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Pour chaque enfant, un air pur

LES EFFETS DE LA POLLUTION DE L’AIR


EN VILLE SUR LES ENFANTS

En partenariat avec
Pour chaque enfant, un air pur

LES EFFETS DE LA POLLUTION DE L’AIR


EN VILLE SUR LES ENFANTS

Avec l'appui scientifique du Pr Jocelyne Just (AP-HP)


et de la Fédération Atmo France (réseau des Associations Agréées
de Surveillance de la Qualité de l'Air)
Remerciements pour leurs contributions
Lorelei Limousin, Responsable des politiques
Climat -Transports au Réseau Action Climat
Pr Jocelyne Just, cheffe du service d’allergologie
pédiatrique à l’Hôpital Trousseau - AP-HP
Karine Léger, Directrice Générale d’Airparif
Marine Tondelier, directrice générale
de la fédération Atmo France
Awa Traoré, Responsable juridique
et Administration de projets à la fédération Atmo France
Jean-Baptiste Crohas, Chargé de Programmes Mobilité
durable au WWF France
Franck-Olivier Torro, Directeur général de Respire
Olivier Blond, Président de Respire
Lisa Mandel, autrice de bandes dessinées

UNICEF France, comité français pour l’UNICEF


Association loi 1901 reconnue d’utilité publique
3 rue Duguay Trouin 75006 PARIS
www.unicef.fr et www.myunicef.fr
Mars 2019
Directeur de la publication : Jean-Marie Dru
Rédactrice en chef : Juliette Chevalier
Coordination : Mathilde Lebourgeois et Jodie Soret
Rédaction : Jodie Soret
Illustrations : Lisa Mandel
Conception graphique : CitizenPress / DesPetitsPois
Impression : Digital Media Process
Dépôt légal : mars 2019
SOMMAIRE
Introduction 5

08

1
p.

L’exposition des enfants


à la pollution de l’air en ville
1.1 Les sources de pollution de l’air en ville 08
· Le trafic routier et les carburants fossiles,
principales sources de pollution en zone dense 08
· Les autres sources de pollution en ville 10
· Les effets de la météo, de la géographie et de l’urbanisme 10
1.2 L’exposition liée aux déplacements quotidiens de l’enfant 12
1.3 L’exposition dans les lieux d’accueil d’enfants 13
· La pollution de l’air à l’école 13
· La pollution de l’air lors des activités périscolaires 16

17

2
p.

Les conséquences
de la pollution de l’air
sur la santé des enfants
2.1 Les enfants sont plus vulnérables 17
2.2 L’impact sur les fonctions respiratoires des enfants 21
2.3 Les autres affections liées à la pollution de l’air 22
· Une réduction de l’espérance de vie 22
· Des impacts dès le stade fœtal 22
· Autres pathologies affectant les enfants et les adolescents 23

24

3
p.

Face à ce constat,
des solutions existent
et doivent être mises en place
3.1 L’impact direct du changement de politique
de mobilité sur la santé 24
3.2 Recommandations pour améliorer la qualité de l’air
en ville et mieux protéger les enfants 27
· Au niveau national 27
· Au niveau local 30

Conclusion 32
Introduction

Plus de trois enfants sur quatre respirent un air


toxique en France selon l’Organisation Mondiale
de la Santé (OMS) 1. Cette exposition à la pollution de
l’air a des effets délétères et durables sur la santé des
enfants car leur organisme n’est pas encore mature.

A
lors que les études scientifiques attestant de la
nocivité de la pollution de l’air se multiplient et
que l’on découvre régulièrement que des patho-
logies sont provoquées ou amplifiées par l’expo-
sition aux polluants atmosphériques, UNICEF France in-
terpelle le Gouvernement et les collectivités, pour qu’ils
prennent les décisions qui préserveront la santé des
enfants.

Les Objectifs du
Développement Durable
(ODD)
La lutte contre la pollution de l’air s’inscrit
dans le cadre des ODD promus
par les Nations unies :
>> Objectif n° 3
donner les moyens de vivre une vie saine
et promouvoir le bien-être de tous à tous
les âges est essentiel pour le développement
durable.
>> Objectif n° 11
Faire en sorte que les villes et les
établissements humains soient ouverts
à tous, sûrs, résilients et durables.

1 OMS, Pollution de l’air et santé de l’enfant, Prescrire un air sain, résumé,


2018 (p3).

UNICEF France - 2019 _ 5


Après plusieurs années de contentieux, l’Union euro- est aujourd’hui responsable de 48 000 à 67 000 décès4 pré-
péenne a finalement engagé un recours judiciaire contre maturés chaque année et d’un grand nombre de symptômes
la France devant la Cour de justice de l’Union en mai 2018. qui prennent racine dès l’enfance.
Quatorze zones géographiques françaises2 sont visées par
la Commission européenne comme ne respectant pas les La pollution de l’air étouffe nos villes mais elle n’est pas ir-
normes européennes de qualité de l’air. Les taux les plus réversible. Depuis plusieurs décennies, les réglementations
préoccupants concernent le dioxyde d’azote, dont 90 % des européenne et française sur les niveaux de pollution et sur
émissions dues au trafic sont issues de véhicules diesel3. leurs sources d’émissions ont permis des améliorations
telles que l’interdiction du plomb dans les carburants des
Malgré une tendance globale à l’amélioration de la qualité véhicules essence, permettant ainsi une diminution des
de l’air depuis une vingtaine d’années en France, l’air que concentrations moyennes annuelles de plomb dans l’air.
nous respirons n’est toujours pas de bonne qualité. La pol- Des progrès ont été observés plus récemment concernant
lution atmosphérique demeure un enjeu crucial de santé les émissions de dioxyde d’azote (NO2) et de particules
publique dans les villes et les agglomérations françaises, où (PM10), néanmoins les normes fixées pour ces polluants sont
vivent 70 % des Français. On estime que la pollution de l’air encore souvent dépassées. Pourtant, ces améliorations
restent insuffisantes pour respecter les réglementations et
les recommandations de l’OMS. Il est nécessaire d’aller plus
vite et plus loin.

Ces dépassements sont d’autant plus alarmants que pour


certains polluants, les seuils fixés par l’Union européenne
et par la réglementation française sont plus élevés que les
valeurs recommandées par l’OMS. Les enfants sont les pre-
miers touchés par cette pollution du fait de l’immaturité
de leur organisme et de la fréquence à laquelle ils respirent
(une fois et demie plus élevée que celles des adultes).

La raison d’être de cette synthèse est de regrouper les don-


nées existantes concernant les effets de la pollution de l’air
en ville sur la santé des enfants. Son objectif est double. Le
premier est d’informer les citoyens sur la nécessité d’adap-
ter nos modes de vie urbains pour rendre l’air des villes
respirable. Le second est de conduire les responsables po-
litiques nationaux et locaux à prendre des mesures fortes
pour préserver la santé de tous, mais avant tout celle des
enfants5.

4 Santé publique France a chiffré en 2016 à 48 000 décès prématurés l’impact


causé par la pollution de l’air en France. En mars 2019, une étude scientifique
démontre, nouvel outil statistique à l’appui, un impact plus grave encore, avec
67 000 décès prématurés en France. les références : Santé Publique France,
Impacts sanitaires de la pollution de l’air en France : nouvelles données et
2 Ile-de-France, Marseille, Nice, Toulon, Lyon, Grenoble, Saint-Etienne, perspectives 2016 et European Society of Cardiology. « Air pollution causes
Valence, vallée de l’Arve, Strasbourg, Reims, Montpellier, Toulouse et la Mar- 8.8 million extra early deaths a year. » ScienceDaily. ScienceDaily, Mars 2019.
tinique. 5 S’il existe de nombreuses problématiques de pollution de l’air dans les
3 ADEME, La pollution de l’air en dix questions, Les clés pour agir, édition territoires ruraux, en métropole et en outre-mer, ce rapport se concentre sur
Septembre 2018. les enjeux liés à la pollution de l’air dans les villes.

6 _ Pour chaque enfant, un air pur - Les effets de la pollution de l'air en ville sur les enfants
Infographie 1 Les zones visées par les procédures contentieuses européennes

PM10 + NO2
PM10 NO2

Douai Tour
Béthune Brest
Marseille
Valencienne Montpellier
Grenoble Strasbourg
PACA Paris Toulouse
(zone urbaine régionale) Reims
Lyon Rouen

La Martinique Champagne - Ardenne


Rhône - Alpes (zone urbaine régionale)
(zone urbaine régionale)
Nice Saint-Étienne
Rennes

Introduction
Source : www.developpement-durable.gouv.fr

Les principaux polluants >> Polluants secondaires


La pollution de l’air se caractérise par la polluants formés dans l’air par des réactions
présence dans l’air extérieur de gaz et de chimiques ou photochimiques, à partir de
particules ayant des effets néfastes sur polluants primaires, notamment sous
la santé humaine et sur l’environnement. l’action du rayonnement solaire, de
Les principaux polluants sont les particules l’humidité et de la chaleur, tels que l’ozone
fines (PM10) et ultrafines (PM2,5), les oxydes (O3).
d’azote (NOx), les oxydes de soufres (SOx) et
les composés organiques volatils. Les >> Les particules (PM10 et PM2,5)
activités humaines sont responsables des sont des polluants complexes différenciés
concentrations en polluants par leur diamètre. Leur toxicité est liée à
atmosphériques anormalement élevées. leur nature chimique et à leur taille. Les plus
fines sont les plus dangereuses pour la santé
>> Polluants primaires car elles pénètrent facilement et
polluants directement émis dans l’air par durablement dans le système respiratoire.
des sources de pollution (pots
d’échappement, cheminées…), tels que les
particules et le dioxyde d’azote (NO2).

UNICEF France - 2019 _ 7


1.
L’exposition
des enfants 1.1
à la pollution
de l’air Les sources
en ville de pollution de l’air
en ville

Les sources de pollution de l’air en ville sont


multiples. Elles peuvent être dues à la mobilité
urbaine (modes de transport), au chauffage à bois
ou aux rejets industriels. Par ailleurs, la météo,
l’urbanisme et la géographie des villes peuvent être
des facteurs aggravant la pollution de l’air en ville.
Nous nous intéressons dans ce rapport à la qualité
de l’air extérieur avant tout.

Le trafic routier et les carburants


fossiles, principales sources de pollution
en zone dense

À
l’échelle nationale, la principale source de pol-
lution de l’air en ville est le transport routier.
Il est responsable, au niveau nationale, de 63 %
des émissions d’oxydes d’azote (NOx), de 15 % des
émissions de particules (notamment les PM10) et de 11 % de
composés organiques volatiles6. Dans les zones urbaines
denses, près des grands axes de circulation, la part des
transports dans les émissions de polluants augmente. Par
exemple, le trafic représente environ 35 % des émissions de
PM2,5 en Île-de-France et 54 % à Paris7. Il représente 60 % des
émissions d’oxydes d’azote à l’échelle nationale8, 56 % en
Ile-de-France et jusqu’à 62 % à Paris.

6 ADEME, La pollution de l’air en dix questions, Les clés pour agir, édition
Septembre 2018
7 AirParif 2012
8 MTES, Être un citoyen averti et actif Ministère de la transition écologique
et solidaire, Juillet 2017

8 _ Pour chaque enfant, un air pur - Les effets de la pollution de l'air en ville sur les enfants
La part de la voiture dans les déplacements urbains est De plus, l’usage de l’automobile en ville est généralement
écrasante. En moyenne, elle représente 65 % des déplace- pour des distances très courtes. En moyenne, 40 % des tra-
ments, tandis que la marche représente 23 %, les transports jets quotidiens15 effectués en voiture font moins de trois
collectifs 7 % et le vélo 3 % . Malgré le déploiement de trans-
9
kilomètres et sont deux fois plus polluants qu’un trajet de
ports en commun, l’usage du véhicule reste répandu voire plus grande distance : une surconsommation de carburant
majoritaire, notamment dans des grandes villes a lieu lorsque le moteur est froid et lorsque les arrêts
comme Lille (56 %), Rennes (54 %) ou Marseille
(50 %). Cela s’explique dans certains cas par l’ab-
sence d’offre alternative de transport. Dans une
70
%
C'est la part
et redémarrages sont fréquents… Dans certaines
agglomérations (Lyon, Strasbourg, Lille, Rennes),
30 % des déplacements font moins d’un kilomètre
étude récente, deux tiers des automobilistes des en déplacements et 60 % font entre un et trois kilomètres16.
voiture
(67 %) déclarent « ne pas avoir la possibilité de dans les villes
choisir leur mode de déplacement », un chiffre de tailles
moyennes.
qui augmente avec l’éloignement des centres
urbains. En effet, 32 % des ménages des grandes
agglomérations disent ne pas avoir d’autre choix que la
voiture pour se déplacer au quotidien10.

L’exposition des enfants à la pollution de l’air en ville


Même si plus d’un automobiliste sur deux est prêt à repen-
ser son usage de la voiture pour aller au travail, la voiture
reste le moyen privilégié pour les déplacements domi-
cile-travail sur l’ensemble du territoire français. En 2015,
parmi les 23,2 millions de salariés habitant et travaillant
en France, 70 % ont utilisé principalement leur voiture
pour aller travailler11. Dans plusieurs départements, no-
tamment de l’Ouest et du Sud-Ouest, la proportion de sa-
lariés utilisant principalement la voiture monte à 85 % ou
plus. Comme pour les autres déplacements, l’éloignement
du centre entraîne une augmentation du recours à la voi-
ture : alors qu’à Paris, 68,6 % des salariés utilisent les trans-
ports en commun et seulement 10,7 % la voiture, les habi-
tants de la grande couronne parisienne sont 72 % à utiliser
leur voiture. Par ailleurs, un nombre important d’actifs,
6,3 millions, choisit la voiture pour les déplacements domi-
cile-travail, alors même que les transports en commun sont
accessibles12.

Parmi les 7,5 millions de salariés vivant et travaillant dans


la même commune, plus de la moitié fait le trajet en voiture,
témoignant ainsi d’un usage de la voiture souvent indivi-
duel. En milieu urbain, le nombre moyen de passagers par
véhicule est de 1,06 ; à l’échelle nationale, il est de 1,2 per-
sonne par véhicule13. Cette tendance est particulièrement
vraie pour les trajets domicile-travail : au moins 90 % de
déplacements lors d’un jour ouvré, quelle que soit la zone
géographique, sont réalisés par un individu voyageant
seul14.

9 ADEME, La pollution de l’air en dix questions, Les clés pour agir, édition
Septembre 2018
10 Ademe, Premiers résultats de l’Observatoire des mobilités émergentes
2018, Novembre 2018
11 Insee, Sept salariés sur dix vont travailler en voiture, 13 février 2019
12 CGDD, la mobilité des français. Panorama issu de l’enquête nationale
transports et déplacements de 2008, 2010. transports et déplacements de 2008, 2010.
13 CGDD, la mobilité des français. Panorama issu de l’enquête nationale 15 ADEME, La pollution de l’air en dix questions, Les clés pour agir, édition
transports et déplacements de 2008, 2010. Septembre 2018
14 CGDD, la mobilité des français. Panorama issu de l’enquête nationale 16 Les mobilités dans l’agglomération et « l’aire urbaine » de Rennes

UNICEF France - 2019 _ 9


Les autres sources de pollution en ville D’un point de vue géographique, les polluants primaires
liés au chauffage et au transport se concentrent essentiel-
Le secteur résidentiel émet des polluants dans l’air, en par- lement dans les villes, où leurs émissions sont les plus im-
ticulier en lien avec le chauffage. En moyenne nationale, portantes. C’est aussi là que vivent 70 % des Français. Elle
ce secteur est responsable d’environ 11 % des émissions affecte également les lieux enclavés tels que les reliefs et
d’oxydes d’azote (NOx), de 27 % des émissions de particules certaines vallées où la dispersion des polluants est rendue
(PM10) et de 46 % des composés organiques volatils émis17. plus difficile. Les polluants peuvent circuler vers des zones
Certains modes de chauffage, comme le chauffage au bois éloignées de leurs lieux d’émissions : la pollution des villes
en foyer ouvert, conduisent à une pollution dans l’habitat peut affecter les campagnes et vice-versa19. À l’inverse, cer-
et contribuent à la pollution aux particules en air extérieur. tains polluants sont présents en quantité plus importantes
En Île-de-France, la consommation du bois de chauffage à la campagne qu’en ville : du fait de leur comportement
contribue à hauteur de 88 % aux émissions de particules dans l’atmosphère comme l’ozone, ou du fait d’émissions
du secteur résidentiel alors qu’il ne couvre que 5 % des be- spécifiques comme pour les pesticides agricoles, voire d’ac-
soins d’énergie pour le chauffage. tivités industrielles.

D’autres sources de pollutions existent, notamment le sec- L’urbanisme joue également un rôle très important sur la
teur industriel : il représente 17 % des émissions d’oxydes qualité de l’air en ville. Les activités et les services qui se
d’azote (NOx), 27 % des particules émises (PM10), et 41 % des concentrent dans les zones urbaines sont générateurs
composés organiques volatils. Le secteur agricole est éga- d’émissions polluantes, notamment liées à la consomma-
lement source d’émissions de polluants : 31 % de particules tion d’énergie, du chauffage, de la mobilité et des bâtiments.
(PM10) et 97 % de l’ammoniac. Il touche plus particulière- La forme de la tâche urbaine selon l’emplacement des ha-
ment les territoires ruraux ou situés à proximité. bitats, des lieux de travail et des loisirs, va fortement influer
sur le niveau d’émission. Ainsi, la ville compacte réduit les
besoins en déplacement et en chauffage (habitats collectifs
Les effets de la météo, de la géographie plus souvent qu’individuels), et diminue les émissions pol-
et de l’urbanisme luantes par habitant, mais augmente l’exposition des per-
sonnes. Des rues plus étroites et des bâtiments plus hauts
Les émissions de pollution ont un impact sur la concen- vont également rendre plus difficile la dispersion des pol-
tration de polluant mais la relation n’est pas symétrique, luants20. L’impact de six formes de villes a été étudié par un
notamment parce que d’autres facteurs jouent sur la groupe de chercheurs australiens21 : l’étude confirme que
concentration de la pollution dans l’air. La météo a un im- l’exposition des riverains est la plus aggravée dans le cas
pact sur la pollution de l’air. Lors des périodes de grand froid des villes compactes. Mais à l’inverse, la ville étalée génère
et de conditions anticycloniques peut se produire un phé- davantage d’émissions et de consommation d’énergie mais
nomène d’inversion thermique. La couche d’air au sol est les populations habitent dans des zones où les concentra-
plus froide que les couches supérieures, ce qui limite les tions de polluants de l’air sont moindres et la dispersion de
mouvements verticaux de l’air et bloque les polluants au particules plus facile.
sol, sans permettre de dispersion. L’absence de vent est un
frein important à la dispersion des polluants. Selon les sai- Enfin, l’architecture des bâtiments est également suscep-
sons, la pollution de l’air diffère : la chaleur, le rayonne- tible de modifier l’exposition à la pollution de l’air : la prise
ment solaire ou l’humidité favorisent la transformation au vent, l’emplacement des fenêtres et l’affectation des
chimique des polluants primaires ou secondaires. Ainsi, les pièces peut s’avérer stratégique. Par exemple, la nouvelle
épisodes de pollution à l’ozone interviennent généralement architecture d’une école située à Strasbourg a permis,
lors de chaudes journées estivales tandis que les épisodes grâce à une nouvelle forme et une façade plus haute, de
de pollutions aux particules et aux dioxydes d’azote ont réduire l’exposition des élèves lorsqu’ils sont dans la cour
généralement lieu en hiver ou au printemps, lorsque les de récréation22.
émissions sont importantes, qu’une inversion thermique
se produit et que l’absence de vent empêche la dispersion
de la pollution18.
19 ADEME, La pollution de l’air en dix questions, Les clés pour agir, édition
Septembre 2018
20 ATMO Grand Est, Comment évaluer l’impact d’une opération d’aménage-
ment sur l’atmosphère
17 ADEME, La pollution de l’air en dix questions, Les clés pour agir, édition 21 C.Manins, M.E.Cope, P.J.Hurley, P.W.Newton, N.C. Smith and L.O.Mar-
Septembre 2018 quez The impact of urban development on air quality and energy use
18 ADEME, La pollution de l’air en dix questions, Les clés pour agir, édition 22 ATMO Grand Est, Comment évaluer l’impact d’une opération d’aménage-
Septembre 2018 ment sur l’atmosphère, p.75

10 _ Pour chaque enfant, un air pur - Les effets de la pollution de l'air en ville sur les enfants
Pollution de l’air et
réchauffement climatique
Si la pollution de l’air et le réchauffement pollinisation plus longues, exacerbant les
climatique sont parfois considérés comme risques d’allergies pour des organismes déjà
des problématiques assez différentes, elles soumis à la pollution atmosphérique.
sont pourtant intrinsèquement liées. L’amélioration de la qualité de l’air et la lutte
Les émissions de gaz à effet de serre et de contre le réchauffement passent par la
polluants de l’air ont les mêmes sources, réduction de la consommation énergétique
mais en proportions différentes : les activités qui sont bénéfiques dans les deux cas, ainsi
humaines, et notamment les transports, que par une réduction des composés à vie
le chauffage, l’industrie et l’agriculture. courte (carbone suie, méthane, ozone) qui
Certains polluants sont impliqués dans les permettront une amélioration pour ces
deux phénomènes : l’ozone et les particules, deux phénomènes et des co-bénéfices sur la
par leurs propriétés physico-chimiques, santé, l’économie et la sécurité alimentaire . 23

L’exposition des enfants à la pollution de l’air en ville


agissent ainsi sur la pollution locale et sur Attention toutefois, certaines mesures
le changement climatique. favorables au climat peuvent contribuer
Un phénomène d’entraînement entre à accroître la pollution de l’air ambiant et
le changement climatique et la pollution intérieur (isolation thermique sans
atmosphérique est également à l’œuvre : ventilation correction, bonus-malus
les canicules accentueront par exemple les uniquement basé sur les émissions de CO2
problèmes de pollution atmosphérique qui favorise les véhicules diesel, chauffage
— c’est notamment le cas pour l’ozone, et le au bois…).
réchauffement entraînera des périodes de

23 Climate and clean air coalition

UNICEF France - 2019 _ 11


l’habitacle automobile, les alternatives à la voiture sont
à privilégier pour diminuer l’exposition des enfants24.

De nombreuses études démontrent qu’il est préférable de

1.2 pratiquer la marche à pied, d’utiliser des transports en


commun ou encore le vélo, sachant que le niveau d’expo-
sition des cyclistes est un tiers moins élevés que pour les
passagers d’une voiture. En 2008, une étude française25

L’ exposition liée
visant à comparer les modes de transport a démontré que
pour un déplacement d’une vingtaine de minutes par une
voiture et par un vélo, le deux-roues est arrivé avec cinq

aux déplacements minutes d’avance et les niveaux de polluants auxquels il


était confronté étaient plus faibles : dix fois moins de mo-
noxyde de carbone, cinq fois moins de dioxyde d’azote et

quotidiens de deux fois moins de particules. Une revue systématique de


près de quarante études a été réalisée par le Lancet en jan-

l’enfant
vier 2017 pour comparer l’exposition à la pollution am-
biante en fonction du mode de déplacement. Elle conclut
que les cyclistes et les piétons inhalent plus de particules
fines en raison de la durée moyenne plus longue de leur
déplacement et de l’augmentation de la respiration due à
l’activité physique. Malgré cela, il s’avère que le bénéfice
de l’activité physique lié à la marche et au vélo surpasse
l’effet négatif d’une dose de particules inhalée plus
importante26.
Les différents modes de transports vers l’école et les
itinéraires empruntés ont un impact sur l’exposition
des enfants à la pollution de l’air. L’ exposition varie
selon les itinéraires

L
’exposition des enfants varie fortement en fonc- Pour choisir son parcours afin de limiter
tion des modes de transports choisis par les son exposition à la pollution de l’air
parents. en Ile-de-France ou en Auvergne Rhône-
À rebours de nombreuses idées reçues, des études Alpes, des applications mobiles ou site
prouvent que l’enfant n’est jamais plus exposé à la pollu-
internet existent tels que Itiner’AIR.fr
tion de l’air que lorsqu’il se trouve en voiture. Loin de le
protéger, l’habitacle de la voiture concentre la pollution
ou Airtogo.fr. Ces applications ont été
de l’air : aux polluants internes du véhicule s’ajoute l’accu- développées par les organismes de
mulation des émissions des pots d’échappement des voi- surveillance de la qualité de l’air,
tures alentour. La proximité avec les autres véhicules, en respectivement Airparif et Atmo
particulier avec celui qui précède et les embouteillages Auvergne Rhône-Alpes.
exposent encore davantage les passagers aux émissions des
autres véhicules ; les types de rue et les tunnels peuvent
aussi avoir une influence sur l’exposition aux émissions.
Dans une automobile circulant sur le périphérique pari-
sien, la concentration en dioxyde d’azote peut être quatre
à cinq fois supérieure au niveau ambiant au centre de
Paris, et jusqu’à quinze fois pour une voiture circulant
dans un tunnel autoroutier congestionné. Certaines du-
rées d’exposition dans les voitures dépassent de loin les
seuils d’acceptabilité préconisés par le Haut conseil de santé 24 ADEME, La lettre recherche, n°21, novembre 2017.
25 ORAMIP, À pied…à vélo…en métro…en bus…en voiture : quel air respi-
publique ou bien l’OMS. Si des projets de recherche existent rons-nous ?, infos n°92, septembre-octobre 2008.
pour mieux protéger les personnes présentes dans 26 ADEME, La pollution de l’air en dix questions, Les clés pour agir, édition
Septembre 2018 et the Lancet, Levels of ambient air pollution according to
mode of transport : a systematic review, november 2016

12 _ Pour chaque enfant, un air pur - Les effets de la pollution de l'air en ville sur les enfants
Infographie 2
Établissement franciliens recevant du public
sensible (ERP) exposés à des niveaux

1.3
qui ne respectent pas la réglementation
pour le dioxyde d'azote*
en 2016-2017

L’exposition
dans les lieux
d’accueil
d’enfants

L’exposition des enfants à la pollution de l’air en ville


Pour les enfants vivant en ville, l’école et les lieux
d’activités périscolaires ne sont généralement pas
épargnés par la pollution ambiante. Malgré les
risques encourus par les enfants, force est de
constater que les données concernant leur exposition
à la pollution de l’air sont trop peu courantes.
= 27 % soit 1 ERP/4
La pollution de l’air à l’école

L
es forts taux de pollution ambiante dans les villes *Valeur limite pour le NO2 :40 µg/m3
n’épargnent pas les écoles, et plus généralement
les lieux d’accueil d’enfants. En ville, les niveaux
de pollution sont plus élevés avec une
densité de rues plus importante, et comme ces
lieux doivent être facilement accessibles, bon
nombre d’entre eux se trouvent dans des em-
1/4
des établisse-
placements qui renforcent l’exposition des en- ments franciliens
fants à une mauvaise qualité de l’air, par recevant du
exemple à proximité de grands axes routiers. public sensible
se trouve dans un
Aujourd’hui, dans Paris et la petite couronne, lieu où la pollution
27 % des établissements recevant du public atmosphérique
dépasse les normes
sensible (ERP) comme les crèches, écoles et hô- européennes.
pitaux sont exposés au dépassement de seuils
pour le dioxyde d’azote (NO2) du fait de la
27

proximité d’un axe routier et du niveau général de pollution


dans l’agglomération parisienne. Dans ces cas-là,

27 AirParif, Qualité de l’air en Ile-de-France en 2017, mars 2018

UNICEF France - 2019 _ 13


l’exposition est d’autant plus inquiétante qu’en plus d’être mesure et de l’échangeur autoroutier se situe un collège,
forte, elle est fréquente voire quotidienne : les enfants où plus de 600 élèves se rendent quotidiennement et vont
passent au moins 24 heures par semaine à l’école. La pré- en récréation.
sence de routes, d’emplacements de parking et de dé-
pose-minute juste devant l’entrée de l’école participent Un autre exemple est celui d’une ville très centralisée et
également à renforcer l’émission et la concentration de dense comme Lyon, la moitié de la population présente sur
polluants à l'extérieur des écoles, souvent à des horaires où le territoire d’étude est concentrée sur une zone de 16 km²
les enfants sont en extérieur. la nuit, et de seulement 13 km² le jour. Les mouvements de
regroupement de population pendant la journée augmen-
Par exemple, Airparif a relevé en 2018 30 dépassements tent le phénomène de concentration des particules dans
des normes européennes de dioxyde d’azote au niveau de les zones les plus densément peuplées, ce qui provoque une
sa station « boulevard périphérique d’Auteuil » 28 et, toujours exposition accrue de la population à ces polluants. Ainsi
à la même station, 65 dépassements de particules PM1029. entre 10 et 11 heures, 43 % des personnes présentes dans
La directive européenne et la réglementation française la zone urbaine de Lyon sont exposées à des niveaux de
considèrent que le seuil de PM10 ne doit pas être dépassé pollution aux particules supérieurs à 50 μg/m³, pic journa-
plus de 35 fois par année civile. L’OMS fixe sa limite à trois lier récurrent. La plupart des élèves et étudiants sont alors
dépassements. Pourtant, à quelques mètres de la station de sur leur lieu d’étude, et potentiellement dans la cour de
récréation30.

28 AirParif, Suivi des dépassements de normes horaires sur l’année 2018


pour le polluant Dioxyde d’Azote (NO2), février 2019 30 Insee analyse Auvergne Rhône-Alpes, Prendre en compte la mobilité des
29 AIrParif, Suivi des dépassements de normes journalières sur l’année 2018 Lyonnais pour mieux évaluer leur exposition à la pollution atmosphérique,
pour le polluant Particules (PM10), février 2019 Septembre 2016

14 _ Pour chaque enfant, un air pur - Les effets de la pollution de l'air en ville sur les enfants
Témoignage
de Renaud Pierre,
Parent d’élève de l’école
Michel Servet à Lyon,
février 2019.
« L’école Michel Servet est située dans le organisées avec la Ville et la métropole qui,
premier arrondissement de Lyon aux pour l’instant, refusent toute action
abords immédiats du tunnel routier de la sur le trafic.
Croix-Rousse. Depuis 2013, des relevés d’air Face à cette situation les réactions des
dans la cour d’école ont révélé que les taux parents et des enfants sont assez variées,
de polluants sont bien plus élevés qu’ailleurs mais une grande partie d’entre eux sont
dans la métropole, cela d’autant que conscients d’évoluer dans une « école
l’agglomération lyonnaise dépasse déjà polluée ». Parents et enseignants concernés

L’exposition des enfants à la pollution de l’air en ville


régulièrement les valeurs limites fixées par oscillent entre la nécessité d’informer sur la
l’Union européenne. La zone de l’école est question et celle de ne pas créer un climat
donc soumise à un pic de pollution trop anxiogène vis-à-vis des enfants. Des
permanent : concernant le dioxyde d’azote, familles ont aussi fait en sorte de changer
les valeurs moyennes annuelles relevées leurs enfants d’école. Par ailleurs, le collège
oscillent entre 55 et 75 µg/m3 lorsque les et lycée Ampère où se rendent la plupart
seuils de l’UE sont à 40 µg/m3 et ceux de des élèves de Michel Servet après le CM2 se
l’OMS encore plus bas. Cette situation est trouve également sur un « nœud de
due à un trafic important (47 000 véhicules pollution », aux bords de la deux-fois-trois
par jour), à une concentration due à un voies de l’axe Nord-Sud. De la maternelle au
« effet tunnel », à une mauvaise bac, c’est donc une scolarité entière passée
configuration venteuse, et à la proximité dans cet environnement délétère pour les
de l’axe routier Nord-Sud, autre voie très élèves de l’école Servet.
fréquentée.
Du point de vue de la santé, il est difficile de
Les premiers résultats de ces mesures mettre en évidence des affections liées à
connus, la Ville a décidé de condamner la cette situation particulière, la nocivité des
cour de l’école la plus exposée, qui est polluants se situe sur de nombreux plans et
également la plus grande et la plus pratique, des temps différents. De nombreux élèves
qui ne peut dès lors plus être utilisée. Les ont des troubles chroniques de type
salles d’activités scolaires exposées de ce respiratoire ou allergique mais qui ne
côté ont également été fermées. nécessitent pas un signalement spécifique
N’étant pas satisfaits par ces mesures qui à la médecine scolaire, ce qui rend très
tentent de réduire les conséquences sans difficile une comparaison avec d’autres
s’attaquer aux causes, des parents de l’école établissements.
se sont montés en collectif pour interpeller La seule chose évidente est qu’au regard de
les autorités sur de nécessaires restrictions à l’information scientifique disponible sur ces
la circulation automobile au profit des nombreux polluants présents en grande
transports en commun et « modes doux ». quantité et dont l’effet « cocktail »
Suite à de nombreuses mobilisations bien démultiplie la nocivité, la situation
médiatisées, des rencontres ont été est problématique. »

UNICEF France - 2019 _ 15


Les cartes stratégiques air (CSA) développées par les asso- Pour les enfants et les adolescents, les autorités publiques
ciations agréées pour la surveillance de la qualité de l’air recommandent de limiter dans la durée les activités spor-
(AASQA) donnent - entre autre - une indication des ni- tives, de les pratiquer à un moment où le niveau de pollu-
veaux de pollution autour des emplacements susceptibles tion n’est pas le plus élevé et de s’éloigner des grands axes
d’accueillir des nouvelles crèches ou des écoles. Si le recours routiers31. De nombreux établissements accueillant des
à ces CSA n’est pas obligatoire pour construire un lieu ac- publics fragiles ne mettent pas en œuvre les recommanda-
cueillant des enfants, certaines agglomérations ont toute- tions sanitaires prévues en cas de dépassement.
fois déployé de manière volontaire ces cartes. L’objectif de
leur utilisation est de limiter l’exposition à la pollution des
enfants qui y seront reçus dans le futur. Concernant les
établissements déjà construits, certains aménagements Respire publie
urbains et architecturaux peuvent permettre de réduire la première carte des écoles
l’exposition, comme l’exemple précédemment cité de l’école
strasbourgeoise l’a prouvé (cf. p. 10).
polluées en Ile-de-France
Une multitude de crèches, écoles, collèges et
lycées sont situés à proximité d’un axe
La pollution de l’air lors des activités routier majeur (plus de 100 000 véhicules par
périscolaires jour) ou d’une autoroute urbaine.
Les enfants sont également soumis à un fort niveau de En 2012, plus de 65 % des crèches et des écoles
pollution de l’air lors de leurs activités périscolaires. Selon parisiennes dépassaient les seuils de NO2
le Haut conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge, 50 % des fixés par la réglementation européenne.
enfants pratiquent des jeux en plein-air au En 2017, elles étaient plus de 23 % à
moins deux jours d’école par semaine. Lorsque
les enfants vivant en ville font du sport, ils sont %
des établisse-
31 dépasser ces seuils : on observe une
nette amélioration depuis 2012 mais la
bien souvent confrontés à des niveaux de pol- ments sportifs
lution importants dans les infrastructures spor- à Paris situation reste préoccupante car près
tives qu’ils fréquentent. S’ils y passent généra- et en petite d’un tiers des jeunes Parisiens sont
couronne
lement moins de temps qu’à l’école, ils sont sont fortement ex- concernés.
amenés à y respirer davantage compte tenu de posés à la pollution. En petite couronne, près de 13 % des
l’effort physique qui augmente le rythme
crèches et plus de 5 % des écoles
respiratoire.
primaires dépassaient les seuils de NO2 fixés
Également, lors d’épisodes de pics de pollution la pratique par l’Europe contre respectivement 5 % pour
d’activité périscolaire en extérieur devrait être adaptée, les crèches et 1,5 % en 2017. Là aussi,
notamment avec un niveau d’alerte. Un pic de pollution se l’amélioration est significative ; elle montre
produit lors du dépassement de seuils de polluants dans que plus on s’éloigne de la capitale, moins les
l’air ambiant fixés dans la réglementation. Ce dépassement
enfants sont exposés à ces dépassements.
de seuil occasionne le déclenchement de mesures d’ur-
gences, prises par les préfets en fonction du type d’épisode L’association Respire dresse le premier
et de sa gravité, ainsi que l’information de la population sur inventaire public de ces établissements dans
l’épisode de pollution en question. Force est de constater lesquels les enfants sont confrontés à un air
que bien souvent, dans la diffusion d’informations sur les
épisodes de pollution, les préconisations visant le cas des
toxique : la première carte des écoles polluées
personnes les plus fragiles ne sont pas souvent respectées d’Ile-de-France. Elle permet d’accéder aux
ou tardent à l’être. Il est préconisé pour les très jeunes en- valeurs par école et par polluant (PM10, PM2,5
fants de limiter les activités physiques et sportives d’inten- et NO2) pour toute l’Ile-de-France.
sité élevée, tant en plein air qu’à l’intérieur.

31 Ministère des solidarités et de la santé, Recommandations en cas d’épi-


sode de pollution aux particules, Décembre 2018.

16 _ Pour chaque enfant, un air pur - Les effets de la pollution de l'air en ville sur les enfants
2.
Les
conséquences 2.1
de la
pollution Les enfants
de l’ air sont plus
sur la santé
des enfants vulnérables

Si l’exposition à la pollution de l’air a des effets


délétères sur la santé des adultes : troubles
respiratoires, cancers, pathologies cardiovasculaires,
séquelles neurologiques… elle est encore plus nocive
pour les enfants, qui la subissent alors que leur
organisme est encore immature.

L
a pollution de l’air a des impacts sur la santé de
tous. À chaque inspiration, une quantité de pol-
luants pénètre dans les voies respiratoires et dans
les poumons. Les plus grosses particules se collent
sur les muqueuses au niveau du nez ou du pharynx, ce qui
peut être source d’irritations et d’inflammation. Si ces par-
ticules dépassent la barrière de la muqueuse nasale, le corps
trouve des moyens de l’éliminer. Or, quand les particules
sont plus petites (PM2,5), elles pénètrent plus profondément
dans les poumons, où elles entrent dans les bronches et les
alvéoles pulmonaires. Elles déclenchent alors des réactions
inflammatoires causant des symptômes comme la toux,
des expectorations, des essoufflements… Cette inflamma-
tion peut déboucher sur des maladies chroniques telles que
l’asthme, la bronchite chronique ou la broncho pneumo-
pathie chronique obstructive (BPCO) 32.

Les effets de la pollution de l’air dépendent de plusieurs


éléments : la nature des polluants, la dose reçue, les habi-
tudes, mais également la vulnérabilité de la personne. Les
seuils de sensibilité ne sont pas les mêmes pour tous.

32 Planète santé, La pollution de l’air augmente les maladies cardiaques et


pulmonaires, novembre 2017

UNICEF France - 2019 _ 17


Du fait de leur condition physique, les enfants subissent notamment lorsqu’ils sont en poussette ou à pied le long de
davantage les conséquences de la pollution de l’air. Pre- rues étroites. Enfin, les enfants sont également vulnérables
mièrement, leur organisme n’est pas mature, il se trouve car pas forcément en mesure de reconnaître les symptômes
donc exposé et troublé au cours de son développement. Par liés à la pollution de l’air, ou d’agir pour se protéger (aérer
ailleurs, les enfants ont une fréquence respiratoire envi- la voiture, renoncer à une activité sportive, choisir l’itiné-
ron une fois et demie plus élevée que celle des adultes, ce raire le moins pollué…). En 2015, des nanotubes de carbone
qui augmente les quantités d’air - et donc de polluants - issus de la pollution atmosphérique ont été retrouvés dans
potentiellement inhalés. Leur croissance pulmonaire est des poumons de 69 enfants asthmatiques de 2 mois à 17ans
aussi plus susceptible d’être altérée par la pollution de l’air, vivant à Paris34.
et leur santé plus à risque d’être fragilisée pour le reste de
leur vie d’adulte33. La proximité avec un axe routier renforce très fortement
les risques de développer des maladies respiratoires et chro-
De façon plus empirique, il semble que les enfants sont plus niques. D’après l’étude Aphekom35, vivre à proximité d’axes
exposés dans leurs activités quotidiennes : ils passent plus routiers à forte densité de trafic automobile pourrait être
de temps que les adultes en extérieur (récréation, pause responsable de 15 à 30 % de nouveaux cas d’asthme chez
déjeuner, activités périscolaires…) et leur petite taille les les enfants. Selon le Docteur Laurent Nicod, chef du service
rapproche plus que les adultes des pots d’échappements,

34 Étude menée auprès de 69 enfants par le Laboratoire d’étude des tech-


niques et instruments d’analyse moléculaire (LETIAM, IUT d’Orsay). L’analyse
prouve que ces nanomatériaux proviennent directement de la dégradation
des pots d’échappement.
33 Asthma UK, air pollution, website 35 InVS, Résumé des résultats du projet Aphekom 2008-2011.

18 _ Pour chaque enfant, un air pur - Les effets de la pollution de l'air en ville sur les enfants
Infographie 3
Comparaison de l'impact de la pollution de l'air
sur les maladies chroniques
en utilisant deux méthodes d'EIS*
dans Aphekom

Épisodes de bronchites
chez les enfants asthmatiques
(0 - 17 ans)

Hospitalisation pour asthme

Les conséquences de la pollution de l’ air sur la santé des enfants


chez les enfants asthmatiques
(0 - 17 ans)

0% 10 % 20 % 30 % 40 %

* EIS : évaluation d’impact sanitaire Sous l'hypothèse Sous l'hypothèse que la pollution
que la pollution exacerbe favorise le développement
les pathologies existantes de pathologies chroniques,
(approche classique) et les exacerbe

de pneumologie du Centre hospitalier universitaire vau-


dois (Suisse) « habiter à moins de cinquante mètres d’un axe
routier augmente le risque de survenue d’asthme de 180 % » 36.
Comme l’étude Aphekom, de nombreuses sources scienti-
fiques dans plusieurs pays constatent que vivre près d’un
axe routier a, en plus des implications sur la santé respira-
toire, des conséquences néfastes sur la santé cardiovascu-
laire 37 et augmente le risque d’autisme chez les
nouveau-nés38.

36 Cité par Planète santé, La pollution de l’air augmente les maladies car-
diaques et pulmonaires, novembre 2017
37 Étude ONSET (Determinant of Myocardial Infarction Onset study)
38 Étude présentée par le site Carfree en mars 2011 dernier et menée par
une équipe de chercheurs du Children’s Hospital Los Angeles, de la Keck
School of Medicine de l’University of Southern California (USC) et du UC
Davis MIND Institute.

UNICEF France - 2019 _ 19


Témoignage des crises d’asthme. Mais il y a surtout une
du Pr Jocelyne Just, pollution de fond à laquelle nous sommes
cheffe du service d’allergologie exposés en permanence et qui attaque notre
organisme. En cas d’épisode de pollution,
pédiatrique à l’Hôpital
il faut être vigilants à limiter au maximum
Trousseau - AP-HP les efforts physiques lorsque nous sommes à
l’extérieur. Sortir pour aller chez le médecin,
« L’heure faire ses courses ou aller à l’école, oui. Mais
n’est plus sortir pour se promener ou faire du sport,
non. De même, il vaut mieux changer son
au constat mais parcours et ne pas marcher le long des
à l’action » grandes artères mais plutôt privilégier les
petites rues. Même si l’air extérieur est nocif,
il faut tout de même aérer son logement afin
« Dans notre service, nous sommes souvent de renouveler l’air intérieur qui est lui aussi
confrontés à des enfants qui cumulent les sujet aux polluants au moment où le trafic
maladies chroniques et qui présentent des automobile est le moins important le matin
pathologies sévères avec asthme, eczéma, tôt ou le soir tard.
allergies alimentaires. La pollution de l’air Le réchauffement climatique que l’on
provoque de l’asthme et favorise les connaît a aussi des conséquences sur la
poussées d’eczéma, elle aggrave les pollution, via les allergies : la saison des
pathologies respiratoires de ceux qui en ont. pollens est plus longue et les pollens
Les effets de la pollution sur les poumons deviennent plus allergisants à cause de la
des jeunes enfants sont les plus importants. pollution. Les allergies au pollen expliquent
Ils sont davantage exposés car leurs en partie l’augmentation des allergies
poumons sont moins matures et leur alimentaires, puisque certains fruits
fréquence respiratoire élevée leur fait contiennent des protéines semblables à
inhaler davantage de polluants. celles que l’on trouve dans les différents
Les particules fines émises par les diesels types de pollens. C’est le cas notamment en
sont toxiques, inflammatoires et dys- région parisienne du syndrome pomme-
immunitaires, elles nuisent donc bouleau ou du syndrome pêche-cyprès dans
particulièrement aux enfants. À Paris, les le sud de la France. »
enfants ont de plus en plus d’asthme, de plus
en plus sévère. Dans les années 1990, on
réglait 90 % de l’asthme du nourrisson par
un peu de corticoïde. Aujourd’hui, il faut
trois à quatre traitements pour le contrôler,
ou pas. Les pics de pollution sont bien sûr
très mauvais pour la santé : ils provoquent
une hausse des venues aux urgences pour

20 _ Pour chaque enfant, un air pur - Les effets de la pollution de l'air en ville sur les enfants
Les symptômes décrits plus haut ne sont pas les consé-
quences spécifiques des pics de pollution. Santé Publique
France a mené une étude40 dans 17 villes françaises, de
2007 à 2010, afin de calculer la part des pics de pollution

2.2 dans les effets sur la santé. Les résultats ont démontré que
c’est l’exposition à la pollution, quotidienne et dans la du-
rée qui a un impact important sur la santé. En plus des
séquelles pulmonaires, l’exposition à la pollution de l’air

L’impact
favoriserait les rhumes et les bronchites. Elle augmenterait
le risque de développer une broncho-pneumopathie chro-
nique obstructive41.

sur les fonctions Plus récemment, une étude réalisée par une équipe de cher-
cheurs de l’Inserm, du CNRS, de l’université Grenoble

respiratoires des Alpes et de l’Institut de santé globale de Barcelone a dé-

Les conséquences de la pollution de l’ air sur la santé des enfants


montré les effets néfastes d’un large éventail de polluants
sur la fonction pulmonaire des enfants42. L’étude conclut
enfants qu’une réduction de l’exposition à la pollution permettrait
de préserver le bon fonctionnement pulmonaire des
enfants.

Historiquement, les pics – ou épisodes – de pollution


intenses, ont alerté davantage que l’exposition
régulière à une pollution atmosphérique moindre.
Pourtant, les effets d’une exposition durable et
régulière sont plus dangereux.

L
’exposition à des concentrations importantes de
polluants est susceptible de réduire les capacités
pulmonaires des enfants, et d’entraîner le déve-
loppement de l’asthme. Une étude britannique
récente39 a montré que les enfants entre 8 et 10 ans vivant
dans des zones urbaines très polluées risquent une dimi-
nution de leurs capacités pulmonaires allant jusqu’à 10 %.
Pendant six ans, des chercheurs ont examiné les fonctions
pulmonaires de 2 400 enfants dans 25 écoles des environs
de Londres et constaté une corrélation entre l’exposition à
la pollution atmosphérique et le développement de
l’asthme. Pour les enfants déjà atteints et qui seraient ex-
posés à la pollution de l’air, l’exposition aggraverait les
symptômes.

40 Santé Publique France, Impacts sanitaires de la pollution de l’air en


France : nouvelles données et perspectives, juin 2016
41 INSERM, Pollution de l’air : cri d’alarme de médecins, scientifiques et
ONG, janvier 2017
42 The Lancet, Early-life exposome and lung function in children in Europe :
39 The Lancet, Impact of London’s low emission zone on air quality and child- an analysis of data from the longitudinal, population-based HELIX cohort,
ren’s respiratory health : a sequential annual cross-sectional study, Novembre février 2019
2018

UNICEF France - 2019 _ 21


polluantes des véhicules ont causé 385 000 décès préma-
turés en 2015 dans le monde. En moyenne, la moitié de ces
décès prématurés dus à la pollution à l’ozone et aux parti-
cules ultrafines (PM2,5) était causée par des véhicules rou-

2.3 tiers diesel. Cette proportion s’élève même à deux tiers dans
quatre pays dont la France.

Les autres
Un impact dès le stade fœtal

L’impact de la pollution de l’air sur le fœtus est désormais

affections liées mieux documenté. Des chercheurs de l’Inserm, du CNRS


et de l’université Grenoble Alpes travaillant au sein de l’Ins-
titut pour l’avancée des biosciences ont analysé les consé-

à la pollution quences des expositions environnementales in utero45.


L’étude a montré que l’exposition à la pollution atmosphé-
rique est associée à des modifications épigénétiques au
de l’air niveau du placenta, pouvant présenter un risque pour le
fœtus. Plusieurs symptômes découleraient de cette muta-
tion génétique et seraient donc attribuables à la pollution
atmosphérique : pré-éclampsie chez la femme enceinte,
poids diminué du nourrisson à la naissance, fonctionne-
ment dégradé des poumons ou encore troubles neuro-dé-
veloppementaux. Il est intéressant de noter que les ni-
veaux d’exposition moyens dans la population étudiée
La pollution de l’air a des effets multiples sur les étaient inférieurs à la limite annuelle fixée par la directive
organismes en développement des enfants. Ces de l’Union européenne sur la qualité de l’air (40 mg/m3 pour
symptômes peuvent aller de l’irritation à des troubles le dioxyde d’azote).
respiratoires plus sévères comme la bronchite ou
l’asthme, mais également des problèmes Dans l’étude ESCAPE, les concentrations de polluants at-
neurologiques ou métaboliques. mosphériques (dioxyde d’azote et particules fines en sus-
pension) ont été évaluées durant la grossesse au domicile
de chaque femme. La densité du trafic sur la route la plus
Une réduction de l’espérance de vie proche et le volume total de trafic sur toutes les routes prin-
cipales dans un rayon de 100 mètres autour du lieu de ré-

L
a pollution de l’air occasionne une diminution de sidence ont également été pris en compte46. Les chercheurs
l’espérance de vie d’une personne. Santé publique estiment que pour toute augmentation de cinq micro-
France a réalisé une évaluation quanti- grammes par mètre cube de l’exposition aux par-
tative de l’impact sanitaire de la pollution ticules fines pendant la grossesse, le risque de
afin d’en estimer le poids sur la santé. Cette étude
permet d’estimer autour de 48 000 le nombre de décès
48 000 donner naissance à un bébé de petit poids (infé-
rieur à 2 500 grammes pour un enfant né après
décès prématurés liés à la pollution en France. Les prématurés 37 semaines de grossesse) à terme augmente de
grandes villes ne sont pas les seules concernées. liés à la pollution 18 %. Là aussi, ce risque accru persiste à des taux
en France
Dans les zones urbaines de plus de 100 000 habi- (estimation de inférieurs à la limite annuelle actuelle fixée par
tants, les résultats montrent en moyenne une Santé publique les directives de l’Union européenne sur la qualité
perte de quinze mois d’espérance de vie à 30 ans, France) de l’air, qui est de 25 µg/m³ pour les particules
du fait des particules fines (PM2,5). Dans les zones fines. Ainsi, les dommages causés par la pollution
entre 2 000 et 100 000 habitants, la perte d’espérance de de l’air commencent dès la gestation et fragilisent la santé
vie est de dix mois en moyenne, contre neuf mois dans les
zones rurales43. Selon une étude très récente44, les émissions
emissions in 2010 and 2015, février 2019, ICCT.
45 Environment International, Pregnancy exposure to atmospheric pollution
43 Santé Publique France, Impacts sanitaires de la pollution de l’air en and meteorological conditions and placental DNA methylation, Septembre
France : nouvelles données et perspectives, juin 2016 2018, volume 118
44 Susan Anenberg, Joshua Miller, Daven Henze, Ray Minjares, A global 46 INSERM, L’exposition à la pollution atmosphérique augmente le risque de
snapshot of the air pollution-related health impacts of transportation sector donner naissance à des bébés de petit poids, octobre 2013

22 _ Pour chaque enfant, un air pur - Les effets de la pollution de l'air en ville sur les enfants
l’exposition des femmes enceintes à la pollution atmosphé-
rique et son influence sur la croissance fœtale (dont la pré-
maturité). La modélisation a été utilisée pour connaître la
dispersion des polluants atmosphériques à l’échelle de la
France. Ce projet scientifique s’inscrit dans le cadre de
l’étude ELFE. Il s’agit de la première étude longitudinale
française consacrée au suivi des enfants, de la naissance à
l’âge adulte, qui aborde les multiples aspects de la vie de
l’enfant sous l’angle des sciences sociales, de la santé et de
la santé-environnement. Lancée auprès de 500 familles
pilotes en 2007, elle est généralisée en France métropoli-
taine depuis avril 2011 et concerne plus de 18 000
enfants.

Face à ce constat, des solutions existent et doivent être mises en place


Autres pathologies affectant les enfants
et les adolescents
Depuis plusieurs années, des études prouvent que les pro-
blèmes de santé occasionnés par la pollution de l’air dé-
passent les problématiques respiratoires. Des études ré-
centes ont montré que la pollution atmosphérique pourrait
jouer un rôle dans le développement de l’obésité et du dia-
bète. Par exemple, l’une d’elles49 a porté sur des enfants âgés
entre 8 et 15 ans, qui étaient exposés à des niveaux élevés
de pollution de l’air. Les analyses ont à la fois révélé une
diminution de la sensibilité à l’insuline, une baisse de la
fonction des cellules-bêta (cellules du pancréas qui pro-
duisent l’insuline) et un indice de masse corporelle (IMC)
du futur enfant. En effet, un faible poids de naissance est plus élevé à 18 ans.
associé à d’autres problèmes de santé dans l’enfance.
La pollution de l’air pourrait également être associée à des
Selon des chercheurs français47, la moitié des enfants nés troubles neurologiques et à la dépression. Une recherche
hypotrophes (avec un poids à la naissance inférieur à 2 500 publiée récemment50 par des scientifiques britanniques a
grammes) ont un poids faible à cause de l’exposition à la porté sur 284 enfants londoniens. Plusieurs symptômes
pollution de l’air in utero. Parmi les enfants dont le poids ont fait l’objet d’une évaluation aux âges de 12 et 18 ans :
faible est attribuable à la pollution de l’air, un sur quatre troubles de l’attention, hyperactivité, anxiété et dépression.
aura des retards moteurs ou intellectuels de développe- Les résultats montrent que 20 % des enfants avaient déve-
ment. La prise en charge de ces enfants sur l’ensemble de loppé des signes de dépression à 18 ans et que cette propor-
leur vie est estimée à 1,2 milliard d’euros. À court terme, tion augmentait dans les cas où l’air respiré par les jeunes
l’étude propose de mettre en place des mesures de santé avait été fortement pollué. Les travaux ont conclu à l’exis-
publique afin de protéger les femmes enceintes, par tence d’un lien entre la survenue de la dépression et la
exemple avec la limitation de circulation de ces dernières qualité de l’air : les enfants qui grandissent dans un envi-
lors des pics de pollution. ronnement particulièrement pollué auraient trois à quatre
fois plus de risques de développer un trouble dépressif
Afin de mieux connaître les effets spécifiques de la pollu- majeur à l’âge de 18 ans.
tion de l’air sur les enfants, le projet PATer mené par plu-
sieurs acteurs de la santé, de la recherche et de la qualité
de l’air48, a permis d’améliorer la connaissance sur
RISques (INERIS).
49 American Diabetes Association, Longitudinal Associations Between
47 INSERM, Pollution atmosphérique en France, un impact sur la santé du Ambient Air Pollution with Insulin Sensitivity, β-Cell Function, and Adiposity in
fœtus et un coût de 1.2 milliard d’euros pour la société, mai 2018 Los Angeles Latino Children, janvier 2017
48 Ce projet associe plusieurs Associations Agréées de Surveillance de la 50 Psychiatry research, Exploration of NO2 and PM2.5 air pollution and men-
Qualité de l’Air (AASQA), l’Institut national de la santé et de la recherche tal health problems using high-resolution data in London-based children from
médicale (INSERM) et l’Institut National de l’Environnement Industriel et des a UK longitudinal cohort study, février 2019

UNICEF France - 2019 _ 23


3.
Face à ce
constat, 3.1
des solutions
existent L’impact direct
et doivent du changement
être mises
en place de politique de
mobilité sur
la santé

La situation actuelle est grave mais n’est pas


irréversible si les décisions qui s’imposent sont prises
aux niveaux national et local pour réduire la pollution
de l’air et l’exposition des enfants. Il est encore temps
de protéger la santé des enfants qui grandissent
en ville.

L
es travaux menés par Santé Publique France
mettent en évidence le gain de vie potentiel si des
mesures sont prises pour réduire l’exposition à la
pollution de l’air dans les villes. Les résultats de
l’étude menée prouvent que « si l’ensemble des communes
réussissait à atteindre les niveaux de PM2.5 observés dans les
5 % des communes les moins polluées de la même classe d’ur-
banisation, 34 000 décès pourraient être évités chaque an-
née », ce qui équivaut à un gain moyen de neuf mois d’espé-
rance de vie51. De nombreuses études8 dans le monde ont
mis en évidence les bénéfices sanitaires de politiques pro-
tectrices comme la « modification de la composition des car-
burants, la mise en place de péage urbain, la pratique du vélo,
ou la réduction d’émissions industrielles ». Dans la majorité
des cas, les études survenues après ces changements

51 Santé publique France, Impacts sanitaires de la pollution de l’air en


France : nouvelles données et perspectives, juin 2016

24 _ Pour chaque enfant, un air pur - Les effets de la pollution de l'air en ville sur les enfants
Infographie 4
(source : Réseau Action Climat)

Faire baisser la pollution


34 000 3,5 à 7,5 4,9 mds €
vies sauvées mois de vie économisés
par an en France* gagnés

Face à ce constat, des solutions existent et doivent être mises en place


si l'ensemble des communes dans 9 grandes villes
de France métropolitaine françaises concentrant
ramenait leur niveau de 12 millions de personnes**
pollution aux PM2,5 à celui des
communes les moins polluées.

* Source : France Santé Publique 2016 ** Source : Résultat du projet Alphekom portant sur Bordeaux, Le Havre,
Lille, Lyon, Marseille, Paris, Rouen, Strasbourg et Toulouse.

positifs ont conclu à « des améliorations de l’état de santé en ils ont étudié le cas du sud de la Californie, où la mise en
termes de mortalité, d’espérance de vie, d’hospitalisations œuvre de politiques de contrôle de la qualité de l’air a per-
pour asthme, de prévalence des maladies respiratoires et car- mis d’améliorer la qualité atmosphérique au cours des der-
diovasculaires, de naissances prématurées… » 52. nières décennies. Ils ont donc mesuré chaque année la
fonction pulmonaire de 2 120 enfants de trois générations
L’exemple japonais abonde en ce sens. L’interdiction des différentes correspondant à trois périodes distinctes : 1994-
véhicules diesel mise en place à Tokyo en 2003 a permis de 1998, 1997-2001 et 2007-2011. L’étude a montré que les
diminuer la concentration en particules fines de 44 % améliorations à long terme de la qualité de l’air étaient
entre 2003 et 2012. Sur la même période et après pondéra- associées à des effets positifs statistiquement et clinique-
tion avec Osaka (ville témoin), la mortalité cardiovasculaire ment significatifs sur la croissance de la fonction pulmo-
à Tokyo a diminué de 11 %, essentiellement via une dimi- naire des enfants, notamment asthmatiques. Ainsi, les
nution de la mortalité par maladies coronariennes53. effets négatifs de la pollution de l’air pourraient donc être
neutralisés en cas de diminution de l’exposition des
Certaines études se sont penchées sur les bénéfices de la enfants.
baisse du niveau de pollution sur la santé des enfants. Des
chercheurs américains54 ont voulu évaluer si les réductions L’étude suisse SAPALDIA a également démontré qu’une
à long terme de la pollution étaient associées à des amélio- amélioration de la qualité de l’air freine la dégradation de
rations de la santé respiratoire des enfants. Pour ce faire, la fonction pulmonaire liée à l’âge et diminue les symp-
tômes respiratoires des personnes touchées. Cette étude
épidémiologique de longue durée a prouvé que la qualité
52 Santé publique France, Impacts sanitaires de la pollution de l’air en
France : nouvelles données et perspectives, juin 2016
de l’air a une influence sur plusieurs indicateurs de la santé
53 Yorifuji T, Kashima S, Doi H., Fine-particulate Air Pollution from Diesel respiratoire. Dans la continuité, SAPALDIA 2 a démontré
Emission Control and Mortality Rates in Tokyo : A Quasi-experimental Study. que la réduction des PM10 a également des effets positifs à
Epidemiology 2016
54 Gauderman WJ1, Urman R, Avol E, Berhane K, McConnell R, Rappaport long terme sur les individus : plus la qualité de l’air
E, Chang R, Lurmann F, Gilliland F., Association of improved air quality with
lung development in children, The new England Journal of medicine, mars
2015

UNICEF France - 2019 _ 25


ZFE s’améliore au lieu de domicile d’une personne, plus la dé-
gradation de sa fonction pulmonaire liée à l’âge
Le principe d’une Zone à faibles émissions
diminue55.
repose sur l’interdiction d’accès à une ville
ou partie de ville pour les véhicules qui ne Dans les travaux de modélisation des Zones à faibles émis-
répondent pas à certaines normes sions (ZFE), auparavant appelées Zones à Basses Émissions
d’émissions ou d’équipement (normes Euro (ZBE), AirParif est arrivé à la conclusion « qu’un dispositif
et/ou présence d’un filtre à particules). tel que la Zone basses émissions est efficace pour améliorer la
qualité du parc technologique circulant, baisser les émissions
Ce dispositif, couramment désigné sous le
de polluants, les concentrations de polluants atmosphériques
terme Low Emission Zone (LEZ), est mis en et l’exposition de la population, tant dans le périmètre parisien
œuvre dans de nombreuses villes de mise en œuvre de la ZBE, qu’au-delà de ce périmètre ».
européennes depuis une dizaine d’années . 57
L’élargissement de la ZBE, à l’axe routier A86, serait sus-
Cette mesure est encore trop peu utilisée en ceptible d’apporter des gains encore plus importants, allant
France où près de la moitié de la population au-delà du périmètre strict d’application de la mesure. Une
ZFE ambitieuse permettrait ainsi de passer de 27 % à 1,5 %
réside dans une zone qui serait susceptible
des ERP soumis aux dépassements de seuil. La mise en
d’être concernée par cette mesure, et donc place d’un tel dispositif aurait un impact important sur les
d’être mieux protégée. concentrations de dioxyde d’azote56, avec un co-bénéfice
pour les établissements recevant du public sensible
comme les crèches et les écoles. La diminution du trafic
routier et sa substitution par d’autres modes de transports
moins polluants (trains, transports en commun, mobilités
actives comme le vélo et la marche à pied) représentent
deux leviers très importants pour réduire la pollution
de l’air.

55 SAPALDIA – Swiss cohort study on air pollution and Lund and heart
diseases in adults, 2015
57 Ademe, Zones à faibles émissions (Low Emission Zones - LEZ) à travers
56 AirParif, Zones à basses émissions dans l’agglomération parisienne, mars
l’Europe, mars 2018
2018

26 _ Pour chaque enfant, un air pur - Les effets de la pollution de l'air en ville sur les enfants
3.2
Recommandations
pour améliorer
la qualité de l’air

Face à ce constat, des solutions existent et doivent être mises en place


en ville et
mieux protéger
les enfants
Néanmoins, pour garantir l’abaissement du niveau de pol-
lution aux seuils recommandés par l’OMS, notamment
autour des établissements recevant des publics sensibles
tels que les écoles, les crèches, les collèges ou encore les
hôpitaux, cet objectif doit être précisé dans le cadre
UNICEF France et ses partenaires proposent plusieurs national.
solutions à mettre en œuvre au plus vite pour Enfin, il faut permettre d’ouvrir à toutes les collectivités
améliorer la qualité de l’air en France et réduire les locales la possibilité de mettre en place des zones à faibles
effets néfastes de la pollution de l’air sur les enfants. émissions et de soumettre toutes les collectivités concer-
nées par la pollution de l’air à l’obligation d’étudier la per-
tinence de la mise en œuvre de la ZFE sur leur territoire.
Au niveau national

↘ Assurer la généralisation de ↘ Accompagner


Zones à faibles émissions (ZFE) et soutenir financièrement
efficaces, comme outil vers la le développement des mobilités
sortie du diesel et de l’essence plus propres

Dans le cadre de la législation actuelle, les maires et les L’Etat a joué un rôle déterminant pour cofinancer les pro-
présidents d’intercommunalité ont la possibilité de mettre jets de collectivités locales en matière de projets de « trans-
en place une ou plusieurs zones à faibles émissions sur le ports en commun en site propre », permettant la réalisation
territoire dont ils ont la compétence de voirie et de police de multiples lignes qui empruntent une voie qui leur est
de circulation. Le choix des horaires d’application des res- réservée (train, métro, tramway ou bus à voie réservée)
trictions de circulation, du type de véhicules concernés et dans un grand nombre de villes en France. Un plan d’in-
du périmètre de la zone relève d’une compétence locale. vestissements publics pour développer les transports en

UNICEF France - 2019 _ 27


Infographie 5
Vers la fin de l'essence
et du diesel en ville ?

s la fin de l’essence et du diesel en ville ?


Dunquerque

Ces villes se sont engagées en 2015 à Nord Pas Lille


Métropole
étudier la mise en place d’une zone à faibles Rouen
de Calais
Arras
émissions mais elles ne sont pas toujours pas Normandie
passées aux actes.
Le Havre Grand
Creil Reims Trois Vallées
Ces villes ont signé un pacte avec l’État Normandie
le 8 octobre 2018 les engageant à mettre Epernay
en place une zone à faibles émissions d’ici
fin 2020. Paris
Vallée de la Marne Eurométropole
Métropole du Grand Paris IDF de Strasbourg
Ces villes ciblent l’interdiction du Rennes
Nancy
diesel et de l’essence en ville. Source : Ministère de l'environnement. Saint-Maur-des-Fossés
Champlan Mulhouse
Zones très exposées à la pollution de l’air
Orléans
(ie. couvertes par un plan de protection Dijon
de l’atmosphère PPA). Tours Aire urbaine Belfort
Nantes Chalon-sur-Saône
ement pris pour le fret et les voitures diesel uniquement.

Clermont Annemasse Vallée de l'Arve


Auvergne
Niort Grand Lyon
Métropole
Faucigny-Glières-Bonneville
Limoges
Saint-Étienne Métropole Grenoble* Bastia

Bordeaux
Vers la fin deGrenoble
Valence l’essence et du diesel en ville ?
Métropole

Nîmes Avignon
Dax Alpes-Maritimes
Côte Basque-Adour Toulouse Métropole
Ces villes se sont engagées en 2015 à MétropoleNice Côte d’Azur
Bayonne étudier la mise en place d’une zone à faibles
Montpellier Pays de Lérins-Cannes
Pau
émissions
Méditerranée mais elles ne sont pas
Bouches-du-Rhône VAR
toujours pas
passées Métropole
Métropole aux actes. agglomeration de Toulon
Aix-Marseille Métropole de Toulon Provence
Provence
Ces villes ont signé un pacte Méditerranée
avec l’État
Fort-de-France
Vers la fin de l’essence et du dieselleen ville2018
8 octobre ? les engageant à mettre
Action Climat. Mars 2019.
en place une zone à faibles émissions d’ici Dunquerque
fin 2020.
Ces villes se sont engagées en 2015 à Ces villes ciblent l’interdiction du Nord Pas Lille
Métropole Rennes
étudier la mise en place d’une zone à faibles diesel et de l’essence en Rouen
ville. de Calais
Arras
émissions mais elles ne sont pas toujours pas Normandie
passées aux actes. Zones très exposées à la pollution de l’air
Le Havre Grand
(ie. couvertes par un plan de protection Creil
Ces villes ont signé un pacte avec l’État Reims
de l’atmosphère PPA). Normandie
le 8 octobre 2018 les engageant à mettre
en place une zone à faibles émissions d’ici NantesEperna
*Engagement pris pour le fret et les voitures diesel uniquement.
fin 2020. Paris
Vallée de la Marne
Métropole du Grand Paris IDF
Ces villes ciblent l’interdiction du Rennes
diesel et de l’essence en ville. Source : Ministère de l'environnement. Saint-Maur-des-Foss
Champlan
28 _ Pour chaque enfant, unZones
air purtrès exposées
- Les effets deàlalapollution
pollutiondede
l'airl’air
en ville sur les enfants Orléans
(ie. couvertes par un plan de protection
de l’atmosphère PPA). Tours
Nantes Chalon-sur-S
commun en site propre et les aménagements cyclables ↘ Diminuer
sécurisés est nécessaire pour accélérer le report modal
depuis la voiture vers des modes moins polluants.
l’impact de la voiture
sur la santé publique
En matière d’infrastructures, l’aménagement de voies ré-
servées aux transports durables sur les grands axes rou- Il est nécessaire de mettre fin à la commercialisation des
tiers (périphérique et autoroutes) aurait aussi pour effet de voiture neuves consommant du diesel et de l’essence à un
renforcer l’usage du covoiturage, de véhicules à faibles horizon de temps compatible avec l’accord de Paris : d’ici
émissions et des transports collectifs par rapport à 2030 afin de se rapprocher le plus possible de l’objectif
l’auto-solisme. 1,5°C de cet accord, et d’assurer la disponibilité d’une offre
automobile véritablement moins émettrice de polluants
atmosphériques. Une feuille de route en précisant les

↘ Accompagner étapes et les conditions de réussite est nécessaire, en sus de


l’interdiction dans la loi.

Face à ce constat, des solutions existent et doivent être mises en place


et accélérer le changement Il est crucial d’intégrer dans les grands projets routiers une
de comportement évaluation de la qualité de l’air afin de prendre en compte
l’exposition des enfants vivant ou étudiant en périphérie
Généraliser l’apprentissage du vélo à l’école via l’Education des villes. En cohérence avec cet objectif, il serait préférable
nationale contribuerait à diffuser le « savoir rouler » et per- d’éviter la construction de nouveaux projets routiers qui
mettrait à la fois aux parents et aux enfants de rouler de auraient pour effet d’induire davantage de trafic routier - et
façon plus sécurisée et sereine en ville. donc d’émissions d’oxydes d’azote - et qui renforcent l’ex-
position des enfants vivant ou étudiant en périphérie des
Le « forfait mobilité durable » qui vise à rembourser les tra- villes à la pollution de l’air.
jets effectués à vélo et en covoiturage gagnerait à être ac-
cessible à tous les salariés. Aujourd’hui, seul le rembourse-
ment des trajets domicile-travail effectués en voiture et en
transports en commun sont obligatoires pour l’employeur.

Il est souhaitable qu’une prime à la mobilité durable qui


permettrait aux personnes, selon leurs situations et be-
soins, de choisir des modes de déplacement plus durable
comme l’autopartage, le recours au vélo (vélo à assistance
électrique et vélos cargos inclus) ou bien les transports en
commun en substitution de la voiture vienne compléter
le dispositif de prime à la conversion automobile. Ce der-
nier doit encore subir des aménagements pour devenir un
dispositif cohérent avec l’objectif de limiter l’usage des
énergies fossiles, en étant progressivement réservé aux
véhicules ne consommant ni diesel ni essence.

Pour assurer l’accessibilité des transports en commun aux


ménages défavorisés, la généralisation de la « tarification
solidaire » qui correspond à une modulation des tarifs selon
les niveaux de revenus est souhaitable. À titre d’exemple,
cette mesure a engendré une hausse de 20 % du nombre
d’abonnés au réseau de transports publics à Strasbourg,
compensant même le coût de la mesure.

UNICEF France - 2019 _ 29


↘ Renforcer les connaissances Au niveau local
concernant l’exposition des
enfants à la pollution de l’air ↘ Rendre la ville
et les conséquences sanitaires plus respirable et accueillante
et les mobilités plus durables
Malgré la gravité des effets de la pollution de l’air sur les
enfants, trop peu de données existent sur l’exposition des La mise en place de zones à faibles émissions doit viser
enfants. Pourtant, ce travail est indispensable pour penser l’objectif final d’abaisser la pollution en-deçà des seuils et
des solutions adaptées et efficaces pour réduire l’exposition pour cela, acter le plus tôt possible l’interdiction progressive
des jeunes à une mauvaise qualité d’air dans les villes. Il de circuler pour les véhicules diesel et essence dans les
faut donc mettre en oeuvre un croisement des cartes re- zones urbaines denses, tout en programmant le déploie-
censant les lieux d’accueil d’enfants et des cartes recensant ment de solutions d’accompagnement et des alternatives.
les niveaux de pollution afin de connaître plus finement
l’exposition des enfants et de prendre des mesures appro- L’obligation pour les établissements scolaires et les Autori-
priées pour en limiter les effets. tés organisatrices de la mobilité (AOM) d’établir des plans
de mobilité scolaire durables est indispensable pour garan-
Un travail de recensement des bonnes pratiques mises en tir l’optimisation des déplacements liés aux activités sco-
place par les collectivités et établissements scolaires pour laires, et faciliter l’organisation des familles. Les plans de
réduire l’exposition des élèves à la pollution de l’air est éga- mobilité scolaire peuvent amener les élus et les établisse-
lement à mener. Ces bonnes pratiques pourraient ainsi être ments à proposer des solutions telles les pédibus et
déclinées, en particulier dans les établissements dans les vélobus58.
zones les plus exposés.
La régulation de la circulation routière aux abords des
La pollution est une problématique encore assez méconnue lieux accueillant des enfants, notamment les écoles, en les
pour de nombreux enfants et pour leurs parents : des ac- piétonnisant ou semi-piétonnisant est également préco-
tions de sensibilisation doivent être conduites dans les nisée pour les protéger de la pollution de l’air et des autres
écoles, par exemple à l’occasion de la Journée nationale de nuisances liées au trafic automobile comme l’insécurité
la qualité de l’air (chaque année en septembre). Y seraient routière. L’agence de santé publique du Royaume-Uni en a
abordés les enjeux de la pollution de l’air et les mesures elle-même fait la recommandation. De manière générale,
collectives et individuelles pour réduire les émissions et la réduction de la place de la voiture en ville est souhaitable,
l’exposition des élèves. en complément du développement des alternatives, pour
améliorer la qualité de l’air59.

58 Ademe, dossier Améliorer les déplacements scolaires et universitaires


dont « carapatte et caracycle », 2015
59 Réseau Action Climat, Les villes « respire » de demain, septembre 2016

30 _ Pour chaque enfant, un air pur - Les effets de la pollution de l'air en ville sur les enfants
↘ Prendre en compte La Convention
l’exposition à la pollution internationale des droits
de l’air dans l’aménagement de l’enfant (CIDE)
des espaces Parmi les droits fondamentaux que la CIDE
proclame pour les enfants, plusieurs
peuvent être appliqués pour lutter contre
Comme évoqué en amont, les formes urbaines peuvent
avoir un impact sur la pollution de l’air. Pour éviter d’expo-
la pollution de l’air :
ser davantage les populations, et en particulier les enfants,
choisir des formes urbaines permettant la dispersion des >> L’article 3 pose le principe de l’intérêt
polluants est préférable. Il en va de même pour l’architec- supérieur de l’enfant : « dans toutes les
ture des bâtiments, qui peut jouer un rôle important pour décisions qui concernent les enfants,
mieux protéger les personnes, comme le montrait le cas de
qu’elles soient le fait des institutions

Face à ce constat, des solutions existent et doivent être mises en place


l’école à Strasbourg.
publiques ou privées de protection sociale,
Par ailleurs, il est important d’encourager l’utilisation des des tribunaux, des autorités administratives
cartes stratégiques “air”60 déployées par les associations de ou des organes législatifs, l’intérêt supérieur
surveillance de la qualité de l’air auprès des collectivités de l’enfant doit être une considération
pour inclure les enjeux de pollution de l’air dans le choix primordiale » ;
des lieux d’implantation de crèches ou d’écoles.

Enfin, il est préconisé d’éloigner les lieux de stationnement


>> L’article 6 précise que « les États parties
automobile (notamment les dépôts) des crèches et des assurent dans toute la mesure possible la
écoles. survie et le développement de l’enfant » ;

>> L’article 24 reconnaît « le droit de l’enfant


de jouir du meilleur état de santé possible et
de bénéficier de services médicaux et de
rééducation. »

60 Les Cartes Stratégiques Air (SCA) sont développées par les Associations
agréées pour la surveillance de la qualité de l’air (AASQA).

UNICEF France - 2019 _ 31


Conclusion

L
a pollution de l’air dans les villes apparaît de plus
en plus clairement comme un enjeu de santé pu-
blique. Pourtant, force est de constater que l’ex-
position quotidienne des enfants à la pollution
de l’air dans les villes françaises est encore méconnue, trop
peu documentée et donc mal prise en compte. La vulné-
rabilité exacerbée des enfants à ce danger est néanmoins
évidente ; elle invite à agir au plus vite pour réduire leur
exposition à la pollution atmosphérique.

Comme pour les enjeux environnementaux, cette problé-


matique doit amener les décideurs publics et les citoyens
à penser des modèles différents, ambitieux, pour per-
mettre aux enfants de vivre dans un environnement sain.

UNICEF France se mobilise au côté de ses associations par-


tenaires, le Réseau Action Climat, Respire et le WWF, afin
d’encourager les autorités nationales et locales à prendre
les décisions qui permettront aux enfants d’aujourd’hui
et de demain de respirer un air pur. L’heure n’est plus au
constat mais à l’action.

32 _ Pour chaque enfant, un air pur - Les effets de la pollution de l'air en ville sur les enfants
Aujourd'hui, en France,
plus de trois enfants sur
quatre respirent un air
pollué. Pourtant, des
solutions concrètes
existent pour protéger
la santé des enfants.
La pollution de l’air n’est
pas irréversible si les
décisions qui s’imposent
sont prises aux niveaux
national et local pour
améliorer la qualité de l’air.
Mars 2019.

Illustrations du rapport : Lisa Mandel

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