Fiches de Cours
Fiches de Cours
Fiches de Cours
Vous trouverez ci-après deux exemples de sujets corrigés. Le premier vous permettra de
vous entraîner plus avant aux problèmes de rédaction du commentaire composé à partir
du plan détaillé.
Nous réviserons :
l’introduction
la conclusion
la rédaction des transitions
la rédaction des têtes de parties
la rédaction de l’analyse stylistique.
Le second sujet est intégralement traité. Vous pourrez ainsi prendre mieux conscience
de la globalité du travail à fournir dans les quatre heures de l’épreuve.
On les apercevait à travers une vaste fumée déchirée çà et là. Pêle-mêle de casques, de
cris, de sabres, bondissement orageux des croupes des chevaux dans le canon et la
fanfare, tumulte discipliné et terrible ; là-dessus les cuirasses, comme les écailles sur
l’hydre.
Ces récits semblent d’un autre âge. Quelque chose de pareil à cette vision apparaissait
sans doute dans les vieilles épopées orphiques racontant les hommes-chevaux, les
antiques hippanthropes, ces titans à face humaine et à poitrail équestre dont le galop
escalada l’Olympe, horribles, invulnérables, sublimes ; dieux et bêtes.
Introduction
o Présentation du texte :
Victor Hugo, fasciné par l’épopée napoléonienne, consacre tout un livre des
Misérables à la bataille de Waterloo. Il évoque en particulier, dans une page
célèbre, la charge des cuirassiers.
o Spécificité du texte :
Le génie visionnaire de l’écrivain, nourri d’une importante documentation
historique sur la bataille de Waterloo, transcende la réalité et magnifie
l’horreur de la guerre.
o Plan :
Nous verrons comment Victor Hugo met en scène les données historiques
puis nous montrerons comment il construit la grandeur épique du tableau.
Conclusion
o Bilan :
Victor Hugo fonde son évocation de la charge des cuirassiers à Waterloo sur
des données historiques précises. Cet ancrage dans le réel lui permet de
mettre en scène avec une grand efficacité narrative et descriptive cet
épisode spectaculaire de la bataille. Mais l’objectif de Victor Hugo est avant
tout d’élever l’aventure des soldats de Napoléon au rang d’épopée ; il y
parvient par une transfiguration du réel qui fait appel au fantastique et au
mythe.
o Ouverture :
C’est là ce qui fait l’originalité essentielle de l’évocation hugolienne de
Waterloo, très différente de présentations distanciées et critiques comme
celles de Chateaubriand dans Les Mémoires d’Outre-tombe et de Stendhal
dans La Chartreuse de Parme. Plus peut-être que tout autre écrivain du xixe
siècle, Victor Hugo a contribué à l’élaboration du mythe napoléonien et cet
extrait des Misérables nous fournit un exemple représentatif du rôle que ses
textes ont pu jouer dans cette élaboration.
Partie II :
Le génie visionnaire de l’écrivain métamorphose le réel pour faire de cet épisode
historique une scène d’épopée, qui évoque les antiques combats de dieux dans les
récits mythologiques (tête de partie). La dimension épique (1) du combat transparaît
d’abord dans le parti pris fantastique de la narration hugolienne (1.1). En effet,
l’écrivain mêle les éléments réels aux éléments surnaturels et merveilleux...
SUJET 2 :
Dormante
Toi ma dormeuse mon ombreuse ma rêveuse
ma gisante aux pieds nus sur le sable mouillé
toi ma songeuse mon heureuse ma nageuse
ma lointaine aux yeux clos mon sommeillant œillet
distraite comme nuage et fraîche comme la pluie
trompeuse comme l’eau légère comme vent
toi ma berceuse mon souci mon jour ma nuit
toi que j’attends toi qui te perds et me surprends
la vague en chuchotant glisse dans ton sommeil
te flaire et vient lécher tes jambes étonnées
ton corps abandonné respire le soleil
couleur de tes cheveux ruisselants et dénoués
Mon oublieuse ma paresseuse ma dormeuse
toi qui me trompes avec le vent avec la mer
avec le sable et le matin ma capricieuse
ma brûlante aux bras frais mon étoile légère
je t’attends je t’attends je guette ton retour
et le premier regard où je vois émerger
Eurydice1 aux pieds nus à la clarté du jour
dans cette enfant qui dort sur la plage allongée
1Piquée par un serpent, Eurydice mourut sur le rivage. Son époux, Orphée, tenta en vain
de la ramener des Enfers.
I. Questions d’observation
o 1. Relevez les dénominations de la femme et commentez leur choix. (2
points)
o 2. Quelles différences formelles observez-vous entre la strophe centrale et
les autres strophes du poème ? (1 point)
o 3. Étudiez les sonorités dans le 1er quatrain. (1 point)
II. Faites de ce poème un commentaire composé (16 points).
Commentaire composé
Pour vous aider dans votre entraînement, nous proposons ci-dessous un plan sommaire
du commentaire composé.
« Dormante », de Claude Roy, extrait du recueil Clair comme le jour, est un poème
d’amour. Le poète y évoque avec lyrisme une jeune fille endormie sur une plage. À la
faveur d’un moment privilégié, la parole poétique tente de cerner une relation qui n’est
peut-être que rêvée. Nous verrons comment le poète rend compte de sa contemplation
de la jeune endormie. Puis nous étudierons l’harmonie parfaite qu’il décèle entre la
femme aimée et la nature et nous analyserons les sentiments les plus intimes qu’il se
risque à formuler à la faveur du sommeil de la jeune fille.
L’image de la jeune fille contemplée par le poète est indissociable du sommeil qui
semble la transfigurer. C’est ainsi que le titre du poème, « Dormante », combine
d’emblée les thèmes de la féminité et du sommeil. Ces deux thèmes et leur étroite
imbrication structurent par la suite la progression du poème dont ils assurent l’unité.
Le champ lexical du sommeil joue en effet sur les connotations et les associations
sémantiques. Il rapproche « dormeuse » et « rêveuse », dormir et songer, mais aussi le
sommeil et la mort. Le mystère et la fascination qui émanent tant du personnage que du
poème relèvent de leur ambivalence fondamentale. La jeune fille est-elle seulement
endormie, ou morte et perdue, telle « Eurydice » ? Est-elle « paresseuse » ou « gisante
», figée dans un sommeil de mort ?
Ces effets rythmiques sont soulignés par les effets sonores. La sonorité [oez] domine
dans le poème, à la fois à la rime et en rime intérieure. D’autres sons doux et assourdis
([], [o], [e], [m], [s]) complètent l’atmosphère d’engourdissement propice à un sommeil
que métaphoriquement, le poète rapproche de la mort.
Autant que par son état d’engourdissement, la jeune fille se caractérise par les liens
étroits qu’elle entretient avec le décor et les éléments naturels qui le composent. Le
personnage féminin semble faire partie intégrante de la nature dont elle apparaît comme
l’une des composantes.
C’est ainsi que le poème rend compte d’un dialogue entre mouvement et immobilité, où
la nature semble s’animer, tandis que la jeune dormeuse est pétrifiée, au point que son
image appelle la métaphore de la mort que nous évoquions plus haut. La seule action
rapportée au personnage féminin est purement instinctive, voire passive : « ton corps [...]
respire le soleil ». Mais c’est la « vague » qui se « glisse », « flaire » ou « vient lécher »
le corps de la jeune fille. Une nature animée prend en quelque sorte possession du
personnage, figé dans une immobilité dont rend compte l’absence de verbes conjugués
dans les strophes 1, 2 et 4.
Dans l’abandon de son sommeil, la dormeuse est en symbiose totale avec le paysage de
mer et de sable où elle dort. « Nageuse » sortie de la mer, elle est « eau » elle-même,
comme ses « cheveux ruisselants ». L’eau, qu’elle soit mer ou « pluie », sert ici à
affirmer sa féminité même. Mais la femme est aussi lumière comme « le soleil » et
chaleur (vers 16). Pour ces différentes raisons, elle n’est pas ressentie (contrairement au
poète) comme un corps étranger dans le cadre naturel. En effet, elle ne diffère en rien
des éléments qui l’entourent.
Comme une nouvelle Vénus sortie des flots, elle appartient à la nature qui la possède.
Immobilité et inconscience l’intègrent au paysage et la séparent du poète amoureux qui
la contemple. On ne peut qu’être frappé par les images à la fois concrètes et sensuelles
qui décrivent la relation entre la jeune fille et la nature sur le mode de la relation
amoureuse. Dans la strophe 3, pivot du poème, la vague « flaire » et « vient lécher » les
jambes de la femme. C’est dans cette strophe centrale que la relation exclusive est
identifiée. Elle est néanmoins préparée dès la strophe 2 par les comparaisons des vers 5
et 6 et le parallèle établi par le poète entre la femme et les phénomènes cosmiques : «
mon jour, ma nuit », expression à laquelle fait écho l’image du vers 16, « mon étoile
légère ».
Dans son sommeil, la femme aimée devient étrangère au poète. Fuyante, elle lui
échappe, perdue dans son sommeil, et dans la symbiose avec la nature, comme
Eurydice dans la mort. De ce rêve empli d’éléments naturels, le poète se sent exclu.
Le poète amoureux, en contemplation devant la jeune ondine qui lui paraît différente et
transfigurée dans son sommeil, laisse libre cours à l’expression de sentiments marqués
à la fois par la jalousie et le désir.
Le poème n’est en effet pas un dialogue : il n’y a pas échange, mais plutôt appel
pressant d’un poète amoureux. Cet appel renvoie à la quête de la femme qu’il croit
perdue pour lui. Tel un cri, il est destiné à percer jusqu’à l’inconscient de la jeune fille
endormie. C’est pourquoi le poète multiplie les appellations tendres et les juxtapose dans
un effet d’accumulation qui s’étend à toutes les strophes, sauf la troisième. On notera
aussi l’anaphore du pronom personnel « toi », qui marque l’insistance du poète à
s’imposer à la conscience de la jeune fille - ou sa tentative de s’insinuer dans ses
pensées et ses rêves. Le poème développe par ailleurs une sorte de mélopée d’amour,
qui s’appuie sur des sonorités douces et envoûtantes en [oez] et le rythme régulier des
vers. Il s’agit d’une mélopée insistante destinée à atteindre la jeune fille jusqu’au plus
profond de son sommeil.
Dans sa quête amoureuse, le poète se nomme à la première personne (vers 8, 17, 18).
Le jeu des pronoms personnels témoigne en réalité d’une relation unilatérale. Le poème
est-il la plainte d’un amoureux qui aime plus qu’il n’est aimé, comme le suggèrent les
dénominations « mon souci, mon oublieuse », ou encore « ma capricieuse » ? Tout
poète est-il frère d’Orphée ? Toute femme désirée son Eurydice ?