Juste La Fin Du Monde Étude Détailé

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L'évolution du théâtre

Présentation

Depuis l'antiquité, le théâtre distingue la tragédie et la comédie, distinction qui


perdure jusqu'au XVIII° siècle.
Cette tradition est rompue par les auteurs du XIX° siècle qui, héritant du drame
bourgeois, né à la fin du XVIII° siècle, mélangent, dans le drame romantique, le
tragique et le comique. Les auteurs de théâtre s'engagent aussi plus directement
dans les débats, voire les combats de leur temps.

Au XX° siècle, cette distinction perd totalement sa pertinence, et des formes


théâtrales nouvelles se créent. Par exemple, avec Ionesco, Becket, c'est par le
comique que le "Théâtre de l'Absurde" dévoile le tragique de la condition
humaine. Aujourd'hui le théâtre s'est encore diversifié, jusqu'aux matches
d'improvisation, qui permettent à chacun de devenir, pour un temps, auteur et
acteur...
L'évolution concerne aussi les représentations. Être acteur devient peu à peu un
métier, et les conditions spatiales se modifient : au moyen âge, on joue encore en
plein air, mais dans des espaces bien plus réduits que dans l'antiquité. Puis les
spectacles ont lieu dans des salles... C'est à nouveau le XIX° siècle qui introduit un
changement important, en faisant de la mise en scène un véritable métier.
Aujourd'hui, la mise en scène affirme son rôle : elle emprunte d'ailleurs à d'autres
arts, musique , danse..., et à d'autres cultures, tels le théâtre "nô" ou le "kabuki"
japonais. De plus, de nombreux "clubs" permettent à chacun de devenir acteur, voire
auteur lors des matches d'improvisation, par exemple, au cours desquels deux
"équipes" rivalisent à partir d'un thème donné, dans un temps limité.

Traditionnellement, une pièce de théâtre est divisée en actes, eux-mêmes


composés de scènes. Depuis le XVII° siècle cinq actes permettent, le plus souvent,
d'organiser l'intrigue :
 L'acte I s'ouvre sur l'exposition (une ou deux scènes), qui permet d'informer sur la
situation antérieure, les lieux et les personnages ; elle donne aussi le ton de la pièce.
 Puis vient le noeud de l'action, qui lance les péripéties. Elles occupent plusieurs
actes, avec des moments de tension.
 L'acte V constitue le dénouement, souvent limité à la dernière scène. Il peut
reposer sur un coup de théâtre, qui renverse la situation. Parfois intervient un
personnage extérieur qui résout l'intrigue : c'est le "deus ex machina", hérité de
l'antiquité.

Dans le théâtre classique, 3 règles strictes régissent l'intrigue :


- l'unité de lieu : l'action doit se dérouler dans un lieu unique, où se rencontrent les
personnages, par exemple la place d'une ville, le vestibule d'un palais...
- l'unité de temps : l'action ne doit pas dépasser 24 heures. Ainsi, l'intrigue
représente souvent le moment où explose une crise.
- l'unité d'action : l'action n'introduit qu'un seul enjeu, par exemple un mariage à
conclure, une crise politique à surmonter...

Au théâtre, l'intrigue montre les personnages, ou protagonistes, en action. Comme


pour le roman, il est donc possible de construire un schéma actanciel en fonction
du rôle de chacun, qu'il s'agisse du personnage principal, ou protagoniste, des
personnages secondaires, sans oublier les simples figurants.
Il est aussi nécessaire d'en étudier le/s lieu/x, en pensant à distinguer celui où se
déroule la scène et d'autres lieux seulement mentionnés par les personnages, par
exemple, dans l'extrait, "la tonnelle" où se trouve encore Octave.
Enfin, on s'intéresse au temps, notamment à l'évocation du passé, à la projection
vers l'avenir, ainsi qu'à ce qui peut se dérouler hors scène, entre deux actes par
exemple.

La double énonciation

Les discours
Dans cet extrait, Marianne est "seule" en scène : sa tirade (longue prise de parole)
est un monologue. Il s'adresse directement au public, pour expliquer les
sentiments de l'héroïne, au contraire des répliques, plus courtes, et des tirades
échangées entre plusieurs personnages.
Quand l'action amène un conflit, le discours devient polémique, les répliques
s'échangent alors sur un rythme rapide, les mots rebondissent telles des balles :
c'est la stichomythie.
De plus, rien n'interdit à l'auteur d'insérer, dans le discours d'un personnage, un
passage de récit ou des paroles rapportées, comme c'est le cas dans ce passage,
où Marianne répète, avec colère, la menace lancée par son mari.

Le monologue, comme l'aparté, que le public entend, même au dernier


rang, au contraire du personnage proche, relève de l'illusion théâtrale : jamais
cela ne se produirait dans la vie réelle ! Mais, en l'absence de narrateur au théâtre
(sauf si l'auteur fait intervenir une "voix off"), tous deux sont des outils précieux pour
suivre l'évolution des personnages. De plus, ils créent une connivence avec le public.

Les didascalies
Elles sont signalées par l'italique, soit quelques mots placés après le nom du
personnage, soit une/des phrase/s insérée/s dans le texte, le plus souvent entre
parenthèses.
Elles permettent de préciser la mise en scène
 au lecteur, pour lui permettre d'imaginer la scène,
 au metteur en scène, pour qu'il guide le jeu de ses acteurs en respectant les
intentions de l'auteur.
La comédie
Son origine antique
Le mot "comédie" vient du grec "comos", le cortège et "odè", le chant : il s'agit sans
doute, à l'origine, d'un rituel de fertilité, donnant lieu à une procession en l'honneur
du dieu Dionysos. Elle est alors menée par les "phallophores", ainsi nommés parce
qu'ils portent un costume rembourré, avec un faux ventre pourvu d'un énorme
phallus postiche... Ivres, dans une sorte de transe, ils lancent toutes sortes de
plaisanteries, souvent grossières, et leur passage s'accompagne de débats et de
combats cocasses.

Ses caractéristiques
Cette origine explique les bases de la comédie :
 son langage familier, voire vulgaire, qui abonde en insultes et ne recule pas devant
l'obscénité ;
 le choix de personnages qui appartiennent au peuple, et souvent stéréotypés : le
vieillard amoureux, le jeune homme naïf, l'esclave...
 la place prise par les "débats", supports de la critique sociale, et par les
"combats" plaisants ;
 l'excès dans les gestes et les paroles, donc le rôle de la caricature.

Son évolution
La comédie évolue en prenant des formes variées. Au moyen âge, ce sont les
farces et les soties qui font rire le public, jouées sur des tréteaux dans les foires par
des troupes ambulantes. Puis, les comédiens italiens importent en France la
commedia dell'arte, avec ses personnages masqués, chacun dans son rôle, tels
Arlequin, Matamore, Colombine... Mettant l'accent tantôt sur le caractère caricaturé,
comme dans l'Avare de Molière, tantôt sur la situation, comme souvent
chez Marivaux, elle cache toujours une satire morale et sociale. Il lui arrive donc,
sous la Monarchie absolue, d'être censurée, comme le sont, au XVII° siècle, Dom
Juan ou Le Tartuffe de Molière, au XVIII° siècle Le Mariage de
Figaro de Beaumarchais.
Au XIX° siècle, la comédie veut être d'abord un pur divertissement : ainsi naît le
vaudeville, où se multiplient les quiproquos dans une intrigue aux multiples
rebondissements.

Les sources du comique


Les quatre formes du registre comique se combinent pour provoquer le rire du
public :
- le comique de gestes : c'est sa forme la plus élémentaire, avec les gifles, les
bousculades, les coups, les chutes... Il vient aussi du jeu de l'acteur, par exemple de
grimaces, de mimiques, de gestes exagérés.
- le comique de mots : il repose sur le décalage entre la norme et le/s mot/s
employé/s, par exemple l'imitation d'un patois, le faux latin, l'insulte inattendue, le
mot déformé... L'auteur peut aussi jouer sur l'allusion, le sous-entendu, l'équivoque,
incompris du personnage, mais décodés par le public.
- le comique de caractère : il tire sa force des effets de grossissement, d'une
caricature poussée jusqu'à l'invraisemblance parfois. Ainsi certains héros, obsédés
par une idée fixe, en deviennent monomaniaques.
- le comique de situation : il repose souvent sur l'inversion des rapports de force,
par exemple entre le maître et le valet, le père et le fils. Il s'agit de ridiculiser ce que
l'on respecte d'habitude, donc de démythifier les puissants. Pour cela, ils sont placés
dans des situations inhabituelles, sont victimes de quiproquos. Parfois des
déguisements les égarent, et la comédie multiplie les coups de théâtre, les
retournements de situation.

Le public rit de sa supériorité sur le personnage trompé, naïf, car le


spectateur possède, lui, les clés de la situation.
Le comique est encore plus efficace quand s'y ajoute la répétition, d'un geste, d'un
mot, d'une situation, c'est-à-dire, selon la définition de Bergson dans Le Rire (1900),
"du mécanique plaqué sur du vivant".
Arlequin serviteur de deux maîtres (1745), de Goldoni - mise en scène : Théâtre Room Asia

La tragédie

Son origine antique


Le mot "tragédie" vient, considère-t-on généralement, de "tragos", le bouc, et "odè",
le chant. Le genre est né du dithyrambe, chant en l'honneur du dieu Dionysos.
Les chanteurs sont, en effet, costumés en satyres, hommes aux pieds de bouc et
compagnons du dieu, et la cérémonie se termine par le sacrifice d'un bouc.
Peu à peu, la partie chantée se réduit : elle est, dans la tragédie, prise en charge
par le choeur, dirigé par son coryphée. En revanche, le dialogue se développe,
entre deux, puis trois acteurs.

Son évolution
La tragédie, avec ses sujets empruntés à la mythologie, à l'Histoire antique ou aux
récits bibliques, connaît son apogée au XVII° siècle : le classicisme développe
particulièrement ce genre littéraire.
Mais elle est violemment remise en cause par les auteurs romantiques du XIX°
siècle, qui lui reprochent notamment son invraisemblance et ses personnages
excessifs.
Elle renaît cependant au XX° siècle, sous une double forme :
 Le Théâtre de l'Absurde, avec Ionesco, Becket... met en scène, avec des procédés
empruntés au comique, le tragique né des limites de la condition humaine.
 Les écrivains engagés, tels Sartre, Camus, Roblès, retrouvent, à l'occasion des
événements historiques de leur temps, le tragique pour dénoncer le poids de
l'Histoire et toutes les servitudes humaines.

Ses caractéristiques
Selon le philosophe grec Aristote, la tragédie doit provoquer chez le spectateur
deux sentiments conjoints, la terreur et la pitié. Cela explique ses deux
caractéristiques :
- Le héros tragique : Au contraire du personnage comique, il occupe un rang
social élevé. Sa chute n'en est ainsi que plus effrayante ! Cette origine sociale le
rend capable de courage, de grandeur d'âme, de sentiments qui l'élèvent au-
dessus de l'humanité ordinaire : en cela, le public ne peut que l'admirer.
Mais, animé de passions violentes, voire cruelles, que son rang lui permet de
satisfaire, il tombe le plus souvent dans l'"hybris", démesure qui l'amène à dépasser
les limites humaines. Il brave alors les dieux, qui le punissent. Face à ce
châtiment, il affronte la mort avec noblesse, voire choisit le suicide.
- La situation tragique : Elle est toujours le fait d'un destin inévitable, dû aux dieux,
dans le monde antique, au poids de l'Histoire aussi par la suite. Cette fatalité, qu'il a
parfois héritée de ses aïeuls, s'abat sur le héros, qui entre en lutte contre elle. La
tragédie montre donc ses combats, les choix douloureux qu'il doit faire : il vit souvent
un cruel dilemme. L'issue n'en est, généralement, que la mort.
- Les ressources du registre tragique : cf. page "Registres"

Alexandre Cabanel, Phèdre, 1880. Huile sur toile, 194 x 286. Musée Fabre, Montpellier.

Le drame

Le drame bourgeois
Dès le XVIII° siècle, même si la tragédie, avec Voltaire par exemple, connaît encore
du succès, le développement de "l'âme sensible" pousse le public à demander que
le théâtre représente des personnages qui leur ressemblent davantage. Ainsi naît,
avec Diderot, Beaumarchais..., le drame bourgeois. Le mot "drame",
étymologiquement, signifie "action". Ces pièces se plaisent, en effet, à compliquer
davantage l'intrigue, et, surtout, le tragique est remplacé par le pathétique. Les
personnages, ordinaires, vivent des événements douloureux, rencontrent des
difficultés qui doivent éveiller la compassion du public.
C'est du drame bourgeois que naît le mélodrame : il multiplie les péripéties, duels,
complots, amours contrariés... et oppose très nettement la cruauté et la violence des
"méchants", traîtres, assassins... à l'âme généreuse et tendre des "bons", le plus
souvent issus du peuple.

Hernani de V. Hugo, 1830 :


un drame romantique

Le drame romantique
Les Romantiques fondent le drame sur une critique de la tragédie classique.
Ainsi, ils rejettent la règle des unités. Deux actions peuvent s'entrecroiser, par
exemple un mariage et un complot politique, les changements de décor se
multiplient, et l'action, qui ne se rattache plus aux temps antiques, peut se dérouler
sur plusieurs années. De même, la règle des bienséances externes n'est plus
respectée : le personnage peut boire, manger sur scène, des meurtres y ont même
lieu.
Les deux modifications les plus importantes sont :
 le refus de la distinction entre comédie et tragédie : de nobles héros sont issus
du peuple. Des scènes tragiques sont suivies - parfois même interrompues - par des
moments rendus comiques grâce à des personnages secondaires grotesques,.
 la disparition du "destin" d'origine divine , remplacé par le poids des
circonstances historiques, des conditions sociales, et surtout par les passions
mêmes des personnages. Elles ont une force telle qu'elles suffisent à les mener à
leur propre perte.
Dans la logique de cette évolution, l'écriture elle-même évolue. Quand le vers est
gardé, l'alexandrin perd la noblesse de l'époque classique, avec des ruptures dans
son rythme, et il ne rejette plus le vocabulaire familier. Mais certains vont plus loin, et
rejettent même le vers pour adopter une prose poétique...

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