Cours PAIB - 2122 - Chap.1+2

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‫الجمهوريــــة الجزائريــــة الديمقراطيــــة‬

‫الشعبـيـــة وزارة التعليــــم العـالـي والبحــث العلمــي‬


‫جــامعــة محمد الصديق بن ي جـيـجــل‬
Faculté des Sciences de la Nature et de la Vie ‫ح‬
:2022/2021‫السنة الجامعية‬
Département des Science de l'Environnement et ‫كليـة علـوم الطبيع ـة والحي ـاة قسـم علوم المحيط والعلوم الفالحية‬
des Science Agronomique

Matière : Pollution Atmosphérique et son Impact sur la Biosphère

Programme

INTRODUCTION

Chapitre I: Les émissions et émetteurs de pollution atmosphérique

1. Les différents types d’émetteurs


1.1. Les sources non-anthropiques ou naturelles
1.2. Les sources anthropiques
2. La nomenclature Corinair

Chapitre II : Les substances polluantes

1. Introduction

2. Les différents types d’émetteurs


2.1. Les polluants primaires et secondaires
2.2. Les polluants réglementés
2.3. Les dérivés gazeux du carbone, du soufre et de l'azote
2.4. Les composés organiques
2.5. Les métaux lourds
2.6. Les Particules atmosphériques
2.7. Les Chlorofluorocarbones CFC

3. La spéciation chimique

Chapitre III : Les effets des différentes substances

Chapitre IV : Conséquences écologiques des pollutions atmosphériques


INTRODUCTION

La pollution en générale, est une dégradation de l'environnement (atmosphérique, aquatique ou terrestre)


par toute modification de la composition normale d'un écosystème ou de l'introduction directe ou indirecte
des substances (chimiques ou radioactives), des déchets (ménagers ou industriels) ou des nuisances diverses
(sonores, lumineuses, olfactives, thermiques, biologiques, etc), susceptible de porter atteinte au bon
fonctionnement des écosystèmes ou à la santé des êtres vivants. Bien que la pollution puisse avoir une
origine entièrement naturelle (éruption volcanique, par exemple), elle est principalement liée aux activités
humaines. La pollution, ou contamination, atteint un niveau seuil où elle produit des dommages, des
déséquilibres ou des effets nocifs et interfère avec le bien-être des organismes vivants.

En s'intéressant de notre atmosphère, on entend par sa pollution, la contamination de l’environnement


intérieur ou extérieur par un agent chimique, physique ou biologique qui modifie les caractéristiques
naturelles de l’air (OMS, 2005). Selon la Loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie de 1996, la
pollution atmosphérique est définie comme : ''l’introduction par l’homme, directement ou indirectement,
dans l’atmosphère et les espaces clos, de substances ayant des conséquences préjudiciables de nature à
mettre en danger la santé humaine, à nuire aux ressources biologiques et aux écosystèmes, à influer sur les
changements climatiques, à détériorer les biens matériels, à provoquer des nuisances olfactives.''

Les principales causes de la pollution de l'air sont en relation avec l'emploie des combustibles fossiles
(charbon, pétrole et gaz). La combustion de ces matières premières se produit principalement, au cours ou
dans le fonctionnement des secteurs industriel et du transport terrestre. Dans le secteur industriel il faut
différencier les fabriques (par exemple, de ciment ou d'acier) et les centrales de production d'électricité (qui
produisent la moitié de l'électricité consommée dans notre pays).

La pollution de l'air a un impact négatif sur la santé, les végétaux, les écosystèmes et les bâtiments : les effets
sont nombreux et certains n’ont été que récemment documentés et pris en compte (par exemple les effets
relatifs à l’acidification, l’eutrophisation et la pollution photochimique, les effets des rejets de gaz carbonique
et autres gaz à effet de serre sur le changement climatique, ou les effets des particules fines sur la santé). Il
n'existe pas en général de seuil de nocivité mais plutôt une relation croissante entre les effets et les niveaux
de pollution, parfois assortis de phénomènes cumulatifs, comme pour certaines expositions chroniques

Pour mieux connaître et maîtriser la pollution de l’air, il est nécessaire de savoir quelles sont les sources de
pollution, de les identifier et les quantifier. Cette connaissance permet ensuite de prendre des mesures de
réduction des émissions à la source. Les inventaires d’émissions sont également une donnée de base
nécessaire pour réaliser des évaluations de qualité de l’air et estimer les impacts de cette pollution sur la
santé, les écosystèmes ... Signée en 1979, la convention de Genève sur la pollution atmosphérique à longue
distance a été l’élément déclencheur des réflexions et tentatives pour organiser et structurer les données
relatives aux rejets de polluants sous la forme d’inventaires d’émissions de polluant. Cette dynamique a
ensuite été relayée par un programme de la Commission Européenne Corinair, qui a permis de générer le
premier inventaire d’émission Corinair.

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Chapitre I : Les émissions et émetteurs de pollution atmosphérique

Les inventaires d’émissions posent le problème de l’exhaustivité. L’exhaustivité du recensement des


émetteurs de polluants en est un aspect. Bien souvent, les inventaires recensent les émetteurs qui
contribuent le plus significativement aux émissions d’une substance donnée, l’importance des contributions
est bien souvent jugée a priori, sur la base de connaissances scientifiques parfois parcellaires. En fonction des
besoins, des moyens sont investis pour combler les lacunes de cette connaissance. Identifier correctement
les émetteurs est une étape importante de l’élaboration d'un inventaire. Mais l’identification des émetteurs
correspond également à d’autres préoccupations plus politiques : connaître la contribution des différents
secteurs permet de mettre en place des politiques de réductions des émissions plus efficaces car mieux
ciblées. Cette connaissance est également la base des taxations en cas de dépassement de plafonds
réglementaire (par exemple, permis d’émettre du CO2) (Tab.01).

1. Les différents types d’émetteurs


Parmi tous les émetteurs potentiels de polluants, on a tendance à distinguer différentes catégories
d’émetteurs :

1.1. Les sources non-anthropiques ou naturelles


Il s’agit des sources induisant des rejets de substances polluantes mais qui ne sont pas liées à l’activité
humaine. Parmi ces sources, on peut également distinguer les sources biogéniques (liées à la présence
d’organismes vivants) des autres sources. L’éruption volcanique (dégagement très important de produits
souffrés) est un exemple de source naturelle, de même que la production d’embruns marins (particules).
Pour les sources biogéniques, il n’est pas toujours évident de classer le type de sources (cas de l’élevage
d’animaux).

1.2. Les sources anthropiques


Ces sources sont le fait de l’activité humaine. Cependant, la frontière entre les sources anthropiques et
naturelles n’est pas toujours bien délimitée.

Parmi les sources anthropiques, on oppose souvent les sources fixes, émises par des installations ne se
déplaçant pas, des sources mobiles liées aux transports. Une autre notion est également importante pour la
caractérisation des sources et de leur distribution géographique : c’est la notion de source ponctuelle, qui
caractérise plutôt les grands sites industriels (points sources) : elles sont étudiées en conjonction avec des
données concernant leur localisation, leur capacité, leur activité... Les sources ponctuelles définies par
Corinair (voir cidessous) sont : les usines de production ayant une capacité thermique supérieure à 300 MW,
les raffineries, les fabriques d’acide sulfurique, d’acide nitrique, les unités de production de fer ou d’acier
supérieures à 3 Mt/an, les usines de pâtes à papier de capacité supérieure à 1000 kt/an, les usines de
peinture de voitures ayant une production supérieure à 100000 veh/an, les aéroports de plus de 100000
LTO1 anding Take Off : cycle normalisé de tests des moteurs d’avions cycles /an, toutes les usines émettant
plus de 1000 t/an de SO2, NOx ou COV et celles émettant au moins 300000 t/an de CO2. Elles peuvent être
opposée aux sources diffuses, qui correspondent à de petits émetteurs très distribués dans l’espace (area
sources). Ces sources ne peuvent être décrites que sur la base de surfaces importantes et sont très difficiles à
caractériser à un niveau local. Enfin, on parle parfois de sources linéiques (lines sources) : ces sources
concernent essentiellement le transport (routier, fluvial ..). Là, les émissions sont déterminées le long d’un
axe. Par exemple, une grande installation de chauffage urbain desservant un petit quartier sera plutôt
répertorié en tant que source ponctuelle, alors que l’ensemble des chaudières individuelles servant au
chauffage des logements constitue plutôt un exemple de source diffuse.

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2. La nomenclature Corinair

CORINAIR est un projet réalisé depuis 1995 par le Centre thématique européen sur les émissions
atmosphériques, sous contrat avec l'Agence européenne pour l'environnement. L'objectif est de collecter,
maintenir, gérer et publier des informations sur les émissions dans l'air, au moyen d'un inventaire européen
des émissions atmosphériques et d'un système de base de données. Cela concerne les émissions
atmosphériques de toutes les sources pertinentes pour les problèmes environnementaux de changement
climatique, d'acidification, d'eutrophisation, d'ozone troposphérique, de qualité de l'air et de dispersion des
substances dangereuses.

La nomenclature Corinair permet de classer les émetteurs en fonction de 11 catégories. Cette


nomenclature a été baptisée SNAP (Selected Nomenclature for Air Pollution). Elle contient près de 400 items
mais les 11 catégories principales sont les suivantes :

1. Combustion dans les industries de l’énergie et de la transformation de l’énergie : production d’électricité,


chauffage urbain, raffinage du pétrole, transformation de combustibles minéraux solides, mines de charbon,
extraction de gaz/pétrole, stations de compression

2. Combustion hors industrie : commerce et institutionnel, résidentiel, agriculture, sylviculture et


aquaculture

3. Combustion dans l’industrie manufacturière : chaudières, turbine, moteurs fixes, fours, procédés
énergétiques

4. Procédés de production : procédés de l’industrie pétrolière, de la siderurgie, des houillères, de l’industrie


des métaux non ferreux, de l’industrie de chimie organique, inorganique, de l’industrie du bois, de
l’alimentation, du papier, de la boisson.

5. Extraction et distribution de combustibles fossiles/ énergie géothermique : mines, stockage de carburant,


extraction, déchargement, distribution de combustibles

6. Utilisation de solvants et autres produits : application de peinture, dégraissage et nettoyage à sec,


fabrication de produits chimiques, anesthésie et produits de nettoyage.

7. Transports routiers : voitures, véhicules utilitaires légers, poids-lourds, motocycles et motocyclettes,


évaporation d’essence, pneux, freins...

8. Autres sources mobiles et machines : activités militaires, ferroviaires, navigation fluviale, trafic aérien,
engins spéciaux pour l’agriculture, la sylviculture, l’industrie, les loisirs ...

9. Traitements et élimination des déchets : incinération, décharges, crémation, traitements des eaux usées,
épandages ...

10. Agriculture et sylviculture : culture avec engrais, sans engrais, ecobuage, fermentation entérique,
déjections animales, utilisation de pesticides ...

11. Autres sources et puits : forêts naturelles de feuillus, de conifères, feux de forêts, prairies, zones
humides, eaux, animaux, volcans, foudres, forêts exploitées...

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Tableau 01 : Exemple d’inventaire des emissions de COVNM en France en fonction des différents types
d’émetteurs - Source CITEPA

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Chapitre II : Les substances polluantes de l'air

4. Introduction
L'atmosphère fait partie de la famille des gaz, dont sa composition est variable en fonction du temps. Les
constituants les plus importants sont : l'azote (78%) l'oxygène (21%) l'argon (0,93 %), la vapeur d'eau (0 – 4
%) le gaz carbonique (0,033 %), et certains gaz rares.

La pollution de l’air (ou pollution atmosphérique) est une altération de la qualité et de pureté de l’air, ayant
pour cause la présence de polluants à différentes état — gazeuses, particulaires, et peut-être liquides —
par introduction ou modification de la concentration normale des agents chimiques, biologiques ou physiques
au- delà d’une certaine norme, produisant un effet nuisible sur l’être humain et son environnement qui l’entoure.

Avec la civilisation modernes, les quantités de substances rejetées dans l'atmosphère, altérant la
composition normale de l'air, n'ont cessé d'augmenter. L'origine des différentes substances polluant
l'atmosphère est des plus variée. La combustion des diverses formes du carbone fossile (charbon pétrole, gaz
naturel) joue un rôle prépondérant dans la contamination de l’air.

5. Les différents types de polluants


Nous pouvons classer les substances polluantes de l'air selon différentes manières :

5.1. Les polluants primaires et secondaires


Les substances polluantes émises dans l'air peuvent se transformer chimiquement en constituant deux
catégories de substances :

- Les polluants primaires : sont les polluants que l’on trouve à l’endroit de l’émission, sans subir de
transformation physique ou chimique. Par exemple, le CO est un polluant primaire.

- Les polluants secondaires : sont des polluants qui ne sont pas émis, mais qui résultent de la
transformation physico-chimique des polluants primaires au cours de leur séjour dans l’atmosphère. Par
exemple, l’ozone résulte de réactions chimiques impliquant notamment les oxydes d’azote et les COV.

Le tableau 02 ci-dessous récapitule les principaux polluants gazeux des deux catégories.

Tableau 02 : Classification des polluants atmosphériques gazeux selon leurs propriétés chimiques.

Il est possible de réaliser un inventaire d’émission pour les polluants primaires, mais pas pour les polluants
secondaires.

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5.2. Les polluants réglementés
Les polluants réglementés font l'objet de mesures continues dans l'air réalisées par les associations de
surveillance de la qualité de l'air. Ils sont divisés en deux catégories : les polluants en phase gazeuse et les
polluants en phase particulaire. Les gaz représentent 90% de la masse des polluants atmosphériques et les
particules les 10% restants (Tab.03).

Tableau 03 : Les polluants réglementés


Les polluants gazeux Les polluants particulaires
– le dioxyde de soufre : SO2 – les particules (PM10 et PM2,5)
– le monoxyde de carbone : CO – le plomb : Pb
– le dioxyde d’azote : NO2 – le cadmium : Cd
– l’ozone : O3 – l’arsenic : As
– le benzène : C6H6 – le nickel : Ni
– les COV (composés organiques volatiles) – le mercure : Hg
– les hydrocarbures aromatiques polycycliques : 6
(HAP)

5.3. Les dérivés gazeux du carbone, du soufre et de l'azote


5.3.1. Le dioxyde de carbone (CO2)
Le dioxyde de carbone, aussi appelé gaz carbonique ou anhydride carbonique, est un composé
inorganique dont la formule chimique est CO 2, la molécule ayant une structure linéaire de la forme O=C=O. Il
se présente, sous les conditions normales de température et de pression, comme un gaz incolore, inodore, à
la saveur piquante.

L’air contient aujourd’hui environ 0,04 % de CO 2. À partir d’une certaine concentration dans l’air, ce gaz
s’avère dangereux voire mortel. C'est ainsi un gaz à effet de serre majeur, transparent en lumière visible mais
absorbant dans le domaine infrarouge, de sorte qu'il tend à bloquer la réémission vers l'espace de l'énergie
thermique reçue au sol sous l'effet du rayonnement solaire. Il est responsable d'environ 26 % de l'effet de
serre à l'œuvre dans l'atmosphère terrestre (la vapeur d'eau en assurant 60 %) ; l'augmentation de sa
concentration est en partie responsable du réchauffement climatique constaté à l'échelle de notre planète
depuis les dernières décennies du XXe siècle (Wikipedia, 2002b).

- Émission de dioxyde de carbone


Une émission de dioxyde de carbone est un rejet de ce gaz dans l'atmosphère terrestre, quelle qu'en
soit la source.
Les émissions de CO2 dans l'atmosphère terrestre peuvent être d'origine naturelle ou d'origine
anthropique, c'est-à-dire issues des activités humaines. La source anthropique est en forte croissance depuis
quelques décennies. Une fois émis, le gaz est en partie absorbé par les puits de carbone naturels. Cette
absorption a doublé de 1960 à 2010, mais la moitié du CO 2 rejeté par les activités humaines s'accumule dans
l'atmosphère, de sorte qu'en novembre 2020, la concentration de CO 2 atmosphérique a atteint 413 ppm
(parties par million), alors qu'elle était de l'ordre de 280 ppm jusqu'à la révolution industrielle. Cette
augmentation intensifie l'effet de serre, ce qui cause un réchauffement climatique ( Wikipedia, 2022a). Sur
l’année 2021, 36,4 milliards de tonnes de dioxyde de carbone ont été émis dans l’atmosphère. Un record
absolu, mis en avant dans une analyse produite par l’Agence internationale de l’énergie et publiée le 8 mars
2022 (numerama, 2022).

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5.3.2. Le monoxyde de carbone (CO)
Le monoxyde de carbone est le plus simple des oxydes du carbone. La molécule est composée d'un atome de carbone
et d'un atome d'oxygène ; sa formule brute s'écrit CO et sa formule semi-développée C≡O ou |C≡O|.

Le Monoxyde de carbone est un polluant primaire. C'est un gaz incolore, inodore et non irritant, indétectable par les
mammifères qu'il est particulièrement toxique. Il est plus léger que l'air et constitue le plus abondant et le plus
répandu de tous les polluants atmosphériques présentant une toxicité pour l’Homme. Dans les conditions naturelles, il
se rencontre dans l’air à des concentrations très réduites comprises entre 0.005 ppm (v) et 0.2 ppm (v) étant admises
pour l’ensemble de la troposphère (freyer, 1979). Dans les carrefours aux moments d’embouteillage, les valeurs de CO
dépassent 100 ppm. Celles-ci excèdent le seuil de nocivité estimé à 50 ppm pour les effets neurotoxiques lors
d’expositions prolongées. Dans les zones reculées de l’hémisphère nord, ont été détectées 0.025 ppm. En Alaska, les plus
faibles concentrations observées varient de 0.055 à 0.260 ppm.
 Formation du monoxyde de carbone lors des combustions
Le monoxyde de carbon CO se fitness lors de la combustion incomplète de matières organiques (gaz, charbon, fioul
ou bois, carburants). Lorsque l'oxygénation du foyer est insuffisante pour brûler complètement les gaz formés à partir de
la matière, mais que la réaction est assez exothermique pour élever et maintenir la température au-delà de 950 °C, le
monoxyde de carbone se forme préférentiellement au dioxyde de carbone, selon l'équilibre de Boudouard. En dessous de
ce seuil, la molécule CO est métastable, a fortiori à température et pression ambiantes. Elle se décompose toutefois très
lentement, et surtout au contact de surfaces pour former du dioxyde de carbone et du carbone. C'est selon cette réaction
réversible que le carbone est transporté au cœur des procédés sidérurgiques ou, plus surprenant, au cœur de mécanismes
biochimiques in vivo.
 Sources du monoxyde de carbone atmosphérique
Le volcanisme, certaines fermentations en milieu anaérobie (vases dans des biotopes lentiques), les décharges
électriques dans la troposphère, les incendies de forêts, représentent les principales sources naturelles de CO. Les
principales sources technologiques de CO proviennent des combustions : combustion des charbons et des fuels,
incinération des déchets urbains et émissions des véhicules à moteur (le CO représente jusqu’à 11% des gazes
d’échappement de ces automobiles) (tableau 3). Cependant, des êtres vivants marins semblent intervenir de façon
significative dans la production naturelle de ce gaz. On cite les algues brunes, les flotteurs de Fucus sp., les méduses du
genre Physalia. Ces diverses sources biologiques sont la cause essentielle de la présence de ce gaz à saturation dans les
eaux océaniques. L’océan dégage chaque année de l’ordre de 50 millions de tonnes de CO dans l’atmosphère. La source
majeure de ce gaz dans l’air résulte de l’oxydation des terpènes et autres hydrocarbures produits la végétation terrestre
(Tab. 04).
Tableau 04 : Estimation à l’échelle biosphérique des sources d’émissions naturelles et anthropogéniques de monoxyde de
carbone

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Une autre source biogéochimique importante du CO est l’oxydation abiotique du méthane (CH4). Ce
phénomène résulte surtout d’une chaîne de réactions qui prennent lieu essentiellement dans la
stratosphère:
CH4 + OH CH3 + H2O

A partir du CH3, une cascade de réactions avec des radicaux libres dus à la dissociation de l’eau va ensuite produire le
composé CH3O. Ce dernier va être à son tour oxydé en HCHO qui sera transformé en CO par le rayonnement UV selon
la réaction :
HCHO + hv (λ< 360 nm) CO +H2

 Devenir du monoxyde de carbone atmosphérique

Il existe des processus biogéochimiques efficaces qui décomposent le CO et le transforment en d’autres composés.
La principale voie de neutralisation abiotique du CO tient en son oxydation en gaz carbonique par réaction avec un
hydroxyle :
CO + OH CO2 + H+

Cependant, le rôle des êtres vivants dans l’extraction de ce gaz semble être le facteur le plus important dans le maintien
de la constance de sa teneur moyenne dans l’atmosphère. En effet, la flore bactérienne du sol telle que Bacillus
oligocarbophilus et bacterium formicum absorbent efficacement le CO et le transforment en CO 2 et/ou en CH4 selon
qu’elles disposent ou non d’un donneur d’hydrogène.

La respiration végétale pourrait aussi constituer un processus important d’élimination de ce gaz de l’air. Inoffensif
pour les végétaux aux concentrations ordinaires, il interfère cependant avec les réactions de la chaîne respiratoire et il
présente une nette phytotoxicité à des taux plus élevés.

Malgré la diversité et l’importance des mécanismes biogéochimiques dégradant le CO atmosphériques, ces derniers ne
parviennent plus à éliminer entièrement la totalité des excédents de CO produits par l’action de l’homme. Ainsi on
atteste la croissance observée depuis quelques décennies de sa teneur dans l’air estimée à 0.7% par an.

5.3.3. Le dioxyde de soufre (SO2)


Le dioxyde de soufre, également appelé anhydride sulfureux (nom qui n’est plus employé en chimie), est un
composé chimique de formule SO2 (O=S=O). Il s'agit d'un gaz incolore, à l’odeur piquant, dense et toxique,
dont l'inhalation est fortement irritante.

- Les principales sources


Il se rencontre dans l'air à l'état de traces infinitésimales en l'absence de toute source de pollution. On estime que sa
concentration moyenne dans la troposphère des zones reculées est comprise entre 0,01 et 0,2 ppb. Le volcanisme en
constitue la principale source naturelle ainsi que l'oxydation spontanée de l'hydrogène sulfuré et des sulfures de méthyle
et de diméthyle produits par des fermentations en divers biotopes aquatiques. Cependant, depuis de nombreuses
décennies, les dégagements de SO 2 d'origine technologique en milieu continental excèdent de plus en plus largement ceux
provenant de sources naturelles. Les rejets totaux de dérivés gazeux du soufre d'origine anthropogène dans l'atmosphère
pouvaient être estimés atteindre à l'échelle globale 100 millions de tonnes par an.
- Les causes de pollutions
La principale cause de pollution atmosphérique par le dioxyde de soufre réside dans les combustions, plus
particulièrement celles liées à l'usage des combustibles fossiles. En effet, ces derniers -exception faite du gaz naturel
(qui est désulfuré avant usage si nécessaire) -renferment des teneurs parfois importants en soufre. Parmi les dérivés
pétroliers, le gazole mais surtout les fuels renferment du soufre. Il convient aussi de noter que les incendies de forêt et

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de façon plus générale du couvert végétal introduisent aussi du SO 2 dans l'atmosphère. La métallurgie des métaux non
ferreux représente la seconde cause de pollution de l'air par le dioxyde de soufre. La première étape de l'extraction du
métal consiste à une oxydation de la pyrite ; ainsi dans le cas de la pyrite cuivreuse on aura la réaction :
CuS + 3/2O2 CuO + SO2
Ainsi, une usine qui traite 1 000 tonnes par jour de pyrite cuivreuse rejette quotidiennement dans l'atmosphère 600 t de
SO2. Enfin, diverses industries chimiques comme celles de la synthèse de l'acide sulfurique peuvent contaminer l'air en
l'absence de mesures adéquates de protection.
- Le devenir de SO2
Le SO2 émis dans l'atmosphère n'y demeure pas indéfiniment car il y subit diverses transformations qui font partie du
cycle biogéochimique naturel du soufre dans la biosphère. En présence de lumière ultra-violette, le dioxyde de soufre
est transformé en anhydride sulfurique selon la réaction :
SO2 + 1/2O2 SO3 + 22 kcal (1)
SO3 + H2O H2SO4 (2)

Par ailleurs, au contact de la vapeur d'eau atmosphérique il se forme de l'acide sulfureux.


SO2+ H2O H2SO3 + 18 kcal (3)
Ultérieurement, l'acide sulfureux forme, instable, se transforme spontanément en acide sulfurique :
H2SO3+ 1/2O2 H2SO4 (4)
Enfin, un autre type de réaction intervient dans les atmosphères contaminées :
SO2 + NO2 + H2O H2SO4 + NO (5)
Catalysée par la lumière solaire, cette réaction peut s'effectuer à des concentrations en dioxyde de soufre et de
peroxyde d'azote aussi basses que 0,5 ppm.
Dans un cas comme dans l'autre, l'acide sulfurique forme, très hygroscopique, forme des brouillards responsables de la
toxicité des smogs acides qui apparaissent dans les atmosphères urbaines polluées sons climat tempéré froid et humide.
Cet acide est aussi la cause majeure du phénomène des précipitations acides qui affecte de nos jours d'immenses
surfaces dans l'hémisphère Nord tempéré.
En règle générale, l'acidité forte des pluies est due pour 72 % à l'acide sulfurique et à 28 % pour l'acide nitrique. L'acide
sulfurique présent dans l'atmosphère réagit ensuite avec l'ammoniaque et d'autres cations de divers métaux donnant
des sulfates solides, souvent solubles dans l'eau qui sont ramenés au sol par les précipitations. Des concentrations
i m p o r t a n t e s en dioxyde de soufre peuvent provoquer de nombreuses pathologies respiratoires. Il peut entraîner
des inflammations bronchiques, une altération de la fonction respiratoire, et des symptômes de toux.

5.3.4. Les oxydes d'azote (NOx)


On compte parmi ces derniers le protoxyde d'azote encore dénommé oxyde nitreux (N2O), Ie monoxyde d'azote
(NO) et le dioxyde d'azote NO2.

a) Le protoxyde d'azote (N2O): c'est le plus abondant des NOx dans les atmosphères non polluées avec une
concentration moyenne de 0,25 ppm. II s'agit d'un puissant gaz à effet de serre, car son potentiel de réchauffement
climatique est 290 fois supérieur à celui du CO 2 de sorte que ses dégagements interviennent dans les changements
climatiques globaux dus à la pollution atmosphérique par ses rejets. En revanche, en dépit de ses effets
neurotropes ce, dernier ne joue pas un rôle majeur dans la pollution atmosphérique urbaine. En effet, sa
concentration dans l'air des villes n'est pas significativement modifiée par des sources technologiques. En réalité, la
principale source technologique de N2O à l'atmosphère est due à la dénitrification des nitrates utilisés à vaste
échelle comme engrais chimiques et concerne donc l'espace rural.

b) Le monoxyde d'azote : Le monoxyde d'azote, oxyde azotique, oxyde nitrique ou NO est un composé chimique

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formé d'un atome d'oxygène et d'un atome d'azote. C'est un gaz dans les conditions normales de température et de
pression. C'est un important neurotransmetteur chez les mammifères ; dissous, il franchit facilement les membranes
biologiques et passe d'une cellule à l'autre, constituant un « messager paracrine idéal »

Ce gaz peut être synthétisé en faibles quantités par de nombreux organismes, dont le corps humain. Dans la nature, à
haute température, le diazote et le dioxygène réagissent pour donner le monoxyde d'azote, par exemple sous l'effet
de la foudre.

L'activité humaine a radicalement modifié la production de monoxyde d'azote dans la biosphère, en raison de la
formation de grande quantité de ce gaz dans la chambre de combustion des moteurs à explosion, dans certaines
chaudières et moteurs industriels et lors de certains processus de l'industrie chimique. Un des buts des pots
d'échappement catalytiques est d'inverser cette réaction et diminuer les émissions de ce gaz.

c) Le dioxyde d’azote (NO2): Ce gaz, encore dénommé peroxyde d'azote, constitue avec le NO, à l'opposé du
précédent, l’un des polluants majeurs de l'air et présente une importance fondamentale dans tous les problèmes
de pollution atmosphérique. C’est un gaz stable, fortement coloré en jaune, qui réduit beaucoup la visibilité
atmosphérique et confère dans la plupart des cas une coloration brunâtre caractéristique aux masses d'air qui
recouvrent les zones urbanisées.

Par ailleurs, les propriétés physiques particulières de ce gaz, se traduisant par une forte absorption des
ultraviolets, provoquent sa dissociation par l’énergie lumineuse absorbée selon la réaction:

NO2 + hv NO + O2- + 72 kcal (1)


Il engendrera alors une pollution de l'air dite photochimique car générée par l’exposition aux rayonnements du NO2 et
de ces produits de décomposition avec d’autres contenus dans l'air pollué: dioxyde de soufre, oxygène, hydrocarbures.
Parmi les diverses substances formées, certaines comme les peroxyacylnitrates (PAN), sont phyto-toxiques et très
irritantes pour la conjonctive.
La présence de dioxyde d'azote dans l'atmosphère résulte en partie significative d’une réaction secondaire qui s'y
effectue de façon spontanée avec le monoxyde d’azote. On constate, en effet, que les gaz d'échappement des
automobiles et en général tous ceux produits par combustion à haute température renferment beaucoup de monoxyde
que de peroxyde d’azote. Ce dernier se forme pendant la réaction qui a lieu au cours de la phase de dilution dans l’air
des gaz brûlés. Celle-ci a pour équation :
2 NO + O2 2 NO2 + 28,4 kcal (2)
Cette réaction a tendance à s’effectuer en sens inverse au-dessus de 600° C ce qui explique la prépondérance du
monoxyde d’azote dans les gaz émis par les échappements. Dans les zones urbaines fortement polluées, la
concentration du peroxyde d'azote peut dépasser 0,1 ppm (Fig.01).

1
Figure 1. Variation de la concentration dans l’atmosphère en divers polluants au cours d’une journée
dans les parties basses de Los Angeles

2.4. Les composés organiques

2.4.1. Les composés organiques volatiles – COV


Les composés organiques volatils (COVs) sont des espèces gazeuses qui regroupent un grand nombre de
composés contenant du carbone et de l’hydrogène (hydrocarbures), voire de l’oxygène dans les cas des
hydrocarbures oxygénés. S’ils contiennent d’autres éléments comme du chlore, de l’azote, du fluor, du
soufre, ou du phosphore, qui rentrent dans la catégorie générique des COVs. Ils ont de nombreux effets sur
la santé. Certains sont toxiques ou cancérigènes (notamment le benzène).

Les COVs sont des composés organiques pouvant facilement se trouver sous forme gazeuse dans
l'atmosphère terrestre, en constituant ainsi une famille très large de produits. Ces composés ont la
particularité d'avoir un point d'ébullition très bas, ils s'évaporent ou se subliment facilement depuis leur
forme solide ou liquide. Cela leur confère l'aptitude de se propager plus ou moins loin de leur lieu d'émission,
entraînant des impacts directs et indirects sur les animaux et la nature.

À l'échelle globale, ces COV sont à 10 % d'origine anthropique (provenant du raffinage, de l'évaporation de
solvants organiques, imbrûlés, etc.) et à 90 % d'origine biotique (COVB ou COV biogéniques émis par les
plantes ou certaines fermentations). Selon les cas, ils sont plus ou moins lentement biodégradables par les
bactéries et champignons, voire par les plantes, ou dégradables par les rayonnements UV ou par l'ozone.

Les COV regroupent une multitude de substances et ne correspondent pas à une définition très rigoureuse.
Les hydrocarbures appartiennent aux COV et on fait souvent l’amalgame à tort. Ceci est sans doute dû au
fait que l’on exprime souvent les COV en hydrocarbures totaux (notés HC), en équivalent méthane ou
propane, ou par rapport à un autre hydrocarbure de référence.

Il est fréquent de distinguer séparément le méthane (CH4) qui est un COV particulier, naturellement présent
dans l’air, des autres COV pour lesquels on emploie alors la notation COVNM (Composés Organiques Volatils
Non Méthaniques). En outre, ces COVNMs, principalement les hydrocarbures, interviennent dans le

1
processus de production d’ozone dans la basse atmosphère. Les COVNMs entrent dans la composition des
carburants mais aussi de nombreux produits courants contenant des solvants (peintures, colles…). Ils sont
émis soit par combustion, soit par évaporation, et dans ces cas, ils contribuent fortement à la pollution
urbaine ou industrielle et à la production d’ozone dans les panaches pollués. Néanmoins l’essentiel des
émissions des composés organiques volatils est d’origine naturelle, les espèces végétales, dont les arbres,
émettant une grande variété de COVs.
Parmi ces composés organiques volatiles, on peut distinguer différentes familles de (Tab. 05, 06, 07, 08 et 09):
Tableau 05 : Quelques exemples de COVs, les plus importants en chimie atmosphérique (formules
chimiques, sources et puits principaux et intervalles de concentration dans l’atmosphère).
Classe Composé Formule Source principale Puits Gamme de
concentration
Méthane CH4 Processus microbiens, gaz naturel OH 1,7 ppm
Alcanes Ethane C2H6 Véhicules à moteur OH 0-100 ppb
Hexane C6H14 Véhicules à moteur OH 0-30 ppb
Ethène C2H4 Véhicules à moteur, OH, O3 0-100 ppb
Alcènes Propène C3H6 Véhicules à moteur, OH, O3 0-30 ppb
Isoprène C5H8 Végétation OH 0-30 ppb
Alcynes Acétylène C2H2 Combustions, véhicules OH 0-100 ppb
Benzène C6H6 Véhicules à moteur, OH
Aromatiques
Toluène C7H8 Véhicules à moteur OH
Formaldéhyde HCHO Véhicules à moteur hv, OH
Aldéhydes Acétaldéhyde CH3CHOO Véhicules à moteur hv, OH
Acroléine CH2CHCHO
Cétones Acétone CH3C(O)CH3 hv, OH 0-10 ppb
Acide formique HCOOH Pluie
Acides
Acide acétique CH3COOH Pluie
Alcools Méthanol CH3OH OH

Tableau 06 : Nomenclature de quelques familles des COVs

1
Tableau 07 : Description des grandes familles de composés organiques volatiles
Familles Description Exemple
Les alcanes sont des hydrocarbures saturés. Ils ne sont Méthane (CH4),
constitués que d'atomes de carbone (C) et d'hydrogène (H), Éthane (C2H6),
liés entre eux par des liaisons simples, les atomes de carbone Propane (C3H8),
Les alcanes sont reliés à un nombre maximal d'atomes d'hydrogène — Butane (C4H10)
d'où le nom de « saturé ». Les alcanes non cycliques …..
possèdent une formule brute de la forme CnH2n+2 où n est un .
entier naturel non nul. .
Les alcènes sont des hydrocarbures insaturés, caractérisés
par la présence d'au moins une double liaison covalente L'alcène le plus
entre deux atomes de carbone. Ces liaisons sont toujours de simple est
Les alcènes types covalents normales parfaites. Les alcènes non cycliques l'éthylène (nom
n'ayant qu'une double liaison possèdent une formule brute usuel de
de la forme CnH2n où n est un entier naturel supérieur ou l'éthène).
égal à 2. Ils sont très réactifs
Les diènes sont des hydrocarbures qui contiennent deux Le buta-1,3-diène
Les diènes
doubles liaisons. (butadiène)
Les terpènes (de l'allemand Terpen provenant de « das
Terpentin », la térébenthine) sont une classe
d'hydrocarbures, produits par de nombreuses plantes, en L'α-pinène;
particulier les conifères. Ce sont des composants majeurs de Le β-pinène;
Les terpènes la résine et de l'essence de térébenthine produite à partir de Le 3-carène;
résine. Les terpènes sont des métabolites secondaires qui se Le limonène;
rencontrent également chez les métazoaires (phéromones et Le carotène.
hormones sesquiterpéniques des hexapodes, diterpènes
d'organismes aquatiques (cnidaires, éponges)).
Aldéhydes,
Les composés Un composé oxygéné est un corps pur organique dont la
cétones, esters,
oxygénés molécule comporte au moins un atome d'oxygène.
alcool ...
Ils sont assez abondants et réactifs. Un hydrocarbure
aromatique ou arène1 est un hydrocarbure dont la structure
moléculaire comprend un cycle possédant une alternance
formelle de liaison simple et double, et respectant la règle de
Les Hückel sur l'aromaticité. Le terme d'« aromatique » fut
hydrocarbures donné à ces molécules avant la découverte du phénomène
Benzène, toluène
aromatiques physique d'aromaticité, et est dû au fait que ces molécules

mono ou ont une odeur en général douce.
polycycliques La configuration aromatique de six atomes de carbone est
nommée cycle benzénique, d'après le plus simple
hydrocarbure aromatique possible, le benzène. Les
hydrocarbures aromatiques peuvent être monocycliques ou
polycycliques.

1
Tableau 08 : Durée de vie approximative dans l’atmosphère et les sources caractéristiques des COV
courants en milieu urbain,. Les composés sont classés selon leur durée de vie dans l’atmosphère.
Les composés à durée de vie supérieure, comme l’éthane et le propane, sont moins réactifs et
mettent donc plus de temps à former des produits secondaires, tels que l’ozone.

Tableau 09 : Sources des COVs dans les logements

2.4.2. Les hydrocarbures aromatiques polycycliques HAP

Parmi les aromatiques, les hydrocarbures aromatiques polycycliques HAP constituent un groupe particulier en
raison de leurs caractéristiques chimiques et toxicologiques (cancérigènes) et ils font l’objet d’une
surveillance particulière du fait de leur dangerosité : ces composés sont très nombreux et les plus courants
sont : fluoranthène, benzo(b) fluoranthène, benzo(k) fluoranthène, benzo(a)- pyrène, benzo(ghi)perylène,
indeno (1,2,3- cd) pyrène (liste des 6 HAP prioritaires définie par l’U.E. et l’O.M.S.). On considère également
souvent : naphtalène, acenaphtylène, fluorène, phénantrène, anthracène, pyrène, benzo-(a) anthracène,
chrysène, dibenzo (ah) anthracène (ajouté aux 6 prioritaires), ils forment la liste des 16 HAP formée par l’EPA.
Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ont été déclarés des substances toxiques car ils répondent

1
aux critères de persistance, de bioaccumulation et de toxicité définis par divers organismes internationaux.
Les HAP proviennent de sources naturelles et anthropiques. Il s’agit d’un groupe de 100 substances
chimiques différentes qui sont produites pendant la combustion incomplète de charbon, de pétrole et de
gaz, de bois, de déchets et d’autres substances organiques. On les trouve généralement sous forme de
nombreux composés mélangés, dans des matériaux comme la suie. Les HAP s’introduisent dans
l’environnement pendant la phase gazeuse ou agglutinés à des particules, principalement la suie. Dans l’air
ambiant, 25 % des HAP adhèrent à des particules et 75 % se présentent sous forme gazeuse, à l’exception
des substances provenant des alumineries où le ratio est de 50-50. Les HAP sont aussi généralement
concentrés près de sources ponctuelles spécifiques et leurs concentrations semblent diminuer rapidement à
mesure qu’ils s’éloignent de leur source.

2.4.3. Les Produits Organiques Persistants (POP)


Ce qui caractérise les POPS : leur persistance : les molécules des POPs résistent aux dégradations
thermiques, chimique ou biologique. Ce qui leur confère une persistance dans l’environnement et dans
l’organisme humain, avec une demi‐vie de l’ordre de 7 à 10 ans. Cette persistance est à l’origine de leur
capacité de bioaccumulation dans les tissus vivants. Elle explique également leur transport sur de longues
distances ; les POPs peuvent se retrouver à plusieurs centaines de kilomètres de leurs sources d’émission,
leur impact sanitaire est avéré pour la santé humaine.

Il existe douze composés organiques toxiques à basse concentration. Ce sont des résidus industriels
souvent toxiques, mutagènes et cancérigènes, qui interfèrent avec notre système hormonal et sexuel. La liste
la plus communément admise est la suivante : Trichloroéthylène (TRI), Trichloroéthane (TCE),
Tetrachloroéthylène (PER), Dioxines et furanes (Diox), Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP),
Polychlorobiphényls (PCB) et Hexachlorobenzène (HCB).

Ils sont semi-volatiles et circulent plus ou moins bien dans l’air, en fonction de la température de celui-
ci : dans les endroits froids, leur volatilité est réduite et ils se concentrent donc dans les régions tempérées
et polaires.

Ils sont lipophiles (faible solubilité dans l’eau mais forte dans les graisses), avec attirance forte pour les
tissus adipeux où ils se concentrent généralement (forte bioaccumulation). Ils ont égale- ment une durée de
vie très longue (persistance dans le milieu).

2.4.4. Les sources de COV

Les sources de COV sont très nombreuses, les émissions sont dues à certains procédés industriels
impliquants la mise en œuvre de solvants (chimie de base et chimie fine, parachimie, dégraissage des
métaux, application de peinture, imprimerie, colles et adhésifs, caoutchouc, etc.…), ou n’impliquant pas de
solvants (raffinage du pétrole, utilisation de CFC, production de boissons alcoolisées, de pain, etc.).
L’utilisation de combustibles dans des foyers contribue un peu aux émissions mais sans aucune comparaison
avec les proportions indiquées pour SO2 et NOx. On retrouve au premier rang des émetteurs les transports
(surtout automobiles). On notera également que la biomasse est fortement émettrice (forêts), sans oublier
non plus les émissions liées aux produits domestiques (peinture, produits d’entretien, parfums et
cosmétiques, journaux, tabac, etc.).

Voici quelques exemples de COV associés à des sources courantes (sources intérieures). Cette liste reflète
la diversité des sources et des substances regroupées sous la dénomination COV :
– (+/-) alpha pinène Désodorisant, parfum d’intérieur, produit d’entretien

1
– 1,4 dichlorobenzène : Anti-mite, désodorisant, taupicide
– 111-trichloroéthane : Formulations de colle
– 124-triméthylbenzène : Solvant pétrolier, carburants, goudrons, vernis
– 1-methoxy-2-propanol : Laques, peintures, vernis, savons, cosmétiques
– 2-butoxyéthanol : Peintures, vernis, fongicides, herbicides, traitement du bois, calfatage siliconé
– 2-ethoxyéthanol Peintures, laques, vernis
– Benzène : Carburants, fumée de cigarette, produits de bricolage, d’ameublement, de construction et de
décoration
– Butyl-acétate : Parquet, solvants
– cyclohexane : Peintures, vernis, colles
– Décane : White-spirit, colles pour sol, cires, vernis à bois, sol, moquettes, tapis
– Ethyl-benzène : Automobile, cires
– Limonène : Désodorisant, parfum d’intérieur, cires, nettoyants sol
– Mp-xylène et O-xylène Peintures ; vernis, colles, insecticides
– Styrène : Matières plastiques, matériaux isolants, automobile, fumée de cigarette
– Tétrachloroéthylène : Nettoyage à sec, moquettes, tapis
– Toluène : Peintures, vernis, colles, encres, moquettes, tapis, calfatage siliconé, vapeurs d’essence
– Trichloroéthylène : Peintures, vernis, colles, dégraissant métaux
– Undécane : White-spirit, colles pour sol, cires, vernis à bois, nettoyants sol.

Ci-dessous figurent des substances appartenant à la famille des aldéhydes, souvent associés à la
pollution dans les ambiances intérieures et potentiellement responsables d’effets sur la santé :
– Formaldéhyde : Photochimie, panneaux de particules, panneaux de fibres, panneaux de bois brut,
émissions des livres et magazines neufs, peintures à phase solvant, fumée de cigarettes, photocopieurs
– Acétaldéhyde : Photochimie, fumée de cigarettes, photocopieurs, panneaux de bois brut, panneaux de
particules
– Benzaldéhyde : Peintures à phase solvant, photocopieurs, parquet traité
– Hexaldéhyde : Panneaux de particules, émissions des livres et magazines neufs, peintures à phase solvant,
produit de traitement du bois (phase aqueuse), panneaux de bois brut
– Isobutyraldéhyde/butyraldéhyde : Photocopieurs
– Isovéraldéhyde : Parquet traité, panneaux de particules
– Valéraldéhyde : Emissions des livres et magazines neufs, peintures à phase solvant, panneaux de
particules

Les sources potentielles de rejets des HAP sont :


– la combustion de déchets de bois et d’écorces par les chaudières industrielles ;
– les chaudières industrielles au gaz, au charbon, au pétrole et aux déchets pétroliers ;
– les centrales électriques, les fours électriques à arc ;
– le reformage catalytique pétrolier ;
– la fabrication de bardeaux d’asphalte, les usines de préparation d’enrobé à chaud ;
– les fonderies de métaux ferreux, les fours à coke, les usines de pâtes et papiers, les alumine- ries ;
– la production de noir de carbone ;
– la préservation du bois ;
– les incinérateurs.

Les HAP sont naturellement présents dans le pétrole brut et ils le demeurent dans les produits raffinés.
Mais ils sont également rejetés par des sources naturelles : les feux de forêt, qui libèrent près de 2 000
tonnes de HAP par an, sont sans doute la plus grande source naturelle de HAP. Ce- pendant, ces rejets étant

1
généralement très éloignés dans le temps et dans l’espace, ils n’entraînent pas de risque d’exposition
continue. Le dépôt atmosphérique provenant de sources à l’extérieur des pays constitue une autre voie
d’entrée significative.

2.5. Les métaux lourds :


Les métaux lourds désignent en général les métaux dont le poids atomique est supérieur à celui du fer.
Ces métaux sont parfois également désignés par le terme de métaux traces ou d’éléments traces
métalliques. On considère en général les métaux lourds suivants : Arsenic (As), Cadmium (Cd), Chrome (Cr),
Cuivre (Cu), Mercure (Hg), Nickel (Ni), Plomb (Pb), Sélénium (Se), Zinc (Zn).
Chaque métal possède des caractéristiques et un impact propre. Néanmoins, on distingue selon le
protocole d’Aarhus (1998) (UNECE, 2022), signé dans le cadre de la Convention sur la pollution
atmosphérique transfrontalière à longue distance initiée par l’UNECE, trois espèces de métaux lourds
considérées comme particulièrement nocives : le mercure, le plomb et le cadmium, qui font actuellement un
objet de préoccupations pour les instances concernées par la pollution atmosphérique.

2.5.1. . 1 . Le mercure (Hg) :


Le mercure, élément chimique de numéro atomique 80, est le seul métal liquide à la température
ambiante. Il tire son symbole Hg du mot grec latinisé hydrargyrum (argent liquide). Le mot actuel a été
introduit au vie siècle par les alchimistes qui le représentaient par le symbole de la planète Mercure.

Les principales propriétés physiques sont données dans la figure suivante. Le mercure possède huit
isotopes naturels : sept stables, de nombres de masse 202 (29,86 p. 100), 200 (23,10 p. 100), 199 (16,87
p. 100), 201 (13,18 p. 100), 198 (9,97 p. 100), 204 (6,87 p. 100), 196 (0,15 p. 100), et un radioactif secondaire,
de nombre de masse 206 (traces, demi-vie 8,15 min, descendant de l'uranium 238) ; il existe de nombreux
isotopes artificiels. À l'état solide, la structure du mercure est rhomboédrique ; c'est le plus volatil de tous
les métaux ; sa vapeur est monoatomique (le mercure étant le seul élément, en dehors des gaz rares, qui
donne une vapeur monoatomique à des températures relativement basses).

Mercure liquide à Gouttes de mercure (se Quelques propriétés physiques du mercure


température ambiante divisant en gouttelettes (universalis, 2022)
lorsqu'il est agité)
Figure 02: Quelques photos et propriétés physiques du mercure

Le mercure se combine très aisément avec d’autres composés et a une volatilité importante. Pour le
mercure métallique (inorganique), on le retrouve sous forme gazeuse, liquide ou ionique. Mais le mercure
peut également se combiner avec du gaz carbonique et on parle alors de mercure organique. Le mercure est
très sensible à l’acidité du milieu. Il est extrêmement toxique et a des effets sur le système nerveux. La
volatilité importante du mercure en fait un polluant important dans les études de pollution transfrontière
(Tab.10).

1
Tableau 10 : Quelques propriétés des halogénures mercuriques
Halogénure Point de fusion en Point d'ébullition Solubilité en moles/100 moles à 25°C
C° en C° Dans l'eau Dans l'alcool
HgF2 645 650 Hydrolysé Insoluble
HgCl2 280 303 0.48 8.14
HgBr2 238 318 31.10-3 3.83
-5
HgI2 257 351 23.10 0.396
Source: (universalis, 2022)

- Les formes du mercure dans l'atmosphère :

Le mercure est présent dans l’atmosphère sous différentes formes physiques et chimiques qui sont
communément réparties en trois classes : le mercure élémentaire Hg(0), le mercure oxydé Hg(II) et le
mercure particulaire HgP. Ces différentes formes se retrouvent aussi bien dans la phase gazeuse que dans la
phase aqueuse atmosphérique. Le mercure élémentaire en phase gazeuse, avec des concentrations de fond
dans l’air de l’ordre de 1,5 à 2 ng/m 3, représente de loin la part la plus importante en masse (plus de 95 %).
Bien que les doses et les effets puissent varier d’une forme à l’autre, ces concentrations restent très en deçà
des niveaux dangereux pour la santé humaine par simple inhalation. On peut remarquer que des niveaux
bien plus élevés peuvent être constatés localement près de sources majeures comme par exemple une usine
de chlore-alcali. On notera que l’on se place ici dans le cadre d’une problématique de modélisation à l’échelle
continentale qui n’est pas adaptée à l’étude de la pollution locale [Roustan et al, 2006].

C’est sa faculté de bioaccumulation et sa capacité à causer des lésions sévères ciblées dans l’organisme,
en particulier sur le système nerveux, qui justifie que l’on s’intéresse au mercure. Une attention particulière
doit donc être portée aux phénomènes de transfert du mercure vers les écosystèmes.

La pression de vapeur saturante élevée du mercure élémentaire explique sa présence à l’état gazeux dans
l’atmosphère. Ses relativement faibles réactivités chimiques et solubilité lui confèrent une durée de vie
importante de l’ordre de l’année. En comparaison, les temps de résidence des autres espèces sont
nettement plus réduits, de l’ordre d’une heure à une journée pour les espèces oxydées et d’une journée à
une semaine pour les espèces particulaires. Ces différences s’expliquent principalement par des solubilités
bien plus importantes pour les espèces oxydées, ce qui favorise aussi bien leur lessivage par les nuages et les
précipitations que le dépôt sec en surface. Ce sont ces phénomènes qui sont responsables du transfert du
mercure de l’atmosphère dans les milieux vivants et de son accumulation tout au long des chaînes
alimentaires.

- Les émissions

Les émissions de mercure sont d’origines anthropogéniques (centrales électriques à charbon,


incinérateurs de déchets, industrie chimique liée au chlore…) mais aussi naturelles (volcan, érosion des
sols…). Le mercure est également soumis au phénomène de réémission dans l’atmosphère, qui correspond à
la remise en circulation de mercure précédemment déposé. Ce sont des phénomènes biochimiques dans le
sol et l’eau qui sont à l’origine de ce processus.

L’évaluation des émissions est incertaine aussi bien pour les masses émises que pour la spéciation
chimique. Les données concernant les émissions naturelles sont peu nombreuses bien que celles-ci soient
estimées comme étant comparables, voire parfois supérieures, aux émissions anthropogéniques. Les flux
moyens sur l’Europe pour l’année 2001 sont ainsi évalués à 10 g/km2/an pour ce qui est des émissions
anthropogéniques, 6 g/km2/an pour les émissions naturelles et 2 g/km2/an sont attribuées à la réémission.

1
Ces chiffres sont issus des données fournies par le Meteorological Synthesizing Centre-East (MSC-E) du
programme EMEP en charge de l’élaboration des inventaires d’émissions des métaux lourds pour les pays de
la région EMEP (lodel, 20..).

2.5.2. Le plomb et le cadmium

- Le plomb est l'élément chimique de numéro atomique 82, de symbole Pb. Dans les conditions standard le
corps simple plomb est un métal malléable et gris bleuâtre, qui blanchit lentement en s'oxydant. Le mot
plomb et le symbole Pb viennent du latin plumbum (le métal plomb). Le plomb appartient au groupe 14
et à la période 6 du tableau périodique. C'est le plus « lourd » des éléments stables.

Le plomb (Pb) constitue en valeur moyenne 12,5 ppm (parties par million) de la croûte terrestre (20 ppm
dans les granites et 5 ppm dans les basaltes), ce qui le place, parmi les métaux industriels, entre le cuivre
(35 ppm) et l'étain (2 ppm). Le plomb, par sa présence, naturelle, a ainsi fasciné l'homme, des alchimistes
qui ont longtemps rêvé de lui faire acquérir le brillant incomparable de l'or (bien plus que la pyrite –
l'« or des fous » –, sulfure de fer, bien moins malléable) jusqu'aux métallurgistes du milieu du xxe siècle.
Et bien avant encore, comme l'ont montré les travaux des archéologues. Dans la nature, le plomb est
presque toujours associé à d'autres atomes. Sa plus grande concentration est connue dans la galène
(PbS), où il est associé au soufre. Ce sulfure [cf. sulfures et sulfosels naturels] a été longtemps exploité
car ses gisements pouvaient aussi contenir de l'argent. Mais le plomb est associé à de nombreux métaux
pour donner une gamme étendue de minéraux mineurs ou accessoires dans les paragenèses de métaux
de base, notamment le zinc ; il en résulte que la production annuelle de plomb et son prix sont
relativement dépendants des fluctuations de l'offre et de la demande d'autres métaux.

- Le cadmium est l'élément chimique de numéro atomique 48, de symbole Cd. Sa masse molaire atomique
est de 112,4 g/mol. C'est un métal blanc argent, légèrement bleuté. Il est très malléable et ductile. Son
abondance dans la lithosphère est estimée à 0,15 g/t, c'est donc un métal relativement rare. Il n'existe
pas de minerais de cadmium en quantités métallurgiquement exploitables ; le plus connu est la
greenokite (sulfure de cadmium à 77,8 p. 100 de métal) ; il révèle sa présence dans les minerais de zinc
par des taches jaunâtres. Le cadmium est principalement extrait des minerais de sulfure de zinc
(blendes), mais, comme ceux-ci sont associés généralement au plomb et souvent au cuivre, le cadmium
provient également de quelques usines métallurgiques où la production du plomb et quelquefois du
cuivre l'emporte sur celle du zinc. De toute façon, la métallurgie du cadmium est dérivée directement de
celle du zinc.

Nodules de plomb purs (99,989 %), raffinés


par électrolyse, à côté d'un cm3 cube de Cristal et cube de cadmium pur
plomb, pour comparaison de taille.
Figure 03: Photos de plomb et de mercure. Source: www.pse-mendelejew.de

1
- Les émissions de plomb et de cadmium

Les émissions de plomb sont souvent anthropiques et connaissent de forts changements quant à leurs
origines. Jusqu’à peu, le secteur du transport était de loin la principale source (plus de 90 % des émissions en
France en 1990 selon le CITEPA), car le plomb a été pendant longtemps additionné à l’essence du fait de son
pouvoir antidétonant. Cependant, les lois sur les carburants sans plomb font que les émissions des industries
manufacturières (métallurgie des métaux non-ferreux notamment) deviennent prépondérantes (90 % des
émissions en France actuellement). L’incinération des ordures représente aussi une source considérable (10
% des émissions). Les sources naturelles identifiées correspondent aux volcans et au phénomène de re-
suspension des poussières de surface, leur contribution pouvant s’élever pour chacun à 20 % des émissions
totales de plomb dans l’atmosphère (Allen et al, 2001). Les données officielles du MSC-E pour l’année 2001
donnent les chiffres de 285 g/km2/an pour les émissions naturelles et 490 g/km2/an pour les émissions
anthropiques.

Pour le cadmium, il est majoritairement émis par les industries métallurgiques (environ 70 % des
émissions anthropiques en France), the combustion de fuel liée à the transformation d’énergie (15 %) et le
secteur résidentiel/tertiaire (15 %). La source naturelle prédominante correspond à l’activité volcanique qui
produit 20 % des émissions totales (Allen et al, 2001). La tendance semble être à la diminution des émissions
anthropiques en liaison avec les progrès techniques dans les procédés de manufacturing et le traitement des
fumées. D’après les inventaires du MSC-E les émissions anthropiques moyennes de cadmium seraient de
l’ordre de 76 g/km2/an alors que les émissions naturelles s'élèveraient à 15 g/km2/an.

- Les formes de plomb et de cadmium dans l'atmosphère

Le plomb et le cadmium, à l’instar de la plupart des métaux lourds présents dans l’atmosphère, se retrouvent
essentiellement incorporés dans les aérosols. Les concentrations typiques de ces composés sont de l’ordre
de 10 ng/m3 pour le plomb et de 0,1 ng/m3 pour le cadmium. La majeure partie est liée aux particules fines
et très fines. Ils ne constituent qu’un très faible pourcentage de la masse totale d’aérosol en suspension,
mais leur prise en compte nécessite de s’intéresser aux phénomènes concernant ces derniers. Les
concentrations dans l’air ne représentent pas une menace à proprement parler (même si, ici encore, des
concentrations élevées peuvent être constatées localement à proximité de sources importantes), mais la
bioaccumulation peut entraîner des troubles sérieux de l’organisme (anémie due au plomb ou lésions rénales
dues au cadmium par exemple). L’étude attentive des phénomènes de dépôt est de nouveau nécessaire.
Contrairement au mercure, le plomb et le cadmium sont considérés comme inertes chimiquement bien qu’ils
puissent se dissoudre en présence d’eau. Leur durée de vie dans l’atmosphère, de l’ordre d’une journée à
une semaine, est liée à celle des particules porteuses (Roustan et al, 2006).

2.6. Les Particules atmosphériques

Les particules sont une composante majeure des polluants atmosphériques. Elles sont considérées comme
une des principales causes de mortalité liées à la pollution. Leur état finement divisé recouvre des
appellations souvent confondues ainsi que des propriétés physiques et mécaniques mal connues. La
composition chimique des particules est également un paramètre très important pour les études de
pollutions atmosphériques.

2.6.1. Définition :
Une particule est souvent et improprement appelée un aérosol. En réalité le mot aérosol désigne
le mélange d’un gaz, en général l’air, et de fines particules solides ou liquides en suspension. Les

2
particules sont donc l’un des constituants d’un aérosol. Pour qu’elles restent en suspension dans le gaz, il
faut que leur vitesse de chute soit faible ou négligeable. On admet en général que les particules
(sphériques) d’un aérosol ont une dimension (ou diamètre) approximativement inférieure à 100 µm ou
0,1 mm.

2.6.2. Les différents types de particules et d'aérosols


Différents vocables sont utilisés pour décrire des types particuliers d’aérosols ou de particules
atmosphériques, souvent de façon erronée.
- Les aérosols : correspondent aux plus fines particules solides ou liquides en suspension, de dimension
inférieure à 100 micromètres. Ils désignent aussi un ensemble de particules invisibles, présentes dans
notre atmosphère dans des formes variées. À l’origine de plusieurs phénomènes essentiels à la vie, les
aérosols sont également des polluants impactant la santé et l’environnement
- Les poussières (dust en anglais): sont des particules solides, le plus souvent supérieure à 1 µm, mises en
suspension par des procédés mécaniques tels que l’érosion éolienne (exemples : tempête de sable,
cendres, poussières de route, pollens).
- La fumée (smoke ou fume en anglais): ce terme s’applique à des particules en général plus fines
provenant d’une combustion. En anglais fume désigne aussi des particules très fines provenant de la
condensation d’une vapeur.
- Les brouillards (fog et smog en anglais): sont formés par une suspension de gouttelettes liquides
résultant de la condensation d’une vapeur, ou encore d’une pulvérisation. Dans l’atmosphère près du sol
on utilise le terme brouillard lorsque la visibilité est réduite à moins de 1 kilomètre.
- Les particules : on emploie souvent ce terme lorsque la dimension est supérieure à 5 µm.
- Les brumes (mist ou haze en anglais): sont constituées par des gouttelettes plus petites ou par des
particules solides. Elles correspondent à un trouble de la visibilité moins important que les brouillards,
sauf cas exceptionnel de brume sèche dans les régions désertiques ou semi désertiques.

2.6.3. Les différentes sources de l'émission des particules

Les types de particules sont multiples car les sources d'émissions sont très nombreuses, principalement à
cause des activités humaines. Ainsi, dans une ville industrielle, l'air peut contenir plus de 3 millions de
particules par cm3, dans une ville aux activités plus tertiaires de 10 000 à 50 000 (soit 100 µg.cm-3) alors
qu'au-dessus de l'océan ou en montagne il n'y en a que quelques milliers, et dans un endroit exempt
d'émission seulement 100 à 20 particules par cm3 (Lyons T.J., Scott W.D, 1990). Les particules ont plusieurs
origines :

- Les particules d'origine naturelle:


On distingue les particules minérales :
 l'altération éolienne (poussières arrachés au sol par le vent) : argiles (inférieur à 2µm), limons (de 2 à
50 µm), sables fins (de 50 à 200 µm) ;
 les bris des vagues des océans : des sels marins sont injectés dans l'atmosphère ;
 les météorites (matière extra-terrestre) ;
 les poussières volcaniques ;
 les suies issues des feux de végétation ;

Et les particules organiques qui sont des formes vivantes microscopiques :


 bactéries, acariens, moisissures...
 graines aigrettées, pollen (de 30 à 40 µm), fibres végétales (champignons...)
 animales...

2
- Les particules d'origine anthropique :
Chaque année, les activités humaines produisent environ 300 millions de tonnes de poussières ! (Science
& Vie, mars 2012) Elles sont issues :
 de la combustion industrielle (hauts fourneaux et fours) ;
 des feux de cheminée ;
 des incinérateurs ;
 du ciment ;
 de la fumée de cigarette ;
 des épandages d'engrais azotés pour l'agriculture conventionnelle ;
 de l'élevage ;
 des transports (notamment routier), celles-ci sont généralement constituées de : charbon (carbone si
la combustion est incomplète), d'oxydes métalliques (fer, aluminium...), de ciment, de calcaire, de
silice, de goudron, etc.

2.6.4. Classification par taille et formes des particules


Il existe plusieurs classifications possibles pour les particules selon les effets qu'elles induisent sur la santé,
leurs caractéristiques physiques et chimiques, ou suivant les méthodes utilisées pour les définir...
Cependant, elles sont communément réparties en fonction de leur taille. Ainsi, on les mesure en donnant le
diamètre qu'aurait une sphère de comportement aérodynamique équivalent. Ceci n'est pas vrai pour les
particules fibreuses (comme l'amiante) qui nécessitent l'observation de prélèvements au microscope
électronique afin de les compter et les mesurer (Tab.11).

Dans le cadre de la pollution atmosphérique, on distingue généralement deux granulométries de particules ou


PM (PM est une abréviation de Particule de Matière) : Les PM10 (moins de 10 µm) et les PM2.5 (inférieur à 2.5
µm). Parmi les particules PM2.5, il faut distinguer celles inférieures à 2,5 µm qui peuvent pénétrer dans les
poumons et les particules ultrafines (moins de 0,1 µm) ; qu'elles peuvent pénétrer dans les vaisseaux sanguins.

Tableau 11 : Les différents particules en suspension selon leurs diamètre aérodynamique moyens.

Particules en suspension (TSP) Diamètre aérodynamique moyen


PM10 ≤ 10 µm
PM2.5 ≤ 2.5 µm
PM1.0 ≤ 1 µm
PM Ultrafines ≤ 0.1 µm
PM Nanoparticules ≤ 0.05 ou 0.03 µm

En France, à ce jour, les particules PM10 et PM2.5 sont les seules réglementées pour leurs effets sur la santé
en fonction de leur taille (plutôt respiratoire pour les PM10, cardio-vasculaire et neurologique pour les
PM2,5).

2.7. Les Chlorofluorocarbones CFC


Les CFC sont des gaz à température et pression normale. Ils sont constitués d'atomes de chlore et de fluor, de
carbone et d'hydrogène. Ce sont des composés dont la majorité est produite par l'homme et dont leur
utilisation produit des composés chlorés qui sont inoffensifs à basse altitude, mais qui dans la stratosphère
libèrent du chlore qui contribue à détruire la diaper d'ozone. Cela a conduit à leur interdiction totale à partir
de l'an 2000.

Les chlorofluorocarbones ou les CFCs (également connus sous le nom de Fréons) sont non toxiques,
ininflammables et non-cancérogènes. Les 5 CFCs principaux incluent le CFC-11 (trichlorofluorométhane -
CFCl3), CFC-12 (dichlorodifluorométhane - CF2Cl2), CFC-113 (trichlorotrifluoroéthane C2F3Cl3), CFC-114
(dichlorotétrafluoroéthane - C2F4Cl2), et CFC- 15 (chloropentafluoroéthane - C2F5Cl).

2
Les CFCs sont largement répandus comme liquides réfrigérants dans la réfrigération et les climatiseurs,
comme dissolvants dans les décapants, en particulier pour les cartes électroniques, en tant qu’agents de
soufflage dans la production de mousse (par exemple extincteurs), et comme propulseurs en aérosols. Leur
durée de vie dans l’atmosphère varie de 20 à plusieurs centaines d’annnées. A l’heure actuelle, les CFC ne
constituent plus un problème majeur de la pollution atmosphérique (voir ci-après).

Les CFC sont impliqués dans deux mécanismes différents qui engendrent deux conséquences de
pollutions différentes et bien connues. Le premier mécanisme est la destruction de la couche d'ozone et le
second mécanisme est l'effet de serre.

3. La spéciation chimique
La spéciation chimique d'un élément est la distinction entre les différentes formes de liaisons possibles
(les espèces) de cet élément dans un environnement donné (Sigg et al, 1992). Elle dépend du type de
complexe que l’élément va former avec les ligands présents dans l'environnement et de son degré
d'oxydation.

C'est aussi l'ensemble des méthodes expérimentales ou théoriques permettant de déterminer la


distribution d'un élément ou d'un composé entre les phases dissoutes et colloïdales (eau de surface et eau
interstitielle), la phase particulaire (matières en suspension et dépôts) et les organismes vivants (wikhydro,
20..).

Le comportement de la plupart des substances (métaux, nutriments, micropolluants organiques), etc.


dans l’environnement dépend de leur spéciation chimique. Cette dernière conditionne en effet leur mobilité,
donc leur capacité à se servir dans l'environnement, et leur biodisponibilité, donc leur toxicité. La spéciation
des substances est donc nécessaire pour évaluer leur dangerosité dans les rejets ou dans l'environnement.

Nous signalons ainsi, que les substances à répertorier sont très nombreuses. Bien souvent, on ne connait
pas l’émission d’une source pour une substance donnée, mais plutôt pour une famille de substances. Pour
déterminer l’émission de chaque substance, on applique alors un profil de spéciation typique, qui permet
de ventiler la masse totale d’émission de la famille pour chacun des constituants.

1.1. Cas des oxydes d’azote


On est capable d’évaluer la quantité des oxydes d’azote (NOx) émise sur une route parcourue par un
traffic de 30 000 vehicles/jour. L’émission journalière de NOx correspondant est de 32 kg de NOx. Pour
connaître les émissions respectives en NO et NO2, on utilise un rapport de spéciation :
Ainsi, on estime que les 32 kg de NOx émis sont composés de 3.2 kg de NO2 et de 26.8 kg de NO.

1.2. Cas des composés organiques volatils non méthaniques


Voici un exemple de profil de spéciation qui est appliqué aux composés organiques volatils non
méthaniques émis par évaporation de carburant (Tab.12). Ce profil permet de décomposer par groupe
d’espèces pour déterminer par exemple les émissions de composés aromatiques, ou par composés
individuels. Les profils de spéciation reposent en général sur un faible nombre de mesure car ces dernières
sont plus détaillées et en général plus coûteuse.

2
Tableau 12 : Profil de spéciation des émissions de COVNM résultant de l’évaporation de carburants
Fraction massique de
Groupe Substances
l’émission (%)
Propane 1
n-butane 20
i-butane 10
ALKANES n-pentane 15
i-pentane 25
Hexane 15
Heptane 2
1-butene 1
2-butene 2
ALKENES 1-pentene 2
2-pentene 3
1,3 hexene 1.5
benzene 1
AROMATICS toluene 1
m,p-Xulene 0.5

1.3. Cas du mercure


La spéciation chimique n’est connue que pour certaines catégories de sources alors que les comportements
physiques et chimiques des espèces sont considérablement différents. Les sources naturelles et le phénomène
de réémission produisent principalement du mercure élémentaire. Les sources anthropogéniques émettent le
mercure sous ces trois formes, mais la spéciation chimique varie fortement selon les processus générateurs
(Tab.13) et les systèmes de réduction d’émission éventuellement mis en place (épuration des effluents
gazeux, substitution des polluants mis en cause par des produits moins toxiques, optimisation des processus
de fabrication, etc.).
Tableau 13 : Spéciation (en %) du mercure pour les sources anthropiques.
Type de source Hg(0) Hg(II) HgP
Combustion de charbon 50 30 20
Production de chlore et d'alcali 50-90 10-50 0
Brûlage des minerais de sulfure métallique 80-90 0 10-20
Combustion de pyrite 100 0 0
Incinération d'ordure 20 60

2. Durée de vie des polluants dans l'atmosphère


Les différentes substances ont des durées de vie dans l’atmosphère qui sont extrêmement variables, ce
qui explique que les problèmes de pollution se situent sur des différentes échelles de temps et d’espace très
variables. Voici l’ordre de grandeur de la durée de vie dans l’atmosphère de quelques polluants (Tab.14).
Tableau 14 : Durée de vie indicative de certaines substances polluantes dans l’atmosphère
Substance Polluants
CH4 année
CO mois
SO2 jours à mois
Ozone qq jours
COVNM heures à jours
Aerosols 1-10 µm minutes à jours
Aerosols ≤ 1µm jours à semaines