Stratagème D'araminte

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Stratagème d’Araminte

acte II, scène 13, Les Fausses Confidences

Introduction :
La commedia dell'arte, influencée par la comédie d'intrigue de Ménandre, multiplie péripéties et rebondissements. Marivaux,
dramaturge français du 18e siècle, est à son tour influencé par les comédiens italiens, et crée un valet astucieux qui met ses
ruses au service de son maître. Sa pièce Les Fausses Confidences, créée en 1737 au théâtre-italien, raconte les stratagèmes
d'un valet industrieux, Dubois, pour faire triompher l'amour entre son ancien maître ruiné, Dorante, et Araminte, riche
veuve.

Dans la scène 13 de l’acte II, c'est Araminte qui surprend le public en endossant le rôle de stratège. N’ayant pas encore
reconnu les sentiments qu’elle éprouve, Araminte met Dorante à l’épreuve. Elle met en place un stratagème ingénieux et
cruel, souhaitant que Dorante lui avoue ses sentiments.

Problématique :
Comment cette scène de double mise à l’épreuve place-t-elle le public dans la posture de spectateur du cœur humain ?

Plan :
 l.1-6 : Araminte joue de son autorité de maîtresse de maison, elle insiste pour que Dorante entreprenne l’écriture
de la lettre
 l.7-18 : Araminte dicte la lettre et reste indifférente aux objections de Dorante
 l.18-19 : Les apartés des deux personnages révèlent au public ce que chacun dissimule à l’autre

Partie 1 - Araminte joue de son autorité de maîtresse de maison, elle insiste pour que Dorante
entreprenne l’écriture de la lettre.
Araminte est déterminée et met en place un stratagème cruel
stichomythies : vivacité de l’échange
« êtes-vous prêt à écrire ? » stimuler l’interlocuteur apathique
« vous n’en trouvez point ! » exclamation : impatiente voire irritation face au manque de réactivité
impératifs + répétitions (l.5) : autorité, elle surjoue

Dorante cherche à opposer une résistance (moyens dérisoires)


« je ne trouve point de papier » : pas crédible car secrétaire donc COMIQUE DE SITUATION et manque de vivacité,
Dorante semble lent d’esprit → COMIQUE DE CARACTÈ RE

Mise en scène change confrontation :


 Bezace → A est fragile et D troublé
 Bondy → A dominée par son amour propre et D présenté comme un intriguant

Partie 2 - Araminte dicte la lettre et reste indifférente aux objections de Dorante.


« veut » verbe de volonté : détermination soudaine d’Araminte = coup de théâ tre
« achevez » / « achevez-vous dis-je » : Araminte ignore inhabituellement les interventions de Dorante → créer une
frustration
« la seule justice qu’elle rend à votre mérite » : attribue seule qualité propre à Dorante → piquer l’amour propre de
Dorante + éveille la jalousie

Dorante annonce des arguments pour la dissuader : financiers, sentimentaux.


« mais » adversatif : opposition
« je ne me trouve pas bien » euphémisme : malaise de Dorante
« pliez la lettre et mettez » impératifs : Araminte réaffirme son autorité = coup de grâ ce

Partie 3 - Les apartés des deux personnages révèlent au public ce que chacun dissimule à
l’autre.
« le cœur me bat ! » métaphore / exclamation : émoi d’Araminte
« encore » modalisateur : Araminte craint que son amant ne l’aime pas = nouveau pas dans la maïeutique du cœur
« ne serait-ce point aussi pour m'éprouver ? » question rhétorique : soupçon fondé de Dorante qui fait preuve
d’intelligence aux yeux du public
Le public découvre les sentiments d’Araminte qui adviennent au prix d’un conflit avec l’autre mais aussi avec soi-même

Conclusion :
Ainsi, Araminte fait preuve d'un talent de metteur en scène, de comédienne et d'une très bonne connaissance du cœur
humain. En somme, cette scène de double mise à l'épreuve dans la pièce place le public en observateur privilégié des
intrications du cœur humain. À travers l'autorité feinte d'Araminte, la résistance comique de Dorante et les subtilités de la
manipulation émotionnelle, le public est invité à décrypter les masques sociaux et les véritables sentiments des personnages.

En observant tous les stratagèmes mis en place pour que l’autre dévoile ses sentiments, on peut faire un parallèle entre cette
scène et On ne badine pas avec l’amour de Alfred De Musset. En effet, Perdican et Camille usent de stratagèmes cruels pour
qu’ils se dévoilent leur amour. On voit dans ces deux œuvres, la complexité des sentiments.

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