Fiche - METIER LES INTERMEDIAIRES EN ASSURANCE
Fiche - METIER LES INTERMEDIAIRES EN ASSURANCE
Fiche - METIER LES INTERMEDIAIRES EN ASSURANCE
Emettre une garantie d’assurance relève du monopole des assureurs, profession juridiquement différenciée par
le Code de Loi qui est appliqué. Dans cette fiche, seule la distribution d’assurance relevant du Code des Assurances
sera traitée. Sont donc concernés : les intermédiaires traitant avec les sociétés d’assurance dotées d’un capital
social privé, cotées en bourse ou non, ou les mutuelles d’assurance (appelées également sociétés d’assurance
mutuelle).
Selon la législation, « est un intermédiaire d’assurance toute personne physique ou morale, qui, contre
rémunération, accède à l’activité de distribution d’assurance ou l’exerce ».
Un intermédiaire d’assurance est généralement rémunéré par l’assureur qui lui verse une commission une fois le
contrat d’assurance souscrit. En assurance non-vie, la commission est un % de la prime hors taxe d’assurance (qui
n’est pas la TVA, cette dernière ne s’appliquant pas aux assurances). De nombreux intermédiaires non-vie
demandent à leurs clients des « frais de gestion » supplémentaires lorsqu’ils obtiennent des assureurs certaines
délégations d’actes administratifs de gestion. Accessoires de la prime, les frais de gestion ne sont pas assujettis à
la TVA.
L’intermédiaire peut choisir de se faire rémunérer directement par son client sous forme d’honoraires négociés.
Dans ce cas, la prime de l’assureur est le plus souvent appelée sans la commission.
En assurance-vie une commission unique est réglée sur chaque nouveau versement d’épargne ; en outre, des
commissions annuelles assises sur l’encours d’épargne acquise au contrat sont également versées à
l’intermédiaire.
En raison de la récurrence des revenus assis sur des contrats de très longue durée (vie) ou à renouvellement
automatique annuel, la stabilité des fonds de commerce des intermédiaires est très forte et leur valorisation
importante à la revente.
Les règles de conduite de la profession édictées par l’ACPR et le Code exigent que les distributeurs d’assurance
« agissent de manière honnête, impartiale et professionnelle et ce, au mieux des intérêts du souscripteur ».
L’obligation d’information : tout intermédiaire d’assurance est redevable d’un « devoir d’information » à
l’égard de son client, et dès le premier contact, il remet à ce dernier toutes les informations - selon une
longue liste légale - décrivant son mode de fonctionnement et les modalités de sa rémunération. Il doit
également signaler si un assureur détient plus de 10% du capital de sa société d’intermédiation* (ou
l’inverse). * Toutes les grandes sociétés d’assurance détiennent une société d’auto-courtage qui leur permet de mieux servir leurs
agents généraux notamment.
Le devoir de conseil et le service de recommandation : en outre, afin de marquer plus particulièrement
son indépendance, un courtier d’assurance doit indiquer à son client si plus de 33% de son CA provient
d’un même assureur (en le citant), et s’il fournit ou non un « service de recommandation » qui le met en
situation d’être assujetti à un devoir de conseil.
Le recueil des « exigences et besoins du client » : l’intermédiaire doit ensuite rédiger ce document par
écrit, puis lui délivrer les résultats de sa recherche de solutions d’assurance, c’est-à-dire les (le) devis
accompagnés du « Document d’Information Normalisé sur le Produit d’Assurance » – en anglais DICI ou
IPID, émis par l’assureur : ce document favorise la comparaison entre contrats couvrant la même nature
de risque.
L’intermédiaire délivre ces informations en fonction des exigences de son statut - courtier, agent ou mandataire -
mais dans tous les cas de manière « adaptée à la complexité du contrat d’assurance proposé …. et communiqué
sous une forme compréhensible, claire, exacte et non trompeuse ».
Notons que les intermédiaires d’assurance-vie et capitalisation sont astreints à des contraintes supplémentaires.
Ils doivent tout particulièrement vérifier la situation financière du client et ses objectifs d’investissement, puis en
général réévaluer périodiquement l’adéquation des besoins du client exprimés initialement par rapport aux
investissements effectués. En outre ils doivent, parmi toutes ces tâches, mettre au point une procédure de
détection et gestion des conflits d’intérêt.
LES SIX CATAGORIES DE DISTRIBUTEURS D’ASSURANCE (article R 511-2 du Code des assurances)
Les statuts des quatre premières catégories, courtiers d’assurance, agents généraux, mandataires d’assurance et
mandataires d’intermédiaires d’assurance sont cumulables par un même intermédiaire, quelques soient les
spécialités de risques assurables, elles-mêmes cumulables dans chacun des statuts. Ces statuts n’empêchent pas
l’élargissement des activités d’assurance aux crédits (IOB), à l’intermédiation immobilière, au conseil en gestion
de patrimoine, au Conseil en Investissement Financier (CIF) et à toutes autres activités commerciales sous réserve
des contraintes en matière de trop grande « étendue » de l’objet social.
Par définition, un courtier d’assurance doit disposer de plusieurs « codes » sinon il se retrouverait dans la situation
d’un agent général d’assurance ou d’un mandataire exclusif et ne pourrait respecter sa qualité d’indépendance.
Le lien juridique qui relie le courtier à son client est parfois appelé mandat de recherche, mais il peut aussi être
appelé Lettre de Courtage ou chez les Courtiers CGP/CIF, Lettre de Mission : le propre de l’exercice du courtier est
de délivrer « un service de recommandation fondé sur une analyse impartiale et personnalisée … il est tenu
d’analyser un nombre suffisant de contrats offerts sur le marché, de façon à pouvoir recommander…les contrats
qui seraient les plus adaptés aux besoins du souscripteur ».
Cette indépendance, qui se définit par l’analyse impartiale et personnalisée de plusieurs devis adaptés et le service
de recommandation personnalisé, entraîne pour le courtier une véritable obligation de conseil, qui dépasse le seul
devoir d’information : ce devoir de conseil transparait dans la Loi, (recommandation personnalisée) mais ressort
clairement de la jurisprudence depuis 1964 : « le courtier doit être un guide sûr et un conseil expérimenté ».
La législation exige du courtier qu’il indique par écrit, sous une forme compréhensible, ses motivations de conseil
afin d’expliquer « pourquoi parmi plusieurs contrats (devis)…un ou plusieurs contrats correspondent le mieux à ses
exigences et à ses besoins ».
Du fait du contrat qui le lie à son client, le courtier le représente auprès de l’assureur. En termes de responsabilité,
le courtier est donc pleinement responsable de ses actes et ne peut s’en exonérer totalement ou partiellement
qu’en relevant une faute de l’assureur ou de son client. A cette responsabilité forte répond une obligation
d’assurance responsabilité civile professionnelle.
A cet effet, les courtiers peuvent souvent encaisser temporairement dans leurs comptes les primes versées par
les clients dans le cadre d’un mandat d’encaissement signé avec l’assureur qui les y autorise. Ils peuvent également
bénéficier d’avances de trésorerie pour régler les sinistres dans le cadre d’une délégation de paiement donnée
par l’assureur : afin de sécuriser ces flux d’argent dont ils disposent mais qui ne leur appartiennent pas, une
garantie financière obligatoire (caution) est souscrite par le courtier en représentation des montants détenus. Elle
sera mise en œuvre si le courtier détourne les fonds ou fait faillite.
2° Les agents généraux d'assurance sont des personnes physiques ou personnes morales, titulaires d'un mandat
d’agent général d’assurance, soumises à une obligation contractuelle de travailler exclusivement avec une
entreprise d’assurance. Ils sont au nombre de 11 400 en France, en décroissance lente et régulière depuis 10 ans,
les assureurs privilégiant les regroupements d’agences afin de leur donner plus de poids.
Le statut d’agent général est très spécifique : d’abord, il relève d’un régime fiscal particulier. D’autre part, ses
relations avec son mandant sont très étroites et surveillées : service exclusif de la gamme de produit de l’assureur,
objectifs de production et de sinistralité (nécessité de sélectionner la clientèle), interdiction de pratiquer une
activité complémentaire de courtage d’assurance, sauf en cas d’impossibilité de réponse du mandant, et de
manière accessoire pour un CA ne dépassant pas 10% du total.
En contrepartie, la compagnie mandante assure la formation de l’agent et de son personnel, fournit une réelle
assistance commerciale et marketing, met à sa disposition des outils de gestion lui assurant une large autonomie
de souscription, et surtout lui assure l’exclusivité de son action commerciale sur un territoire précis dont il sera
seul à utiliser la marque.
L’agent général n’est pas propriétaire de sa clientèle, qui appartient à la compagnie : il achète le droit d’exploiter
la clientèle de son prédécesseur à la compagnie et lui revend ce droit à son départ selon des règles pré-étables de
valorisation appelées « indemnité compensatrice ».
En termes de responsabilité, l’agent général travaille à l’inverse du courtier : il est mandataire de l’assureur et non
de son client. Un agent peut être mis en cause directement par un client, mais in fine c’est la compagnie
d’assurance qui sera responsable. La responsabilité de l’agent s’exerce plutôt à l’égard de la compagnie. Aussi est-
il redevable d’une assurance RC PRO et d’une garantie financière.
3° Les mandataires d'assurance, personnes physiques non salariées et personnes morales autres que les agents
généraux d'assurance, mandatées à cet effet par une entreprise d'assurance, le mandat pouvant être exclusif ou
non. Un mandataire non exclusif peut signer plusieurs mandats non exclusifs avec d’autres assureurs, voire être
courtier d’assurance en parallèle. Il existe aussi le statut de mandataire d’assurance « lié », dont le lien de
subordination est proche du salarié.
Les mandataires d’assurance sont peu nombreux par rapport aux autres intermédiaires d’assurance. Ce statut est
parfois utilisé par des compagnies d’assurance qui souhaitent éviter le recours au statut d’agent général. L’autre
usage du statut de mandataire d’assurance correspond aux intermédiaires qui commercialisent sur le marché
français une couverture d’assurance très spécifique fournit par un assureur établi à l’étranger : l’assurance
construction en a donné un (très mauvais) exemple récemment dans le cadre d’un agrément LPS. Les réussites
durables se trouvent en RC professionnelle, transport, incendie et risques industriels. C’est le moyen efficace et
peu coûteux pour des assureurs étrangers de s’installer en France sur une niche de risques mal servie localement.
Avec le succès, le mandataire devient succursale ou filiale.
• Même non exclusif, le mandataire n’a pas l’indépendance du courtier : aussi doit-il informer son client
qu’il ne fondera sa recherche de solutions d’assurance que sur un nombre limité de contrats émis par des
entreprises d’assurance dont il doit donner la liste.
• Le mandataire exclusif doit signaler à son client que sa recherche sera limitée aux seules offres de son
mandant.
4° Les mandataires d'intermédiaires d'assurance, personnes physiques non salariées ou personnes morales,
mandatées par un courtier ou un mandataire d’assurance, exclusif ou non. Ce sont les plus nombreux, l’Orias en
enregistre 23 300 en 2018, un effectif en croissance soutenue depuis 10 ans. Le MIA n’est donc pas en relation
directe avec un assureur. Son action commerciale s’exerce sous la responsabilité de son mandant, qui doit vérifier
l’habilitation et les compétences professionnelles.
5° les personnes physiques salariées des entreprises d’assurance, des courtiers et mandataires tout statut
confondu, ont eux-aussi la qualité d’intermédiaire dans l’activité de distribution d’assurance : cela entraine une
obligation pour ces personnes « directement responsables de l’activité d’intermédiation », de se soumettre aux
conditions d’honorabilité, de capacité professionnelle des intermédiaires selon la portée de leurs relations
commerciales avec les clients. Ce sont leurs employeurs qui se chargent du respect de ces conditions, sans qu’il y
ait un référencement auprès de l’ORIAS, ni de contrôle de sa part. Par contre l’ACPR peut en prendre l’initiative.
6° Les intermédiaires enregistrés sur le registre d'un autre état membre de l'Union européenne ou d'un autre état
partie à l'accord sur l'Espace économique européen pour l'exercice de leur activité de distribution d'assurances,
quand ils ont préalablement notifié à l'autorité de contrôle de leur pays d'origine chargée de l'immatriculation des
intermédiaires d'assurance leur intention d'exercer leur activité en France, ainsi que les salariés de ces personnes.
Leurs activités s’exercent soit en « Libre Etablissement » (LE) soit en « Libre Prestation de Service » (LPS) : en LE,
52 intermédiaires agissent en France, majoritairement issus du Royaume-Uni ; en LPS, environ 7000 intermédiaires
étrangers ont déclaré exercer en France, dont 30% en provenance du RU. Avec le Brexit, leur « passeport
européen » leur sera retiré en 2021, et ils supporteront des règles de présence bien plus contraignantes. A
l’inverse, les 700 intermédiaires français utilisant le passeport européen au RU auront les mêmes contraintes.
Les usages du courtage ne font pas partie du Code des Assurances, mais ont force de loi en l’absence de cette
dernière, et sont toujours reconnues par les Tribunaux.
Cependant depuis 2007 et encore plus depuis 2018, les Directives Européenne portant sur le Distribution
d’assurance ont amené à un cadre réglementaire sensiblement renouvelé, sur lequel l’ACPR veille. On peut par
exemple noter l’apparition récente de 2 niveaux d’accompagnement, de nouvelles règles en matière de conflit
d’intérêts ou encore, de transparence des rémunérations.
En 2021, une « déconcentration » du suivi de la profession devrait être dévolue à des associations professionnelles
dans le cadre d’une auto-régulation. Ces associations qui seront agréées par l’ACPR contrôleront les conditions
d’honorabilité et de capacités professionnelles, ainsi que la procédure de renouvellement annuel, le respect du
suivi des heures de formation obligatoires, l’inscription Orias et la validité de l’assurance RC PRO et garantie
financière. Certains Intermédiaires d’assurance disposent déjà du statut de Conseil en Investissement Financier et
sont généralement appelés Conseils en Gestion de Patrimoine (CGP-CIF) et à ce titre sont déjà obligatoirement
membres d’une association agréée.
Outre le contrôle initial des capacités professionnelles et leur renouvellement annuel portant sur le seul statut CIF
à ce jour, ces associations, telle l’ANACOFI, exercent également un important rôle d’accompagnement
confraternel de leurs adhérents dans leur métier et offrent différents services : mise à disposition de cycles de
formations annuelles et comptage officiel des heures suivies, service de médiation de la consommation dans les
conflits rencontrés avec les clients dans le respect des obligations légales, réalisation d’études et d’enquêtes sur
des sujets professionnels, fourniture de kits et documentations réglementaires. Par leur influence, ces associations
participent en outre aux réflexions et à l’élaboration des lois, y compris au niveau européen.
Emmanuel Labrousse
28 Mai 2020