Conflit D'intéret OHADA
Conflit D'intéret OHADA
Conflit D'intéret OHADA
(M2)
1
Sommaire
2
Introduction
La société durant sa vie peut fort probablement être marqué par le conflit
d’intérêts. Ces conflits d’intérêts omniprésents en droit des affaires au niveau
universel, y compris au sein de l’OHADA.
Le droit OHADA comme le droit marocain n’a pas proposé une définition légale
de la notion, Toutefois la doctrine française qui s’est déployée dans ce sens en
définissant la notion :
Selon Le Pr. Schmidt est conflit d’intérêt : « toute situation dans laquelle un
actionnaire ou un dirigeant choisit d’exercer ses droits et pouvoirs en violation de
l’intérêt commun, soit pour satisfaire un intérêt personnel extérieur à la société, soit
pour s’octroyer dans la société un avantage au préjudice des autres actionnaires » 1,
cette définition s’avère large puisque conformément à celle-ci seront intéressés les
actionnaires minoritaires et majoritaires ainsi que les dirigeants de la société.
Légalement, c’est l’intérêt social qui doit primer, cet intérêt commun partagé par
tous les actionnaires réside dans l’objectif assigné à la société : la recherche et le
partage du profit social3. Œuvrer dans l’intérêt social commun se traduirait en pratique
1
Kougnontèma AWOKI, Le conflit d’intérêts dans l’administration des sociétés en droit Marocain et de l’OHADA : Thèse en
vue de l’obtention du doctorat de l’université Mohamed 5 de Rabat, spécialité sciences juridiques, sous la direction de Pr.
Rachid FILALI MEKNASSI, Soutenue le 10 Octobre 2017. p.35.
2
Kougnontèma AWOKI, op,cit, p.34.
3
Dominique SHMIDT, Les conflits d’intérêts dans la SA, Joly éditions, 2004, P.28
3
par la conciliation entre les différents intérêts en présence, voire à sacrifier les uns en
faveur des autres4.
Et c’est ainsi que les enjeux majeurs corrélés à la notion du conflit d’intérêts,
nous invitent à nous interroger sur le cadre légal mis en place pour neutraliser ce
phénomène universel et pour remédier à ses répercussions. A ce titre, notons que le
droit OHADA comme le droit marocain, ont adhéré à un certain mouvement de réforme
initié par le législateur français dans une conjoncture où multiples scandales relevant
des conflits d’intérêts dans le monde des affaires ont éclaté.
4
Y. Guyon, Droit des affaires, tome 1 : Droit commercial général et sociétés, 2003, page 211.
5
Dominique SHMIDT, op,cit, p.29.
4
Chapitre 1 : Le dispositif de la prévention des conflits d’intérêts
Les conflits d’intérêts ne font pas l’objet d’une législation particulière dans le
droit de l’OHADA comme dans la plupart des systèmes juridiques.
Toutefois, un ensemble de dispositions éparpillées forme indirectement un
certain régime de prévention des conflits d’intérêts dans les sociétés.
Ainsi on va étudier dans une première section les mécanismes de la dissuasion
des conflits d’intérêts pour en deuxième lieu s’intéresser au dispositif du contrôle.
On trouve dans L’AUSGIE des dispositions qui traitent la prévention des conflits
d’intérêts. Dont les incompatibilités, les interdictions professionnelles et l’obligation de
de révélation.
6
Les fondateurs, associés, bénéficiaires d’avantages particuliers et des dirigeants sociaux de la société, ainsi que
leurs conjoints, soit des dirigeants sociaux des sociétés possédant le dixième du capital de la société ou dont
celle-ci possède le dixième du capital, ainsi que de leurs conjoints.
5
quelconque en raison d’une activité permanente autre que celle de commissaire aux
comptes. Il en est de même de leurs conjoints.
Dans le même sens, le droit OHADA va encore plus loin que celui marocain,
puisque les personnes ayant été administrateurs, administrateurs généraux,
administrateurs généraux adjoints, directeurs généraux ou directeurs généraux
adjoints, gérants ou salariés d’une société ne peuvent être nommées commissaires
aux comptes de la société moins de cinq années après la cessation de leurs fonctions
dans ladite société 7.
L’article ajoute que pendant le même délai, elles ne peuvent être nommées
commissaires aux comptes dans les sociétés possédant dix pour cent du capital de la
société dans laquelle elles exerçaient leurs fonctions ou dont celles-ci possédaient dix
pour cent du capital lors de la cessation de leurs fonctions8.
Cette interdiction est reprise également pour les sociétés anonymes par l’article
450 du même texte. L’article pose la même interdiction aux administrateurs, aux
directeurs généraux et aux directeurs généraux adjoints ainsi qu’à leurs conjoints,
ascendants ou descendants.
Toutefois il faut savoir que cette disposition ne s’applique pas aux personnes morales
membres du conseil d’administration.
7
Article 700, al. 1er, de l’AUSCGIE.
8
Article 700, al. 2eme, de l’AUSCGIE.
6
De plus, l’article 507 de l’AUSCGIE interdit à l’administrateur général ou à
l’administrateur général adjoint lorsqu’il en est nommé, ainsi qu’à leur conjoints,
ascendants, descendants et aux personnes interposées, de contracter, sous quelque
forme que ce soit, des emprunts auprès de la société, de se faire consentir par elle un
découvert en compte-courant ou autrement, ainsi que de faire cautionner ou avaliser
par elle leurs engagements envers les tiers.
Dans le droit des sociétés, le contrat de société est une forme de coopération,
ainsi la communication de l’information est une obligation qui se fonde sur la
communauté d’intérêts des associés et qui sert l’intérêt de tout y compris de celui qui
divulgue. Tout en partageant le risque social, chaque associé qui détient une
information utile doit la faire connaitre aux membres de l’organe délibérant. L’obligation
de révélation est considérée comme un préalable indispensable au traitement de ces
conflits.10
Par exemple celui qui détient en assemblée une majorité de voix ou une minorité
de blocage exerce une influence déterminante, car il peut imposer ou empêcher une
9
Article 507 de l’AUSCGIE.
10 Dominique SHMIDT, op,cit, p36.
7
décision. S’il exerce son influence dans son intérêt personnel opposé à son intérêt
d’actionnaire, il causera préjudice à ses associés. Alors l’exigence de révélation du
conflit d’intérêts devient absolue.11
8
des candidats, ainsi que, le cas échéant, des renseignements sur les candidats à ces
organes.
Néanmoins, le droit marocain ne précise pas la nature des renseignements à fournir.
L’article 523 de l’AUSCGIE est par contre plus précis : « Lorsque l’ordre du jour
de l’assemblée générale porte sur la présentation de candidats au poste
d’administrateur ou d’administrateur général, selon le cas, il doit être fait mention de
leur identité, de leurs références professionnelles, de leurs activités professionnelles
et de leurs mandats sociaux au cours des cinq dernières années ». Ces
renseignements permettent de déceler les liens d’intérêts qui peuvent éventuellement
conduire à un conflit avec les intérêts et devoirs des mandataires sociaux.
Pour les conventions réglementées, le droit OHADA prévoit des mesures qui
contraignent les dirigeants sociaux et les actionnaires intéressés à la transparence et
à la révélation des conventions qu’ils concluent avec la société.
Le droit OHADA est plus précis que le droit marocain ici et oblige même
l’intéressé « d’indiquer, en particulier, sa situation et son intérêt personnel au regard
de ladite convention, en précisant ses participations, son rôle et ses liens personnels
avec les autres parties à la convention et la mesure dans laquelle il pourrait en tirer un
avantage personnel »19.
18 Article 438 de l’AUSCGIE énonçant : « « Doivent être soumises à l’autorisation préalable du conseil d’administration : -
toute convention entre une société anonyme et l’un de ses administrateurs, directeurs généraux ou directeurs généraux
adjoints ; - toute convention entre une société et un actionnaire détenant une participation supérieure ou égale à dix pour
cent (10%) du capital de la société ; - toute convention à laquelle un administrateur, un directeur général, un directeur général
adjoint ou un actionnaire détenant une participation supérieure ou égale à dix pour cent (10%) du capital de la société est
indirectement intéressé ou dans laquelle il traite avec la société par personne interposée ; - toute convention intervenant
entre une société et une entreprise ou une personne morale, si l'un des administrateurs, le directeur général, le directeur
général adjoint ou un actionnaire détenant une participation supérieure ou égale à dix pour cent (10%) du capital de la société
est propriétaire de l’entreprise ou associé indéfiniment responsable, gérant, administrateur, administrateur général,
administrateur général adjoint, directeur général, directeur général adjoint ou autre dirigeant social de la personne morale
contractante ».
19 Article 440 de l’AUSCGIE.
9
Section 2 : Le contrôle interne et le contrôle externe
20
L’acte uniforme révisé relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique.
10
L’AUSCGIE oblige les organes d’administration à aviser le commissaire aux
comptes de toutes les conventions conclues par l’intéressé avec la société, dans un
délai de trente jours à compter de la date de leur conclusion21.
Ce contrôle a pour but d’éviter qu’un dirigeant puisse se trouver dans une
situation où il va choisir entre faire primer son propre intérêt ou celui de la société »23.
L’assemblée générale par le biais de l’information des actionnaires peut détecter les
conventions exposées à un risque de conflit d’intérêts24.
21
Article 440 de l’AUSCGIE.
22
AWOKI Koungnontèma, op.cit. p140.
23
V. Etienne Grosbois, « Responsabilité civile et contrôle de la société », Thèse de doctorat, Université de Caen,
France, 2012, p. 118.
24
AWOKI Koungnontèma, op.cit. p140.
11
Le rôle joué par ces organes en matière de contrôle est une délégation de
l’assemblée générale qui est en principe l’organe investi du contrôle interne de la
société25.
Le contrôle doit être fait dans l’intérêt commun des actionnaires. Car l’une de
ses missions est de préserver les intérêts des actionnaires.
Dans le même sens, le commissaire aux comptes doit s’assurer que les
comptes ont été dressés conformément aux dispositions de la législation applicable
25
Le mode de fonctionnement des sociétés anonymes est souvent assimilé à celui de la démocratie. Ainsi,
considère-t-on que les actionnaires sont le peuple et que les membres du conseil d’administration ou du conseil
de surveillance, selon le cas, sont les ministres que le peuple a choisis pour administrer la société et défendre ses
intérêts.
26
Article 712 de l’AUSCGIE.
27
K. AWOKI, op.cit. p.185.
12
aux SA et du plan comptable général, complétées ou modifiées, par les directives des
plans comptables professionnels et les dispositions fiscales en vigueur.
- La sincérité
C’est l’expression claire de la situation sociale de la société opérée avec bonne
foi et loyauté.
- L’image fidèle
Elle est un concept plus large que ceux de régularité et de sincérité. L’image fidèle est
celle qui ne dénature pas la situation de l’entreprise, qui en donne une représentation
cohérente et permet donc de bien mesurer les risques financiers courus par la société.
« Le commissaire aux comptes émet une opinion indiquant que les états financiers de
synthèse sont réguliers et sincères et donnent une image fidèle du résultat des
opérations de l’exercice écoulé ainsi que de la situation financière et du patrimoine de
la société a la fin de cet exercice »28.
28
Article 710 de l’AUSCGIE.
13
En expriment son opinion lors de la certification des comptes en assemblée
générale, le commissaire aux comptes a trois alternatives en droit marocain29. Ainsi il
peut :
Dans les deux derniers cas, le commissaire est tenu d’indiquer les motifs qui l’ont
amené à certifier avec réserves ou à refuser de certifier30.
- Soit conclure que les états financiers de synthèse sont réguliers et sincères et
donnent une image fidèle du résultat des opérations écoulées ainsi que de la
situation financière et du patrimoine de la société ;
- Soit exprimer une opinion avec réserves ;
- Soit exprimer une opinion défavorable ;
- Ou enfin indiquer qu’il est dans l’impossibilité d’exprimer une opinion.
29
Article 175 de la loi 17-95.
30
Article 175 de la loi 17-95.
31
Article 711 de l’AUSCGIE.
14
Chapitre 2 : Le régime de la responsabilité dans les conflits d’intérêts
Les mécanismes de prévention des conflits d’intérêts n’ont qu’un effet dissuasif,
l’échec de la prévention conduit à la réalisation concrète de ces conflits. Ainsi le
traitement à posteriori du conflit d’intérêt se fait par le biais de la sanction.
32
Loi 17-95 et loi 5-96.
33
K. AWOKI, op.cit., p275.
15
Dans le droit de l’OHADA, l’article 444 de l’AUSCGIE édicte que sans préjudice
de l’intéressé, les conventions visées à l’article 438 ci-dessus et conclues sans
autorisation préalable du conseil d’administration peuvent être annulées si elles ont eu
des conséquences dommageables pour la société.
a- L’abus de majorité
34 Ces deux dispositions prévoient que les conséquences préjudiciables à la société des conventions désapprouvées par
l’assemblée générale peuvent être mises à la charge du dirigeant social (administrateur, directeur général, directeur général
délégué/adjoint) ou de l’actionnaire intéressés, et éventuellement des autres membres du conseil d’administration. Le
dirigeant social ou l’actionnaire intéressé est responsable car il tire profit personnel de la convention préjudiciable, alors que
les autres membres du conseil ou de l’assemblée engagent leur responsabilité pour avoir autorisé ou approuvé une telle
convention. Par ailleurs, le président du conseil qui omettrait de mettre en œuvre la procédure légale répond également de
sa faute, laquelle procède soit d’une négligence, soit d’une complaisance envers l’administrateur intéressé.
16
L’abus de majorité se définit comme étant une décision prise par un actionnaire
ou un groupe d’actionnaires représentant la majorité du capital social et donc la
majorité des voix, qui va à l’encontre de l’intérêt social, dans le but unique de le ou les
favoriser au détriment de la minorité35.
Il faut qu’il y ait intention de nuire aux associés ou actionnaires minoritaires outre
la violation de l’intérêt social. Cela implique donc que la majorité des actionnaires vote
sans prendre en compte l’intérêt social. Un préjudice est alors porté aux intérêts
légitimes des actionnaires ou associés minoritaires, ou l’auteur de l’abus favorise
exclusivement son intérêt propre.
Il faut noter que l’abus de majorité a une nature subjective. Ainsi, il incombe
souvent au juge de définir ce que constitue un abus de majorité au cas par cas.
A titre d’exemple, dans un arrêt du 25 mars 1998 de la 3ème Chambre civile 36,
la Cour de cassation a déterminé que le fait pour une assemblée générale d’approuver
le cautionnement hypothécaire d’un bien immobilier de la société dans le but de
permettre à un associé majoritaire d’obtenir un prêt constituait un abus de majorité.
17
d’obtenir des dommages et intérêts des majoritaires. Ils devront être assignés
personnellement, puisque c’est leur responsabilité qui doit être engagée et non pas
celle de la société, comme fut confirmé par un arrêt de la chambre commerciale de la
cour de cassation française datant du 6 juin 1990.
b- L’abus de minorité
On sait bien que les actionnaires minoritaires ont un pouvoir restreint que les
majoritaires et sont donc moins susceptibles de commettre un abus en assemblée38.
Certes, la minorité de blocage du vote en assemblée générale de société dont ils
disposent dans certains cas peut constituer une manière d’abus dont l'intérêt des seuls
minoritaires est préféré au détriment des autres associés, et ainsi contraire à l'intérêt
social, ce qui peut empêcher la réalisation d'une opération essentielle pour la société39.
Selon les circonstances et les conséquences du blocage, les juges
reconnaissent au cas par cas l'existence d'un abus de minorité. En pratique, ce type
d’abus porte souvent sur le vote de l’augmentation du capital de la société40.
38
K. AWOKI, op.cit., p298.
39
M. Cozian, op.cit., p507.
40
https://droit-finances.commentcamarche.com/contents/1195-sarl-sa-abus-de-minorite-et-
abus-de-majorite
18
Ainsi, il en résulte que la responsabilité civile des minoritaires peut être engagée
par les majoritaires lors d’un abus de minorité.
b- La révocation du dirigeant
41
M. Germain, V. Magnier, Traité de droit des affaires, Lextenso, 2017, p231.
42 Article 69 de la loi 5-96 :« Le gérant est révocable par décision des associés représentant au moins trois quarts des parts
sociales. Toute clause contraire est réputée non écrite. Si la révocation est décidée sans juste motif, elle peut donner lieu à
des dommages-intérêts. En outre, le gérant est révocable par les tribunaux pour cause légitime, à la demande de tout associé.
43 Article 67 de la loi 17-95 : Le directeur général est révocable à tout moment par le conseil d'administration. Il en est de
même, sur proposition du directeur général, des directeurs généraux délégués. Si la révocation est décidée sans juste motif,
elle peut donner lieu à dommages-intérêts, sauf lorsque le directeur général assume les fonctions du président du conseil
d'administration.
19
Section 2 : L’incrimination pénale
Ces dispositions pénales trouvent leur origine dans le droit pénal des affaires,
s’agissant du droit marocain, les dispositions se trouvent dans la loi 17-95 sur la
société anonyme et la loi 5-96, quant au droit de l’OHADA, il s’agit de l’acte uniforme
sur les sociétés commerciales44. Mais en ce qui concerne les sanctions encourues,
l’acte uniforme n’en dit rien.
Selon l’article 891 de l’AUSCGIE 45: « encourent une sanction pénale le gérant
de la société à responsabilité limitée, les administrateurs, le président directeur
général, le directeur général, l'administrateur général ou l'administrateur général
adjoint qui, de mauvaise foi, font des biens ou du crédit de la société, un usage qu'ils
savaient contraire à l'intérêt de celle-ci, à des fins personnelles, matérielles ou
morales, ou pour favoriser une autre personne morale dans laquelle ils étaient
intéressés, directement ou indirectement. »
44 http://revue.ersuma.org/numero-special-novembre-decembre/etudes/L-etat-de-droit-penal-des-affaires
45
Correspond à l’article 384 de la loi 17-95.
20
L’incrimination de l’infraction d’abus de biens sociaux dans l’AUSCGIE a pour
objectif de punir l’appropriation illégitime des biens du patrimoine de la société.
Toutefois, il s'agit d'une sanction d'ordre pénal mais rien n’empêche à ce que la
responsabilité civile soit dans le même temps retenu.
Le régime français d’abus de biens sociaux est quant à lui quasi identique à son
homologue marocain.
A titre d’exemple de faits : c'est par exemple le cas d'un dirigeant qui fait
cautionner par la société une dette personnelle (Crim.10 mai 1955, B. n°234) ou qui
met en circulation sous le couvert de la société des effets de complaisance étrangers
à l'activité sociale (Crim.16 mars 1970, B. n°107).
46
A. Khaled, Réflexion sur l’abus en droit des sociétés dans l’espace OHADA : contribution du droit français, sous
la direction de - M. Franck MARMOZ. - Lyon : Université Jean Moulin (Lyon 3), 2013. p435.
21
Paragraphe 2 : La faute professionnelle du commissaire aux comptes
Comme déjà prévu l’article 710 de l’AUSCGIE précise que « le commissaire aux
comptes certifie que les états financiers de synthèse sont réguliers et sincères et
donnent une image fidèle au résultat des opérations de l’exercice écoulé ainsi que de
la situation financière et du patrimoine de la société à la fin de cet exercice ».
Toutefois, l’article 899 de l’AUSCGIE prévoit une sanction pénale contre « tout
commissaire aux comptes qui, soit en son nom personnel, soit au titre d’associé dans
une société des commissaires aux comptes, aura sciemment donné ou confirmé des
informations mensongères sur la situation de la société (…) ».
22
C’est ainsi que la nécessité de l’intention coupable est relevée par la
jurisprudence qui vérifie à chaque fois si le commissaire aux comptes savait que telles
informations étaient mensongères. L’article 899 de l’AUSC précise bien que ces
informations doivent avoir été données ou confirmées « sciemment ». Les juges
avaient conclu dans une affaire que le prévenu, en sa qualité de commissaire aux
comptes, a sciemment confirmé des informations mensongères en certifiant la
régularité et la sincérité du bilan dont il connaissait la fausseté 49(Cass.Crim. 12 Janvier
1981).
Selon, la doctrine dominante, celle-ci estime qu’il faut retenir la culpabilité sur la
base de tout délit de société qui n’aura pas été dénoncé. La formulation de l’article 899
semble inclure parmi les infractions à dénoncer tout autre délit ayant pour cadre la
société, ce qui englobe les infractions économiques.
Le commissaire aux comptes qui remarque tels faits devra mettre en demeure
les dirigeants de régulariser la situation avant de pouvoir saisir le ministère public.
La loi n’a pas imposé un délai dans lequel le commissaire aux comptes est tenu
de dénoncer les faits délictueux. Mais en tout état de cause, celle-ci ne doit pas être
49
https://www.legavox.fr/blog/gradi-mongay/responsabilite-penale-commissaires-comptes-
droit-12876.htm
23
tardive. La révélation doit intervenir dès que le commissaire aux comptes a
connaissance du caractère délictueux des faits.
50
D. A. T. KENFACK, op.cit.,p37.
51
Article 404 de la loi 17-95 relative aux sociétés anonymes.
24
Conclusion
Les conflits d’intérêts sont source de débat en droit des affaires au niveau
universel, y compris au sein de l’OHADA. L’objectif des règles édictées par le
législateur est d’éviter des conflits d’intérêts et de punir les auteurs en cas d’échec de
du dispositif de la prévention.
25
Bibliographie
Ouvrages
Thèses
26
Textes de lois
Webographie
- https://www.legalife.fr/guides-juridiques/abus-de-majorite-minorite/
- https://droit-finances.commentcamarche.com/contents/1195-sarl-sa-abus-de-
minorite-et-abus-de-majorite
- http://revue.ersuma.org/numero-special-novembre-decembre/etudes/L-etat-
de-droit-penal-des-affaires
- https://www.legavox.fr/blog/gradi-mongay/responsabilite-penale-
commissaires-comptes-droit-12876.htm
27
Table des matières
Sommaire ................................................................................................................................................ 2
Introduction............................................................................................................................................. 3
Chapitre 1 : Le dispositif de la prévention des conflits d’intérêts ........................................................... 5
Section 1 : Les mécanismes de la dissuasion des conflits d’intérêts ....................................................... 5
Paragraphe 1 : Les incompatibilités ........................................................................................................ 5
Paragraphe 2 : Les interdictions .............................................................................................................. 6
Paragraphe 3 : L’obligation de transparence et de révélation ................................................................ 7
Section 2 : Le contrôle interne et le contrôle externe .......................................................................... 10
Paragraphe 1 : Le contrôle interne........................................................................................................ 10
Paragraphe 2 : Le contrôle externe ....................................................................................................... 12
Chapitre 2 : Le régime de la responsabilité dans les conflits d’intérêts ................................................ 15
Section 1 : Les sanctions en matière civile ............................................................................................ 15
Paragraphe 1 : La sanction de la violation des règles préventives des conflits d’intérêts .................... 15
Paragraphe 2 : La sanction de l’abus de droit fondé sur un conflit d’intérêts ...................................... 16
Paragraphe 3 : Autres sanctions............................................................................................................ 19
Section 2 : L’incrimination pénale ......................................................................................................... 20
Paragraphe 1 : L’abus de biens sociaux ................................................................................................. 20
Paragraphe 2 : La faute professionnelle du commissaire aux comptes ................................................ 22
Conclusion ............................................................................................................................................. 25
Bibliographie.......................................................................................................................................... 26
28