Innovations Et Société Partie 1 Introduction 2024
Innovations Et Société Partie 1 Introduction 2024
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• Or la science, le monde scientifique tel qu’on le connait s’est institutionnalisé à partir du 17 ème, en se
construisant autour de disciplines (par exemple l’académie française en 1635 ou l’académie des
sciences fondée en 1666), aux frontières plus ou moins nettes ;
• à partir du 19ème il va se doter d’organisations, avec des académies, des sociétés savantes (par
exemple : Académie nationale de médecine en 1820, Académie des sciences morales et politiques
en 1832)
• Mais c’est seulement à partir des années 1930, que différents penseurs vont s’intéresser aux
pratiques des scientifiques, à ce qu’est la science, et aux relations pas toujours simple entre science
et société.
• Les premiers à s’y intéresser seront plutôt des philosophes et historiens des sciences. Peu sont
alors sociologues (Merton)
• On peut ainsi évoquer les réflexions des philosophes Karl Popper, Gaston Bachelard, ou du
physicien Thomas Kuhn, pour ne citer que ces quelques contributions marquantes… à
l’épistémologie
quand on parle de la science, on fait ce qu'on appelle de
l'épistémologie (du grec épistémé qui veut dire science et
logos qui veut dire discours)
Épistémologie = discipline qui s'intéresse aux conditions de
production de la connaissance scientifique,
= comment on fait de la science
méthodes scientifiques
aux valeurs qu'elle véhicule
à l'éthique des chercheurs.
c'est la « science de la science ».
KARL POPPER (1902-1994)
philosophe des sciences : va construire
une réflexion sur le statut de la vérité dans
les sciences à partir de son expérience
personnelle du totalitarisme. (Voir son
autobiographie : La quête inachevée,
1981)
étudie à l’Université de Vienne, soutient
une thèse de philosophie en 1928.
1937 : exil en Nouvelle-Zélande, retour en
Europe en 1945, il s’établit à Londres où
il enseigne la logique et la méthodologie
des sciences.
Popper dans sa jeunesse s’intéresse à 3 mouvements qui ont leur
place dans le bouillonnement d’idées qui a lieu à l’époque à
Vienne :
le matérialisme historique de Marx et Engels,
la théorie de la relativité d’Einstein,
la psychanalyse de Freud.
Popper est emballé par les travaux d’Einstein mais il se pose des
questions quant au matérialisme historique et à la psychanalyse,
qui pour lui sont deux approches non scientifiques.
Dès lors il se pose une question : quelle est la démarcation
entre la science et la non-science ?
Popper remet en cause le caractère inductif de la science telle qu’elle
était conçue alors : à partir de l’observation, le savant énonce des lois,
des vérités qu’il pense universellement valides.
Popper préfère une démarche déductive qui se concrétise par la
mise à l’épreuve des théories : le savant énonce des propositions, des
conjectures (= hypothèses) qu’il teste, à travers l’expérimentation.
Si les prédictions ne sont pas confirmées par le test, la
théorie est dite falsifiée ou réfutée par l’expérience.
Dans le cas contraire, elle est dite corroborée, mais de
façon non définitive.
Pour Popper une seule réfutation présente plus d’importance
pour le progrès de la connaissance qu’une multitude de
confirmations :
« Par exemple, faisons l’hypothèse que tous les cygnes sont
blancs. L’observation de centaines de cygnes blancs ne nous
permettra pas de confirmer cette hypothèse. Par contre, la vue
d’une seul cygne noir suffira à l’infirmer. » in Logique de la
découverte scientifique, 1935, Payot, 1973, p.23.
Pour Popper : la vérification d’une hypothèse par un grand nombre
d’expériences ne permet pas de dire que l’hypothèse est définitivement vérifiée.
Même la théorie la plus utilisée par une communauté
scientifique peut être réfutée ultérieurement du fait de
l’évolution globale de la science (techniques
d’expérimentation, système théorique global qui évolue).
Popper apporte une réponse à ses interrogations de départ sur le marxisme
et la psychanalyse. Ces modes d’explication ne sont pas des théories
scientifiques car ils ne peuvent pas se soumettre à l’épreuve du test.
Physicien américain, qui devient par la suite spécialiste de la
philosophie et de l’histoire des sciences.
La structure des révolutions scientifiques (1962)
Pour lui le progrès scientifique n’est pas le résultat d’une
accumulation des connaissances, mais fait suite à des
situations de crise, où les fondements théoriques d’une
discipline sont sujets à des critiques, à des modifications.
La science ne progresse pas de façon continue mais fait
face à des « révolutions »
objectivité scientifique
Apport de Durkheim à la sociologie =>
volonté de doter cette science d'un objet et
d'une méthode qui la distingue des autres
sciences sociales.
Crée le 1er département de sociologie en
Europe, à Bordeaux en 1895
s’oppose à la thèse défendue par le philosophe
et ethnologue Lucien Lévy-Bruhl
• Lucien Lévy-Bruhl (1857-1939),
• Il a développé une thèse dite discontinuiste,
qui séparait les sociétés humaines en deux
catégories :
• pour lui, les sociétés primitives, qu’il
appellait pré-logiques, qui ne pouvaient
pas être scientifiques car elles acceptaient la
présence simultanée du naturel et du
surnaturel, du matériel et du spirituel, de la
technique et la magie.
• A la différences de sociétés occidentales, qui
respectant les principes de la logique (CAD
notamment le principe de non contradiction)
voyaient le développement d’une pensée
scientifique.
• Durkheim s’inscrit donc en opposition à cette thèse : pour lui,
la frontière entre science et religion n’est pas imperméable, et
donc remet en cause la distinction entre sociétés primitives
soi-disant sans science et sociétés occidentales scientifiques.
• Dans son ouvrage Les formes élémentaires de la vie
religieuse.
Le système totémique en Australie. (1912), il s’intéresse aux
catégories fondamentales de la pensée,
• Durkheim considère que la sociologie doit rendre compte de
l’origine « des cadres solides qui enserrent la pensée », ou
« les ossatures de l’intelligence ». ; càd les notions de temps,
espace, nombre, genre, cause.
• Pour lui, sans ces cadres, la pensée serait impossible : « Qu’on
essaie de se représenter ce que serait la notion de temps,
abstractions faite des procédés par lesquels nous le divisons
(…) ce serait quelque chose d’à peu près impensable. »
• Pour Durkheim, les origines de ces cadres sont à chercher dans le social (bien
sûr) et plus précisément dans les religions et les mythologies (elles-mêmes
issues du social).
• Pourquoi ? parce les religions sont des systèmes de représentations de la place
de l’homme dans le monde (= des cosmologies) et de la raison d’être de son
environnement :
les religions ont une fonction sociale : elles offrent donc aux individus des
schémas, des catégories pour penser le monde qui les entoure (par exemple, le
bien/le mal).
• Pour lui, la science s’est développée sur le terreau religieux et mythologique, et
surtout sur la base des représentations proposées par les religions et les mythes.
• Science et religion ne sont pas incompatibles. Pour lui ces deux modes,
modalités de l’activité humaine dérivent d’une seule et même source.
• Il considère que les concepts sont des représentations collectives, car dans un
mot se trouve alors « condensée toute une science à laquelle je n’ai pas
collaboré, une science plus qu’individuelle » (donc sociale !)
• Pour lui les catégories fondamentales de la pensée sont le fruit du social de la
même manière que les faits sociaux ne sont pas réductibles à des faits
individuels.
• Donc la science n’échappe pas à ces cadres solides sans lesquels il n’y pas de
pensées et donc pas d’actions possibles : les connaissances scientifiques ont
donc une base sociale.
• Et les catégories générales utilisées dans les sciences, (= les concepts) qui sont
des catégories de l’ensemble de la société, n’échappent pas à cette règle.
• Mais Durkheim ne va pas plus loin car il n’étudie pas la science mais bien la
religion.
VERS LA SOCIOLOGIE DES SCIENCES…