Lec Linéaire 4 Laclos Term

Télécharger au format odt, pdf ou txt
Télécharger au format odt, pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 3

Les liaisons dangereuses, Laclos, Lettre LXXXI,

De la marquise de Merteuil au Vicomte de Valmont.

-PBQ : ……………………………………………………………………………………………………………..
……………………………………………………………………………………………………………………..
……………………………………………………………………………………………………………………..
……………………………………………………………………………………………………………………..

-Les différents mouvements dans le texte :


→ Lignes 1-5 de «Mais moi, qu'ai-je de commun avec ces femmes inconsidérées ? » jusqu'à «l’étude et la
je suis mon ouvrage.» : …......................................................................................................................................
……………………………………………………………………………………………………………………..
……………………………………………………………………………………………………………………..
→ Lignes 11-15 de «Entrée dans le monde dans le temps » jusqu'à «je vous ai vu quelquefois si
étonné.» :..................................................................................................................................................................
……………………………………………………………………………………………………………………..
…...............................................................................................................................................................................
→ Lignes 16-21 de «J'étais bien jeune encore, » jusqu'à «celle qu'il m'était utile de laisser voir.» : …...........
…………………………...........................................................................................................................................
……………………………………………………………………………………………………………………..
.Ex L1-2 « Mais moi, qu'ai-je de commun avec ces femmes inconsidérées ?Quand m'avez-vous vue m'écarter des
règles que je me suis prescrites et manquer à mes principes ?»
→ L présente un personnage qui affirme sa singularité grâce notamment à la mise en apposition de « mais moi » qui crée
une insistance. D'ailleurs on retrouve 7 occurrences de la première personne (pronom: moi,je,m' / déterminant : mes) dans
ces deux phrases. Cette singularité est d'abord affirmée par l'opposition aux autres femmes qui sont désignées de manière
péjorative dans la périphrase « ces femmes inconsidérées », le déterminant « ces » les désignant et l'adjectif
« inconsidérées » les rabaissant. Il s'agit également d'une question rhétorique qui interpelle le lecteur et qui amène à la
réponse « rien ». Après avoir affirmé sa différence, elle utilise une seconde question rhétorique, toujours dans un but
argumentatif, mais cette fois pour affirmer ce qui fait sa particularité. Ainsi, elle montre de manière redondante avec les
termes « règles » et « principes », ainsi que la première personne, que c'est sa raison qui la guide, qu'elle est toujours
maîtresse d'elle-même, et qu'elle a créé ses propres règles et qu'elle ne suit pas celles de la société. Elle affirme donc ainsi
sa nature libertine.
.Ex L2-3 «Je dis mes principes, et je le dis à dessein : car ils ne sont pas, comme ceux des autres femmes, donnés au
hasard, reçus sans examen et suivis par habitude »
→ La marquise continue à affirmer sa singularité grâce à la première personne et à l'opposition « aux autres femmes ».
La dimension argumentative de ses propos est fortement marquée par leur dimension logique soulignée par la conjonction
de coordination « car » et les « deux points », ainsi que par la construction ternaire de la dernière phrase. Cette manière
de s'exprimer est efficace et elle révèle le caractère méthodique de la marquise. De plus, à la fin de l'extrait elle insiste à
nouveau sur sa maîtrise en présentant de manière chronologique le cheminement des pensées des autres femmes. La
négation permet implicitement de comprendre que la marquise choisit, examine et remet en question. Il s'agit une fois de
plus d'un caractère libertin puisqu'elle affirme sa supériorité intellectuelle et son insoumission aux règles de la société.
.Ex L4 « je puis dire que je suis mon ouvrage »
→ La fin du paragraphe sonne comme une maxime et est donc particulièrement convaincante. La première personne est
toujours omniprésente et la formule résume de manière concise tout ce qui a été dit auparavant. La formule « je suis mon
ouvrage » est particulièrement polémique puisqu'elle affirme sa supériorité en rejetant toute forme de déterminisme et
l'idée même de Dieu. En utilisant la métaphore de l'œuvre, M formule de manière imagée sa thèse.
.Ex L5-6 «Entrée dans le monde dans le temps où, fille encore, j'étais vouée par état au silence et à l'inaction, j'ai su
en profiter pour observer et réfléchir.»
→ Dans ce paragraphe il y a une rupture puisque la marquise va proposer des arguments et des exemples pour expliquer
sa thèse. Ainsi les temps changent, elle utilise l'imparfait et le passé composé pour évoquer sa jeunesse. Celle-ci
commence donc avec son « entrée dans le monde », univers dans lequel le libertin évolue. M évoque de manière explicite
la condition des femmes grâce à la formule « par état », et leur absence de liberté avec l'emploi du verbe fort « vouer ».
Elle utilise aussi un parallélisme qui permet d’insister sur l’opposition entre ce qu’on lui impose et ce qu’elle décide de
faire, le « silence » qui lui est imposé lui permet d' « observer », et l' « inaction » de « réfléchir ». Ainsi une fois encore
la marquise montre qu'elle refuse un destin et qu'elle se place au-dessus des règles de la société.
.L6-7 « Tandis qu'on me croyait étourdie ou distraite, écoutant peu à la vérité les discours qu'on s'empressait de me
tenir, je recueillais avec soin ceux qu'on cherchait à me cacher. »
→ La marquise exprime une nouvelle fois son opposition aux autres et à la société comme le souligne la répétition du
pronom indéfini « on » et celle de la première personne. D'ailleurs la société est présentée négativement puisqu'elle a des
à priori négatifs vis-à-vis de la marquise, puisqu'elle la pense « étourdie ou distraite » (deux adjectifs péjoratifs), et sans
doute également des femmes. De plu,s M semble pouvoir manipuler la société comme elle le souhaite. Pour montrer son
art de la dissimulation et expliquer qu'elle s'est créée elle-même, M multiplie les antithèses qui prennent parfois la forme
de parallélismes : « écoutant peu à la vérité » = « je recueillais avec soin » / « les discours qu'on s'empressait » =
« ceux qu'on cherchait » / « de me tenir » = « à me cacher ».
.L7-8 «Cette utile curiosité, en servant à m'instruire, m'apprit encore à dissimuler »
→ La marquise utilise l'oxymore « utile curiosité » qui montre encore son opposition à la société qui considère que la
curiosité est un défaut. L'idée d'utilité révèle aussi le pragmatisme de la marquise. Celle-ci montre qu'elle profite de toutes
les situations pour se construire et le gérondif « en servant » souligne la simultanéité de ses actions. La marquise présente
cette période, grâce au champ lexical de l'apprentissage (« instruire, apprendre, curiosité ») et elle montre sa capacité à
« dissimuler » comme étant une qualité.
.L8-10 « forcée souvent de cacher les objets de mon attention aux yeux qui m'entouraient, j'essayai de guider les
miens à mon gré; j'obtins dès lors de prendre à volonté ce regard distrait que depuis vous avez loué si souvent. »
→ La marquise présente encore son rapport à la société comme un combat, à travers le champ lexical du regard (« cacher
/ objets / attention / yeux /ce regard distrait »…). En effet, celui de la société est montré comme oppressant grâce à la
métonymie et la personnification « aux yeux qui m’entouraient ». Le travail de la marquise est une nouvelle fois souligné
par la répétition de la première personne, mais aussi par l'affirmation de sa détermination et de sa maîtrise d'elle-même
grâce au champ lexical de la volonté (« essayer / mon gré / obtenir / à volonté »). M affirme une fois de plus sa capacité
à dissimuler, à manipuler les autres. Elle crée aussi une complicité avec le vicomte qui a remarqué « ce regard distrait »,
tout en se flattant elle-même puisqu'elle rappelle l'admiration qu'elle lui a fait ressentir grâce à la formule hyperbolique
« loué si souvent ».
.L12-14 « j'ai porté le zèle jusqu'à me causer des douleurs volontaires, pour chercher pendant ce temps l'expression
du plaisir. »
→ La marquise donne un exemple de sa maîtrise de la dissimulation en la présentant méliorativement grâce à l'expression
« le zèle ». Pour cela elle utilise un rythme binaire qui souligne les antithèses. La formule redondante « me causer des
douleurs volontaires » s'oppose alors avec force à « l'expression du plaisir ». Une nouvelle fois elle affirme sa maîtrise
d'elle-même et sa duplicité. Le libertin est bien celui qui joue la comédie.
.L14-15 « C'est ainsi que j'ai su prendre sur ma physionomie cette puissance dont je vous ai vu quelquefois si
étonné. »
→ Le présentatif « c'est ainsi que » met en valeur les propos. La marquise affirme une nouvelle fois sa force grâce au
verbe « savoir », au terme « puissance » qui est polysémique (force et maîtrise), et aussi à l'effet qu'elle a créé sur son
interlocuteur. D'ailleurs, cette fois-ci, elle montre avec le verbe « voir » qu'elle a perçu l'intériorité du vicomte
(« étonné ») et elle prouve ainsi sa supériorité sur celui-ci.
.L16-17 « J'étais bien jeune encore, et presque sans intérêt : mais je n'avais à moi que ma pensée, et je m'indignais
qu'on pût me la ravir ou me la surprendre contre ma volonté. »
→ La marquise débute son paragraphe par une concession de manière à mieux se mettre en valeur. Elle évoque ainsi sa
jeunesse et le fait qu'elle était « sans intérêt », mais l'adverbe « presque » nuance ses propos. La conjonction de
coordination « mais » va ensuite affirmer ce qui lui importe, et l'omniprésence de la première personne montre son
égocentrisme assumé. Elle se présente une nouvelle fois comme étant dans une condition difficile, celle d'être une femme,
mais aussi et surtout sa révolte. Ainsi la société est évoquée, par l'emploi du pronom indéfini, comme un ennemi qui tente
de lui voler son intériorité. Sa « pensée » est valorisée par la personnification puisque les autres tentent de « la ravir »,
de « la surprendre ». La marquise souligne sa force de rébellion à travers les verbe « indigner » et la formule « contre
ma volonté ».
.L17-20 « Munie de ces premières armes, j'en essayai l'usage non contente de ne plus me laisser pénétrer, je
m'amusais à me montrer sous des formes différentes ; sûre de mes gestes, j'observais mes discours; je réglai les uns et
les autres, suivant les circonstances, ou même seulement suivant mes fantaisies»
→ Les rapports à la société sont présentés cette fois explicitement comme une lutte grâce au terme « armes », mais aussi
la jouissance (centrale chez les libertins) qu'elle prend à dominer les autres comme le souligne le champ lexical du plaisir
(« contente / amuser / fantaisies »). Elle affirme également sa maîtrise grâce à l'adjectif « sûre » ou le verbe « régler »
par exemple. Elle propose une gradation puisqu'elle explique d'abord qu'elle n'est plus une victime pour affirmer ensuite
que les autres sont ses victimes. La marquise montre une nouvelle fois sa capacité de comédienne grâce au champ lexical
de l'apparence (« différentes formes / gestes / discours ») mais elle est à la fois actrice et spectatrice d'elle-même.
.L20-21 « dès ce moment ma façon de penser fut pour moi seule, et je ne montrai plus que celle qu'il m'était utile de
laisser voir. »
→ La locution adverbiale « dès ce moment » correspond à la « naissance » de la marquise (puisqu'elle s'est créée elle-
même). La première personne est toujours très présente. Il s'agit bien d'une victoire, comme le souligne la formule
redondante « pour moi seule », et la négation restrictive qui insiste sur l'antithèse entre « montrer » et « laisser voir ».
Ainsi le thème du regard est une nouvelle fois affirmé, il correspond aux rapports sociaux. La marquise exprime aussi son
pragmatisme grâce au terme « utile » et donc sa supériorité sur les autres, sa capacité à les manipuler.

Les liaisons dangereuses, Laclos, Lettre LXXXI,


De la marquise de Merteuil au Vicomte de Valmont.
1 (…) Mais moi, qu'ai-je de commun avec ces femmes inconsidérées ? Quand m'avez-vous vue m'écarter des règles
que je me suis prescrites et manquer à mes principes ? Je dis mes principes, et je le dis à dessein : car ils ne sont
pas, comme ceux des autres femmes, donnés au hasard, reçus sans examen et suivis par habitude ; ils sont le fruit
de mes profondes réflexions ; je les ai créés, et je puis dire que je suis mon ouvrage.
5 Entrée dans le monde dans le temps où, fille encore, j'étais vouée par état au silence et à l'inaction, j'ai su en
profiter pour observer et réfléchir. Tandis qu'on me croyait étourdie ou distraite, écoutant peu à la vérité les
discours qu'on s'empressait de me tenir, je recueillais avec soin ceux qu'on cherchait à me cacher. Cette utile
curiosité, en servant à m'instruire, m'apprit encore à dissimuler : forcée souvent de cacher les objets de mon
attention aux yeux qui m'entouraient, j'essayai de guider les miens à mon gré; j'obtins dès lors de prendre à volonté
10 ce regard distrait que depuis vous avez loué si souvent. Encouragée par ce premier succès, je tâchai de régler de
même les divers mouvements de ma figure. Ressentais-je quelque chagrin, je m'étudiais à prendre l'air de la
sécurité, même celui de la joie ; j'ai porté le zèle jusqu'à me causer des douleurs volontaires, pour chercher pendant
ce temps l'expression du plaisir. Je me suis travaillée avec le même soin et plus de peine pour réprimer les
symptômes d'une joie inattendue. C'est ainsi que j'ai su prendre sur ma physionomie cette puissance dont je vous ai
15 vu quelquefois si étonné.
J'étais bien jeune encore, et presque sans intérêt : mais je n'avais à moi que ma pensée, et je m'indignais qu'on pût
me la ravir ou me la surprendre contre ma volonté. Munie de ces premières armes, j'en essayai l'usage non contente
de ne plus me laisser pénétrer, je m'amusais à me montrer sous des formes différentes ; sûre de mes gestes,
j'observais mes discours; je réglai les uns et les autres, suivant les circonstances, ou même seulement suivant mes
20 fantaisies dès ce moment, ma façon de penser fut pour moi seule, et je ne montrai plus que celle qu'il m'était utile
de laisser voir.

Vous aimerez peut-être aussi