont prises dans la mesure du possible, par
consensus. Faute de consensus, les décisions doivent être prises à la majorité des membres
présents. Il peut aussi se réunir en session extraordinaire sur convocation de son bureau ou par
les 2/3 des membres de droit. Sont représentés dans le comité de gestion les parties prenantes
qui sont impliqués directement dans la gestion et l’exploitation des ressources de l’AMP. Le
Président du Comité de Gestion en rapport avec le conservateur peut inviter toute personne en
raison de ses compétences ou de toute autre utilité pour le Comité de Gestion de l’AMP à
participer à titre d’observateur.
2.3.1.2.2 Le bureau
Il est l’aboutissement d’un processus de concertation et de dialogue amorcé, pendant
une longue période, par les gestionnaires de l’AMP et les différentes parties prenantes avec
l’appui du WWF WAMER.
Il a deux principales missions : l’exécution des décisions et résolutions du Comité de
Gestion et la supervision des activités des différentes commissions
23
Le bureau est composé d’un Président, d’un Vice- Président, d’un Secrétaire général,
d’un trésorier et d’un commissaire aux comptes (comptable de l’AMP.
L’élection du bureau se fait au cours de la session ordinaire du Comité de Gestion, et il
a un mandat d’un an renouvelable. Ses membres sont élus parmi les représentants des parties
prenantes directes de l’AMP par consensus d’abord ou par scrutin. Il se réunit sur convocation
de son Président ou sur la demande de la moitié de ses membres suivant un ordre du jour
prédéfini. Il bureau peut délibérer en présence de la moitié de ses membres et les décisions
sont prises à la majorité simple des membres présents et votants.
Le fonctionnement du bureau va être assuré par un fonds de roulements (Fonds
d’Appui et de Promotion) de l’AMP. Ce fonds doit être alimenté par les activités
génératrices de revenus, les dons, les legs et les subventions. Il est géré par le bureau du
Comité de Gestion sous le contrôle du conservateur.
24
Figure 5. Processus Institutionnel de gestion participative
Ministère chargé de
l’Environnement
Direction des
Parcs Nationaux
Comité de Gestion
. Organisation de base
. Notabilité locales
. Organismes socioprofessionnelles
. Services techniques de l’État
25
26
3 LA DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE
Le thème de cette étude a été proposé par le WWF-WAMER dans le cadre de son
Programme Aires Marines Protégées. Le travail réalisé est une contribution à l’élaboration
d’un Plan d’Aménagement et de Gestion de l’Aire Marine Protégée de Saint-Louis. En effet,
le Plan de Gestion est une étape décisive dans le processus de mise en œuvre de mise en
œuvre des AMP.
27
- Définir les activités qui concilient conservation des ressources marines et
amélioration des conditions de vie (financières, environnementales…) des
populations susceptibles d’êtres menées dans l’AMP.et faire des propositions de
mesures à prendre pour une gestion participative de l’AMP
3.6 LA DÉMARCHE
Dans la logique de ce qui précède, le travail que nous avons réalisé et présenté dans ce
document ne prétend pas produire un plan de gestion. Celui-ci pour être partagé et accepté par
28
le plus grand nombre devrait être le travail de réflexion et d’élaboration participative sans
doute appuyé par des experts mais où les professionnels auront toute leur place. Il s’agit donc
d’une contribution pour d’une part mieux connaître les parties prenantes de cette AMP et
cerner leurs préoccupations au sujet de la pêche et des menaces écologiques et d’autre part
comprendre comment s’imbriquent l’environnement naturel et les activités humaines pour
former un « éco-sociosystéme », Barrusseau P et al (1997) pour proposer les moyens
d’asseoir un dispositif concerté de gestion participative. Pour cela, nous procéderons à
l’identification des principaux acteurs concernés par l’AMP de Saint-Louis, au recueil des
points de vue des uns et des autres, à l’analyse des modes d’exploitation des ressources
présentes dans l’AMP (notamment les activités les plus destructrices de la ressource et du
milieu), à l’identification des facteurs de risques écologiques après avoir décrit les principales
composantes du milieu biophysique.
Pour cela, nous nous sommes focalisés sur Guet-Ndar, entretenus avec les pêcheurs
locaux, mais aussi avec des personnes ressources pour rassembler et analyser les données
descriptives. Les informations qui en résultent ne constituent pas seulement des indicateurs
quantitatifs sur la situation présente mais donnent aussi des pistes de réflexion sur les mesures
de conservation à considérer dans le futur plan de gestion
La méthodologie de travail est basée sur des entretiens avec les acteurs de l’AMP de
Saint-Louis. Ils sont complétés par une recherche documentaire. L’étude ainsi réalisée peut
être subdivisée en trois grandes phases.
29
Nous avons au cours de cette phase produit un projet de mémoire que nous avons
présenté devant un Jury avant de nous rendre sur le terrain. Cette pré-soutenance nous a
permis d’affiner la problématique et le contexte de l’étude, de formuler les premières
hypothèses de travail et d’arrêter une méthodologie.
30
Saint-Louis, le reste étant constitué de personne ressource plus ou moins impliquées dans le
processus de mise en place de l’AMP.
A Guet-Ndar, la constitution de l’échantillon s’est faite dans les premiers jours de notre
arrivée sur la zone d’étude. Le choix des informateurs est raisonné sur la base de critères
visant à la plus grande « représentativité » des pêcheurs de Saint-Louis. Ainsi, nous avons
tenu à réaliser des entretiens dans tous les « mbars ». Les pêcheurs en activité sont
généralement âgés de 20 à 40 ans. Nous n’avons pas rencontré de pêcheurs de moins de 15
ans. L’institution familiale pèse sur le jeune pêcheur qui n’a pas droit à la parole. S’il est
invité à parler, il préfère se référer à son aîné, à celui qui prend des décisions dans
l’organisation sociale du travail et dans la vie sociale. Ce sont les aînés des pêcheurs
(généralement les capitaines de pirogue) et les pêcheurs en retraite active (pères de famille qui
ne vont plus en mer pratiquement et qui ont pu installer leurs enfants en assurant la direction
du travail) qui se prêtent volontiers aux entretiens. Certains « pêcheurs ouvriers », actifs
répondent favorablement à l’entretien même s’ils allèguent un manque de temps et une
surcharge de travail qu’on leur cause. Nous avons également enquêté tous les présidents
d’organisations socioprofessionnelles de Guet-Ndar de même que les autorités administratives
et coutumières du quartier (chefs de quartier et personnes âgées)
Nous nous sommes aussi entretenus avec quelques chefs de services régionaux (pêche,
hydraulique, capitainerie du port), des techniciens des pêches, et des chercheurs de
l’Université de Saint-Louis. Nous avons tout au long de ce stage travaillé et collaboré avec le
représentant local du CRODT et un ancien responsable de la SAED qui a été dés le départ
impliqué dans le processus.
3.6.4.2 Recueil d’informations dans la zone d’études
Pour mener cette étude, nous avons mis en pratique sur le terrain une approche qui nous
a été enseignée aux CNEARC à savoir l’approche système. Jouve (1997) définit le système
comme «un ensemble d’éléments liés entre eux par des relations lui conférant une
organisation en vue de remplir certaines fonctions». Ensuite, un système étant constitué
d'éléments en interaction dynamique, l'étude de son fonctionnement s’appuie sur l'analyse des
relations entre ses différents éléments et celles qui le lient à son environnement. Il s’agit ici
donc de l’analyse systémique qui permet une vision globale d’une situation et dont les outils
permettent de valoriser les "DIRES" et les PRATIQUES des différents acteurs comme le
révèlent les théories sociologiques de RUAULT, C11 (2006) et DARRE JP (2006) qui
permettent de comprendre que les pratiques sont associées à des perceptions, que la notion de
point de vue est fondamentale dans une perspective de construction concertée et de conduite
d’actions collectives. Cette démarche nous a permis de croiser les différents regards sur les
pratiques afin de les décrire, de voir les modalités de leur exécution et de les évaluer car elles
sont indissociables des conceptions et des diversités des acteurs. C’est dire que comprendre
les pratiques des usagers, et leur position par rapport à l’AMP (les facteurs qu’ils associent à
la dégradation du milieu marin, leur point de vue sur la mise en œuvre de l’Aire Marine…),
c’est comprendre le sens qu’ils donnent à cet outil de gestion.
Le recueil d’information s’est fait principalement sur le mode d’entretiens semi-directifs
et sur la base d’un guide d’entretien élaboré à Montpellier, modifié et adapté au cours des
31
enquêtes tout au long du stage. Les enquêtes se sont étendues sur une période de 5 mois et se
sont déroulées dans le quartier pêcheur de Guet-Ndar
3.6.4.3 Analyse du milieu
Cette partie est essentiellement bibliographique et repose sur des travaux effectués
surtout au CRODT et à la DNPM. L’espace maritime de Saint-Louis a fait l’objet d’études qui
pour les volets hydrodynamiques, hydrologiques et conditions météorologiques ont donné lieu
à des synthèses que nous reprendrons en essayant à chaque fois que nous le pouvons
d’apporter des éléments nouveaux et d’insister sur la zone abritant l’AMP
Des enquêtes qualitatives ont ensuite été réalisées auprès des pêcheurs autochtones pour
compléter et approfondir les informations recueillies à l’aide de la bibliographie et auprès
d’océanographes. Nous avons également exploité des cartes sédimentaires, bathymétriques,
circulation des courants etc.
Cette phase s’est déroulée sur deux semaines et a abouti à la description des
caractéristiques physiques de l’AMP.
3.6.4.4 Analyse des ressources biologiques et des modes
d’usages : des enquêtes qualitatives
Nous avons assisté au débarquement des pirogues, observé toutes les espèces capturées
en prenant des photos, pour les identifier en nous entretenant avec les pêcheurs. Ces enquêtes
ont visé d’abord à connaître les appellations vernaculaires, pour toutes les espèces
débarquées. Avec les noms vernaculaires, les noms scientifiques sont facilement déterminés
grâce à des enquêtes spécifiques auprès des techniciens du service régional des pêches. .Ainsi
nous avons cherché à connaître les caractéristiques intrinsèques de chaque espèce en terme
d’habitat, de reproduction, nursery, d’effectif et de dynamique des populations (flux et
période migratoire, abondance, rareté…). Cette étape nous a ainsi permis de faire un premier
inventaire de la diversité biologique.
En effet, il est fondamental de connaître avec le plus d’exactitude possible, le contenu
de l’AMP en terme de diversité d’espèces et d’habitats et, car il est essentiel que les
gestionnaires connaissent ce qu’ils gèrent et surtout les menaces qui pèsent sur les ressources.
Ces enquêtes ont aussi concerné les espèces non exploitées. La gestion des ressources
ne se limitent pas aux seules ressources exploitées et mises à terre par les pêcheurs. Il y’a
certainement plusieurs autres espèces dans les pêcheries qui ont un rôle écologique aussi
important que n’importe quelle autre exploitée, dans le cadre du maintien des équilibres
naturels qui déterminent la productivité et la vitalité des habitats.
Parallèlement, cette phase d’identification, des recherches sur les populations de
pêcheurs (identification des quartiers de pêcheurs, groupes ethniques, statut social etc.) ont été
réalisées. Ce qui permet de mieux raisonner l’échantillonnage et les critères (types d’engins,
groupe ethnique, niveau de vie, âge…)
Cette étape a abouti à une typologie des usagers des ressources de l’AMP
32
3.6.4.5 Analyse du milieu humain
Cette phase a pour but d’étudier les modes d’exploitation et d’analyser les facteurs
anthropiques qui ont un impact sur les ressources dans l’espace constitutif de l’AMP. Il s’agit
essentiellement de la pêche. Elle s’est déroulée en plusieurs étapes.
Des enquêtes qualitatives essentiellement
Nous avons cherché à connaître pour chaque catégorie de pêcheurs les différentes
espèces capturées, l’évolution des volumes dans le temps, les espèces qui ont disparu, celles
qui sont menacées de disparition et celles qui au contraire prolifèrent pour avoir une idée des
menaces que représentent un type de pêche. Cela permet de faire une première évaluation de
l’état des ressources (dégradation ou amélioration) et de mesurer l’importance de l’AMP
Nous avons aussi cherché à connaître les règles locales d’autorégulation ancienne et
actuelle des prélèvements opérés sur la ressource pour voir s’il est possible de s’y appuyer
pour définir des mesures de gestion de l’AMP. Nous nous sommes intéressés aux
réglementations en vigueur dans le secteur de la pêche (code de la pêche…) pour apprécier
leur niveau de connaissance et d’application par les populations. Sont-ils associés aux prises
de décision en matière d’aménagement et de gestion de leur espace de travail? Enfin nous leur
avons demandé de nous préciser les contraintes auxquelles ils font face, nous donner leur
opinion sur la création de l’AMP, nous formuler des propositions de gestion participative de
cet espace.
Parallèlement à cette phase, des acteurs institutionnels ont été identifiés (services
techniques, ONG et bailleurs) et leur avis a été recueilli d’abord sur l’évolution du secteur de
la pêche à Saint-Louis, ensuite, sur les modes d’exploitation des ressources marines et leurs
impacts sur l’écosystème, et enfin sur la perception qu’ils ont de l’AMP et des règles de
gestion à proposer.
33
matières de pêches etc.). Même s’il est intéressant que l’informateur donne des avis et des
opinons spontanés sur ces sujets, cela perturbe souvent le fil conducteur prévu au départ.
La disponibilité des pêcheurs liée aux exigences de leur activité a beaucoup ralenti le
rythme auquel nous souhaitions réaliser les entretiens. Nous avons souvent été obligés de
caler les entretiens dans un intervalle de temps de 5 heures par jour (entre 13h et 18h), les
pêcheurs étant en mer ou sur les points de vente le reste du temps. Il faut se rendre compte
que les pêcheurs exercent un métier et qu’ils ont autre chose à faire que de répondre à des
questions qui leur semblent parfois pléthoriques, difficiles et gênantes.
Malgré ces difficultés, le stage a eu un aspect globalement positif, ne serait ce que par le
simple fait d’avoir à les affronter.
34
PARTIE II : INFORMATIONS
GÉNÉRALES SUR LA ZONE
35
36
4 PÊCHE ARTISANALE A SAINT-LOUIS, UNE ACTIVITÉ
TRÈS ANCIENNE QUI A CONNU BIEN DES ÉVOLUTIONS
Saint-Louis, est sur l’emplacement d’une ancienne lagune transformée en estuaire
lorsque le fleuve fut attiré vers le sud après que le niveau de la mer fut abaissé au néolithique
jusqu’au 0 actuel (BRIGAUD et VAST 1987).
La pêche à St-louis est très ancienne. Au début du siècle AGRUVEL décrivait ses
activités en ces termes « déjà en face de Guet Ndar et à environ 4 miles au large, par 35 à 20
mètres de profondeur on trouve des plateaux rocheux sur lesquels les pêcheurs se rendent par
beau temps et où ils pêchent en très grande quantité parfois les grandes dorades et les énormes
fausses morues » (KANE 1985).
Les wolofs de Guet Ndar (Saint-Louis) forment
avec les Lébous du Cap et les Nyominka des îles du
Saloum, les trois communautés de pêcheurs les plus
importantes du Sénégal (M, KEBE, 1986). Aussi,
dans cette étude nous allons surtout nous intéresser à
Guet-Ndar. Guet Ndar, le quartier principal des
pêcheurs est situé sur la Langue de Barbarie et est
symétrique par rapport au quartier sud de l’île. La
langue de barbarie est un cordon littoral large en
moyenne de 200 mètres qui sépare le petit bras du
fleuve Sénégal de l’océan atlantique. Les quartiers de
la Langue de Barbarie, Guet Ndar et Ndar Toutt font
partie des quartiers les plus anciens de St-louis.
Guet Ndar est devenu le premier centre actif de
pêche à Saint-Louis, même si tous les quartiers et
villages de la Langue de Barbarie sont pêcheurs de
tradition. Certains se basant sur ce fait, disent que
Guet Ndar est dérivé de « guetti », terminologie
wolof qui veut dire « aller à la pêche à la ligne ».
D’autres, étant donné la proximité de l’océan,
prétendent que ce nom vient de « gueth » qui veut
dire « Mer ». Mais il est sans doute vraisemblable, et
c’est l’opinion la plus répandue chez les Guet-
Ndariens, que le nom de leur quartier vient du wolof
« guett » qui veut dire « parc à bétails». C’était là en
effet que les Maures parquaient leurs animaux
(chameaux, vaches, ânes…) et les habitants des
autres quartiers s’y rendaient pour acheter du lait.
Quoiqu’il en soit Guet Ndar reste un quartier formé
exclusivement de pêcheurs.
Figure 6. Vue aérienne de la Langue de
Barbarie (source : Google earth)
37
4.1 ÉVOLUTION DES ACTIVITÉS DE PÊCHE
4.1.1 Des origines à la moitié du 20ème siècle
La pêche est une activité très ancienne à Guet-Ndar. Déjà au 16e siècle, la population se
livrait à la pêche fluviale à l’aide de pirogues rudimentaire (simple tronc d’arbre creusé à
l’intérieur et propulsé à l’aide d’une pagaie) avant leur fixation définitive à Guet Ndar. Puis,
le contact avec la navigation européenne par le commerce et la colonisation ont été à l’origine
de diverses mutations techniques telles que l’utilisation de la voile ou le renforcement des
pirogues par des bordées en planche, A Le SANN et Al (1986). Le poisson fait l’objet au 16e
siècle d’un troc entre ces populations et les maures qui donnent en contre partie des dattes et
du sel, Y FALL (2003). La pêche est associée à la cueillette périodique de coquillage
(l’espace étant trop exigu pour se prêter à l’agriculture).
Le commerce et la navigation exigeaient, le contrôle des voies de communication avec
la fondation de Saint-Louis12. La surveillance de la barre fut confiée aux habitants de Guet-
Ndar. Le passage de la barre de même que la pêche, le transport et la navigation sur le fleuve,
les dotèrent d’une bonne maîtrise de la navigation et représentaient pour eux autant de sources
de revenus, KANE, M L (1985).
L’abondance du poisson dans le fleuve, la difficulté de franchir la barre et, la
saisonnalité de la pêche en mer, n’incitaient pas les pêcheurs à entreprendre, la pêche sur
l’océan.
Dans un souci de sauvegarder les ressources du fleuve, l’administration coloniale allait
vers la fin du 18ème siècle imposer une série de restrictions à la fois sur le maillage (sennes de
plage) et sur l’espace de pêche sur le fleuve A SENE (1985). Il y a eu, parallèlement une
régression du commerce suite à la crise de la gomme arabique en 1850 (ATHE, 1991)
marchandise exclusive d’exportation à l’époque et une forte réduction du trafic fluvial. Cette
crise résulte des progrès de synthèse chimique de produits de substitution de la gomme en
Europe, entraînant une diminution des activités de transport et de navigation sur le fleuve.
Cette nouvelle donne a eu comme corollaire, la dégradation des revenus des pêcheurs,
victimes de la législation coloniale (interdiction partielle de pêcher dans le fleuve) et de la
crise qui affecte le commerce européen et donc le transport sur le fleuve. Les pêcheurs
fluviaux vont donc s’orienter peu à peu vers la mer à partir du 19e siècle malgré les risques
qu’ils encourent. Selon A. SENE (1985), cité par I. ATHE (1991), au niveau de Guet-Ndar,
l’orientation vers la mer relève plus d’un choix socioéconomique forcé, que d’une simple
activité traditionnelle.
Par ailleurs, les difficultés de sortie en mer, l’immobilisation prolongée des
embarcations par suite de mauvais temps, la durée courte des campagnes de pêche avec des
sorties souvent pauvres, sont des contraintes majeures à la survie des populations dont
l’activité était réduite à la pêche.
12 Saint-Louis, baptisée en hommage au Roi de France, Louis IX, sous la régence de Louis XIV, a été fondée en
1659 par Louis Caullier. Déjà en 1638, les Français étaient présents à Saint-Louis
(www.saintlouisdusenegal.com)
38
4.1.2 De 1950 à nos jours
La principale alternative qui s’est offerte à l’époque aux pêcheurs est l’émigration vers
les centres de pêches aux conditions naturelles moins hostiles avec des débouchés
commerciaux plus importants. Les migrants s’installent d’abord à Kayar, ensuite vers le sud
avant de sillonner toute l’Afrique Occidentale Française. A la fin des années 50, 3000 des
5000 pêcheurs que compte le faubourg partent en migration loin de Saint-Louis pendant
plusieurs mois chaque année, Bernadel (1985) cité par Athe (1985)
Depuis presqu’un demi siècle, Saint-Louis connaît un déclin très sensible, résultant du
transfert de la capitale et du manque d’infrastructures modernes. La plupart des jeunes qui
arrivent sur le marché du travail sont contraints à l’émigration vers Dakar. Seuls les quartiers
de pêcheurs de la Langue de Barbarie sont épargnés par ce déclin de l’ancienne métropole.
Très tôt les jeunes sont initiés à la pêche qui va plus tard leur procurer l’essentiel de leurs
revenus. Les migrations qu’on y enregistre donc sont alors de toute autre nature. Elles
résultent de l’organisation de la pêche. Elles sont saisonnières, pas définitives.
Au plan national, la pêche artisanale a connu bien des évolutions depuis les années 50.
Au début des années 50, quelques industriels privés de transformation des produits de la mer
ont essayé avec beaucoup de difficultés de s’implanter au Sénégal, fondant leurs espoirs sur la
seule production artisanale, KANE, M.L (1985). A cette époque, les pêcheurs artisanaux
pêchaient peu au regard de la demande (capacité de traitement) des industries privées de
transformation. Ils pêchaient surtout avec modération pour l’autoconsommation,
l’approvisionnement en frais du marché local et ne raisonnaient pas leurs pratiques pour livrer
de grosses quantités à l’industrie à une période où celle-ci a besoin d’une production en
quantité et d’une régularité des apports pour atteindre sa capacité optimale de production. Il
fallait donc inciter les pêcheurs à intensifier leurs efforts de pêche et à accroître les captures
au risque de modifier les équilibres des populations halieutiques, sans se soucier du fait que
cela pouvait déboucher sur la baisse de productivité du milieu marin.
Un projet de « modernisation de la pêche » est engagé par les services des pêches en
1951 (Service Technique des Pêches créé en 1951 au sein du service de l’élevage). Son
premier objectif est la motorisation des pirogues. Il faut augmenter les captures, produire
davantage afin d’augmenter le rendement des industries de la pêche dont l’approvisionnement
est en deçà des capacités. C’est ainsi que des moteurs sont proposés aux pêcheurs des points
traditionnels de grande pêche (Guet Ndar, Cayar, Mbour, Joal) à crédit voire subventionnés.
Il faut souligner qu’à cette époque, le Sénégal est encore une colonie et que la métropole, la
France est en reconstruction au sortir de la 2ème guerre mondiale. C’est la période de
l’intensification et de l’augmentation de la production sans se préoccuper des conséquences
bioécologiques à long terme (les ressources de la mer paraissaient alors inépuisables). En effet
cet élan de motorisation a connu son apogée dans les années 70 avec la mise en œuvre d’une
politique nationale de diffusion du moteur hors bord dans le secteur de la pêche artisanale
sénégalaise. C’est ainsi qu’en 1972, fut créé un service dénommé « Centre d’Assistance à la
Motorisation des Pirogues » (CAMP) dont une des missions était de promouvoir à l’échelle
nationale la motorisation de la pêche artisanale. Cette mission a elle-même été facilitée au niveau
national par la diffusion et l’adoption très large en 1973 et 1974 de la pêche à la senne tournante
et coulissante dont la pratique nécessite l’usage de pirogues motorisées de grande taille Chauveau
et Samba(1989) Laloë et Samba (1990) cités par O. SARR (1985).
A Saint-Louis, l’introduction de moteur hors-bord à date de 1952. C’est un moteur de 7
cv qu’un Français du nom de Jacques ARNOUX, directeur de l’océanographie à l’époque a
39
voulu tester. Par la suite, une compagnie française (Nosoco (nouvelle société de
commercialisation)) s’est chargée de la commercialisation.
Des coopératives vont prendre le relais de Nosoco dans la distribution, alors que les
pêcheurs ont commencé à montrer un intérêt manifeste pour les moteurs. C’est le cas de la
Coopmer (Coopérative d’apport et de distribution des produits de la mer) formée en 1952 par
un groupe de pêcheurs constitué par des anciens combattants de la guerre de 39- 45.
En somme, les travailleurs de la mer sont dans un processus de modernisation de
l’armement en dépit du poids des traditions qui s’effritent d’ailleurs au contact des lois de
l’économie marchande dans laquelle se sont insérés les pêcheurs de Guet Ndar. Aujourd’hui
on est en présence d’un parc piroguier presque entièrement motorisé.
La disparition de la plupart des coopératives (actuellement, une seule coopérative active
a été recensée au niveau de Guet Ndar), suite à une mauvaise gestion traduit le manque
d’organisation des pêcheurs et rend l’accès au crédit équipement de plus en plus difficile. Ce
manque d’organisation touche également le secteur de la commercialisation des produits de la
pêche, ce qui laisse les pêcheurs tributaires des lois du marché.
40
de subsistance, la pêche devient progressivement une activité lucrative à caractère
commercial.
Les changements, s’observent aussi dans le mode de répartition du gain. Alors que dans
la production communautaire, la notion de part est ignorée (les besoins du pêcheur sont pris
en charge par la communauté, à laquelle il appartient) dans la production marchande, la
répartition à la part impose la valorisation du produit sur le marché avant toute rémunération
du travail. Donc des rapports marchands semblent s’intégrer dans les relations familiales. Le
fonctionnement domestique et autonome du travail par l’encadrement familial, perd
consistance à mesure que la production est noyée dans la logique du marché. Cependant, les
changements qui s’opèrent dans les rapports économiques ne sont pas aussi spectaculaires au
niveau des relations sociales.
Les lois dans la structure sociale, la hiérarchie des pouvoirs dans la famille, restent
presque identiques dans la production marchande. Les rapports familiaux relèvent toujours
des relations d’aîné à cadet propre à la logique de la communauté domestique.
Selon ATHE (1991), les rapports de travail fondés sur les liens d’aîné à cadet sont les
seuls susceptibles de permettre la poursuite d’une activité familiale orientée vers une
production de marché dans le contexte actuel de la pêche piroguière. La rentabilité
économique de la pêche piroguière, fut-elle une économie de marché, suppose souvent
l’appropriation du travail des enfants par le chef de famille.
Les pêcheurs appartiennent à un équipage composé de frères, souvent de proches
parents. Ils vivent dans une situation d’interdépendance et assurent tous les besoins en
commun. De ce fait, les risques d’éclatement sont minimes d’autant que celui qui a la
prétention de se séparer du groupe doit, de toute façon, soit s’intégrer dans un autre groupe,
soit en créer un lui-même.
L’oncle maternel et la sœur du pêcheur étant exclus du cercle familial restreint, l’épouse
a acquis une position privilégiée. Grâce à son pouvoir économique, résultant des activités de
transformation et de commerce, elle participe à la couverture des dépenses vestimentaires et
alimentaires du ménage.
Si la famille organise de manière autonome, les systèmes de production de pêche à la
ligne et aux filets dormants, elle est de plus en plus secondée dans sa tâche pour ce qui est de
la senne tournante par une armée de travailleurs sans moyens de production, employés en
dehors de leur cadre familial et rémunérés à la part.
En somme, la structure familiale a connu des modifications, en s’adaptant aux
changements qui se sont opérés, dans l’économie de la pêche, la famille et même si elle ne
fonctionne plus avec les mêmes règles, elle reste néanmoins, la base sociale d’organisation de
la pêche piroguière.
41
des pêcheurs artisanaux de Guet-Ndar, le GIE des micromareyeuses des femmes de Guet-
Ndar et le GIE des quais de pêche.
Quatre parmi ces dix associations ont participé activement au processus d’implantation
de l’AMP et ont des membres dans le CG (le SNPMS, le CNPS, l’AJPGN et le
MECROPAS).
4.2.1.1 Le Syndicat national des pêcheurs marins du Sénégal
(SNPMS)
L’objectif de cette association est la défense des intérêts des pêcheurs du Sénégal. Elle
compte 1787 membres et a des sections locales dans tous les centres de pêche du Sénégal.
Elle a contribué à la réalisation sur financement de l’UE (avec lequel elle est en partenariat)
de 5 débarcadères sur la grande côte dont deux à Saint-Louis.
4.2.1.2 Le Collectif national des pêcheurs du Sénégal (CNPS)
Son objectif est de préserver l’outil de travail, de renforcer la capacité et de défendre
l’intérêt de ces membres. Elle compte 800 membres. Elle a lancé un projet de création de
fabrique de glace. Elle en réalise deux à Saint-Louis dont les travaux de construction sont en
phase finale.
4.2.1.3 L’Association des jeunes pêcheurs de Guet-Ndar (AJPGN)
Elle a été crées en 2000 par les jeunes pêcheurs de Guet-Ndar et compte 1000 membres.
Elle trois objectifs :
- Diversifier et élargir le rayon d’action des jeunes pêcheurs
- Développer le secteur de la pêche en professionnalisant davantage les acteurs
- Défendre les intérêts moraux et matériels des pêcheurs
Elle bénéficie de l’aide financière de l’ONG Médecins du Monde qui s’appuie sur cette
association pour mener à Guet-Ndar un programme de sensibilisation des jeunes contre
l’émigration clandestine.
L’AMP constitue pour ces associations un cadre fédérateur et un lieu d’harmonisation
des actions, car d’après l’avis des responsables interrogés il n’y’aurait pas, une réelle
coopération entre ces différentes organisations sans cela.
350000
300000
250000
200000
E ffe c tifs
150000
100000
50000
0
1960 1969 1976 1988
1997
2000
2007
An nées 2010
2017
2020
COMMUNE
128 115 546 154 555 162 089 165 038
SAINT-LOUIS 88 587
TOTAL DÉPARTEMENT 879 119 950 212 853 222 922 226 977
199104
Source :SR des Statistiques 2007
43
Source : SR des statistiques
44
longue flèche sableuse fragile et instable, façonnée par le jeu de la dynamique littorale. Son
extrémité détermine la position de l’embouchure du fleuve Sénégal.
Cette flèche littorale de sable fin blanc, qui est le plus récent des cordons littoraux du
front deltaïque est le résultat d’un long processus alternatif d’engraissement et de
démaigrissement de la plage par la dérive littorale. SALL (1983) cité par Kane (2006) y
distingue trois segments :
Un segment proximal, depuis la racine de la flèche à 3 km au nord de Saint-Louis
jusqu’à l’hydrobase. La flèche y présente sa plus grande largeur (300-400 m). Il abrite
du nord au Sud, le quartier de Goxumbax, le quartier de Ndar-Toutt, le quartier Guet
Ndar et le quartier d’hydrobase.
un segment médian, de l’hydrobase à la hauteur de Gandiole. La flèche enregistre ses
hauteurs maximales (7 m), c’est un relief dunaire. Il renferme la nouvelle brèche.
un segment distal, de Gandiole à l’embouchure, où les hauteurs sont faibles
(<à 2 m) et les largeurs minimales (<à 200 m).
Dans le sens transversal, KANE (2006) se basant sur des études antérieures divise le
cordon littoral en trois secteurs :
Un secteur maritime ou rivage externe constitué par l’estran et la plage sous
l’influence de la dynamique marine. Ce secteur se caractérise par une fluidité des
formes morphologiques, dues à l’action du jet de rive. L’estran au niveau de la Langue
de Barbarie a une largeur de 30 à 40m avec une pente de 60%
Un secteur de dunes, (haute plage et dunes vives littorales) sous l’influence du vent.
Les dunes se développent en arrière du rivage externe, d’altitude de près de 5 m. Au
nord de l’hydrobase, les dunes ne dépassent guère 2 m dans le segment distal. Dans
cet ensemble morphologique, on distingue suivant la présence de la végétation : des
dunes vives fixées par les filaos (Casuarina equisetifolia) au nord de Saint-Louis et au
niveau de l’hydrobase, des dunes vives semi-fixées par une végétation xérophile
(Scaevola plumieri, Althernanthera maritima…etc) au niveau du secteur de Gandiole
et enfin des dunes vives nues, sans végétation, au niveau de l’embouchure.
Un secteur fluvial ou rivage interne soumis à l’influence directe des écoulements de la
crue et de la marée océanique.
Au cours du siècle dernier, la flèche littorale de la Langue de Barbarie, qui ne s’est ni
élargie, ni surélevée depuis son origine, a fréquemment migré vers le sud, entraînant dans sa
progression le recul de l’embouchure MONTEILLET, (1981) cité par Kane (2006).
45
Source : Michel 1969 cité par Kane F (2005)
46
Saturé, occupé dans ses moindres
entités, l’espace disponible pour rues et
habitats est très limité puisque dans sa plus
grande largeur le cordon littoral qui porte le
quartier ne dépasse pas 250 mètres. Sur l’axe
nord-sud se greffent onze rues transversales
qui relient la plage à la berge fluviale. Le
plan du faubourg est donc théoriquement
orthogonal mais, l’habitat a envahi les voies
encombrées de pirogues réformées, de bétail
à l’attache, de filets et de linge mis à sécher.
Dans les conditions d’entassement de
la population qui le caractérisent,Guet-Ndar
est non seulement très insalubre, mais il Figure 11. Pirogues dans les rues de Guet-Ndar
étouffe. Faute d’espace, il a pendant
longtemps absorbé l’accroissement de sa
population par densification interne dans chaque concession. Mais depuis 1970 au moins,
celle-ci a atteint ses limites ; il n’y a plus de place disponible dans le quartier. Du côté de la
mer, la plage n’a cessé de rétrécir : sa largeur qui atteignait 150 à 200 mètres en 1856, n’avait
plus qu’une cinquantaine de mètres au début du vingtième siècle et, en 2003 une vingtaine de
mètres seulement (BONNARDEL, 1985). Lors des grandes marées, il arrive que les vagues
partent à l’assaut du quartier, s’engouffrent dans les rues. Bloqué dans son site filiforme de
cordon dunaire et ce, dans toutes les directions, le faubourg s’agrandit difficilement en
hauteur, en raison des traditions des pêcheurs qui s’opposent formellement à ce genre
d’extension, sans compter la faiblesse des moyens financiers et techniques. Le problème de la
déconcentration de Guet Ndar n’ayant pas été jusqu’ici résolu, les concessions restent
pressées les unes contre les autres et surpeuplées.
2
1
Figures 12. Vue de mbars : plage maritime(1) et bordure du fleuve (2) de Guet-Ndar
47
Siège de la diffusion des informations et de transmission des connaissances, lieu
d’échange des savoirs faire, de séjour en période de repos, le « mbaar » est le microcosme du
pêcheur, où les individus, dépouillés de leurs oripeaux sociaux, ne se reconnaissent que par le
capital professionnel et culturel du métier, A SENE (1985).
La vie dans les « mbaars » est régie par un code de règles de conduite et de bienséances.
Au retour de pêche, les travailleurs s’y rassemblent pour préparer et confectionner les agrès.
C’est aussi un lieu de prière et une sorte de tribunal où se règlent les différents et litiges. On y
débat des questions diverses et variées (sociales, politiques, culturelles..). C’est donc dans les
mbaars que l’on partage les informations relatives à la vie quotidienne du pêcheur de même
que les connaissances et le savoir faire qui le guide dans son travail.
Le P N L B est créé par décret N° 76, 00016, du 9 Janvier 1976 dont l’article 2 spécifie
que :« Il est créé un parc national dénommé Parc National de la Langue de Barbarie,
comprenant deux îlots de la Langue de Barbarie, ainsi que les eaux maritimes et fluviales
baignant ces îles sur une largeur de 500 mètres à partir des côtes, l’ensemble couvrant une
superficie de 800 ha ».
Depuis 1977 ses limites ont été modifiées portant la zone protégée à plus de 2000 ha. Il
est situé à 25 km au Sud de Saint-Louis, dans la zone du Gandiol. Il joue un grand rôle dans la
protection de milliers d’oiseaux nicheurs et constitue le lieu de fraie des poissons et des
crevettes. Comme Il a été mentionné sur l’article 2 du décret de création, le parc a une
emprise de 500 m sur l’océan, correspondant théoriquement sur environ 7 km (du village de
Pilote (Tassinére) à celui de Dégouniaye) à la zone de superposition avec l’AMP. Cette zone
de chevauchement entre les deux sites sur une étendue de l’ordre de 350 ha même s’il est
négligeable (0,7%) par rapport à la superficie de l’AMP, représente environ le 1/5 (17%) de la
superficie du PNLB. Il faut souligner que ces deux réserves n’ont pas tout à fait les mêmes
modes de fonctionnement. Autant le PNBL applique une protection intégrale dans son
périmètre, autant l’AMP s’inscrit dans une logique de protection spatiotemporelle. Selon le
conservateur de la Langue de Barbarie : « en cas de conflits entre deux décrets c’est le moins
récent qui prévaut ». Ce qui veut dire qu’il incombe au PNLB, d’assurer la responsabilité de
la gestion de cette aire maritime.
La frange maritime du PNLB est aussi un lieu privilégié pour la ponte des tortues de
mer ; on y retrouve les espèces suivantes : la tortue verte, la tortue et la tortue luth, la tortue à
écaille. Elle est aussi réputée être un site privilégié pour la reproduction de plusieurs espèces
d’oiseaux d’eau telles que les sternes, les mouettes, les goélands, les pélicans, les cormorans
etc
48
AMP
Océan
Atlantique
Chevauchement
AMP et PNLB
49
4.4 CONCLUSION
L’AMP de Saint-Louis est installée dans une zone caractérisée par une forte densité
démographique qui fait du village pêcheur de Guet-Ndar l’un des quartiers les plus peuplés du
Sénégal. La pression anthropique accrue sur la ressource liée à l’accroissement du nombre de
pêcheurs pose le problème du maintien durable des stocks de poissons dans une zone où la
pêche est la seule source de revenus monétaires.
En effet, le secteur de la pêche à Saint-Louis est fortement lié à l’histoire sociale et
économique de Guet-Ndar. Les pêcheurs opérant sur le littoral sénégalais se rattachent
principalement à trois groupes ethniques: les wolofs de Guet-Ndar, les lébus du Cap-Vert et
de la Petite Côte et les nyominkas des îles du Saloum. De tous les pêcheurs du Sénégal, seuls
les Guet-Ndariens tirent la totalité de leurs revenus de la pêche. Au sein des autres
communautés, la plupart des pêcheurs sont encore agriculteurs CHABAUD (1986).
Ainsi, Saint-Louis occupe le deuxième rang après la région de THIÈS pour les
débarquements de la pêche artisanale sénégalaise avec une moyenne de 35 000T par an
SRPSM (2007). Elle doit ces résultats à un effectif de pêcheurs artisanaux parmi les plus
importants du pays disposant d’une solide formation de marin acquise au contact de la barre.
En effet, Get-Ndar est le quartier le plus peuplé de Saint-Louis avec une densité de plus de
160 000 habitants au km2 contre 258 habitants au km2 pour le département de Saint-Louis.
L’AMP sous l’emprise d’un Parc National avec lequel elle partage sur une distance de 7
km parallèle à la côte un espace maritime de 500m de large. En réalité les deux aires sont
complémentaires vu la configuration de la Langue de Barbarie (l’une vise la préservation de
l’écosystème estuarien et l’autre vise la conservation du milieu marin). Faut-il alors que les
responsables des deux services travaillent en collaboration et harmonisent leurs actions ? Le
PNLB doit mettre son expérience de la zone au profit de l’AMP en s’impliquant activement
dans le processus de mise en oeuvre. Pour cela, il nous semble important qu’il soit représenté
dans le Comité de Gestion de l’Aire Marine ne serait ce qu’en tant qu’observateur ou membre
consultatif.
50
PART III : MILIEU BIOPHYSIQUE, MODES
D’EXPLOITATION ET DE GESTION
51
52
5 L’ENVIRONNEMENT PHYSIQUE
53
Tableau 3. Vitesses moyennes annuelles et directions dominantes des vents 1991-2000 Station Saint-Louis
aérodrome
Mois J F M A M J J A S O N D
Vitesse moy(m/s) 3,43 3,73 4,95 5,12 5,37 4,78 4,4 3,68 3,47 3,48 4,31 4,93
1200
Pmm
800
Pmm (mm)
600
400
200
0
1900 1910 1920 1930 1940 1950
Années 1960 1970 1980 1990 2000
Source Kane(2007)
54
Tableau 4. Précipitations moyennes mensuelles et annuelles (en mm) à
la station de Saint-Louis entre (1892-1992) et (1991- 2000)
Période Jan Fév Mar Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc An
1892-1992 1,82 2,09 0,49 0,07 1,27 13,1 51 139 99,8 24 1,46 2,6 337
1991-2000 0,5 8,2 0,1 0,32 2,9 34,26 95,68 71,87 8,53 0,21 3,92 226,49
55
Selon Pr KANE (2007), les masses d'eau méridionales repoussent dès le début de la
saison humide, le front des remontées d'eaux froides, le courant de surface se propage alors du
sud au nord à une vitesse entre 5 et 15 cm.s-1 avec des pointes de 30 cm.s-1.
Figure 15. Les courants marins sur les côtes ouest africaines
56
Les eaux tropicales du contre courant équatorial : elles ont une température élevée
(24° C) et des salinités fortes (36 g/l environ). Leur épaisseur varie entre 30 et 50
mètres.
Les eaux libériennes chaudes (24’ C) et dessalées (S< 35 o/oo). Ces eaux résultent du
mélange des eaux tropicales avec les eaux de pluie de la mousson et surtout avec les
apports fluviatiles côtiers. Cette dessalure se remarque notamment au voisinage de
l’embouchure et dans toute la partie délimitée pour l’AMP
57
5.2.4 Les vagues
La vague de mer et la houle se transforme lorsqu’elles s’approchent du rivage en raison
de l’effet de frottement lorsque la profondeur diminue. Les vagues déferlent quand la
profondeur est inférieure à la moitié de leur longueur d’onde, Badiane (1993).
A l’approche de la côte Barbarie, l’onde de houle subit des déformations en se courbant
(réfraction) et donne naissance à des vagues de courtes longueurs d’onde qui déferlent sur le
rivage. Aussi, le long des plages en pente douces comme celles de la Langue de Barbarie, les
vagues de type rouleau sont les plus fréquentes. Il se produit des déferlements en volute
pendant lesquels la vague agit par creusement ; dans son « va et vient », elle agit par roulage,
répartition et triage des sables ; tandis que le jet de rivage (fin de course de la vague) dépose
les différents éléments ainsi triés. Enfin, le ruissellement en nappe sur le rivage agit par
érosion laminaire sur la basse plage.
Ces mouvements ont pour conséquence une évolution rapide des profils de plage qui
change en fonction de la vigueur des vagues. Ainsi peuvent s’observer en période agitée, des
profils faisant apparaître des micros falaises, tandis qu’en période calme, les profils sont
plutôt rectiligne.
Il ressort de ce tableau que les niveaux moyens des hautes et des basses mer sont plus
élevés à Dakar qu’à Saint-Louis. Le marnage par contre est plus important à Saint-Louis. Cela
est du au fait que le plateau continental est étendu à Saint-Louis.
58
Il importe de noter aussi que le mouvement biquotidien des eaux, ne se fait pas à
intervalles de temps réguliers, mais avec des décalages importants : "la mer monte beaucoup
plus lentement qu'elle ne descend". En effet, le temps qui sépare une basse-mer de la haute-
mer suivante est de 7 heures, tandis que la descente de cette vive eau à la eau morte eau qui
suit dure 5 h 45 mn, LOUISE (1919) cité par A KANE(2005).
59
Zone Latitude Nord Période d’upwelling Durée moyenne (mois)
Cap Blanc 23° toute l’année 12
Nouakchott 17°50 octobre à juin 9
Saint-Louis 16° novembre à mai 7
Dakar 14°45 fin novembre à mi-mai 5,5
Cap Verga 10° février
Source modifiée de Schemainda et Nehring, 1975
L'action fertilisante des remontées d'eaux profondes résulte d’un apport à la surface
d'eaux riches en sels nutritifs généralement issus de la reminéralisassions de la matière
organique que l'on trouve sur le fond. A Saint-Louis, elle se fait sentir de novembre à mai.
C’est la période où les petits pélagiques sont abondants au niveau de Saint-Louis. L’AMP est
alors de Saint-Louis forte fréquentée par les pêcheurs de sennes tournantes. CHAMPIGNAN
et DOMAIN (1978) rapporte que quand l’upwelling sénégalais se déclenche, les espèces à
affinité saharienne ou espéces d’eaux froides (Dentex gibbossus, Sparus coerusleostictus,
Pagellus bellotti, Epinephelus aenus, Pomatomus saltator), localisées d’août à octobre dans
les eaux mauritaniennes (entre 20 et 30o N), migrent vers le sud dé le mois de novembre pour
se stabiliser vers pour se stabiliser vers 10 à 16 o N en février mars. Il faut aussi souligner la
reproduction des espèces dermesales a lieu pendant la saison froide, précisément à la période
de transition saison-froide saison chaude entre avril et juin (période localement appelée « le
thiorone »
60
5.3.5 La transition saison chaude-saison froide
Durant cette période, a lieu un double mouvement des masses d’eau (Rossignol, cité par
Domain 1980) :
En octobre, l'upwelling mauritanien, en s'amplifiant, chasse tout d'abord les eaux
superficielles chaudes tropicales et libériennes, vers le sud.
Dans la deuxième quinzaine de novembre les fortes précipitations de la Sierra Léone
et du Liberia entrainent une élévation du niveau de la mer dans le bassin libérien, et
une augmentation du gradient de pression. Aussi, s’observe dans la deuxième
quinzaine de novembre et au début de décembre, une langue d'eau libérienne
progresser le long de la côte en direction nord, atteignant Nouakchott (18°N), alors que
les eaux tropicales, plus au large, continuent à refluer vers le sud". Il en résulte au
Sénégal une période de fortes oscillations thermiques. Les eaux libériennes se trouvent
alors en contact avec les eaux froides
61
Figure 17. Les catégories d’eaux de surface - d’après Rossignole (1973)
62
Le quaternaire est cependant, l’ère qui nous intéresse le plus dans la mesure où seules
ses séries affleurent. Pendant cette période, en raison des phénomènes d’oscillations
climatiques qui ont affecté l’ensemble du golfe dont les effets ont été accentués par les
mouvements tectoniques locaux, la région a connu différentes phases de transgressions et de
régressions qui ont été déterminantes dans sa formation et son évolution
5.4.1.1 Le Quaternaire
D’après MICHEL P (1969) cité par GUEYE M (1980), cet épisode a connu trois
transgressions, qui ont eu des extensions très variables dans le Delta :
La transgression Tafaritien forme un vaste golfe, couvrant la majeure partie de la
Mauritanie Atlantique, n’occupant dans le delta qu’une zone limitée
La transgression de l’Aioujien qui aurait seulement affectée la Mauritanie. Ses
dépôts n’ont pas été reconnus dans le Delta.
La transgression Inchirien qui s’est faite en deux temps séparés par une petite
régression. La première transgression (Inchirien I ou inférieur) voit se déposer des
sédiments sableux et argileux dans l’ensemble dans l’ensemble du Delta qui était
alors, un golfe prolongeant le cours moyen de la vallée du fleuve Sénégal vers l’ouest.
Après un retrait momentané, le niveau de la mer s’élève à nouveau (deuxième
transgression ou Inchirien II ou supérieur) abandonnant des sédiments principalement
gréseux à l’Ouest vers Saint-Louis et argileux dans la partie Est. Vient alors une phase
de régression, correspondant à un assèchement progressif du climat. L’action érosive
du vent sur les sédiments marins, crée de grands cordons dunaires orientés NE-SW
(dunes rouges de l’Ogolien).
5.4.1.2 Le Nouakchottien(7000 – 5500 BP)
Le climat redevint humide, le niveau de la mer se mit à monter et les dunes remaniées
connurent une nouvelle pédogénèse. Le matériel sableux des dunes ogoliennes arasées par la
mer a été repris et brassé par les eaux, déposé ensuite sous forme d’une vaste terrasse
sableuse. Cette terrasse Nouakchottienne s’individualise nettement au sud de St-Louis entre
Rao et Gandon où elle s’étend sur plus de 4 km de large avec une longueur de 20 km.
5.4.1.3 Le subactuel et l’actuel
Cette période commence par un lent et nouveau retrait de la mer. L’importante dérive
littorale N-S engendrée par la houle charrie de grandes quantités de sables provenant de
l’abrasion des dunes rouges situées au nord du Delta. Le climat ayant progressivement évolué
vers l’aride dans le post Nouakchottien, les dunes littorales se sont alors avancées vers
l’intérieur et ont recouvert les anciens cordons littoraux. Il se forme à partir des 16e et 17e
siècles la flèche littorale qui sépare actuellement le fleuve Sénégal de la mer à partir de St-
Louis jusqu’à Taré à 30 km au sud. Ce cordon littoral est appelé « Langue de Barbarie » par
les anciens navigateurs européens qui mouillaient sur la côte sénégalaise.
63
5.4.1.4 Conséquences de la morphogénèse : l’instabilité d’un
espace géographique soumis à un processus inexorable de
réduction
La langue de Barbarie s’est formée comme nous l’avons cité à partir de la dérive
littorale nord-sud engendrée par les grandes quantités de sable provenant de l’abrasion des
dunes rouges du subactuel à l’actuel. Ce transport de sable a pour effet de repousser
l’embouchure et de la faire émigrer vers le sud. Aussi, sous l’effet de l’érosion hydrique cette
bande de terre, d’une part a connu par le passé des ruptures naturelles de façons cyclique et
d’autre part, est soumise en permanence à un phénomène de recul du trait de côte qui est de
plus en plus reporté vers
l’intérieur, A BADIANE
(1993).
Selon P MICHEL
(1993), treize ruptures sont
connus entre 1900 et 1981.
Six d’entre elles seulement
sont importantes (en durée
et en dimension) de telle
sorte qu’une périodicité de
14 ans pour évoquer
l’instabilité de la Langue.
La vitesse de recul du
rivage serait de l’ordre de
1,6 à 2m selon M SALL
(1982) cité par BADIANE
Figure 18. Vue de l’espace habité de Guet-Ndar sous l’emprise de
(1993). Ce qui concorde
l’océan
avec les renseignements
obtenus auprès des vieux pêcheurs de Guet-Ndar pour qui il y’a 50 ans, la mer qui est
aujourd’hui à moins de 100 m des habitations, se trouvait au moins à 1 km de Guet-Ndar.
Nous avons constaté l’exigüité de l’espace séparant la mer des zones habitées. Ce qui traduit
une tendance à l’érosion du rivage par la mer qui grignote de plus en plus l’espace occupé.
En somme, les menaces qui pèsent sur la Langue de Barbarie sont réelles et le quartier
de Guet-Ndar court un grand risque de disparition si l’érosion du rivage continue. A NDIAYE
(1975) et A BADIANE (1993) ont prédit une disparition de Guet-Ndar si les processus
d’érosion du rivage ne sont pas stoppés au niveau de la Langue de Barbarie. Cela montre la
précarité dans laquelle vivent les populations bénéficiaires de l’AMP de Saint-Louis. En fait,
la sécurisation du quartier des pêcheurs de Guet- Ndar contre l’avancée de la mer doit
logiquement figurer parmi les actions à inscrire dans le futur plan d’aménagement de l’AMP
de Saint-Louis.
64
des apports par les lagunes du quaternaire nées dans la transgression Nouakchottien.
Le sel est resté prisonnier dans les formations avec une grande mobilité à cause de ses
déplacements en circuit fermé. L’évaporation de saison sèche le fait remonter vers la
surface où il permet le déplacement des phénomènes éoliens. Tandis que la pluie le
fait migrer vers le sous sol par lessivage.
des apports actuels favorisés par le jeu des courants de marées qui envahissent les
vasières où une partie du sel reste retenue dans la vase.
La conséquence est que dans cette région proche du littoral la nappe phréatique très
minéralisée et affleurant, a une composition voisine de celle de l’eau de mer. Cela se traduit
par des phénomènes de salinisation des terres qui les rendent improductives et freinent le
développement d’activités agricoles dans cette zone
65
certains fonds de vase, des espèces comme la crevette (Penaeus duorarum), qui s'enfouissent
dans le sédiment le jour, ne sont capturées par les chalutiers qu'à l'aide de chaluts équipés de
dispositifs permettant de fouiller la vase ou bien, la nuit, lorsqu'elles s'élèvent au-dessus du
fond.
A proximité de l'embouchure du fleuve Sénégal, notamment dans la zone d’influence de
l’AMP, les bancs rocheux sont surmontés par des sédiments vaseux ou sableux qui sont les
témoins d’anciennes lignes de rivages (DOMAIN, 1977). En effet, au cours du siècle dernier, la
flèche littorale de la Langue de Barbarie, qui ne s’est ni élargie, ni surélevée depuis son
origine, a fréquemment migré vers le sud, entraînant dans sa progression le recul de
l’embouchure MONTEILLET (1981), cité par KANE(2007). Ces fonds de sables vasards sont
excellents pour la pêche et de ce point de vue, Saint-Louis est la plus favorisée de toute la
grande côte.
L’essentiel des activités de pêche se concentre sur le plateau continental. Le plateau
continental se limite à l'isobathe 200 m, sa largeur est de 27 milles soit 50 km au niveau de
Saint-Louis. Son profil se présente comme un plan ondulé avec des replats s’étendant
quelques fois sur 10 km (voir fig. 22). Il est très important en morphologie littorale dans la
mesure où de son extension dépend l’amplitude des marées. Très étendu à Saint-Louis, il se
rapproche doucement de la côte, tout en suivant sensiblement son contour, lorsque l'on
descend vers le sud. Il englobe l’Aire Marine Protégée comprise entre les isobathes 10 et
81m.
Il a été mis en évidence par BARUSSEAU (1985) une importante zone vaseuse qui
s'étend de part et d'autre de l'embouchure du fleuve Sénégal, de 16°30' à 15°15' de latitude
Nord entre les isobathes 20 et 80 m. Cette zone est alimentée par les particules limoneuses
transportées par le fleuve jusqu'à la mer où elles sont reprises par les courants qui les
entraînent vers le sud-ouest. L'extension de cette vasière jusqu'à la latitude de 16°30' Nord
s'expliquerait par le fait que le Sénégal, au Quaternaire récent, a vu son embouchure située à
cette latitude migrer peu à peu vers le Sud
66
Guilcher R (1954), Ndiaye A (1975) Echelle. Longueur : 1/200 000
Hauteur : 1/5000
Les sables vaseux couvrent des étendues plus ou moins importantes sur la côte nord où
ils entourent la vasière de St-Louis. Ils ont souvent des teneurs en carbonate de calcium
(CaC03) supérieures à 30 % ce qui traduit la présence de débris organogènes. Ce type de
sédiment occupe toute la partie inférieure du plateau continental au-delà de -50 m.
La houle également transporte dans la zone d’aboutissement interne du jet de rivage des
matériaux solides le long de la plage. Elle représente suivant une direction NW-SE, un agent
de transport sableux très important. D’après Ndiaye A (1980), le transport annuel de
sédiments effectué par la houle serait de l’ordre de 700 000m3/an
F DOMAIN (1980)
67
Les relevés bathymétriques effectués au large par BBL-SW (1985) et rapportés par
KANE (2007) montrent que le fond est relativement régulier au niveau de St-Louis. La pente
varie de 2 % à 1,66% du rivage jusqu'à une profondeur de 10 mètres, au-delà de ce point, la
pente devient moins accentuée, soit 0,25%. Les fonds sableux occupent une surface réduite à
proximité de la côte
Avec le transport et les dépôts alluviaux le fleuve a joué un rôle important dans les
processus de sédimentation. RIOU (1936) cité par KANE (1985) souligne qu’à partir d’un
écoulement annuel de 39 millions de mètres cube, la quantité de limon transportée par le
Sénégal serait de l’ordre de 4 millions de mètres cube. Ces estimations sur la charge solide
des eaux du Sénégal soulignent l’importance du façonnement continuel de la vallée par la
crue annuelle dans l’apport de matériel fin à l’embouchure du fleuve Sénégal. En moyenne,
les transports solides du fleuve Sénégal sont de l’ordre de 2 millions de tonnes par an. En
terme granulométrique, la fraction argileuse prédomine en toute saison et représente 65 à 93%
des flux particulaires solides.
La distribution granulométrique moyenne des flux particulaires solides à l’embouchure
est de 75% d’argile (inférieur à 2µ), 14,2% de limons très fin (2 à 5µ), 1,9% de limons
grossiers (20 à 50µ) et 0,3% de sable (supérieur à 50µ)
68
5.7 LES EFFETS DE LA NOUVELLE BRÈCHE SUR LA PÊCHE MARITIME À SAINT-
LOUIS : LA TRAVERSÉE DE LA BARRE MOINS PÉNIBLE MAIS DES IMPACTS
NÉGATIFS AILLEURS.
69
l’évolution des volumes de débarquement qui sont passés de 38 440T en 2003 à 53 787 T en
2004 d’après les statistiques du SRPSM.
Ces chiffres résultent d’une amélioration des conditions (débarquement beaucoup plus
facile du côté du fleuve) et d’un regain de dynamisme de l’activité (augmentation des sorties
en mer). Des effets négatifs sont cependant évoqués par les pêcheurs notamment la difficulté à
passer la brèche après le crépuscule du fait de la présence de hauts fonds (bancs de sable)
difficilement repérables la nuit et sur lesquels les pirogues se cognent. Plusieurs accidents de
nuit se sont ainsi produits au niveau de la brèche depuis son ouverture. Selon les pêcheurs
interrogés, 37 pirogues de senne tournante et 6 pirogues de filets dormants y auraient chaviré,
provoquant 32 pertes en vie humaine et la disparition de 6 moteurs hors-bords de 40 cv. Du
coup, ceux qui partent le soir, sont obligés d’attendre la levée du jour pour rallier le fleuve
avec souvent une détérioration de la qualité du produit (dégradation plus ou moins
importantes du poisson capturé la veille). Ce qui occasionne des rejets assez importants si le
poisson est abondant, ou une affectation du poisson (produit frais impropre à la
consommation) à la transformation en poisson salé séché, ou fumé consommable. Dans les
deux cas, cela se traduit par des répercussions négatives sur le revenu du pêcheur. Le fait
également que côté fluvial, les pêcheurs
embarquent et débarquent ensemble (sortie en mer
le soir et débarquement le matin) est un facteur de
saturation permanente du marché et de chute des
prix.
Vue sous l’angle socioéconomique, la
brèche semble à priori avoir un impact positif
immédiat sur la pêche. En revanche il serait
intéressant de s’interroger sur les avantages à long
terme du canal pour la pêche maritime
(augmentation de la pression sur la ressource et
entraîne une sur exploitation des stocks déjà très
menacés) et les impacts dans d’autres secteurs.
Déjà en 2005 les débarquements estimés à
49 000T ont connu une baisse de plus de 4000T
par rapport à 2004.
Selon certains scientifiques, l'ouverture de
cette brèche risque d'avoir des conséquences
imprévisibles sur la zone. ''La brèche va avoir un
impact environnemental difficile à gérer. Elle
menace directement les îlots environnants et va
détruire la mangrove qui sert de refuge et de lieu
reproduction aux poissons, aux tortues et à
plusieurs espèces d'oiseaux'' avertit L MANÉ14,
selon qui il fallait dévier les eaux du fleuve dans la
zone située entre Saint-Louis et le barrage de
Diama, à une vingtaine de kilomètres en amont de
la ville. En plus, sur cette bande de terre entre le Figures 25. Vue en direction du sud de la
fleuve et l'Océan Atlantique sont établies des brèche
infrastructures hôtelières importantes. Des hôtels
70
qui sont à moins de deux kilomètres d'une brèche qui ne cesse de progresser. M T NIANE15
confirme que ce ne sera pas facile de stabiliser cette brèche à cause de la configuration du sol
du milieu. La Langue de Barbarie est constituée de sable fin qui ne résiste pas à l'assaut des
vagues. Le Directeur du Service Régional de l’hydraulique soutient que l'urgence de la
situation ne leur avait pas laissé le temps d'examiner la possibilité de dévier les eaux du fleuve
en amont de la ville. Pour lui, il fallait agir vite et la seule solution qui se présentait à ce
moment était de creuser ce canal pour réduire le temps d'écoulement des eaux du fleuve vers
la mer. Sinon, toute la ville de Saint-Louis allait être sous les eaux. "Nous n'avions pas le
temps pour réfléchir sur les éventuelles conséquences. Il fallait d'abord agir'' affirme t-il.
Le canal a suscité également de grandes inquiétudes du côté de certaines ONG. De
l’avis de A SOUMARÉ chargé de programme AMP au WWF-WAMER, ''l'ouverture cette
brèche permet l'arrivée frontale des vagues de l'océan, ce qui provoque une érosion mécanique
de la Langue de Barbarie et entraîne une modification de la mangrove''. Pour le coordonnateur
des projets de l’ONG Wetlands International, ''la brèche va perturber tous les écosystèmes du
milieu. La nappe d'eau douce de la zone est en train de remonter en devenant de plus en plus
salée, ce qui risque de poser de graves problèmes d'alimentation en eau des populations
riveraines''
Des menaces pèsent également sur l'avenir des cultures maraîchères qui constituent,
l’activité principale des populations des villages du Gandiolais contiguës à l’AMP et adossés
au PNLB. La remontée de la nappe suite aux intrusions marines dues à la progression rapide
de la langue salée à la marée, salinise les terres et les rend de plus en plus improductives.
Les conséquences négatives de la brèche se font aussi sentir au PNLB. ''Depuis
l'ouverture de la brèche, le site est perturbé et risque de disparaître. Déjà, les bancs de
sables(en particulier l’îlot aux oiseaux), qui servaient de nichoirs à certains oiseaux et tortues,
sont en train de disparaître à cause des eaux'', souligne les responsables du Parc.
Depuis son ouverture, la brèche est devenue le passage privilégié des pêcheurs de
Guet-Ndar. Elle donne en plus sur une AMP dont l’objectif est de promouvoir le repos
biologique des espèces qui y vivent. Donc, une zone à priori « tranquille et peu dérangée ».
En plus c’est une zone sensible (passage obligé des espèces qui se reproduisent dans le fleuve
et lieu croissance des juvéniles de poissons d’eau saumâtre) et potentiellement riche (surtout
en crevette) qui doit selon les techniciens du Service des Pêches absolument être protégée.
C’est donc, dans la somme de toutes ces positions par rapport au canal que réside toute la
complexité de l’Aire Marine protégée de Saint-Louis à asseoir un plan de gestion concerté
autour d’une brèche diversement appréciée (points de vu opposés) par les principaux acteurs
concernés.
5.8 CONCLUSION
La morphologie des fonds marins caractérisée par la présence la de hauts fonds à 100 m
des côtes (cf. figure 23) et par l’intensité de la houle et des vagues est à l’origine d’une barre
qui rend la navigation difficile à proximité des côtes et pousse les pêcheurs à passer par la
brèche où l’effet est moindre.
De par sa position frontalière avec la Mauritanie les eaux saint-louisiennes subissent les
effets d’un upwelling quasi permanent (7à 8 mois sur douze). Les upwellings sont
71
essentiellement dus aux alizés constants qui poussent les eaux superficielles loin de la côte et
font remonter les eaux froides et riches en sels nutritifs du fond de l'océan à la surface. Ces
eaux riches rencontrent le soleil tropical, créant ainsi l'environnement idéal pour la
photosynthèse - base d'une chaîne alimentaire extrêmement productive qui abrite une riche
biodiversité.
Les vasières qui caractérisent les côtes de la Langue de Barbarie (résultats des
migrations successifs de l’embouchure du fleuves Sénégal) présentent l’avantage d’être un
milieu potentiellement riche en crustacées (surtout la crevette qui attire selon les pêcheurs les
espèces démersales à haute valeur commerciale). Ces vasières non recouvertes d’herbiers
situées à proximité des côtes peuvent être le siège d’une production primaire importante due
au développement d’algues benthiques. Ces particules végétales, remises en suspension en
marée haute sont le point de départ d’une chaîne alimentaire complexe. L’importance
quantitative de cette production primaire doit être évaluée ainsi que leur participation au
régime alimentaire des poissons surexploités pour mieux raisonner le choix du « cœur16 de
l’AMP ». La présence de l’embouchure fait également de la zone nord du Sénégal une aire
particulièrement importante en tant que zone de reproduction des poissons.
En raison de sa forte valeur économique, la zone côtière Saint-louisienne suscite donc à
la fois l’intérêt des pêcheurs artisans et des flottilles de pêche nationales et internationales.
Cependant, la difficulté à contrôler le volume des activités de pêche dans la région s'est
traduite par la surpêche (avec comme conséquence la destruction d'habitats vitaux qui servent
de zone de reproduction pour la faune ichtyologique et autre, et la perte de biodiversité qui
entraîne une plus faible résilience de cet écosystème) et donc l'épuisement des réserves
halieutiques, affectant les populations locales, surtout les communautés de pêcheurs de Guet-
Ndar.
La brèche, ouverte en octobre 2003, à sept kilomètres au sud de la ville de Saint-Louis,
dans le nord du Sénégal, ne cesse de s'élargir vers le sud et menace de disparition, les bancs
de sable, qui servaient de nichoirs à certains oiseaux et tortues marines au niveau du PNLB. Il
s’y ajoute la remontée rapide de la langue salée. Les populations du Gandiolais, qui paient les
effets néfastes de cette nouvelle brèche, semblent désemparées face à la salinisation de leurs
terres jadis consacrées au maraîchage.
Qui plus est, la Langue de Barbarie est une édification littorale récente à texture meuble
très sensible aux facteurs morphogéniques actuels (vent, jets de rive). En effet, la dynamique
de type antagoniste entre la dérive littorale durant la saison sèche et les courants fluviaux
pendant les crues semble favoriser la progression de la brèche.
La question se pose aujourd'hui, devant les répercussions qu'on suppose graves, de
savoir comment des techniciens ont créé une telle «brèche» sans prendre les mesures idoines
liées à la protection des abords canal de l'érosion. Il est tout à fait étonnant qu’en même temps
qu’une action est engagée (avec le début du processus de création des AMP en 2003) pour
protéger un environnement fragile et pour tenter de restaurer un écosystème favorable à la
reproduction et à la vie des espèces marines, qu’une décision si lourde de conséquences sur le
PARC et sur les zones agricoles proches est prise.
72
6 LE PATRIMOINE NATUREL DE L’AMP : UNE SITE A
HAUT POTENTIEL BIOLOGIQUE
L’effet conjugué de facteurs physiques assez particuliers notamment des upwellings
assez longs et la présence d’une embouchure fait de l’AMP de Saint-Louis une zone
potentiellement riche en ressource biologique.
Sur l’ensemble de la côte nord, de la Mauritanie à la fosse de Kayar, les fonds sont
disposés en une droite horizontale avec l’alternance de roche et de vase. Aussi, le pêcheur
perçoit l’aire de pêche au niveau de Saint-Louis comme un point où la séparation entre fonds
rocheux et sablo-vaseux n’est pas nettement tranchée.
Les fonds de pêche de nature rocheuse sont appelés « xer » et les sablo-vaseuses
mélangée de coquillage, « joxoor ». Ils sont délimités et repérables en fonction du temps de
route, de points situés sur la terre et de la mise en relation des uns par rapport aux autres.
La presque totalité des roches sous-marines constituant des zones de pêche d’espèces
demersales au large de Saint-Louis est connue par les pêcheurs locaux qui leur donnent des
appellations particulières en fonction des facteurs énumérés. Les lieux de pêche identifiés,
sont tous situés sur le plateau continental qui s’allonge en pente douce vers le large. Il est
couvert de sables coquillés plus ou moins fins, généralement de couleur jaunâtre. Les rochers
qui s’y observent sont de forme schistoïdes dans le secteur de Guet-Ndar, à partir de là, le
plateau se rétrécit en direction du sud où les profondeurs se rapprochent de la côte. La vase
entraînée par le fleuve forme une sorte d’énorme éventail autour de l’estuaire dont le plus
grand diamètre se situe vers le sud-ouest à cause de la direction générale des courants. Elle
recouvre le sable coquillé jaunâtre.
L’appellation locale des zones de pêche renvoie généralement comme précité pour leur
repérage, à des noms de personne (celle qui a découvert le lieu de pêche), de village ou point
terrestre (se situant en face de la pêcherie), des caractéristiques physique de l’endroit. Aussi,
A Séne (1985) affirme qu’à Guet-Ndar, la toponymie des fonds de pêche en mer, se réfère à la
vie terrestre par l’histoire et la géographie en intégrant et social du pêcheur. A Saint-Louis,
une vingtaine de fonds a été répertorié avec leurs compartiments. Parmi eux, une dizaine porte
les noms de personnes (notables, politiques et professionnels), d’autres sont des appellations
de lieux publics (hôpital) et souvent les noms d’éléments typiques (Arbres : coco,
tandarmagi) de la nature environnante pris comme des points de repères terrestres.
73
Tableau 7. Les principaux lieux de pêche connus à Saint-Louis
Le listage des lieux de pêche à Saint-Louis a abouti à leur distribution par zone. Une
vingtaine de pêcheries a été citée par les pêcheurs et ventilée dans trois zones : kell, tank et
Gopp, respectivement la partie faisant face à Guet-Ndar, celle se trouvant au sud (partie qui
englobe l’AMP) et au nord (vers la Mauritanie). Kell et Gopp représentent les principaux
lieux de pêche car abritant les trois pêcheries les plus fréquentées par les pêcheurs de Guet-
Ndar, à savoir : Diattara, Praia (partagé avec la Mauritanie) et Xerwu reywi (qui se prolonge
dans l’AMP. Selon les pêcheurs rencontrés).
Chaque zone renferme des lieux précis de pêche qui sont selon les pêcheurs des lieux
de refuges, de frai et de croissance d’alevins d’espèces démersales et benthiques. Même si
certains pêcheurs disent qu’il y’a une répartition uniforme des espèces dans les différents
lieux de pêche (on retrouve les mêmes espèces dans tous lieux de pêche) la majeur partie
affirme qu’il y’a des espèces dominantes dans chaque lieu de pêche. Les Mérous (Epinephlus
aeneus, gigas et goreens) prédominent à Praia, les Dorades dominent dans les pêcheries de
Diattara, que les Othelites (Pseudotalithus senegalensis,typus et elongatis), le Sole langua
(Cynoglossus sénégalensis), La Langouste verte (Penaeus régius) et la Crevette blanche (Penaeus
notialis) se rencontrent le plus au niveau de Xer wu reywi notamment dans sa partie sud
proche de l’embouchure et abritant l’AMP.
74
Le fleuve
Vers
Xerwureywi
Guet-Ndar
Fonds
vaseux Doune BABA
(bintt)
Assane K Bernard
Fonds sablo-vaso-
coquillés(JOXOR)
Buturail
AMP
Pilote
Bossyi
Tassinére
e
Mouit
Mouit
K
Pikeurgui Bernard
(recif)
Niari miles
Mboumbay
e
Dégouniay
Vers Louga
Source modifiée Google earth
Figure 26. Représentation schématique des zones de pêche situées à l’intérieur de l’AMP
Toute l’activité de pêche à l’intérieur de l’AMP se fait autour de "Xerwu reywi", zone
de prédilection des poseurs de filets dormants. Parmi les huit lieux de pêche repertoriés dans
l’AMP, quatre (Gent, Bouturail, Assane, Bossyi) correspondraient selon les pêcheurs à des
fragments de « Xer wu reywi ». La pêche y est pratiquée toute l’année, donc pas de repos
biologique. Cet éffort de pêche appliqué en permanence sur la ressource est en partie à
l’origine de la baisse drastique des ressources. Aussi, le comité de gestion conscient du fait
que d’une part les pêcheries situées dans les 6 miles de la moitié nord de l’Aire Marine
constituent des frayéres pour les crustacées et des nurcery pour les poissons à affinité
estuarienne (Capitaine) qu’il faut préserver, que d’autre part elles font l’objets d’une
surexploitation de la part des poseurs de filets dormants a décidé de les inscrire parmi les
zones qui seront protégées en premier. Ce choix des zones à conserver est le résultat du
zonage participatif réalisé conjointement avec la DPN, le service des pêches et les membres
75
du comité de gestion. Les modalités d’accés à ces zones de pêche ne sont cependant pas
encore définies.
76
la saison chaude les espèces d’eau froide (Thiof, Ngot, chinchard noir etc ) se trouvent hors
des eaux sénégalaises vers les latitudes 20 à 30 ° nord. Leur migration vers le sud débute en
octobre. En Février-Mars elles se trouvent entre les 16° et 10° parallèles nord. Dès avril
cependant elles commencent leur retour vers le nord. » (KANE 2005)
6.2.2 Les espèces démersales côtiéres
Les fonds de mer constituent le cadre de vie des espèces démersales. Leur répartition en
fonction de la nature sédimentologique du fond (fond vaseux, vaso-sableux, et rocheux) et de
la profondeur permet de distinguer principalement trois communautés : la communauté à
Sciaénidae, la communauté Sparidae, la communauté du rebord du plateau.
La nature du fond a une influence sur la vulnérabilité des especes aux engins de pêche.
Sur les fonds rocheux, inaccessibles aux chalutiers,les poissons ne peuvent être capturés qu'à
la ligne ou aux filets maillants. Sur certains fonds de vase, des espèces comme la crevette
(Penaeus duorarum), qui s'enfouissent dans le sédiment le jour, ne sont capturées par les
chalutiers qu'à l'aide de chaluts équipés de dispositifs permettant de fouiller la vase
ou bien, la nuit, lorsqu'elles s'élèvent au-dessus du fond.
6.2.2.1 La communauté à Sciaenidae
Elle comprend :
des espèces très littorales vivant au voisinage des embouchures et des cours
d’eau telles que les carpes blanches, les machoirons et les soles. Ces espèces à
faciès d’estuaire sont en général abondantes en saison chaude sur les fonds
(moins de 20 m) où elles se rassemblent pour la reproduction.
Des espèces à faciès mixte telle que le capitaine qui sont abondantes en saison
chaude prés de la côte où a lieu la reproduction, alors qu’en saison froide, elles
ont une distribution plus profonde (SUN, 1975 cité par THIAM M et al). La
saison chaude est selon les pêcheurs la période où ils les pêchent en
abondance, capturant de grandes quantités de femelles reproductrices. Ils
réduisent alors, le potentiel de reproduction de ces espèces. Qui plus est, le
renouvellement est lent avec une maturité sexuelle à 4 ans ou plus. Cette
surexploitation fait que les espèces adultes se rencontrent de moins en moins à
Saint-Louis selon les pêcheurs. Du coup, ils se reportent sur les juvéniles en
jouant sur le maillage des filets qu’ils ont tendance à réduire. L’exemple des
poseurs de filets dormants qui utilisent des mailles 32 mm alors que la norme
autorisée par le code de la pêche est de 100 mm (article 28a) est assez
illustrant. Ils occasionnent donc des dégâts impressionnants sur la population
juvénile et bloquent le processus de renouvellement des stocks.
77
AMP de St-Louis
AMP de Kayar
AMP de Joal
AMP de Bamboung
AMP d’Abéné
Figure 27. Répartition des différentes communautés démersales sur les côtes sénégalaises
78
juvéniles et les subadultes se retrouvent ainsi dans l’estuaire. Ce sont des espèces que l’on
retrouve dans l’AMP notamment au voisinage de l’embouchure.
6.2.2.2.1 La communauté des Sparidae
Elle comprend :
les espèces des fonds meubles comme la seiche que l’on rencontre jusqu'à 150
à 250m.
les espèces à faciès de fond dur (le mérou, les daurades…) qui sont inféodés
au fonds rocheux continus ou discontinus et à leur voisinage. Le phénomène
de reproduction du mérou est permanent, mais on distingue une ponte
principale en mai-juin et une ponte secondaire en juillet-septembre, J.J.
lévénez17. Les trois principales zones rocheuses caractérisées par les
pêcheurs sont : « Diattara » (moins de 10 km au nord-nord ouest de Saint-
Louis sur la frontière sénégalo-mauritanienne, elle est partagée entre le
Sénégal et la Mauritanie), « Praia » (environ 14 km à l’ouest de Saint-Louis) et
« kher wu reywi » terme wolof qui signifie la grande roche (environ 6 km au
sud-ouest de Saint-Louis, banc rocheux qui va de Guet-Ndar à la moitié nord
de l’AMP).
les espèces du faciès mixte tel que le pageot. Le pageot a deux pics de
reproduction. La ponte a lieu sur les fonds de 50 m. La principale nurserie se
situe sur la petite côte du Sénégal.
La figure ci –dessus montre une dominance des espèces des faciès d’estuaire et mixte
sur la petite côte (entre Dakar et Ziguinchor). Cela est lié à la présence de nombreux cours
(fleuve Saloum, fleuve Gambie, fleuves Gambie etc.). Les espèces de la pente continentale (à
Kayar à cause de l’existence d’une fosse) et des fonds meubles sont plus abondantes au
niveau de la grande. On trouve à Saint-Louis essentiellement des espèces de fonds meubles en
plus des espèces mixtes du fait respectivement de la nature sédimentaire des fonds marins
(sablo-vaseux) et de la présence de l’embouchure. La distribution des AMP le long des côtes
sénégalaises s’inscrit donc dans une logique de protection de toutes les communautés
d’espèces. Autrement dit, sur le plan de la conservation, le Sénégal désire couvrir toute la
diversité biogéographique et écologique des habitats marins et a ainsi placé les AMP en de
nombreux endroits différents. Les AMP du littoral sud visent essentiellement à protéger les
espèces de la communauté des Scianidae, alors que celles du littoral nord sont
complémentaires et présente chacune une particularité : Kayar est la seule à protéger des
espèces du faciès de la pente continental alors que Saint-Louis est la seule AMP à protéger
des espèces de fonds meubles.
17 Barry M et AL (1994):Evaluation des ressources exploitables par la pêche artisanale sénégalaise. pp 132
79
Tableau 9. Principales espèces de poissons démersaux pêchés dans l’AMP de St-Louis
80
ressource est menacée, d’autant plus que la période d’abondance (où l’effort de pêche est
accru) équivaut souvent des stades biologiques de grande vulnérabilité (ponte, alevinage…)
Entre juin et juillet, de faibles quantités d’espèces démersales (carpe blanche, sole…) à
forte valeur commerciale liée à la rareté du poisson pendant cette période, sont débarquées par
les pêcheurs à la ligne.
Au-delà du mois de Juillet, les pêcheurs détenteurs de pirogues glacières, effectuent
des sorties de 2 à 4 jours sur des distances de + de 100 km et le plus souvent, de manière
clandestine dans les eaux mauritaniennes, d’où proviennent l’essentiel des prises pendant
cette période. Pour les autres, cette saison peut être considérée comme morte, compte tenu de
la faiblesse des volumes débarqués.
Une mer poissonneuse en Mauritanie
La richesse de la mer mauritanienne comparée à celle du Sénégal est le résultat de la
combinaison de plusieurs facteurs. Entre autres facteurs, on peut citer le fait que la Mauritanie
protège son océan depuis les années 70 avec la création en 1976 du Parc National du Banc
d’Arguin (PNBA) où les poissons trouvent des conditions privilégiées de reproduction et de
développement. En terme de configuration morphologique, la partie mauritanienne abrite plus
d’habitats naturels (roches sous marines) que la côte nord sénégalaise. Qui plus est,
l’upwelling est plus long et accentué sur les côtes mauritaniennes grâce à l’activité
permanente de l’upwelling du Cap Blanc. Enfin, la Mauritanie n’a pas par tradition une
vocation particulière à la pêche. Bien qu’elle jouisse d’un potentiel considérable de ressources
halieutiques, la Mauritanie a une population à la fois très réduite (un peu plus de 3 millions
d’habitants) et peu encline à la pêche exceptée un petit noyau ethnique (Imraguen)
traditionnellement tourné vers cette activité, F DIOURY(1986).
Point sur les accords de pêche sénégalo mauritanienne.
Déjà, en début des années 80, la rareté du poisson se fait sentir à Saint-Louis. De plus
en plus, les pêcheurs Guet-Ndar s’orientent vers les eaux mauritaniennes où l’accès jusque là
est libre. C’est l’intensification de l’activité dans des eaux mauritaniennes excepté le PNBA.
En l’espace de quelques années, la Mauritanie est devenue le principal lieu de pêche. Certains
pêcheurs disent même que leurs zones de pêche traditionnelle se situent au large de Ndiago en
Mauritanie. Toujours est –il que, en 1989 survient un différend entre les deux États qui
aboutit à la fermeture des frontières. Jamais dans l’histoire les Guet-Ndariens ne se sont vus
interdire un espace maritime avant cette date. En 2001 une convention devant régir les
relations de pêche (art. 1) ente les deux États est signée. Le Gouvernement de chaque État
s’engage à favoriser dans la limite des ressources disponibles et en conformité avec les lois et
règlements, l’activité des pêcheurs artisans de l’autre État dans les eaux sous sa juridiction
(art. 3a). Pour se faire une autorisation préalable (licence de pêche) est délivrée par l’État dans
les eaux duquel, la pêche est pratiquée (art. 3b). Les conditions d’applications des dispositions
de la Convention (notamment le nombre de licences à accorder) sont fixées dans un protocole
d’accord négocié et renouvelé tous les ans.
De façon générale, c’est le Sénégal qui, de l’étroitesse de ses pêcheries et de la
surcapacité de pêche par rapport à une ressource devenue rare, propose à son voisin des
accords d’accès basés sur le principe de la réciprocité. Il se trouve qu’en matière de pêche
artisanale, la Mauritanie n’a pas besoin d’accéder à la ZEE sénégalaise. En 2001, 250 licences
libres de pêche artisanale ciblant uniquement les pélagiques pour une durée de 4 mois sont
annuellement accordées par la partie mauritanienne, moyennant une redevance 75 000 Fcfa
par pirogue de moins de 13 m et par an et 150 000 Fcfa pour les pirogues de plus de 13 m. Le
81
protocole de 2007 prévoit selon l’Inspecteur Régional des pêches de Saint-Louis, un octroi de
270 licences pour une durée de 6 mois contre une redevance de 80 000 pour les pirogues de
moins de 13 m et 180 000 pour celles supérieures à 13 m. Les pêcheurs de Guet-Ndar
prétendent par contre que, depuis le conflit de 1989, la Mauritanie ne fait guère preuve de
volonté de conciliation avec le Sénégal en matière de pêche maritime. Ils déplorent la lenteur
des procédures relatives à la demande et à la délivrance des licences qui fait qu’en réalité peu
de pêcheurs en bénéficient à Saint-Louis. Quand bien même s’ils arrivent à l’obtenir c’est
souvent pour une durée d’activité plus courte que prévue par le protocole (par exemple, ils
reçoivent en septembre des licences qui expirent en octobre).
Très souvent des revendications sont formulées au cours des entretiens avec les
pêcheurs, relatives à leurs soit disant anciens territoires de pêche (sans frontière entre le
Sénégal et la Mauritanie). Pendant longtemps, les sénégalais ont constitué le fer de lance de la
pêche mauritanienne. DIAGNE (1998)18 affirme que, ce sont les pêcheurs de Guet-Ndar qui à
travers des générations, ont inventé tous les sites de pêche connus le long du littoral sénégalo-
mauritanien ; que toute la toponymie maritime halieutique du littoral des deux États porte les
marques de leurs empreintes.
Il n’est pas surprenant dans ce contexte, de constater une obstination des pêcheurs de
Guet- Ndar à mener l’activité dans les eaux mauritaniennes par des incursions clandestines
malgré les risques d’arraisonnement et de confiscation de leur matériel. Entre 1999 et 2000
(avant l’entrée en vigueur de la Convention), 4000 marins pêcheurs guet-ndariens se sont
rendus en Mauritanie, SRPSM/SL (2007). Ce sont principalement les pêcheurs qui font la
pêche du jour où des marées de coute durée (moins de 48 heures) dans la zones mauritanienne
avant de venir débarquer leurs captures à Saint-Louis.
Il arrive aussi que les pêcheurs, surtout les « ligneurs de fonds» négocient avec les
gardes côte mauritaniens des permis tacites de pêcher dans les eaux sous juridiction
mauritaniennes valables une seule marée, à renouveler moyennant une somme d’argent avant
chaque sortie. Cela se fait par le biais de relais servant d’intermédiaires entre les gardes côtes
et les pêcheurs. C’est une pratique de plus en plus courante selon les pêcheurs. Il faut
souligner qu’elle est favorisée par l’intérêt que cela présente pour les deux parties : d’une part,
elle enrichit les gardes côtes et d’autre part, elle permet aux pêcheurs ne pouvant pas
bénéficier de permis, d’avoir la possibilité de pêcher en fraude dans les eaux mauritaniennes
sans risque de se faire prendre.
Certain pêcheurs ont simplement préféré s’installer à demeure dans la capitale
mauritanienne, Nouakchott. Cette présence, saisonnière de longue durée, liée prioritairement à
la pêche, offre en outre aux guet-ndariens l’occasion d’autres activités lucratives : ils achètent
à Nouakchott, en vue de la revente à Guet Ndar ou dans d’autres centres côtiers sénégalais,
des pièces détachées pour les moteurs marins et des nappes de filets, dont le prix en
Mauritanie est nettement inférieur à celui pratiqué dans les dépôts sénégalais. De plus, les
ruptures de stock sont assez fréquentes au Sénégal, surtout s’agissant des pièces pour moteurs
japonais.
Cette situation montre que l’adhésion des pêcheurs de Saint-Louis à la mise en œuvre
d’une AMP dans leur espace de pêche ne peut se faire que si on intègre la problématique de la
libre pêche en zone mauritanienne dans les mesures de gestion et d’accompagnement qui
18 Migration et conflits de pêche le long du Littoral sénégalo-mauritanien : cas des pêcheurs de Guet-Ndar. In
Recherches Africaines. No 03, décembre 2006
82
seront envisagées pour atténuer les conséquences négatives des restrictions qui seront
appliquées, à défaut des les compenser. L’AMP est proche de la frontière, et en raison des
migrations de poissons, ce qui se passe à l’intérieur est très en relation avec les pratiques à
l’extérieur. Le débat dépasse alors le cadre restreint d’une AMP et se pose en terme
d’orientations et d’évolution des relations entre les deux États. A ce niveau, la balle est dans
le camp des autorités administratives qui gèrent les AMP (DPN, DPMSC). De leur capacité à
sensibiliser l’État sur la nécessité de rendre plus accessible la zone mauritanienne si on veut
asseoir une AMP qui fonctionne bien à Saint-Louis, dépendra le respect du plan de gestion
qui sera élaboré. Autrement, il sera difficile pour les pêcheurs de s’approprier l’AMP, comme
ils le répètent souvent « on ne peut pas à la fois nous interdire le nord et le sud de Saint-Louis.
Si vous voulez protéger le sud, faites au moins que le nord nous soit autorisé ». A cet effet, O
DIOP (2006) rapporte que de plus en plus les Guet-Ndariens sont habités de sentiment
d’abandon, d’incompréhension, très souvent de révolte contre les autorités des deux pays :
pour le cas de la Mauritanie à raison des conditions jugées difficiles pour pratiquer la pêche ;
pour le cas du Sénégal, pour son « manque de courage » et pour avoir accepté des dispositions
« contraires à leurs intérêts »
Epinephelus aeneus (Thiof) Pagellus bellottii(Tiki) Plectorhynchus méditerranneus Sparus ehrenbergii (kibaro)
(Banda)
Figure 28. Clichés photographiques des principales espèces démersales pêchées à St-Louis
83
6.2.3 Les espèces pélagiques
Les pélagiques constituent les captures les plus importantes en terme de volume. Les
deux groupes d’espèces les plus importantes sont les sardinelles (S aurita et S. maderensis) et
les chinchards (T. trecae). Ces espèces effectuent des migrations saisonnières Nord-Sud
d’amplitude variable dont dépend la disponibilité pour la pêche au Sénégal
Pour la Sardinella aurita la phase de descente dans les eaux sénégalaise à partir de
Saint-Louis, coïncide avec le début de la saison froide. La phase de concentration, de préponte
a lieu en mars-avril au sud du Sénégal (cf. fig.30), de mai à septembre les individus effectuent
leur remontée vers le nord jusqu’à25°Nord avec une phase de ponte (Boely et al, 1978, cité
par Barry M et al). Les juvéniles et les jeunes reproducteurs restent dans les nurseries de la
petite côte sénégalaise et du Banc d’Arguin (Mauritanie) pendant une année avant de se
joindre aux adultes. L’AMP de Saint–Louis n’est donc pas pour les pélagiques (qui
constituent 80% des prises annuelles) un site de reproduction, en particulier les sardinelles
(plus de 90 % des pélagiques débarqués selon les techniciens du SRPS). Toute porte à croire
que leur présence pendant l’upwelling, est liée à leur migration soit vers le Sud du Sénégal à
partir de janvier, soit vers la Mauritanie à partir du moi de mai. En réalité l’AMP ne constitue
pour les pélagiques pas plus qu’un couloir de migration.
Figure 29. Cycle migratoire, périodes de pontes, nurseries, et localisation mensuelles des principales
concentrations d’adultes de Sardinella aurita dans la zone Sénégalo-mauritanienne
84
Les cycles migratoires des autres espèces pélagiques présentent à peu prés le même
schéma spatio-temporel avec des amplitudes différentes
Tableau 10. Principales espèces de poissons pélagiques pêchés dans l’AMP de St-Louis
A partir du mois de juin, les eaux s’appauvrissent à cause de la migration vers le nord
des espèces abondantes (Sardinelle, Mulets, Chinchard…). Seules quelques espèces
(Ethmalose, Carpe blanche, Seiche…) sont débarquées en petites quantités pendant cette
période.
D’après les statistiques du Service régional des pêches maritimes, en 2005 à Saint-
Louis, sur un volume total de 49 613 tonnes de poissons, 31 937 tonnes sont débarqués entre
Décembre et Mai ce qui représente environ 64% des prises totales.
85
7000000
6000000
5000000
4000000
3000000
2000000
1000000
0
Source : SRPSM
86
Sardinella maderensis Sardinella maderensis Decapterus rhonchus Trachurus trecae
(yaboy tass) (yaboy meueuk) ( Daï) ( Diaï bu gnul)
Mugil spp (deem) Pomadasus saltator (Ngot) Lichia amia (Warangal) Ethmalosa fimbriata (Kobo)
Figure 31. Clichés photographiques des principales espèces pélagiques pêchées à St-Louis
Les oiseaux font l’objet d’étude et de suivi régulier au niveau de ces deux parcs
nationaux. Près de 360 espèces d’oiseaux (dont 322 espèces réellement observées) parmi
lesquelles 58 espèces nicheuses (Rodwell et al. 1994, Morel et Morel 1990) ont été
recensées au PNOD. L’effectif total de l’avifaune du PNOD est estimé à plus de
87
3 000 000 d’individus (toutes espèces confondues) au plus fort de la saison
(Décembre) avec 90% d’oiseaux d’eau qui sont pour la plupart des migrateurs du
paléarctique. Le Parc National des Oiseaux du Djoudj est, en Afrique de l’Ouest, l’une
des zones d’hivernage les plus importantes pour ces derniers. D’autres y font escale
pour ensuite poursuivre leur route vers des quartiers d’hiver en Afrique Centrale ou du
Sud. Les canards (sarcelles d’été, canards pilet, canards souchet) et les limicoles
(Chevalier combattant et barge à queue noire) sont les plus représentatifs (TRECA,
1990).
L’îlot aux Oiseaux, situé dans l'estuaire du fleuve Sénégal dans le Parc National de la
Langue de Barbarie, est également un endroit de nidification important pour les espèces
piscivores telles que la Mouette à tête grise, le Goéland railleur, le Sterne royale et le Sterne
caspienne
Même si la façade atlantique du PNLB est un site de nidification des tortues marines,
les pêcheurs avouent que la présence de cette espèce semble aujourd’hui anecdotique. Les
traces et/ou carcasses de quatre espèces sont cependant signalés par le conservateur du PNLB.
Ce sont : la Tortue luth (Dermochelys coriacea), laTortue imbriquée (Retmochelyus
imbricata), laTortue olivâtre (Lepidochelys olivacea), laTortue verte ( Chelonia mydas ).
D’ailleurs, le WWF WAMER a initié une politique de protection des cétacés et tortues
marines. Il mène dans le PNLB depuis quatre une campagne suivi des tortues marines au
niveau des différents lieux présumés de ponte pour s’assurer de leur présence effective en vu
de mettre en place un programme local de préservation de cette espéce. Cette initiative ne doit
pas se limiter au PNLB, mais couvrir toute la bande maritime de la Langue de Barbarie.
Aussi dans le plan de gestion de l’AMP, il est important de prévoir des études
scientifiques sur les tortues marines à Saint-Louis pour la connaissance et la gestion de cette
espèce menacée. Des études complémentaires de l’inventaire des espèces et des sites de ponte
doivent être poursuivies dans l’AMP pour rassembler des données de base sur les espèces
présente et obtenir une cartographie des sites de ponte.
En ce qui concerne les mammifères marins les pêcheurs signale la présence de
Baleine19de Dauphin (Zouza teuszii), de Phoque moine (Monachus monachus).
19 En Août 2007 un Bébé Baleine a été retrouvé mort sur la page d’hydrobase. Les causés du décès n’ont pu être
déterminées
88
7 LES MODES D’EXPLOITATION : UNE DIVERSITÉ DE
PRATIQUES À L’ORIGINE DE LA PRESSION ACCRUE
SUR LA RESSOURCE ET DES CONFLITS ENTRE
USAGERS.
Les pêcheurs jusqu’ici rencontrés s’accordent sur le fait que des espèces encore
abondantes il y’a 15 à 20 ans deviennent de plus en plus rares, notamment dans la zone des 6
miles marins (1 mile=1609m) réservée en principe à la pêche artisanale. Ce phénomène
touche surtout les espèces démersales. A l’inverse des poissons pélagiques, les poissons
démersaux sont inféodés à des milieux particuliers et se fixent généralement dans des zones
ils trouvent à la fois un habitat (roches sous marines, récifs coralliens…) et des conditions de
vie favorables (peu de menaces). Conditions qui prévalaient surtout avant la modernisation
des techniques de pêche. Le poisson était abondant et présent en permanence dans les eaux
limitrophes du rivage. La menace qui pèse donc sur ces espèces est due à plusieurs facteurs.
Les plus déterminants sont :
De l’avis des pêcheurs de Guet-Ndar, la première cause de la dégradation des
ressources halieutiques est la pêche industrielle clandestine qui exploite par les
chalutiers et crevettiers, la zone réservée à la pêche artisanale. « Toutes les nuits on
aperçoit du rivage, des bateaux opérer de façon illégale à moins de 2 miles de la
plage» affirme la plupart des pêcheurs
La disparition des crustacés (crevettes, langoustes…) entraînant la disparition de
beaucoup d’espèces démersales. Selon les pêcheurs, la plupart des espèces démersales
se nourrissent de crevettes. Les crustacés sont des espèces qui ont besoin à des
périodes de leur vie, de milieux aux caractéristiques différentes (salés, saumâtres,
etc.). La reproduction se passe généralement à l’intérieur des fleuves (eau douce) les
larves convergent vers les embouchures (milieu saumâtre) où elles grandissent puis la
maturation se fait en pleine mer en milieu salé. C’est toute l’importance des zones
d’estuaires dans la préservation des ressources halieutiques. L’existence de
l’embouchure a favorisé leur prolifération sur la côte nord du Sénégal, mais elles
montrent des signes de surexploitation suite à des pillages perpétrés par les bateaux
chalutiers qui interceptent les femelles reproductrices et les jeunes adultes au moment
de leur déplacement entre la haute mer et l’embouchure.
La pression accrue sur la ressource (augmentation du nombre de pêcheurs, du nombre
de pirogues et de l’effort de pêche) et l’utilisation d’engins plus efficaces (senne
tournante)
La destruction des habitats due à l’utilisation de mono filaments par les bateaux
chalutiers et les pêcheurs aux filets dormants. Les filets non dégradables s’accrochent
sur les roches qui les retiennent poussant les pêcheurs à les abandonner sur place.
L’engin continue à pêcher. Le poisson capturé se décompose et crée à l’intérieur et
aux environs immédiats des roches des conditions physiques et biologiques impropres
à la vie.
En somme, cette situation est à la résultante d’un déséquilibre à la fois écologique et
socioéconomique. Elle entraîne de sérieux dégâts sur l’écosystème marin et met en péril la
survie d’une communauté tributaire de la pêche.
89
7.1 LES MOYENS DE PRODUCTION : DES TYPES DE PÊCHE EN FONCTION DE
L’EMBARCATION ET DES ENGINS UTILISÉS ET DU QUARTIER
La typologie des catégories de pêcheurs se fait selon le type d’engin utilisé. L’engin de
pêche détermine également la taille des embarcations. La diversité des rapports de production
ressort de celles des engins et des combinaisons de moyens de production mis en œuvre. Les
formes de coopération et de partage du produit sont spécifiques au type de pêche. La propriété
des moyens de production connaît des formes multiples : propriété de tout ou partie de
l'équipement, par un individu ou un groupe (moyens hérités par exemple…). Cette propriété
est rémunérée par les parts attribuées à l'équipement (moteurs, embarcations, engins),
caractérisées par une disparité liée au coût du matériel.
7.1.2 La motorisation
Les pirogues sont pour la plupart équipées de moteur hors-bord qui constitue le moyen
de propulsion le plus moderne. La mécanisation de la navigation de la pirogue affranchi d’une
certaines mesures le pêcheur des conditions naturelles même s’il a fallu investir dans le
moteur, dans son entretien et consentir de frais nouveaux de carburant. Elle a permis une
économie de la dépense d’énergie humaine, une augmentation qualitative et quantitative de la
productivité du travailleur par rapport aux conditions de la pirogue manuelle exigeante en
effort physique et très soumises aux caprices des vents. Le moteur permet également, une
conduite plus facile et des déplacements plus importants de la pirogue. Leur puissance est
fonction des dimensions de la pirogue (15 à 20 chevaux pour les petites pirogues de moins de
12 m 20 à 60 pour les pirogues de plus de 12m).
90
Le taux de motorisation du parc piroguier de la grande côte est très élevé et avoisine
92% (CRODT/ISRA 2005). Les pirogues non motorisées (8%) de taille inférieure à 8 m sont
essentiellement localisées à Saint-Louis en milieu estuarien et appartiennent pour la plupart
aux prioritaires de pirogues motorisées qui s’en servent pour des ballades fluviales ou pour le
transport de touristes. On recense également des pirogues non motorisées dans le Gondolais
au niveau des villages riverains du fleuve Sénégal. Cette population principalement agricole
utilise ces petites, pêche de manière clandestine dans le PNLB pour des besoins alimentaires.
C’est avec ces petites pirogues également que les enfants prennent leurs premières leçons de
navigations. Les populations du Gandiolais semblent moins concernées par l’AMP pour
principalement deux raisons. La première est que la pêche n’est pas leur activité principale, ce
sont surtout des agriculteurs encore que leurs terres se salinisent depuis l’ouverture de la
brèche. La seconde raison est liée à leur non spécialisation à la pêche maritime (ils font la
pêche fluviale).
91
Tableau 12. Unités de pêche recensées selon la localité
Le regroupement par localité fait apparaître une concentration des pirogues actives à
Saint-Louis (appartenant aux pêcheurs Nguet-Ndariens) avec plus de 89% des effectifs. La
répartition par type d’engins montre une domination des pirogues pêchant aux filets dormants
de fonds avec 31,5% du parc piroguier, les pirogues de sennes tournantes représentent 9%, les
lignes simples 17,2%, les palangres 25,5%. Ces chiffres doivent être relativisés en fonction de
la mixité des unités de pêches qui redéployent leurs efforts sur des stocks différents selon les
saisons. Toutefois il est apparu une dominance des unités de pêche nécessitant le minimum
d’investissement et peu exigeant en main d’œuvre (les filets dormants).
92
rentrent le soir à partir de 16h. Ils peuvent rester plus longtemps au large, le temps que la
mere se calme car la navigation est très difficile à la traversée de la barre. Pour se protéger
contre l’humidité et le froid ils portent un pantalon en toile et un blouson.
Dans la pirogue ils mettent tout le matériel nécessaire à leur travail : filets, lignes,
appâts, couteaux, bars de fer pour assommer les gros poissons, réserves d’essence et
provisions en eau, pain, biscuit et quand il faut mettre plus de 24h en mer, marmites,
fourneau, riz huile et condiments pour faire la cuisine.
Une fois dans la zone de pêche on cherche à repérer les poches poissonneuses. Cette
recherche repose pour l’essentiel sur l’empirisme. Quand un banc de poissons est détecté ils
mouillent l’ancre et jettent à l’eau des petits poissons écrasés en guise d’appât et commence
ainsi la pêche.
Encadré.
Des connaissances empiriques qui ont une forte influence sur
l'activité : la lune comme élément de référence
A la suite de longues années d’observations et d’expérience, les pêcheurs de
Guet-Ndar sont parvenus à se faire une idée des périodes propices à la pêche de la
position de la lune. Elle constitue un élément de référence dans le choix des moments
de pêche. En effet, les périodes d’abondance et de pénurie rythment le cycle lunaire.
Les différentes périodes qui obéissent au mouvement général de la lune sont : le Kiw, le
Lok et le Ndeey
Le Kiw : c’est la phase ascendante de la lune, il se produit dans la journée,
quand la lune se lève au crépuscule et se couche à l’aube. Pendant le Kiw, le
poisson remonte pour s’alimenter, les pêcheurs disent qu’il se redresse pour
mordre à l’appât. A la phase descendante de la lune, le poisson replonge et
l’appât ne l’attire plus. Cette période se termine quand la lune commence à
apparaître tardivement vers minuit. Le poisson, durant le kiw, se trouve à
environ 2m de profondeur pendant la nuit et le jour, à cause de la densité de la
luminosité se rencontre dans les 20m. Les pélagiques émergent en colonne
pendant cette période
Le Lok : du 13e au 16e jour du cycle lunaire, les eaux se gonflent, les
hautes (flux) et les basses mers (reflux) sont manifestes. La houle est plus
forte et la mer très agitée. Cette période est appelée Lok. Les vives eaux
se produisent une fois dans la journée (marée diurne) et les basses eaux
deux fois (matin et soir). C’est une période d’abondance de remontée des
espèces de fond.
Le Ndeey débute lorsqu’au crépuscule, la lune est au zénith (au dessus de
nos têtes, ni à l’est ni à l’ouest). Le Ndeey atteint son maximum, lorsqu’au
matin, on aperçoit la lune à cette même position. C’est une période de
faibles eaux. Le flux se produit matin et soir (marée semi-diurne) alors
que le reflux ne se produit qu’une seule fois dans la journée. C’est la
période de capture des soles surtout entre avril et juin
93
7.2.1 La Senne tournante et coulissante
Elle est introduite au Sénégal en 1972 par un projet FAO (C, CHABOUD, 1986). Elle
n’est devenue opérationnelle sur la grande côte qu’en 1974. Elle se pratique avec deux
pirogues ayant chacun une capacité de charge pouvant atteindre 20 tonnes. La petite pirogue
mesure entre 16 et 19m transporte le filet et l’essentiel de l’équipage (une vingtaine de
personnes), son rôle consiste à ceinturer les bancs de poissons avec le filet. La grande pirogue
mesure entre 20 et 23m sert au transport de la capture.
Le filet mesure 250 à 400m pour une chute de 40m. C’est un filet actif dans lequel le
poisson est capturé par encerclement (et non maillé). Il possède une grande poche et une
coulisse qui permet de la refermer une fois l’encerclement réalisé.
Figure 34. Retour de pêche d’une unité de senne tournante prise sur le fleuve
95
Les espèces débarquées par les filets dormants même s’ils sont de gros poissons, ne sont
pas toujours de bonne qualité car les filets séjournent longtemps dans l’eau (24 à 48h voire
même plus si la mer est agitée). Ce qui entraîne la décomposition en partie du poisson
capturé. Les prises sont généralement destinées à la transformation et à la consommation
locale.
En ce qui concerne le partage des gains, les recettes une fois déduites les charges
d’exploitation sont divisées en autant de parts égales que de membres d’équipages plus le
moteur et la pirogue : c'est-à-dire, une part pour le moteur, une part pour la pirogue et une part
par pêcheur. Il est dénombré à Saint-Louis 487 pirogues de filets dormants (CDRODT/ISRA
2006) soit 31,5% du parc piroguier.
Il est important de signaler que les lieux de pêche des poseurs de filets dormants sont
presque tous localisés à l’intérieur de l’Aire Marine. Ils représentent ainsi des acteurs clé du
processus de gestion participative
96
7.2.3.1 La pêche du
jour
Elle utilise de petites
pirogues (8m et des moteurs de
faible puissance). Ils opèrent
dans des zones proches des
côtes. C’est une pêche qui
permet de couvrir les besoins en
poisson de la famille même et
de se faire quelques revenus
financiers (les surplus sont
commercialisés). C’est donc une
activité vivrière et famille. Elle
débarque de faible volumes (10
à 50 kg) par sortie et cible les
Figure 35. Débarquement de pirogue du jour sur la plage de
poissons « nobles » (haute
Guet-Ndar
valeur commerciale : pageot,
dorade…).
99
Les filets dérivants sont
utilisés en pêche de jour quand le
poisson est abondant et en marée
pendant les périodes d’eaux
pauvres. Généralement l’unité de
pêche est constituée d’une pirogue
de 12m, d’un moteur de 40cv,
d’un équipage moyen de 6
personnes et de 12 filets (chaque
pêcheur à bord dispose de 2
filets).
Les filets sont calés dans le
sens du vent ou des courants et
levés toutes les 3 heures pour
enlever les prises avant des les
changer de position.
Pour ce qui est de la
rémunération, le gain est divisé en
trois parts égales. Une part est
destinée aux filets. L’équipage, le Figure 38. Débarquement d’une pirogue de filets dérivants
moteur, et la pirogue se partage
équitablement les deux parts restantes.
100
7.2.5 La spécialisation des sous quartiers
L’orientation des pêcheurs de Guet - Ndar vers la mer conduit d’une part à une
uniformisation partielle des techniques de pêche et d’autre part à la spécialisation des sous
quartiers de Guet-Ndar en fonction des techniques de pêche
7.3 LA PÊCHE
INDUSTRIELLE : UNE PRATIQUE AVEC DES EFFETS
ÉCOLOGIQUES NÉFASTES MAIS PAS L’UNIQUE RESPONSABLE DE LA BAISSE
DES RESSOURCES.
102
Toutefois les pêcheurs relativisent leurs différends qui selon eux, dégénèrent rarement
en conflits armés, pas plus qu’ils ne se règlent en justice. La solution se fait toujours à
l’amiable généralement au niveau des « mbaars » grâce à des comités de conflits. Chaque
« mbaar » dispose d’un comité de conflits constitué de sages (pêcheurs à la retraite, les plus
influents) qui interviennent en cas de conflits. Cela est facilité par le fait que Guet-Ndar est un
quartier mono ethnique (wolof) avec de forts liens de parenté entre les différentes familles.
Par contre, l’antagonisme entre chalutiers pêcheurs piroguiers constitue la première et
la principale source de conflits entre utilisateurs de la mer. L’extension du champ d’action de
la pirogue motorisée a entraîné une période nouvelle de concurrence et de conflits malgré la
délimitation juridique des zones respectives de compétence entre la pirogue et le chalutier.
Selon les pêcheurs de Guet-Ndar, la plupart des fonds rocheux, jadis zone de prolifération,
frayères et demeures de poissons sont dévastées par le matériel industriel. Ils affirment que le
poisson a fui, à la recherche d’endroits protégés contre les chaluts.
Aujourd’hui, malgré le système des filets dormants (moins touchés), la pêche piroguière
subit la violence de l’expropriation par la destruction de ses engins de capture par la piraterie
industrielle. Les dégâts causés par les bateaux pirates ne constituent pas seulement un manque
à gagner pour les pêcheurs, c’est une atteinte à l’outil de travail du pêcheur.
En réalité, l’activité de cette multitude d’engins utilisés dans un espace de pêche aussi
restreint par des unités ayant des stratégies et tactiques de pêche très diverses pour exploiter
une ressource limitée engendre, une concurrence le plus souvent déloyale, BAKHAYOKHO
et KEBE (1989) et des répercussions négatives sur le stock halieutique. La lutte acharnée pour
capturer le poisson avec des moyens inégaux et si fortement disproportionnés n’est que le
signe symptomatique de la raréfaction de la ressource et cette lutte est caractérisée par une
situation de pénurie qui pénalise en premier le petit producteur, la pirogue.
103
En dehors du mareyage national, la ville de Saint-Louis comptait également trois
entreprises agrées pour l’exportation (Cofrinord, Delta fish et les établissements Sidy Dieye).
De 1995 à 2000, elles ont exporté environ 300 tonnes de produits frais à destination de
l’Europe à partir de l’aéroport de Saint-Louis. Présentement, Cofrinord est fermé pour
installations obsolètes, Delta fish qui fonctionne par intermittence depuis trois ans est à l’arrêt
actuellement. Les Établissements Sidy Dieye plutôt spécialisés dans la distribution de produits
vivants (crustacés) ravitaillent le marché local et certaines installations qui font de
l’expédition vers Dakar. IL faut quand même préciser que les usines actuellement fermées ont
subi les contrecoups d’une matière première (espèces demersales) fortement diminuée.
7.5.2 La Transformation
Comme pour la pêche artisanale, deux grandes périodes contrastées se succèdent dans
l’activité de transformation : une période d’abondance d’octobre à juin, suivie d’une période
creuse de juillet à août.
Saint-Louis abrite deux centres de transformation : le premier, Goxumbathe, se trouve à
l’extrémité nord du quartier, du même nom, sur un terrain marécageux à la frontière sénégalo-
mauritanienne. Ce quartier, qui
est l’un des derniers apparus
dans la ville, probablement dans
les années 20, était habité à
l’origine par une population
maure. Il a par la suite accueilli
les habitants de Guet-Ndar
fuyant les conditions difficiles
de leur quartier d’origine arrivé
en saturation. Le centre de
transformation est de petites
tailles, comptant une
quarantaine d’artisans, tous
féminins, travaillant sans
manœuvres masculins mais
avec l’aide de leurs enfants.
Le centre compte une Figure 40. Centre de transformation de Guet-Ndar
centaine de claies, de séchage
de taille réduite et de fabrication locale uniquement. Faute de points de débarquements à
proximité immédiate, Le poisson est acheminé depuis Guet-Ndar, d’où il est transporté
jusqu’au centre en charrette par la route.
Le centre de transformation de Guet-Ndar est situé au sud du quartier du même nom,
coincé sur une étroite bande de terre entre les habitations au nord, le fleuve à l’est, le
cimetière au sud et la mer à l’ouest. C’est l’un des plus importants centre du Sénégal, et
pendant longtemps, ce fut aussi le plus important. Plus de 250 femmes transformatrices,
toutes des habitants de Guet-Ndar s’entassent sur ce site. Les principaux produits sont le
poisson séché ou guejj et le poisson fumé appelé kethiakh.
104
8 DES DÉFIS A RELEVER POUR UNE BONNE
PARTICIPATION COMMUNAUTAIRE
Comme nous l’avons cité la mise en place d’une AMP répond à un souci de
recomposition des stocks de poissons, notamment par l’application de mesures conservatoires
dans la zone délimitée. En fait, à Saint-Louis, toute la problématique de la gestion de l’AMP
tourne autour dune activité : la pêche, considérée comme l’une des principales causes de la
baisse de la ressource. Comme le disait Pauly, A (1999)21 , le principe de l’AMP est simple :
si vous protégez le poisson de la pêche, ils vivront plus longtemps, grossiront et produiront
des œufs en nombre constant et exponentiel.
Cependant, une chose est claire : la rareté de la ressource est loin d’être le seul
problème auquel les pêcheurs de Guet-Ndar doivent faire face. Il est évident alors que des
règles de gestion sur proposition des usagers de la ressource ne doivent pas se limiter à la
régulation de son accès. Élargir la surface du problème étudier toutes les contraintes liées à la
filière pêche à Guet-Ndar et y apporter des solutions dans un plan d’aménagement et de
gestion peut être un moyen pour la communauté locale de l’adopter. Comme le souligne
SARR, O (2006) en citant le principe 10 de la Déclaration de RIO (chapitre 23 d’Action 21) : « la
gestion participative des ressources naturelles communes est pour l’opinion internationale, un
des principes fondamentaux pour la gestion durable de ces ressources ». Cela suppose également
l’implication des populations à toutes les étapes, depuis la formulation des mesures de gestion
jusqu’à leur application en passant par les prises de décisions concernant le choix de la mise en
œuvre des dites mesures
105
L’impuissance des pêcheurs face au marché est accentuée par une situation d’oligopole
des mareyeurs et par le caractère périssable du produit. Il est contraint de vendre dans un délai
court pour éviter la détérioration du produit. Les cas de bradage ou de rejet sont fréquemment
observés au niveau des utilisateurs de sennes tournantes. En plus, Saint –Louis est loin des
grands centres de consommation comme Dakar. Les mareyeurs qui s’y présentent non
seulement ne sont pas trés nombreux (50 camion en moyenne par jours), mais ne font pas
toujours le déplacement à Saint-Louis. Ils recrutent sur place des intermédiaires dispersés sur
tout le quai pour l’achat du poisson. Ainsi s’instaure l’illusion d’une multitude d’acheteurs
entre lesquels s’exerce une concurrence. Il n’en est rien. En fait, il suffit qu’un pêcheur mal en
point cède sa production à un prix dérisoire pour que tous les autres soient obligés de s’aligner
sur celui-ci. En fait, la plupart des productions sont achetées à crédit. Les mareyeurs ne paient
le pêcheur que 3 à 4 jours après, lorsqu’ils ont écoulé les produits. Il n’est pas rare qu’au
retour, ils remettent les termes du contrat en cause, en évoquant une détérioration du produit,
une mévente ou tout autre alibi, difficilement vérifiable par les pêcheurs. De nouveau, le
risque est reporté sur le pêcheur.
Ainsi il serait intéressant, face à cette situation, d’instaurer une concertation entre
pêcheurs d’un même centre maritime afin de négocier les prix de vente des débarquements sur
la plage. Cependant, c’est que, les pêcheurs tiennent à leur indépendance et acceptent
difficilement les tentatives collectives, d’où la difficulté pour eux de s’entendre. Ce sont ainsi
les autres acteurs de la distribution qui profitent de cette situation comme l’ont affirmé Le
SANN et AL (1986) : « si l’on observe le plus souvent un accroissement des marges
bénéficiaires après un certain nombre d’intermédiaires, ce profit se fait intégralement en aval
qui de surcroit subit généralement la loi de grossistes sans scrupules, compte tenu du caractère
périssable de son produit et du fait qu’il vit le plus souvent au jour le jour »
22 Guet-Ndar est l’une des localités les plus peuplées au monde avec une densité de plus de 160 000
habitants au km2, Service Régional des Statistiques, 2007
106
pour les secondes. Il faut en moyenne 200 litres de carburant en raison de 500 Fcfa le litre
pour une marée de quatre jours en zone mauritanienne.
La subvention, même si elle est considérée comme l’un des modes d’assistance les plus
voyants, suscite cependant des appréhensions dans le milieu pêcheur quant à sa pérennité. De
toute évidence, la subvention allège les charges d’exploitation et constitue un viatique certain
pour les pêcheurs même si sa valeur n’a cessé de baisser, ce qui fait craindre à son arrêt
éventuel. Selon les pêcheurs, quel que soit le nouveau système qui sera mis en place, la levée
de la subvention aura des répercussions négatives sur leurs activités. Guet-Ndar dispose de 6
stations d’essence sous douane.
23 www.saintlouisdusenegal.com
107
8.2 POINT DE VUE DES PÊCHEURS SUR L’AMP : DES PERCEPTIONS
DIFFÉRENTES SUR UNE NOTION MAL COMPRISE
Il est apparu au cours des nombreux entretiens effectués auprès des populations, que les
pêcheurs ne comprennent pas encore la notion d’AMP. Le fait qu’ils côtoient le PNLB et
fréquentent le Parc National du Banc d’Arguin (Mauritanie) les pousse souvent à assimiler
l’AMP à un Parc National alors que les deux entités ne fonctionnent pas du tout de la même
manière. Aucun zonage secondaire n’existe pour un parc national. Toute activité extractive de
ressources est interdite dans l’intégralité de la zone définie comme étant le Parc (les
populations locales peuvent être associées à la gestion, c’est le cas des écogardes au PNLB)
alors que l’AMP peut faire l’objet d’une exploitation participative et spatio-temporelle.
En effet beaucoup de pêcheurs interrogés (environ le tiers de l’effectif) ne sont pas
favorables à la mise en place d’une AMP. Le manque d’espace est le principal argument
qu’ils émettent pour justifier leur opposition à la mise en place d’une AMP. L’espace de
pêche se disent-ils est relativement étroit à Saint-Louis à cause de la proximité de la frontière
mauritanienne. L’incapacité pour les pêcheurs sénégalais d’exploiter librement les eaux sous
juridiction mauritanienne, explique le fait que les guet-ndariens acceptent difficilement de se
voir interdire l’accès en mer des zones maritimes sous prétexte de favoriser le repos
biologique ou la reproduction des espèces. Du coup, il est fréquent au cours des discussions
que nous soyons interpellés avec une question récurrente qui traduit toutes les craintes face à
cette nouvelle situation : « La Mauritanie nous parque au nord, si l’Etat de l’autre côté nous
parque au sud qu’allons nous devenir ? » s’interrogent-ils.
108
Cependant, la position d’une minorité favorable à la mise en œuvre de l’AMP, évoque
plus un problème d’exiguïté de la pêche qu’une opposition arbitraire à un projet de
conservation. Enfin, l’idée qu’une AMP peut atténuer la pression des bateaux chaluts paraît
être la seule perspective positivement appréciée par les poseurs de filets.
109
La meilleure façon pour l’AMP de contribuer à réduire la pression sur la ressource,
selon les utilisateurs de sennes tournantes, est de faciliter l’accès des pêcheurs Guet-Ndariens
aux eaux mauritaniennes. Ils nourrissent l’espoir que l’implication du Ministère de
l’Environnement dans le domaine de la pêche avec les AMP, amène leur ministre de tutelle à
avoir plus de poids vis-à-vis de la Mauritanie pour ouvrir un peu plus ses frontières et
octroyer un nombre plus important de licences.
8.2.4 Une opinion partagée pour les marins de pirogues glacières et des
bateaux ramasseurs : protéger le milieu pour réhabiliter la
ressource.
Le constat qui s’est dégagé de nos entretiens avec les marins des pirogues glacières et
des bateaux ramasseurs est qu’ils partagent le même point de vue vis-à-vis de l’AMP : c’est
un outil qui selon eux va repeupler les côtes Saint-Louisiennes. Ils manifestent ainsi une réelle
conscience de la dégradation de l’écosystème marin. Les piroguiers qui travaillent pour les
bateaux ramasseurs savent qu’ils sont exploités par les armateurs mais n’ont pas d’autres
choix car il n’y a de poissons à Saint-Louis, nous font-ils remarquer. Si les ressources étaient
abondantes à Saint-Louis, ils resteraient sur place à travailler pour leur propre compte au lieu
travailler pour des armateurs qui les exploitent.
Tout comme les sennes tournantes, les marins des pirogues glaciéres ne perçoivent pas
dans l’immédiat l’impact que l’AMP pourrait avoir dans leurs activités. Ils ne pêchent pas à
Saint-Louis et ils ne croient pas non plus que la réhabilitation des ressources va se faire dans
le court terme. Ils affirment que « Même si on protège, il faut du temps pour que la ressource
se renouvelle » Aussi, ils militent dans un premier temps pour une protection intégrale de
l’AMP contre toute forme de prélèvements, pour à la fois maximiser l’espace à regénerer et
surtout accélérer le processus de repeuplement.
Les marins des pirogues glacières se trouvent dans une situation complexe. Ils sont
équipés de façon à faire des marées de plusieurs jours et à parcourir de longues distances. Par
contre le poisson qu’ils ciblent (les espèces des fonds rocheux) est rare à Saint-Louis (fonds
marins pauvres en bancs rocheux) où ils sont concurrencés par les lignes et les filets
dormants. Ils opèrent habituellement, dans des lieux de pêche situés en territoire mauritanien.
Ils sont ainsi en perpétuel conflit avec les gardes côtes, qui les arraisonnent et saisissent
l’équipement. Leur présence dans ces eaux n’est pas autorisée (les licences de pêche ne
s’appliquent pas aux espèces démersales côtières). Ils sont ainsi obligés d’amadouer les
gardes en versant à chaque marée des sommes d’argents qui viennent s’ajouter à leurs coûts
de production (carburant, glace et vivres) déjà jugés élevés au regard des revenus générés par
l’activité. Il n’est pas étonnant dans ce contexte qu’ils adhérent à l’AMP. Ce qu’ils souhaitent,
c’est trouver sur place et en abondance le poisson qu’ils pêchent en Mauritanie. Ils pensent
qu’une protection intégrale de l’Aire Marine est nécessaire mais pas suffisante pour restaurer
la ressource. Pour cela il faudrait que la protection soit couplée à un programme de mise en
place de récifs artificiels pour retenir les espéces des fonds durs telles l’Epinephelus aeneus
(Thiof), l’Epinephelus goreens (Doye), le Dentex filosus(Diarégne), le Pagrus erhenbergi
(Kibaro Nar) très prisées par les lignes glaciéres.
110
8.3 DES MODES DE GESTION DONT ON PEUT S’INSPIRER
Dans la pêche sénégalaise, les mesures de gestion émanent soit de l’État soit des acteurs
à la base à partir d’initiatives locales. Selon les instances de décision, les impacts sont
diversement appréciés.
Jadis, la pêche à Guet-Ndar faisait l’objet d’une gestion rationnelle et concertée. Plus
récemment, une politique de régulation des prélèvements de sardinelles a été instaurée par les
utilisateurs de sennes tournantes. Toutes ces formes de conservation sont abandonnées à
l’heure actuelle. L’AMP doit tirer les enseignements de ces échecs si l’on veut asseoir un plan
de gestion durable.
111
débarquements. En plus, chaque pirogue qui débarque paie une taxe de 2000 F cfa. L’argent
est destiné à alimenter la caisse de l’Association et à rémunérer les contrôleurs.
Selon les pêcheurs, ces mesures permettent de limiter les rejets et d’augmenter les prix
de vente. Toutefois ce système initié par les jeunes pêcheurs a connu le même sort que celui
traditionnellement appliqué. Il a été abandonné en 2004 suite à l’augmentation du nombre de
récalcitrants qui commettent des infractions mais refusent de se soumettre aux sanctions
prévues.
112
Il nous emble ici important de revenir sur le processus de mise en place de l’AMP
notamment sur les insuffisances qui ont fait que beaucoup de pêcheurs restent sceptiques sur
l’opérationnalité de l’AMP. Deux principales lacunes ont été soulevées.
Nous évoquons en premier lieu l’absence d’un diagnostic concerté qui aurait permis de faire
un premier état des lieux des préoccupations des pêcheurs et de recueillir l’avis d’une frange
assez représentative de la population (dans toutes ses composantes) sur le projet de création
de l’AMP en lien avec un état de référence des côtes saint-louisiennes pour identifier les
zones critiques et les espèces menacée. Cela aurait permis de délimiter une zone consensuelle.
Le deuxième manquement que nous avons constaté est la non représentation dans le
comité de gestion de quatre catégories d’acteurs qui vont jouer un rôle important dans la
réussite du plan de gestion, mais n’ont pas été associés au processus. Ce sont les gestionnaires
du Barrage de Diama (OMVS)24, le service régional de l’hydraulique (gestion de la brèche),
les armateurs industriels (chalutiers), et les professionnels du tourisme. Le comité de gestion
doit contribuer à la mise en place d’une structure efficace et reconnue par tous (un comité de
gestion élargi par exemple) qui établira le plan de gestion de l’AMP et sera garante de son
respect. Il s’agit d’établir les différents facteurs qui conditionnent le maintien et le
renouvellement de la ressource et donc ne pas omettre le barrage ni les chalutiers ni la brèche
(élargissement incontrôlable) car la gestion de l’AMP doit aussi intégrer ces facteurs
importants et ne pas se focaliser uniquement sur l’effort de pêche des seuls piroguiers.
Le développement de l’écotourisme pourrait générer des d’emplois pour les
populations locales. C’est le cas avec l’AMP de Bamboung où la création d’un campement
touristique et la mise en place d’un corps d’éco gardes a permis à la population, surtout aux
jeunes, d’avoir des revenus plus ou moins réguliers.
Comment agir sur la restauration d’un écosystème plus propice à la reproduction et
redonner vie à l’estuaire sans prendre en compte la gestion du barrage de Diama ? En effet, ce
barrage construit sans tenir compte à l’époque du milieu estuarien et maritime et la gestion
actuelle des lâchers d’eau semble peu propice à l’activité biologique de la reproduction des
poissons, dont l’estuaire était autrefois le lieu. Il est donc important que le comité de gestion
de l’AMP puisse disposer d’un droit de regard sur son mode gestion. Le Capitaine du port de
Saint-Louis a émis l’idée, qui nous semble pertinente et qui mérite d’être étudiée d’une
intégration de l’estuaire dans le périmètre à protéger, compte tenu des interactions entre océan
et fleuve, donc en amont et en aval de l’embouchure. En réalité, même si on arrête de pêcher
dans un milieu qui est devenu quasi inerte, du moins largement impropre à des fonctions
biologiques, rien ne garantit que les poissons pourront s’adapter à ce nouveau milieu.
Par ailleurs, il apparaît que la pose de filets dormants est le type de pêche le plus
destructeur. Une mesure rapide et efficace peut être prise en concertation avec les pêcheurs
pour interdire l’usage de filets non dégradables et non-conformes à la réglementation
nationale, pour revenir à des filets en cordages de fibres ou en coton. Cela signifie donc,
qu’une meilleure connaissance du code de la pêche par les pêcheurs éviterait certaines
pratiques. Le plan de gestion doit surtout s’appuyer sur le code la pêche pour d’une part le
faire effectivement appliquer et d’autre part ne pas prendre des mesures qui viendraient à son
encontre.
L’AMP est créée et des mesures de protection partielles ou intégrales vont être prises.
Les pêcheurs pourraient se l’approprier s’ils se sentent associés aux prises de décision (cas
113
des poseurs de filets dormants) et si des mesures compensatrices sont prises en parallèle pour
réduire les effets négatifs du plan de gestion adopté sur certaines catégories de pêcheurs (perte
d’emplois, baisse de revenus) qui sont souvent en situation précaire.
Tous les pêcheurs rencontrés ont évoqué des conditions de vente avec des prix qui ne
rémunèrent pas leurs efforts et les risques qu’ils prennent. Cette question de la
commercialisation du poisson, d’une meilleure rémunération du travail des pêcheurs et de
leurs familles à terre mérite d’être prise en considération même si elle n’est pas forcément du
ressort de l’AMP. Il s’agit de trouver des solutions à ce qu’ils considèrent comme un abus de
pouvoir de la part des mareyeurs.
Dans un tel contexte, le développement harmonieux et durable de l‘AMP de Saint-Louis
nécessite une approche holistique (globale), intégrée, qui suppose la coordination entre les
acteurs directs (État, pêcheurs de Guet-Ndar, armateurs industriels navigant à Saint-Louis,
professionnels du tourisme basés sur la Langue de Barbarie,) et les acteurs indirects (ONGs,
élus locaux, les scientifiques,) dans l'élaboration des stratégies de lutte contre la dégradation
des écosystèmes marins. Une telle approche devrait permettre à long terme de tirer le
maximum de profit des ressources halieutiques, tout en évitant de compromettre la vie des
générations futures. C'est pour toutes ces raisons qu'il importe de:
impliquer le tourisme, la pêche industrielle, l’OMVS et le Service de
l’hydraulique dans le processus d’élaboration du plan de gestion
faire un état des références de l’AMP pour une meilleure connaissance de
l’écosystème (habitats et ressources : taille des stocks, biologie et dynamique
des espèces) et un suivi de l’efficacité des mesures de protection
recréer les habitats pour favoriser la régénération des ressources (immersion de
récifs artificiels dans les zones profondes (plus de 40m) notamment en
partenariat avec le Programme d’immersion de récifs initié par le Ministère de
l’Économie Maritime.
voir les voies et moyens de faciliter l’accès en zone Mauritanienne des pirogues
glacières et des pirogues de senne tournante pour atténuer la pression sur les
eaux saint-louisiennes.
valider le zonage réalisé en août 2007 et baliser le noyau à protéger pour faciliter
la reconnaissance des zones à protéger.
interdire systématiquement la pêche industrielle à l’intérieur de l’AMP.
organiser la filière commercialisation pour atténuer l’abus des mareyeurs.
sensibiliser sur la nécessité d’appliquer un repos biologique coïncidant avec la
période de reproduction (mars à juin pour les poissons démersaux et septembre –
octobre pour la crevette) des espèces exploitées dans tout le périmètre.
mettre en place une chaîne de froid pour limiter les pertes post-captures.
aménager, stabiliser, baliser et draguer la brèche pour limiter l’érosion et
sécuriser le passage des pirogues.
114
9 CONCLUSION GÉNÉRALE
115
règlement des conflits d’usage, notamment dans la pêche, en facilitant la mise en œuvre
d’actions collectives grâce à l’implication des usagers dans la gestion des ressources
(Pollard, 1993; Hanna, 1999 ;Pomeroy, 1999; Thompson, 1999; Thomson, 1999) »,SARR.O
(2005).
Il faut se rendre compte que les règles de gestion et les conditions d’accès à la ressource
ne seront durablement applicables que si elles émanent des professionnels de la mer.
Autrement dit, les pêcheurs ne s’approprient l’AMP que si elle intègre dans sa gestion tous les
maux (contraintes que nous avons évoquées) dont ils souffrent. Pour cela il faut élargir la
surface du problème et ne pas la restreindre à sa plus simple expression qui est la rareté de la
ressource ou la surpêche. Cela permet de prendre des mesures qui n’obligeraient pas le
pêcheur à « rester à terre » car selon MBAYE .A (2006), les communautés de pêcheurs
artisans surtout celles à longue tradition de pêche (guet-ndariens, lébu, niominka), ne sont pas
prêtes à accepter l’interdiction d’une activité traditionnelle assimilée à la fois comme un droit
et un identifiant à l’appartenance à une communauté. Ces dernières considèrent non seulement
la pêche comme une partie intégrante de leur culture mais aussi et surtout, leur principale
source de revenus.
C’est aussi en prenant en compte ces difficultés que la participation active sur la gestion
de l’AMP pourra devenir effective. Sinon elle risque d’apparaître seulement comme un
paquet de contraintes venant s’ajouter à celles qui existent déjà.
En réalité, même si certains pêcheurs de Guet Ndar sont demandeurs d’une AMP, c’est
parce qu’ils souhaitent être plus impliqués dans des questions qui les concernent au premier
chef. Toutefois, il ne s’agit pas pour les pêcheurs de prendre la place de l’État, ni pour
l’administration de se décharger sur les acteurs à la base de ses fonctions de régulation de
l’exploitation des ressources de la mer. Il est simplement nécessaire de mener une action
concertée entre l’État et l’ensemble des acteurs à la base, non seulement pour aboutir à
l’adoption de règles de gestion adaptées aux réalités du terrain mais aussi pour assurer un
contrôle efficace du respect des mesures à prendre.
116
BIBLIOGRAPHIE
Anonyme (2002). Stratégie régionale pour les Aires Marines Protégées en Afrique de
l’Ouest. Version provisoire 2.0 ; 27p
BADIANE,A (1993). Dynamique actuelle de l’estran de la Langue de Barbarie (Saint-
Louis) dans son secteur proximal. Mémoire de maîtrise : UCAD-FLHS, dpt de géographie.
104p
BARRY, M et Al (1994). L’évaluation des ressources exploitables par la pêche
artisanale Sénégalaise. Tome 2. In ORS TOM (éd.) Document scientifiques présenté lors du
symposium de Dakar du 8 au 13 février 1993. PARIS : Collection colloques et séminaires.
424p
BEAUCILLON, C (2005). Contribution à l’élaboration du cadre juridique approprié
pour les AMP du Sénégal. Rapport de stage au WWF-WAMER. 24p
BERTRAND, C (2004). LES AIRES MARINES PROTÉGÉES à l'épreuve du sous-
développement en Afrique de l’Ouest. In La revue en sciences de l'environnement Vertigo vol
5 no 3 décembre 2004 ; 24p
BIAI, J et al (2003). PLAN DE GESTION de la zone côtière des îles Urok (Formosa,
Nago & Chediã) 2004 – 2008 : Réserve de Biosphère de l’archipel de Bolama/Bijagós
Guinée-Bissau. 56p
CHABAUD,C ; KEBE,M (1986). Les aspects socio-économiques de la pêche artisanale
maritime au Sénégal : mutations technologiques et politiques de développement. In ORSTOM
(éd.). Communication à la Conférence Internationale sur les Pêches. Rimouski 10-15 Aout
1986 ; 26p
CHAUVEAU, J.P et al (2000). Les pêches piroguières en Afrique de l’Ouest : pouvoir,
mobilité, marché. France : édition karthala, CMI, et IRD. 388p
DAHOU, T ; WEIGEL, J-Y (2004). La gouvernance des AIRES MARINES
PROTÉGÉES : leçons ouest-africaines. In Revue en sciences de l’environnement Vertigo No
3, vol 5 décembre 2004
DARRE,JP (2006). Aider les producteurs à résoudre leurs problèmes : recherche co-
active de solution. GERDAL (éd.). 117p
DIA, A.M (2000). Écoulements et inondations dans l’estuaire du fleuve Sénégal : le cas
de la ville côtière de Saint-Louis. DEA de géographie, UCAD. 72p
DIAW, A.T ; BA, A et al (1993). Gestion des Ressources Côtières et Littorales. In
UICN (éd.). Actes de l’atelier de Gorée 27-29 Juillet 1992. Cambridge CB3 0DJ : 476p
DIOP,M ; FERRAZZINI, F et al (s.d.). Plan Directeur et de Recherche 1976-1996 pour
le Parc National du Banc d’Arguin. ARLES : FIBA (éd.) 66p
DIOUF, P.S (1996). Les peuplements de poissons des milieux estuariens de l'Afrique de
l'Ouest: l'exemple de l'estuaire hyper halin du Sine-Saloum. Thèse de doctorat : Biologie des
populations et écologie. Université de Montpellier II, Montpellier. 303p
DIOURY,F (1986). Pêche artisanale contre pêche industrielle ? L’incertaine
coexistence. In LE SANN,A. La pêche enjeu nord-sud. Tome2 : La pirogue et le chalutier.
Complément à la lettre de Solagral No 41, septembre 1986. CCFD, SOLAGRAL p 71-81
117
DOMAIN, F (1978). Potentialités comparées des différentes zones de pêche d'espèces
démersales du Golfe de Guinée (19°N-6°S).In Recueil des communications présentées par le
CRODT au symposium sur le courant des Canaries: upwelling et ressources vivantes (Las
Palmas, 11-14 avril 1978). Document scientifique, CRODT/ISRA
GUEYE,M (1980). Le nouveau Guet-Ndar. Études de géographie humaine. UCAD.
168p
GUILCHER, A (1970). Exploitation et utilisation des fonds de mer. In Anales de
géographie. No 434. p 401-424
GRET (1992). La pêche au Sénégal. In chroniques No 55. P 8-14
GRETH, A (s.d). Plan directeur pour le Parc National du Banc d’Arguin 1994-2003.
49p
HATHIE,I (1985). Le GIE des pêcheurs piroguiers comme stratégie d’adaptation à une
conjoncture défavorable : cas de Guet-Ndar-Saint-Louis. Mémoire de fin d’études :
ENEA,Dakar, 114p
HENOCQUE,Y ; DENIS,J et al (1997). Guide méthodologique d’aide à la gestion
intégrée de la zone côtière. UNESCO (éd.). Manuels et guides36. 47p
HENOCQUE,Y ; DENIS,J et al (2001). Des outils et des hommes pour une gestion
intégrée des zones côtières In. Guide méthodologique-volume II. UNESCO (éd.). Manuels et
guides 42. 47p
KALORA, B ; CHARLES, L (2000). Intervention sociologique et développement
durable : le cas de la gestion des zones côtiéres. In Nature, science et société (éditions
scientifiques et médicales) V.8, No.2. p 31-38
KANE, A (1985). Le bassin du fleuve Sénégal à l’embouchure, flux continentaux
dissous et particulaires, invasion marine dans la vallée du fleuve Sénégal. Thèse de doctorat
de 3e cycle de géographie physique. Université de Nancy II. 205p
KANE, F (2005). Évolution récente de la Langue de Barbarie (Saint-Louis du Sénégal)
et ses impacts environnementaux et socioéconomiques. Mémoire de maîtrise de géographie :
Université de Paris Sorbonne (Paris IV), UFR de géographie.183p
KANE, M.L(1985). La pêche artisanale à Guet-Ndar : étude socioéconomique.
Mémoire DEA :UCAD-FLSH, dept de géographie. 85p
KEBE,M ; BARRY,M (s.d). Évolution de la recherche halieutique face au
dynamisme de la pêche artisanale maritime sénégalaise. CRODT/ISRA (éd.). 19p
LALOË, F ; SAMBA, A. (1990 ). La pêche artisanale au Sénégal : Ressource et
stratégie de pêche. ORSTOM (éd.), collection études et théses. Paris 1990. 395p
LECA, N (1984). Les pêcheurs de Guet-Ndar. In Bultin du Comité d’études historiques
et scientifiques de l’Afrique occidentale. Tome XVII. p 226-377
LEFEBVRE, C (2005). Aires Marines protégées, les enseignements de premier congrès
mondial pour la stratégie nationale. In UICN (éd.) Gelong, Australie 24-28 Novembre 2005
LE SANN,A (1986). Renforcer le pouvoir des Communautés de pêcheur. In BELLEC,F
F La pêche enjeu nord-sud. Tome 1 : La pirogue et le Chalutier. Tome 1. Complément à la
lettre de Solagral No 44, janvier 86. CCFD, SOLAGRAL p 10-11
118
LINDEN,O (1990) . Impact des activités humaines sur les zones côtiéres. In Nature et
sciences « la recherche sur la mer et le littoral » V 26, No 4, p 3-10
MABILE , S (2004). Les aires marines protégées en méditerranée : Outils d’un
développement durable. Thèse de doctorat : Université Aix Marseille III, 520p
MBAYE, A (2006). Impacts socioéconomiques de la réduction de la surcapacité de
pêche au Sénégal. 27p
MICHEL, P (1990). L’après barrage dans la vallée du fleuve Sénégal : modifications
hydrodynamiques et sédimentologiques, conséquence sur le milieu et les exploitations
agricoles. Université Louis Pasteur, Strasbourg I. UFR Géographie
MILLIMAN, J.D (1990). Les matières solides dans les mers littorales : flux et devenir.
In Nature et sciences « la recherche sur la mer et le littoral » V26 No4 P 12-22
NDIAYE, A (1975). Le Gandiolais, l’estuaire du fleuve Sénégal, la Langue de
Barbarie : étude géomorphologique. Mémoire de maitrise. UCAD/FLSH, dépt de géographie.
88p
RIEUCAU, J (1986). Le Sénégal, l’espoir dans l’océan. In BELLEC,F La pêche enjeu
nord-sud. Tome 1 : La pirogue et le Chalutier. Complément à la lettre de Solagral No 44,
janvier 1986. CCFD, SOLAGRAL p 27-29
ROBERTS, C (1999). Zones marines protégées : un outil stratégique. In Pauly D et al :
Rapport de recherche halieutique ACP-UE, Bruxelles, septembre 1999. p 37-43
SARR, O (2005). Aire marine protégée, gestion halieutique, diversification et
développement local : le cas de la Réserve de Biosphère du Delta du Saloum
(Sénégal). Thèse de doctorat : sciences économiques. Université de BRETAGNE
OCCIDENTALE. . 245p
SENAGROSOL-CONSULT (2007).Elaboration d’un plan d’aménagement et de
gestion de l’Aire Marine Protégée de Cayar : Rapport bilan diagnostic. 85p
SENE, A (1985). Les transformations sociales dans la pêche maritime piroguière :
conditions de travail et modes de vie des pêcheurs de Guet-Ndar de Saint-Louis du Sénégal.
Thèse de doctorat : Université de Toulouse le Mirail. 706p
SENE, A (1986). La pirogue et après ? In BELLEC,F F La pêche enjeu nord-sud. Tome
1 : La pirogue et le Chalutier. Complément à la lettre de Solagral No 44, janvier 86. CCFD,
SOLAGRAL p 71-74
SIDI, O.M (2005). Les ressources de petite pélagiques en Mauritanie et dans la zone
nord ouest africaine : variabilité spatiale et temporelle, dynamique et diagnostic. Thèse de
doctorat : mention halieutique. ENSA de RENNES. 287p
SOUMARE, A. (1996). Étude comparée de l’évolution géomorphologiques des bas
estuaires du Sénégal et du Saloum, approche par les données de terrain et la télédétection.
Thèse de 3ème cycle. UCAD. Département de géographie 265p
SOUMARE,A ; DIOUF, P.S ; SIEGEL,P (2005). Processus participatif de sélection de
sites d’AMP au Sénégal. WWF WAMER. 14p
STAUB, F ; E.HATZIOLOS, M (2004). Instrument de suivi de l’efficacité de la gestion
des Aires Marines Protégées. WWF/Banque Mondiale. 31p
119
STEWART, R (1990) L’océan et le climat In. Nature et sciences « la recherche sur la
mer et le littoral » V26, No 4 P, 30-36
ULF,L (1990). La science des ressources marines vivantes et leur gestion. In Nature et
sciences « la recherche sur la mer et le littoral » V26, No 4, P 23-29
120
TABLE DES MATIÈRES
RÉSUMÉ..................................................................................................................................... i
ABSTRACT ............................................................................................................................... ii
REMERCIEMENTS ................................................................................................................. iii
DÉDICACES ............................................................................................................................ v
QUELQUES ABRÉVIATIONS….. ........................................................................................ vii
SOMMAIRE ............................................................................................................................. ix
INTRODUCTION ...................................................................................................................... 1
PARTIE I : CONTEXTE GENERAL, PROBLÉMATIQUE ET DÉMARCHE DE L’ÉTUDE
.................................................................................................................................................... 3
1 CONTEXTE GENERAL DE L’ÉTUDE ........................................................................... 5
1.1 La zone d’étude .......................................................................................................... 5
1.2 la structure d’accueil : une organisation de conservation de la nature ....................... 7
1.3 les AMP dans le monde : UN aboutissement des recommandations de rio. .............. 7
1.3.1 Rôle de l’Aire Marine Protégée ........................................................................... 8
1.3.2 Les dispositions réglementaires internationales ................................................... 9
1.3.2.1 La Convention des Nations Unies sur le droit de la mer : la fin d’un
paradigme 9
1.3.2.2 La Convention sur la Diversité Biologique (CDB)..................................... 10
1.3.2.3 Le Code de conduite pour une pêche responsable et ses implications en
matière de durabilité ..................................................................................................... 10
2 PROBLÉMATIQUE : INTÉRÊT DES AIRES MARINES PROTÉGÉES AU
SÉNÉGAL : L’IMPORTANCE DE LA PROTECTION, DE LA PÊCHE ET DES SIGNES
D’ÉPUISEMENT ..................................................................................................................... 13
2.1 Processus du choix des sites d’AMP au Sénégal ..................................................... 15
2.1.1 La délimitation de l’AMP de Saint-Louis sur un espace de pêche déjà trop étroit
18
2.1.2 .................................................................................................................................. 21
2.2 Cadre légal national : les instruments juridiques applicables .................................. 21
2.2.1 Le régime juridique du Domaine Public Maritime ............................................ 21
2.2.2 Le régime juridique de la pêche maritime .......................................................... 21
2.3 Le cadre institutionnel .............................................................................................. 21
2.3.1 Les organes de gestion de l’AMP de Saint-Louis .............................................. 22
2.3.1.1 L’Assemblée Générale ................................................................................ 22
2.3.1.2 Le comité de gestion ................................................................................... 23
2.3.1.2.1 Le fonctionnement .................................................................................. 23
2.3.1.2.2 Le bureau ................................................................................................ 23
3 LA DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE ...................................................................... 27
3.1 La demande initiale : une demande aux objectifs larges .......................................... 27
3.2 Objectifs spécifiques : des objectifs recentrés dans le cadre du mémoire. .............. 27
3.3 Objet du mémoire ..................................................................................................... 28
3.4 Hypothèses de l’étude .............................................................................................. 28
3.5 But de l’étude : ......................................................................................................... 28
3.6 La démarche ............................................................................................................. 28
3.6.1 Phase exploratoire .............................................................................................. 29
3.6.2 La phase de terrain ............................................................................................. 30
3.6.3 Prise de contact, pré enquêtes compréhensive et poursuite de la bibliographie 30
3.6.4 Déroulement du stage ......................................................................................... 30
121
3.6.4.1 Présentation de l’échantillon. ...................................................................... 30
3.6.4.2 Recueil d’informations dans la zone d’études ............................................ 31
3.6.4.3 Analyse du milieu ....................................................................................... 32
3.6.4.4 Analyse des ressources biologiques et des modes d’usages : des enquêtes
qualitatives ................................................................................................................... 32
3.6.4.5 Analyse du milieu humain .......................................................................... 33
3.7 Difficultés rencontrées ............................................................................................. 33
PARTIE II : INFORMATIONS GÉNÉRALES SUR LA ZONE ............................................ 35
4 PÊCHE ARTISANALE A SAINT-LOUIS, UNE ACTIVITÉ TRÈS ANCIENNE QUI A
CONNU BIEN DES ÉVOLUTIONS ...................................................................................... 37
4.1 Évolution des activités de pêche .............................................................................. 38
4.1.1 Des origines à la moitié du 20ème siècle ............................................................. 38
4.1.2 De 1950 à nos jours ............................................................................................ 39
4.2 Organisation sociale et évolution ............................................................................. 40
4.2.1 Les organisations socioprofessionnelles ............................................................ 41
4.2.1.1 Le Syndicat national des pêcheurs marins du Sénégal (SNPMS)............... 42
4.2.1.2 Le Collectif national des pêcheurs du Sénégal (CNPS).............................. 42
4.2.1.3 L’Association des jeunes pêcheurs de Guet-Ndar (AJPGN) ...................... 42
4.3 Cadre Socio-économique général............................................................................. 42
4.3.1 La population : tendance générale ...................................................................... 42
4.3.2 Organisation de l’espace : .................................................................................. 44
4.3.2.1 La langue de Barbarie ................................................................................. 44
4.3.2.2 Le quartier pêcheur de Guet-Ndar .............................................................. 46
4.3.2.3 Les mbaars .................................................................................................. 47
4.3.2.4 Le Parc National de la Langue de Barbarie : un site protégé superposé en
partie à l’AMP .............................................................................................................. 48
4.4 Conclusion ................................................................................................................ 50
PART III : MILIEU BIOPHYSIQUE, MODES D’EXPLOITATION ET DE GESTION . 51
5 L’ENVIRONNEMENT PHYSIQUE ............................................................................... 53
5.1 Les conditions météorologiques ............................................................................... 53
5.1.1 La saison sèche ................................................................................................... 53
5.1.2 Les pluies............................................................................................................ 53
5.2 Les conditions hydrologiques marines et leurs variations saisonnières. .................. 55
5.2.1 Des courants marins en fonction du régime des vents ....................................... 55
5.2.2 Des eaux superficielles dépendant des courants marins..................................... 56
5.2.3 Deux grands types de houles à Saint-Louis ....................................................... 57
5.2.4 Les vagues .......................................................................................................... 58
5.2.5 Les marées : un mouvement biquotidien des eaux ............................................. 58
5.3 L'hydroclimatologie de la région. ............................................................................ 59
5.3.1 Les saisons marines sous l’influence de la météo .............................................. 59
5.3.2 La saison froide (janvier à avril) : un vecteur d’upwelling ................................ 59
5.3.3 La transition saison froide-saison chaude (avril-juin) ........................................ 60
5.3.4 La saison chaude ................................................................................................ 60
5.3.5 La transition saison chaude-saison froide .......................................................... 61
5.3.6 Les températures : des variations inter saisonnières de grande amplitude ......... 61
5.4 Évolution géomorphologique à Saint-Louis ............................................................ 62
5.4.1 Les grandes phases morphogénétiques et leur conséquences ............................ 62
5.4.1.1 Le Quaternaire ............................................................................................ 63
5.4.1.2 Le Nouakchottien(7000 – 5500 BP) ........................................................... 63
5.4.1.3 Le subactuel et l’actuel ............................................................................... 63
122
5.4.1.4 Conséquences de la morphogénèse : l’instabilité d’un espace géographique
soumis à un processus inexorable de réduction ........................................................... 64
5.5 Les aquifères ............................................................................................................ 64
5.6 Morphologie et sédimentation des fonds de pêche au large de St-Louis ................. 65
5.7 Les effets de la nouvelle brèche sur la pêche maritime à Saint-Louis : la traversée de
la barre moins pénible mais des impacts négatifs ailleurs. .................................................. 69
5.8 Conclusion ................................................................................................................ 71
6 LE PATRIMOINE NATUREL DE L’AMP : UNE SITE A HAUT POTENTIEL
BIOLOGIQUE ......................................................................................................................... 73
6.1 Les habitats naturels : Géographie et toponymie des lieux de pêche ....................... 73
6.2 Les ressources exploitées : les poissons ................................................................... 76
6.2.1 La présence du poisson conditionnant des flux migratoires .................... 76
6.2.2 Les espèces démersales côtiéres .................................................................... 77
6.2.2.1 La communauté à Sciaenidae...................................................................... 77
6.2.2.2 La communauté des espèces de la thermocline .......................................... 78
6.2.2.2.1 La communauté des Sparidae ................................................................. 79
6.2.3 Les espèces pélagiques ....................................................................................... 84
6.3 Autres espèces présentes : les oiseaux, tortues et mammifères marins .................... 87
7 LES MODES D’EXPLOITATION : une diversité DE PRATIQUES à l’origine de la
pression accrue sur la ressource et des conflits entre usagers. ................................................. 89
7.1 Les moyens de production : des types de pêche en fonction de l’embarcation et des
engins utilisés et du quartier ................................................................................................. 90
7.1.1 Les embarcations : .............................................................................................. 90
7.1.2 La motorisation .................................................................................................. 90
7.1.3 Structure du parc piroguier au niveau de l’AMP ............................................... 91
7.2 Les types de pêche artisanale ................................................................................... 92
7.2.1 La Senne tournante et coulissante ...................................................................... 94
7.2.2 Les filets dormants de fond ................................................................................ 95
7.2.3 Les lignes............................................................................................................ 96
7.2.3.1 La pêche du jour.......................................................................................... 97
7.2.3.2 La pirogue glacière ..................................................................................... 97
7.2.3.3 Les bateaux ramasseurs............................................................................... 98
7.2.4 Les filets dérivants : ........................................................................................... 99
7.2.5 La spécialisation des sous quartiers ................................................................. 101
7.3 La Pêche industrielle : une pratique avec des effets écologiques néfastes mais pas
l’unique responsable de la baisse des ressources. .............................................................. 101
7.4 Les conflits entre les usagers. ................................................................................. 102
7.5 Les activités connexes à la pêche ........................................................................... 103
7.5.1 Le mareyage ..................................................................................................... 103
7.5.2 La Transformation ............................................................................................ 104
8 DES DÉFIS A ReLEVER POUR UNE BONNE PARTICIPATION
COMMUNAUTAIRE ............................................................................................................ 105
8.1 Les contraintes de la filière pêche à Saint-Louis.................................................... 105
8.1.1 L’approvisionnement en glace ......................................................................... 105
8.1.2 Les difficultés d’écoulement ............................................................................ 105
8.1.3 Accroissement de l’effectif des pécheurs et du nombre d’unités de pêche. ..... 106
8.1.4 Coût élevé du carburant et des engins de pêche ............................................... 106
8.1.5 Manque d’infrastructures ................................................................................. 107
8.1.6 Le changement du regime hydrographique induit par le barrage de Diama .... 107
8.1.7 Les problèmes de renouvellement difficile du matériel ................................... 107
123
8.1.8 La présence de la barre ..................................................................................... 107
8.2 point de vue des pêcheurs sur l’amp : des perceptions différentes sur une notion mal
comprise ............................................................................................................................. 108
8.2.1 De l’avis des pêcheurs aux filets dormants : la mer Saint-Louisienne est trop
petite pour abriter une AMP ........................................................................................... 108
8.2.2 De l’avis des pêcheurs à la ligne : Une AMP oui, à condition de créer des
habitats 109
8.2.3 De l’avis des utilisateurs de sennes tournantes : une réserve fixe n’apporte rien
aux espèces migratrices .................................................................................................. 109
8.2.4 Une opinion partagée pour les marins de pirogues glacières et des bateaux
ramasseurs : protéger le milieu pour réhabiliter la ressource. ........................................ 110
8.3 Des modes de Gestion dont on peut s’inspirer ....................................................... 111
8.3.1 Des règles traditionnelles d’autogestion disparues .......................................... 111
8.3.2 Des mesures de régulation des captures non généralisées ............................... 111
8.3.3 Un programme de récifs artificiel pour recréer les habitats ............................. 112
8.4 DISCUSSION ET PROPOSITIONS ..................................................................... 112
9 CONCLUSION GÉNÉRALE ........................................................................................ 115
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 117
TABLE DES MATIÈRES ..................................................................................................... 121
LISTE DES FIGURES ........................................................................................................... 125
LISTE DES TABLEAUX ...................................................................................................... 127
ANNEXE ............................................................................................................................... 129
ANNEXE 1 : GUIDE D’ENTRETIEN .................................................................................. 131
ANNEXE 2 : Les mécanismes de l’upwelling ....................................................................... 136
ANNEXE 3 : Décret de création de l’AMP ........................................................................... 137
ANNEXES 4 : Cartes des températures de surface et des salinités de l’océan (saison froide-
saison chaude) pour la période 1971-1970 ............................................................................. 142
ANNEXE 5 : Infrastructures de pêche et touristiques sur la Langue de Barbarie, au nord de
l’embouchure .......................................................................................................................... 146
ANNEXE 6 : Accords de pêche sénégalo-mauritaniens ........................................................ 147
ANNEXE 7 : Répartition spatiale des activités à St-Louis .................................................... 152
ANNEXE 8 : Évolution des effectifs et des débarquements de la pêche à St-Louis ............. 153
ANNEXE 9 : Axes de circulation et nœuds d’engorgements ................................................ 154
ANNEXE 10 : Filets dormants............................................................................................... 155
ANNEX 11 : Filets de senne tournante .................................................................................. 155
ANNEXE 12 : Filets dérivants avec ses flotteurs .................................................................. 156
ANNEXE 13 : PALANGRIER .............................................................................................. 156
124
LISTE DES FIGURES
125
126
LISTE DES TABLEAUX
127
128
ANNEXE
129
130
ANNEXE 1 : GUIDE D’ENTRETIEN
. INTRODUCTION PRÉSENTATION
Parlez nous de vos activités, expliquez nous comment vous faites (engins utilisés,
espèces exploitées, les volumes, zones exploitées, nombres de personnes employés,
organisation du travail, calendrier de travail) et quelles sont vos difficultés à propos de ces
activités ?
131
- Comment, sous quelle pression, avec quelle aide et avec quelle réflexion les pêcheurs
ont été amenés à motoriser leurs pirogues?
- Les activités pratiquées dans le site sont-elles devenues plus importantes ou moins
importantes pour les populations? Pourquoi?
- Avez-vous constaté une diminution ou une augmentation des ressources sur le site ces
dix dernières années ?
- Quelles sont les types de pêche menées dans l’AMP (industrielle, artisanale) ?
- Quels sont les groupes d’exploitants (communauté, âge, genre, engins utilisés) ?
- Quelles sont les organisations professionnelles existantes ? Qui les dirigent ?
- Qui sont les leaders d’opinions (personnalités influentes cachées ou pas)
- Quelles sont les types d’embarcation que vous utilisez (taille, motorisation, contenance,
matériau….)
- Vous les avait achetés à combien l’unité ? Leur durée de vie ? Les charges d’entretien
annuel ? Comment faites vous pour les renouveler (amortissement, coopératives de crédit,
autres ?
- Qui fait partie de l’équipage (famille, étrangers…)? Comment est-il organisé (qui fait
quoi) ? Effectif ?
- Comment le travail est –il organisé dans le temps (calendrier)?
132
- Dites nous quelle(s) est (sont) votre (vos) principale(s) prise(s) (demersales, pélagiques,
autres).
- Quel est l’ordre croissant des espèces capturées dans le site ?
- Pouvez nous expliquez à quoi cet ordre est lié ?
- Quelles sont les types de ressources débarquées dans la zone ?
- Sur les espèces débarquées, quelles sont celles qui sont pêchées dans l’AMP? Pourquoi
selon vous le site abrite toutes ces espèces ?
- Ces ressources sont-elles en permanence dans le site ou sont-elles dans le site uniquement
à certaines périodes de l’année ? D’où viennent-elles ?
- Sur les volumes débarqués, quelle est la proportion des espèces pêchées dans l’AMP
- Quelles sont les espèces pêchées à Saint-Louis et débarquées ailleurs ? Pourquoi ?
- A combien évaluez-vous le nombre de pirogues qui fréquentent le site par jour ?
- Y’a t-il d’autres usagers de ce site qui y vont sans pirogue ?
- Combien de véhicules de mareyeurs fréquentent la localité par jour?
- Combien de tonnes évaluez-vous les quantités débarquées dans la localité par jour?
- Quelle est la destination des produits débarqués dans la localité (mareyage intérieur,
exportation, transformation artisanale)? Les proportions ?
LES RÉGLEMENTATIONS
- Quels sont les modes d’autogestions déjà appliqués par les pêcheurs (autorégulation de la
pression de l’activité de pêche par les pêcheurs)
- Qu’est-ce qu’elle permet de régler ? Sont-elles reconnues ? Durables ? Peut-on s’y
appuyer pour faire sortir des systèmes de gestion de l’espace, des volumes, et du temps de
pêche ?
- Comment analyser les systèmes d’autorégulation existants ? Quels rôles ils jouent sur la
pêche en général
- L’activité de pêche est elle réglementée ? Par qui et comment ? Depuis quand ?
- A-t-il existé auparavant des formes de réglementations sur le site ou dans la localité? Pour
quelles raisons ? Comment c’était avant ?
- Quelles étaient ces réglementations ? Qui les avaient instaurées ?
- Quelles étaient ces réglementations ? Qui les avaient instaurées ?
- Ces mesures sont elles bénéfiques pour les populations ?
- A qui profitait le plus ces réglementations ?
- Qui se sentaient les plus lésés par ces mesures ?
- Ces mesures existent-elles toujours ou ont-elles disparu ? Si non pourquoi ?
- Si elles n’existent plus, quelles sont les raisons de leur disparition ?
- Souhaiteriez-vous qu’on instaure de nouvelles réglementations sur ces lieux ou renforcer
celles qui existent ?
- Quelles sont les règles que vous souhaiteriez qu’on instaure ? Pourquoi ?
- Est-ce que cela peut avoir des répercussions, peut-être gênées vos activités ?
- Qui selon vous doit mettre en place ces réglementations (populations locales, État, autre ?
- A qui confier le contrôle de l’application des ces réglementations pour qu’elles soient
respecter?
133
- Comment faire pour motiver d’avantage les personnes chargées de ce contrôle?
- Quels effets bénéfiques attendez-vous de ces réglementations ?
- Qui sont ceux qui seraient susceptibles de ne pas respecter ces règles ? Pourquoi ?
- Les modes d’exploitation actuelle des ressources présentent- ils des risques de diminution
des ressources ?
- Si oui dites nous les menaces (qu’est ce qui représente le plus de menace pour la
ressource): dans votre cas, très concrètement, quelles sont vos inquiétudes face à la
dégradation écologique du milieu ? Des ressources halieutiques ?
- Est-ce que la ressource se stabilise ?
- Comment selon vous est-il possible de lutter contre cette tendance ? (comment peut-on
maintenir des activités économiques tout en préservant l’équilibre écologique du milieu)
- Comment arriver au même résultat sans avoir besoin de protéger intégralement ?
- Globalement, quelles sont les contraintes liées à l’activité que vous menez
(démographiques, coûts de production, conservation, commercialisation)
- Y a-t-il des activités pratiquées sur le site par certains et qui ne plaisent pas à d'autres
- Le site appartient-il ou est-il réservé à des groupes particuliers ?
- Le site constitue-il un endroit de reproduction, de croissance, d’alimentation, de passage
ou de repos pour la ressource ?
- Y a-t-il des espèces qu’on ne trouve que dans le site ou dans très peu d’endroits au
Sénégal ou en Afrique de l’Ouest ?
- Quelle est l’importance de ce site par rapport aux autres zones du littoral ?
- Connaissez-vous des études qui ont porté sur le site ou dans les zones avoisinantes ? par
qui et quand ces études ont été menées
- Connaissez vous des personnes ou organismes qui s’intéressent à la protection de ce site ?
- Si oui, quelles sont les actions qu’ils y mènent ?
- Selon vous, est-ce que les populations ont besoin d’être plus informées sur l’importance
de ce site ?
- De qui selon vous doivent émaner ces informations
134
renouvellement des stocks de poissons et maintenir la diversité biologique dans les limites
de l’AMP. Pour vous cette démarche constitue-t-elle une solution adaptée ? Pourquoi ?
- Comment appréciez-vous le choix qui a été fait d’élaborer un plan de gestion associant
tous les acteurs de la filière pêche, en lien avec la DPN, la DPM et les bailleurs cmme le
WWF…?
- Comment renforcer, améliorer ce dispositif participatif?
- Les premiers effets et impacts perçus au niveau de la région dans son ensemble
- Quel est (sera) selon vous l’effet de l’AMP sur l’image des pêcheurs ?
- Quelle est, selon vous, l’impact de l’AMP sur l’image de la filière pêche à Saint-Louis ?
- Quels sont, selon vous, les impacts de l’AMP sur le développement économique de Saint-
Louis ? Comment peut-on les expliciter ?
- Quels sont les autres domaines d’impacts que l’on peut mettre en évidence ? Y – a t-il des
impacts inattendus ?
135
ANALYSE DE LA DURABILITÉ QU’EST-CE QUI PEUT FAIRE EN
SORTE QUE L’AMP FONCTIONNE BIEN ?
- A votre avis, quel est l’avenir de la démarche engagée ?
- A quelle condition la mobilisation des acteurs de la pêche pour la bonne marche de l’AMP
peut-elle se poursuivre ?
- Après un démarrage assisté (État, WWF, …) dans quelle mesure l’AMP mise en place a
acquis ou pourra acquérir suffisamment d’autonomie?
136
ANNEXE 3 : Décret de création de l’AMP
137
138
139
140
141
ANNEXES 4 : Cartes des températures de surface et des salinités de l’océan
(saison froide-saison chaude) pour la période 1971-1970
142
Source CRODT 2003
143
Source CRODT 2003
144
Source CRODT 2003
145
ANNEXE 5 : Infrastructures de pêche et touristiques sur la
Langue de Barbarie, au nord de l’embouchure
146
ANNEXE 6 : Accords de pêche sénégalo-mauritaniens
147
148
149
150
151
ANNEXE 7 : Répartition spatiale des activités à St-Louis
152
ANNEXE 8 : Évolution des effectifs et des débarquements
de la pêche à St-Louis
Source SRPSM
153
ANNEXE 9 : Axes de circulation et nœuds d’engorgements
154
ANNEXE 10 : Filets dormants
155
ANNEXE 12 : Filets dérivants avec ses flotteurs
ANNEXE 13 : PALANGRIER
156