Proces: La Repression Colonialiste en Anqola

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La repression colonialiste en Anqola

LE
PROCES
DES·
.

t
CINQUANTE

, A luanda clnouante
patriotes anqolals devant .
es [uqes portugais pour
l I
Le cr: -ie .de llberte.
EDITE A L'OCCASION DU- 3 AOUT 1960
JOURNEE DE SOLI DARITE
AVEC LES PEUPLES rr LES PATRIOTES
DES COLONIES PORTUGAISES

.EDITEURS RESPONSABLES :
1.IARCEL LEVAlJX, 89, rue de Hoigriee, Cheratte
JEAN GODIN, 104, rue du Centenaire, Chenee
JACQUES YERNA, 26, rue Simon Radoux, Liege
DAISY LENAERTS, 92, Avenue des Martyrs, F'Ier-on

2em• EDITION
Au Portugal, beaucoup de gens, surtout dans les milieux dirt-
geants, vantent les arguties des Uigistes portugais, comme si cela oon-
stituait un titre de gloire.
Au moment culminant de la crise de Goa, les colonialietes portuoon»
dont l'IngenieuT Cunha Leal, par exem.ple,ont propose de n3soudrecelle-
d d l'aide d'une legislation elaboreepar des experts en chicane juridique.
En ce qui. conceTnela question coloniate, l'esprit de chicane por-
tugais a consist6 Ii declarer, dans les lois de faQade telles que la Con-
stitution politique, que les Africains et Asiatiques des colonies portu-
gaises etaient: Portugais au meme titre que les indigenes du Portugal,
suggerant ainsi que les peuples coloniaux jouissaient des droits et Ziber-
tes constitutionnels comme le peuple portugais, sans aucune discrimi-
nation. Mais cet esprit de chicane est aIle plus loin: on a etabli toute
une serie de discriminations politiques, economiques,raciales, etc. au
moyen de Lois secondaiTes.Par l'action administTative quotidienne, on
a ouvert le champ illim,it6 des privileges aux entreprises portuqaises et
non-portugaises et Ii une m,inorit6 de colons, tandis qu'on retusost tota-
lement aux peuples coloniaux les libert6s fondamentales en les plon-
geant dans Penfer du travail force et dans Z'obscurantismemoyenageux.
La montee des nationaZismes afro-asiatiques et la pression de
l'opinion internationale ont force les legtstes portugais d camoufter Za
realit6 coloniale en tranjormant les colonies en «provinces ».
En exhibant pUbliquement les Zois fondamentales et les «provin-
ces» artificielles, les coZonialistes portugais nient cyniquement l'exis-
tence d'une politique coloniaZeportugaise en Afrique et en Asie: «Lie
PortuiJal ne possedeaucune colonie» - repetent-its partout.
Pour prevenir la rebellion popuZaire centre l'oppression et
l'exploitation, il y a « l'ordre fasciste» .vieux de trente ans : la dictature
sinistre d'une poignee d'exploiteuTs, la police secrete et ommipresente
dont les etfectsfs, reorutes d Za faveur de Zamisere imposee au peuple
portugais, sont des dizaines de jois supe1'ieursd ceu» des professeurs,
medecins et infirmieTs de tous les territoires sous domination portu-
gaise.
Les colonialistes portugais ont donne le nom de «paix Zusitanien-
ne» au silence trompeur de la Zutte popuZaire clandestine, d la pru-
dence detenninee par une police feroce et par la terreur permanente.
Ainsi est ne le mythe, asiquel seule les colonialistes portugais
feignent de croire, selon.Iequet «tout irait pOUTle mieux dans le meiZ-
leur des mondes portugais ».
Cependant, matqr« Ies conditions imposees dans nos pays, nos
peuples ont depuis toujours Zutte contre Z'oppression et Z'exploitation.
D' ume part, les intimes minorites d'Africains qui jouissent theorique-
ment des droits et libertes constitutionnels ont mene pendant des
dizaines d'annees une lutte reformiste dans des' associations reg10na-
les contraZeespar l'administration coloniale. D'autre pa1 t, lies grandes
o

masses ajricaines, auxquelles on rej'Usait et on refuse encore, meme


theoriqu1"'ent, Z'exercice de ces droits et libertes, explosaient en de

LUCID LARA
[requentes revoltes, aussit6t etouffees par des massacres et par le mur
de silence dont le Portugal avait entoure ses coZonies. -
L'aggravation de l'oppression coloniale est venue dissiper defi-
nitivement les espoirs de succes de la lutte rejormiete d l'intel'ieur du-
cadre colonial et sans fondement dans les masses populaires. A cette
tatte, ayant un oaractere opportunsste, succeda irrevocablement la tat-
te revolutionnai1'e, visant directement d la liquidation complete du co-
lonialisme portugais, la substitution immediate et, inconditionnelle
dans nos pays de Ia souverainete de nos peuples a la souveratriete
portugaise.
O'eet avec cet objectif qu'ont ete crees le P ARTI AFRICAIN
DE L'INDEPENDANCE (PAl) de la Guinee dite portugaise, le MOU-
VEMENT POPULAIRE DE LIBERATION DE L'ANGOLA (MPLA),
et aussi L'UNION DES POPULATIONS DE L'ANGOLA .(UPA).
Depuis des annees, le MPLA et le PAl s'engagent dans uneo
tutte ayant un caractere national populaire, d laquelle des millierS"
d'Africains participent sans distinction de statut politique et civil, d'ori-
gines ethmiquee, tribales ou religieuses. Les revendications des gran-
des massespaysannes et travailleuses (presque Za totaute de la popu-
lation de nos pays) ont ete et continueront d'etre le but essentiel duo
PAl et du MPLA.
Les conditions tres dures imposees par le coloniaU,smefasciste
portugais ont vite montre qu'il fallait renforcer l'action d l'inUrieur
de nos pays en s'appuyant sur l'action d l'ext6rieur. n Mait urgent de
denoncer le colonialisme portugais, de faire en sorte que sur chacun
de ses crimes tomblit au moins la sanction de l'opinion publique mon-
diale. O'est ainsi que, sous l'impulsion du PAl et du MPLA, une par-
tie importante des Africains residant d l'etranger constituerent le
MOUVEMENT ANTICOLONIALISTE (MAC) dont les objectifs prin-
cipaux etaient: les suivants : etudier les problemes souleves par la Isit-
te menee par les organisations patriotiques de nos pays; contribuer
dune orientation plus lucide de cette lutte, en tenant compte de
Z'evolution concrete de la politique internationale; traoailler pour l'uni-
te d'action des mouvements de liberation des colonies portugaises;
constituer POU1', les forces agissant d l'interieuT de nos pays des reser-
ves revow.tionnaires inepuisables afvn. d/ oter au colonialisme portugais
toute possibilite de mater la lutte liberatrice de nos peu.ples,
Pendant les- deux annees de son existence, le MAC f.it entendre
la voix de nos peuples lors de ditterentes rencontres africavnes et afro-
asiatiques et contribua d detruire les mensongesentretenus par la co-
lonialisme portugais.
Le MAC participa a la 2me Conferencedes PewplesAfricains, en.
tant que representant de ses rnemb1'esactifs , du PAl et du MPLA. Oet-
te participaiton fut un succes pour la lutte des peuples africain» sous
dornination portugaise.. Les forces revolutionnaires de toute I'Atrique
et une grande partie de l'opinion internationale furent suttisamment
vnformees des crimes du colonialisme portugais et de la lutte qui se de-
roule derriere Ie rideau de silence. L'isolement auqueZle Portugal avait
condamne pour longtemps nos peuples fut definitivement rompu. En.
presence des interesses, la Conference de/init la solidarite a/1-icaine Ii
l'egard de notre -lutte liberatrice. Elle adopta pour la premiere fois une
resolution .specialeet claire sur les colonies portugaises.
Un autre evenement important, succesdu MAC, a Me la constitu-
tion du, FRONT REVOLUTIONNAIRE AFRICAIN POUR L'INDE-

! '.
"
PENDANCE NATIONALE DES COLONIES PORTUGAISES (FRAIN)
forme par le PAl et le MPLA au sein duquel le MAC e'est dissous. Le
FRAIN est ouvert Ii toutes les organisations des colonies portugaises
qui lurtewt activement pour la liquidation du colonialisme.
Pour le bien de nos pewples , ta cause de la pa·ix mondiale et du
peuple portugais lui-meme, nos organisations accoraent une granae
importance Ii la. liquidation pacifique du colonialisme portugais.
Il est: certain que les colonialistes portugais s'entetent Ii mar-
cher contre le sens de l'histoire et se preparent Ii declench.er des
guerres ooloniales, Mais il est encore plus certain que nos peupZes
obtiendront une victoire totale sur le colonialisme portugais.
Nos peuples et leurs organisations politiques ne se dressent pas
centre te peuple portugais. Ils se dressent contre la domination colo-
niale portugaise.
Nos peuples et leurs organisations patriotiques luttent pour la
conquete du droit Ii l'autodetermination et -pour l'exercice eftectt] et
'Urgentde ce droit. Oe sont les peuples de I' Angola, du Cap Vert, de la
Guinee dite portugais8, du Mozambique et de B. Tome et Prince qui
doivent eux-memesdecider de leur sort et choisir la direction de leur
developpement en complete liberte et sans ingerence du Portugal ou
de tout autre pays.
Il est exact que nous avons aussi attire l'attention de Z'opinion
publique sur le sous-developpementdu Portugal qui amene ce pays It
prostituer ses colonies au profit des interets qui l'aident Ii maintenir
son empiTe. Oeci souligne le caractere immoral de la domination du
Portugal sur des territoires riches et aussi etendncsque la moitM de
l'Europe jusqu'aux frowtieres orientales de la Pologne. Mais en men-
tionnant le soue-deuelop-pement: flagrant de ce. pays qui ose justifier
la possess·iond'un Empire par une pretendue «mission civilisatrice»
nous n'entendons pas faire supposer que nos peuples accepteraient le
rem-placement du colonialisme portugais par celui d'un autre pay~, soit
qu'il intervienne directement, soit qu'i1 agisse par intermediaire d'Afri-
cains ou d'organisations africaimes,
Nous proclamons une fois de plus et categoriquement que nous
luttons pour la souverainete inalienable de nos peuples sur leurs pro-
pres pays et pour leur controte total sur leurs rich esses,dans le cadre
du processus general et democratique vers l'unite ajricaine.
Nos peuples luttent pour une independancereelle.
Euieles Ii Z'esprit de la charte de l'ONU et des resolutions dell
conferencesde Bandoung, du Caire, d'Accra et de Tunis, nos peuples
et leurs organisations patriotiques poursuivront et intensifieront leur
lutte pour la disparition complete du colonialisme portugais, pour
l'exercice ettectit et urgent du droit Ii l'autodetermination, pour l'in-
dependanceimmediate et inconditionnelle.

Le Cornite Elxecutff du FRAIN


Le proces des
Nationalistes Angolais
Des .nattonaltates angolais vont bientot etre jug es par les tribu-
naux portugais it Luanda.
Comme «La Oa.uche» Ie signalait, il s'agit de «trois proces
politiques concernant cinquante-sept personnes inculpees d'atteinte Ii
la siirete exterieure de l'Etat et a l'unite de la Nation.
Un premier proces touche 15 Angolais (lun d'eux residant it
Pointe Noire), un Ghaneen, un noir amertcain et un noir cubain.
Un autre est instruit specialemen t it l'intention de sept Eluropeerrs
(Portugais de tendance progressiste, paratt-il) qui habitent la colonie.
Enfin, on remarquera que Ie troisieme proces concerne 32 person-
nes dont vingt sont detenues dans les cachots des prisons militaires
et douze resident au Congo, au Br~sil et ailleurs. Tous sont des
Angolais, it l'exception d'un marin de nattonalite amertcaine. »(1)
Ils sont ainsi accuses du crime de haute trahison, car ils ont
voulu separer (horribile dictu !) la « province de l'Angola» de sa « Mere-
Patrie ».
D'apres les articles 141 et 151 du Code Penal Portugais, ces
nationalistes risquent jusqua vingt-cinq ans de prison.
Ils appartiennent aux milieux sociaux les plus divers. On trouve
parmi eux des fonctionnaires et des employes de commerce, des infir-
miers, des ouvriers, quelques intellectuels et etudiarits.
Notons que deux hautes personnalttes du clerge angolais subissent
actuellement des pressions poltcieres : le Chanoine MANUEL DAS NE-
VES, Vicaire general et I'Abbe PINTO DE ANDRADE, Chancelier de
I'Archeveche de Luanda. Ce n'est plus un secret que les tribunaux
cherchent it les inculper, afin de savoir exactement la nature de leur
participation dans la lutte nationale (2).
Les charges retenues par les tribunaux contre les nationalistes
angolais tournent toutes au tour de leur f'levr-euse activtte politique.
Mais ils n'ont pas cache, dans leurs declarations au cours de l'instruction
du proces, d'avoir ete lies it des mouvements anticolonialistes.
En effet, de nornbreux documents (manifestes, programmes d'ac-
tion, proclamations, appels, tracts, etc.) circulaient dans la colonie
depuis une dizaine dannees, emanant d'organisations politiques, notarn-
ment du MouvementPopulaire de Liberation de VAngola, du Pa"1·tide la
Lutte Unie et de l'Uni.on des Populations de l'Angola.
Ces nationalistes agissaient dans la clandestinite - il ne pouvait
pas en etre autrement - puisque aucune loi n'accorde aux Angolais

(1) La Gauche du 5 mars 1960, Bruxelles.


(2) Au moment merne ou l'Eglise catholique adapte sa doctrine
it l'eveil des nationalismes africains, la police du catholique Salazar ne
cesse de poursuivre ces dignitaires ecclesia.sttques. Elaper-oris que Ie
Saint-Siege interviendra en leur faveur, en protestant au pres aes
autorrtes portugaises.
Ie droit d'entretenir librement des activites polrttques, contraires au
diktat de l'Union Nationale, parti officiel du gouvernement portugais.

Mais ce proces fait suite aux nombreuses arrestations operees en


Angola depuis longtemps.
Le chef religieux nationaliste SIMAO GONCALVES TOCO a eta
deporte dans un camp de travail force a Baia dos Tigres. Des
centaines d'Angolais du district de Cabinda· ont ete emprisonnes et
portes disparus. Les leaders de- l'Union des Populations de
l' Angola, Ldborto, Nefwane et Lello Figueira sont emprtsonnes depuis
1956 au Camp de Concentration de Bie, tandis que leurs camarades
Julio Afonso. Isaias Kamutuke. Alfredo Benje, Cunha. Loureiro
Sequeira et Ambrosio Luyanzi sont egalement portes disparus, apres
a voir ete tortures.

Alors que partout aillenrs en Afrique on ne parle que de «vent


de changement », de < marche de l'histoire », de decolonisatron, d'afri-
canisation des cadres et de l'Eglise. Ie Portugal s'accroche a ses vieux
principes traditionnels.
Decidement, Ie «vent de ehangement» ne souffle pas sur les riva-
ges «provinciaux» du Portugal d'Outre-Mer ....
La presse portugaise qualifie les hommes politiques anglats,
frangais ou belges de ldch.eur s et bradeurs d'empires africains qui ne
tarderont pas a tomber sous la domination de Washington ou de
Moscou. A leurs yeux, lin esprit demissionnaires'empare de 1'0ccident
chretien!
La preuve en est qu·it. I'occasion de la recente nomination de
M. Adriano Moreira au poste de Sous-Secretaire d'Etat a l'Administra-
tion dOu tre-Mer, Ie bulletin d'information Nouvelles du Portugal affir-
mait: 'I'a.ndis que les autres pays europeens s'engagent dans une voie
permettant aux territoires africains de jouir de l'autonomie ou de
I'Independance, Ie Portugal «tend a perfectionner et a developper la
politique d'assimilation et d'Integra.tion de ses terri toires d'outre-rner
dans la communaute lusitanienne.» Et Ie dit Sous-Secretaire d'Etat,
dans l'allocution prononcee devant son «Ministre », de rencherrr : « Tl est
vrai que nous allons devenir un cas unique. mais Ie Portugal a deja
ete plusieures fois dans l'histoire un cas unique. La foi dans la
justice de la cause que nous defendons nous a toujours permis de
sauvegarder I'Integr lte de la Patrie. appuyes que nous sommes sur
Ie principe de I'unite nationale. »
Cela berce aujourd'hui la bonne conscience des portugais en
matiere coloniale. On serait tente de qualifier cette politique de
primitive et irrationnelle, tant elle decoule des raisons medievales qui
guiderent jadis les responsables des aventures maritimes.
Sur Ie fronton de la Constitution portugaise, il est ecrtt que les
braves lusitaniens ont recu la mission historique de ~ coloniser les
terres des decouvertes ». La dictature jeau itique de Salazar, d'inspira-
tion et de pratique fascistes, s'accorde parfaitement avec ce primiti-
visme de Ia mentalite coloriiale.
Au surplus, Ie «cordon sanitaire» eta bli autour de l'exercice
des Iiber-tes democrattques des citoyens portugais, Ie poids de l'economie
coloniale dans l'equilibre financier du regime, la violence de l'exploi-
tation arrtcaine, la place minuscule occupee par Ie Portugal sur la
scene internationale - tous ces facteurs - acheven t de rendre les
dirigeants. portugais aveugtes a toute ouverture Iibera le en Afrique
Noire. .
D'ou leur refus obatine de fournir des renseignements a la
4e Commission des Te1Titoires Dependants des Nations Unies, puisque,
par decret dogmatique, « Ie colonialisme est une chose inconnue dans
Ia communaute portugaise. Le statut constitutionnel des provinces
portugaises d'outre-mer est absolurnent le meme que celui des provinces
europeenries du Portugal» (sic).
D'ou leur reaction forcenee dans l'actuelle conjoncture africaine.
Devant Ie soulevement nationaliste des peuples noirs, ils ne connars-
sent qu'un seul Iangage - celui de Ia repression et des operations mili-
taires.
La Gauche du 3 octobre dernier en faisait eta.t :
C .. ) « Nous apprenons ... que dans Ie cadre de Ia defense des
provinces ti'ouire-mer, Ie' Sous-Secretaire d'Etat de l' Aeronauttque
Portugaise a preside, Ie 26 avril dernier, dans la ville de Luanda,
ii. l'installation de Ia Force Aerienne en Angola. La ceremonie consista
en demonstrations du pouvoir destructeur des engins militaires.
Ce qu'on peut lire dans Ia presse de Luanda est deltrant. Le Comer-
cio de Angola, par exemple, qui a consacre presque un numero entier ii.
ces manifestations, commence par qualifier tous ces vols de guerre de
Premier Festival de la Force Aerienne en Angola.
Tl titre : Ce fut avec emotion et enthousiasmequ'une formidable
masse populaire de plus de 100.000personnes a assiste a la demonstra-
tion de la Force Aerienne.
Puis, Ies parachutistes ont He I'objet d'une grande ovation, lors
du defile ii. I'aeroport .... Les attaques prectses avec des bombes au
napalm, ainsi que les feux intenses de mitrailleuses sur les cibles,
ont eu des aspects simplement ecraaarrts ....
(...) e Il est certain, toutefois, que les operations se deroulerent,
comme sur un champ militaire, les autorrtes ayant bien fait remarquer
qu'il s'agissait Iii. de la forme de combat qu'elles meneraient au cas
ou il. faudrait mater une rebellion anticolonialiste, ou mieux encore,
Ie jour ou elles decideratent decra.sar en les devanf,;ant Ies tentatives
de rebellion populaire contre Ie colonialisme.
Premier temps, lancement de parachutistes (ii. noter que Ie prem1er
parachutiste ii. toucher Ie sol fut I'aumonier catholique qui accompagnait
I'armee de l'air depuis Lisbonne).
Deuxierne temps, bombes napalm (45 kg) et mitraillade.
Agiles, athletiques, au pas allemand - informe la presse coloniale
enthousiaste, les soldats etonnaient la population europeenme.Et plu-
sieurs observateurs, nous dit-on, ne souhaitaient apparemment qu'une
chose: que tout cela ne flit pas seulement un exercice.
D'autres manifestations de ce genre furent organisees dans des
regions du Sud de l'Angola - Nova-Lisboa, Sa da Bandeira, Lobito,"
Benguela. Le depute colonial du Mozambique ii. I'Aasemblee Nationale
Portugaise, reclamart a son compte l'installation des forces militaires
dans cette province de la cote orientale. »
Pour saluer les paras, il ne manquait meme pas un poete catho-
lique, M. Miguel Trigueiros, qui accompagna les forces aeriennes en
qua.lite de Chef des services de l'Information :

o ma pa.trie, reveille-toi, l/heure est certaine


Et Ph.eure marque ton destin: Angola.
Roule ce nom dans tes veines
Com111,e
un cri d'alarme et une voix d'alerte....

Tu n'es pas l'Ewrope : tit es le Reve Unive1'sel


Dieu t'indique en Afrique le chemin
Angola, Portugal du Portugal.
La violence de l~exploitation et de la repression. en Angola n'a
:pas eoha.ppe a tous ceux qui ont dernierement vtsite cette colonie,
depuis Basil Davidson, qui, on Ie sait, en a ecrrt un livre retentissant,
jusqu'aux derniers articles de Mme Suzanne de Luzignan. lIs y ont
-consta.te le coat humain de la « tranqutlltte » assuree par l'administra-
'tlon coloniale portugaise.
II suffit que MM. Frank Montero et William Scheinman, membres
de l'American Committee on Africa declarent a New-York « quun
soulevement nationaliste s'est produit en Angola» et qu'tls y ont note
une grande actrvite politique, pour que la presse portugaise hurle au
«complot international our di contre Ie Portugal ».
Mais les arguments de la «sereine tranquilltte des provinces
'portugaises d'outre-mer» et des «feux allumes de I'exterreur » s'ecrou-
lent. .
II Y a lieu de penser que Ie fascisme portugais se prepare a
-declencher une guerre coloniale .. Les hauts commandements militaires
-croierrt fermement que . la souverainete nait avec les forces armees :
-et elle ne meurt qu'avec la dispa.rrtiori de celles-ci». •
En effet: Ie retour dialectique des choses veut qu'une guerre
oolontale entraine la mort du colonisateur .
.Dans ces conditions, on ne peut qu'en appeler a Ia solidartte de
1'opinion internationale et aux organisations democra.tiques du monde
-entier.
Pour une fois, l'Angoia retiendra-t-elle 1'attention des hommes de
bonne volonte et de la presse, par ailleurs si avare de nouvelles sur
:son sort? Nous ne tarderons pas a Ie savoir.
En definitive, cette affaire dite de l'independance de l'Angola
reiltre desormais dans l'histoire politique de l'Afrique Noire.
A travers ces nationalistes angolais, c'est tout un peuple, .souteve
par la meme revendication fondamentale de notre continent, qui se
dresse en accusateur de 1'ordre colonial du fascisme portugais.

Mario de Andrade

"
Liste des inculpes
dans. les trois proci!s
I

Angolais accuses d'activites «sub'.;ersives» contre la swrete etcte-


rieure GJ3 l'Etat: Ilidio Tome Alves Machado, [onctionruiire ; Andre
Franco de Sousa, Higino Aires Alves de Sousa, Francisco Jose Pereira
Africano, Mario Augusto da Silva, Mario Antonio Soares de Campos,
Antonio Marques Monteiro, Miguel de Oliveira Fernandes, Matias
Miguets et Gabriel Francisco Leitao Pereira, employes de commerce;
Carlos Aniceto Vieira Dias, directeur de la troupe folklorique « NGOLA
RITMO» (Rythmes d'Angola); Carlos Alberto Pereira dos Santos Van-
Dunem,mecanicien;LuisRafael,typographe,' Amadeu 'I'Irnot.eo Malheiros.
de Amorim, et Manuel Alves da Cruz, electriciens,' Francisco Xavier
Hernandez, :marin origihaire 'de Cuba; Laurence Holder, marin de
nationalite amertcatne : Karl Dogbe, marin, originaire du Ghana.
Seront juges par contumace: MM. Laurence Holder, Matias Mi-
gueis et Karl Dogbe.

II

Buro-peene inculpes d'atteinte a Za sicrete exterieure de l'Etat.-


Antonio Alexandre Calazans Duarte, ingenieur,' Jose Luciano Couto
Real Vieira Meireles, comptable : Antonio Guilherme de Matos Veloso,
arch.itecte ; Manuel dos Santos Junior, eZectricien,' Antonio Jose Contrei-
ras da Costa, employe d J commerce; Maria Julieta Guimaraes Gandra.
medecin et Helder Guilherme Ferreira Neto, etudiant.

III

Angolais accuses d/iitt eimt:e a Za surete exterieure de l'E'tat : Jose


Mariuel: Lisbaa et Joao Lopes Teixeira, mecanici"ens,' Agostinho Andre
Mendes de Carvalho, Garcia Lourenco Contreiras, Belarm.ino Sabugosa
Van-Dunem, F'Iorencio G. Gaspar, Jose Diogo Ventura, Adao Domingos
Martins, Joao Fialho da Costa et Manuel Bernardo de Sousa, infinniers_:
Antonio Pedro· Benge, Fernando Pas coal da Costa, Joaquim Figueiredo
et Andre Rodrigues Mingas Junior, fonctionnaires; Nobre Ferreira
Pereira Dias, inetitut eur ; Sebastiao Gaspar Domingos et Pascoal Gomes
de Carvalho Junior, employes de commerce,' Noe da Silva Saude, etu-
diant,' Manuel Batista de Sousa, typographe; et Armando Ferreira
Coricelcao Junior, fonctionnaire au Oonsulat de Leopoldnnlie. Ils sont de:
tenus dans une prison mi1itaire, aussi bien que le marin J'erreira.
Angolais residents a l'etranger (juges pnr conturnace ) : Manuel
T'orna.s da Costa. Joao Eduardo Pinok, Antonio Josia, Ruy Ventura,
Barros Nacaca, Antonio Jacinto, Deolinda Rodrigues, Inocencio Van-
Dunem dos Santos Martins, Jorge Mingas, Mario Pinto de Andrade,
Viriato Francisco Clemente da Cruz. Est egalement inculpe I'amertcam
Georges Barrnett.
Deuxierne conference des Peuples Africains

(Tunis, 25-30 j an vier 19(0)

RESOLUTION
SUR LES COLONIES PORTUGAISES

La 2me Conference des Peuples Africains r eurrie a


Tunis du 25 au 30 janvier 1960, confirm ant les de-
clarations et resolutions adoptees it la Ire Conference
des Peu ples Africains tenue it Accra en decernbre
1958 :
Apres exam en de la situation creee dans les pays
afr ioains sous domination portugaise ou sevit encore
le regime du travail force et ou les populations
autochtones subissent une exploitation eff'renee ;
Condamne la politique colonialiste du Portugal
tout en denoncant la repression systematique qui
frappe les mouvements nationaux et les preparatifs
de gnerre 'du gouvernement portugais en Angola;
Reaffir me Ie droit de ces populations a I'indepeu
dance nationale et engage les Etats Independants
d' Afrique et tous les peuples d' Afrique a leur appor-
ter un appui incondltionnel ;
Exige la liberation immediate de tous les prison-
niers politiques en Angola, au Mozambique, Guinee
dite Portugaise, Sao Tome et Cap Vert;
Fait appel nux Organisations membres de la Con-
ference pour qu'elles organisent line journee de so-
lidar ite en f'aveur des terri toires sons domination
portugaise all cours de l'annee 1960 ;
Fait appel au Cornite Special des Nations-Unies,
charge d'etudier la question des territoires non
autonomes pour qn'il pose Ie probleme de Ia decolo-
nisation et de I'indepen dance de ces territoires ;
Se preoccu pe du fait Que le Portugal intensifie Ia
repression.
Appel
Le peuple angolais men e un combat dur et in egal contre
les crimes du cclonialisme portugais. Les auto rites coloni ales.
entendent detruire tonte forme d'organisation politique en
f'aveur de la liberation de I'Angola et perpetuer leur domination.
Dans ce but, elles viennent d'incl1'lper une cinquantaine d'Ango-
lais d'atteinte a la sfirete exter ieur e de l'Etat et a I'unite de la
Nation.
A Ia veille de ce proces, I'opinion publique mondiale doit
intervenir energiquernent pour f'aire respecter par les autorites
portugaises [a dignite de Ia personne humaine et Ie droit du
peuple angolais it I'autodetermin ation. II ne faut pas que Ie co-
lonialisme portugais coridamne impunement des .Iizaines de pa-
triotes angolais ; il ne faut plus qu'rl torture et empri sonne des
centaines d'autres.
Confiant en une intervention rapide de I'opini on mon-
diale en f'aveur des Angolais traduits en justice it Luanda, le
F.R.A.LN. Iance un vehement appel aux organisations et aux
hommes de bonne volonte qui luttent pour le respect du droit
de I'homrne, en les invitant it constituer des delegations aupres
des amhassades portugaises, it envoyer des telegrammes et let-
tres de protestation, exigeant Ia liberation immediate de tous
les prisonniers poli tiques, aux adresses suivantes:

lYII1\TJSTERED'OUTRE-MER, Lisbonne.
GOUVERNEUR, GENERAL D'ANGOLA, Luanda.
TRIBUNAL MILITAIRE, Luanda.

Le Front Revoluti onnair e Africain pour


I'Ln depen dan ce Nationale des Colonies Portugaises
QUELQUES DETENUS POLITIQUES A LUANDA

(De haut en bas et de gauche it droite)


Amade u 'I'tmoteo Malheiros de Amorim; Andre Rodri-
gues Mirigas JuniOT; Manuel des Santos Junior; Gabriel
Francisco Leitao Pereir a; Joao Lopes Teixeira; Antonio
Jose Ccrrtre ir as da costa; Luis Rafael: Carlos Alberto
Pereira dos Santos Van Duriem: Fernando Pascoal da
Costa; Nobre Dias; Mario Ant6nio de Oliveira; Car los
Antceto Vieira Dias: Higino Aires Alves de Souse.; Flo-
rericio Gamaliel Gaspar: Noe da Silva 8aude; Pascoal
Gom,e3 de Carvalho Junior; Belarmino Sabugosa Van·
Dunem; Jose Marruel Lisboa; Francisco Jose Pereira
Africano; Antonio Pedro Benge: Sebastiao Gaspar Do-
mingos; Joaquim Figueiredo; Garcia Lourenco Contrei-
ras: Helder Guilherme Ferr,eira Neto; Maria Julieta Gui-
maraes Gandr'a: Antonio Guilherme de Matos veioso:
Ilidio Tome Alves Machado (photo isclee ) .
Deu xierue Conference de So lidari te des Peuples
d'Asie et d' Afrique
(Conakry, 11-15 avri l 19(0)

RESOLUTION SUR L' ANGOLA

La deuxiem.e Conference des Peuples Afro-Asiati-


ques, apres avoir pris connaissance de l'actuelle si·
tuation politique en Angola:

Se soIidarise avec Ie peuple d'Angola qui lutte pour


son indepen dance ;

S'indigne des atrocites inf ligees au peuple Angolais


par le colonialisme portugais;

Exige l'annulation des proces de haute trahison


intentes contr e les patriotes Angolais et attire ]'at-
tention de In commission internationale des Droits
de I'Homme;

Exige la liberation immediate du leader angolais


ILIDIO J1ACHADO et de tous les prisonniers po li-
tiques ;
Exprime sa confiance a la commission speciale
des Nations-Unies chargee d'enqueter sur les terri-
toires relevant de I'article 73 de la Charte des Na-
tions-Unies et demande que Ie prohleme des colonies
portugaises soit inscrit a
l'ordre 'du jour de la pro-
chaine Assemblee Generale ;

Fait appel aux peuples afro-asiatiques pour qu'ils


incitent leurs gouvernements respectifs a
envisager
des mesures diploruatiques contre Ie Portugal;

Ado pte l'institution d'nne journee de solidarite


af'ro-asi atiqne envers Ies peuples des colonies portu-
guises.
II

Rapport sur Ie colonialisme portugais


_presente par le MAC d 1a 2me Conference des PeupZesAfricains
(Extraits)

Le Portugal, on le sait, inaugura la moderne expansion impe-


rialiste de 1'Europe en Afrique et pratiqua Ie premier Ie trafic syste-
matique d'hommes noirs. Apres avoir occupe, par son action en Afri-
que, une place de premier plan dans I'execution du plus grand. crime
de genocide jamais pratique dans l'histoire, Ie Portugal, it la
faveur de l'entente imperraltste mondiale centre nos peuples et de l'ap-
pui interesse de quelques puissances imperialtstes, s'est engage dans.
la conquete militaire des actuelles colonies de 1'Afrique continentale.
Pourtant, l'occupation mtlttatre de ces territoires, compte-tenu de Ia,
resistance herotque de nos peuples, n'a pu s'achever que vers 1920.
Une fois Iiqurdee la presque tota.lite des cadres dirigeants tra--
ditionnels des soctetes africaines, Ie Portugal choisit la methode du.
'colontaltsme classique: la domination directe. En effet, les the-
ses ronda.mentales du colonialisme portugais ont ete toujours forrrruleea
en ces termes: Ie territoire africain doit et.re constdere comme res
nullius> la civilisation et la culture occidentales ont une valeur
absolue et unique dans Ie monde, Ie developpemerit mental et moral
des peuples coloniaux de I'Afrique continentale est au niveau de I'arrl-
malrte. C'est eon vertu de ces theses que les dirtgeants portugais se
sont ortentes vers une politique d'annexion forcee des colonies, d>assi-
milatio;n spirituelle des peuples et de repression polictere.

II est evident, toutefois, qu'un pays comme Ie Portugal, sous--


developpe, agricole et a.rrtere, dont Ie revenu national par habitant
est d'environ 150 $ (dollars) par an, avec 49 % d'illettres, est loin de
pouvoir contribuer au progres de la civilisation et de la culture des
peuples africains.
Ce n'est pas par hasard que les travaux les plus importants et
les plus dectsi ts de Ia mise en valeur des territoires af'ricatns sous do--
mination _portugaise ont ete realises avec Ie concours de capitaux non-
portugais : Le Chemin de Fer de Beira et de Benguela, Ie Trans-Zam- -
bezian Railway, Ie port de Beira. De meme, c'est avec "le concours de
capitaux non-portugais que 1'0n a plarrte la canne it sucre, le sisal et
les palmiers de Quelimane, que l'eau et la Iumtere furent tnstatlees a.
Lourenco-Marques : que 1'0n extrait des diamants et prospeete du pe-
trole en Angola; que 1'0n finance les travaux hydro-electriques et agri-
coles les plus importants qui y sont en cours. .
Puisque Ie Portugal
ne reconnait pas Ie «droit des peuples afri-
earns a disposer d' eux-memes :1>, force lui a ,ete de nous imposer la
nationaute portugaise. Mais le fait detre un Negro-africain «portu-
gais », disons un indigene, ne signifie pas forcement et.re un citoyen
portugais. Par une loi raciste, on a etabli que l'on ne saurait recon-
naitre aux individus de race noire et a leurs descendants le droit de
citoyennete comme on Ie reconnait normalement aux portugais.
L'indigene merne theortquement, n'a pas Ie mrmmum de
posstbtlites de participation a la vie publique et a la direction des at-
faires de son pays, soit dtrectement, soit par I'Intermedtatre de re-
presenta.nts librement choi-sis.
Mais les .noira citoyens qui constituent une minorrte ne de-
passant pas 0,3 % de la population des colonies portugaises de l' Afrique
continentale, ne peuvent pas non plus intervenir dans la vie publique
et dans la direction des affaires de 'leurs pays, d'autant plus que le
Portugal sombre depuis plus de 30 ans dans un regime de dictature
fasciste. D'ailleurs, aucun parti politique n'existe au Portugal, en de-
hors de l'Union Nationale, parti de Salazar.

L'exploitation du paysan noir

Des mesures pratiques ont ete prises pour interdire aux .africains
ta possession de biens ruraux et urbains.
On peut affirmer que la presque totatite des paysans africains
travaille sur des terres dont Ie droit de possession ne leur est pas offL
ciellement reconnu. D'une part, la loi ne permet aux indigenes vivant
dans des organisations triba.les que l'usage et Ie benefice des terres
necessatres a leur etablissement et a leurs cultures et d'autre part elle
leur interdit tout droit de possession sur les proprietes rurales.
Sur les 25 millions d'hectares de I'atre cult.ivee de I'Angola, 2
'll1illions environ appartiennent a quelques milliers de colons. Plus de
4/5 des cultures de cafe - le produit agricole Ie plus riche du pays -
aont ega.lemerrt entre les mains des colons.
Bien que plus de 70 % de la production agricole de I'Angola pro-
'Vienne directement de l'agriculture indigEme - oil Ie travail f'errrlnln a
une place predorntnarrte, en vertu de la pratique genera.lisee du travail
force - le revenu du paysan r,.)ir de I'Angola est tres bas.
L' Administration coloniale contribue sciemment a rendre la vie
miserable au pays an par un certain nombre de mesures, notamment
par la fixation officielle a, de vils prix des produits de l'agriculture
indigene, la carence de la monnaie, la suppression theorique du com-
.merce decha.nge, Ie manque d'assistance technique effective, l'expul-
sion systematique des africains des terres les plus fertiles, la confis-
cation des outiIs agricoles par les autorites dans les frontreres de
l'Angola et du Mozambique, sous pretexte de non-payement de I'Impot
de souverainete.
L' Administration .coloniale portugaise utilise ega.lemerrt une serie
de mesures pratiques de corrtrole serre de I'economle de la paysannerie.
Le travail explotte du paysan africain prend des aspects de ser-
vitude, avec la pratique de la monoculture legalement irnposee.
Ep 1953plus de 570.000indigenes de l'Angola et du Mozambique
furent obliges de produire du coton, sur une etendue .de terres depas-
.:sant 320.000 hectares. Ces cultures obligatoires, non seulement eput-
.sent les sols afric'aIns mais reduisent encore davantage les cultures
~ivrieres dans nos pays deja atteints de sous-alimentation chronique;
-elles eleverrt exceptionnellement le cout de la vie dans ces regions et
:installent la faim la plus noire parmi les masses laborieuses.

Le travail force
Le travail force est encore pratique dans les colonies portugaises.
;Ses causes sont multiples: la reduction demograpbique des popula-
-tione.consequence de Ia traite seculatre prattquee par les portugais.
la recherche de main-d'reuvre africaine a bon marche, la politique
portugaise de genocide, Ie retard economtque et les deficits de la ba-
lance commerciale et de payement du Portugal, la recherche de devi-
.ses pour subvenir a 1'installation massive de colons blancs.
Le systeme du travail force s'accompagne de methodes herltees
-de 1'esclavage. En realrte, les indigenes sont vendus par les autorttes
..administratives aux agriculteurs et aax compagnies europeennes qui
-developpent entre elles une apre concurrence dans la recherche de la
.mam-d'ceuvre.
11 y a quelques annees, I'Archeveque de Luanda, dans un memoi-
re confidentiel adresse au Gouverneur de l'Angola, rendait la pra-
-tique officielle du travail force responsable du peu de prog'res du
-christianisme parmi les masses angolaises. L' Archeveque revelatt dans
-ce document que les auto rites administratives vendaient chaque tra-
-vailleur force a un prix va.riant entre 1.000 et 1.200 escudos. Et celles-ci
se defendaient -de l'accusation de vendre les noirs, en affirmant
-quelles ne faisaient que les lauer.
Une telle corruption n'atteint pas seulement les autorrtes portu-
.gatses mais aussi, par leur intermedtatre, les chefs africains des villa-
;:ges, imposes par I'Administration coloniale.
La pratique du travail force entraine d'une marriere permanente
'Ia destruction de la vie economique africaine, la desintegratton de mil-
lions de familles africaines, la prostitution d'un nombre considerable
de femmes, la propagation de maladies venertennes, 1'abaissement du
-taux de na tal ite et 1'augmentation de la mortatite infantile, la reduc-
tion de la vie utile du travailleur, la liquidation de l'activite agricole
relativement « independ ante » de millions de paysans africains, la pra-
-tique par les colons, de l'appropriation des terres et des autres biens
-aban~onnes par les africains soumis au travail force .... etc.
Au Mozambique, il existe un trafic officiel annuel de plus de
400.000 Africains vers Ies mines de Rhodesie et de I'Afrique du Sud,
-dans le maintien duquel Ie Portugal est interesse, puisqu'tl constitue
Tune de's seules sources sures d'acquisition des devises necessatres a
J'acceleratton des travaux prepara.toires a 1'installation massive de
<colons portugais et qu'il peut pennettre dequtlibrer la balance de
-payements de cette colonie.
II faut voir dans la pratique du travail force la raison fondamen-
-tale d'un barbare massacre de plus de 1.000 noirs dans I'He de S. Tome,
en fevrier 1953.En effet la reduction de l'exportation de travailleurs for-
-ces de I'Angola, en direction de cet archipel et la hausse des prix du cafe
.alors existante, amenerent Ie gouvernement de S. Tome a imposer par
:les armes Ie regime de travail force aux natifs de 1'ile.
Ce merne type de colonialisme, pratique par un pays arr-iere,
savere incapable de faire face au grave probleme des famines cycliques
dans I'archipel du Cap Vert. Ces crises provoquent la mort de milliers
d'habitants, d'autres se voyant contraints dernigrer vers d'autres co-
lonies ou ils sont durement explortes. .

Le pillage des biens


Depuis longtemps, les vins occupent apres les tissus la deuxtemo
place parmi les produits d'importation de I'Angola. En 1958, Ie Portugal
a exporte vers l'Angola des vins dont la valeur equivaut a 10 % du total
de la valeur des importations de cette colonie, tan dis qu'au cours de la
rneme armee, la valeur totale des importations angolaises en machines et,
en appareils industriels et agricoles, ainsi qu'en medicaments fut inre-
rieure a §o millions d'escudos, par rapport a la valeur des vins importes.
Entre 1951 et 1955, au Mozambique, chaque noir consommait an-
nuellement 1 kg de viande et moins d'un litre de lait, tandis que cha-
que blanc consommait 58 et 63 fois plus de viande et de lait. Toutefois,
pour I'a.nriee 1958 la consommation annuelle de vins portugais pour
chaque habitant du Mozambique (y inclus les enfants de tous les
ages) fut d'environ 5 litres.
A cote de la misere extreme imposee par Ie Portugal dans nos
pays, des richesses saccumulent dans quelques' mains europeennes et
dans la plupart des cas, en dehors de l'Afrique. Par exemple : Ie pro-
fit net de la 'Societe d'Agriculture Colonials (S. Tome), de la Banque
de l'Angola, de la Diamang (Compagnie des diamants de l'Angola), de
la Comgeral, de la Purfina, de la Compagnie Agricole du Ca.saequ el (An-
gola), de la «Sena Sugar States' Ltd» (Mozambique). a .ete, en 1957 de
I'ordre de 49 % en moyenn~ par rapport au capital de ces entreprises.
Rien qu'avec Ie total du profit net de ces sept entreprises, on
pourrait couvrir, en 1957 toutes les depenses publiques du Cap Vert,
Guiriee, S. Tome et Prince, avec un surplus de 50 millions d'escudos
cest-a-drre un montant superieur a la somme deperisee pendant cette
rneme anriee pour l'Instruction publique en Angola.
Jusqu'en 1943, I'Impot de souverainete paye par les Angolais a
repr-esente la premiere recette du budget de la colonie. En Angola,
on n'a commence a percevoir les impots sur Ie revenu, sur l'exporta-
tion agricole et sur la rente professionnelle, qua partir de 1950.
Nos richesses et Ie produit de notre travail, Ie Gouvernement
portugais les emploie au profit de la colonialisation blanche.
C'est grace a ce travail et grace aces richesses que les colonats
blancs de Cela, et de la va.Ilee du Limpopo ont deja ete amenages : que
des travaux ont ete realises sur la rive de la Cuanza; qu'on est en train
damenager le colonat blanc de Taninga. Rien qu'une partie du colonat
de Cela comprendra environ 530 proprietes sur une superficie totale
d'environ 40 mille hectares. 500 millions d'escudos y seront depenses,
c'cst-a-dtre, a peu pres 20 fois la somme que I'Etat a depensee en
1957pour les Services d'Agriculture et Sylviculture en Angola.
Les finances publiques deperrsent environ un million d'escudos
dans ces colonats pour l'installation de chaque famille europeenne.
D'une maritere generate, la presence de I'Indigene n'y est pas admise.
La sante des Africains ne compte pas

Quant aux problemes de la sante, il faut remarquer qu_e dans


les colonies portugaises la plupart des hopitaux et aut res eta.bltsse-
-ments sanitaires sont frequentes essentiellement par les popula.tions
europeennes.
En Angola, par exemple, au cours de I'a.nnee 1956, 84 % des
deces parmi les «indigenes» etaient a.ttrtbues a la «senilite et a des
-causes mal connues ou inconnues », dapres les informations de l'Orga-
nisation Mondiale de la Sante. Signalons en passant que la mortatite
infantile parmi les angolais depa.sse 40 %.
Dans l'ile de S. Tome, on observe Ie plus grand taux de morta-
lite du monde : 42 pour mille habitants, en per-lode normale.
Enfin, pour I'a.nriee 1956 il Y avait au Cap Vert une sage-femme
Jlour toute la population (147.000habitants) dist.rtbuee dans douze iles.

Un enseignement au rabais
Dt a.pr'es un accord stgrie, voici vingt ans, entre Ie Portugal et Ie
Saint Siege, les missions catnoliques detrennent Ie monopole de l'en-
.aeignemen t aux indigenes.
Quant a la nature et a la qua.lrte de 1'enseignement donne par
les missions catholiques, il suffit de retenir Ie passage suivant d'une
.recente circulaire confidentielle, eman ant de I'Administration Civile
de 1'Angola, laquelle fait Hat d'une depeche du SecrHaire general du
Gouvernement de la colonie: «Celui qui a affaire a I'Indigene eleve
.sous l'influence des missions protestantes, remarque une difference
:frappante avec ceux qui sont eleves par les missions catholiques : ceux-
la sont plus sociables, ont d'autres habitudes de travail, sont mieux
-culttves, du point de vue culturel et professionnel, sont mieux prepares
. -pour la vie pratique; ceux-ci sont plus -mystiques, plus genes, plus
Jlauvres, incontestablement plus portugais. »

Une politique de genocide et de guerre

En realtte, Ie plan portugais consiste a mener de front la tradi-


tionnelle politique de genocide (par les methodes indirectes du travail
force, d'une insuffisante assistance sanitaire, par Ie maintien des
indices tres eleves de la morta.lite infantile, par l'alcoolisation des
-masses, par des salaires tres bas) et l'installation d'une population
blanche, dans le but de maintenir la domination definitive de la popu-
lation blanche sur la population africaine.
II s'agit la d'un plan diabolique.
En partant de ces realrtes, il faut admettre que la guerre colo-
niale prepa.ree par Ie Portugal, sera un moyen qui lui permettra de
realiser ses plans de domination et d'extermination des populations
.afrlcames.
Ce n'est pas par hasard que Ie Gouvernement portugais ne mon-
tre pas la moindre tendance a adapter sa politique coloniale aux realt-
tes de notre temps.
L'a rmee coloniale vient de modifier sa strategte et sa tactique
en se basant sur une these nouvelle - anrioncee par ailleurs il y a
deux ans, par le gouverrieu r du district du CQngQ (Angola) - a savotr-
que l'ennemi principal de la souveratnete portugatse n'etait plus I'am-
bi'tion et la concurrence des autres puissances tmperianstes, mais Ie·
nattonattsme africain qui, dans le cas d'une lutte armee, uttltserarc lao
guerilla .. C'est pourquoi il existe deja des centres tactiques Insta.lles
sur tout le terrrtotre angolais par les cornmandements militaires.
Les ministres portugats tachent d'obtenir des garanties d'appui..
de 1'OTAN, pour le cas 'Oil ils auraient des diff'icult.es dans les cclomes;
et cherchent des alliances avec les autres pays colontatistes.
Depuis quelque temps; les forces militaires portugaises forrt a des.
petits intervalles des manreuvres, sort seules, soit en Iia.ison avec d'au-
tres rorces etra.ngeres (par exemple, Ies recents exercices «Capex >r
en Afrique du Sud, « Angolex » sur les cotes de I'Angola et les. ma-
nreuvres aero-navales belgo-portugaisea dans I'embouchure du CQngQ).
Un recrutement special d'Qfficiers ptlot.es, meme sans prepara-
tton preatable, a d~ja commence, avec une augmeritatton sensible des:
anciens traitements. Les colons sont invites Ii frequenter les Stands'
Militaires de Tir> dans le but declare de former opportunement des mi-·
lices.
Quelques jours apres le barbare assassinat de plus de 50 travail-·
leurs maritimes et de civils africains par les autorrtes portugaises, un
ba.ta.Illon de chasseurs ayant r'ecu une Instruction specia.lemerrt adaptee-
aux luttes colonta.les a ete achemine vers la Guiriee. Dans cette cotonie,
la police polrtique a augrnente considerablement ses effectifs.
L'ile de S. 'I'ome egalement est sur Ie point, d'etre convertre en.
une base militaire centre Ies mouvements nattonaltstes locaux et CQn,
tre ceux de l'Angola.
NQS peuples sont attentifs a toutes les manceuvres de divtaiorz.
africaine que Ie Portugal ne cesse de susciter dans le seul but de prQ-'
Ionger sa dominatton en Afrique. NQS peuples connaissent les off'res-
ehontees, faites par le Premier Ministre portugais au Bresil et a d'au-
tres pays de I'Elurope Occidentale.... en vue du pillage commun de ses
colonies en echange d'appuis PQUr le maintien de SQn empire.
Depuis longt.emps Ie Portugal revendique la qua lite de « puis-
sance africaine » et nQUSsavons qu'il se prepare a se faire recQnnai-·
tre a ce titre par les verrtables Etats Africains.
Les effor-ts entrepris par Ie Portugal, dans les hautes instances
internatronates, pour- faire admettre la contusion entre le colontaltsme-
. et Ie racisme ont pour but de faire prevaloir sa these par Iaquelle
il declare ne pas posseder de colonies du fait qu'il n'y a pas d' « apart-
heid » offfctel, .
Not re lutte, meriee dans des condttions exceptionnellement diffi-
ciles, a deja reusst a rorripre le mur de silence sur Ie colontalisme
fasciste du Portuga.l dresse auteur des peugles SQUSsa dominatron,
A fa deuxieme conference de Soliderite
des Peupfes eiro-esietiques

Intervention de VIRIATO CR'UZ,


porte-parole de la delegation de I'Angola

Monsieur Ie President.
Chers Camarades delegues,

La Iiberte se conquiert par la lutte.


Ceci a toujours ete la conviction profonde des patriotes Ango-
lais.
Une' partie importante de l'opinion mondiale est convaincue qu'en
Angola Ie peuple mime' une lutte acha.rnee (quoique mal connue dans
ses details) contre Ie colonialisme portugais.
Le Secretariat Permanent de Solidarite des Peuples Afro-Asiatiques
declare, dans son rapport, que, sans l'ombre d'un doute, des souleve-
ments se sont produits eli Angola, qu'ils ont engendre de verrtables mas-
sacres et qua Ie silence Ie plus complet a entoure les atrocttes qui y
ont He commises. Qui, il faut l'affirmer : en plusieurs regions de l'An-
gola (notamment a Luanda et a Catete) il y a eu des soulevernerrte
que I'a.rmee portugaise a sauvagement reprimes dans le sang.
Le colonialisme portugais utilise, depuis un certain temps, une
arme ignoble et inedrte dans la repression coloniale moderne : l'em-
poisonnement des populations africaines. Dans les Iocalrtes de I'Angola
ou I'opposrtion a la domination portugaise est tres intense, des agents
ou des allies du colonialisme portugais vendent aux populations africai-
nes de aliments empoisonries.
n nous semble que cela suffit pour donner un idee du caractere
barbare du colonialisme portugais.
Vous savez sans doute que, dans toutes les colonies portugai-
ses, regrie la dictafure fasciste. Dans la pratique, cela signifie le pieti-
nement et la 'violation des droits et des Iibertes fondamentales de
l'homme. Pas de partis politiques Iegaux ! Pas de syndicats pour les
travailleurs africains ! Pas de Iiberte d'information et de presse !,
Cela signifie ega.lemerrt que la lutte pour Ie progres et la liberte
de notre peuple" ne peut etre qu'une lutte rigoureusement clandestine.
Nous avons rnern e du creer des ecoles clandestines pour apprendre. sim-
plement a lire aux Illet.res. A cela Ie colonialisme retrograde portugais
repond par urie politique obscurantiste de persecution et de fermeture
de centaines de ces ecoles, a travers l'Angola.
Des patriotes angolais sont constamment emprisonnes, trainee de-
vant les Tribunaux milttarres 'et accuses du «c~ime de haute t.rahtson »
qui entraine des peines allant jusqua 25 armees de prison. Beaucoup
derttre eux sont tortures ou assasstnes, quand on ne les depor'te pas
vers des lieux dou ils ne reviennent jamais.
Ce que' nous venons de dire, nous ne Ie faisons pas pour nous
plaindre.
Notre peuple realise t.res bien que rien ni personne ne doit ni ne
peut Ie rem placer dans la lutte d'avant-garde qu'il mene,
Mais, chers camarades, la majorite de notre peuple est convain-
-cue que la nature du colonia.Iisme portugais est telle qu'il ne peut
:admettre la voie pacifique que nous aimerions suivre pour obtenir
notre Independa.nce. Ce serait se condamner a une domination sans
espoir de liberation.
La haine de notre peuple envers Ie colonialisme portugais peut
eclater d'un moment iL 1'autre. La reponse directe de notre peuple a
'Ia domination coloniale pourra alors se transformer de sporadique en
systematique. Ce serait la guerre : une guerre imposee par la tyrani.e
'barbare du Portugal.
On dit - et nous le croyons - que la liberte des peuples d'un
·continent et celIe des peuples du monde est indivisible.
Nous sommes devant la Conference de Solidarite des Peuples
,d'Asie et d'Afrique. On pourra se demander: Qu'est-ce que les Peuples
.Africains et Asiatiques pourront faire, de leur cote, concretement et
-errtcacement, en faveur du juste combat de notre peuple - up combat
merie dans des conditions sans pareille dans toute l'Afrique ?
Nous esperons, confiants,
- Que les peuples d' Asie et d' Afrique accroitront leur vigilance
.active devant les agissements du colonialisme portugais;
- Que les peuples Afro-asiatiques apporteront une aide concrete
et inconditionnelle a la lutte du peuple de l'Angola corrtr-e Ie colonia-
lisme portugais;
- Que les peuples Afro-asiatiques ameneront leurs gouvernements
respectifs a prendre certaines mesures diplomatiques centre Ie Portu-
.gal, mesures qui pourraient aller jusqu'a la rupture des relations diplo-
matiques et commerciales;
- Que Ie Portugal, en vertu de sa politique coloniaIe, sera declare
·ennemi de tout le Monde afro-asiatique;
- Que cette Conference, en accord avec le rapport du Secretariat
Permanent, pret.era une attention spectate a la question du colonialisme
portugais et qu'elle declenchera une campagne pa.rttculiere cont.re lui
afin que ces tyrans soient deloges des pays qu'ils ont usurpes et que
1es peuples de ces pays recouvrent leurs droits Iegtttmes.
LUTTER pour la liberte du peuple - LUTTER de racon a merrter
1a solidarite des peuples freres - Mettre cette solidarite au service du
developpemen t de la LUTTE populaire, - voici l'un des mots d'ordre
-de 1'organisation que nous represeritons ici : Le Mouvement Populaire
4e Liberation de l' Angola.

VlVE LA. SOLlDARlTE AGlSSANTE AFRO-ASlATlQUE

VIVE LA LlBERTE ET LA PAlX !

A BAS LE COLONlALlSME ET L'lMPERlALlSME


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PRIX 10 F.

f.A.B.
ANYERSc

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