Loi #010-2016 Du 05-09-2016 Portant Sur La Lutte Contre Le Harcèlement en Milieu Professionnel

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JOURNAL OFFICIEL N°321 DU 16 OCTOBRE

2016
Loi N° 010/2016 du 05/09/2016 portant sur la lutte
contre le harcèlement en milieu professionnel

L'ASSEMBLEE NATIONALE ET LE SENAT ONT DELIBERE ET ADOPTE ;


LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE ; CHEF DE L’ETAT ;
PROMULGUE LA LOI DONT LA TENEUR SUIT :
Titre Ier : Des dispositions Générales
Article 1er : La présente loi, prise en application des dispositions des articles 47 et 53 de la Constitution,
porte sur les principes et mécanismes de lutte contre le harcèlement en milieu professionnel.
Chapitre Ier : Des définitions et du champ d'application
Article 2 : Au sens de la présente loi, on entend par :
-harcèlement : tout comportement répétitif ayant pour effet de porter atteinte à la dignité d'une personne et
de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant en milieu professionnel ;
-harcèlement moral : le fait de faire subir, sur le lieu ou à l'occasion du travail, des agissements répétés
ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail du salarié ou de l’agent public et
susceptibles de porter atteinte à ses droits, à sa dignité, d'altérer sa santé physique et/ou mentale, ou de
compromettre son avenir professionnel ;
-harcèlement sexuel le fait :
-d'imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui,
soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son
encontre une situation intimidante, hostile ou offensante ;
-d'user de toute forme de pression dans le but réel ou apparent d'obtenir un acte ou des faveurs de nature
sexuelle, que ceci soit recherché au profit de l'auteur des faits ou au profit d'un tiers.
Article 3 : Sous peine des sanctions prévues par la présente loi et/ou le Code Pénal, aucun salarié, agent
public ou stagiaire ne doit subir, sur le lieu ou à l’occasion du travail, des agissements répétés constitutifs
de harcèlement moral ou sexuel.
Article 4 : Sous peine ces sanctions prévues par la présente loi et/ou le Code Pénal, aucun salarié ou agent
public, aucune personne en formation ou en stage ne peut être sanctionné (e), licencié (e) ou faire l'objet
d'une mesure discriminatoire, directe ou indirecte, notamment en matière de rémunération, de formation,
de classement, d'affectation, de qualification, de classification, de promotion professionnelle, de mutation
ou de renouvellement de contrat pour avoir subi ou refusé de subir des agissements répétés de
harcèlement moral ou sexuel ou pour avoir témoigné contre ou relaté de tels agissements.
Article 5 : Les actes et attitudes constitutifs de harcèlement moral ou sexuel s'appliquent :
-aux relations entre les travailleurs ou agents publics et toute personne exerçant un pouvoir ou occupant
une position hiérarchique ;
-aux relations entre travailleurs ou agents publics de même niveau hiérarchique.
Chapitre II : De la gestion des différends ou des conflits
Article 6 : Le salarié, l'agent public ou le stagiaire qui s'estime victime de harcèlement moral ou sexuel peut
saisir, sous pli confidentiel, les délégués du personnel, l'employeur, l'inspection générale des services ou
l’inspection du travail.
Article 7 : La charge de la preuve des faits constitutifs du harcèlement moral ou sexuel incombe à la
victime.
Il revient alors à la partie défenderesse de prouver que ces agissements ne sont pas constitutifs de
harcèlement.
Article 8 : Les délégués du personnel et les délégués syndicaux dans l'entreprise ainsi que l'organisation
syndicale dans le public disposent d'un droit d'alerte.
Article 9 : Toute organisation syndicale représentative ou toute association légalement déclarée peut, avec
l’accord écrit du salarié, engager toute action en son nom, devant les autorités ou juridictions
compétentes.
Au cas où le harcèlement n'est pas établi par l'autorité ou la juridiction saisie, l'employé et ses mandataires
sont passibles de poursuites pour dénonciation calomnieuse
Chapitre III : Des sanctions
Article 10 : Sans préjudice des sanctions pénales prévues par les textes en vigueur, tout auteur de
harcèlement moral ou sexuel sur le lieu ou à l'occasion du travail encourt les sanctions disciplinaires
majeures en application des textes en vigueur.
Article 11 : Tout licenciement intervenu suite au refus de l'employé ou de l'agent public de subir ou
continuer à subir tout acte ou toute situation avérée de harcèlement moral ou sexuel est nul.
Article 12 : Toute mesure discriminatoire, directe ou indirecte, notamment en matière de rémunération, de
formation, de reclassement, d'affectation, de qualification, de classification, de promotion professionnelle,
de mutation ou de renouvellement de contrat, en ce qu'elle aura été infligée à l'employé, à l'agent public ou
au stagiaire qui aura subi ou refusé de subir des agissements répétés de harcèlement moral ou sexuel, ou
qui aura témoigné contre ou relaté de tels agissements, est nulle.
En conséquence, l'employeur est tenu, dans le délai de trente jours, de régulariser la situation
professionnelle de l'employé, de l'agent public ou du stagiaire.
La non-régularisation peut donner lieu à la saisine, selon le cas, de l'inspection du travail, de l'inspection
générale des services ou du tribunal administratif.
Article 13 : Lorsqu'il est établi que la démission de l'employé ou de l'agent public a pour origine des faits
de harcèlement moral ou sexuel, cette démission doit être considérée comme forcée et entraine à l'égard
de l'employeur les mesures prévues en cas de licenciement abusif.
Titre II : Des dispositions diverses et finales
Article 14 : Des textes réglementaires déterminent, en tant que de besoin, les dispositions de toute natures
nécessaires à l’application de la présente loi.
Article 15 : La présente loi sera enregistrée, publiée selon la procédure d’urgence et exécutée comme loi de
l’Etat.
Fait à Libreville, le 5 septembre 2016
Par le Président de la République,
Chef de l’Etat
Ali BONGO ONDIMBA
Le Premier Ministre, Chef du Gouvernement
Pr. Daniel ONA ONDO
Le Ministre du Travail et de l’Emploi
Simon NTOUTOUME EMANE
Le ministre de la Fonction Publique, de la Réforme Administrative et de la Modernisation des Cadres
Juridiques et Institutionnels
Jean Marie OGANDAGA
Le Ministre du Développement Durable, de l’Economie, de la Promotion des Investissements et de la
Prospective
Régis IMMONGAULT TATANGANI
Le Ministre du Budget et des Comptes Publics
Christian MAGNAGNA

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