ECU 51061 TECHNIQUES DE RECUEIL ET D'ANALYSE DES DONNEES - Récupéré

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UNIVERSITE FELIX HOUPHOUET BOIGNY ANNEE

UNIVESITAIRE

UFR CRIMINOLOGIE

UE – ETAPES DE LA RECHERCHE METHODOLOGIQUE

ECU IMET5106-2 / TECHNIQUES DE RECUEIL ET METHODES D’ANALYSE


DES DONNEES

Licence 2 / semestre 2

Dr Koko Lucie N’GORAN


Maître de Conférences / [email protected] /05 95 90 90

INTRODUCTION
Pour la découverte ou la compréhension des phénomènes sociaux, l’esprit scientifique suit
une démarche, un cheminement qui est une manière de progresser vers un but. Les savoir-
faire de base méthodologique pour l’élaboration du travail de recherche scientifique de terrain
de qualité englobent certaines stratégies de recherche. C’est l’ensemble des opérations par
lesquelles sont soumis à l’épreuve des faits, des modèles d’analyse. Ici, il est question de
déterminer et de définir selon le type de sujet les méthodes de recueil et les modèles d’analyse
des informations ou données.
Exposer les manières de parvenir aux données fiables d’un objet d’étude suit le cheminement
que ce cours permettra d’acquérir.
Il a donc pour objectif de :

- Préparer une activité de collecte de données sur une situation réelle


- Faire le point critique de la revue de littérature (recherche documentaire)
- Élaborer un outil de recherche (questionnaire, entretien)
- Conduire une observation sur une situation donnée
- Analyser les informations recueillies devant déboucher sur une action.

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CHAPITRE I : METHODE D’ENQUETE
L’objectif de cette première partie est de présenter les différents éléments que devraient
comporter les techniques de recueil et leur utilité. Mais avant tout, il importe de savoir que
c’est l’énoncé du problème qui oriente les différents instruments de collecte. Ainsi, après
avoir été confronté à l’enquête exploratoire qui comprend les lectures et l’observation directe,
il convient de concevoir des instruments de collecte (questionnaire d’enquête , un guide
d’entretien ou d’interview ou une grille d’observation) capable de fournir des informations
adéquates et nécessaires pour tester les hypothèses. Une fois la question de recherche
énoncée, la collecte des données devient primordiale. A tous les niveaux, l’enquête doit être
conduite avec un souci de rigueur méthodologique pour réduire la part de subjectivité. Les
techniques de recueil des données sont donc des outils de recherche élaborés pour conduire
cette activité de collecte de données sur le phénomène que voulez étudier. Ce sont :
- Étude documentaire
- Observation (observation non participante, observation participante)
- Questionnaire (Questions fermées, Questions ouvertes)
- Entretien

TECHNIQUES DE RECUEIL DES DONNEES

1-1- Étude documentaire

Lorsqu’un chercheur entame un travail, il est peu probable que le sujet traité n’ait jamais été
abordé par quelqu’un d’autre auparavant, au moins en partie ou indirectement. On a souvent
l’impression qu’il n’y a « rien sur le sujet »mais cette opinion résulte généralement d’une
mauvaise information. Tout travail de recherche s’inscrit dans un continuum et peut être dans
ou par rapport à des courants de pensée qui le précédent et l’influencent. Il est normal qu’un
chercheur prenne connaissance des travaux antérieurs qui portent sur des objets comparables
et qu’il soit explicite sur ce qui rapproche et sur ce qui distingue son propre travail de ces
courants de pensée. Il est donc indispensable de prendre connaissance d’un minimum de
travaux de référence sur le même thème ou, plus largement, sur des problématiques qui y sont
liés. L’étude documentaire passe donc par des traces recueillies à travers des écrits divers, des
relevés statistiques ou des inventaires d’objets et de traités comme des faits de société.
Les lectures visent à assurer la qualité du questionnement à travers les documents existants
sur le problème de recherche (documents officiels : journal officiel, archives, articles de
presse, œuvres littéraires, documents statistiques, documents de référence, ouvrages
scientifiques, documents iconographiques comme les images, photos, films et même des
éléments sonores).
Concrètement, il s’agit de sélectionner très soigneusement un petit nombre de lectures et de
s’organiser pour en tirer le maximum. C’est-à-dire une revue de littérature bien sélectionnée
par les thèmes qui semblent les plus en rapport avec la question de départ, une revue en vue
de faire un état des lieux. C’est donc, une méthode d’organisation, de réalisation et de
traitement des lectures. C’est une méthode d’organisation, de réalisation et de traitement des
lectures. Elle permet ainsi de faire le point critique et évaluatif des publications scientifiques,
publications qui peuvent se rapprocher de votre étude ou qui permettent de faire des
comparaisons (similarité ou dissemblance). Une revue qui permet de formuler la
problématique, de fonder la légitimité de sa recherche par l’élaboration des hypothèses et des
questions de recherches, de conduire la méthodologie par rapport aux investigations les plus

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souvent utilisées (approche qualitative, quantitative), traitement des données et cadre
d’analyse et de préparer la discussion.

Où trouver les lectures? Que peut-on en faire ?l

- La sélection des sources en lien avec le sujet (diversité des sources : bibliothèques
scientifique, académique, numérique ; logiciel infosphere, persée, revues.org, Google
scholar…)
- Rapporter les informations retenues (citer, paraphraser, reformuler.)les critiquer
(opposer et comparer les résultats de la recherche et les classifier selon le choix du
thème de recherche) et les sauvegarder en vue de les confronter aux réalités du terrain
par les techniques de recueil choisies.

Cette documentation permettra de concevoir des instruments capables de fournir des


informations adéquates et nécessaires pour tester les hypothèses.

1-2- Observation (observation directe)

Observer, c’est se rendre sur un terrain pour étudier, pour s’informer, pour contrôler les dires
et les informations en vue de la vérification des hypothèses.
Aussi appelée « travail de terrain, l’observation est une méthode essentielle dans la démarche
en sciences sociales car elle permet toujours de récolter des matériaux concrets tels que des
réponses aux questions posées dans un questionnaire, des données statistiques, des propos
recueillis dans le cadre des entretiens ou observer directement les lieux de vie des personnes
étudiées.
L’observation comprend ainsi l’ensemble des opérations par lesquelles le modèle d’analyse
(constitué d’hypothèses et de concepts avec leurs dimensions ou variables et leurs indicateurs)
est soumis à l’épreuve des faits, confronté à des données observables.
L’étape de l’observation est une démarche qui se construit autour de trois questions (grille
d’observation) auxquelles le chercheur doit répondre :
- Observer quoi ? Les données pertinentes utiles à la vérification des hypothèses qui
sont déterminées par les indicateurs de variables.
- Sur qui ?circonscrire le champ d’analyse empirique dans l’espace géographique et
social ainsi que dans le temps et selon le cas le chercheur pourra étudier soit
l’ensemble de la population considérée, soit seulement un échantillon représentatif ou
significatif de cette population.
- Comment ? Renvoie aux instruments d’observation et de la collecte des données.
(grille d’observation).
Lorsque l’observateur se retrouve sur le terrain pour étudier le fait, il regarde ce qui se
passe, interroge des informateurs et essaie de contrôler leurs dires par des vérifications
à partir d’une grille d’observation préalablement constituée. L’observation peut être
participante ou non, engagée ou non engagée.

- Observation non participante

L’observation non participante est celle où le chercheur procède directement lui-même au


recueil des informations, sans s’adresser aux sujets concernés. Elle fait directement appel à
son sens de l’observation (basée sur l’observation visuelle).Le chercheur ne participe pas à la
vie du groupe, il observe donc de « l’extérieur ». Ainsi, le chercheur observe discrètement les

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sujets en se faisant oublier. Elle peut se faire à l’insu ou avec l’accord des personnes
concernées ou encore être réalisée sans ou avec l’aide de grilles d’observation détaillées. La
particularité et l’avantage de l’observation non participante sont que les informations
recueillies par le chercheur sont «brutes» dans le sens où elles n’ont pas été spécialement
aménagées voire arrangée pour lui. Les sujets observés n’interviennent pas dans la production
de l’information recherchée. Celle-ci est directement prélevée par l’observateur. Elle est la
seule méthode de recherche sociale qui capte les comportements au moment où ils se
produisent sans l’intermédiaire d’un document ou d’un témoignage.

- Observation participante

Dans le cas de l’observation participante, l’observateur s’adresse au sujet pour obtenir


l’information recherchée. Le chercheur s’engage davantage pour tenter de comprendre en
profondeur la vie d’un groupe : par exemple il s’intègre à ce groupe en participant à ses
activités tout en s’efforçant de faire oublier son statut. Dans l’observation participante,
l’identité du chercheur peut être avouée (les ethnologues par exemple tentent de se faire
admettre dans les sociétés qu’ils étudient) ou l’identité de l’observateur peut aussi être
clandestine. Ce procédé est adapté à certaines circonstances, en particulier pour étudier des
populations en situation précaire, marginale ou aux pratiques illicites. Elle est celle qui répond
globalement le mieux aux préoccupations habituelles des chercheurs en sciences sociales.
Selon la forme que peut prendre l’observation, celle-ci convient particulièrement à l’analyse
du nom verbal et de ce qu’il révèle (les conduites instituées, les codes comportementaux, les
modes de vie, les traits culturels, l’organisation spatiale et de la société,...).De manière
générale, l’observation permet de :
- saisir des comportements et des événements sur le vif ;
- Le recueil de matériaux d’analyse non suscité par le chercheur et donc relativement
spontané.
- La relative sincérité des comportements par rapport aux paroles et aux écrits.

Malgré ces différents avantages, l’observation présente certaines limites à savoir les
difficultés couramment rencontrées pour se faire accepter comme observateur par les groupes
concernés, le problème des traces (le chercheur ne peut se fier à sa seule mémoire), le
problème de l’interprétation des observations (superficielles et mécaniques). Il faut donc
utiliser en complément d’autres techniques précises comme le questionnaire ou l’entretien.

1-3- Questionnaire

Le questionnaire est un ensemble de questions ou une série de questions standardisées


construit dans le but d’obtenir ou de recueillir des informations correspondant aux objectifs
d’une étude. C’est un outil adapté pour recueillir des informations précises auprès d’un
nombre important de participants. Ainsi, un bon questionnaire doit décliner la problématique
de base en questions élémentaires auxquelles le répondant saura répondre. Le questionnaire
devra correspondre aux besoins de l’enquête : chaque question est là parce qu’elle a une
utilité, elle là pour élucider un indicateur de variable ou une variable.
L’enquête par questionnaire est un outil d’observation très performant, notamment pour la
collecte d’informations auprès d’un grand nombre de personnes. Le questionnaire a pour
principal avantage la possibilité de quantifier, de multiplier les données et de procéder dès lors
à de nombreuses analyses de corrélations.
Les enquêtes combinent souvent deux formes de questionnaire avec une dominante de
questions fermées et quelques questions ouvertes.

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- Questions fermées

Une question fermée est une question pour laquelle la personne interrogée se voit proposer un
choix parmi les réponses préétablies. Une question fermée peut donner le choix entre deux
modalités de réponses (question dichotomique 2 réponses qui recouvrent toute son
extension) ou proposer un nombre d’éventualités plus important. La question fermée peut
imposer de ne retenir qu’une seule réponse (choix unique) ou encore laisser la possibilité de
donner plusieurs réponses (questions à choix multiple). Exemple : Dans votre foyer possède-
t-on un DVD ? Oui/Non ou Écoutez – vous la radio que ce soit chez vous, en voiture,
ailleurs ? Tous les jours / Environ 3 ou 4 jours par semaine /Plus rarement /Pratiquement
jamais
Les questions fermées facilitent le traitement des réponses mais nécessite une
connaissance préalable des réponses adéquates, sous peine d’avoir un grand nombre de
réponses sous le choix « autre ».Elles ont l’avantage de permettre les comparaisons et
d’être faciles à administrer et à traiter. C’est pourquoi, bien que plus difficile à mettre au
point, elles constituent l’essentiel des questionnaires destinés à l’analyse statistique.

- Questions ouvertes

Les questions ouvertes sont celles où les personnes interrogées sont libres de répondre comme
elles le veulent. Elles donnent en général des informations riches et diversifiées. Ainsi, elles
renseignent la connaissance d’une population sur ses conditions et ses modes de vie, ses
comportements et ses pratiques, ses valeurs ou ses opinions. Par exemple : Quelles sont vos
inquiétudes en ce qui concerne les cinq prochaines années ? Les questions ouvertes, à
l’inverse des questions fermées, privilégie les catégories dans lesquelles les individus
perçoivent le monde social et, leurs opinions permettent d’établir de nombreuses analyses de
corrélations. Ainsi, une question sur le dernier livre lu peut faire ressortir plusieurs variables :
le titre, la date de parution, le niveau de lecture (difficile ou non).
Cependant, des biais peuvent se constater dans la formulation des questions (claire, précise et
univoque) mais aussi dans l’administration de celles-ci.

1-4- Entretien

Processus fondamental de communication, l’interview ou l’entretien est une situation


d’interaction particulière entre enquêteur et enquêté. C’est une méthode qui se caractérise par
un contact direct entre le chercheur et ses interlocuteurs et par une faible directivité du
chercheur. Correctement mis en valeur, l’entretien permet au chercheur de retirer des
informations sur un thème de recherche en instaurant en principe un véritable échange au
cours duquel l’interlocuteur du chercheur exprime ses perceptions d’un événement ou d’une
situation, ses interprétations ou ses expériences tandis que par ses questions ouvertes,
interventions et relances (de façon neutre), le chercheur évite que l’interlocuteur s’éloigne
des objectifs de la recherche mais plutôt amener l’interlocuteur à accéder à un maximum de
sincérité et de profondeur.

Il existe plusieurs variantes de l’entretien :


- L’entretien non directif
Dans l’entretien non directif, l’enquête organise son discours à partir d’un thème qui lui est
proposé (stimulus ou une consigne). Il choisit librement les idées qu’il va développer sans
limitation, sans cadre préétabli. L’enquêteur joue le rôle de facilitateur et par ses interventions

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montre qu’il écoute et comprend sans être indifférent. Il instaure ainsi une confiance qui
permet d’obtenir des informations riches.
- L’entretien semi-directif ou semi-dirigé, est certainement le plus utilisé en recherche sociale.
Il est semi-directif en ce sens qu’il n’est ni entièrement ouvert, ni canalisé par un grand
nombre de questions précises. Il combine une attitude non-directive pour favoriser
l’exploitation de la pensée dans un climat de confiance et une attitude directive pour obtenir
des informations sur des points définis à l’avance dans une série de questions guide
répertoriant les thèmes à aborder. Dans ce type d’entretien, l’interviewé peut parler
ouvertement dans les mots qu’il souhaite et dans l’ordre qui lui convient. Le chercheur
s’efforcera simplement de recentrer l’entretien sur les objectifs chaque fois qu’il s’en n’écarte
et de poser les questions au moment le plus souvent approprié et de manière aussi naturelle
que possible.

- L’entretien semi-directif ou l’entretien guidé


Dans ce type d’entretien, le chercheur se fixe des zones d’exploration et veut obtenir que le
sujet approfondisse un certain nombre de thèmes. L’entretien semi-directif combine une
attitude non-directive pour favoriser l’exploration de la pensée dans un climat de confiance et
une attitude directive pour obtenir des informations sur des points définis à l’avance.

- L’entretien de groupe ou focus groupe


C’est un entretien collectif qui à pour objectif d’analyser l’impact d’un événement, d’une
expérience précise ou d’un sujet précis sur ceux qui y ont assisté ou participer. La
conduite de l’entretien en ligne est plus délicate que dans l’entretien individuel : en plus
de l’attitude non directive et des thèmes du guide, l’animateur a le souci d’assurer la prise
de parole et l’intervention de chaque participant. Il faudra en outre tenir le rôle de
régulateur de la dynamique du groupe.

- D’autres formes d’entretiens


L’approche biographique, avec des récits de vie qui combinent la référence à différentes
séquences temporelles de la vie de l’individu et le développement de thèmes en rapport avec
l’étude.

- Le guide d’entretien

Généralement établi après quelques entretiens exploratoires, le guide d’entretien se présente


sous forme de « pense-bête » répertoriant les thèmes qui doivent être abordés au cours de
l’entretien. Que l’entretien soit non directif ou semi-directif, le guide peut revêtir une forme
plus ou moins détaillée de la liste des trois ou quatre grands thèmes jusqu’à une série
d’informations spécifiées sur une ou deux pages. On donnera à ce document une présentation
qui rende facile à utiliser, avec des mots clés très apparents.

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Exemple de guide d’entretien sur la criminalité

Thème du guide d’entretien Relances verbales prévues

1. Connaissance de la criminalité Qu’évoque pour vous le mot


(description et taxinomie : criminalité ?
classification) Comment en avez-vous entendu
Et cannaux d’information
parler ?

2. Typologie Quels les différents actes de


criminalité que vous connaissez ?

3. Aspects généraux a) Le phénomène évoqué vous paraît-il


nouveaux ?
a) Naissance du phénomène b) Où rencontrez-vous ce type de
b) Source du phénomène criminalité
c) Degré d’importance c) Pensez-vous que la criminalité ait
une grande importance ?

4. Causalité (pensée explicative) Quelles sont les raisons qui expliquent la


criminalité ?

5. Remèdes (Pensée pratique) Pensez-vous qu’i faudrait faire quelque


chose ?

6. Image du futur Comment pensez-vous que cela va évoluer ?

La technique de recueil des données répond à la question du ‘’ comment ‘’. Elle constitue un
moyen d’atteindre un but (comment faire pour atteindre les objectifs de l’étude menée). Ainsi
perçue, la technique représente les étapes d’opérations liées à des éléments pratiques, adaptées
à un but défini.

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CHAPITRE II – METHODE DE RECHERCHE

Les méthodes de recherche sont les paradigmes qui expliquent et analysent le fait social en
vue de sa compréhension. Pour Guilbert (1997) un paradigme peut se définir « comme un
système de croyances fondamentales ou une vision du monde guidant le chercheur non
seulement pour le choix d’une approche méthodologique, mais aussi sur les aspects
ontologiques et épistémologiques de sa recherche ». Elle est un ensemble d’opérations
intellectuelles qui visent à rendre accessible la réalité à saisir. Le paradigme guide le regard
du chercheur autant dans le positionnement d’une problématique que dans son traitement
méthodologique et sa résolution : il est ainsi un “ exemple ” ou encore un modèle de pensée à
suivre.
Les méthodes de recherche sont choisies selon le cadre de l’étude. Quelques exemples :

2-1- Méthode historique


La méthode historique selon Seignobos (2014) est définie comme « ce qui sert à déterminer
scientifiquement les faits historiques, puis à les grouper en un système ». La méthode
historique est à appliquer dès que l’étude d’un document entre en jeu, et dans deux buts :
atteindre des ensembles concrets, ou connaître une évolution. Rappelant qu’il n’y a pas de
faits historiques par essence, Seignobos insiste sur la différence entre les sciences « exactes »
et les sciences sociales, qui ne peuvent se construire qu’au moyen d’observations indirectes de
faits passés, ce qui induit nécessairement une part de subjectivité. C’est la raison pour laquelle
les historiens doivent sans cesse analyser et critiquer les documents, comme autant de traces
des faits qui se produisent en société : c’est l’étude de ces faits qui doit définir ce que sont les
sciences sociales, et c’est cette définition qu’employait A. Comte. La méthode historique
permet de reconstituer des événements jusqu’au fait initial en essayant de rassembler,
d’ordonner, de hiérarchiser.

2-2- Méthode phénoménologique


La méthode phénoménologique s’intéresse au vécu des acteurs. Elle accorde une importance
à l’interprétation que le sujet. C’est une science des phénomènes et du vécu, la
phénoménologie prend pour point de départ l’expérience telle qu’elle se révèle, de la façon la
plus claire possible, afin d’essayer d’extraire les dispositions essentielles ainsi que l’essence
de ce dont on fait l’expérience sans a priori.100. Elle se penche sur le sens que les individus
attribuent aux choses et aux situations pour en extraire la signification

2-3- Méthode dialectique


Etymologiquement et dans le langage courant, la dialectique désigne l'art de la discussion et
de l'argumentation, c'est-à-dire les méthodes mises en œuvre en vue de démontrer, de réfuter,
de convaincre. Elle permet l’explication sociologique des faits par l’appréhension de tous les
aspects de la réalité sociale et met en évidence les avantages et les inconvénients des choses
appréhendées au cours de la recherche. Elle privilégie l’analyse des rapports sociaux sous
leurs multiples angles et cherche à démêler ces angles les uns par rapport aux autres sous
l’éclairage de leurs contradictions

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2-4- Approche systémique

L’approche systémique considère que toute organisation, structure ou institution est un


système qui doit être pris dans sa totalité, sa complexité et son dynamisme propre en rapport à
l’environnement. Elle consiste à considérer l’objet d’étude comme un « système », c’est-à-
dire comme un ensemble d’éléments complexes en relation de dépendance réciproque. Pour le
fondateur de la théorie, Bertalanffy, (1937) « un système est un ensemble d’éléments en
interactions les uns les autres ». C’est donc un ensemble d'éléments reliés par un ensemble de
relations.
.
L'approche systémique se distingue des autres approches par sa façon de comprendre les
relations humaines. En effet, la personne n'est pas le seul élément analysé dans la démarche.
L'intervenant accorde aussi une importance aux différents systèmes dont elle fait partie
(familial, professionnel, social, etc.). Cette personne est influencée à la fois par ses intentions,
celles des autres, et celles des possibilités du milieu et/ou du système. Le chercheur
s'intéresse aux règles de vie, aux processus de rétroactions, aux buts recherchés, aux
mécanismes d'équilibre et aux pressions vers le changement. Il observe les modalités de
communication, la congruence (correspondance exacte entre l'expérience et la prise de
conscience.), le niveau de différenciation et d'engagement au sein du système. Il s'intéresse
au niveau de remise en question permis, à la flexibilité des rôles ainsi qu'à leur degré
d'adaptation à l'état actuel du système. Un individu est ainsi soumis à des influences diverses.
L'histoire de la famille, de la société, de la communauté, des pairs, etc. agit sur l'individu. Cet
individu transporte avec lui des valeurs, des émotions et des comportements véhiculés par la
famille et ceci depuis plusieurs générations. Ainsi, l’analyse devra tenir compte de ces réalités
dans l’explication du phénomène étudié.

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CHAPITRE III – METHODES D’ANALYSE DES DONNEES

3-1- LES DIFFERENTES STRATEGIES D’ANALYSE DES DONNEES

La méthode est une conception intellectuelle, coordonnant un ensemble d’opérations de


description, de ré transcription, d’organisation, d’interprétation, d’explication...Deux
méthodes d’analyse nous intéresse dans ce cours. Ce sont : l’Analyse quantitative/ statistique
et l’Analyse qualitative / analyse de contenu

- Analyse quantitative/ statistique

L’analyse quantitative désigne l’ensemble des méthodes et des raisonnements utilisés pour
analyser des données standardisées (c’est-à-dire des informations dont la nature et les
modalités de codage sont strictement identiques d’un individu ou d’une situation à l’autre).
Ces données résultent souvent d’une enquête par questionnaire mais peuvent également être
produites par le codage de documents d’archives, de dossiers administratifs, de sources
sonores ou visuelles.
S’appuyant sur des méthodes statistiques (qui sont conçues comme des outils d’analyse des
grandes séries de données), l’analyse quantitative produit des informations chiffrées
(pourcentages, probabilités, effectifs, ratios, classifications, indicateurs de liaison, graphiques
…). Ces chiffres ne constituent toutefois pas une fin en soi : le sociologue les utilise pour
étayer son raisonnement, pour identifier des faits… Les chiffres ne sont que des
intermédiaires ou des étapes dans le cheminement qui va de l’enquête à la présentation des
résultats de l’enquête. Ils permettent de saisir des régularités dans les comportements (ou
attitudes ou opinions), des liens entre des variables (décrivant des comportements, attitudes,
caractéristiques sociales des situations ou des individus), d’estimer la fiabilité d’un résultat
établi sur un échantillon, de classer des individus ou des situations, de hiérarchiser les facteurs
concourants à la production d’un fait social.
L’analyse quantitative offre au chercheur, au même titre que l’analyse qualitative, des outils
pour l’accompagner dans son raisonnement, dans sa démarche empirique, dans sa recherche et
son analyse des données d’enquête.

Elle est donc une approche extensive impliquant une grandeur, une étendue ; basée sur une
étude statistique, réalisée à partir d’un questionnement fortement structuré et prend en compte
un échantillon élevé.
- Analyse qualitative / analyse de contenu

L’analyse qualitative peut être définie comme une démarche discursive de ré- formulations,
d’explication ou de théorisation de témoignages, d’expériences ou de phénomènes. L’analyse
qualitative est une activité de l’esprit humain tentant de faire du sens face à un monde qu’il
souhaite comprendre et interpréter, voire transformer. Elle ne nécessite ni comptage ni
quantification pour être valide même si elle n’exclut pas de telles pratiques. L’analyse des
données de terrain (témoignages, notes, images, vidéos…) permet d’extraire le sens plutôt que
les transformer en pourcentage ou en statistiques. Elle met en profit les capacités naturelles de
l’esprit du chercheur et vise la compréhension et l’interprétation des pratiques et des
expériences plutôt que la mesure de variables à l’aide de procédés mathématiques. Elle
occupe une place essentielle dans la recherche sociale car elle offre la possibilité de traiter de
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manière méthodique des informations et des témoignages qui présentent un certain degré de
profondeur et de complexité.
Les approches qualitatives et quantitatives ne sont pas en concurrence. Elles répondent à des
problématiques différentes. L’approche quantitative vérifie une hypothèse à travers un
décompte forcement réducteur (positivisme). L’approche qualitative recherche une hypothèse
ou aboutit à une classification qui pourra ensuite être explorée par l’approche quantitative
(constructivisme). L’approche qualitative diffère ainsi de l’approche quantitative où le
protocole d’étude est définie en début d’étude et les données ne sont exploitées qu’à la fin du
recueil. L’approche quantitative cherche à corroborer une hypothèse à travers une série de
mesures, souvent dans un contexte expérimental. Les données servent alors à déduire une
conclusion sur la vérification éventuelle de l’hypothèse. Le chercheur met à l’épreuve une
hypothèse par un raisonnement déductif. Sa méthode vise à conférer aux résultats un certain
niveau de fiabilité́ et de reproductibilité́. La recherche qualitative observe les interactions
sociales et interprète les perspectives individuelles. Elle explicite les motivations et étudie ce
qui peut les amener à modifier les comportements.

En conclusion, l’analyse des informations est l’étape qui traite l’information obtenue par
l’enquête pour la présenter de manière à pouvoir comparer les résultats observés aux résultats
attendus par les hypothèses. Cette étape comprend trois opérations qui sont toujours
nécessaires et inévitables et seront vues alternativement avec l’analyse quantitative et avec
l’analyse qualitative.
- La première consiste à préparer les données et informations selon les
Hypothèses, les variables et indicateurs testés sur le terrain.
- La deuxième consiste à mesurer les relations entre les variables conformément à la
manière dont les relations ont été prévues par les hypothèses.
- La troisième consiste à comparer les relations observées aux relations théoriquement
attendues par hypothèse et à mesurer l’écart entre les deux.

3-2- ANALYSE LES DONNEES RECUEILLIES

L’analyse des données est l’étape qui traite les données obtenues par l’observation du terrain
(à travers l’enquête) pour la présenter de manière à pouvoir comparer les résultats observés
aux résultats attendus par hypothèse. Cette étape comprend trois opérations

 Préparation des données ou informations


La première opération consiste à préparer les données et informations et à les présenter de
manière à permettre leur analyse selon les hypothèses.
Analyse quantitative : décrire et agréger
- Décrire les données ou les informations d’une variable revient à présenter la
distribution à l’aide de tableaux ou graphiques. L’essentiel ici consiste à mettre en
évidence les caractéristiques de la distribution de la variable.
- Agréger les données ou les variables consiste à les regrouper en sous catégories ou à
les exprimer par une nouvelle donnée pertinente.

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Analyse qualitative : retranscrire et organiser
- Retranscrire, c’est restituer intégralement et parfaitement les discours.
- Organiser les variables en les mettant en parallèle ou en les regroupant selon les
finalités voulues par le chercheur.

 Mise en relation des données ou informations


Cette étape consiste à mesurer les relations entre les variables conformément à la manière
dont ces relations ont été prévues par les hypothèses.
Analyse quantitative : l’analyse des relations entre variables
Les variables à mettre en relation sont celles qui correspondent aux concepts impliqués dans
les hypothèses : soit les dimensions, soit les indicateurs définis. Dans la pratique, on procède
d’abord à l’examen des liens entre les variables des hypothèses principales et on passe ensuite
aux hypothèses complémentaires qui naissent en cours d’analyse à la suite d’informations
inattendues. C’est ici qu’interviennent les variables-tests qui sont introduites par les
hypothèses complémentaires pour s’assurer que la relation supposée par l’hypothèse n’est pas
fallacieuse.
Analyse qualitative : comparaisons et typologies
L’utilisation d’une grille d’analyse pour traiter les informations qualitative émanant
des entretiens permet d’établir des liens, de mettre en évidence les représentations. Les
comparaisons peuvent être faites, des convergences et les divergences peuvent être
mises en évidence de manière à faire apparaître les logiques sociales implicites, qui à
l’occurrence pourront conduire à la typologie.

Qu’il s’agisse de méthode quantitative ou qualitative, le principe de l’analyse est


toujours de faire des liens (ou de montrer qu’il n’y en a pas) quels que soient les
modalités et les termes utilisés : corrélation, opposition, indépendance, convergence
ou divergence, etc. Ainsi, de la mise en relation des composantes (variables,
matériaux) de l’enquête, des perspectives d’explication non perçue à l’origine de la
recherche sont relevées, jetant un regard éclairé sur les phénomènes.

 Comparaison des résultats observés avec les résultats attendus et l’interprétation


des écarts

Chaque hypothèse de recherche lors de sa construction exprime les relations que l’on pense
correctes et qui devraient être confirmé par l’enquête de terrain et l’analyse. La comparaison
des résultats observés et des résultats attendus par hypothèse conduit la discussion.
- Y-a-t-il divergence entre les résultats observés et les résultats attendu ?
- Les Hypothèses sont-elles infirmées ou vérifiées ?
- Ainsi donc, Si l’écart est nul ou très faible, on pourra conclure que l’hypothèse est
confirmée sinon, il faudra examiner d’où vient l’écart et tirer des conclusions
appropriées.

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CONCLUSION
Ce cours met en exergue d’une part les différents instruments ou techniques de recueil
capables de fournir les informations ou données adéquates et nécessaires pour tester les
hypothèses. Et d’autre par le choix des différentes méthodes de recherche et d’analyse des
données. C’est la phase la plus importante de la recherche car la vérification, la confirmation
ou non des hypothèses émises.

Lectures conseillées

- BERTHIER N (2014). Les techniques d’enquête en sciences sociales : Méthodes et


exercices corrigés, 4ème édition, Paris, Armand Colin.
- DE SINGLY F. (2014). L’enquête et ses Méthodes : Le questionnaire, 3ème édition,
Paris, Armand Colin.
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