Cours Sur La Science

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La science

Préambule
Mots clés
- Le terme science est d’usage soit pour vérifier les prétentions théoriques d’un article ou
d’un ouvrage, soit pour désigner les disciplines liées aux mathématiques, à la physique,
etc.

- La science renvoie au savoir comme le sont les sciences « dites » exactes (mathématiques
et physique) différentes de l’opinion, de l’idéologie, de la religion, de la pseudo-science1
telles les théories racistes des années 1930.

- Les disciplines scientifiques, usant de la démonstration ou de l’expérimentation, ont


une autorité argumentative de par leur capacité à administrer la preuve. D’où le
langage d’usage commun : « C’est scientifique ! » ou « C’est prouvé ! ».

- Même les sciences humaines participent à l’idéal scientifique des sciences exactes vu
que les méthodes de celles-ci sont une référence incontournable pour les disciplines non
scientifiques.

- La science est donc une qualité de savoir grâce à l’exactitude, la rigueur et la rationalité
qui la caractérisent.

- Vu la place qu’occupe la science dans la société, la qualité du savoir scientifique peut


impacter l’action publique et la maîtrise publique de l’environnement.

0 Introduction

1
Le racisme est une idéologie qui, partant du postulat de l'existence de races au sein de l'espèce
humaine, considère que certaines catégories de personnes sont intrinsèquement supérieures à d'autres. Il
se différencie ainsi du racialisme qui, partant du même postulat, ne considère pas les races comme
inégales. Cette idéologie peut amener à privilégier une catégorie donnée de personnes par rapport à
d'autres. Le Petit Larousse a deux définitions du racisme, au sens strict du terme, comme « idéologie
fondée sur la croyance qu'il existe une hiérarchie entre les groupes humains, les « races » ;
comportement inspiré par cette idéologie », et au sens large du terme, comme « une attitude d’hostilité
répétée voire systématique à l’égard d’une catégorie déterminée de personnes ». Cette hostilité envers
une autre appartenance sociale – (que la différence soit culturelle, ethnique ou tout simplement due à
une couleur de peau) – se traduit aussi par des formes de xénophobie ou d’ethnocentrisme. Certaines
formes d’expression du racisme, comme les injures racistes, la diffamation raciale, la discrimination, sont
considérées comme des délits dans plusieurs pays.

1
Pour prolonger le questionnement que soulève le statut de la science ou du savoir scientifique,
nous allons tour à tour nous demander : Croire, est-ce savoir ? Qu’est-ce qu’une théorie
scientifique ? La science a-t-elle des limites ? La science peut-elle être le guide de l’action ?

1 Croire, est-ce savoir ?

Différente de la croyance, de la pseudo-science, de l’idéologie, de l’opinion, la science


répond à un certain nombre de critères comme nous l’allons montrer infra. En effet,
contrairement aux autres formes de savoir qui sont sans commune mesure avec la science, celle-
ci advient selon Descartes au terme d’une véritable révolution qui passe par le doute : « (…)
d’autant que la raison me persuade que je ne dois pas moins soigneusement m’empêcher de
donner créance aux choses qui ne sont pas entièrement certaines et indubitables, qu’à celles qui
nous paraissent manifestement être fausses, le moindre sujet de douter que j’y trouverai suffira
pour me les faire toutes rejeter (…) mais, parce que la ruine des fondements entraîne
nécessairement avec soi tout le reste de l’édifice, je m’attaquerai d’abord aux principes, sur
lesquels toutes mes anciennes opinions étaient appuyées. » (Œuvres philosophiques, 1967, p.
404).

S’inspirant de la cure psychanalytique chère à Sigmund Freud où l’on se préoccupe à


interpréter le sens des phénomènes, Gaston Bachelard conditionne la formation de l’esprit
scientifique par le rejet de l’opinion ou la pensée spontanée qui constitue le premier obstacle à
détruire : « Et quoi qu’on dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d’eux-
mêmes. C’est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit
scientifique. Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S’il
n’y a pas eu de question, il ne peut y avoir connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien
n’est donné. Tout est construit. » (La Formation de l’esprit scientifique, 1983, p. 14).

Bertrand Russel, pour définir la science la distingue et l’oppose même à la religion par ceci que
la religion ou le « credo religieux » relève des faiblesses de l’esprit humain alors que la
démarche scientifique relève, elle, de ses forces. L’on voit bien que, pour Russel, la religion n’a
aucune consistance, car « Toute connaissance accessible doit être atteinte par des méthodes
scientifiques, écrit-il. Et ce que la science ne peut pas découvrir, l’humanité ne peut pas le
connaître. »

2
Après avoir tenté de cerner la différence entre la science et les autres types de savoir, il
nous revient de nous interroger sur l’essence d’une théorie scientifique.
2 Qu’est-ce qu’une théorie scientifique ?
Une théorie scientifique se reconnaît au travers de certains critères fournis que nous fournissent
quelques philosophes dont Karl Popper, Emmanuel Kant et Emile Durkheim. En effet, Popper2 doit à
la falsifiabilité3la qualité ou la nature de la théorie scientifique qui ne doit pas être confondue avec la
pseudo-science (cf. les théories racistes). Pour Kant, l’auteur de Critique de la raison pure (1787), c’est le
travail conceptuel abattu par la raison qui permet aux mathématiques et à la physique, dites sciences
exactes, d’être telles. De même, pour le sociologue Durkheim, seuls l’« état d’esprit » et la méthode
chers au physicien et au chimiste permettront au sociologue de conduire sa discipline sur la voie
scientifique (Cf. Les Règles de la méthode sociologique, 1895).
Bien que comparaison ne soit pas raison et pour peu que nous ayons en son temps reconnu les
limites de la raison, ne pouvons-nous pas poser la question des limites de la science ?
3 La science a-t-elle des limites ?
La science connait bel et bien des limites. Tel est l’avis de maints philosophes. En effet, Gérard
Simon (Sciences et histoire, 2008) note que les limites de la science sont de deux ordres : internes (limites
de notre esprit/rappel : limites de la raison ou de l’entendement humain/cf. finitude ou limite de
l’entendement humain en disproportion avec l’infinitude de la volonté humaine pour expliquer l’origine
des erreurs humaines) et externes (l’historicité des sciences liée aux reliques lacunaires du passé, à une
information plus que restreinte sur l’état présent du monde, aux événements futurs qui ne sont pas encore
manifestés).
A son tour, Maurice Merleau-Ponty révèle les limites de la science par ceci que, sans le travail
préliminaire de la conscience, la science ne peut rien obtenir. Aussi souligne-t-il, pour expliquer son
projet philosophique appelé la phénoménologie, que notre rapport au monde ne se réduit pas à ce que les
sciences exactes nous en disent : « Les vues scientifiques selon lesquelles je suis un montant du monde
sont toujours naïves et hypocrites, parce qu'elles sous-entendent, sans la mentionner, cette autre vue, celle
de la conscience, par laquelle d'abord un monde se dispose autour de moi et commence à exister pour moi.
Revenir aux choses mêmes, c'est revenir à ce monde avant la connaissance dont la connaissance parle
toujours, et à l'égard duquel toute détermination scientifique est abstraite, signitive et dépendante, comme
la géographie à l'égard du paysage où nous avons d'abord appris ce que c'est qu'une forêt, une prairie ou
une rivière » (La Phénoménologie de la perception, 1976, p. II-III).
Suite aux lacunes dont on l’accuse, la science peut-elle servir de guide ?
2
Popper écrit sa pensée dans Conjectures et réfutations : la croissance du savoir scientifique, 1963.
3
K. Popper appelle falsifiabilité le critère qui permet de reconnaître une théorie scientifique : elle se laisse
« éprouver » et « tester ». On peut la confirmer ou l’infirmer.

3
4 La science peut-elle être un guide pour l’action ?
La réponse à cette question est tout simplement mitigée : la science peut tantôt servir de guide,
tantôt elle ne le peut. En effet, si pour Auguste Comte la science est un guide4, elle ne l’est pas pour Max
Weber, Aristote et Edmund Husserl. D’abord le premier, Weber reconnaît à la science le pouvoir de
répondre aux questions sur la nature ou la société sans qu’elle se prête à la réflexion et la décision d’agir
(cf. Essais sur la théorie de la science, 1904-1917). Ensuite le deuxième, Aristote, distinguant le savoir de
la sagesse et celui de la science, exclut l’action de la science qu’il réserve à la sagesse (prudence/morale).
Autrement dit, la morale ou le domaine de l’action est de l’ordre du possible/du devoir-être alors que la
science est de l’ordre de l’être (Ethique à Nicomaque, IVe s. av. J.-C.). Enfin le troisième et dernier,
Husserl, soulève le paradoxe d’une science célèbre dans les sociétés industrielles mais incapable du
moindre discours sur les questions brûlantes de l’heure vu qu’elle fait abstraction de tout ce qui est
subjectif (La Crise des sciences européennes et la Phénoménologie transcendantale, 1976, p. 10-11).
Citations
1. « La seule réalité n’est-elle pas celle des sentiments ? » (Alexandre Jardin)
2. « Il faut n’appeler Science que l’ensemble des recettes qui réussissent toujours. Tout le reste est
littérature. » (Paul Valéry)
3. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. » (François Rabelais)
4. « Un peu de science éloigne de Dieu, beaucoup de science y ramène. » (Louis Pasteur)

4
« Quels que soient les immenses services rendus à l'industrie par les théories scientifiques (...), nous ne
devons pas oublier que les sciences ont, avant tout, une destination plus directe et plus élevée,
celle de satisfaire au besoin fondamental qu'éprouve notre intelligence de connaître les lois des
phénomènes. » (Cours de philosophie positive, 1974, p.28).

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