Cours de Pathologie Et Réparation Des Ponts M2 2020
Cours de Pathologie Et Réparation Des Ponts M2 2020
Cours de Pathologie Et Réparation Des Ponts M2 2020
Mars 2020
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SOMMAIRE
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1 GENERALITES SUR L’ENTRETIEN DES OUVRAGES EN BETON ARME
1.1 Causes des désordres
1.1.1 Dispositions défectueuses d’armatures
Il s’agit, le plus souvent, de dispositions qu’un simple examen des plans — sans calculs — permet de
déceler.
1.1.1.1 Dispositions incorrectes des armatures des poutres
− Barres inférieures trop courtes
Figure 2: Longueur des chapeaux sur appuis encadrés par des travées de portée très différente.
En outre la disposition des ancrages des chapeaux et des barres inférieures de second lit doit être telle
qu’elle ne favorise pas la formation de fissures sensiblement inclinées à 45°.
1.1.1.2 Poussée au vide des armatures
La figure ci-dessous montre les dispositions défectueuses et les dispositions correctes dans les cas
suivants :
− armatures tendues des poutres brisées et notamment des paillasses d’escaliers ;
− armatures de goussets (parois de réservoirs parallélépipédiques) ;
− armatures tendues sur appui d’une poutre continue présentant un décrochement.
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Figure 3:Dispositions défectueuses et les dispositions correctes dans différents cas
La figure suivante concerne la poussée au vide due à des efforts de compression s’exerçant
parallèlement aux côtés d’un angle saillant (béton et armatures comprimés), cas notamment rencontré
au faîtage d’une poutre-ferme :
− sur la figure a, une disposition défectueuse, avec poussées au vide non équilibrées d’une part
des armatures tendues, d’autre part du béton et des armatures comprimés ;
− sur la figure b, une disposition correcte avec armatures équilibrant la poussée au vide du béton
et des armatures comprimés.
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1.1.1.3 Coudage défectueux de barres de gros diamètre
De nombreux incidents peuvent se produire par suite du coudage, dans des conditions défectueuses, de
barres de gros diamètre, et spécialement :
− dans les sections d’encastrement de consoles de grande portée ;
− aux nœuds de portiques ;
− aux nœuds de fermes triangulées de grande portée.
Pour y remédier, il faut :
− utiliser exclusivement des aciers certifiés ;
− respecter les conditions de cintrage des aciers utilisés ;
− vérifier la condition de non-écrasement du béton (art. A 6.1.2.5.2 des Règles Béton Armé aux
Etats Limites), notamment dans le cas où plusieurs lits de barres sont courbés dans la même
zone ;
− porter sur les plans les diamètres des mandrins de cintrage à utiliser ;
1.1.1.4 Représentation des dispositions de ferraillage
Si de simples schémas peuvent suffire dans certains cas, il est indispensable de faire des dessins
complets et à échelle convenable les détails de ferraillage. Il convient de se méfier :
− des plans où la même épaisseur de trait représente aussi bien des ∅ 8 que des ∅ 32 ou des ∅ 40
;
− de certains schémas d’armatures sortis par des ordinateurs où les dispositions réelles
n’apparaissent pas à une échelle convenable.
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1.1.2.3 Opérations de bétonnage
Le bon comportement dans le temps d’une structure en béton armé et sa durabilité, dépendent dans
une large mesure de la qualité du béton mis en œuvre et notamment de sa régularité. Il faudra donc se
méfier notamment :
− des compositions granulaires trop théoriques entraînant des difficultés, voire des impossibilités
de bétonnage ;
− des compositions granulaires irrégulières ;
− de l’excès d’eau et plus encore d’une quantité d’eau insuffisante ;
− de la ségrégation due à un excès de vibration ;
− de défauts résultant de ferraillages trop denses (composition granulaire inadaptée ;
− de l’absence, à défaut de véritable cure, de protection contre une dessiccation trop rapide par la
chaleur ou le vent ;
− de l’utilisation d’adjuvants non agréés ou de la mauvaise utilisation d’adjuvants agréés.
En cas de doute sur la qualité des bétons mis en œuvre, il ne faut pas hésiter à procéder à une
auscultation sonique.
1.1.2.4 Opérations de décoffrage
Elles doivent être progressives et n’intervenir que lorsque le béton a acquis une résistance suffisante,
notamment par basse température (contrôle par éprouvettes conservées sur le chantier, à proximité de
l’ouvrage).
1.1.3 Déformations excessives
De nombreux désordres ont leur origine dans des déformations excessives d’éléments de béton armé,
qui se traduisent le plus souvent par des fissurations dans les murs ou cloisons supportés. Pour limiter
ces désordres, il convient :
de respecter les conditions de déformabilité fixées par les règles béton armé aux états
limites dans la partie relative aux ossatures courantes en adoptant des hauteurs de section
des éléments fléchis satisfaisant aux conditions fixées pour les poutres, pour les dalles, pour
les planchers-dalles ;
de mettre en œuvre des bétons présentant de bonnes résistances mécaniques tant à la
traction qu’à la compression ;
de mettre ces éléments en charge le plus tard possible.
Par ailleurs, certains problèmes particuliers requièrent des précautions spéciales :
lorsque la portée des éléments fléchis porteurs de cloisons ou murs dépasse 8 à 10 m, les
solutions traditionnelles risquent, même avec des hauteurs de section satisfaisant aux
conditions réglementaires, de ne pas empêcher le développement de fissurations gênantes ;
il faut alors s’orienter soit vers des cloisons constituées par des voiles en béton armé, soit
vers des cloisons comportant des raidisseurs reliant les poutres des étages inférieur et
supérieur ;
il convient de tenir compte de la déformabilité importante des éléments en porte à faux de
grande longueur.
1.2 Défaut et désordre des ouvrages en béton armé
1.2.1 Désordres inhérents à la conception et au calcul
Ces désordres sont imputables à des modélisations de calcul ou, plus fréquemment, à des dispositions
constructives inadaptées. Ils se traduisent généralement par une dégradation plus ou moins localisée du
béton, soit sous forme d'éclatements ou d'épaufrures, soit par l'apparition de fissurations anormales.
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1.2.1.1 Eclatement et épaufrures du béton
Lorsque, les désordres dus à un dimensionnement insuffisant en résistance ou en épaisseur du béton
surviennent, ils se traduisent par des déformations excessives de la dalle ou par des éclatements ou des
épaufrures localisés. On peut également rencontrer des éclatements ou épaufrures au niveau des murs
de tête des ouvrages d’art comme les ponts cadre ou portiques lorsqu'ils sont fondés sur des semelles
indépendantes. Leur partie supérieure peut, par suite des mouvements différentiels des fondations, se
mettre en butée contre le piédroit correspondant et provoquer des épaufrures soit dans celui-ci, soit
dans le mur lui-même. La précaution principale est de donner aux différents joints une ouverture
suffisante par rapport aux tassements prévus au niveau des fondations. Si nécessaire, les joints doivent
être étanches au moyen d'un profilé en élastomère.
On rencontre plus fréquemment des ouvrages présentant des enrobages insuffisants. Les désordres qui
s'ensuivent sont la corrosion des armatures sous-jacentes, l’éclatement de l'enrobage et la mise à nu
des armatures. Ce phénomène est souvent dû à la carbonatation du béton de surface, qui lui fait perdre
sa capacité de protection des aciers contre la corrosion. Pour y pallier, il est essentiel de disposer d'un
enrobage suffisant pour mettre les armatures hors d'atteinte. Le recours à des bétons à hautes
performances, très compacts et résistants à la carbonatation constitue également un excellent moyen
de prolonger la vie des ouvrages.
1.2.1.2 Fissurations anormales
Les désordres les plus fréquents sont dus à des quantités insuffisantes ou à une disposition inadéquate
des aciers passifs et, en particulier, des aciers dits "secondaires", qui résultent des règles de bonne
conception et non du calcul. Les aciers passifs ont pour rôle essentiel de limiter l'ouverture des fissures,
dont la présence est par ailleurs normale dans un ouvrage en béton armé.
Les types de fissures le plus fréquent affecte d'une part le bas des voiles à leur jonction avec la fondation
(semelle ou radier) et, d'autre part, les dalles, à leur jonction avec les voiles. Ces fissures sont
provoquées par le retrait différentiel de bétons d'âges différents : le béton coulé dans la phase
précédente, déjà durci, gêne le retrait du béton le plus jeune et provoque l'apparition de fissures dans
ce dernier.
On peut se prémunir contre ces fissures, ou, mieux, limiter leur ouverture et rendre leur répartition
homogène, en prenant certaines précautions :
− Prévoir des joints de retrait pour les pièces longues ;
− Concevoir de manière adéquate le ferraillage passif, notamment par un renforcement des
armatures filantes horizontales dans les zones les plus sujettes à fissuration ;
− Utiliser des méthodes d'exécution de nature à limiter les gradients thermiques provoqués par la
chaleur d'hydratation du ciment : dosage en ciment, emploi d'adjuvants, bétonnage.
Les figures suivantes présentent respectivement des fissurations aux jonctions piédroits – fondation et
piédroits – traverse supérieure d’un pont cadre fermé.
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Figure 5: Fissuration des piédroits à leur jonction avec la Figure 6: Fissuration de la traverse supérieure à sa
fondation jonction avec les piédroits
Pour les murs encastrés sur les piédroits, un tassement différentiel peut y faire apparaître des fissures,
en général isolées et inclinées sur le bord encastré. Il est donc nécessaire de renforcer le ferraillage aux
différentes jonctions.
1.2.2 Désordres et défauts inhérents à l'exécution
Il existe une infinité de défauts inhérents à l’exécution.
En ce qui concerne l'exécution des ouvrages eux – même, on peut notamment citer :
− des défauts de bétonnage tenant soit à une irrégularité de l'approvisionnement du béton, soit à
un défaut de vibration, soit à un manque de soin dans l'exécution des joints de reprise ;
− des festonnements dus à des défauts de nivellement ou de réglage des cintres et du coffrage;
− des tassements d'échafaudages posés sur un sol compressible sous le poids du béton frais.
L'essentiel des risques reste néanmoins lié au remblaiement, pendant lequel plusieurs fissurations de
ponts-cadres et portiques sont constatées comme suite à une exécution non conforme ayant pour
conséquence d'introduire dans la structure des poussées non prévues. On peut citer :
− un remblaiement prématuré contre un béton n'ayant pas atteint une résistance suffisante ;
− l'utilisation d'un matériau de remblai inadapté ;
− une mise en œuvre des remblais dissymétrique de part et d'autre de l'ouvrage ;
− le passage d'engins de terrassement trop lourds ou trop près de la structure ;
− l'absence ou l'inefficacité du drainage.
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1.3 Renforcement et réparation des ouvrages en béton armé
On peut être amené à procéder :
− à des remises en état d’éléments de structures présentant des défauts visibles que l’on cherche
simplement à camoufler ou à atténuer pour obtenir un aspect plus satisfaisant ; celles-ci
consistent généralement en l’obturation de fissures, qui sont dues le plus souvent à l’action du
retrait et des variations climatiques et qui n’apparaissent pas liées à des insuffisances de
résistance mécanique. On procède à une injection de produit plastique dans les fissures que l’on
a éventuellement élargies au préalable. L’efficacité de la réparation réside essentiellement dans
la capacité du produit à conserver sa plasticité dans le temps.
− au renforcement ou à la réparation d’éléments insuffisamment résistants. Le renforcement ou
la réparation des ouvrages en béton sont souvent réalisés par adjonction de matière dans les
zones où les sections sont trop sollicitées. Une section devient trop sollicitée si, du fait même
des dispositions adoptées ou de changements des conditions d’exploitation, les efforts
appliqués sont supérieurs à ceux pris en compte dans les calculs (problème du renforcement) ou
bien si la résistance a diminué par suite de dégradations (problème de la réparation).
1.3.1 Procédés de renforcement ou de réparation
La solution retenue pour renforcer ou réparer un élément doit satisfaire aux impératifs suivants :
− le monolithisme de l’élément doit être réalisé, afin de permettre un fonctionnement mécanique
satisfaisant ;
− les qualités des matériaux d’adjonction doivent être au moins égales à celles des matériaux
constitutifs de l’ouvrage à renforcer ou à réparer.
Les procédés de renforcement ou de réparation varient suivant la nature des éléments d’ossatures qu’ils
concernent et suivant la nature des désordres ou des insuffisances. Les plus courants, éventuellement
utilisés en combinaison, sont décrits dans les paragraphes suivants.
1.3.2 Béton projeté
Cette technique, très au point et très utilisée tant pour le renforcement de structures insuffisantes ou
défaillantes que pour la réparation d’ouvrages endommagés, exige pour sa mise en œuvre un personnel
spécialisé. Le béton projeté peut être, ou non, combiné avec l’adjonction d’armatures complémentaires.
1.3.3 Tôles collées
Ce procédé consiste en un apport d’armatures extérieures soit pour consolider un élément dont les
dégradations mettent en péril la résistance, soit pour remplacer des aciers oubliés, ou mal positionnés.
Pour présenter une certaine résistance au feu, l’étude mécanique des renforcements des structures ou
parties de structure doit être complétée par celle de l’isolation thermique permettant de soustraire la
colle aux effets des incendies dans les conditions requises. La colle est une résine époxyde. Son
épaisseur est de 0,5 à 1 mm. Les tôles d’acier, de qualité courante, ont une épaisseur normalement
limitée à 3 mm.
Ce procédé est fréquemment utilisé pour réaliser les renforcements des armatures inférieures et/ou des
armatures d’âme, surtout s’ils doivent être effectués sur de nombreux éléments de la même structure.
Les tôles sont disposées en sous face et/ou sur les faces latérales.
1.3.4 Précontrainte additionnelle
Il peut être envisagé d’appliquer à des ouvrages existants des efforts de précontrainte en vue soit de
leur redonner leur état de service initial, soit de leur donner un nouvel état de service. L’étude doit
porter sur l’influence de l’effet des efforts appliqués localement sur des structures non conçues à
l’origine pour les recevoir.
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1.3.5 Renforcement de poteaux
Le procédé classique, dont l’efficacité a été largement vérifiée par l’expérience, consiste à chemiser ou
corseter le poteau en augmentant sa section transversale par mise en œuvre d’une épaisseur de béton
sur tout le périmètre du poteau primitif.
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Figure 8: Renforcement de panneaux de hourdis
− les sollicitations sous charges permanentes sont bien évidemment augmentées, mais la charge
d’exploitation susceptible d’être appliquée est augmentée sensiblement dans la même
proportion. Il convient d’examiner l’effet de l’accroissement du poids propre des dalles sur les
sollicitations des poutres secondaires et celles des poutres principales.
1.3.7 Renforcement des poutres
On peut prévoir des armatures complémentaires lorsqu’il s’agit de remplacer des aciers corrodés ou
coupés accidentellement. Cette solution peut également être envisagée lorsqu’il s’agit de renforcer une
structure. Un étaiement et un déchargement de l’ouvrage à réparer peuvent éventuellement être
nécessaires.
Les armatures complémentaires doivent s’opposer à la fissuration, et participer à la résistance des
sections renforcées. Une attention particulière sera portée à la disposition et à l’ancrage de ces
armatures. La protection des armatures en surépaisseur est assurée par un béton coulé, ou projeté.
Les renforcements peuvent avoir pour objet de remédier à des insuffisances des armatures:
− tendues en travée ;
− des armatures tendues sur appuis ;
− des armatures d’âme.
Dans le cas des armatures tendues en travée, les désordres qui risquent d’apparaître sont des fissures
sensiblement verticales plus ou moins ouvertes partant de la partie inférieure de la poutre.
En ce qui concerne les armatures tendues sur appuis, les désordres possibles sont des fissures en partie
supérieure dans la poutre et les hourdis adjacents dans les zones voisines des appuis. De telles fissures
peuvent ne pas nécessiter de renforcements, si la résistance aux sollicitations de flexion en travée
demeure convenablement assurée dans l’hypothèse où les moments sur appuis seraient nuls.
Pour les armatures d’âme, les désordres qui risquent de se manifester sont des fissures inclinées plus ou
moins ouvertes.
Il importe de procéder à une auscultation par procédé non destructif pour repérer le diamètre et les
espacements des armatures d’âme afin de vérifier dans quelle mesure la sécurité à la rupture est
assurée.
L’Adjonction d’armatures complémentaires dans des surépaisseurs de béton projeté en sous – face et
sur les faces latérales exige d’abattre les angles inférieurs des nervures, de repiquer les faces latérales et
démolir au moins localement le hourdis adjacent pour permettre le bétonnage et le passage des
armatures d’âme. L’ancrage des armatures d’âme pose fréquemment des problèmes qui peuvent être
résolus par les procédés suivants :
− enfiler par le bas des cadres en U dont on replie les parties supérieures dans des saignées
pratiquées dans la face supérieure de la poutre. Ces cadres en U peuvent être remplacés par un
treillis soudé plié;
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Figure 9: Renforcement de poutre avec des cadres en U
− enfiler par le haut des cadres en U crochetés en partie inférieure, les armatures longitudinales
de renfort sont disposées dans les crochets et on ajoute des épingles de liaison reliant les
branches des U ;
Figure 11: Renforcement avec cadres en U enfilés par le bas et ancrage effectué en partie supérieure
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Le renforcement des armatures supérieures est généralement réalisé, s’il se révèle indispensable, en
disposant les armatures complémentaires dans des saignées longitudinales pratiquées dans les hourdis
de part et d’autre des poutres, des armatures de couture sont, si nécessaire, disposées
transversalement.
Figure 12: Renforcement de poutre avec des cadres en U scellés sur les anciennes armatures
Les armatures longitudinales de renfort doivent être cousues par des armatures transversales ancrées
dans des zones saines de la structure existante. Les jonctions des armatures existantes et des armatures
supplémentaires peuvent se faire par les procédés classiques tels que les recouvrements, la soudure,
etc. Les ancrages éventuels sur appuis sont réalisés sous forme de scellements droits, dont la longueur
est fonction du produit utilisé pour la réparation (béton, résine, etc.).
Dans tous les cas, un enrobage minimal égal au diamètre des barres est nécessaire.
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2 ENTRETIEN DES PETITS OUVRAGES ROUTIERS
2.1 La maintenance
Pour corriger une déficience sur une structure, on peut faire appel à une variété de méthodes
d'intervention, de matériaux et de pratiques reconnues telles que l’entretien courant, l’entretien
préventif, etc. Ces interventions incluent des activités ayant comme but principal de maintenir ou de
remettre une structure en bon état. La maintenance est l’ensemble des actions de surveillance,
d’entretien et de régénération des ouvrages. La régénération, elle est l’ensemble des opérations
curatives permettant d’améliorer le niveau de service de l’ouvrage ou de prolonger de façon notable sa
durée de vie, ou d’assurer la protection des circulations contre des phénomènes d’apparition brutale
(ex : remplacement de tabliers, reconstruction, confortement de fondations permettant un
accroissement de portance, création de masques, clouage, protections grillagées et ancrages, détection
de chutes de rochers, traitement de sols, protection de berges, etc.).
2.2 L’entretien préventif
Pourrait être considéré comme entretien préventif, la surveillance des ouvrages dont le contenu est
fonction de l’âge et de l’état de l’ouvrage. On distingue :
− la surveillance continue ;
− la surveillance organisée qui comprend des visites et des inspections ;
− la surveillance particulière qui nécessite des visites et des inspections détaillées particulières ou
exceptionnelles, faites à l’occasion des fins de délais de garantie ou à l’occasion de sollicitations
inhabituelles. L’inspection détaillée peut être périodique (tous les 5 ans pour les petits ouvrages
et tous les 7 ans pour les grands) ou initiale pour tout ouvrage neuf ;
− la surveillance renforcée et la haute surveillance lorsque des défaillances sont soupçonnées ;
− l’expertise fait suite à l’inspection détaillée lorsque cette dernière relève des anomalies dans la
structure d’un ouvrage d’art.
Chaque type de surveillance conduit à l’un ou l’autre des types d’entretien décrits ci-dessous.
2.3 L’entretien courant
L’entretien courant comprend une liste de petites réparations qui peuvent être assurées sans faire appel
à une entreprise spécialisée. Il peut être manuel ou nécessiter du matériel adapté.
− nettoyage de toutes les parties de l’ouvrage et de ses abords ;
− élimination de la végétation et des amas de corps flottants ;
− maintien en état des dispositifs de retenue, des accès de visite et des dispositifs de fixation des
équipements à l’ouvrage (signalisation, éclairage…) ;
− Curage ;
− Réparations des assemblages desserrés ;
− Remplacement des planches défectueuses ;
− Peintures sur balises et garde-corps ;
− Protection du bois ;
− Jointoiement de maçonnerie ;
− Construction de perrés ;
− Enrochements ;
− Pose de gabions ;
− Le nettoyage des trottoirs, notamment ceux comportant des dallettes amovibles ;
− Le nettoyage des joints de chaussée, de leurs accessoires et des joints divers ;
− Le maintien en état des dispositifs de retenue (garde-corps, glissières, barrières) et des accès de
visite (trappes, échelles...) ;
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− Le maintien en état de la signalisation relative à l'exploitation de l'ouvrage et située sur les voies
adjacentes (limitation de gabarit ou de tonnage),
− Le maintien en état de tous les équipements liés à l'usage et l'exploitation de la voie portée ou de
la brèche franchie supportés par l'ouvrage, tels que candélabres, signalisation verticale,
réservations des réseaux de concessionnaires; en particulier le maintien en état des dispositifs de
fixation de ces équipements à l'ouvrage ;
− Le nettoyage des sommiers d'appui, de l'intérieur du tablier ;
− L'élimination de toute la végétation nuisible sur l'ensemble de l'ouvrage et à ses abords ;
− Le nettoyage des parements de tous graffitis et affiches ;
− L'enlèvement de corps flottants au niveau des fondations ;
− Etc.
2.4 L’entretien spécialisé
L’entretien spécialisé diffère de l’entretien courant par les moyens particuliers et les techniques
spéciales qu’il nécessite. Il concerne essentiellement la réfection ou le remplacement d’équipements
(joints de chaussée, couche de roulement, dispositifs d’évacuation des eaux, etc.) ou d’éléments de
protection (peinture, étanchéité, ventilation, enrochements, etc.), mais aussi des travaux mineurs sur la
structure (remplacement de boulons ou rivets, réfection d’un radier, soulèvement du tablier pour
recalage des appareils d’appui, ragréages, rejointoiements, etc.)
Même avec un bon entretien courant, l’ouvrage subit, avec le temps, des dégradations sous l’action de
la circulation et de l’environnement. Il s’agit d’interventions plus importantes comprenant:
− Réparation de murs de soutènement ;
− Réparation des appuis ;
− Réparation et remplacement de garde-corps ;
− Réparation et remplacement de joint.
L’entretien spécialisé concerne des travaux lourds et spécialisés qu’il faut confier à des entreprises qui
disposent :
− de l’expérience nécessaire ;
− du matériel adéquat ;
− du personnel qualifié ;
− suivant un programme bien précis et un mode d’intervention détaillée.
2.5 L’entretien d’urgence
Il s’agit d’<<interventions résultant de situations imprévues nécessitant des actions de réparation à
effectuer aussitôt que possible (dégradations dues à des inondations, à des accidents de circulation, à
des glissements de terrain>>. Cet entretien comprend :
− La construction de déviation ;
− La mise en place d’ouvrage temporaire.
Ces travaux sont exécutées tout juste après l’évènement générateur du dommage, voire pendant. Au
niveau central (Etat), ces travaux sont souvent conduits par une équipe de l’administration pour rétablir
la circulation, assurer la sécurité et/ou le confort des usagers.
2.6 La réparation
On entend par réparation toute intervention plus ou moins lourde sur la structure, visant à la remettre
en bon état. On retrouve des actions comme :
− le changement d’appareils d’appui ;
− le confortement de fondations ;
− le renforcement par tirants ;
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− la réfection d’assemblage d’une structure métallique ;
− le changement de suspension ;
− l’injection de gaine de précontrainte.
2.7 Inspection des ouvrages
L’inspection se fait de manière visuelle. Elle consiste à apprécier l’état physique et le fonctionnement
hydraulique de l’ouvrage. Un modèle de compte rendu d’inspection est donné ci-après. Il indique les
éléments à inspecter. Les défauts et dégradations constatées peuvent faire l’objet de mesure. Chaque
travée numérotée de 1 à n sera inspectée et les mêmes informations seront recueillies.
La colonne ‘’Travaux proposés’’ sera remplacée par ‘’Intervention proposée’’ ; Intervention comprend
soit des travaux, soit une inspection plus poussée.
REGION : HAUTS BASSIN(Bobo Dioulasso) TYPE OUVRAGE ( Appellation Technique ) : DCF NOMBRE DE TRAVEES : 24
TYPE: ( Matériaux ) DEFINITIF X PROV. TYPE D'APPUIS Fût (F) voile (V)
Culée O (origine)
Fondation O
Protection de la Fondation O
(gabion,enrochement en vrac;
quart de cône)
Appui O
Mur garde-grève O
Joint de chaussée 0
Joint de trottoirs
Corbeau d'appui O
Dalle de transition O
Remblai d'accès 0
Barbacanes O
Talus O
(protection; descente d'eau )
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Désignations Dégradations constatées Travaux proposés
Dalle 1
Débouché 1
Poutres 1
Entretoises 1
Prédalles 1
Dalle de compression 1
Chape d'étanchéité 1
Chaussée 1
Trottoirs 1
Gargouilles 1
Guides-roues 1
Garde-corps 1
Pile 1
Fondation 1
Protection de la fondation 1
Appui 1
Sommier d'appui ou chevêtre1
Appareils d'appuis 1
Joint de chaussée 1
Joint de trottoirs 1
Dalle n
Débouché n
Poutres n
Entretoises n
Chape d'étanchéité n
Chaussée n
Trottoirs n
Gargouilles n
Guide-roue n
Garde-corps n
Culée F (FIN)
Fondation F
Protection de la Fondation F
gabion; enrochement ; quart de cône
Appui F (état)
Mur en ailes ou en retour F
Sommiers des appuis ou chevêtres F
Appareils d'appuis F
Mur garde-grève F
Corbeau d'appui F
Dalle de transition F
Remblai d'accès F
Talus (protection, descente d’eau) F
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Désignations Dégradations constatées Travaux proposés
balises ; panneaux
OBSERVATIONS :
Description succincte de l'O.A., des difficultés hydrauliques et physiques, et toutes informations jugées
utiles.
N.B. : - Le comptage des culées, piles et dalles se fait suivant le sens de progression origine de la route
vers la fin de celle-ci
Tableau des défauts par indice de gravité
B – Défauts existants dès la C – Défauts qui indiquent que Défauts qui signalent une
naissance de l’ouvrage et sans l’évolution risque de se faire évolution à 2 classes
conséquence importantes anormalement DA – début évolution.
autres qu’esthétiques. DB – évolution avancée.
- Défauts de parement - Alignement général de - Aciers dénudés ;
- Différence de teinte à l’ouvrage défectueux à la - Affouillements de fondations
grande échelle construction ; (début d’) ;
- Différence de teinte à petite - Carbonatation ; - Basculement (début de) ;
échelle ; - Faïençage ; - Corrosion acier ;
- Salissures ; - Fissures courtes ; - Corrosion béton ;
- Fuite de laitance ; - Fissures reproduisant le - Déformation légère ;
- Défaut géométrique du ferraillage ; - Ecaillage ;
parement à grande échelle ; - Fissure le long des câbles de - Efflorescence ;
- Défaut géométrique du précontrainte ; - Epaufrure ;
parement à petite échelle - Fissure diagonale ; - Fissure le long des câbles de
- Fissure longitudinale ou précontrainte ;
verticale ; - Fissures de désintégration ;
- Fissure transversale ou - Fissures diagonales ;
horizontale ; - Fissures longitudinale ou
- Gaine de câble de béton verticale ;
précontraint apparente ; - Fissure transversale ou
- Manque de recouvrement des horizontale ;
armatures par le béton ; - Gonflement ;
- Nids de cailloux ; - Nids de cailloux ;
- Porosité ; - Rouille (traces de) ;
- Poussiérage ; - Stalactites ;
- Ségrégation ; - Tassement (début de) ;
- Fissures apparues à la - Usure ;
construction - Fissures ayant évolué depuis
la construction ou apparues
dans le temps.
E – Défauts qui traduisent de façon très nette F – Défauts qui indiquent la proximité d’un état
une modification du comportement de la limite et nécessitant soit une restriction
structure et qui mettent en cause la durée de vie d’utilisation, soit la mise hors service de l’ouvrage
de l’ouvrage.
- Basculement très important
- Aciers dénudés très gravement
- Cassure
- Affouillement des fondations
- Déformation très importante
- Basculement important
- Désintégration généralisée
- Cassure
- Fissure diagonale
- Corrosion acier très prononcée
- Fissure longitudinale ou verticale
- Déformation importante
- Fissure transversale ou horizontale
- Fers non adhérents
- Flèche permanente excessive
- Fissures le long des câbles de précontrainte
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- Fissure diagonale - Rupture
- Fissure longitudinale ou verticale - Tassement très important
- Fissure transversale ou horizontale
- Flèche permanente anormale
- Tassement important
Dans les deux derniers cas de dégradations (E et F), il est recommandé de procéder à des inspections
spécialisées. Cette tâche est confiée aux Laboratoire National du Bâtiment et des travaux publics
(LNBTP) ou à des bureaux d’études spécialisés. Les résultats des inspections des ouvrages doivent être
consignés dans une base de données qui est constamment mise à jour.
2.8 Eléments à inspecter pour les ouvrages en bois, en béton ou en acier
2.8.1 Au niveau des accès
On recherche entre autres :
− Inégalités du revêtement de la chaussée
− Tassement différentiel, spécialement aux joints entre les accès et le pont
− Défaut d’alignement du profil en long ou du tracé en plan
− Mauvais drainage (manque de pente, érosion derrière les culées et les murs en aile)
− Accotements (usure, érosion, affaissement)
− Talus (érosion, glissement)
− Glissières de sécurité endommagées ou manquantes
− Envahissement par la végétation
2.8.2 Au niveau des piles et culées
On recherchera les :
− Fissures et détériorations de béton (par exemple éclatement, désintégration)
− Armatures découvertes ou signes de rouille
− Fissures dans les joints de maçonnerie, cavités dans la maçonnerie et détérioration des pierres
Et on vérifiera que :
− L’aplomb là où un mouvement est suspecté
− Les pieux en acier ou béton dans la zone de variation du niveau d’eau et sous l’eau pour détecter
fissures, corrosions et dégradations
− les barbacanes ne sont pas obstruées.
− les traces des plus hautes eaux et se renseigner auprès de la population locale
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2.8.5 Au niveau des appuis
On recherchera :
− Les boulons d’ancrage desserrés
− Les accumulations de saleté et de débris
− Les défauts d’assiette (rouleaux, balanciers ou coussinets doivent reposer à plat sur toute la
longueur)
− Les fissures (spécialement aux bords), éclatements, détérioration aux appuis.
On s’assurera que :
− les appuis néoprène ont une déformation ou une distorsion importante
− des tassements différentiels ne sont pas visibles
2.8.6 Au niveau des joints de dilatation ou joints de chaussées
On s’assurera que :
− l’étanchement des joints est en bon état. L’étanchement est prévu pour écarter le sable, les pierres
et pour empêcher le passage de l’eau. Il doit être immédiatement réparé s’il est abimé.
− L’espace est suffisant pour les mouvements aux joints de dilatation ;
− Qu’il n’y a pas de débris (à enlever immédiatement) ;
2.8.7 Pour le tablier
Pour tous les types de tablier, on vérifie d’abord leur glissance et leur fonctionnement de l’évacuation
des eaux par temps de pluie (pentes, dalots, gouttières).
En particulier les tabliers en béton sont sujets à des fissures, des nids de poule, à des détériorations et
usures (armature à nu) et à des infiltrations d’eau par des fissures dans la dalle (à observer par en
dessous). Sur les revêtements bitumineux, on recherche en plus les zones de rupture.
Par ailleurs, les bordures et les trottoirs sont caractéristiques des fissurations, des éclatements, des
détériorations et de la diminution de la hauteur à la suite de renouvellements de revêtement.
2.8.8 Pour les garde-corps
On vérifie si les garde-corps ne sont pas endommagés. Les barrières, glissières ou parapets de sécurité
métalliques sont, souvent, endommagés par les véhicules. Ils doivent être réparés pour continuer à
assurer la sécurité.
2.8.9 L’assainissement des ouvrages
Les dégradations généralement rencontrées sont entre autres :
− accumulation de saleté et de terre sur la chaussée
− dalots bouchés
− pierres, terre, saleté dans les joints
− végétation, terre dans les barbacanes ou gargouilles
− débris apportés par les crues contre ou sous le pont
Elles sont en partie dues à un défaut d’entretien. Non réparées, on assiste aux conséquences ci-après :
− surface de la chaussée glissante en cas de pluie
− plaques d’eau sur le tablier
− le pont ne peut se dilater, se contracter comme prévu
− l’eau ne peut s’évacuer des remblais d’accès qui peuvent tasser
− réduction du débouché, submersion de la chaussée : risque d’incendie en saison sèche
Le nettoyage et le débouchage sont les principales actions d’entretien.
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2.8.10 Contrôle et inspection des érosions dans l’environnement du pont
L’érosion modifie le régime des cours d’eau, ce qui se traduit par un creusement du lit. Ce
creusement peut être préjudiciable à la tenue des fondations des ouvrages. Ces phénomènes dépendent
beaucoup de la nature et de la consistance des terrains superficiels constituant le lit du cours d’eau.
On distingue l’affouillement général, intéressant la totalité du lit du cours d’eau, de l’affouillement
local au voisinage des obstacles situés dans le cours d’eau.
Il est donc fondamental de connaître la sensibilité du lit au phénomène d’affouillement et
d’appréhender la profondeur de cet affouillement pour prendre les mesures qui s’imposent pour mettre
à l’abri les fondations (conception des fondations). Si des solutions du type enrochement et protection
par gabions sont utilisées en renforcement d’ouvrages existants, on préfère généralement avoir recours
à des fondations profondes pour des ouvrages neufs pour des questions de pérennité et d’entretien de
ce type de solution.
2.8.10.1 L’affouillement général
L’affouillement général correspond à la mise en suspension des matériaux meubles constituant le
fond du lit, lors d’une crue. Ce type d’affouillement concerne l’ensemble du cours d’eau et n’est pas dû
à la réalisation de l’ouvrage.
Les conséquences de cette érosion sont le changement du lit du cours d’eau et les affouillements
créant l’affaissement des fondations et du remblai.
Les actions à entreprendre pour la protection de l’ouvrage sont :
− Mise en place d’enrochements
− Réalisation de murs de soutènement
− Réalisation de gabions
Les affouillements peuvent entrainer l’affaissement de la fondation des piles.
La chute d’eau brise la vitesse de l’eau, mais il était encore préférable d’adoucir la chute en
aménageant des escaliers. Plusieurs types de murs de soutènement sont utilisés pour la protection des
ouvrages.
Les affouillements des murs peuvent être dus à un changement du lit du fleuve qui place le pont dans la
nouvelle courbe du fleuve.
Dans ces conditions, il faudrait qu’à court terme, protéger la culée par des gabions. A long terme,
aménager et consolider le lit du fleuve à l’amont du pont.
Lorsqu’ils sont disponibles, les gabions peuvent être aussi utilisés comme structures de protection
d’un cours d’eau. Ils sont généralement faits avec du grillage soudé, ou du grillage galvanisé ou du fil de
fer selon les circonstances. Les paniers sont remplis à la main de roches et pierres de 12 à 30 cm. De
cette manière, ils acquièrent une grande stabilité, mais seront sujets à un léger tassement. Les paniers
pour les gabions sont en général livrés pliés à plat, complets avec un fil de fermeture de telle sorte que
soit minimisé le volume à transporter.
Les fondations seront creusées à niveau et nettoyées comme pour une structure conventionnelle, avec
enlèvement de tout matériau non adapté, remplacement par un sol de bonne qualité, de la pierre ou du
gravier et compactage. Les paniers seront placés dans leur position finale.
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L’eau (comme un serpent) glisse doucement sur la pente en amont (sans la détruire), traverse la
chaussée (avec la force érosive due à la vitesse de la lame d’eau) et attaque la pente en aval (avec une
vitesse encore plus élevée créant une érosion importante).
Si l’ors des crues, l’eau traverse la chaussée et avec la force de vitesse attaque la pente en aval, il
faudrait reconstituer les talus avec de la latérite et les protéger par un perré maçonné ou ériger une
murette de soutènement. Si possible construire des dalots supplémentaires.
On peut aussi stopper l’érosion par des gabions ou des enrochements.
Une érosion profonde en aval crée l’affaissement du perré et des escaliers du radier. Face à cette
situation, il faut réparer les talus et bien aménager la sortie en escaliers.
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