Cours 1 Préservation Du Patrimoine - Patrimoine Et Processus de Patrimonialisation
Cours 1 Préservation Du Patrimoine - Patrimoine Et Processus de Patrimonialisation
Cours 1 Préservation Du Patrimoine - Patrimoine Et Processus de Patrimonialisation
Melle M. OUARET
2015
''Le patrimoine d'une collectivité est un ensemble ''d'objets et de produits ''auxquels cette
collectivité, ou une proportion suffisante de ses membres, attache des valeurs, parce qu'il
s'agit de réalités qui témoignent de l'identité de cette collectivité en établissant un lien
temporel entre le passé de cette collectivité et son présent (témoignage du passé), et/ou
entre son présent et ce qu'elle imagine de son avenir (témoignage projeté) ''
(GADREY J., 1994, “Patrimoine et qualité de vie éléments pour une approche socio économique” in
BESSIERE J., 2000, La construction sociale du patrimoine gastronomique l’émergence de terroirs de valorisation,
ERITH, Toulouse.)
Processus de patrimonialisation?
Les sites ou monuments possédant une valeur culturelle ou naturelle, d'intérêt local
ou national, sont répertoriés, évalués et ensuite classés. On appelle ce processus la
patrimonialisation.
A partir de cette reconnaissance, ces ensembles deviennent propriétés du pays (et de
l'humanité dans le cas des patrimoines mondiaux), suscitant la fierté nationale et
demandent une protection à laquelle doivent participer tout le pays entier.
La patrimonialisation peut être définie comme un processus de réinvestissement, de
revalorisation d’espaces désaffectés (Norois, 2000). Ce qui est en jeu, c’est la
construction d’une ressource.
Pour qu’un héritage soit patrimonialisé, il faut nécessairement un événement
déclencheur qui remette en cause son usage antérieur et/ou sa conservation : arrêt
d’une activité, changement de propriétaire, projet de démolition...
L’accélération de l'histoire, selon P. Nora (1997, tome 1, p. 25), rend le passé obsolète
avant d’avoir pu le déchiffrer. Il fait alors le diagnostic d’une substitution de la mémoire par
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Chargée de Cours : Préservation du Patrimoine architectural
Melle M. OUARET
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l’Histoire :
"La mémoire est la vie, toujours portée par des groupes vivants et à ce titre elle est en
évolution permanente, ouverte à la dialectique du souvenir et de ’amnésie (...). L’histoire
est la reconstruction toujours problématique et incomplète de ce qui n’est plus".
Ainsi, le patrimoine n’existe pas a priori il devient un objet d’étude à partir du moment où
l'on s'intéresse aux discours de ceux qui le font exister.
Dans tous les cas, c’est d’une certaine façon la collectivité qui est gagnante, à la condition
qu’elle jette un œil critique sur ces actions et que ces efforts débouchent sur une
conservation/exposition/valorisation l’impliquant dans son ensemble, avec une visée
éducative et citoyenne partagée.
Avant même ces étapes très concrètes du processus de patrimonialisation, la sélection
s’accompagne d’une justification qui peut revêtir des formes différentes, mais qui
reviennent toutes à un mode de discours sur les raisons présidant au choix de tel ou tel objet
patrimonial.
De fait, la patrimonialisation s’inscrit toujours dans un principe narratif. Elle raconte une
histoire, mythique ou historique, parfois les deux. Elle cherche souvent à justifier une cause,
à rappeler une mémoire, à valoriser une séquence (temps révolu) passée de la vie sociale
dans un but d’édification. Il s’agit souvent de montrer la grandeur des générations passées,
proches ou plus lointaines, éventuellement le sens du sacrifice qui les habitait, tout au moins
l’apport qui fut le leur à notre propre construction sociale, la dette qu’on leur doit,
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l’invitation qu’elles nous font à créer ou à produire (points de vue artistique, économique…).
Il est bien évident qu’un tel genre narratif participe activement à la construction sociale ;
ceci dans toutes ses dimensions : culturelle et idéologique, politique, économique,
territoriale. Il se prête également à merveille à d’innombrables manipulations. C’est un
vecteur important d’idéologies ; celles que véhiculent les acteurs de ce patrimoine et dont la
société se fait plus ou moins massivement l’écho, en fonction de ses enjeux du moment.
1-La conservation est sans doute le fondement de toute action patrimoniale. Il convient
absolument que tout patrimoine laisse une trace, qu’il soit transmis et transmissible, qu’il
trouve place dans une dynamique dirigée du passé vers le futur. Cependant, rien n’est dit sur
la nature même de cette conservation. Doit-on conserver le patrimoine en l’état, cette
question de la conservation est sans fin. Nous admettrons que plusieurs solutions sont
envisageables : du respect absolu d’un élément patrimonial à sa réinterprétation par les
sociétés successives, dans le respect de son esprit, globalement de ses formes, mais pas
forcément de ses fonctions. On retiendra aussi, sans doute avec plus de réserve sinon de
précaution, l’idée d’une réinterprétation artistique, architecturale ou urbanistique d’un
héritage.
Conclusion