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SEYDOU BADIAN, LA MORT DE CHAKA, 1957

INTRODUCTION
Face au refus dřacceptation dřune Afrique civilisée et face aussi à la conquête
coloniale, certains Africains se trouvent dans lřobligation de défendre cette
pauvre Afrique.
Parmi eux, on peut citer les écrivains qui ont joué un rôle important dans la
défense de ce continent. Ces écrivains mettent en place une littérature composée de
plusieurs courants : roman, théâtre, poésie, conte... Nous pouvons citer la pièce
LA MORT DE CHAKA qui a fasciné plus dřun écrivain Africain et inspiré de nombreuses
œuvres dramatiques. En effet en sřintéressant à un même personnage historique, des
auteurs différents nřen nřont guère une vision identique. Chacun dřeux en retient
les traits qui lui paraissent les plus significatifs compte tenu de sa sensibilité
propre, de ses préoccupations et de la société pour laquelle il écrit à une époque
donnée.
Ainsi dřaprès le tri de tout ce qui a été dit, CHAKA, le chef zoulou apparaît-il
comme exilé de lui-même pour venir habiter un univers sensible et philosophique. Il
est arraché au passé auquel il appartient et quřil a marqué dřun sceau indélébile
pour incarner de façon générale les idéaux de lřAfrique Noire indépendante qui
cherche à se dépasser.
I- BIOGRAPHIE ET BIBLIOGRAPHIE DE L’AUTEUR 1- BIOGRAPHIE
De son vrai nom Seydou Badian KOUYATE il est né à Bamako au Mali en 1928. Il a fait
ses études médicales à Montpellier et sřest intéressé à la littérature avant de
rentrer dans son pays natal où il a occupé dřimportantes fonctions ministérielles
dans le gouvernement de Modibo KEITA. Déporté à Kidal au lendemain du coup dřEtat
de 1968, Seydou Badian KOUYATE vécut son exil à Dakar où il a écrit de nombreuses
œuvres.
2- BIBLIOGRAPHIE
Le premier roman de Seydou Badian KOUYATE intitulé Sous lřorage a été publié en
1957 aux Editions Presses Universitaires. Ce roman sera suivi 10 ans après de deux
autres romans : Le sang des Marques publie en 1976 aux Editions R. Laffont et Noces
Sacrées (Présence Africaine, 1963) et un essai, Les Dirigeants Africains Face à
Leur Peuple aux Editions Maspero, 1964.
II- ANALYSE DE L’HISTOIRE OU RESUME DE L’ŒUVRE
La pièce LA MORT DE CHAKA est divisée en cinq tableaux :
- Dans le premier tableau, les personnages présents sont les généraux réunis chez
DINGANA, un des généraux de CHAKA qui décident du sort de CHAKA. En effet certains
des généraux sont réunis dans le but de parler avec CHAKA pour quřil leur accorde
un peu de liberté leur permettant de fonder une famille, bref de souffler et de
mettre fin aux combats.
Et pour dřautres, le seul fait assassiner CHAKA pourrait leur permettre dřavoir la
libération totale et de ne plus faire la gloire dřun autre. Mais une jeune fille
soucieuse du devenir de son pays les aide à reprendre conscience et de se souvenir
dřhier, quand le pays était ruiné, détruit et exploité par les ennemis.
- Dans le deuxième tableau, les personnages présents sont trois généraux agissant
au nom de tous les autres N’DEBELE, un fidèle serviteur de CHAKA essaye de les
dissuader, leur faisant entendre raison et leur montrant encore les bienfaits de
CHAKA. Nous nous permettrons de citer les propos de N’DEBELE : «si nous sommes ce
que nous sommes cřest parce que nous avons eu un guide qui a su nous conduire, qui
a su donner au peuple entier cette confiance sans laquelle il nřest point de
victoire ».
- Dans le troisième tableau CHAKA, le personnage principal, avec ses serviteurs et
conseillers discutent des tactiques qui leur permettent de gagner la guerre à
lřexception des généraux qui se cachent derrière la fatigue, pareils à des renégats
face à CHAKA qui, justement, éprouve un mauvais pressentiment.
Ces conseillers essaient de lui remonter le moral en faisant ses éloges.
- Dans le quatrième tableau CHAKA et N’DEBELE sont toujours en discussion sur les
tactiques leur permettant de gagner cette bataille. La fille NOTIBE, inquiète pour
le devenir de CHAKA et de son pays est entrain dřêtre réconfortée par le courageux
roi. Cependant la masse dirigeante des généraux vient discuter pour la première
fois de leur désaccord par rapport à lřattaque de lřaube que CHAKA a programmée,
permettant ainsi aux généraux de mener à bout leur complot. CHAKA refuse lřidée de
non attaque mais néanmoins il leur donne lřautorisation de se reposer et le laisser
mener son combat avec ses deux fidèles serviteurs.
- Dans le cinquième tableau, CHAKA et son armée ont gagné la guerre. Avec ses amis,
ils décident du sort des généraux quřils qualifient maintenant de simples
guerriers. CHAKA est davantage loue par les habitants de son royaume. Il eut de
longues discussions avec ses conseillers. Apres, il les pria de sortir. Et cřest
pendant quřil faisait semblant de parler à son maitre, quřil fut assassiné par ses
généraux quřil qualifiait de retardataires, car ils seront sans doute les victimes
du colonialisme.
III- ETUDE DES PERSONNAGES
Jean Anouilh, Antigone, 1944, pages 9 à 1344
LE FRANÇAIS EN TERMINALE PAGE 70

M. CHERIF OUSMANE AÏDARA, -LSLL- et OUSSEYNOU WADE –LYMODAK-


- CHAKA, le personnage principal, partisan de lřidéal fort disait : «la vie la
plus sure est celle que lřon crée à lřombre de la sagaie ». Cřest un héros à qui
les compétences ne manquent pas, voire les tactiques de guerres quřil met en place
pour venir à bout de lřennemi. Il a une soif terrible de conquête. Il a horreur de
la paresse, des vices, des passions.
- LES GENERAUX : ce sont DINGANA, MALHANGA, OUMSELE, MYORDZI, MAPO.
Ils sont tous chefs dřarmée, des chefs de guerre dans lřarmée des AMAZOULOUS et ils
étaient plus ou moins hostiles aux idéaux de CHAKA. Cependant, MAPO constituait le
modérateur entre ses compatriotes et CHAKA. Il leur soulignait lřimportance de
lřidéal de CHAKA mais voulait aussi les amener à trouver une ouverture à la
situation tendue qui règne.
- LES PARTISANS de CHAKA et les autres : les bras droits de CHAKA que sont N’DEBELE
et ISSANOUSSI étaient des personnages qui vouaient un respect presque divin à leur
chef.
En effet elle avait été sauvée pendant son enfance des grosses hyènes (voleuses de
vierges) par le brave CHAKA. Cřest une infatigable modératrice du peuple ZOULOU ;
elle essaie toujours de conseiller CHAKA et ses associés.
- LES GUERRIERS : jeunes et vaillants soldats AMAZOULOUS, ils arrivent à triompher
dans les guerres grâce à leur détermination, à élever le peuple ZOULOU quřils
partagent avec CHAKA. Ils sont des fanatiques du roi quřils considèrent comme un
souverain envoyé par le tout puissant NKOULOU-KOULOUN (Dieu des ZOULOUS).
IV- ETUDE THEMATIQUE
Cette œuvre est centrée autour de deux thèmes majeurs que sont :
1- Le thème de la guerre
La guerre se trouve au cœur de la pièce. Sans elle, on ne saurait parler de
tragédie. Très vite, le lecteur sera plongé dans cette atmosphère de guerre qui est
le moteur de toute lřaction.
«CHAKA est lřenfant de la guerre, du sang, des incendies, de la gloire. Voila à
quoi se résume sa vie Ŕ dit Malhagana Ŕ son visage sur les champs de bataille
rayonnait de bonheur à lřapproche de lřennemi ».
Ils le soutenaient dřune manière ardue aussi bien au niveau du maintient de lřarme,
dans les combats mais constituaient également des conseillers très sincères et
sollicités par CHAKA.
Motibe fiancée de Dingana aime profondément CHAKA et son peuple, elle voue beaucoup
de respect à son chef quřelle considère dřailleurs comme son frère et cela depuis
sa plus tendre enfance.
Il avait une technique très barbare pour sélectionner les guerriers. Ceux qui
reviennent de la campagne sans leur sagaie sont massacrés et ceux qui reviennent
avec leur sagaie sans une sagaie lřennemi sont aussi massacrés. Ils se battent pour
la grandeur quřils veulent consolider à tout prix. CHAKA est soumis à la même
privation que les autres. Il aspirait à la grandeur de son peuple et pour y
arriver, la guerre reste la seule voie. Pour CHAKA, la vie la plus sure est celle
que lřon se crée à lřombre de la sagaie. Il met à mort les fatigues et disait que :
«lřhomme est un animal à deux têtes : la grandeur et la médiocrité». Par la guerre
il voulait montrer au reste du monde que son peuple et lui étaient grands et
pouvaient maintenant venger la situation dřavant.
2- Le Thème de la grandeur
Elle parait être un idéal de la pièce dans laquelle elle se trouve. Cřest elle qui
donne la chance à CHAKA qui se bat non pas pour la richesse mais pour lřavenir de
son peuple et pour consolider les acquis. En effet CHAKA est né dans une sphère de
désolation, de crainte, de peur et de terreur. Son peuple était bafoue, et avant,
rien ne leur appartenait, ni leurs enfants, ni leurs maris. A tout moment les
tribus voisines venaient enlever les hommes, le bétail et les richesses. Il
disait : «lřhomme est un animal à deux têtes : lřune sřappelle la grandeur et
lřautre la médiocrité ; elles poussent sur la presse, sur lřinconscience et les
plaisirs vains».
Il définit la vie comme un combat nécessaire.
V- ACTUALITE DE L’ŒUVRE
Lřœuvre «La mort de CHAKA» demeure dřactualité dans la mesure où CHAKA peut être
assimilé aujourdřhui aux dirigeants dictateurs qui conduisent leur peuple selon
leur volonté.
En effet dans ce genre de régime, tous ceux qui ont des avis ou des opinions non-
conformes à ceux du dictateur sont massacrés, exilés ou emprisonnés. CHAKA faisait
pareil. Cřest pour cela quřil a été tué non pas par des étrangers mais par des gens
de son peuple. Les coups dřEtat sont généralement menés contre les dirigeants
dictateurs.
La manière dont CHAKA a bâti et développé un Etat grand et est remarquable
constitue aujourdřhui un exemple pour les Etats dominés ou sous-développés. Par
lřesprit de sacrifice CHAKA et ses soldats nřavaient aucune jouissance c'est-à-dire
quřils ne profitaient pas de la richesse acquise car pour eux le peuple passe avant
tout.
CONCLUSION
La pièce de théâtre «La mort de CHAKA» est la tragédie dřun roi ZOULOU qui exerçait
une domination totale au sud de lřAfrique à la veille de la pénétration coloniale.
Cette pièce nous montre les moments qui ont précédé sa mort et elle retrace à peu
près les valeurs qui sont chères à lřAfrique comme la bravoure, la grandeur, le
mépris de la médiocrité qui font que cet homme demeure une fierté pour la race
noire.

Aida Diouf Tl’

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