7 Bank Credit Risk What Are The Determinants of Failure of Moroccan Companies
7 Bank Credit Risk What Are The Determinants of Failure of Moroccan Companies
7 Bank Credit Risk What Are The Determinants of Failure of Moroccan Companies
ISSN : 2658-9311
Vol : 3, Numéro 3, Décembre 2020
ER RACHIDI Oumaima
Doctorante Ecole Nationale de Commerce et de Gestion- Agadir
Université Ibn Zohr Laboratoire de recherche en Entrepreneuriat, Finance et Audit
LAREFA Maroc
[email protected]
Pour citer cet article : ER RACHIDI.O & AIT BIHI.A (2020), « Le risque de crédit bancaire : Quels
déterminants de défaillance des entreprises marocaines ? », African Scientific Journal « Volume 03,
Numéro 3 » pp: 147-171.
DOI : 10.5281/zenodo.5535811
www.africanscientificjournal.com Page a
African Scientific Journal
ISSN : 2658-9311
Vol : 3, Numéro 3, Décembre 2020
Résumé
Parmi les risques majeurs qu'envisagent les banques, au Maroc ou dans tout autre pays, le
risque de défaut des emprunteurs reste le plus important.
L’objet de cet article est de déterminer les causes de défaillance des emprunteurs
« entreprises » après l’octroi de crédit. Le cadre théorique, riche et abondant, met en évidence
un ensemble de facteurs économiques, financiers, stratégiques et manageriels dont la
pertinence dépend du cadre théorique présenté.
D’un point de vue empirique, en utilisant la méthode Delphi, cette recherche a permis d’avoir
des résultats concluants. En effet, dans un contexte marocain et à travers l’analyse des
entretiens avec les experts, le processus de défaillance reste identique pour la majorité des
entreprises quelque soit l’âge de ces dernières. Les principaux déterminants de la défaillance
après l’octroi de crédit sont principalement la baisse d’activité, les problèmes de management
et la mauvaise organisation de l’entreprise
Mots clés : Défaillance des entreprises, banque, risque de crédit, risque de défaut.
Abstract
Among the major and most important risks that the banks, in Morocco or in any other
country, suffer from is the risk of default of borrowers.
The purpose of this article is to determine the causes of default of companies after credit has
been granted. The rich and abundant theoretical framework highlights a set of economic,
financial, strategic and managerial factors which the relevance depends on the theoretical
framework presented.
From an empirical point of view, and by using the Delphi method, this research has led to
conclusive results. Indeed, in a Moroccan context and through the analysis of interviews with
experts, the failure process remains the same for the majority of companies regardless of their
age. The main determinants of credit default are mainly business decline, management
problems and poor organization of the company.
Introduction
Depuis la fin du 19ème siècle, plusieurs études et théories ont considéré le risque de crédit
comme l’un des risques principaux auxquels sont confrontées les banques. Ce dernier se
traduit principalement par l’incapacité d’un débiteur à honorer, partiellement ou totalement,
ses dettes à l’échéance.
Selon Faye1 (1993), le risque de crédit est le risque de perdre tout ou partie des créances au
cas où l’emprunteur se révèle incapable à honorer ses engagements. Ce risque se décompose
sur trois axes : le risque de défaut qui intervient lors de manquement ou de retard de
l’emprunteur a payé le montant principal et/ou des intérêts de sa dette, le risque de taux de
recouvrement en cas de défaut et le risque de dégradation de la qualité du portefeuille de
crédit. Notre étude s’intéresse au risque de défaut.
La gestion du risque de crédit est l’ensemble des décisions qui doivent être prises et mises en
place pour améliorer le profil rentabilité-risque. Plus particulièrement, afin d’éviter le non-
remboursement de crédit, la banque va faire deux choses : tout d’abord, elle effectue une
analyse des dossiers de crédit à travers un outil de « scoring » qui lui permet de limiter les
risques de non-remboursement. Aussi, elle implique une analyse des risques et exige des
garanties et une rémunération aux demandeurs des prêts. Ensuite, et après octroi de crédit, la
banque assure un suivi de l’état financière de l’emprunteur.
Cependant, plusieurs entreprises font défaillance après l’octroi du crédit sachant qu’elles
étaient considérées comme solvables au moment de la signature du contrat de crédit.
1
FAYE Jean François, 1993, « Comment gérer les risques financiers », édition « Tec & Doc ».
2
Extrait du mot du Wali de Bank Al Maghrib M. Abdellatif JOUAHRI
La question centrale de notre recherche est la suivante : Quelles sont les facteurs déterminants
de la défaillance des entreprises marocaines après octroi de crédit ?
Dans la pratique, les banquiers octroient des crédits aux entreprises sans avoir une
connaissance préalable des risques qui peuvent survenir. A cet effet, la banque doit évaluer
chaque emprunteur par des mesures précises, à la fois qualitatives et quantitatives, afin
d’éviter le risque de non-remboursement.
Afin de répondre à cette problématique, nous allons, dans un premier lieu, présenter une
synthèse de la revue de littérature afin d’identifier les principales approches de la notion de
défaillance d’un point de vue économique, financier, managérial et stratégique.
Puis, dans un deuxième lieu, nous allons présenter la méthodologie adoptée la « méthode
Delphi » basée sur une enquête auprès des experts en matière de risque de crédit.
Enfin, en troisième lieu, nous présenterons les principaux résultats de notre recherche.
1. Revue de littérature :
La notion de défaillance d’entreprise est un terme qui recouvre des réalités diverses et
regroupe plusieurs champs disciplinaires à savoir : la finance d’entreprise, le droit, la gestion
et la statistique (Walsh and Cunningham, 2016).
D’un point de vue juridique, la défaillance d’une entreprise est un événement qui signifie la
cessation de paiement ou l’insolvabilité d’un client. Selon La Bruslerie (1991), ces deux
termes définissent une entreprise défaillante. Le risque de défaut peut être considéré comme
un mécanisme constitué de deux étapes. Dans une première phase, l’entreprise ne rembourse
plus ou choisit de reporter le paiement. À ce stade, l’entreprise peut, soit s’engager dans des
négociations informelles de restructuration (extrajudiciaires) avec ses créanciers, soit procéder
officiellement à une faillite. Dans une deuxième phase, et à condition d’avoir opté pour une
restructuration extrajudiciaire, le processus de négociation peut réussir ou échouer (Blazy,
Martel and Nigam, 2014). Dans le cas où le client est défaillant, la banque trouve une
difficulté pour recouvrir ses ressources voire même ne les récupère pas.
Dans cette section, nous analyserons les différentes approches de la notion de défaillance à
savoir : l’approche économique, financière, stratégique, organisationnelle et managériale.
En effet, selon Keynes, la surproduction cause une chute des prix, ce qui conduit les
entreprises à limiter voire cesser leur production, qui entrainera la baisse du niveau d’emploi
et de la consommation des ménages et donc peut impliquer la défaillance des entreprises.
Faisant suite à cette analyse, Samuelson a étudié l’impact de l’investissement sur les facteurs
économiques à travers deux phénomènes : le premier est le multiplicateur d’investissement et
Quant au taux d’intérêt, il est dépendant de l’offre et de la demande de la monnaie. Plus les
agents vont demander du liquide, plus le taux d’intérêt va augmenter et dépasser l’efficacité
marginale du capital, ce qui va freiner les investissements et donc impliquer des faillites.
Parmi les premières études empiriques qui rejoignent ce qu’on a dit par rapport à la
défaillance et l’impact des variables économiques, on trouve l’analyse discriminante
multivariée4 « Fonction Z » développée par Altman (Altman, 1968). Ce dernier a étudié
l’évolution du taux de faillite des entreprises américaines, à partir des données trimestrielles,
afin d’établir des relations entre les faillites et les variables macroéconomiques comme
l’activité économique (le PIB et les profits des entreprises), l’évolution des conditions
monétaires et de crédit ainsi que l’évolution des attentes d’investisseurs (l’évolution de
l’indice boursier S&P 5005).
Aussi, la politique industrielle6, l’attitude des pouvoirs publics et le soutien fourni aux
entreprises en difficulté sont des facteurs environnementaux déclencheurs de la défaillance
des entreprises. En effet, la politique industrielle basée sur les investissements simultanés
réalisés par des sociétés concurrentes, peuvent entrainer un excès de capacité de production au
sein d’une industrie et par conséquent, pousser certaines entreprises exerçant d’autres activités
complémentaires à abandonner une partie de leur capacité de production ou même à faire
faillite7.
3
La théorie de l’« Oscillateur de Samuelson » : un modèle qui combine l’effet d’accélération et l’effet de multiplication. Il
s’agit d’une dynamisation du modèle keynésien qui introduit un décalage d’une période dans la fonction de consommation.
4
Un modèle de notation permettant d’examiner la relation entre les entreprises défaillantes et l’activité
économique
5
Un indice boursier qui regroupe les 500 meilleures entreprises américaines cotées en bourse de New York.
6
Toute politique influant sur l’évolution de l’industrie.
7
Commission Economique pour l’Afrique (2006), Perspectives théoriques de la politique industrielle, Politique
industrielle transformatrice pour l’Afrique, Addis Abeba, pp. 29-62.
Par ailleurs, dans certains pays, des systèmes bancaires ont développé des procédures
spécifiques de partage du risque de perte en capital, avec l’existence des institutions
publiques, parapubliques, coopératives ou professionnelles, spécialisées dans les prêts à long
terme dans l’industrie et dans les prêts aux PMEs. Ces institutions offrent aux banques
commerciales des garanties de répartition du risque de perte en capital, des promesses de
soutien étatique, assorties d’une expertise financière qui permettront aux entreprises en
difficulté de survivre (Rivaud Danset, 1991).
Le deuxième aspect est relatif à l’impact des grands investisseurs et/ou producteurs sur les
plus petits, c'est-à-dire lorsque les plus puissants investissent leurs capitaux dans les
inventions et les nouveaux procédés, les petits capitalistes ne peuvent pas suivre la tendance et
donc ils finissent par disparaitre (Aazzab et Benzaouagh, 2017).
Fama (1980) présume que les conflits d’intérêts et les asymétries d’information liés aux
relations contractuelles entre les dirigeants et les actionnaires peuvent générer des coûts
d’agence. Les partisans de la théorie d’agence8 et la théorie des droits de propriété9
(Charreaux, 2000), estiment que les causes de défaillance sont liées au dysfonctionnement des
8
Basée sur deux caractéristiques principales : c’est une relation de délégation et elle suppose une asymétrie
d’information
9
Cette théorie montre comment les droits de propriété agissent sur les comportements individuels et sur
l’efficience des systèmes économiques.
relations contractuelles entre les agents individuels. A cet effet, la faillite peut se comprendre
comme un transfert de propriété des actionnaires vers les créanciers (Guilhot, 2000).
L’évaluation du risque de défaut a trouvé son origine dans l’analyse des coûts de faillite qui a
été introduite par Modigliani et Miller (1958). Leur approche a été fondée sur deux
hypothèses majeures : un monde sans impôt et sans dette risquée, c’est à dire sans aucune
incidence sur la valeur de la firme. En 1963, ces auteurs ont modifié l’hypothèse relative à
l’impôt où l’impôt sur les sociétés n’est plus nul (Modigliani and Miller, 1963). Plus
l’endettement s’accroit, plus la dette devient risquée, le taux de rentabilité exigé par les
créanciers augmente et donc la valeur de la firme s’accroit. A un moment donné, la montée du
risque va engendrer des coûts supplémentaires nommés les « coûts de faillite ». La prise en
compte du levier fiscal montre que le coût moyen pondéré est une fonction monotone
décroissante de l’endettement.
Bordes et al. (1991) distinguent une corrélation positive entre le taux de défaillance et le ratio
dettes sur production en précisant que la situation d’illiquidité est liée à un déséquilibre
temporaire de la trésorerie, contrairement à la situation d’insolvabilité, qui est liée à une
rentabilité insuffisante de l’investissement. Par ailleurs, plusieurs auteurs ont liés la notion de
défaillance à la hausse des taux d’intérêt plutôt qu’à la hausse de l’endettement (Beaver, 1966;
Bardos, 1995; Blazy, 2000). Le diagnostic financier du risque de défaillance est donc élaboré
à partir des ratios financiers de liquidité, de rentabilité et de structure/d’équilibre.
De ce constat, l’analyse de défaillance d’une entreprise passe tout d’abord par la faiblesse
économique, ensuite par la détresse financière qui est circonscrite dans la trilogie : structure
financière, liquidité et rentabilité et enfin par la faillite juridique.
Enfin, un niveau élevé de ressources financières (fonds propres et dettes à long terme) et une
maitrise de certains paramètres peut protéger l’entreprise du risque de défaut (Levratto, 2013).
En effet, afin de déterminer les causes de défaillance, plusieurs auteurs se sont appuyés sur la
fameuse matrice de Porter (1986), qui relève les différentes forces auxquelles l’entreprise est
confrontée (Crutzen and Caillie, 1976).
mettent en évidence les qualités personnelles d’un dirigeant qui peuvent être la cause
principale de défaillance d’une entreprise (Florence, 1949). D’autres travaux, comme
ceux de March et Simon (1948), ont introduit de nouveaux aspects tels que
l’environnement et la psychologie du dirigeant (Bowen and Siehl, 1997). Par ailleurs,
Campbell met en avant des variables subjectives comme les aspects d’ordre moral et
caractériel (Miljus et al., 1971). En plus de ses variables, on trouve la concurrence,
l’expérience antérieure, les ressources et l’apprentissage de l’entreprise (Thornhill and
Amit, 2003), ainsi que la relation entre l’âge de l’entreprise et la faillite éventuelle de
cette dernière (Pompe and Bilderbeek, 2005).
donner aux personnes interrogées la possibilité de revenir sur leurs propos en les amenant à se
prononcer par rapport à une opinion de groupe (Jones et Xiao, 2004).
A cet effet, la méthode utilisée pour répondre à notre problématique est « la méthode
Delphi ». Cette méthode a été développée dans les années 50 par Olaf Helmer (Maleki, 2009)
et conduite par la « RAND Corporation10 », elle est une démarche systématique de type quali-
quantitatif, qui consiste à interroger les experts exprimant leur point de vue sur un sujet
particulier et ce, à travers un questionnaire (Ieroncig, 1983) faisant appel aux jugements
intuitifs de ces experts. Selon John & Hunter (1995), cette méthode est un outil utilisé
lorsqu’une décision est requise mais les données empiriques sont limitées ou contradictoires.
L’échantillon des experts est constitué d’une dizaine de personnes voire parfois des centaines,
ces derniers sont invités à des tours (minimum deux tours), où ils se positionnent par rapport à
une question en fonction des réponses obtenues des autres participants. La validité des
résultats de la méthode Delphi repose sur les trois caractéristiques suivantes :
⎯ L’anonymat des experts : les experts sont tenus de garder leur anonymat pour avoir un
jugement indépendant et éviter les biais d’auto-modération.
La méthode Delphi comprend une succession des étapes (Humphrey-Murto et al., 2020), à
savoir :
10
“RAND Corporation”, fondée en 1948 par la Douglas Aircraft Company pour conseiller l'armée américaine,
est une institution américaine de conseil et de recherche qui se donne pour objectif d'améliorer la politique et
le processus décisionnel par la recherche appliquée et l'analyse stratégique
Administr
Développ
Définition Phase ement du Phase ation et
Phase traitemen Phase établisse
Phase Choix
du ment du
1 2 questionn 3 d'experts 4 5
problème t des rapport
aire
résultats
- La définition du problème :
L’étude théorique permet de répondre à la question principale relative à un sujet
particulier et de mettre en évidence les limites des recherches réalisées et des résultats
obtenus au fil des temps.
Lors du deuxième tour, les participants reçoivent les résultats du groupe pour revoir
leur réponse et justifier leur position. Comme le rappelle G. DUCOS (1983) : « on
promet à chaque expert une prime de dédommagement et on lui demande de ne
répondre qu'aux questions où il s'estime le plus compétent ou, ce qui est mieux,
d'évaluer son propre niveau de compétence ». Il s’agit alors de traiter les résultats
obtenus et formuler à nouveau une synthèse.
- La rédaction du rapport :
A l’issue de la méthode Delphi, un rapport synthétique constitue la phase finale de
cette démarche. Ce rapport est présenté à un nombre restreint des experts qui
permettra de clôturer la discussion de groupe.
Depuis l’introduction de la méthode Delphi, plusieurs schémas ont été développés. Certains
de ces schémas ont été critiqués pour le manque de précision de définitions fournies (Schmidt
et al., 2001). Schmidt est l’un des premiers auteurs à proposer une procédure de conduite de la
méthode Delphi. D’autres travaux ont mis l’accent sur l’importance du choix des experts et
leur rôle important dans la validité de cette méthode (Okoli and Pawlowski, 2004). En se
basant sur les travaux de ces auteurs (Humphrey - Murto et al., 2020), nous avons défini notre
propre démarche présentée dans les étapes qui suivent.
⎯ Soit une réponse qui diverge de celle fournie par l’ensemble du groupe.
⎯ Soit une réponse qui est différente de celle fournie lors de l’entretien précédent.
Les éléments énoncés ci-dessus s’appliquent pour tous les entretiens successifs.
3. Résultats
3.1. Présentation et discussion des résultats :
Pour la première question relative au dossier de crédit (Cf. Annexe), l’ensemble des experts
ont confirmé que les conditions d’octroi de crédit ne sont pas les mêmes appliquées pour tout
type d’entreprise. En effet, chaque entreprise est différente de l'autre, nous pouvons dire que
l'étude de chaque dossier suit presque le même cheminement d'analyse, à partir duquel on
définit les conditions d'octroi de crédit. Quant aux garanties demandées, elles sont réparties en
deux grandes familles :
⎯ Garanties personnelles :
● Cautionnement.
● Garantie à première demande.
⎯ Garanties réelles :
● Hypothèque immobilière.
● Nantissement de fonds de commerce.
● Nantissement de l’outillage et du matériel d’équipement.
⎯ Le manque de créativité.
⎯ La non-diversification des clients.
⎯ La notoriété du dirigeant.
⎯ Le nombre d’années d’exercice de l’activité.
⎯ L’expérience professionnelle du dirigeant.
Ainsi, on trouve certains experts qui ont choisi le « type de formation » (16%) et d’autres
l’«âge » (8%) comme une caractéristique du dirigeant à travers laquelle l’entreprise peut faire
défaut.
Profil du Profil du
Profil du dirigeant
dirigeant; dirigeant;
Formation; 2; Niveau
16% d'étude;
0,5; 4%
Autres
Profil du
dirigeant; Age; Age
1; 8% Profil du Formation
dirigeant;
Niveau d'étude
Autres; 9; 72%
Par ailleurs et contrairement à ce que d’autres études ont démontré, la totalité des avis ont
confirmé que le profil d’un jeune dirigeant ne constitue pas un critère de défaillance de
l’entreprise car son âge est important dans le sens où on définit le niveau d'expérience, mais
l'âge seul ne peut pas définir si une affaire doit réussir ou faillir.
Quant au profil de l’entreprise (Cf. Figure3), le « secteur d’activité » et d’« autres » aspects
représentent ensemble 72% des réponses, dont 32% ont proposé d’autres critères explicatifs
de défaillance tels que la solvabilité, la mauvaise gestion/organisation, le manque
d’innovation, la cyclicité de l’activité, la stagnation sans recherche de nouveaux
produits/marchés et la conjoncture économique. Suivi de 14% des réponses qui correspondent
à la « taille » de l’entreprise et en dernier rond on trouve l’ « âge » et la « forme juridique »
avec 7% des réponses chacune.
Profil de l'entreprise
Profil de
l'entreprise ;
Age; 1; 7%
Profil de
Profil de l'entreprise ; Age
l'entreprise ; Taille; 2; 14%
Profil de
Taille
Autres; 5; 36% l'entreprise ;
Forme Forme Juridique
Juridique; 1;
Secteur d'activité
7%
Profil de Autres
l'entreprise ;
Secteur
d'activité; 5;
36%
Ensuite, nous avons posé une question ouverte relative au processus de la défaillance et nous
avons remarqué que plusieurs experts ont présenté les signes suivants qui expliquent le
passage de l’état de bonne santé à l’état de défaut et sont :
⎯ La baisse d’activité ;
⎯ La baisse de rentabilité ;
⎯ Le resserrement de la trésorerie ;
⎯ La dette vis-à-vis des tiers ;
⎯ La cessation de paiement ;
⎯ La cessation d’activité ; et
⎯ La liquidation judiciaire.
Cela dit, nous constatons que le processus de défaillance diffère d’une entreprise à une autre
et donc les entreprises n’entrent pas dans le processus de défaillance pour les mêmes raisons
(Thornhill and Amit, 2003).
Enfin, la dernière question qui traite des causes de défaillance, nous avons demandé aux
experts de classer les dix causes proposées selon un ordre croissant de la plus au moins
importante. En effet, plus que 60% des experts ont fourni le classement ci-dessous, tandis que
40% ont accordé un classement totalement différent.
Réduction d’activité 1
Problèmes de management 2
Manœuvres 5
3.2. Synthèse :
Les résultats montrent que les experts se mettent d’accord sur un certain nombre de points et
divergents sur d’autres tel qu’expliqué au niveau des commentaires susmentionnés.
Pour récapituler, en ce qui concerne la garantie, cette dernière est une finalité qui permet
d’améliorer le score d'un dossier par rapport à un autre. Aussi, des préjugés font croire que les
jeunes sont plus défaillants mais ce n'est pas un fait, l’entreprise jeune peut être plus
vulnérable au choc de trésorerie que les plus anciennes.
Ensuite, les critères relatifs au profil de l’entreprise qui expliquent la défaillance peuvent être
dépendants du contexte, à titre d’exemple : nous vivons actuellement une crise sanitaire du
COVID-19 qui a impacté gravement le secteur touristique, ce qui fait de lui un secteur très
risqué.
Par ailleurs, il n'existe pas de processus uniforme de défaillance car il dépend de l'origine
(demande, marché, concurrence, offre, organisation, associés, trésorerie, coût de revient,
etc…).
Conclusion
Dans cet article, notre intérêt a porté sur l’identification des déterminants explicatifs de
défaillance des entreprises marocaines dans le secteur bancaire. Nous avons choisi une
méthodologie basée sur des données qualitatives permettant d’éclaircir et de compléter les
données quantitatives qui seront confirmées d’une manière statistique.
La méthode Delphi, sur laquelle repose notre enquête, a été fondée sur la base des aspects
théoriques qui nous ont permis d’identifier et de collecter, à travers les réponses des experts,
un ensemble de données ainsi que de définir les points de convergence et de divergence sur
plusieurs axes.
Enfin et à l’instar des réponses obtenues, lors du deuxième entretien, nous procéderons
d’abord à certains changements sur le questionnaire que nous avons élaboré, puis nous
analyserons toute information ou donnée communiquée mais non expliquée afin de demander
aux experts de justifier leurs positions par rapport à ces informations.
ANNEXE
Etablissement : Poste :
Ville :
Questions adressées aux cadres bancaires chargés des crédits des entreprises :
● Est-ce que les mêmes conditions d’octroi de crédit sont appliquées pour tout type
d’entreprises ?
☐ Oui ☐Non
Pourquoi ?
…………………………………………………………………………………………………
☐Autres :
…………………………………………………………………………………………………
● Est-ce que les entreprises dirigées par les jeunes sont-elles souvent les plus aptes à se
défaillir ?
☐Oui ☐Non
Pourquoi ?
…………………………………………………………………………………………………
Parmi les éléments suivants, quel est le(s) critère(s) déterminant(s) dans la défaillance de
l’entreprise ?
☐ Autre(s) :
…………………………………………………………………………………………………
● D’après vous, quelles sont les différentes étapes de passage de l’état de bonne santé à
l’état de défaut (des premiers signaux aux critères de défaut) ?
- ………………………………………………………………….
- ………………………………………………………………….
- ………………………………………………………………….
- ………………………………………………………………….
- ………………………………………………………………….
● Selon vous, quelles sont les causes de défaillance les plus fréquentes pour les
entreprises ? Classer par ordre croissant les causes que vous voyez les plus
importantes : (de 1 à u10)
Réduction d’activité ☐
Problèmes de management ☐
Manœuvres ☐
● Autres :
…………………………………………………………………………………………
BIBLIOGRAPHIE
Altman, E. I., (1968). “Financial ratios, discriminant analysis and the prediction of corporate
bankruptcy”. The Journal of Finance. 23(4), p. 589-609.
Blazy, R., Martel, J., Nigam, N, (2014). “The choice between informal and formal
restructuring: The case of French banks facing distressed SMEs”, p. 17.
Bowen, D. E. and Siehl, C., (1997). “The future of human resource management: March and
Simon (1958) revisited”, p. 8.
Christophe, M. et Franck, G., (2008). Pratiques de prévention des risques professionnels dans
les PME-PMI. Lavoisier.
Degos, J.-G. et Ben Hmiden, O., (2015). Le rôle et le pouvoir des agences de notation ont-ils
changé au fil des accords de Bâle I, Bâle II et Bâle III. Revue d’économie financière, 120(4),
p. 239.
Gagey, Frédéric, Rey, P. et Gagey, Frederic., (1986). L’économie expérimentale comme outil
pédagogique : Élaboration d’un jeu d’initiation à la micro-économie. Revue économique,
37(1), p. 5.
Humphrey-Murto, S. et al. (2020). “The Delphi Method”. Academic Medicine, 95(1), p. 168.
Jones, J. and Hunter, D., (1995). “Consensus methods for medical and health services
research”. British Medical Journal, 311(7001), p. 376-380.
Keasey, K. and Watson, R., (1987). “Non-Financial Symptoms and the Prediction of Small
Company Failure: A Test of Argenti’s Hypotheses”. Journal of Business Finance &
Accounting, 14(3), p. 335-354.
Laville, Frédéric, (2000). La cognition située : Une nouvelle approche de la rationalité limitée.
Revue économique, 51(6), p. 1301.
Levratto, N., (2013). “From failure to corporate bankruptcy: a review”. Journal of Innovation
and Entrepreneurship, 2(1), p. 20.
Malécot, J.-F., (1991). Analyses théoriques des défaillances d’entreprises : Une revue de la
littérature. Revue d’économie financière, 19(4), p. 205-227.
Maleki, K., (2009). Méthodes quantitatives de consultation d’experts : Delphi, Delphi public,
Abaque de Régnier et Impacts croisés. Editions Publibook.
Modigliani, F. and Miller, H. M. R., (1958). “The Cost of Capital, Corporation Finance and
the Theory of Investment”. The American Economic Review, 48(3), p. 261-297.
Modigliani, F. and Miller, H. M. R., (1963). “Corporate Income Taxes and the Cost of
Capital: A Correction”. The American Economic Review, 53(3), p. 433-443.
Phillips, J. D., (1962). “Review”. Journal of the American Statistical Association, 57(297),
p.251-253.
Pyatt, G., (1971). “Profit Maximisation and the Threat of New Entry”. The Economic Journal,
81(322), p. 242.
Thornhill, S. and Amit, R., (2003). “Learning About Failure: Bankruptcy, Firm Age, and the
Resource-Based View”. Organization Science, 14(5), p. 497-509.