ادب فرنسي القرن 17 اولى تربيه - copie
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Faculté de Pédagogie
Département de la langue française
Niveau : premier
Université de Tanta
1
La structure de l’œuvre dramatique
––––––––––––––––––––––––––––
1- Nous nous référons pour les définitions à : Ryngaert, Jean Pierre, Introduction à l’analyse du
théâtre, Paris, op.cit., p. 58
2
Théâtre au début du XVIIe siècle
A la fin du XVIe siècle, le théâtre décline en France. Les formes médiévales telles
que les farces ou les mystères ont disparu, et les troupes et salles modernes
n'existent pas encore. La comédie est un genre secondaire, délaissé par les auteurs
et les théoriciens.
lexique du théâtre
ACTE
ACTION
3
1) Selon Aristote, détermination majeure et première de la création dramatique. Le
choix des actions conditionne toute l'œuvre, en particulier les caractères des
personnages.
3) Dernière partie de l'art oratoire, l'action (du latin actio) désigne la gestuelle, la
déclamation qui donnent force au discours. Extrêmement codifiée et non réaliste, la
déclamation est pratiquée aussi par les avocats, les prédicateurs, tandis que l'on
retrouve dans la peinture l'alphabet des gestes utilisés par les comédiens. Voir E.
Green, Littératures classiques n° 12, 1990 et La Parole baroque, 2001.
ALLITÉRATION
Répétition, dans une suite de mots (par exemple dans un vers), d'une ou de
plusieurs consonnes initiales ou intérieures.
ANTAGONISTE
APARTÉ
BIENSÉANCE INTERNE
COMÉDIE
4
Action scénique qui provoque le rire par la situation des personnages ou par la
description des mœurs et des caractères, et dont le dénouement est heureux.
DÉNOUEMENT
DIDASCALIE
Indication scénique (souvent mise en italiques) qui est donnée par l'auteur, et qui
peut concerner les entrées ou sorties des personnages, le ton d'une réplique, les
gestes à accomplir, etc... Le texte théâtral se compose de deux éléments : les
didascalies et les dialogues.
HÉROS
4) Le héros classique peut être cependant absolument vertueux, parce qu'il est ainsi
plus susceptible de toucher le spectateur. La « générosité » est sa marque éthique
codifiée (comme qualité native et morale à la fois). Chez Corneille, le héros se
trouve souvent à la fois innocent et coupable : Rodrigue, Suréna par exemple.
5
MISE EN SCÈNE
Discours rapporté dans sa forme originale, sans terme de liaison, après un verbe
de parole.
MONOLOGUE
NŒUD
QUIPROQUO
TRAGI-COMÉDIE
6
toujours. Ce péril est presque toujours de nature amoureuse et privée et souvent
inspiré par les romans « modernes » (Orlando Furioso). Déguisements,
enlèvements, poursuites, tempêtes et batailles marquent une action pleine de
rebondissements dans un espace multiple. Le genre domine absolument la scène
française entre 1628 et 1634.
SCÈNE
TIRADE
UNITÉ DE TEMPS
En 1630, Jean Chapelain justifie cette première règle (Lettre sur la règle des
vingt-quatre heures). Il s'agit, pour assurer la vraisemblance, de réduire l'écart
entre la durée supposée de l'action et celle de la représentation (entractes compris).
Cette règle oblige aussi à concentrer l'action représentée au moment de la crise.
Des récits rétrospectifs peuvent alors éclairer le spectateur sur les événements qui
ont précédé le début de la pièce, ou qui ont pris place pendant les entractes. L'unité
de temps impose enfin la liaison des scènes, afin que l'espace scénique ne soit
jamais laissé vide.
7
UNITÉ DE LIEU
Sa définition suit les mêmes principes que celle de l'unité de temps, à laquelle
elle est liée : elle vise à réduire l'écart entre la multiplicité de lieux d'action parfois
très éloignés les uns des autres et l'unicité du lieu de représentation qui est la scène.
Plus lente à s'imposer (en raison aussi des scènes en « compartiments »), elle paraît
à beaucoup moins nécessaire que l'unité de temps (c'est par elle, significativement,
que Victor Hugo attaquera l'édifice classique dans la Préface de Cromwell, 1827).
Le risque non négligeable de voir cette unité de lieu fabriquer de l'invraisemblance
conduit à faire de la scène un lieu de plus en plus composite, neutre ou indéterminé
: ville, antichambre, « palais à volonté ».
UNITÉ D'ACTION
8
De nouveau, l’intrigue politique est entièrement liée à l’intrigue amoureuse.
La rivalité politique entre Néron et Britannicus et entre Néron et sa mère Agrippine
– c’est grâce à elle qu’il est empereur de Rome à la place de Britannicus, et elle
souhaite régner à travers lui – se double d’une rivalité amoureuse entre Néron et
son demi-frère.
Rsumé de la pièce
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prix de son amour. Tout à coup, le bruit se répandit que Thésée n'était pas mort ; Il
arrive donc et est accompagné d'Hippolyte. Que va faire la reine humiliante aux
yeux de son mari? Elle résolut de se suicider. Pendant ce temps, loin d'aller à sa
rencontre, elle échappe à la vue de celui qu'elle redoute. Surprise par cet accueil,
Tessie interpelle la reine, et la nourrice Phèdre ne trouve d'autre moyen de sauver
la vie de son amant que d'accuser Hippolyte. Jugez de la colère du malheureux père
quand, après cette révélation, son fils ose se présenter devant lui ! Il le couvre de
malédictions, le chasse de sa présence et même convoque Neptune pour punir le
jeune homme coupable. Il se tait et s'éloigne. La vengeance du père n'a pas duré
longtemps. Peu de temps après, Théramene s'empresse d'annoncer la mort
d'Hippolyte. Neptune a soulevé un monstre menaçant du sein de la mer; Les
chevaux effrayés s'enfuirent et le misérable jeune homme mourut de ses blessures
en signe de protestation de son innocence. En apprenant cette nouvelle, Vader,
trempé de remords, vint aussitôt tout révéler à Thésée; Mais elle s'était déjà fait
justice elle-même, car à peine avait-elle fini de parler qu'elle fut empoisonnée aux
pieds de son mari. Le personnage de Phèdre, tel que l’a créé Racine, est le plus
beau, le plus poétique, le plus complet qui soit au théâtre. Phèdre n’est point la
victime de cette fatalité aveugle et impitoyable du paganisme qui chargeait souvent
la plus rigide vertu d’un crime abominable dont elle n’avait pas plus la conscience
que la volonté. La fatalité qui pousse Phèdre au crime en lui laissant la conscience
da sa faute, et qui la punit de la mollesse de sa résistance et de l’insuffisance de sa
vertu, nous parait renfermer un enseignement dont il n’est personne qui ne puisse
saisir le sens. Aussi, après la lecture de Phèdre, les solitaires de Port-Royal, et
entre autres le célèbre Arnauld, pardonnèrent à leur ancien disciple la gloire qu’il
s’était acquise par ses œuvres théâtrales ; leur sévérité fut désarmée, ils ouvrirent
les bras au pécheur.
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Le thème de cette tragédie est tiré d'Euripide. "Alors que je ne devrais avoir,
comme le dit Racine, que la seule idée du personnage de Vador, je peux dire que je
lui dois ce que je pourrais raisonnablement mettre en scène." Il pourrait aussi
ajouter le rôle le plus beau et le plus rimant de tout ce qu'il a mis en scène. Il
utilisait avec beaucoup d'habileté l'idée du fatalisme qui constituait le sujet de la
plupart des tragédies chez les anciens, et qui chez les modernes, et surtout chez les
Français, qui attachent une grande importance à ce qu'on appelle la propriété
théâtrale, ne peut que paraître révoltante.
Racine est le seul à s'être risqué à un tel rôle sur la scène française, et le Macbeth
de Shakespeare est peut-être le seul théâtre moderne comparable à cette
magnifique production de la tragédie française. Ces deux êtres, poussés au crime
par un meurtre irrésistible, inspirent un intérêt plus fort parce qu'il est plus naturel,
et qu'il résulte non du crime qu'ils ont commis, mais du malheur qui les y a
poussés. Racine était fermement convaincu de ce fait, qu'il nota dans son
introduction: « J'ai pris soin de rendre Vador moins odieux que dans les tragédies
des anciens, qu'elle a décidé elle-même, voire d'accuser Hippolyte.
Le personnage d'Aricie n'est pas non plus de l'invention de Racine. Virgile dit
qu'Hippolyte l'épousa et en eut un fils.
Dans le rôle de Phèdre, le plus beau peut-être qu'on a jamais vu sur le scène, on
admire surtout l'art avec lequel Racine a évité les défauts de ses prédécesseurs.
Mais c'est surtout dans le quatrième acte, quand la honte et la rage d'avoir une
rivale jettent Phèdre dans le dernier excès du désespoir, c'est surtout alors que notre
poésie s'éleva sous la plume de Racine à des beautés vraiment sublimes, et c'est
après avoir déclamé cette scène avec tout l'enthousiasme que lui inspiraient les
beaux vers, que Voltaire s'écria un jour : "Non, je ne suis rien auprès de cet
homme-là."
Le Cid (Résumé-analyse )
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Corneille n’a pas inventé les personnages, qui ont réellement existé dans l’Espagne
du 11e siècle !
Scène 1
Nous sommes à Séville, dans la maison de Chimène, qui échange avec sa
confidente Elvire. Elle apprend avec joie que son père accepte de la marier avec
l'homme qu'elle aime, Don Rodrigue.
ELVIRE
Tous mes sens à moi-même en sont encor charmés :
Il estime Rodrigue autant que vous l’aimez,
Et si je ne m’abuse à lire dans son âme,
Il vous commandera de répondre à sa flamme.
Scène 2
Nous sommes maintenant chez L'infante, c'est-à dire la princesse d'Espagne, qui
avoue à sa confidente Léonor qu'elle est amoureuse de Rodrigue. Léonor s'insurge
car c'est un amour interdit par son rang !
LÉONOR
Pardonnez-moi, Madame,
Si je sors du respect pour blâmer cette flamme.
Une grande princesse à ce point s’oublier
Que d’admettre en son cœur un simple cavalier !
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C'est pour mieux l'oublier que l'infante hâte le mariage de Rodrigue avec Chimène
:
L’INFANTE
Quand je vis que mon cœur ne se pouvait défendre,
Moi-même je donnai ce que je n’osais prendre.
Je mis, au lieu de moi, Chimène en ses liens,
Et j’allumai leurs feux pour éteindre les miens.
Scène 3
LE COMTE
Ce que je méritais, vous l’avez emporté.
DON DIÈGUE
Qui l’a gagné sur vous l’avait mieux mérité.
LE COMTE
Vous l’avez eu par brigue, étant vieux courtisan.
DON DIÈGUE
L’éclat de mes hauts faits fut mon seul partisan.
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LE COMTE
Parlons-en mieux, le roi fait honneur à votre âge.
DON DIÈGUE
Le roi, quand il en fait, le mesure au courage.
LE COMTE
Et par là cet honneur n’était dû qu’à mon bras.
DON DIÈGUE
Qui n’a pu l’obtenir ne le méritait pas.
LE COMTE
Ne le méritait pas ! Moi ?
Ton impudence,
Téméraire vieillard, aura sa récompense.
Scène 4
Don Diègue maudit sa vieillesse qui l'a laissé dans l'incapacité de se défendre, mais
il songe que son fil Rodrigue peut le venger :
DON DIÈGUE
Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !
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N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
[...]
Fer, jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense,
M’as servi de parade, et non pas de défense,
Va, quitte désormais le dernier des humains,
Passe, pour me venger, en de meilleures mains.
Pour en savoir plus sur ce passage, consultez mon analyse du monologue de Don
Diègue, Acte I, scène 4.
Scène 5
Don Diègue va trouver son fils et lui raconte son altercation avec le Comte :
DON DIÈGUE
Va contre un arrogant éprouver ton courage :
Ce n’est que dans le sang qu’on lave un tel outrage ;
[...]
Ne réplique point, je connais ton amour ;
Mais qui peut vivre infâme est indigne du jour.
[...]
Je ne te dis plus rien. Venge-moi, venge-toi ;
Montre-toi digne fils d’un père tel que moi.
Accablé des malheurs où le destin me range,
Je vais les déplorer : va, cours, vole, et nous venge.
Scène 6
Rodrigue se retrouve seul et fait le point sur la situation : il n'a pas le choix, il doit
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venger son père.
RODRIGUE
Je demeure immobile, et mon âme abattue
Cède au coup qui me tue.
Si près de voir mon feu récompensé,
Ô Dieu, l’étrange peine !
En cet affront mon père est l’offensé,
Et l’offenseur le père de Chimène !
[...]
Allons, mon bras, sauvons du moins l’honneur,
Puisqu’après tout il faut perdre Chimène.
, Acte I, scène 6.
Acte II
Scène 1
Don Arias demande à Don Gomès de reconnaître le choix du roi, qui veut mettre
fin à ce conflit entre deux familles nobles de sa cour :
DON ARIAS
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De trop d’emportement votre faute est suivie.
Le roi vous aime encore ; apaisez son courroux.
Il a dit : « Je le veux ; » désobéirez-vous ?
LE COMTE
Monsieur, pour conserver tout ce que j’ai d’estime,
Désobéir un peu n’est pas un si grand crime ;
Et quelque grand qu’il soit, mes services présents
Pour le faire abolir sont plus que suffisants.
Scène 2
Rodrigue vient provoquer le Comte en duel, bien résolu à venger son père :
DON RODRIGUE
Sais-tu que ce vieillard fut la même vertu,
La vaillance et l’honneur de son temps ? le sais-tu ?
LE COMTE
Peut-être.
DON RODRIGUE
Cette ardeur que dans les yeux je porte,
Sais-tu que c’est son sang ? le sais-tu ?
LE COMTE
Que m’importe ?
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DON RODRIGUE
À quatre pas d’ici je te le fais savoir.
Ce duel est à la limite des règles de bienséance, mais le combat n'a pas lieu sur
scène. Pour en savoir plus, je vous invite à voir mon analyse sur la confrontation
entre Rodrigue et le Comte, Acte II, scène 2.
Scène 3 à 5
L’INFANTE
Le saint nœud qui joindra don Rodrigue et Chimène
Des pères ennemis dissipera la haine ;
Et nous verrons bientôt votre amour le plus fort
Par un heureux hymen étouffer ce discord.
Mais un page arrive alors et leur annonce que Rodrigue est déjà sorti du palais avec
le Comte.
Scène 6
Pendant ce temps, le roi discute avec deux nobles, Don Arias et Don Sanche, de
l'attitude de Don Gomès :
DON ARIAS
Je l’ai de votre part longtemps entretenu ;
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J’ai fait mon pouvoir, Sire, et n’ai rien obtenu.
DON SANCHE
Peut-être un peu de temps le rendrait moins rebelle :
On l’a pris tout bouillant encor de sa querelle ;
Sire, dans la chaleur d’un premier mouvement,
Un cœur si généreux se rend malaisément.
DON FERNAND
S’attaquer à mon choix, c’est se prendre à moi-même,
Et faire un attentat sur le pouvoir suprême.
Scène 7
Alors qu'ils discutent d'une attaque probable des Maures, ils sont interrompus par
Don Alonse :
DON ALONSE
Sire, le comte est mort :
Don Diègue, par son fils, a vengé son offense.
Chimène à vos genoux apporte sa douleur ;
Elle vient toute en pleurs vous demander justice.
DON FERNAND
Bien qu’à ses déplaisirs mon âme compatisse,
Ce que le comte a fait semble avoir mérité
Ce digne châtiment de sa témérité.
Quelque juste pourtant que puisse être sa peine,
Je ne puis sans regret perdre un tel capitaine.
Scène 8
CHIMÈNE Arrivent alors Don Diègue et Chimène qui demande que soit vengée la
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mort de son père :
DON DIÈGUE
Si venger un soufflet mérite un châtiment,
Sur moi seul doit tomber l’éclat de la tempête :
Quand le bras a failli, l’on en punit la tête.
[...]
Immolez donc ce chef que les ans vont ravir,
Et conservez pour vous le bras qui peut servir.
Acte III
Scène 1
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Ne me regarde plus d’un visage étonné ;
Je cherche le trépas après l’avoir donné.
Mon juge est mon amour, mon juge est ma Chimène :
Je mérite la mort de mériter sa haine,
Et j’en viens recevoir, comme un bien souverain,
Et l’arrêt de sa bouche, et le coup de sa main.
Mais Elvire lui fait comprendre que sa présence pourrait être interprétée comme
une faiblesse de Chimène, et elle parvient à le cacher.
Scène 2
Chimène arrive avec Don Sanche qui lui propose de la venger lui-même, mais
Chimène s'en remet d'abord à la justice du roi.
DON SANCHE
Employez mon épée à punir le coupable ;
Employez mon amour à venger cette mort :
Sous vos commandements mon bras sera trop fort.
CHIMÈNE
C’est le dernier remède ; et s’il y faut venir,
Et que de mes malheurs cette pitié vous dure,
Vous serez libre alors de venger mon injure.
Scène 3
Chimène est partagée entre son amour et son désir de vengeance :
CHIMÈNE
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Et que dois-je espérer qu’un tourment éternel,
Si je poursuis un crime, aimant le criminel ?
[...]
Ma passion s’oppose à mon ressentiment ;
Dedans mon ennemi je trouve mon amant ;
Je demande sa tête, et crains de l’obtenir :
Ma mort suivra la sienne, et je le veux punir !
Scène 4
Rodrigue apparaît alors, décidé à mourir :
DON RODRIGUE
Je t’ai fait une offense, et j’ai dû m’y porter
Pour effacer ma honte, et pour te mériter ;
Mais quitte envers l’honneur, et quitte envers mon père,
C’est maintenant à toi que je viens satisfaire :
C’est pour t’offrir mon sang qu’en ce lieu tu me vois.
J’ai fait ce que j’ai dû, je fais ce que je dois.
CHIMÈNE
Si tu m’offres ta tête, est-ce à moi de la prendre ?
Je la dois attaquer, mais tu dois la défendre ;
C’est d’un autre que toi qu’il me faut l’obtenir,
Et je dois te poursuivre, et non pas te punir.
DON RODRIGUE
Au nom d’un père mort, ou de notre amitié,
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Punis-moi par vengeance, ou du moins par pitié.
Ton malheureux amant aura bien moins de peine
À mourir par ta main qu’à vivre avec ta haine.
CHIMÈNE
Va, je ne te hais point.
Scène 5 et 6
Don Diègue retrouve son fils avec beaucoup de joie et beaucoup de fierté, mais
Rodrigue lui annonce son intention de mourir :
DON RODRIGUE
[...] Mon âme est ravie
Que mon coup d’essai plaise à qui je dois la vie ;
Mais parmi vos plaisirs ne soyez point jaloux
Si je m’ose à mon tour satisfaire après vous.
[...]
Mon bras pour vous venger, armé contre ma flamme,
Par ce coup glorieux m’a privé de mon âme ;
[...]
Et, ne pouvant quitter ni posséder Chimène,
Le trépas que je cherche est ma plus douce peine.
DON DIÈGUE
Il n’est pas temps encor de chercher le trépas :
Ton prince et ton pays ont besoin de ton bras.
[...]
Les Maures vont descendre, et le flux et la nuit
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Dans une heure à nos murs les amène sans bruit.
[...]
De ces vieux ennemis va soutenir l’abord :
Là, si tu veux mourir, trouve une belle mort ;
[...]
Mais reviens-en plutôt les palmes sur le front.
Ne borne pas ta gloire à venger un affront ;
Porte-la plus avant : force par ta vaillance
Ce monarque au pardon, et Chimène au silence ;
Si tu l’aimes, apprends que revenir vainqueur
C’est l’unique moyen de regagner son cœur.
Acte IV
Scène 1
Elvire rapporte à Chimène les exploits de Rodrigue dont tout le monde parle.
Chimène essaye de raffermir sa volonté de vengeance :
CHIMÈNE
Silence, mon amour, laisse agir ma colère :
S’il a vaincu deux rois, il a tué mon père ;
Et quoi qu’on die ailleurs d’un cœur si magnanime,
Ici tous les objets me parlent de son crime.
Scène 2
L'infante vient consoler Chimène et essaye de la dissuader de se venger de
Rodrigue :
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L’INFANTE
Ce qui fut juste alors ne l’est plus aujourd’hui.
Rodrigue maintenant est notre unique appui,
[...]
Quoi ! pour venger un père est-il jamais permis
De livrer sa patrie aux mains des ennemis ?
[...]
Ce n’est pas qu’après tout tu doives épouser
Celui qu’un père mort t’obligeait d’accuser :
[...]
Ôte-lui ton amour, mais laisse-nous sa vie.
Scène 3
Don Rodrigue vient de rentrer du combat avec deux rois prisonniers, Le roi lui
enjoint alors de raconter la bataille. C'est une tirade célèbre :
DON RODRIGUE
Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort
Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port,
Tant, à nous voir marcher avec un tel visage,
Les plus épouvantés reprenaient de courage !
[...]
Cette obscure clarté qui tombe des étoiles
Enfin avec le flux nous fait voir trente voiles ;
L’onde s’enfle dessous, et d’un commun effort
Les Mores et la mer montent jusques au port.
[...]
26
Nous nous levons alors, et tous en même temps
Poussons jusques au ciel mille cris éclatants.
[...]
Nous les pressons sur l’eau, nous les pressons sur terre,
Et nous faisons courir des ruisseaux de leur sang,
[...]
Cependant que leurs rois, engagés parmi nous,
Et quelque peu des leurs, tous percés de nos coups,
Disputent vaillamment et vendent bien leur vie.
À se rendre moi-même en vain je les convie :
Le cimeterre au poing ils ne m’écoutent pas ;
Mais voyant à leurs pieds tomber tous leurs soldats,
Et que seuls désormais en vain ils se défendent,
Ils demandent le chef : je me nomme, ils se rendent.
Je vous les envoyai tous deux en même temps ;
Et le combat cessa faute de combattants.
Pour bien comprendre tous les enjeux de cette tirade, et tous ses effets dramatiques,
j’en ai réalisé une explication linéaire en vidéo et PDF sur mon site.
Scènes 4 et 5
Le roi fait d'abord croire à Chimène que Rodrigue est mort, puis, voyant qu'elle
manque de s'évanouir, il la détrompe. Chimène se reprend alors :
CHIMÈNE
Eh bien ! Sire, ajoutez ce comble à mon malheur,
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Nommez ma pâmoison l’effet de ma douleur :
Une si belle fin m’est trop injurieuse.
Je demande sa mort, mais non pas glorieuse,
Qu’il meure pour mon père, et non pour la patrie ;
Que son nom soit taché, sa mémoire flétrie.
Comme le roi refuse d'exécuter Don Rodrigue, Chimène lui demande d'organiser
un duel : elle épousera celui qui parviendra à tuer Don Rodrigue.
CHIMÈNE
Puisque vous refusez la justice à mes larmes,
Sire, permettez-moi de recourir aux armes ;
À tous vos cavaliers je demande sa tête :
Oui, qu’un d’eux me l’apporte, et je suis sa conquête ;
Qu’ils le combattent, Sire ; et le combat fini,
J’épouse le vainqueur, si Rodrigue est puni.
DON SANCHE
Faites ouvrir le champ : vous voyez l’assaillant ;
Je suis ce téméraire , ou plutôt ce vaillant.
Accordez cette grâce à l’ardeur qui me presse.
Madame : vous savez quelle est votre promesse.
Le roi n'aime pas les duels, car ils affaiblissent l'état, (C'est l'avis de Richelieu que
Corneille fait transparaître ici).
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Mais il y consent à condition que le vainqueur épouse Chimène, même si c'est
Rodrigue : c'est une manière, par l'exercice de son autorité, de mettre fin à ce cycle
meurtrier.
À travers les paroles de ce roi, toujours très sage et très respecté, Corneille donne
une conception de l'exercice du pouvoir, bienveillante et modérée.
Acte V
Scène 1
Rodrigue retourne en secret voir Chimène pour lui annoncer qu'il a l'intention de se
laisser tuer dans ce duel contre Don Sanche :
DON RODRIGUE
Je vais mourir, Madame, et vous viens en ce lieu,
Avant le coup mortel, dire un dernier adieu :
[...]
J’ai toujours même cœur ; mais je n’ai point de bras
Quand il faut conserver ce qui ne vous plaît pas ;
[...]
Vous demandez ma mort, j’en accepte l’arrêt.
Chimène essaye par tous les arguments de le dissuader de mourir, mais comme
rien n'y fait, elle est finalement obligée de lui avouer, à demi-mot, son amour :
CHIMÈNE
Puisque, pour t’empêcher de courir au trépas,
Ta vie et ton honneur sont de faibles appas,
Si jamais je t’aimai, cher Rodrigue, en revanche,
Défends-toi maintenant pour m’ôter à don Sanche ;
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[...]
Et si tu sens pour moi ton cœur encore épris,
Sors vainqueur d’un combat dont Chimène est le prix.
Scènes 2 et 3
L'infante réalise qu'elle ne peut plus espérer l'amour de Rodrigue :
L’INFANTE
Il est digne de moi, mais il est à Chimène ;
Le don que j’en ai fait me nuit.
Entre eux la mort d’un père a si peu mis de haine,
Que le devoir du sang à regret le poursuit :
Ainsi n’espérons aucun fruit
De son crime, ni de ma peine,
Puisque pour me punir le destin a permis
Que l’amour dure même entre deux ennemis.
C'est un très beau monologue sous forme de stances, qui est suivi dans la scène 3
par un échange avec sa confidente Léonor.
Dans notre pièce, l'amour de l'infante est comme une intrigue secondaire bloquée.
Pour cette raison, on a reproché à Racine de ne pas avoir respecté l'unité d'action.
Pourtant, les malheurs de l'infante créent pour ainsi dire un contrepoint musical
avec la partition de Chimène.
Scène 4
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Tout semble s'arranger pour Chimène, et pourtant elle continue de se plaindre
auprès de sa confidente :
CHIMÈNE
Elvire, que je souffre, et que je suis à plaindre !
Je ne sais qu’espérer, et je vois tout à craindre ;
Et quoi qu’en ma faveur en ordonne le sort,
Mon père est sans vengeance, ou mon amant est mort.
[...]
Quand il sera vainqueur, crois-tu que je me rende ?
Mon devoir est trop fort, et ma perte trop grande ;
Et ce n’est pas assez pour leur faire la loi,
Que celle du combat et le vouloir du roi.
ELVIRE
Quoi ! vous voulez encor refuser le bonheur
De pouvoir maintenant vous taire avec honneur ?
Que prétend ce devoir, et qu’est-ce qu’il espère ?
La mort de votre amant vous rendra-t-elle un père ?
[...]
Allez, dans le caprice où votre humeur s’obstine,
Vous ne méritez pas l’amant qu’on vous destine ;
Et nous verrons du ciel l’équitable courroux
Vous laisser, par sa mort, don Sanche pour époux.
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l'intérêt de la pièce ! En effet, on réalise avec cette scène que rien n'est gagné : ni le
duel, ni la réaction finale de Chimène.
Scène 5
Don Sanche vient rendre son épée à Chimène, celle-ci croit que Rodrigue est mort
et laisse alors éclater ses émotions :
CHIMÈNE
Perfide, oses-tu bien te montrer à mes yeux,
Après m’avoir ôté ce que j’aimais le mieux ?
Éclate, mon amour, tu n’as plus rien à craindre :
Mon père est satisfait, cesse de te contraindre.
Un même coup a mis ma gloire en sûreté,
Mon âme au désespoir, ma flamme en liberté.
Scène 6
Arrive alors le roi, Chimène avoue son amour pour Rodrigue, mais Don Fernand
lui annonce qu'il n'est pas mort :
DON FERNAND
Chimène, sors d’erreur, ton amant n’est pas mort,
Et don Sanche vaincu t’a fait un faux rapport. [...]
Ton père est satisfait, et c’était le venger
Que mettre tant de fois ton Rodrigue en danger. [...]
Et ne sois point rebelle à mon commandement,
Qui te donne un époux aimé si chèrement.
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Scène 7
DON RODRIGUE
Madame ; mon amour n’emploiera point pour moi
Ni la loi du combat, ni le vouloir du roi.
Si tout ce qui s’est fait est trop peu pour un père,
Dites par quels moyens il vous faut satisfaire.
Faut-il combattre encor mille et mille rivaux ?
Aux deux bouts de la terre étendre mes travaux ?
[...]
Si mon crime par là se peut enfin laver,
J’ose tout entreprendre, et puis tout achever ;
Mais si ce fier honneur, toujours inexorable,
Ne se peut apaiser sans la mort du coupable,
N’armez plus contre moi le pouvoir des humains :
Ma tête est à vos pieds, vengez-vous par vos mains ;
CHIMÈNE
Relève-toi, Rodrigue. Il faut l’avouer, Sire,
Je vous en ai trop dit pour m’en pouvoir dédire.
Rodrigue a des vertus que je ne puis haïr ;
Et quand un roi commande, on lui doit obéir.
DON FERNAND
Le temps assez souvent a rendu légitime
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Ce qui semblait d’abord ne se pouvoir sans crime : [...]
Prends un an, si tu veux, pour essuyer tes larmes.
Rodrigue, cependant il faut prendre les armes. [...]
Et par tes grands exploits fais-toi si bien priser,
Qu’il lui soit glorieux alors de t’épouser. [...]
Pour vaincre un point d’honneur qui combat contre toi,
Laisse faire le temps, ta vaillance et ton roi.
Au regard des règles de vraisemblance et de bienséance, à partir de quand
Rodrigue devient-il à nouveau acceptable par Chimène ? Avec intelligence,
Corneille donne au roi le dernier mot sur cette question.
L’histoire du Cid
Dans sa dédicace (à Madame de Combalet, nièce de Richelieu, protectrice de
l’écrivain) faite à l’occasion de la première édition (mars 1637), Pierre Corneille
affirme qu’il veut donner « un portrait vivant » dont la vie est « une suite
continuelle de victoires » . Corneille s’inspire d’un épisode légendaire de l’histoire
espagnole, mais apporte aussi certaines modifications : par exemple, même si Le
Cid (signifiant « maître ») a existé en réalité, il était seulement un petit chevalier de
Castille (de son vrai nom Rodrigo Diaz de Bivar). Il est né en 1043 et il est mort en
1099 à Valence.
L’Infante et Chimène sont deux personnages féminins caractérisés par leur passion
commune pour le Cid.
Mais il doit à son père aussi bien qu’à sa maîtresse, et ne pas venger son père
signifie, selon les normes sociales de son temps, attirer le mépris de Chimène. L’un
pourrait donc le considérer « infidèle», et l’autre « indigne d’elle ». Après ce
raisonnement assez bref, Rodrigue se décide pour le combat (Allons, mon bras,
sauvons du moins l’honneur, / Puisqu’après tout il faut perdre Chimène).
L’argument est clair et tout à fait logique : le fils doit à son père avant qu’à sa
maîtresse ! La scène se clôture sur la satisfaction du personnage d’avoir enfin pris
la juste décision (étant même « tout honteux d’avoir tant balancé »).
36
de Rodrigue le séparerait de celle qu’il aime et le rendrait digne d’une fille de roi
(scène 5). Le roi don Fernand donne l’ordre d’arrêter le Comte, malgré
l’intervention de don Sanche, un gentilhomme de la Cour, amoureux de Chimène.
Il annonce que les Maures menacent la ville (scène 6).
La rencontre a lieu : on vient d’apprendre au Roi que Rodrigue a tué le Comte
(7ème scène)... quand vient Chimène pour demander justice, tandis que don
Diègue défend son fils et réclame pour lui-même le châtiment (8ème scène). Il faut
préciser que dans la scène 2 de cet acte nous trouvons une réplique fameuse du
Cid, qui est la clé de voûte de toute la pièce : Je suis jeune, il est vrai ; mais aux
âmes bien nées / La valeur n’attend point le nombre des années. En effet, à
l’orgueil démesuré de son adversaire, Rodrigue oppose son ambition et la fierté de
sa cause, celle de venger son père. D’ailleurs, pour le lecteur c’est très intéressant
de remarquer les sentiments des personnages évoluant en fonction de la situation
présentée par l’auteur.
En outre, l’héroïne cornélienne gagne une grande profondeur dans les personnages
de Chimène et de l’Infante (la scène 4 et 5). Toutes les deux connaissent un état de
désarroi, chacune espère avoir un beau jour l’amour de Rodrigue. L’Infante croit
que Rodrigue est trop jeune, tandis que Chimène, elle, a de la confiance en lui
(Les hommes valeureux le sont du premier coup), en démontrant qu’elle le connaît
davantage. A remarquer dans la scène 8, la violence de Chimène, tout comme les
méandres du comportement de don Diègue, tandis que la figure du Roi est effacée.
Le dilemme du Cid est illustré par le vers : Père, maîtresse, honneur, amour.
Le troisième acte pourrait s’intituler « Chimène aime encore Rodrigue, mais exige
sa tête... » Rodrigue, venu voir Chimène pour remettre sa vie entre ses mains, se
cache à l’arrivée de la jeune fille. Elvire avertit même le chevalier :
Fuis plutôt de ses yeux, fuis de sa violence ;
37
A ses premiers transports dérobe ta présence :
Va, ne l’expose point aux premiers mouvements
Que poussera l’ardeur de ses ressentiments. (scène 1)
Rodrigue justifie son arrivée dans la maison de celui qu’il vient de tuer par les
mots : Je cherche le trépas après l’avoir donné. / Mon juge est mon amour, mon
juge est ma Chimène : Je mérite la mort de mériter sa haine. Les paroles du Cid
confirment à la fois sa lucidité et sa grandeur d’âme, car, même s’il a tué son père,
il ne cesse d’aimer la fille du Comte, il vient lui parler pour justifier son geste.
Don Sanche offre à Chimène l’occasion de la venger, proposition que la jeune fille
n’accepte pas. A Elvire elle reconnaît qu’elle aime toujours Rodrigue, mais qu’elle
veut sa mort pour mourir après lui (Pour conserver ma gloire et finir mon ennui, /
Le poursuivre, le perdre, et mourir après lui). L’âme de Chimène est déchirée
entre ses deux passions, comme le prouve aussi le vers Si je poursuis un crime,
aimant le criminel ?
Le généreux « immole » (sacrifie) celui qu’il aime.
La pièce continue par la présentation de Rodrigue, et c’est entre les deux jeunes
gens une belle scène où l’amour et l’honneur s’affrontent pour se confondre : il ne
saurait, lui, regretter un acte qui le rend digne d’elle ; elle proteste de son côté
qu’elle accomplira son devoir comme il a accompli le sien, mais que ce n’est pas à
elle de lui ôter la vie (scène 4). Don Diègue, qui était inquiet de ne pas trouver son
fils (scène 5), le rencontre enfin, lui dit sa joie et l’envoie lutter avec les Maures
(scène 5).
Le quatrième acte contient en essence un nouveau duel et pose encore une fois le
problème « à qui sera Chimène ? » Rodrigue gagne la lutte avec les Maures :
quand elle apprend qu’il est sain et sauf, Chimène cache son amour et essaie de
défendre son honneur (ce qu’elle appelle « son triste devoir »), malgré les conseils
38
de L’Infante (scène 2). Nous remarquons dans cet entretien avec la fille du Roi un
autre ton par rapport à celui du début de la pièce, l’Infante prouvant une attitude
sage, son pouvoir de réfléchir et de prendre de bonnes décisions.
La mise à l’épreuve de Chimène. Après avoir entendu, de la bouche même du
vainqueur, le récit de la bataille (scène 3), le Roi décide de mettre à l’épreuve
Chimène (scène 4). Il lui annonce que Rodrigue a été tué : elle s’évanouit et révèle
ainsi, malgré elle, son amour. Ensuite elle se voit obligée de promettre sa main à
celui qui lui apportera la tête de « l’assassin de son père » ; elle accorde à don
Sanche la faveur d’être son champion (scène 5).
Le cinquième et dernier acte est aussi celui où Chimène avoue son amour pour
Rodrigue.
La scène 1 nous présente la perspective d’un nouveau duel, proposé par
Chimène, entre Rodrigue et don Sanche. L’Infante, qui a renoncé à son amour pour
Rodrigue en faveur de Chimène (scène 2), avoue à Léonor qu’elle a le coeur
déchiré, mais qu’elle doit vaincre ses sentiments pour « ne pas troubler une si belle
flamme », donc pour ne pas nuire à un amour si beau comme celui qui unit
Rodrigue à Chimène (scène 3). Chimène déclare à sa gouvernante Elvire que, si
Rodrigue est vainqueur, elle va trouver d’autres occasions pour demander sa mort
(scène 4), quand don Sanche lui apporte son épée : persuadée que Rodrigue est
mort, elle lui reproche d’avoir tué « le héros » qu’elle « adore » (nous signalons de
nouveau le talent de Corneille de créer l’effet de surprise). Sur le point de défaillir
(scène 6), elle reconnaît devant le Roi qu’elle n’a cessé d’aimer Rodrigue et lui dit
sa décision de se retirer dans un monastère ; mais don Sanche explique que c’est
lui-même qui a été désarmé et que son vainqueur l’a chargé de remettre cette épée
à celle qu’il aime.
La scène 7 nous présente l’arrivée de Rodrigue : Chimène renonce à la vengeance,
39
mais refuse de l’épouser. Et lui, sur la promesse du Roi, s’en va pour mener
d’autres combats glorieux contre les Maures, avec l’espoir de conquérir sa Dame
par de nouvelles victoires. Pourtant, on peut entrevoir, dans les dernières paroles
du Roi, la possibilité d’un mariage entre Rodrigue et Chimène : Laisse faire le
temps, ta vaillance et ton roi.
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psychologique. Les auteurs avant Corneille avaient traduit servilement les textes de
l’antiquité ou bien copié le théâtre italien et espagnol.
L’originalité du Cid est certaine, même s’il y a eu des voix qui ont accusé
Corneille de plagiat (le mot « cid » est dérivé du mot « Sidi », signifiant « seigneur
», un titre que les Maures ont donné à un héros espagnol). Avec Le Cid, on vit pour
la première fois sur la scène une action forte, animée de grands et de beaux
caractères, présentant à merveille la lutte intérieure qui se donne dans l’âme des
personnages. Les détracteurs de Corneille n’ont pas eu raison, car il y a de grandes
différences entre la tragédie française et le drame espagnol. Ce dernier a une action
remplie d’incidents, afin de mettre en évidence les exploits (les combats glorieux)
du Cid. Corneille a choisi, de ce drame, un seul épisode, le mariage de Rodrigue, et
ne s’occupe que de l’analyse des sentiments. Par conséquent, même si le sujet est
emprunté à l’écrivain espagnol Guilhem de Castro, l’oeuvre de Corneille est
puissante et profondément originale.
Rodrigue
Jeune guerrier courageux, Rodrigue est doué d’une âme noble, de hautes qualités
morales et d’un caractère chevaleresque. Il en fait preuve dans le combat avec le
comte :
41
Rodrigue est un général habile, courageux et rusé dans le combat avec les Maures.
Vis-à-vis de son père il se montre bon fils, dévoué. Pour Chimène, il est un fiancé
délicat et l’amour qu’il éprouve pour elle est constant, malgré tous les obstacles qui
s’y opposent. Son héroïsme ressort de l’attitude qu’il garde dans le conflit moral. Il
se trouve placé entre l’amour pour Chimène et le devoir de venger l’honneur de sa
famille gravement compromise par le père de sa fiancée, à cause de l’outrage fait à
Don Diègue. Dans une lutte terrible, qui se livre dans un coeur déchiré par la
douleur, il étouffe, avec un grand héroïsme, son amour, parce que cette passion
l’empêcherait de faire son devoir. Un tel effort de volonté de la part du héros, un
tel sacrifice provoque notre admiration. L’amour entre Rodrigue et Chimène est
basé sur l’estime, et Rodrigue serait méprisé par Chimène s’il négligeait son
devoir. Par conséquent, Rodrigue tue le comte pour faire son devoir, mais aussi
pour garder l’estime de Chimène.
Rodrigue inspire aux spectateurs des sentiments d’estime et de sympathie.
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Chimène
Elle est un des plus beaux types de femmes du théâtre cornélien et classique en
général. Comme Rodrigue, elle est pleine d’énergie et d’amour, de jeunesse et de
fidélité, sentiments qu’elle démontre tout d’abord après la mort de son père. Le
devoir lui commande de demander la tête de Rodrigue au roi. Comme son fiancé,
elle étouffe l’amour profond qu’elle éprouve pour son bien aimé, avec le même
héroïsme que Rodrigue, étant fermement décidée à suivre la voie du devoir, pour
défendre l’honneur de son père tué et pour se rendre digne de l’amour de Rodrigue.
Son amour est basé sur l’estime qu’elle ressent pour les qualités morales de
Rodrigue, mais elle ne veut être inférieure à lui, elle veut rivaliser avec Rodrigue
en ce qui concerne la générosité, l’abnégation et la maîtrise d’elle-même :
De quoi qu’en ta faveur notre amour m’entretienne,
Ma générosité doit répondre à la tienne.
Sa fierté n’admet pas que Rodrigue se laisse vaincre dans le combat judiciaire avec
Don Sancho ; elle veut qu’il sorte vainqueur de la lutte dont Chimène est le prix,
car elle ne saurait pas supporter la honte de voir Rodrigue, son fiancé, vaincu par
Don Sancho. Comme fille, elle est digne de notre estime, parce qu’elle met toute sa
passion et son ardeur à venger son père et montre le même sentiment vigoureux
d’honneur que Rodrigue. Les deux âmes fortes, Rodrigue et Chimène, se valent
parfaitement.
Don Diègue
Il est un vieux général, blanchi sous le poids des années, qui a bien servi son roi et
sa patrie (Ses rides sur son front ont gravé ses exploits.) Il est paisible, calme,
raisonnable et ne veut pas se quereller avec le comte. Mis au comble du désespoir
de se voir incapable de réparer sa honte, il se sert du bras de son fils, pour lequel il
éprouve une tendre affection. Il est fanatique parce qu’il met le devoir au-dessus de
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l’amour paternel. Après la mort du comte, il défend Rodrigue devant le roi, et lui
offre son propre sang pour sauver celui de son fils. Par le combat avec les Maures,
il lui procure la possibilité de laver son crime et de se soustraire à la punition. Chez
Don Diègue, le sentiment vigoureux et hautain de l’honneur, s’empare de l’amour
paternel.
Le roi Fernand
Il est un caractère faiblement représenté dans la pièce, parce qu’il ne joue pas un
grand rôle. Il fait l’impression d’un homme comme il faut et qui veut faire le bien.
44
Molière (1622-1673)
Le brillant auteur d'une comédie qui dépeint les mœurs de la société avec
amusement et pudeur. Certaines de ses pièces ont provoqué une vive réaction du
parti religieux, qui l'a attaquée en s'en prenant à l'église. Molière ne condamne pas
les principes religieux mais le fanatisme. Son travail appelle à la préservation de
l'ordre établi. Tout le monde reçoit une punition pour son erreur. La raison, qui
prévaut toujours, exige le respect de la condition originelle : le bourgeois reste
bourgeois, même enrichi ; Un serviteur ne quitte jamais sa condition.
L’action se déroule à Paris dans une famille. Haragon, homme avare, est le père
de Cléante et Elise. Ces deux personnages sont amants de Marianne et de Valère
mais Marianne est aimée d’Haragon. C’est avec cette histoire simple que Molière
va pouvoir faire passer des messages au public.
Mais, tous deux ont déjà leur choix : Elise a aimé secrètement Valère, un intendant
de son père. Afin d’avoir la bénédiction d’Harpagon pour son projet de mariage
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avec Elise, Valère a fait son possible pour bien gérer et faire fructifier les fortunes
de son maître.
Le cuisinier s’est opposé à cet ordre de son maître, mais l’intendant Valère l’a
obligé de le faire pour soutenir l’avare. Puis, une grande querelle s’est produite et
Valère a donné des coups de bateau à Maître Jacques qui a voulu par la suite se
venger. Le jour du dîner, Mariane, dégoûté de son futur époux, a aperçu Cléante,
l’homme qu’il aime.
Elle a entretenu une discussion secrète avec son amant qui lui a offert une bague de
grande valeur de son père. Mais, hélas, Harpagon a vu son fils en train de baiser la
47
main de Mariane et l’a maudit. Pour interrompre le projet de mariage de son père
avec Mariane, Cléante a demandé à la Flèche de cacher la cassette des dix mille
écus d’or de l’avare pour le distraire.
Puis, la Flèche a apporté à l’avare l’objet qu’il a lui-même volé. Furieux, Harpagon
a demandé l’aide des commissaires, des archers, des prévôts, des juges et des
potences pour trouver le coupable afin qu’il soit châtié.
Par vengeance, Maître Jacques a dénoncé Valère. Dans son explication, il a avoué
à Harpagon son amour pour sa fille. Cela a empiré la colère de l’avare. Pendant
qu’il a raconté son histoire, Anselme, le prétendant d’Elise, est entré. Il était
convaincu que Valère et Mariane qu’il prétendait être morts dans un naufrage sont
ses enfants.
acte I
48
que la famille de Cléante est riche. Il donnerait volontiers de l’argent à son amante,
mais son père est le plus gros radin qui existe.
👉 Pendant ce temps, Harpagon botte hors de chez lui La Flèche, le valet, suite à
un de ses nombreux accès de paranoïa : il a cru que celui-ci voulait lui voler une
cassette enterrée dans son jardin, qui contient son trésor de 10 000 écus.
Il annonce ensuite à ses deux enfants qu’il leur a trouvé mari et femme : une
veuve âgée pour Cléante, et pour Élise… le vieil Anselme, un pote d’Harpagon
(qui est aussi le papa de Valère, mais ça, ils ne le savent pas encore). Harpagon,
quant à lui, se réserve Mariane, qui doit avoir la moitié de son âge 😱 Ses enfants
sont légitimement horrifiés. Valère essaie de le faire changer d’avis, mais il doit
faire attention à ne pas griller sa couverture.
acte II
👉 Comme Cléante ne peut pas demander un seul sou à son avare de géniteur, il
décide d’emprunter une grosse somme auprès d’un prêteur ; mais celui-ci se
révèle être un arnaqueur. C’est encore pire quand Cléante découvre que ce prêteur
escroc est… son père (qui découvre en même temps que son fils est l’emprunteur),
ce qui entraîne un gros clash entre les deux.
acte III
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👉 Pour fêter sa future union avec Mariane, Harpagon veut l’inviter à dîner.
Évidemment, en bon rat qui se respecte, il demande à ses domestiques de ne pas
trop gaspiller d’argent sur le repas. Valère, pour se faire bien voir, approuve, ce
qui ne plaît pas au cuisinier Maître Jacques. Harpagon réplique cette phrase célèbre
:
Maître Jacques reçoit des coups de bâton pour son comportement, ce qui va le
motiver à se venger.
👉 C’est Frosine qui amène Mariane à dîner : comme elle a bien joué les
entremetteuses, la mariée ne sait pas du tout à quoi ressemble son futur mari, et
espère que ce sera Cléante. Lorsque son fiancé ni jeune ni beau arrive, elle est
légitimement déçue.
acte IV
👉 Frosine, qui ne perd pas le nord, décide d’aider Cléante et Mariane à faire
capoter ce mariage en casant Harpagon avec une vieille dame. Dans le jardin,
celui-ci surprend son fils en train de faire un baisemain à Mariane, et découvre
donc la vérité. Il le manipule pour lui faire avouer ses sentiments pour elle, ce
qui crée une nouvelle dispute entre eux.
👉 Maître Jacques, qui assiste à tout ça, raconte à chacun des deux hommes
que l’autre a renoncé à Mariane, ce qui amorce une
réconciliation. Malheureusement, son stratagème est découvert et provoque
50
ENCORE une dispute entre le père et le fils. Celui-ci demande alors à La Flèche de
voler la précieuse cassette.
La Flèche vient dire à son maître qu’il a volé le trésor. Lorsque l’Avare se rend
compte du vol, il pète les plombs au cours d’une tirade très connue.
“Hélas ! mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami ! On m’a privé
de toi ; et puisque tu m’es enlevé, j’ai perdu mon support, ma consolation,
ma joie ; tout est fini pour moi, et je n’ai plus que faire au monde ! Sans toi, il
m’est impossible de vivre.”
acte V
Harpagon force donc son intendant à s’expliquer, sauf que ce dernier n’a pas bien
compris et croit qu’on lui demande d’avouer sa relation avec Élise, ce qu’il
finit par faire. Évidemment, ça ne donne qu’une raison de plus à l’Avare d’être
furieux : il veut tuer Valère et faire enfermer Élise.
👉 C’est alors que débarque le vieil Anselme, à qui Harpagon avait prévu de
donner la main de sa fille. Il reconnaît Valère et Mariane, ses deux enfants qu’il
avait cru morts dans un naufrage il y a des années. Eux-mêmes n’étaient pas au
courant qu’ils étaient frère et sœur. Tout contents de s’être tous retrouvés, ils
décident d’obliger Harpagon à accepter les deux mariages d’amour, s’il veut
espérer revoir son argent.
51
C’est finalement Anselme qui paie les deux mariages. Harpagon n’aura rien eu à
dépenser : il récupère ses sous, les couples peuvent se marier, et tout le monde
est content
Conclusion
On ne peut pas faire une analyse de L’Avare de Molière sans parler au moins
une fois de son aspect comique. Cette pièce est un modèle du genre, puisqu’elle
mixe à sa sauce tous les types de comique (et c’est pour ça que c’est fun) :
“Allons, que l’on détale de chez moi, maître juré filou, vrai gibier de potence.”
––––––––––––––––––––––––––––
2- Nous nous référons pour les définitions à : Ryngaert, Jean Pierre, Introduction à l’analyse du
théâtre, Paris, op.cit., p. 58
53
La résolution : partie de l’histoire qui montre les suites du triomphe
ou de la défaite du personnage principal.
Nous exposerons, en deuxième lieu, les structures profondes de
l’œuvre dramatique et les appliquerons sur En attendant Godot et Fin de
partie déterminés comme suit :
–––––––––––––––––––––––––––––––
1-Larthomas, Pierre, Technique du théâtre, Paris, op.cit., p.17
2- Ryngaert, Jean Pierre, Introduction à l’analyse du théâtre, op.cit., p.87
54
Le texte théâtral présente donc une organisation dans laquelle on
distingue les principaux éléments structuraux qui façonnent une pièce :
1-A - Exposition :
–––––––––––––––––––––––––––
55
où l'action se présente selon un enchaînement de causes et d'effets »(1), il
s'agit du moment où le dramaturge livre l’exposition, c’est-à-dire les
éléments indispensables à la compréhension de la situation. Cette
exposition constitue une convention dramaturgique qui pose les bases de
l’action et précise les données du conflit : évocation du passé, présentation
des personnages, état de la situation. Plus l'intrigue est complexe, plus
l'exposition est développée. Détaillant toutes les informations utiles,
l’exposition ne doit pourtant pas s'étendre au-delà des premières scènes
de la pièce. Elle doit donc instruire du sujet et de ses principales
circonstances, du lieu de la scène et même de l'heure où commence
l'action, du nom, de l'état du caractère et des intérêts de tous les
protagonistes. Une bonne exposition doit être à la fois entière, courte,
claire, intéressante et vraisemblable.
––––––––––––––––––––––––––
56
sous forme de récits, qui multiplient les références à des événements
passés, au risque de retarder le commencement de l'action véritable. Alors
que l’exposition est dynamique, quand les informations sont transmises
en action, pour montrer la progression des événements. Il peut s'agir d'un
conflit engagé avant même le lever du rideau.
–––––––––––––––––––––––
1-Quintallet, Jacques, Samuel Beckett EN ATTENDANT GODOT, Paris, BREAL, 1999, p.37
57
Les premiers échanges précisent néanmoins les deux personnages :
nous apprenons qu'Estragon a dormi dans un fossé, qu'il ne retire pas tous
les jours ses chaussures. Remarquons que les indications dans leur
dialogue les désignent comme vagabonds, ainsi qu'ils apparaissent sur
scène, démunis.
Par contre fin de partie, commence par de longues indications
scéniques qui présentent les personnages en précisant le lieu, le décor et
les accessoires. La présence de beaucoup d'indications scéniques en tête
du texte est régulière. Ces indications sont précises et concernent les
actions des personnages. Elles paraissent parfois redondantes par rapport
aux répliques et concernent aussi des détails de rythme.
–––––––––––––––––––––––––––––
59
Beckett accumule sur les personnages toutes les misères du monde. Ils
sont en conflit avec la faim et le froid. « Leurs corps subissent de petites
et de grandes misères, ils sentent de la bouche ou des pieds, ils se
déplacent avec difficulté (1)
Hamm se montre ingrat envers son père ; il se livre à un jeu cruel « lui
imposant un marché mesquin. ». En retour, Nagg ne peut que souhaiter
une impossible vengeance :
––––––––––––––––––––––––––––––
1- Ryngaert, Jean-Pierre, Introduction à l’analyse du théâtre, op.cit., p. 128
2-Bardet, Guillaume-Caron, Dominique, Fin de Partie Samuel Beckett, Paris, Ellipses, Edition 2009,
p. 72
60
Cette ingratitude, ne tient pas à une situation particulière, elle ne relève
pas de l’accident, ni de la perversion psychologique, elle est liée à la
relation filiale et au conflit entre les personnages. Nous trouvons aussi un
conflit entre le second couple père-fils qui est constitué par Hamm et
Clov. Hamm traite Clov en véritable tyran, au point que c’est une relation
filiale, une relation maître-esclave « qui ressortent bien plus qu’une
hypothétique paternité. » (1)
–––––––––––––––––––––––––––––
61
Dans le théâtre de l'absurde le lecteur est invité à utiliser son
imagination pour tisser la progression de l'action et les relations possibles
entre les événements et la construction du sens.
–––––––––––––––––––––––––––––––
62
1-D - Résolution ou Dénouement
63
Il doit être rapide, car le lecteur est dans l'impatience de savoir la
fin des événements. « Ces impératifs concernant le dénouement
instaurent une dramaturgie de la clôture qui suppose que, la pièce
achevée, tout est réglé. »(1)
–––––––––––––––––––––––––––
2- Noudelmann, François, Beckett ou la scène de pire, Etude sur En Attendent Godot et Fin de
Partie, Paris, Honoré Champion Editeur ,1998 p. 113
64
Dans En attendant Godot, Beckett présente une finalité sans fin, avec
une apparente direction vers un terme et selon une répétition continue des
mêmes éléments, des mêmes gestes et des mêmes actions. La fin de la
pièce se présente dans son inachèvement, comme une tension non
dramatique vers l’infini. Le processus demeure sans avoir atteint un but,
car son résultat se trouve en son cours. La fin du spectacle intervient au
bout d’un parcours, celui d'une duplication, un acte répétant l’autre, plutôt
qu'il ne le dépasse. Noudelmann le rend à une « Faute d'un nœud et d'un
dénouement, la structure n'installe que le mouvement de sa répétition sans
œuvrer à l'accomplissement d'une signification ».(1) Dès le début de la
pièce, Vladimir l’a déjà annoncé : « Maintenant il est trop tard » , (EAG,
––––––––––––––––––––––––––––––
1- Noudelmann, François, op.cit., p. 113
65
Beckett met en place différentes possibilités, verbales et gestuelles,
pour arriver à cette sortie. Ainsi la position de Clov au début, près du
fauteuil de Hamm, constitue le point de départ d'une telle entreprise, pour
aboutir finalement à une place près de la porte, et non à une sortie qui
correspondrait à une issue dramatique.
Hamm l’a bien traduit en disant « Assez, il est temps que cela finisse, dans
le refuge aussi. (Un temps.) Et cependant j'hésite, j'hésite à … fini ... oui,
c'est bien ça, il est temps que cela finisse et cependant j'hésite encore à
(bâillements) – à finir » (FP.P.17)
La fin est donc à la fois une fin de non-recevoir à l'égard des issues
dramatiques et une nécessité programmatique qui dispose une série de
possibilités. L'enjeu réside dans la manière des personnages.
––––––––––––––––––––––––––––––––––––
1- Noudelmann, François, op.cit., p.114
66
A plusieurs reprises nous trouvons Clov poser cette question « Ça peut
finir », (FP.P.19) « comment veux-tu que ça finisse ? ». (Ibid.p.95) Aussi le
spectateur est-il amené à s'interroger sur les départs de Clov et se
demander quand il réalisera définitivement sa sortie.
––––––––––––––––––––––––––
1- Noudelmann, François, op.cit., p. 116
67
Le titre de Beckett suggère que la fin ne se termine pas elle – même ; elle
ne finit pas avec ce qu'elle a achevé ou elle est l’achèvement du rien.
Nous exposons ici ce qui nous semble construire les structures profondes
de chacune des deux pièces de Beckett, objet de notre étude.
––––––––––––––––––––––––––––––
68
Dans les fables de En attendant Godot et Fin de partie, apparemment
« non-climaxiques ».(1) d’après le terme d’Emmanuel Jacquart. Il est
difficile de parler d’intrigue au sens classique du terme. A l’image de sa
fable, En attendant Godot ne témoigne d’aucune intrigue, c’est une œuvre
« où il ne se passe rien » (EAG.P.53), comme le constate à juste titre
Estragon. Vladimir ainsi qu’Estragon semblent attendre Godot sans
l’attendre réellement. Combien de fois ils ont oublié le but de leur attente,
ce qu’ils veulent exactement de Godot, et combien de fois, également, ils
ont oublié Godot lui-même. Les événements ne suivent aucun fil
conducteur, aucun cheminement ; car il n’y pas d’événement dans
l’ensemble de la pièce.
––––––––––––––––––––
69
déceler aucune intrigue au sens classique. Cependant, il existe, selon
l’expression de Jean-Pierre Ryngaert, « des germes de conflits ».(1) qui
s’éteignent aussitôt qu’ils commencent à germer.
–––––––––––––––––––––––––––
70
Aussi, les conflits que Hamm semble avoir avec ses géniteurs, ne
connaissent également aucune évolution. Hamm, maître de la maison,
possède tout le pouvoir de faire taire Nagg et Nell à leur réveil et de les
enfermer dans leurs poubelles s’ils commencent à l’ennuyer, de la même
manière qu’il peut les réveiller pour se faire écouter s’il a envie de
raconter son histoire.
–––––––––––––––––––––––––––––––––––
72
D’après Pruner (2)
, ce modèle, qui s’articule selon six axes précis, est
schématisé comme suit :
73
Bibliographie
1-La littérature française du XVIIe siècle est liée aux évolutions politiques,intellectuelles et artistique(√)
2-le XVIe siècle se préoccupait d’enrichir la langue française pour la faire concurrence d’autre langues
anciennes(√)
3-À la fin du XVIe siècle que parurent les premiers dictionnaires de la langue française (×)
4-le cartésianisme qui influencera le modèle classique par son souci d’ordre et de discipline(√)
5-À La fin dude XVIIe LA forte consolidation du pouvoir royal fait de La Cour et du roi à Versailles des
maîtres du bon goût(√)
6-Le XVIIe siècle est un siècle majeur pour la langue et la littérature françaises(√)
7-Le jansénisme exerce une influence directe et quelque peu morale avec son modèle strict (×) 8-Le
classicisme est fait de retenue d’ordre et d’ambition morale(√)
9-l’Académie française propose de codifier le vocabulaire la grammaire et la poésie(√)
10-Le goût humain des anciens reconnu comme modèle de beauté et de sagesse(√)
11-la culture souffre des conséquences de la centralisation politique
12-du xvIIe siécle les deux courants qui dominent les siécle sont le baroque et le classicime ( ) 13-le
classicime est le plus problématique ( ) le baroque
14-le baroque est reste longtemps cantonné au domaine de la joaillerie ( )
15- le terme baroque est d’origine française , il apparait au xvIe siècle dans l’inventaire de charles quint
(1531) ( )
16-les principes d’harmonie sont (ordre,régularité,symétrie) ( )
17-le classicime comme un style artisitique indépendant (x) le baroque
18-en ce qui concern le roman il en existe deux principaux un roman pastoral , roman à clef ( ) 19-le
courant précieux est courant esthétique de l’affirmation aristocration qui se caractérise par le désir de
se distinguer du goût commun ( )
20-La période classique en France est la période de la création littéraire et artistique
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21-La période classique s’étend jusqu’au XVIIe siècle
22-Le classique est une littérature basee avant tout sur la sobriètè et la precision
23-Le roman Histoire comique de francion est l’une des œuvres les plus importantes du genre comique
satirique
24-La nouvelle partage une certaine brièveté avec le conte .( )
25-La nouvelle est met en scène un nombre limité de personnages.( )
26-La différence entre le roman et l’épopée reside dans le type de personnage évoqué.( )
27- L’épopée un genre littéraire méprisé du public et recherché par les savants ( )
28 – Au XIII e siècle le roman est attaqué mais gagné en popularité. ( )
29- L’art classique préconiser des conventions qui peuvent conduire au succès et à la grandeur d’une
œuvre théâtrale ( )
30- pour l’époque classique,l’art avait une fonction morale. ( )
31-A la fin du XVIIIe siècle,le théâtre décline en France
32-la comédie est un genre secondaire délaissé par les auteurs et les théoriciens
33-Grâce à Richelieu,le théâtre et ses protagonists ont atteint un staut social et économic acceptable
34-Action est Division externe de la pièce en parties d’importance sensiblement égale
35-selon Aristote,Action est la détermination majeure et première de la création dramatique
36-Allitération est Répétition,dans une suite de Mots
37-Antagoniste est personnage en opposition ou en conflict
38_ l’esthéti que classique est fondée sur trois. Principes essentiels : rationalisme, imitation de la nature
imitation de l’Antiquité (vrai).
39_ le classique établit la régle de la raison exercée par des regles (vrai)
40_ le théâtre classique est aujourd’hui le genre littéraire dominant, le genre le plus lu, (faux)
le roman classique Évite les distractions et les anecdotes en favorisant la cohésion c’est l’…….
*-Unité d’ Action -Unité de temps -Unité de Lieu
Accentue l’action et la rapproche du temps de l’acte c’est l’……
-Unité d’ Action *-Unité de temps -Unité de Lieu
Cherche à faire correspondre le lieu de l’événement et le lieu scénique : ce sera donc un lieu accessible à
tous les personnages (entrée, antichambre, salle du trône, etc.) C’est l’……
-Unité d’ Action -Unité de temps *-Unité de Lieu
A la fin du ……. Siècle, le théâtre décline en France . -XVII *-XVI -XII
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Depuis les années 1630 ,le théâtre et ses protagonistes ont atteint un statut social et économique
acceptable grâce à ………
*- Richelieu -Étienne de La Boétie -Pierre Matthieu
Division externe de la pièce en parties d’importance sensiblement égale, en fonction du déroulement de
l’action. Traditionnellement, une pièce se divise en trois ou cinq actes, eux-mêmes découpés en scènes
c’est l’ …….. -Action *-Acte - Aparté
Répétition, dans une suite de mots (par exemple dans un vers), d’une ou de plusieurs consonnes initiales
ou intérieures
c’est l’……. *-ALLITÉRATION - APARTÉ –ANTAGONISTE
L’……. c’est la personnage en opposition ou en conflit .
*- ANTAGONISTE - Monologue - héros
Le ….. c’est la Scène parlée, discours adressé à soi-même, ou à un auditoire dont on n’attend pas de
réponse. Dans l’analyse du discours théâtral, il est considéré comme une variété du dialogue. - Acte *-
monologue -Action
Discours rapporté dans sa forme originale, sans terme de liaison, après un verbe de parole c’est le …….
*-mode -Monologue -acte
Procédé dramatique essentiel , ressort du comique comme du pathétique , permet divers coups de
théâtre et fonde les reconnaissances (agnitions) typiques du dénouement
A_ scéne. B_ tragi- comédie c*,quiproque
( Genre dramatique seriux )qui met en scène des personnages de haut rang confrontés à un péril auquel
ils échappent toujours. Ce péril est presque toujours de nature amoureuse et privée et souvent inspiré
par les romans modernes. A- Quiproque. B-*tragi_ comédie c_scéne .
Unité la plus courte de la pièce. En général, on change de scène lorsqu’un ou plusieurs personnages
entrent ou sortent. A_ quiproque. B_*scène c_tragi_comédi
Longue suite de phrases, de vers, récitée sans interruption par un personnage de théâtre.
a-scéne b_quiproquo c_* tirade
Qui sont mes fondateurs des Lettres sur la règle des vingt-quatre heures
A_ Moliére b_ *jean chapelain c_ Marivaux
L’un des siècles majeurs les plus importants de la littérature française ?
A_XVIe b_XIV. C_*XVIIe
Le Classicisme s’impose dans la seconde moitié du siècle sous…..
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A_* louis 13. B_louis14 c_ louis15
Le XVIIe siècle est marqué par la révocation de l’Édit de Nantes par Louis XIV en 1685, qui met fin de la
tolérance envers les protestants et au poids des …….
A_athées. B. * Jésuites c_ Coptes
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