Juste La Fin Du Monde Étude Détailé
Juste La Fin Du Monde Étude Détailé
Juste La Fin Du Monde Étude Détailé
Présentation
La double énonciation
Les discours
Dans cet extrait, Marianne est "seule" en scène : sa tirade (longue prise de parole)
est un monologue. Il s'adresse directement au public, pour expliquer les
sentiments de l'héroïne, au contraire des répliques, plus courtes, et des tirades
échangées entre plusieurs personnages.
Quand l'action amène un conflit, le discours devient polémique, les répliques
s'échangent alors sur un rythme rapide, les mots rebondissent telles des balles :
c'est la stichomythie.
De plus, rien n'interdit à l'auteur d'insérer, dans le discours d'un personnage, un
passage de récit ou des paroles rapportées, comme c'est le cas dans ce passage,
où Marianne répète, avec colère, la menace lancée par son mari.
Les didascalies
Elles sont signalées par l'italique, soit quelques mots placés après le nom du
personnage, soit une/des phrase/s insérée/s dans le texte, le plus souvent entre
parenthèses.
Elles permettent de préciser la mise en scène
au lecteur, pour lui permettre d'imaginer la scène,
au metteur en scène, pour qu'il guide le jeu de ses acteurs en respectant les
intentions de l'auteur.
La comédie
Son origine antique
Le mot "comédie" vient du grec "comos", le cortège et "odè", le chant : il s'agit sans
doute, à l'origine, d'un rituel de fertilité, donnant lieu à une procession en l'honneur
du dieu Dionysos. Elle est alors menée par les "phallophores", ainsi nommés parce
qu'ils portent un costume rembourré, avec un faux ventre pourvu d'un énorme
phallus postiche... Ivres, dans une sorte de transe, ils lancent toutes sortes de
plaisanteries, souvent grossières, et leur passage s'accompagne de débats et de
combats cocasses.
Ses caractéristiques
Cette origine explique les bases de la comédie :
son langage familier, voire vulgaire, qui abonde en insultes et ne recule pas devant
l'obscénité ;
le choix de personnages qui appartiennent au peuple, et souvent stéréotypés : le
vieillard amoureux, le jeune homme naïf, l'esclave...
la place prise par les "débats", supports de la critique sociale, et par les
"combats" plaisants ;
l'excès dans les gestes et les paroles, donc le rôle de la caricature.
Son évolution
La comédie évolue en prenant des formes variées. Au moyen âge, ce sont les
farces et les soties qui font rire le public, jouées sur des tréteaux dans les foires par
des troupes ambulantes. Puis, les comédiens italiens importent en France la
commedia dell'arte, avec ses personnages masqués, chacun dans son rôle, tels
Arlequin, Matamore, Colombine... Mettant l'accent tantôt sur le caractère caricaturé,
comme dans l'Avare de Molière, tantôt sur la situation, comme souvent
chez Marivaux, elle cache toujours une satire morale et sociale. Il lui arrive donc,
sous la Monarchie absolue, d'être censurée, comme le sont, au XVII° siècle, Dom
Juan ou Le Tartuffe de Molière, au XVIII° siècle Le Mariage de
Figaro de Beaumarchais.
Au XIX° siècle, la comédie veut être d'abord un pur divertissement : ainsi naît le
vaudeville, où se multiplient les quiproquos dans une intrigue aux multiples
rebondissements.
La tragédie
Son évolution
La tragédie, avec ses sujets empruntés à la mythologie, à l'Histoire antique ou aux
récits bibliques, connaît son apogée au XVII° siècle : le classicisme développe
particulièrement ce genre littéraire.
Mais elle est violemment remise en cause par les auteurs romantiques du XIX°
siècle, qui lui reprochent notamment son invraisemblance et ses personnages
excessifs.
Elle renaît cependant au XX° siècle, sous une double forme :
Le Théâtre de l'Absurde, avec Ionesco, Becket... met en scène, avec des procédés
empruntés au comique, le tragique né des limites de la condition humaine.
Les écrivains engagés, tels Sartre, Camus, Roblès, retrouvent, à l'occasion des
événements historiques de leur temps, le tragique pour dénoncer le poids de
l'Histoire et toutes les servitudes humaines.
Ses caractéristiques
Selon le philosophe grec Aristote, la tragédie doit provoquer chez le spectateur
deux sentiments conjoints, la terreur et la pitié. Cela explique ses deux
caractéristiques :
- Le héros tragique : Au contraire du personnage comique, il occupe un rang
social élevé. Sa chute n'en est ainsi que plus effrayante ! Cette origine sociale le
rend capable de courage, de grandeur d'âme, de sentiments qui l'élèvent au-
dessus de l'humanité ordinaire : en cela, le public ne peut que l'admirer.
Mais, animé de passions violentes, voire cruelles, que son rang lui permet de
satisfaire, il tombe le plus souvent dans l'"hybris", démesure qui l'amène à dépasser
les limites humaines. Il brave alors les dieux, qui le punissent. Face à ce
châtiment, il affronte la mort avec noblesse, voire choisit le suicide.
- La situation tragique : Elle est toujours le fait d'un destin inévitable, dû aux dieux,
dans le monde antique, au poids de l'Histoire aussi par la suite. Cette fatalité, qu'il a
parfois héritée de ses aïeuls, s'abat sur le héros, qui entre en lutte contre elle. La
tragédie montre donc ses combats, les choix douloureux qu'il doit faire : il vit souvent
un cruel dilemme. L'issue n'en est, généralement, que la mort.
- Les ressources du registre tragique : cf. page "Registres"
Alexandre Cabanel, Phèdre, 1880. Huile sur toile, 194 x 286. Musée Fabre, Montpellier.
Le drame
Le drame bourgeois
Dès le XVIII° siècle, même si la tragédie, avec Voltaire par exemple, connaît encore
du succès, le développement de "l'âme sensible" pousse le public à demander que
le théâtre représente des personnages qui leur ressemblent davantage. Ainsi naît,
avec Diderot, Beaumarchais..., le drame bourgeois. Le mot "drame",
étymologiquement, signifie "action". Ces pièces se plaisent, en effet, à compliquer
davantage l'intrigue, et, surtout, le tragique est remplacé par le pathétique. Les
personnages, ordinaires, vivent des événements douloureux, rencontrent des
difficultés qui doivent éveiller la compassion du public.
C'est du drame bourgeois que naît le mélodrame : il multiplie les péripéties, duels,
complots, amours contrariés... et oppose très nettement la cruauté et la violence des
"méchants", traîtres, assassins... à l'âme généreuse et tendre des "bons", le plus
souvent issus du peuple.
Le drame romantique
Les Romantiques fondent le drame sur une critique de la tragédie classique.
Ainsi, ils rejettent la règle des unités. Deux actions peuvent s'entrecroiser, par
exemple un mariage et un complot politique, les changements de décor se
multiplient, et l'action, qui ne se rattache plus aux temps antiques, peut se dérouler
sur plusieurs années. De même, la règle des bienséances externes n'est plus
respectée : le personnage peut boire, manger sur scène, des meurtres y ont même
lieu.
Les deux modifications les plus importantes sont :
le refus de la distinction entre comédie et tragédie : de nobles héros sont issus
du peuple. Des scènes tragiques sont suivies - parfois même interrompues - par des
moments rendus comiques grâce à des personnages secondaires grotesques,.
la disparition du "destin" d'origine divine , remplacé par le poids des
circonstances historiques, des conditions sociales, et surtout par les passions
mêmes des personnages. Elles ont une force telle qu'elles suffisent à les mener à
leur propre perte.
Dans la logique de cette évolution, l'écriture elle-même évolue. Quand le vers est
gardé, l'alexandrin perd la noblesse de l'époque classique, avec des ruptures dans
son rythme, et il ne rejette plus le vocabulaire familier. Mais certains vont plus loin, et
rejettent même le vers pour adopter une prose poétique...