LA LIBERTE COMME REFLEXION A LA NECESSITE - SPINOZA (8 Pages - 45 Ko)

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Conclusion

La liberté et la responsabilité sont aussi liées que la liberté de pensée


et l’action. Le déterminisme de la nature ne s’oppose pas à la liberté,
mais au contraire peut être le moyen pour elle de se déployer. Savoir,
comprendre la nécessité c’est s’en libérer, et se libérer de la nécessité,
c’est s’offrir la possibilité d’être responsable, de répondre de ses actes.
Mais si la liberté est garante de moralité, alors il est de notre
responsabilité de mettre le savoir libérateur comme une valeur
prioritaire tant sur le plan individuel que politique.

Leçon 19 : Liberté et responsabilité 8/8


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3. Une responsabilité absolue

Renoncer à ce dépassement de soi en s’identifiant à ce que l’on croit être est ce que
Sartre appelle « la mauvaise foi » : cela consiste à dire que l’on ne peut faire telle ou
telle chose parce que l’on « est » ainsi. La seule liberté possible est de reconnaître que
l’on a toujours le choix de faire autrement, on est « condamné à être libre ». La
lâcheté n’a pas d’excuse. Cette conception de la liberté est très morale car elle
engage une responsabilité absolue.

B. LA LIBERTE COMME REFLEXION DE LA NECESSITE (SPINOZA)

1. Nécessités intérieure et extérieure

L’idée d’une responsabilité renvoie à nouveau à la difficulté de comprendre


l’existence conjointe de la liberté et de la nécessité. Si selon Spinoza le libre-arbitre est
une illusion, il existe cependant une possibilité d’être libre sans contradiction avec la
nécessité de la nature. La liberté consiste alors à s’approprier la nécessité externe
(les lois universelles de la nature, tout ce dont on n’est pas la cause) et à en faire une
nécessité interne, c’est-à-dire à accomplir ce que la nature, ma nature exige de moi.

2. La réflexion, garante d’une liberté heureuse

Être libre c’est affirmer ce que l’on est, c’est désirer devenir soi-même. Et devenir
ce que l’on est par essence, c’est atteindre le bonheur. La liberté est autonomie dans
le sens où l’on se donne à soi-même (« auto ») sa propre loi (« nomos »). Être libre
c’est maîtriser ses dépendances. Par exemple comprendre sa peur c’est déjà la
maîtriser. Comprendre les faits, le réel, libère de la fatalité. Le règne de la nécessité
est un déterminisme mais pas un fatalisme, car les lois de la nature ne sont plus
subies, mais intériorisées. Dès lors l’être libre qui réfléchit est responsable car il peut
répondre des actes qu’il s’est réapproprié.

Leçon 19 : Liberté et responsabilité 7/8


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B. LA LOI GARANTE DE LIBERTE

1. Esclavage et despotisme (La Boétie)

Si l’homme prétend à la liberté comme une de ses valeurs essentielles, comment


expliquer qu’un seul homme puisse en dominer plusieurs jusqu’à en faire ses
esclaves ? Pour La Boétie, le despotisme se fonde sur une « servitude volontaire ». La
révolte pour gagner sa liberté est possible, il suffit de désirer démonter les
mécanismes fondés sur quelques adeptes de cruauté de cette tyrannie.

2. Une société d’hommes libres (Rousseau)

Si une prise de conscience révolutionnaire peut être nécessaire pour sortir d’un état
d’asservissement, la préservation de sa liberté dans une société donnée ne peut se
faire que sous couvert de la loi. Rousseau part de la différence entre la liberté et
l’indépendance pour poser les fondements d’une société libre. Que chacun fasse tout ce
qui lui plaît, n’est pas être libre car, selon une des Lettres écrites de la Montagne, la
liberté consiste moins à faire sa volonté qu’à n’être pas soumis à celle d’autrui. La
seule garantie d’une liberté qui ne soit pas affectée par l’injustice de l’autre réside dans
la loi.

IV. LE CHOIX DE LA LIBERTE : UNE LIBERTE RESPONSABLE

A. CONDAMNE A ETRE LIBRE (SARTRE)

1. L’existentialisme

Cependant se trouver dans une société qui permet aux hommes d’être libres, ne
signifie que tous ses individus soient nécessairement libres. Pour l’existentialisme,
l’homme a ceci de particulier que son existence précède l’essence, ce qui signifie que
l’homme existe d’abord et il se définit ensuite. On ne peut le qualifier définitivement. Il
est indéfinissable.

2. L’homme comme projet

Exister consiste alors à se choisir, à être libre en dépassant ce qui pourrait être la
définition de son essence. L’homme est un être toujours en projet dans la mesure où il
ne coïncide jamais avec ce qu’il croit être. Ainsi l’homme n’est pas « libre » mais en
perpétuelle « libération ». La liberté prise dans l’action devient « engagement ».

Leçon 19 : Liberté et responsabilité 6/8


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distinct. La liberté a plusieurs degrés. Le plus bas correspond à la liberté


d’indifférence, c’est-à-dire une liberté qui n’a aucune raison de faire un choix plutôt
qu’un autre. Le plus haut degré est celui de la liberté éclairée, c’est-à-dire la
possibilité d’agir en connaissance de cause, en ayant des raisons de faire tel ou tel
choix.

2. Argument moral (Kant)

Défendre un déterminisme absolu des choses c’est renoncer à la possibilité d’agir


selon des décisions sciemment choisies, c’est renoncer à la possibilité pour un individu
d’être un sujet moral, c’est-à-dire d’être responsable de ce qu’il fait et non d’obéir à
des lois qui lui sont extérieures. Pour Kant, la moralité est ce qui fait la dignité de
l’homme et sa supériorité. Il sait qu’il est libre par l’expérience d’une résistance aux
penchants naturels. Paradoxalement, c’est le devoir qui révèle la liberté humaine. La
liberté comme condition de possibilité de l’exercice du devoir, d’une responsabilité, est
dite « transcendantale ». En ce sens la liberté de faire tout ce que l’on veut est une
fausse liberté car elle ne consiste qu’à s’adonner à tous les déterminismes rencontrés,
summum de l’irresponsabilité.

III. LIBERTE POLITIQUE : LA RESPONSABILISATION PAR LA LOI

A. L’ACTUALISATION DE LA LIBERTE

1. La liberté de penser (Stoïcisme)

Si la liberté consiste à ne point rencontrer d’entraves aussi bien intérieures (les


passions) qu’extérieures (des contraintes), alors la première des libertés est la liberté
de penser. La pensée, contrairement aux événements du monde, dépend
exclusivement de nous. Ainsi, le stoïcien grec Epictète affirme en dépit de sa
« carcasse » d’esclave qu’il est un homme libre, car il est un homme qui peut penser.

2. L’expression de la liberté (Kant)

Cependant, la liberté de penser s’éteint si elle ne peut s’exprimer. La condition pour


qu’une pensée existe est justement de pouvoir être communiquée. Empêcher une
pensée de s’exprimer selon Kant, c’est empêcher à la liberté de penser d’exister. La
liberté de penser dépend donc de la liberté d’expression qui elle-même dépend d’un
ordre juridique et politique.

3. La liberté comme action (Hegel)

Pour Hegel, la liberté ne consiste pas dans la pure pensée de cette liberté, sinon
l’esclave serait un être libre, ce qui est absurde. Une véritable liberté qui ne soit pas
abstraite et formelle appelle l’action. L’action sous les divers modes du travail ou de la
technique permet d’extérioriser sa liberté et de la faire reconnaître par le monde.
Dès lors la liberté d’un individu dépend de la société dans laquelle il vit. Mais qu’est-ce
qu’une société libre ?

Leçon 19 : Liberté et responsabilité 5/8


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II. LIBERTE ET DETERMINISME : LA RESPONSABILITE EN QUESTION

A. L’OPPOSITION ENTRE LA LIBERTE ET LE DETERMINISME

1. L’acte gratuit (Gide)

La liberté comme sentiment immédiat de faire « tout ce qui me plaît » se transforme


en concept philosophique lorsque l’immédiateté de ce sentiment est dépassé parce
qu’illusoire. La question « suis-je bien la cause de mon vouloir ? » devient l’objet
principal d’une analyse de la volonté dans son essence et non plus dans ses effets.
L’idée d’un libre-arbitre c’est-à-dire d’une volonté absolument indéterminée s’éprouve
dans l’expérience du choix. La possibilité d’agir sans aucune raison plutôt qu’une autre
est à son paroxysme dans l’idée d’acte gratuit. Ainsi dans les Caves du Vatican de
Gide, Lafcadio cherche à se prouver l’absolu de sa liberté par un acte qui ne répond à
aucune motivation : il va jeter du train où il se trouve un vieillard sans défense.

2. Le déterminisme

Mais suffit-il, pour être libre, de le vouloir ? Le désir de se prouver sa liberté n’est-il
pas déjà un premier motif à l’acte de Lafcadio ? Le désir du meurtre n’est-il pas une
raison inavouée ? Finalement la liberté n’est-elle pas illusoire ? Le déterminisme est la
doctrine métaphysique qui affirme que l’ensemble du réel est régi par des relations
de causes à effets. Chaque phénomène serait déterminé par une cause, qu’elle soit
physique, psychologique ou autre.

3. L’illusion du libre-arbitre (Spinoza)

Dès lors le libre-arbitre, comme possibilité de commencer une nouvelle série de


phénomènes, se présente comme un principe irrationnel, un brin d’indétermination
dans le monde. L’homme en se croyant la seule exception qui n’obéit pas aux lois
universelles de la nature se prend pour un empire dans un empire selon Spinoza. Le
libre-arbitre ne serait qu’une illusion des hommes qui se croient libres par cette seule
cause qu’ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par où ils sont
déterminés (Spinoza, Ethique, III).

B. LA CRITIQUE DU DETERMINISME

1. Argument métaphysique (Descartes)

Pour Descartes, le monde est rationnel et pourtant le libre-arbitre existe. La possibilité


de choisir, de se déterminer par sa volonté est possible. L’homme selon Descartes a
deux facultés : la volonté infinie qui peut tout vouloir, et un entendement limité.
Connaître c’est faire porter la volonté à ce que présente l’entendement. L’erreur est
une précipitation de la volonté qui affirme comme vrai ce qui n’est pourtant pas clair et

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3. Le libre-arbitre

Cette comparaison de l’homme avec l’âne de Buridan permet néanmoins de faire la


différence entre l’action libre, celle qui n’est pas contrainte par une puissance
extérieure et à son origine, la capacité de choisir spontanément sans autre motif que
sa propre décision : le libre-arbitre.

B. LA RESPONSABILITE

1. Situation

La responsabilité renvoie d’abord à un état, une situation. Par exemple, dans le


cadre d’une division du travail certaines personnes sont responsables de tel ou tel
secteur. Cet état peut être aussi celui des parents qui sont responsables de leur enfant
mineur devant la loi.

2. Capacité

La responsabilité peut renvoyer aussi à la capacité à assumer une charge que l’on
accepte en fonction du degré de discernement et de décision dont on peut faire
preuve.

3. Obligation

Enfin être responsable c’est selon son étymologie « répondre de » ses actes et donc
d’en accepter les conséquences. Devant la loi être responsable c’est avoir l’obligation
de réparer un dommage (responsabilité civile) ou d’accepter une sanction
(responsabilité pénale).

C. LIBERTE ET RESPONSABILITE

1. Opposition ou assimilation ?

Si la condition de la liberté c’est l’absence de contrainte, alors être libre c’est ne pas
avoir à subir de charge ou d’obligation, bref c’est ne pas être responsable. Mais par
ailleurs, la condition de la responsabilité c’est la liberté. Un individu qui est jugé
irresponsable devant la loi est quelqu’un qui n’a pas tous « ses moyens », qui n’est pas
libre de d’agir avec discernement.

2. Problématique

Ou bien la liberté s’oppose à la responsabilité, mais alors la liberté perd sa


dimension morale. Ou bien être libre, c’est être responsable, mais alors la liberté
s’accompagne de contraintes.

Leçon 19 : Liberté et responsabilité 3/8


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Introduction

« Ne soyez donc pas libres, si bon vous semble ».


Descartes

La liberté est un concept philosophique qui suscite des réactions


immédiates car il renvoie directement à notre expérience. Il est tout à
fait naturel d’affirmer être libre de se lever, de marcher, de parler…Mais
qu’est-ce qui nous assure que nous ne sommes pas déterminés par
certaines causes connues ou inconnues ? L’expérience n’est-elle pas
trompeuse ? S’interroger sur la liberté, c’est s’interroger sur l’homme et
sur soi-même : sommes-nous véritablement libres ? La souffrance liée à
son absence fait de la liberté un enjeu moral pour la dignité humaine. À
l’intersection de la théorie et de la pratique, la liberté est éminemment
philosophique. Elle renvoie à l’idée de responsabilité car l’homme libre,
le sujet moral, est celui qui répond de ses actes, celui qui est
responsable.

I. LA LIBERTE ET LA RESPONSABILITE : DEUX CONCEPTS


ETROITEMENT LIES

A. LA LIBERTE

1. Définition négative

« Être libre c’est faire tout ce qui me plaît » : cette idée reçue renvoie à une notion de
liberté comme possibilité de tout faire sans limites ni contrainte. Or n’être déterminé
par rien, c’est n’avoir même pas un motif de préférer telle ou telle chose. Ainsi l’âne de
Buridan qui se trouvait à égale distance de deux mêmes picotins d’avoine fini par
mourir de faim. L’absence de contrainte ne peut être qu’une condition négative d’une
véritable liberté.

2. Définition positive

Être libre c’est être capable d’agir, de se déterminer, bref d’être à soi-même sa
propre cause. La liberté comme puissance d’action volontaire et raisonnée ne peut être
que l’attribut d’un homme et non d’un animal car au moment du choix, il se détermine
en fonction des différentes raisons de son action.

Leçon 19 : Liberté et responsabilité 2/8


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P H I L O S O P H I E

LEÇON 19 : LIBERTE ET RESPONSABILITE


Nombre de pages : 8

Plan de la leçon

I. La liberté et la responsabilité : deux concepts étroitement liés..........................2


A. La liberté................................................................................................2
B. La responsabilité .....................................................................................3
C. Liberté et responsabilité ...........................................................................3
II. Liberté et déterminisme : la responsabilité en question....................................4
A. L’opposition entre la liberté et le déterminisme ............................................4
B. La critique du déterminisme ......................................................................4
III. Liberté politique : la responsabilisation par la loi.............................................5
A. L’actualisation de la liberté........................................................................5
B. La loi garante de liberté............................................................................6
IV. Le choix de la liberté : une liberté responsable ...............................................6
A. Condamné à être libre (Sartre) ..................................................................6
B. La liberté comme réflexion de la nécessité (Spinoza) ....................................7

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