Tec - Sc. (Ircb) - T.i, 6 - Devroey, E. Et Vanderlinden, R. - Le Lac Kivu - 1939

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LE L A C K I V U

PAR

E. D E V R O E Y ,
Ingén ieu r en Chef honoraire du Oongo Beige,
Ancien M ajor de réserve du Génie de la Force Publique,
Oonseiller technique au M inistère des Oolonies,
Membre du Oonseil supérieur d ’H ygiène coloniale,
Membre associé de l’In s titu t Boyal Oolonial Beige.

ET

R. V A N D E R L I N D E N .
Ingénieur P rincipal des P onts e t Chaussées,
D irecteur du Service des Voies Navigables de la Oolonie.
Mémoire présenté a la séance du 31 mars 1939.
LE LAC KI VU

INTRODUCTION.
Le lac Kivu constitue, au point de vue des beautés natu- ooi
relles, un des jo^aux de notre Colonie'.
'Ses eaux d’un bleu intense' et ses rives verdoyantes aux
contours si 'finement déchiquetés, Tincomparable barrière
de volcans qui en jalonne le flanc septentriorial, son cli-
mat salubre et ses ressources en produits d’élevage et de
cultures en font un lieu de prédilection pour TEuropéen.
Long de plus de cent kilomètrés sur prés de cinquante
dans sa plus grande largeur, le lac Kivu couvre une super-
ficie d’environ 2.300 km*. Son centre est occupé par l’ile
KAvidjwi de forme allongée, qui s’étend sur une qua­
rantaine de kilomètres.
11 se déverse dans le Tanganika par la Ruzizi, qui, sur un 002
parcours de 150 km., rachète une différence de niveau de
1.465 — 775 = 690 m., correspondant a une pente moyenne
de 4,60 m./km. Le cours supérieur, sur une cinquantaine
de kilomètres, est coupé de chutes et de rapides; le bief
inférieur serpente dans une large plaine marécageuse et
est navigable aux pirogues. L’embouchure dans le Tan­
ganika est constituée par un delta dont la Grande Ruzizi,
a l’Est, est la branche principale.
Depuis une dizaine d’années, la région du Kivu a pris oo3
une importance particulière comme centre de colonisa-
tion; le lac lui-même fait office de voie d’évacuation des
(q En réalité, on devrait écrire Idjwi, car l’orthographe Kwldjwi est
une abréviation de « OKW Idjwi », qui signifie « sur Idjwi ».
produits vers la route et Ie chemin de fer, qui empruntent
tous deux Ia vallée de Ia Ruzizi.

004 Les rives du lac sont occupées par une population de


750.000 ames du cóté Congo beige et plus encore du cóté
Ruanda-Urundi, soit 1/7 de la population totale de la
Colonie, qui comprenait, d’après Ie recensement du
31 décembre 1937, 10.217.408 individus.

005 Le lac Kivu baigne des groupements ethniques fort


distincts : au Sud-Ouest, depuis la Ruzizi jusqu’au 3®20'
lat. S., les Baniabungu ou Rashi; plus au Nord, jusqu’a
Robandana et également dans les iles, les Bahavu; a la
pointe extréme de la baie de Sake, les Bahunde. Toutes ces
peuplades sont essentiellement bantoues.
Sur toute la rive oriëntale du lac jusqu’a la Ruzizi se
rencontrent les Baniaruanda, qui comprennent trois races:
les Watusi (fig. 4 a 7), classe noble; les Rahutu, le peuple;
les Ratwa ou Pvgmées.
Les Watusi, pasteurs et éleveurs, forment la classe diri-
geante; leur nombre ne dépasse guère 80.000. Ils vinrent,
croit-on, d’.\sie-Mineure, longtemps avant l’ère chré-
tienne, en même temps que les migrations qui passeren!
en Égypte, puis peuplèrent r.\byssinie, pour s’écouler peu
a peu vers le Sud. Ils ont un type a part, de grande taille,
dépassant fréquemment deux mètres, et une physionomie
agréable : teint brun rougeatre, visage ovale, nez aquilin,
rappelant de prés la race sémitique; les attachés sont fines;
les membres longs et plutót grêles.
Les Bahutu constituent la masse de la population. Ce
sont des Rantu, qui vinrent se fLxer dans le pays il y a
300 OU 350 ans, d’après ce qu’apprend la chronologie des
rois watusi, qui les conquirent. IIs se livrent a l’agricul-
ture.
Les Batwa sont la, comme partout en Afrique centrale,
les véritables autochtones. De pelite taille, ils vivent de
chasse et de pêche, en petits groupes clairsemés; ils sont
également potiers, parfois au service des Watusi. II n’y
en a plus que quelques milliers a peine et leur disparition
est attribuée a leur isolement social, qiii ne leur permet pas
de revivifier leur sang par des mariages contractés en
deliors du clan.

Les rapports commerciaux entre indigènes du Ruanda- 006


Urundi et du Congo beige sont suivis outre Ie bétail gros
et petit, les Baniaruanda livrent de plus en plus de vivres
aux natifs du Kivu, qui leur cedent en échange des houes,
des poteries et également des anneaux de fibre végétale
dits uhatega, dont les femmes watusi sont trés friandes et
qui leur donnent cette allure si disgracieuse quand elles
se déplacent, mais tant recherchée pour son analogie avec
la démarche du bétail, objet de vénération générale en
Ruanda-Urundi (').

On sait que ce territoire est proportionnellement beau- 007


coup plus peuplé que Ie Congo (68,5 habitants en moyenne
par km^ contre 4,35) (^). Dans certaines régions, la densité
est de l’ordre de celle de la Belgique (275 habitants par
km^ en 1937). On comprend, dès lors, que Ie désir de se
procurer des ressources supplémentaires, joint a l’esprit
d’aventure des indigènes, ait porté ceux-ci a émigrer, entre
autres, vers Ie Tanganyika Territory, oü des conditions
alléchantes leur sont offertes dans les mines et les planta-
tions européennes. Cet exode saisonnier a été réglementé
par TAdministration, en même temps qu’on facilitait aux
families baniaruanda leur transplantement au Kivu sur
des terres riches, jusque-lè inoccupées, entre Sake et les
lacs Mokoto.

(q Le salut des Baniaruanda traduit cette adoration pour Ie bétail :


— « Amashyo » (Aie beaucoup de troupeaux !).
La réponse est ;
— • Amashongo « (Aie beaucoup de vaches !).
(2) Comme nous l’avons signalé, la population du Congo beige
(2.336.892 km^) était estimée, au 31 décembre 1937, k 10.217.408 habitants;
k la même date, le Ruanda-Urundi (53.200 km^) en comptait 3.693.304.
FiG. 1. — Carte d'ensemble du Kivu.
Limites du bassin liydrographique et courbes bathymétriques.
HISTORIQUE.

Découverte et exploration. 110

Le 8 décembre 1894, Ie télégramme suivant, déposé a ili


Banana, était expédié de l’escale de San Thome au baron
von Richthoven, président de la Société de Géographie de
Berlin :
Matadi via Ruanda. Forêt vierge. Atteint la Lowa en bonne
santé. Volcan en activité. Kivu grand. Oso rivière. Publiez.
G oetzen .

C’est en ces termes que le comte von Goetzen, lieutenant


des Uhlans de la Garde et chasseur passionné, annonga au
monde qu’il avait découvert le lac Kivu et venait d’accom-
plir, suivant un itinéraire en grande partie inédit, la trei-
zième traversée du continent africain C).

Avant von Goetzen, aucun Européen n’avait, en effet, 112


« vu )) le lac Kivu. Son existence avait toutefois été annon-
cée plusieurs années auparavant par Stanley, qui, après
avoir découvert, le 9 janvier 1876, le Muta Nzige ou lac

(1) Les premières traversées de l ’Afrique sont les suivantes :


1. Livingstone, de Loanda (20 septembre 1854) a Quelimane (12 mai 1856);
2. Cameron, de Bagamoyo (15 mars 1873) è, Catumbela (6 novembre 1875);
3. Stanley, de Bagamoyo (17 novembre 1874) è. Banana (11 aoüt 1877);
4. Serpa-Pinto, de Benguela (12 novembre 1877) è, Durban (19 mars 1879);
5. Wissmann, de Loanda (janvier 1881) è, Sadani (15 novembre 1882);
6. Arnot, de Durban (aoüt 1881) è, Benguela (11 novembre 1884);
7. Capello et Ivens, de Mossamedès (14 mars 1884) k Quelimane (26 juin
1885);
8. Gleerup, de Banana (27 décembre 1883) è. Bagamoyo (25 juin 1886);
9. Lenz, de Banana (septembre 1885) è, Quelimane (janvier 1887);
10. Wissmann, de Banana (janvier 1886) è. Quelimane (8 aoüt 1887);
11. Trivier, de Loango (10 décembre 1888) è, Quelimane (1®’' décembre 1889);
12. Stanley, de Banana (18 mars 1887) è, Bagamoyo (5 décembre 1889).
Édoiiard, qii’il croyait d’ailleui’s être Ie lac Albert (^), écrit,
d’après les dires des indigènes :
A rOuest du Ruanda est une contrée appelée Mkinyaga, au
couchant du lac de Kivu ou Nyanza Tsha Ngoma, d’oü sort la
Ruzizi, qui va se jeter dans Ie lac d’Uzige ou Tanganika (A tra­
vers Ie Continent mystérieux..., I, p. 450).

Sur la carte au 3.000.000® de l’État Indépendant du


Congo, publiée en avril 1885 dans Cinq Années au Congo,
Stanley attribue au Muta Nzige la cote 3.200 pieds et il
semble en faire la source de la rivière Lowa, qui se jette
dans Ie fleuve Congo par 1®20' de lat. S. Sur cette carte,
Stanley indique aussi la Ruzizi, qui alimente Ie lac Tanga­
nika par Ie Nord et dont il avait découvert rembouchure
en novembre 1871, en compagnie du David Living-
stone, qu’il venait de « retrouver ».
A cette époque, les indigènes leur avaient raconté que
la Ruzizi prend sa source dans Ie voisinage d’un lac appelé
Kivo, d’environ 18 milles de long sur 8 de large et entouré
de montagnes au Nord et au Couchant. Le chef du Kivo
se nommait Kuansihara ( S t a n l e y , Comment j ’ai retrouvé
Livingstone, p. 393).

413 En 1892, l’explorateur autrichien Oscar Baumann (0


parcourut le Ruanda et découvrit les sources de la Kagera
(19 septemhre 1892), Traversant les montagnes que les

(1 ) Le 9 janvier 1876, Stanley, venant de Bagamoyo, établit son camp


h Kacheche (Kazinga actuel), au bord du golfe de Béatrice (en réalité,
embouchure du chenal de Kazinga venant du lac Georges). 11 n’y trouva,
et pour cause, aucune nouvelle de Gordon, qui avait lancé un steamer
sur le lac Albert... De l’autre cöté du golfe de Béatrice, Stanley men-
tionne le promontoire d’Usugora, d’oü « les pays voisins tiraient leur
sel » (Katwe actuel) (Extrait de la lettre datée de Kwanga, le 18 janvier
1876, adressée par Stanley au Daily Telegraph. Dans Lettres de H. M.
Stanley; éd. Maurice Dreyfous, Paris, 1873, pp. 151-154).
(2) Oscar Baumann, né et mort ö. Vienne (1864-1899), avait déjü visité
en 1885 le Congo, qu’il remonta jusqu’è, Stanleyville, et, en 1888 et 1890,
effectué deux voyages en Afrique oriëntale allemande.
(P h o to Stevens, m a i 1935.)

F ig. 2. — Le lac Kivu. — L’archipel de Mushao.


Au fond, a gaiiclie, File Tenibabagoye, oü les filles-nières étaieiit
autiefois reléguées ponr m ourir de faim.

(P h o to llevroey, 18 a o ü t 1936.)

F jg. 3. — L'iie écliajjpée sur la lac Kivu (baie de Nyamakubi),


vue de la roule Custenuaiisville-Kulelie.
(P h o to Devroey, 15 a o ü t 19S6.)

F ig. 4. — Type batusi.

(P ho to Dovrooy, ! t «oiU 1936.)

F ig, 5. — Frésenlalion du liélail saero des eliefs watusi.


(l'h o to Dcvroey, 23 a o ü t 1936.)
Fiü. G. — Astlida. l.e MwaïiiL M utara lUidaliigwa s’ciiilreteuaiit
avec uu adm im sliatem - te n ito ila l, M. SeivraiicKx.

(P h o to Davroay, 15 septemhro 1936.)


I ' — Kiseiiyi. ^ I n des lainbcnirs royaux ((iii aceoinpagnent
Ie Mvvaitij, 011 roi du Huauda, dans lous ses déiilacenienis.
(P h o to CollocHon S ectio n I!h to riiiu e du Musée d u Congo helge a Terr-ueren.)
l'Ki. 8. — Le cai)itaine danois I'. \V. ülsen, a la frojiUère de la Ruzizi
eii 1!)03 (Ijatterie Nordenfcldt du fort d T v i r a . Attaché a la Force Fubli-
(|ue (iepuis I<8tl8, 11 fomla, le 1®'' juillet J900, le poste de Nya I.ukeniha,
deveiiu Coslcniiaiisville (voir n “ 121). .\ii cours de la ('iraude tuierre.
il conuuauda la Ih igadc Sud d ans l’Est .\fricain et eutra le iiremier
a Tabora, le 1!) septoinbre bllti. S ur la propo.silion des miiiistres Fraiick
et Vauderveldo, le Sénat lui accorda, en 1919, a ru n a n im ité, la grande
natni'alisation.

{Photo Ih'vrot'ii, n o ilf 19S6.)

l'iG. 9. — Kibuye. — Vue sur lo lae Kivu.


VVarundi appelaient Misosi a Mwedi ou Monls de la Lune,
il arriva, après uiie longue marche, sur Ie versant Occi­
dental, (( oü Ie pays est de nouveau habité et cultivé. A ses
pieds se trouvait la vallée de la Ruzizi et, au Sud, il aper^ut,
brillant d’un éclat d’argent a travers Ie brouillard, Ie lac
ïanganika » {Mouvement géographique du 3 septembre
1893, p. 79).
Baumann émit l’bypotbèse que Ie lac Oso, signalé par
les Arabes et par Stanley, et Ie lac Tanganika pourraient
bien être ré\mis par un canal naturel jouant Ie même róle
que la Semliki entre les lacs Édouard et Albert. Ce dernier
lac avait été révélé, Ie 14 mars 1864, par Sir Samuel Wbite
Baker et sa vaillante épouse (^).

On soupQonnait donc l’existence du lac Kivu, mais, H4


ainsi que nous l’avons fait remarquer (n® 111), sa décou-
verte effective écbut au lieutenant von Goetzen (^). Accom-
pagné de plusieurs adjoints européens, dont un géologue
(von Prittwitz) et un médecin (D'' Hermann Kersting), il
quitta Pangani, sur l’océan Indien, un peu au Nord de
Zanzibar, Ie 19 octobre 1893. Le 4 mai 1894, il passa la

(1) Les explorateurs avaient quitté Le Caire depuls prés de trois ans
(15 avril 1861). L’intrépide M“« Baker, trés malade, étalt portée dans une
litière, et Samuel Baker, monté sur un boeuf, lorsque, le 14 mars 1864,
atteignant un sommet, o le prlx de leurs efforts se déploya devant leurs
regards ». Baker note :
« Bien au-dessous de moi, comme une mer de vif argent, étincelant
sous les rayons du soleil de midi, s’étendait le lac que j’appelai l ’Albert
Nyanza, en souvenir impérissable d’un homme dont la mort récente a
été déplorée par notre Reine et par l’Angleterre tout entière... L’Angle-
terre avait découvert les sources du Nil... » (s i r S amuel W h ite B aker ,
Découverte..., p. 336).
En 1865, Samuel Baker regut le titre de baronnet. Sir Samuel entra
au service du Khédlve en 1868, pour combattre la traite des noirs dans
le Soudan. Né en 1821, mort en 1893. Lady Baker était d’orlglne hon-
groise; c’était la seconde femme de l’explorateur. Sa première femme lui
avait donné trois enfants, qui moururent jeunes, en l’espace de trois ans.
(*) Le comte Adolphe von Goetzen, né h Scharfeneck (Silésie) en 1866,
mort è, Berlin en 1910, fut gouverneur de l’Afrique oriëntale allemande
de 1900 k 1906.
Kagera, prés du confluent de la Nyabarongo; arriva au lac
Mohasi Ie 14 mai; résida chez Ie kigeri ou roi du Ruanda,
Luabiigiri (!), du 29 mai au 1" juin, dans son village situé
iprès du poste actuel de Kabaya (alt. 2.310 m.). Après avoir
traversé la crête séparant Ie bassin du Nil de celui du
Tanganika, il escalada Ie ïshaninagongo, volcan en acti-
vité dont il mesura l’altitude: 3.470 m. Le 16 juin, il arriva
k Goma, sur le lac Kivu (alt. 1.490 m.). Traversant le lac en
pirogue, en passant entre les iles Kitanga et Mukondo, au
Nord de l’ile Kwidjwi, il retrouva, le 26 juin, dans la baie
de Sake, son compagnon von Pittwitz, qui avait contourné
le lac par le Nord, par voie de terre C).

115 Quelques mois plus tard, les lieutenants beiges Lange


et Long (®), venant du Tanganika, s’intallèrent a Lua-
limba, sur la rive oriëntale du lac Kivu, ci hauteur de
Mushao actuel, et a Lubuga, a proximité de Shangugu.
En aoüt 1895, Mgr Roelens, qui venait d’être élevé a
l’épiscopat, tenta d’établir au Kivu des postes de mission
des Pères Rlancs, mais il ne put poursuivre sa route le

(1) Le successeur de Luabugiri, Mibambwe, fut assassiné après un


court règne et remplacé, en 1896, par Juhi, plus connu sous le nom de
Musinga. Ce dernier fut destitué en 1931 par les autorités beiges et rem­
placé par le Mwami Mutara, encore appelé Rudahigwa, dont la procla-
mation eut lieu le 16 novembre 1931.
(2) von Goetzen quitta le lac Kivu le 27 juin 1894 et traversa la Lowa
(altitude 610 m.) le 18 aoüt; l’Oso, le 26 aoüt; atteignit le fleuve^Congo
ü Kirundu le 21 septembre; passa è. Stanleyville le 6 novembre (altitude
410 m.) et arriva è. Banana le 5 décembre 1894. Le 19 décembre, il s’em-
barqua è. Cabinda, sur le vapeur Zaïre, qui le ramena en Europe.
A titre documentaire, nous donnerons les altitudes généralement admi-
ses de nos jours aux endroits oü von Goetzen fit ses observations :
Kabaya, 2.025 m.; Tshaninagongo, 3.470 m.; lac Kivu, 1.463 m.; Stanley­
ville, 428 m.
(2) Lange, Alphonse-Louis, officier d’Infanterie (Liége, 1865-VVenduyne.
1897), avait fait partie de la campagne contre les Arabes.
Long, Albert, officier du Génie et de 1’Artillerie (né ö. Gand en 1858),
s'était embarqué en 1892 comme chef de la troisième expédition anti-
esclavagiste.
long des gorges de la Riizizi, a eause des diffieultés de ravi-
taillement de ses porteurs. Bien lui en prit, car deux ans
plus tard, lors de la révolte des soldats du lieutenant
Dhanis marehant sur Bedjaf, les rebelles, après avoir mas-
saeré la plupart de leurs officiers, prirent la route du
Tanganika a travers Ie Kivu et détruisirent tous les postes
européens sur leur passage. Le lieutenant E.-L. Dubois,
qui avait été envoyé par Dlianis contre les révoltés, tomba
sous les balles des rebelles le 13 novembre 1897, a Birizi,
sur la Buzizi.
En avril 1898, le lieutenant Glorie et deux sous-officiers
effectuèrent, avec 500 soldats, porteurs, femmes et boys,
une marche militaire de Biba-Biba (Lokandu) au lac Kivu,
par la vallée de l’Elila (Misisi) et celle de l’Ulindi (Sha-
bunda), dont ils remontèrent le cours pour arriver ainsi
a Gwese, sur la Buzizi. Ils y mirent en déroute un déta-
chement de révoltés batetela. Cet itinéraire traversait une
région inconnue située entre la route du Maniema (Kabam-
bare-Kasongo) au Sud, et celle de von Goetzen, par la
vallée de la Lowa, au Nord.
L’ordre ne fut rétabli qu’en octobre 1898 par les coni-
mandants Ilenncbert el Hecq, qui s’installèrent respecti-
vement a Luberizi, sur la Buzizi, et a Uvira, sur le Tan­
ganika.
Occupation du pays. 120

L’occupation définitive du Kivu fut l’oeuvre du com­


mandant Éloy, et le sous-lieutcnant F. W. Olsen fonda,
le V’’ juillel 1900, le poste de Nya Lukemba, a 1’emplace­
ment qui devait devenir Bidcavu et, depuis le 1" octo­
bre 1927, Coslerrnansville (Ordonnance n° 74/AIMO
publiée dans le Bulletin administratif et commercial du
Congo beige dn 10 octobre 1927, p. 329). Celtc dernière
dénomination a été donnée en l’houncur de l’inspectcur
d’Élat Paul Coslermans ('), arrivé dans la région en 1901
pour y élablir, d’après les ordres du Pioi, un cordon de
fortifications s’éfendant depuis Bobandana au Nord du lac,
jusqu’a Uvira sur Ie Tanganika, et destinées a s’opposer,
par tous les moyens, aux revendications allemandes du
cóté de la frontière Ruzizi-Kivu.
122 C’est a l’occasion de ces événemenls que Léopold II
disait: « Je ne me laisserai pas donner de coup de pied;
je ne l’ai jamais toléré et ce n’est pas a soixante-dix ans
que je Ie permettrai... » 11 ajoutait ccpendant : <( II faut
bien se laisser donner un coup de pied de temps en temps,
mais a la condition d’en pouvoir rendre trois... ». Et a la
veiile dc sa mort, sur son lit de douleur, II dira encore a
M. SchoIIaert, président du Gonseil : « Si vous cédez aux
Allemands a la Ruzizi-Kivu, votre vieux roi sortira de sa
tombe pour vous Ie reprocher... » (Liebrectits, Léopold II,
Fondateiir d'Empire, p. 188).
123 Peu de temps après, de nouvelles difficultés surgirent
dans cette région, mais avec les Anglais cette fois, et a
propos de la position exacte du 30' méridien Est de Green-
wich constituant la limite entre l’État Indépendant du
Gongo et l’Uganda.
L’affairc fut définitivement réglée par Ie Protocole du
14 mai 1910 : l’Allemagne et la Belgique eurent également
accès au lac Kivu, tandis que les lacs Édouard et Albcrt
servirent de délimitation entre les possessions anglaises et
beiges. L’histoire de cette partie de la frontière oriëntale
du Gongo beige a été retracée en détails par Ie comman-(*)
(*) Paul Coslermans est né Si Bruxelles en 1860. II entra au service
de l’Ëtat Indépendant du Congo Ie 3 octobre 1890, comme lieutenant de
la Force Publique. II devint bientót commissaire de district fi Léopold-
ville et entreprit une reconnaissance du Kwango oriental. Nommé com­
missaire général du Stanley-Pool Ie 1®'' juin 1897, et inspecteur d'Etat
Ie !«'■ mars 1899. C’est lors de son quatrième terme qn’il fut chargé d’éta-
blir des fortifications au Kivu. II se rembarqua encore une fois Ie 5 jan­
vier 1904, comme vice-gouverneur général, pour remplacer Ie gouverneur
général Fuchs, mais il mourut inopinément ö. Banana Ie 9 mars 1905.
dant L. Stiers, dans ime note présentée en avril 1937 a la
Section des Sciences morales et politiqiies de l’Institut
Royal Colonial Beige {Bulletin des Séances, VIII, 1937, 2,
pp. 307-329).
En 1906, les RR. PP. Blancs s’installèrent au Kivu :
Mgr Huys y fonda une première station a Nya Gezi, sur la
roiile du Tanganika au Kivu. On y planta quelques baies
de café d’Arabie que les Pères cultivaient déja pour leur
consommation, depuis plusieurs années, sur les bords du
Tanganika (Kibanga-Lavigerieville en 1891 et Baudouin-
ville en 1893). Ces caféiers devinrent les ancêtres d’une
partie importante des plantations du Kivu ( L e p l a e , Les
Plantations..., p. 138). L’influence de ces missionnaires
contribua largement a la soumission des populations. On
leur doit au surplus la fondation de plusieurs een tres
d’occupation, tels que Katana, Ngweshe, Kabare, etc.

Au cours de la Grande Guerre, la frontière oriëntale du 125


Kivu fut Ie théatre de violents combats. .lusqu’au début de
1916, notre róle resta purement défensif : prise de Tile
Kwidjwi par les Allemands Ie 24 septembre 1914; combats
de Kisenyi Ie 4 octobre 1914 et de Luvungi, Ie 27 septem­
bre 1915. C’est au lac Kivu que s’amorga la marche con­
vergente des quatre colonnes beiges vers Tabora, dont la
reddition, Ie 19 septembre 1916, consacra la victoire de
nos armes et valut a la Belgique Ie mandat d’administrer,
au nom de la Société des Nations, une partie de nos
conquêtes (Traité de Versailles du 28 juin 1919 et déci-
sion du Conseil de la S.D.N. du 20 juillet 1922).

Colonisation et Comité National du Kivu. 130

.lusqu’a la guerre de 1914, Ie Kivu, a cause de sa situa­


tiën géographique qui en rendait Taccès malaisé, avait été
pen développé au point de vue économique. II n’était en
somme connu que d’un petit nombre de missionnaires et
de quelques officiers. Mais Ie róle que les campagnes colo-
niales lui assignèrent au cours des années 1914-1916 Ie
fit parcourir par de nombreux militaires européens, qui
en goutèrent Ie climat et Ie pittoresque et en devinèrent
les possibilités.
De larges espaces favorables aux cultures restaient dis-
ponibles et exempts de droits indigènes, bien que les
populations autochtones y fussent cependant assez denses
pour cónstituer Ie réservoir de main-d’oeuvre indispen-
sable a toute entreprise européenne sous les tropiques.

132 II en résulta qu’a la démobilisation, plusieurs Blancs


ayant servi dans les troupes coloniales vinrent s’installer
au Ki vu comme colons. D'autre partj l’instabilité politi-
que qui se manifesta au cours de l’après-guerre incita
certa'ines personnalités a se réserver au'Kivu des domaines
OU elles pourraient se retirer avec leur familie et y faire
souche en cas;de désordres sociaux en Europe.

133 Mais une étendue assez considérable de la région du Kivu


se trouvait grevée d’une servitude issue de la concession
accordée en 1902 a la Compagnie des Chemins de Fer du
Congo Supérieur aux Grands Lacs Africains (G.F.L.). En
1921, la convention de 1902, qui accordait au C.F.L. des
droits sur huit millions d’hectares a exploiter en compte
a demi (pres de trois fois la superficie de la Belgique), fut
convertie en un arrangement aux termes duquel Ie conces-
sionnaire, outre un droit exclusif de recherches minières
pendant cinq ans, obtenait la pleine propriété sur
4.000 km^ a choisir avant Ie 30 juin 1937 dans des limites
englobant presque toute la région du Kivu.
Ces difficultés particulières, jointes aux engagements
onéreux contractés par la Colonie en faveur de son outil­
lage économique, amenèrent Ie Gouvernement a faire
appel, pour la mise en valeur du Kivu, au concours de
capitaux privés el a un organisme plus souple que l’Adini-
nistration, dont l’aclion se troiive ralentie, parfois même
entravée, par des réglementalions et des complicalions
de toutes sortes.
Ainsi s’explique la création, par décret du 13 janvier 134
1928, du Comité National du Kivu (G.N.Ki), comprenant,
a cóté de la Colonie et de la Compagnie des Grands Lacs,
des personnes juridiques agréées par Ie Ministre des Colo-
nies, et faisant l’apport du capita! de l’association, porté
a 200 millions (400 parts incessibles de 500.000 francs).
Le C.N.Ki regut dans trois zones d’une superficie totale
de 120.000 kni^, s’étendant le long de la frontière oriën­
tale, depuis le 5' parallèle Sud jusque prés d’Irumu, la
gestion de toutes les terres vacantes, a l’exclusion des
terres réservées ou a réserver par la Colonie a destination
d’intérêt général et notamment de celles formant le Pare
National Albert, créé en 1925 dans un but scientifique, a
l’intervention personnelle de notre regretté Souverain.
Au point de vue minier, l’Association obtint la jouis-
sance, pendant une durée d’au moins dix ans, du droit
exclusif de recherches minières dans son domaine, sous
réserve de droits de tiers.
En échange de ces avantages, le Comité contracta de i 35
nombreuses charges d’ordre économique, scientifique,
humanitaire ou éducatif, ' *'
C’est ainsi que le C.N.Ki. est intervenu pour 35 millions
dans la création du chemin de fer qui devait relier le
Tanganika au Kivu (n° 500), et dépensa 22 millions pour
le développement du réseau routier. Le service de Irans-
ports sur le lac Kivu fut également repris par le Comité,
qui y consacra 1,3 million pour les accostages et 13 mil­
lions pour réquipement de la flotille. Pour la réalisation
de ses obligations d’ordre social,‘ un fonds spécial, dit
« Fonds social du Kivu », fut institué, disposant d’un Capi­
tal de 10 millions. Des missions cartographiques et géolo-
giques furent envoyées sur place et entrainèrent une
dépense de plus de 7 millions, indépendamment de 3 mil-
lions pour prospections agricoles et forestières. Le Comité
souscrivit également pres de 28 millions dans la Société
Auxiliaire Agricole du Kivu (S.A.A.K.) et plus de 56 mil­
lions pour la création de filiales et sa participation dans
des sociétés connexes, telles la Société Immobilière au
Kivu (Simak) et la Compagnie Immobilière du Nord du
Kivu (Cimnoki).

136 Cette énumération montre que le Comité était entré


résolument dans la voie des réalisations, mais le rythme
des dépenses était excessif, comparé aux recettes, dont les
perspectives avaient été surévaluées. Nous n’en citerons
comme indice que ce simple fait : on avait supputé que
le Comité se réserverait le monopole de l’usinage du café
produit sur son domaine, ce qui, moyennant une « rede-
vance modique » de cinq francs au kilo C), devait, en peu
de temps, lui assurer un revenu certain de 100 millions
par an...
On dut malheiireusement en rabattre et, dès 1933, les
ressources du Comité se trouvèrent totalement engagées.
Au surplus, la crise mondiale s’était déchainée avec une
particulière acuité sur le Kivu, aggravée encore par l’inex-
périence de beaucoup de planteurs et les déboires de eet
étrange chemin de fer dont on dut interrompre la cons-
truction après 90 km., faute d’études suffisantes...(n“ 500).

137 L’absence de tout espoir de rémunération exclut pour la


société la possibilité de nouveaux appels de fonds.
Considérant cependant l’effort accompli par le Comité,
le Gouvernement consentit .ï revoir son statut en le décbar-
geant de la plupart de ses obligations sodales et en repre-
nant a son propre compte l’exécution du programme

(1) Pour lixer les idéés, rappelons que les cours du café congolais é
Anvers étaient respectivement de 5,40 et de 5,85 francs le kilo fin 1937
et fin 1938 (Extrait du Eapport de la Société Générale).
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d’iiiLérêt g-énéral. Parallèlement, on réduisit les avantages
accordés au Comité. Lc capita! fut ramené de 200 h 86
millions et les droits de cession ou de concession se limi-
teront sur 4.000 km^ a partir de 1942, soit 25 fois moins
qu’auparavant. Toutefois, Ie Comité conserve pendant au
moins dix ans Ie droit exclusif de recherches et d’exploi-
tations rninières et, jusqu’au 31 décembre 2011, Ie droit
de gestion des forêts sur la totalité de son ancien domainc.

138 ./\prcs les tatonnements du début et grace a la politique


de rcdressement poursuivie depuls 1933, la situation du
Comité National du Kivu s’est assainie et les quelques
chiffres du tableau de la page 17 permettront de se rendre
compte du chemiii parcouru dans l’évolution du District
du Kivu depuis que Ie Comité a été appelé a participer
a son développement (superficie : 93 712 km*).
(P ftoto M. Edg. Louis, 19SS.)
l ’iü. 10. — Costerniaiisville. — l.e pretnier hiireaii ilu Comité National ilu Kivii.

(Cliché SimaU, 19SS.)


I'ia, II — Costeniiansvüie. — llaliitalioii en Lriqiies,
(Cliché C. S . Ki.)
F ig. 12. — Chevaux du ra n ch de Tshidaho.

(P ho to Dcrrooii. ü ooüt 19SI!.)

I'IG. 11. — Sliangiigii. — \'ue sur l'liötel de la Ihi/.ixi, d (loslornuuisville.


*v*»

Photo G. F. de IV itfe . CoUection I n s t i t u t y a ti o n a J dos Parcs S a tio 7ia ux du Congo hclgc.


Flü. 14. I,e.s moiits \ in in g a : volcaiis Visoke, Karisinibi et Mikeiio.

Photo G. F. de W itte. CollecIion Irialilut Nalioyial des Parcs N a ti o n a u x du Congo beige.


l-io. I'j. Ojulées (lu volcan Itiimrika, pi'ès clu détroit de Kateruzi.
(P h o to Iloier, m a i 19SS,
CoUection IristiUit N a tio nal des Parcs N a tio n a u x d u Congo helge.)
F ig . 10. — Les nouveaiix cönes (15 ni. de liauteiir) a proxiniité
de la bouolie d ’activité actuelle du volcaii Xyamlagira.

(P h o to Dovrocy,' IS septcm hre 19S6.)


F ig. 17. — I.a, baie de Mayulsa, dans Ie golfe de Kabumlo-Kashanga,
oü .se dévei'se, tlejiuis iléceiubrc IO;iH, la eoulóe de lave ilu Nyaiulagim.
(P ho to Devroev, H a o ü t 10S6.)

l'iG. 18. — Fougères arborescentes sur la crête cle partage Congo-Nil.


Route de Sliangugu a Kibuye.

(P h o to Devroev, S6 j u i ll e t I9S6.)

l'iG. 19. — l.a ligne de faile .\llau1 i(iue-Mé<lileri'aiice,


dans Ie Ruaiida-L'ruiKli.
(P h o to Dovroey, 15 a o ü t 1936.)

F ig . iü. — Sliangngu. — Le clébut de la route toiirislique


coiitounuuit le lac Kivu en territoire du lUiaiida-Uruiidi.

(P h o to Dcvroey, H aoiU 1936.)

FiG. 21. Itoide automobile jiour trafic voyageurs au Huaiula-Fruudi,


(P h oto Devroeu. Ki (loüt 1936.)

I’IG. 22. — B ananeraie iudigène au Riiamla-l'ruiKli.

(P ho to Devrocv, U, a o ü t 1936.)

I'ifi. 23. — r.a c-oiiiiclie du lac Kivii,


traver.saiit la l'orGt luim aire da la docisale C oiiko -MI.
(P ho to Dcvroey, 3 a o ü t 1936.)

I’IG. 24. — Feux de brousse au Huanda-UrmuH.

(P h o to Dcrrocy, 33 aoAl 1936.)


l’'iG. 25. - Flaiitaliolis de filaos 1e long d'iiiie route au Hmuula.
Les iiidigèiies badigeouueul les Iroucs pour inieux sigualer la eourbe
aux aidoiuobilistes.
CONDITIONS PHYSIQUES.

Description générale. 210

Le lac Kivu est situé par 2“ de latitude Sud et 29“ de 2ii


longitude Est de Greenwich, a 1.465 m. d’altitude. II a
une superficie de 2.300 km^, non compris quelque
300 km" d’iles.
De Costermansville, au fond de la baie de Bukavu, au
Sud, jusqu’a Sake, au Nord, au fond du golfe de Kabundo,
la distance a vol d’oiseau est de 106 km; d’Est en Ouest,
la plus grande largeur, par le travers du Mushao, atteint
45 km.
La superficie du bassin hydrographique du lac est de
7.300 km" environ, comprenant 2.600 km" pour le lac et
les lies, 1.700 km" sur le versant oriental du massif du
Kivu, et 3.000 km" sur le versant Occidental des plateaux
du Ruanda.

On a attribué pendant longtemps au lac Kivu des pro- 212


fondeurs considérables, de l’ordre de 2.000 m. et plus. Des
sondages systématiques, entrepris d’avril 1935 a février
1936, par M. Damas, grace a des subsides accordés par
rinstitut des Parcs Nationaux du Congo beige et le Fonds
National de la Recherche Scientifique, n’ont donné, sur
208 mesures, aucun rpsultat supérieur a 478 m. On peut
donc estimer 5 .500 m. environ la plus grande profondeur
du lac. Ces sondages ont montré que le fond du lac accusc
nettement le relicf d’une ancienne vallée dont la pente
diminue progressivement du Sud vers le Nord, en mcme
temps qu’augrnentent les profondeurs ( D a m a s ; Recherches
hydrobiolofjiques..., p. 33).
2i3 Lc hassin du Kivu est bordé au Nord par la chaine des
moiits Viruiiga (fig. 14). Ce barrage volcanique comprend
des dizaines de cratères de dirnensioiis variables. Les plus
majestueux soul, de gauclie ii droite, lorsqu’on les con-
temple du lac : Ie Tshaninagongo ou « lieu des supplices »;
la dernière éruption a eu lieu du 6 décembre 1912 au
4 janvier 1913 et il est resté en activité : 3.470 m.; Ie
Ayanilagira, entré en éruplion la dernière fois Ie 28 jan­
vier 1938 et qni continue a déverser ses flots de lave ;
3.056 m.; Ie Mikeno, « celui qui est dénudé » : 4.437 m.;
Ie Karisinibi, du noni d’un coquillage l)lanc servanf
de parure et dont la couleur rappelle la calotte de
neigc qui Ic coiffe; c’est Ie point culrninant de la chaine
et son cralère est légèrerncnt en contre-bas du sommet :
4.507 m.; Ie Visoke ou Mago, de formc tont a fait classi-
que : 3.711 m.; Ie Sabinio, «Ie pèi'e aux grosses dents » :
3.634 m., sans ci'atèi'e; Ic Ngahinga ou « petit sommet » :
3.474 m., avec deux cralères superposés, et Ie Miihavura,
ce qui signific «repère », n’ayant qu’un cratère imique,
Iransfoi'mé en lac.
Le nom scul de tous ces volcans indique qu’ils ont du
inspirer pas mal de légendes aux indigènes; de nos jours
cncorc, ceux-ci en font le lieu de séjour de leurs défunts,
les bons hantant les sommets de l’Est, et les méchants
expiant leurs méfaits dans les deux volcans encore en
activité.

214 Vu du bant des montagncs qui rentourent, le lac


évoque nettement l’idée d’une vaste inondation d’ou émer-
gent unc centaine de sommets transformés en iles; les
vallées des anciens afflucnts ont formé des baics, encom-
brées parfois de végétalion et qui conslituent les seuls
accostages possililes.
La rive septentrionale laisse unc forte impression de
désolation, n’étant qu’un banc de lave récente, sauf è
Kisenyi, ou se rencontre l’unique plagc de sable du Kivu,
f P h o t o Dnvroey, 7 aoül. 1936.)

Fui. 2G. 1‘euiJlemeiil (l’euciilyi>liis


ii iiro.ximité (Fim ]»ont,
au Huaiula-Fnuuli.

( Ph o t o Devroey, 15 aoiU 1936.)

Flü. 27. — Kasftiyi. — Fa plagc; de sahle.


s'accrochant comme iin liséré d’arg-eiit aux peiitcs ver-
doyantes des collines coiivertes de bananiers.

La crête de partage Gongo-Nil (fig. 18), hérissée de pies 215


frisant la cote 3.000 (,monl Bigiigu : 2.954"'5), court paral-
lèlement a la bordure oriëntale dn lac et a une vingtaine
de kilomètres de celle-ci. Dn cóté Congo beige, la ligne de
faite présente des pitons plus élevés, Ie point culminant
étant Ie mout Kahnzi (3.304“90), situé a 19 km. dn lac.
Les contreforts qni en dévalent vont se perdre en pente
doLice sons Ie iniroir des eaux, déconpant la rive comme
une dentelle. Certaines échanernres sont d’nne beauté
tragiqne rappelant les fjords de la Norvège.

En faisant Ie tour dn lac dans Ie sens des aiguilles d’une 216


montre, les golfes les plus caractéristiqiies sont, en par-
tant de Costermansville, au fond du golfe de Bukavu, ceux
de Kabundo-Kashanga (fig. 17) avec la baie de Sake;
Kakondo, Kalche, Mabula, d’oü sortent de brusques et vio-
lentes tornades; Mushao et sou féerique archipel (fig. 2)
auquel les Allemands avaient donné Ie nom de Mecklcn-
bourg (‘); la baie de Nyamasheke et, enfin, celles d’Ishangi
et de Shangugu. Cette dernière est mentionnée sons Ie
nom de (( Gertrude Bight » (Crique Gertrude) sur la carte
qui accompagne la relation du voyage effectué en 1898-
1899 du Gap au Gaire par les explorateurs Grogan et
Sharp (n“ 501).
L’ile Kwidjwi couvre une superf*icie d’environ 275 km^.
Son sornmel s’élève a 820 rn. au-dessus des eaux et Ie ver-
(1) Le duc Adolphe-Frédéric de Mecklenbourg-Schwerin organisa et
dirigea en 1907-1908 une importante mission scientifique en Alrique cen­
trale, comprenant, outre un aide de camp, lieutenant von Wiese, et un
sous-officier d'escorte ; un zoologue, D'' Schubots; un géologue, !)>■Kirsch-
stein; un ethnographe, Dr Erekanowski; un anthropologue, Df von
Ravem. L’expédition quitta Bukoba le 17 juin 1907, remonta la Kagera,
assista, du 12 au 17 novembre 1907, a une éruption du Nyamlagira, visita
le Ruwenzori et les mines d’or de Kilo-Moto, descendit la vallée de l’Aru-
wimi et s’embarqua è Boma le 29 mai 1908 pour le Camcroun.
sant orieiital est trés abrupt, la coiirbe de 2.000 m, n’élant
qii’a 1.200 m. du rivage.
A rextrémité ISord de l’ïle, la baie de Bera constitue
pour les navigateurs un abri providentiel lorsqu’ils sont
assaillis par les tornades dans la partie septentrionale du
lac, qu’on appelle parfois Ie « grand lac », par opposition
avec la partie rétrécie qu’on désigne alors sous Ie nom de
(( petit lac ».

21' Lc bassin du Kivu était, parait-il, anciennement large-


ment boisé, alors qu’actuellement la forêt ne descend plus
guère sous la cole 2.000.
Les études des specialistes ont montré que cette dégra-
dation est purement artificielle et que les causes en peu-
vcnt' être attribuées plus spécialement a l’élevage du
bétail (') et a l’abatage pour les besoins des liabitations et
du chauffage des populatioiis, aux pratiques agricoles des
indigènes, nécessitant des emprises continuelles sur la
forêt pour iprocurer de nouveaux terrains de culture et
d’élevage, aux feux de brousse allumés pour rabattre Ie
gibier (fig. 24).
En région montagneuse, les conséquences du déboise-
nrient sont particulièrement graves, car, indépendamment
des perturbations qu’il apporte dans Ie régime des pluies
(Gillman : Man, p. 336), il favorise l’érosion de la couche
de terre arable qui recouvrait les pentes primitives.
Diverses mcsures ont été envisagées tant pour éviter les
abatages désordonnés (création de réserves forestières) que
pour créer des reboisements (programrne de reforestation).
On estime qu’il faudrait ainsi progressivement couvrir

(O A ce point de vue, on a été jusqii't\ considérer la mouche tsé-tsé —


qui óloigne Ie bétail — comme une bénédiction du ciel, et l’eau — qui
attire Ie bétail — coninie une malédlction : « II n’y a pas de doute,
déclarait-on è, la Société royale de Géographie de Londres, en niai 1933,
que les deux tiers du Tanganyika Territory ont été préservós de l’éro­
sion et de la ruine par la mouche tsé-tsé. » (Soll erosion in .‘\ frica, dans
The Geographical Journal d’aoüt 1933, pp. 130-150).
Ie pays d’au nioins 35 % de forêts ( L e b r u n : iSote sur...,
p. 352).
Les progrès réalisés en ce domainc sont surtout sensibles
du cóté du Ruanda-Urundi, oü la politique des reboise-
mcnts (fig. 26) constitue un des grands sujels d’émerveil-
lement pour Ie voyageur qui revoit ces contrées après un
intervalle de quelques années : 17.000 ha. y avaient été
reboisés au 31 décembre 1937 par les coinmunautés indi-
gènes, non compris les plantations linéaires Ie long de
toutes les routes publiques (fig. 25), et celles établies par
beaucoup d’autochtones pour leur bénéfice pcrsonnel.
Au Congo beige, une modification Oipportée au décret
sur les circonscriptions indigènes a permis d’imposer Ie
reboisement sous forine de travaux d’ordre économique
et, pendant l’exercice 1937, l’étendue des repeuplements
s’éleva a 572 ha. pour Ie seul territoire de Kabare. De plus,
certains colons continuent a reboiser, dans Ie but, soit de
tirer parti de terrains ne convenant pas a la culture, soit
de se protéger contre les vents. Enfin, des réserves fores-
tières sont érigées dans un but climatique ou au point de
vue pittoresque.

En ce qui concerne la faune, on a dit que Ie lac Ki vu 218


était un désert aquatique. On n’y a jamais vu de crocodiles
et la tradition rapporte qu’il n’y a plus qu’un seul hippo-
potame. Les indigènes n’y pêchent que deux ou trois
espèces de poissons.
Le Kivu est connu pour sa fertilité et certaines plaines
de lave décomposée, telle la plaine du Bugoyi, qui s’étend
au Nord-Est du lac, sont réputées pour la culture du tabac.

Le lac regoit peu de tributaires sur sa i'ive Nord, car, 219


malgré l’abondancc des précipitations, les pluies s’infil-
trent immédiatement sous la lave poreuse. Des hauts vol-
cans descendent des gaves ou cours d’eau lorrenticls.
alimeiités par la fonte des iieiges et qiii se perdent en cou­
rants souterrains.
L’eau est une denrée précieuse dans toute la plaine de
lave et il n’est pas rare de la voir vendre sur les marchés.
Les indigènes boivent aussi l’eau de pluie retenue a l’ais-
selle des feiiilles de bananiers.

220 Formation géologique.

221 L’écorce terrestre présente, sur un sixième de son pour-


tour, une gigantesque fissure allant de la mer Morte, en
Palestine, jusqu’a rembouchure du Zambèze, en Afrique
australe.
Cette dépression comprend, sur Ie continent africain,
deux zones d’affaissements courant du Nord au Sud. L’une
d’èlles commence au lac Rodolphe; l’autre est connue sous
Ie nom de graben ou cassure du Tanganika. Entre les deux
se trouve un plateau « sur lequel les rivières, d’abord diri-
gées vers l’Ouest, se sont, après une inversion due aux
mouvements orogéniques, accumulées en de nombreux
lacs, dont Ie Victoria Nyanza, qui ne sont, au fond, que
des receleurs, pour Ie Nil des Pharaons, d’eaux qui
auraient dü continuer a appartenir au bassin du Congo... »
(P. Font.'Vinas, Considératoins..., p. 611).
La bordure oriëntale de la cuvette congolaise est conti­
gue au graben, dans lequel s’allonge un chapelet de lacs :
lac Albert, lac Édouard, lac Kivu et lac Tanganika.

Feu Ie chanoine Salée et d’autres géologues de valeur


ont tenté de démontrer que, jusqu’a une époque fort
récente, tous ces lacs se déversaient vers Ie Nord, comme
en témoigneraient des alluvions fossilifères découvertes
entre Ie lac Kivu et Ie Tanganika, vers la cote 1.275, c’est-
a-dire a 500 m. environ au-dessus du niveau actuel de ce
dernier lac. \ ce inoinent se serail produit reffondrement
' 5
3 O
v:

s —
O
du planclier du Tanganika, les Irois aulrcs lacs cités conti-
nuant a former, avec Ie lac Victoria Nyanza, la mer
Buganda, laquelle aurait donnc naissance a un système
hydrographique s’écoulant vers Ie Nord ( A . S a l é e , Le
Détournement..., p. 208).
Nous ferons toutefois remarquer que la découverle
d’alluvions fossilifères a la cote 1.275 dans la vallée de la
Ruzizi ne suffit pas a justifier un écoulement du Tanga-
nika vers le Kivu, puisque le seuil du déversoir par lequel
le Kivu envoie actuellement son trop-plein vers le Sud se
situe vers la cote 1.460. L’effondrement du plancher du
Tanganika aurail donc dü s’accompagner d’un relèvement
de la tête de la Ruzizi, relèvement qui aurait momentané-
ment isolé les lacs Kivu et Tanganika. La forniation de
cette digue Sud-Kivu est explicable par la nature primitive
(gneiss, micaschiste et tuf volcanique) des i'oches de ce
massif, oü l’on retrouve en outre de nombreux volcans
éteints. Restcrait alors a démontrer que Tancien Tanga­
nika était entouré vers le Sud de montagnes plus élevées
que vers le Nord...

Quoi qu’il en soit, nous savons par les sondages récents 223
de M. Damas (n“ 212), que le fond du lac Kivu affecte
l’allure d’une ancienne tête de vallée. La plus grande pro-
fondeur mesurée (478 ra.) porte Ic fond de cette vallée a la
cole 985, et si le barrage des Virunga n’existait pas, les eaux
du lac Kivu continueraicnl a se déverser vers le lac
Édouard, a l’altitude de 916 in., par une rivière — haute
Rutshuru — qui présenterait une pente moyenne d’envi-
ron 40 cm. ,par kilomètre ( D a m a s , ..., pp. 35-37).
Mais eet écoulement a été interrompu par le barrage de
lave séparant le lac Édouard du lac Kivu, lequel, après
avoir alors conslitué pendant quelque temps un bassin
fermé, déborda finalemcnt pai- la fenêtre de la Ruzizi vers
le lac Tanganika.
Le lac Kivii s’esl donc délaché dn bassin du Nil pour
passer dans celui du fleuve Gongo, Ce qui est surtout
remarquable, c’est qiie ce dernier phénornène de capture
s’est passé pendant notre préliistoire (age du fer) ( S c a ë t t a ,
La Genese..., p. 32).

224 L’aclivité volcanique est loin d’être éteinte dans cette


région : en 1905 et 1912, les deux petits cratères du Kana-
rnahorage, ou Singiro ou encore du « Jubilé», et du
Rurnoka C) (fig. 15) ont rejeté de grandes quantités de
lave qui modifièrent sensiblement la configuration de la
baie de Sake et faillirent d’ailleurs fermer coinplèternent
le délroit de Kalerusi (") (fig. 30).

(’) Lors de l'érupüon du Runioka, en décembre 1912, a des flots de lave


incandescente, en un cours de 8 i 10 km. de longueur, s’écoulaient vers
le lac et y provoquaient une ébullition continue des eaux d’oü s’éle-
vaient dans les airs d’énormes colonnes de vapeur... Les indigènes récol-
tèrent des quantités considérables de poissons morts et flottants... Quel-
ques noirs furent ébouillantés en tombant de leur pirogue... » ( P il e it e ,
A., A travers l'Afrique équatoriale, p. 233).
(2) II est possible aussi que la rive du lac Kivu ait subi des altérations
récentes la suite de tremblements de terre. Les indigènes racontent
notamment qu’au Nord du lac, il existe beaucoup d’endroits oü il n’y
avait pas d’eau, et ils en citent d’autres, submergés dans le temps, et
qui maintenant font partie de la terre ferme; par exemple, la plaine de
Nambi, prés de Bobandana, autrefois sous eau, et qui est actuellement
une bananeraie.
On dit aussi qu’on allait è pied, fi travers un marais, de la pointe du
Mahero, — au Sud de Katana, et sur laquelle s’élève l’höpital de la
Formulac (Fondation Médicale de l’Université de Louvain au Congo), —
jusqu’è, l'ile Iko qui se trouve en face. Cette 11e est actuellement séparée
de la terre ferme par im bras emprunté par le s/s Général Tombeur.
Voici comment les indigènes expliquent ce dernier changement ;
o Un jour, un homme est allé é File Iko, de la part du chef, pour
kudumba (réquisitionner de la bière). 11 profita de l’occasion pour s’eni-
vrer, et il insulta celui qui lui fournit la blère. C’est bien, dit celui-ci.
mais tu ne retourneras pas è, pied. Et le lendemain matin, è. l'endroit
oü il y avait le marais, il y avait le lac. »
(D’après une letire regue au cours de la correction des épreuves et
écrite è. Katana, le 24 avrll 1939, par le R. P. Robert Wniteyne, que nous
remercions bien vivement de son ohligeance.)
Depuis Ie 28 janvier 1938, Ie Nyaiiilagira O üffre, tl’au-
tre part, aiix touristes émerveillés, Ie spectacle hallucinunt

?9‘ 2 9fo5’

l.°35

l°40'

(C liché e x t r a i t de V o u v r a g e d e M. M a u r y ; T rian g u latio n du Congo O riental.)

Fig. 30. — Modifications suvvenues dans la rive Nord du lac Kivu,


è. la suite de l’éruption du volcan Rumoka, en 1912-1913.

et grandiose de ses éruptions. Le Tslianinagongo est égale-


ment resté en activité.

(1) Le fleuve de lave vomi par le S'yamlagira est arrivé au lac le


15 décembre 1938, après un parcours d’une trentaine de kilomètres.
Le déversement dans les eaux du lac s’effectue en divers endroits du
golfe de Kabundo (fig. 17). Les dégdts sont considérables dans les plan-
tations; la route est coupée de Goma è. Sake sur une dizaine de kilo­
mètres et la forêt est en feu. Dans le lac, on a observé de légers raz de
marée et des courants d'eau cliaude rendent la navigation dangereuse.
Des soiirces therniales (mayi moto) et des mofettes
(dégagements d’acide carbonique) existent aussi sur les
pourtours du lac.

225 Nous verrons encore (n“ 244) que les eaux du Kivu pré-
sentent, a partir de 70 m. de la surface, des températures
qui croisserit avec la profondeur (écarts de 1® a 3® avec Ie
minimum coiistaté vers 70 m.). On a expliqué ce phéno-
mène par Ie fait que, a plusieurs reprises, des coulées de
lave sont vennes toucher Ie lac, et les eaux du fond, de
concentration plus élevée, auraient conservé une partie
de la chaleur acquise au contact de la lave en fusion.

230 Ciimatologie.

231 Selon Scaëtta (Climat écologique..., p. 325), la radiation


solaire dans la région du Kivu « présente les deux maxima
équinoxiaux caractéristiques des latitudes équatoriales,
plus un troisième en correspondance du solstice austral ».
Ce solstice coïncide avec Ie périhélie (plus faible distance
de la Terre au Soleil), entrainant une radiation plus
intense.
Quant a la température, « des conditions particulières
d’luimidité relativc et de nébulosité masquent dans une
certaine mesure les phénomènes qui sont la conséquence
naturelle des déplacenients saisonniers du soleil » (op. cit.,
p. 83).

La variation de la température moyenne journalière au


cours de l’année est faible ; 1® a 2® seulement. La tempé-
raturc annuelle varie selon les stalions entre 16® (Tshi-
binda, altitude 2.115 m.) et 21®5 (Katana, attitude
1.500 m.).
L’écart entre températures extrémes peur la période
1928-1931 est, poiir chaciine de ces deux stations, de 18'
a 19°.

En ce qiii concerne les courants atmosphériques, on 232


reinarque que les venls doniinants soufflent du S.-E. ou
du S.-S.-E.; ils s’élèvent presque chaque jour un peu
avant midi, en agitant la surface des eaux. Quant aux tor-
nades, qui sont fréquentes, elles progressent ordinaire-
ment de l’Est vers l’Ouest. Les plus dangereuses prennent
naissance entre l’ile Kwidjwi et la cóte occidentale; elles
soufflent alors parfois de l’Ouest, de Mabula. Elles éclatent
avec une violence extréme (n° 300).
Par suite de l’instabilité de l’atmosphère au-dessus du
lac, particulièrement a l’époque des équinoxes, des trom-
bes peuvent se produire. Elles se présentent sous la forrne
classique d’un doublé cóne, animé d’un mouvement gira-
toire en même temps que d’une translation. Pilette (.4
travers..., p. 234) note a ce sujet qu’en décembre 1912,
pendant Péruption du Rumoka (n° 224), « des trombes
unissaient en des tourbillons violents comme des tornades,
la surface du lac aux nuages gris et menagants qui cou-
raient dans Ie ciel. Presque toutes les pirogues entrainées
dans les remous furent englouties ».

Comme pour toute l’Afrique centrale, l’élément déter- 233


minant du climat est constitué par Ie régime des pluies.
Celui-ci est caractérisé par la répartition des saisons sèches
et pluvieuses, en liaison avec Ie mouvement apparent du
Soleil (Vanderlinden, ISote sur Ie régime..., p. 863).
Mais a l’influence exercée par ce facteur général se
superposent les effets du relief, qui présente deux chaines
montagneuses parallcles orientées Nord-Sud, encadrant
Ie lac et dont émergent des sommets tres élevés (n° 215),
ainsi que les effets des grands courants de ratrnosphère
(ali7.és). Ajoutons que d’autres éléments (conditions parti-
culières de relicf, présence de zones forestières, etc.) peu-
veilt modifier localement les condilioiis de précipitatioiis
résidiaiil du reliel' et des actions qu’il exerce sur les alizés.
A l’Est du lac, la dorsale du Riianda, dont la crête se
situe a quelque 22 km. de la rive, a une altitiide moyenne
de 2.500 m.; celte chaine constitiie Ie rebord Occidental
d’im vaste plateau mamelonné, sans saillies importantes,
dont l’altitude varie entre 1.500 et 2.000 m. et qni s’étend
vers l’Est jusqu’a la vallée de la Kagera.
A rOuest, Ie lac est bordé par la dorsale Kivu-Congo,
qui se situe a une vingtaine de kilomètres de la rive et
dont l’altitude moyenne est de l’ordre de 2.700 m.; au dela
de cette dorsale, Ie versant descend rapidement vers la
cuvette congolaise.
Le lac lui-même se trouvant vers la cote 1.460, la pente
moyenne est de l’ordre de 45 7oo pour le versant oriental
et de 60 7oo pour le versant Occidental.
Cette disposition en chaines parallèlés n’est évidemment
que schématique; en fait, chacune des deux dorsales se
décompose en segments faisant un angle variable avec le
méridien; l’effet de barrage de ces différents segments
varie donc avec leur orientation par rapport aux courants
aériens.
D’autre part, le massif volcanique des Virunga, situé au
Nord du lac, exerce une influence locale, par les déviations
horizontales qu’il impose aux vents et par l’émanation
continuelle de vapeurs d’eau et de gaz lourds des volcans
en activité.

Les courants aériens permanents sont constitués par


l’alizé boréal ou Nord-est et l’alizé austral ou Sud-Est.
Nous en rappellerons rapidement l’origine.
La température étant maximum a rÉqualeur, mini­
mum aux póles, il se produirait, si la 'ferre était au repos,
un courant inférieur des póles vers rÉqualeur et, inverse-
ment, de l’Équateur vers les póles, dans les couches plus
élevées de ratiiiosphère. Par suite de la rotation de la
Terre, ces courants sont déviés et, dans les couclies basses,
les vents convergeant vers l’Équateur ou alizés (du vieux
francais « alis » : uni, régulier) soufflent du TNord-Est
(alizé boréal) et du Sud-Est (alizé austral). Notons qu’en
réalité la rotation de la Terre a encore pour effet de pro-
voquer une diminution de pression aux póles (paree que
les contre-alizés qui y reviennent des régions équatoriales
sont aniinés d’une vitesse vers l’Est supérieure a celle de la
Terre elle-même, d’oü exces de force centrifuge), et de
déplacer Ie maximum de pression vers 30-35 % de latitude,
mais eet aspect du phénomène est sans intérêt si Ton
n’envisage que les régions équatoriales.
L’inégale répartition des terres et des mers trouble Ie
mécanisme général des alizés, sans que cependant, pour
la région qui nous occupe, ce trouble soit tres apparent :
Ie continent africain étant, par rapport a Tocéan Indien,
un centre chaud, doit accentuer la déviation vers TEst sans
altérer Tensemble du phénomène.
A noter aussi que Téquateur thermique ne se confond
pas avec Téquateur géographique : en Afrique, aux envi-
rons du 30° méridien, Téquateur thermique se situe vers
Ie 15° degré Nord. Encore n’est-ce lè qu’une position
moyenne, car Téquateur thermique subit une oscillation
en latitude, en relation avec Ie mouvement apparent du
Soleil. Sur TAtlantique, la zone des calmes équatoriaux
est comprise entre 0° et 3° de latitude Nord en mars,
entre 3° et 11° Nord en septembre; sur Ie Pacifique, entre
3° et 5° Nord en mars, entre 7° et 10° Nord en septembre.
Sur les océans, Tamplitude de Toscillation est donc de
Tordre de 6°.
De ce qui précède on pourrait conclure que Ia région
du Kivu, aux environs du 2° parallèle Nord, est tout entière
dans Ie domaine de Talizé austral. Mais M. Scaëtta (Les
Précipitations..., pp. 27-29) estirne que les deux alizés se
rencoiilrent dans Ie bassin du Kivu, que Ie déplacement
vers Ie Siid de la svirface de disconlinuité qui existe dans
leur zone de rencontre ne dépasse jamais Ie 2* parallèle
Sud et que l’amplitude de l’oscillation n’excède pas 1“30'.
La figure 31 représente, d’après M. Scaëtta, les courants
alizés dans la région du lac Kivu.
Signalons toutefois que M. Robert, professeur de géo-
graphie et de géologie a l’Université libre de Bruxelles, a
exprimé une réserve au sujet de la présence de l’alizé
boréal dans la région septentrionale du Kivu et qu’il s’est
demandé s’il ne s’agit pas plutót d’un vent local que de
l’alizé Nord-Est (Bulletin des séances de Vlnstitut Royal
Colonial Beige, lil, 1932, 3, p. 633).

235 Quoi qu’il en soit, la portion du bassin située au Sud


du 2®parallèle Sud est certainement soumise a l’action de
l’alizé austral.
L’action dynamique exercée sur l’alizé par les dorsales
orientées selon une direction généralement normale a
celle du vent dépend de la hauteur des chaines de mon-
tagnes, de leur plus ou moins grande obliquité sur la nor­
male et de leur couverture végétale, celle-ci fournissant
l’évaporation.
L’alizé austral provient de l’océan Indien, traverse les
régions élevées de l’Afrique oriëntale et se maintient de
ce fait a un niveau assez élevé pour que Ie massif du
Ruanda, entre la vallée de la Kagera et la ligne de faite
Congo-Nil, ne puisse lui imprimer de déviation appré-
ciable. Mais lorsque ce courant chaud et humide vient
heurter la dorsale du Ruanda, il commence a subir une
série de réactions que M. Scaëtta a mises en évidence dans
son ouvrage déja cité (Les Précipitations..., pp. 35 et
suiv.) et dont nous extrayons la figure 32 ; l’alizé remonte
Ie flanc oriental de la dorsale, et la détente qui accompagne
cette ascendancc rapide entraine Ie refroidissement des
masses d’air.
7j

X'

:T3
.-3

3i/}

TO
3

fO
La baisse de température par détente adiabatiqne est,
poiir l’air sec on modérément hnmide, voisine de 1" pour
100 m. de différence de niveau; mais a mesure que l’air
se refroidit, il se rapproche de la saturation et bientót com-
mence la condensation de la vapeur d’eau; cette conden-
sation s’accompagne d’un dégageinent de chaleur qui
ralentit Ie refroidissement de l’air, et la chute de tempé­
rature n’est plus que de 0°4 a 0“8 par 100 m. La vapeur
d’eau condensée se déverse sous forme de pluies dont
l’abondance diminue a mesure que l’air perd de son humi-
dité; c’est ce qui explique que sur les crêtes trés élevées
on n’enregistre plus que des pluies faibles et fines.
Aprés avoir franchi la crête, Ie courant tend a reprendre
sa direction horizontale avec, dans les couches inférieures,
un mouvement descendant qui s’accompagne inversement
d’un relèvement sensible de la température (phénomène
du foehn). En effet, a mesure que l’air descend, la pres-
sion augmente et sa température s’accroit de 1° par
100 m.; comme, pendant sa montée, il ne s’est refroidi
que de 1“ par 125 a 250 m., il en résulte qu’après avoir
franchi la chaine, l’air sera, é niveau égal, plus chaud,
d’autant plus que l’échauffement est encore accru du fait
que l’air est plus sec, G’est 5 ce vent particulier qui, des­
cendant des sommets neigeux des Alpes, leur apporte de
la chaleur au fond des vallées, que les Suisses ont donné
Ie nom de foehn.
Au Kivu, Ie courant descendant du Ruanda entraine
avec lui la partie supérieure des couches sous-jacentes et
il se produit, Ie long de la pente sous Ie vent, un mouve­
ment tourbillonnaire a axe horizontal; les filets inférieurs
de ce tourbillon se chargent au-dessus du lac de vapeur
d’eau qu’ils perdent au cours de leur ascension (fig. 32).
Des phénomènes analogues se produisent au passage de
l’alizé au-dessus de la dorsale occidentale (fig. 32).
36 LE LAC KIVü
De ce qui précède, il résulte que, a mesure qu’on s’élève
Ie long des versants, les précipitations augmentent, au
moins jusqu’a une certaine limite que M. Scaëtta situe
vers 2.400 m., comme Ie montre Ie tableau suivant (G o e -
DERT, p. 21) ;
Stations. Altitude. Précipitation annuelle.

Birave . . . . 1.555 m. 1.330 mm.


Busangania. . . 1.610 m. 1.304 mm.
Buinika . . . . 1.710 m. 1.430 mm.
Tshibinda . . . 2.115 m. 1.897 mm.
Bukulumissa . . 2.430 m. 2.590 mm.
L’intensité maximum de ces pkiies se siliie en avril.

237 Nous donnons ci-après, d’après Goedert, les résultats de


quatre années d’observations dans dix stations du bassin
du Kivu (moyennes des 4 années, en mm.).

Stations. Altitude. J. F. M. A. M. J. J. A. S. 0. N. D. Année.

in
Goma . . . . '14^>4 70 66 118 122 102 64 32 82 142 119 100 120 1127
Katana . . . 1500 146 53 168 128 46 35 36 107 147 161 118 171 1316
Bobandana. 1550 98 69 153 253 241 56 40 60 87 116 121 134 1428
Birava . . . 1555 169 53 164 130 67 19 19 70 99 118 67 97 1072
Busangania. 1610 133 78 161 182 84 34 25 63 120 160 82 135 1257
Lubengera . 1700 75 83 170 154 99 24 20 46 101 99 74 110 1055

Buinika. . . 1710 125 76 183 189 158 34 20 48 121 149 122 154 1379

Nyundo. . . 1880 121 92 165 220 137 54 28 91 111 149 103 109 1380

Kal)are . . . 1925 154 102 188 151 55 23 14 49 101 166 111 155 1269

Tshibinda. . 2115 178 117 229 264 180 71 32 81 157 246 161 178 1897

Moyennes. 127 79 170 179 117 41 27 70 119 148 106 136 1319
D’autre part, les tableaux suivants donnent les résul- 238
lats des observations effectiiées Lubengera, Kisenyi,
Nvundo et Costermansville pendant la période décennale
1928-1937.
Lubengera.

Années. Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Aoüt Sept. Oct. Nov. Déc. Total.

1928 75,5 83,3 97,7 182,5 165,6 9,8 12,0 32,0 35,9 111,0 76,1 66,8 948,2
1929 60,5 87,2 171,4 153,4 36,3 17,0 19,9 50,3 62,6 79,4 63,0 161,1 962,1
1930 102,5 104,7 214,6 134,8 154,1 57,5 34,0 42,0 171,8 130,0 45,6 28,5 1220,1
1931 63,7 58,0 195,2 143,9 41,4 11,5 15,0 58,5 133,5 76,5 112,5 181,5 1091,2
1932 69,5 173,0 139,0 212,0 164,0 49,5 5,0 0,0 221,5 153,4 84,9 120,8 1392,6
1933 73,9 96,5 56,0 84,9 80,8 17,3 38,5 74,0 68,0 121,7 42,3 104,3 867,2
1934 163,5 80,0 183,3 216,3 55,8 0,0 21,0 42,0 43,0 253,5 132,0 95,0 1285,4
1935 37,0 120,0 76,0 81,7 111,0 102,9 0,0 40,5 106,3 65,8 120,0 115,2 966,9
1936 214,7 102,9 152,9 181,3 64,8 105,2 56,0 0,7 78,2 106,5 87,9 144,8 1295,9
1937 136,4 178,2 249,2 291,6 231,7 63,0 4,4 19,3 58,7 171,2 174,4 78,5 1656,6

Moyenne. 98,6 108,3 153,5 168,2 110,5 43,3 20,5 35,9 97,8 125,9 99,8 109,6 1172,9

Kieenyi.
1928 112,3 201,8 110,9 339,2 98,9 5,0 4,0 35,0 77,0 120,0 100,1 93,6 1287,8
1929 42,5 95,0 96,0 117,0 123,0 17,0 39,0 53,5 167,3 196,3 112,0 132,0 1185,6
1930 80,7 40,5 173,5 119,3 134,5 58,3 15,0 145,0 195,0 161,5 117,5 64,0 1275,5
1931 87,4 36,8 109,4 158,5 32,9 55,8 6,7 91,2 98,0 101,8 64,0 128,5 971,0
1932 49,5 109,2 149,5 80,4 108,6 86,4 47,8 39,0 204,1 75,8 119,0 122,1 1187,4
1933 66,4 74,4 130,5 40,5 76,7 64,6 34,1 59,5 9,1 102,1 42,5 101,0 801,4
1934 25,0 57,0 138,0 144,1 57,9 115,1 19,4 73,0 76,5 192,0 206,5 100,8 1205,3
1935 36,0 119,3 187,0 67,9 94,0 219,5 0,0 37,0 80,0 79,9 172,7 86,1 1179,4
1936 102,0 294,0 121,1 195,1 78,0 155,0 123,1 36,0 64,1 144,5 91,1 97,1 1501,1
1937 84,0 17,0 131,0 207,1 320,0 126,0 0,0 5,1 220,0 162,0 142,0 136,0 1550,2

Moyenne. 68,6 104,6 134,7 146,9 112,4 90,3 28,4 56,4 119,1 133,6 116,7 106,1 1217,8
Nyundo.

Années. Janv Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Aoüt Sept. Oct. Nov. Déc. Total

1928 105,2 121,8 104,1 256,6 183,1 84,9 21,0 44,9 81,2 145,3 103,8 142,7 1404,6
1929 77,3 57,5 178,0 232,0 150,5 32,5 59,0 117,0 89,0 138,0 150,0 124,0 1404,8
1930 174,5 123,5 225,5 225,0 145,0 56,0 16,0 127,5 180,0 204,0 79,0 37,5 1593,5
1931 126,0 65,0 151,0 165,0 70,1 31,3 16,2 75,1 95,1 107,0 80,0 129,1 1110,9
1932 88,0 173,1 280,3 162,5 116,1 36,2 34,9 17,7 242,5 148,1 90,7 147,1 1537,2
1933 92,0 163,6 91,2 57,9 80,5 18,0 40,8 75,0 96,6 149,1 107,0 104,3 1076,0
1934 31,2 101,5 158,1 219,7 74,6 26,6 8,7 89,1 88,8 237,2 191,2 104,4 1331,1
1935 58,2 142,3 204,2 110,1 85,5 141,8 0,4 33,2 121,8 91,7 97,9 113,5 1200,6
1936 160,6 142,8 162,3 135,4 103,9 69,6 47,6 19,8 57,6 105,9 72,3 115,9 1193 ■
1937 88,4 112,3 138,6 138,0 177,4 38,8 13,1 18,7 93,0 70,3 183,0 117,6 11 ,2

Moyenne. 100,1 120,3 169,3 170,2 118,7 53,6 25,8 61,8 114,6 139,7 115,5 113,6 1303,2

Costermansville.

1928 126,7 98,4 90,2 134,5 93,0 5,5 3,9 4,9 128,3 89,4 92,9 160,2 1027,9
*
1929
1930
1931 228,0 105,7 202,1 218,3 37,6 3,2 12,5 42,6 106,0 123,8 103,5 149,5 1332,8
1932 148,0 126,5 147,5 169'; 0 86,5 62,0 16,5 1,0 159,0 189,5 172,0 140,0 1417,5
1933 134,0 182,0 102,5 56,5 70,0 3,5 22,5 120,0 79,5 69,0 90,0 116,5 1046,0
1934 100,0 116,0 90,5 235,5 101,0 18,0 0,0 11,0 54,5 224,0 168,5 126,0 1245,0
1935 50,8 154,1 202,0 123,7 124,0 63,5 0,0 13,5 50,2 146,7 204,5 201,4 1334,4
1936 191,0 152,8 127,3 218,7 18,8 65,3 28,5 0,0 96,0 114,6 146,8 147,6 1307,4
1937 117,7 200,1 184,9 151,8 197,7 32,3 27,2 2,5 200,0 196,7 148,8 222,0 1681,7

Moyenne. 137,0 141,9 140,9 163,5 103,6 31,7 13,9 24,4 109,3 145,5 140,9 157,6 1310,2
Les données de ces tableaiix peuvent se résumer comme
snit :
Répartition des pluies dans l’année (moyenne sur 10 ans).

Lubengera Kisenyi Nyundo Gostermansville Moyenne

Janvier 98,6 68,6 100,1 137,0 101,1


Février 108,3 104,6 120,3 141,9 118,5
Mars 153,5 134,7 169,3 140,9 149,6
Avril 168,2 146,9 170,2 163,5 162,2
Mai 110,5 112,4 118,7 103,6 113,3
Juin 43,3 90,3 53,6 31,7 54,7
Juillet 20,5 28,4 25,8 13,9 22,1
Aoüt 35,9 56,4 61,8 24,4 44,6
Septembre 97,8 119,1 114,6 109,3 110,2
Octobre 126,9 133,6 139,7 145,5 136,2
Novembre 99,8 116,7 115,5 140,9 118,2
Décembre 107,6 106,1 113,6 157,6 121,7

Total 1172,9 1217,8 1303,2 1310,2 1250,4

Le régime pluviométrique est analogue a celui du bassin 239


du Tanganika (E. D e v r o e y , Le Problème de la Lukuga,
pp. 78-83); cependant, les précipitations sont plus impor-
tantes et la saison sèche moins marquée.

Variations de l’mtensité des pluies au cours de la période 1936-1937.

Lubengera Kisenyi Nyundo Costermansville Moyenne

1931 1091,2 971,0 1110,9 1332,8 1126,7


1932 1392,6 1187,4 1537,2 1517,5 1383,9
1933 867,2 801,4 1076,0 1046,0 947,9
1934 1285,4 1205.3 1331,1 1245,0 1266,9
1935 1966,9 1179,4 1200,6 1334,4 1170,7
1936 1295,9 1501,1 1193,7 1307,4 1324,8
1937 1656,9 1550,2 1189,2 1681,7 1619,7
Moyenne 1222,1 1057,8 1091,1 1337,7 1248,6
Ici encore, l’analogie avec Ie bassin du ïanganika est
frappante : 1933 est une année de faible précipitation;
1932 et 1936, des années de fortes précipitations (op. cit.,
p. 84). L’année 1937 est absolument exceptionnelle; nous
verrons plus loin (n° 241) la répercussion exercée par ces
forles pluies sur Ie niveau du lac.
Remarquons ici que les moyennes que nous calculons
sur 4 OU 10 stations ne donnent pas nécessairement la pré­
cipitation moyenne sur Ie bassin. Nous estimons cependant
qu’elles ne s’en éloignent guère et ce pour les raisons
suivantes ;
Sur Ie lac, on peut admettre que la précipitation
est la même que dans les stations situées en bordure
(Goma, Bobandana, Katana, Costermansville, Kisenyi),
soit 1.280 mm. environ, ce qui correspond sensiblement
aux moyennes trouvées;
Sur Ie versant Ruanda, les précipitations sont un peu
inférieures, de l’ordre de 1.200 mm.;
Sur Ie versant Kivu, elles sont supérieures aux moyen­
nes que Ton peut calculer, car elles croissent avec l’alti-
tude, et nous ne disposons guère de stations élevées; la
moyenne pour ce versant doit être de l’ordre de 1.500 è
1.600 mm., mais cette partie du bassin d’alimentation est
moins étendue que Ie versant Ruanda.
Finalement, la précipilation moyenne dans Ie bassin
du Kivu doit être de l’ordre de 1.300 mm. par an.

240 Régime du lac.

La figure 33 donne Ie graphique des variations de


niveau du lac de 1934 è 1939.
II apparait immédiatement qu’en année normale (1934
a 1936) les varialions de niveau sont faibles : l’amplitude
totale pour la période triënnale 1" janvier 1936-31 décem-
bre 1938 n’est que de 38 cm.
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FiG. 33. — Diagramme limnimétrique de l ’échelle d’étiage


de Costermansville.

Fic. 34. — Corrélation entre les pluies et les variations de niveau


du lac Kivu.
L’amiplitude des variations saisonriières n’est donc que
la moitié de eelle enreg-istrée au Tanganika. ( D e v r o e y ,
Le Problème..., p. 51.)
Par contre, quelques mois de pliiies exeeptionnellement
inteiises suffisent a relever fortement le niveau du lac.
On a, en effet, enregistré pour la crue du 1" octobre au
1" juin :
en 1934-35. 26 cm.; en 1936-37. 90 cm.;
en 1935-36. 33 cm.; en 1937-38. 10 cm.

Les diagrammes de la figure 34 montrent la corrélation


entre l’intcnsité des pluies et les variations de niveau du
lac. Pour représenter le régime moyen des pluies, nous
avons fait usage des précipitations enregistrées a Nyundo,
qui s’écartent peu des moyennes.
On constate que, en 1937, on a observé de fortes pluies
en mai, alors qu’en général ce mois marqué déjè une
régression dans l’intensité des précipitations.
Pour les quatre stations de Lubengera, Kisenyi, Nyundo
et Costermansville, les moyennes s’établissent comme suit:
Mars. .\vrü. Mai.

Année moyenne 149,6 162,2 113,3


1937 . . . . 175,9 197,1 231,7

Ces fortes pluies d’avril et mai, survenant alors que le


sol est saturé, devaient provoquer une hausse exception-
nelle du niveau du lac.

242 Le débit de la Ruzizi (fig. 35) a été jaugé le 24 aoüt 1938


par l’un de nous, au moyen de flotteurs de surface. Le
débit trouvé, en adoptant pour la vitesse moyenne sur
une verticale 85% de la vilessc de surface, fut de85in*/sec.,
la lecturc k l’écbelle de Costermansville (Dendere) étant
de 0"'75.
En année normale, les eaux du lac se tiennent aux envi-
rons du niveau de 0"'50; la profondeur moyenne dans la
( P h o t o D c v r o e u , IS a o A t 1 9 3 6 .)

riG . 35. — Shaiigugu. — La Huzizi a sa sortie du lac KLvu.

( Ph o t o Devrooy, IC neijteiiihre 1936.)

Lio. 30, — (ioma. — [.’lldtel des Volcaiis,


Ruzizi, a la station de jaugeage (pont de la route Coster-
mansville-Shangugii), est alors de 1"'60 au lieu de 1”85,
et l’on peut estimer Ie débit moyen de l’exutoire 73,5
m®/sec. environ.

Le bilan hydrographique du bassin d’alimentation du 243


lac Kivu peut s’établir comme snit :
La précipitation moyenne est de 1.300 mm. par an, soit
41,2 litres par km^ et par seconde en moyenne. Sur l’en-
semble dn bassin de 7.300 km^, les apports se chiffrent
donc a quelque 300 m^/sec.
Le débit moyen de l’exutoire étant de 73,5 m®/sec. en
année normale, le coëfficiënt d’écoulement de l’ensemble
du bassin est de 73.5 : 300 = 0,245.
M. Scaëtta admet (Le Climat écologiqae..., p. 203) que
la station de Tshibinda représente, au point de vue de
l’évaporation, une moyenne pour toute la région occiden­
tale de la dorsale Congo-Nil. L’évaporomètre y enregistre
une évaporation totale moyenne de 2.150 mm. par an.
Les apports sur la surf ace étant de 1.300 mm., le lac
perdrait annuellement 850 mm., correspondant, pour les
2.300 km^ de la nappe d’eau, ^ une perte de 62 m®/sec.
en moyenne.
Dans ces conditions, le bilan pour la partie terrestre du
bassin serait :
Apports par les pluies : 41,2x5.000= . . . . 206,0 mVsec.
Pertes par évaporation sur le lac . 62,0 mVsec.
Pertes par la R u z i z i ................... 73,5 m^/sec.
Apports au l a c .............................
........................ ........................ 135,5 m’/sec.
él le coëfficiënt de ruissellement pour la partie terrestre du
bassin sera ; 135,0 : 206 = 65,5 %.

Ge coëfficiënt est certes élevé, mais nous sommes en


pays de montagnes a pentes abruptes et relativement peu
boisées (n° 217).
/
244 Température et compoeitfon ohimique de l’eau.

M. Scaëta {Le Climat écologique..., p. 114) a mesuré h


diverses reprises la température des eaux superficielles du
lac. Au cours d’une journée sereine, cette température
varie, aussi bien a proximité des rives qu’au large, entre
18“5 et 23°; la température moyenne, qui change peu au
cours de l’année, est plus élevée que l’isotherme des rives
(21“3). M. Scaëta attribue ce fait a la radiation solaire trés
intense, a la position du lac au fond d’un bassin entouré
de hautes montagnes et, accessoirement, aux apports des
sources d’eau chaude.
M. Damas, qui, comme nous l’avons dit (n° 212), s’est
livré en 1935-1936 a des recherches hydrobiologiques trés
complètes sur le lac Kivu, a procédé également a de nom-
breuses mesures de température que l’on peut résumer
comme suit ;
Les températures de surface observées en avril et sep-
tembre 1935 et en février 1936, sont comprises entre 23°
et 25°1. Les différences sont moins fortes que celles signa-
lées par M. Scaëtta.
La variation de température en surface au cours de la
journée dépend de l’état du ciel : par une journée enso-
leillée, il a été observé un écart de 2°7 (minimum 23°4 a
7 heures, maximum 26°1 a 13 heures, suivi d’une diminu-
tion lente); par temps pluvieux, la variation n’est que
de 1°.
Depuis la surface jusqu’a 70 m. de profondeur, la tem­
pérature décroit; cette zone supérieure se divise en deux
autres : une couche superficielle (épilimnion), de 25 m.
d’épaisseur environ, dont la température varie avec les
saisons, et une couche superficielle (hypolimnion), dont la
température pendant l’année 1935-1936 est restée fixe a
22°3, soit 1° de plus que la température atmosphérique
moyenne; aux environs de 25 m., les courbes donnant la
tempéralure en fonction de la profondeur présenten! donc
une partie fortement inclinée (thermicline) plus ou moins
accusée selon les saisons : tres sensible en saison des pluies
(1°), elle s’estompe en saison sèche, Chaque nuit, la tem-
pérature des eaux de siirface tombe au-dessous de celle
de riiypolimnion, d’oü im brassage journalier de la
zone supérieure de 70 m., assurant rhoinogénéisation de
cette zone.
Quand on dépasse 70 m, de profondeur, la température
croit de 1 a 3“ a mesure que l’on descend; les eaux du lac
Kivu comprennent donc deux zones bien distinctes : la
supérieure, de 70 m. d’épaisseur, qui présente tous les
caractères habituels d’un lac; l’inférieurc, qui, quoique de
température plus élevée, ne se mélange pas avec la pre­
mière, en raison de sa plus forte densité attribuable a une
concentration saline plus grande ; 2,8 gr./litre a 275 m.,
contre 1 gr./litre en surface.
D’une fagon générale, l’eau du lac Kivu est fortement
minéralisée et les indigènes lui donnent un nom spécial
(mashinzi) pour la distinguer de l’eau de rivière ordinaire,
OU eau douce {maruba).
La transparence de l’eau est plus grande en saison
des pluies (période de stratification) qu’en saison sèche
(période de circulation).
La couche inférieure (au-dessous de 05 m.) est absolu-
ment dépourvue d’oxygène; dans la couche superficielle,
la teneur en oxygène décroit a mesure que la tempéra­
ture diminue.
La stagnation des eaux profondes du lac Kivu cause sa
pauvreté comparativement au lac Edouard, oü l’abon-
dance de la vie animale doit être attribuée au brassage
des eaux jusqu’au fond (117 m.); en effet, les déchets et
dépouilles d’animaux, les débris végétaux qui s’accumu-
lent fatalement dans les couches profondes des lacs sont
définitivement perdus si Ie brassage n’atteint pas Ie voi-
sinage du fond et la stagnation permanente des couches
profondes du lac Kivu appauvrit donc progressivement
en substances 'organiques les couches superficielles, seules
productrices.
300 LA NAVIGATION SUR LE LAC.

301 Au début de la guerre, les Beiges ne disposaient sur Ie


lac Kivu, en dehors des embarcations indigènes, que de
deux baleinières respectivemeiit de 10 et 3 tonnes, qui
servaient au transport des approvisionnements entre les
postes riverains (fig. 38).
De leur cóté, les Allemands possédaient un petit voilier
a coque métallique mimi d’un moteur auxiliaire, qu’ils
avaient armé d’une mitrailleuse et d’un petit canon de
3,7 cm. et au moyen duquel ils surprirent, Ie 10 septem-
bre 1914, la grande baleinière beige dans Ie Nord du lac.
Ils la capturèrent ainsi que les deux Européens qui se
trouvaient a bord.
Cette supériorité de moyens allait permettre au capi-
taine Wintgens, commandant militaire du Ruanda, de
réussir, Ie 24 septembre 1914, un coup de main qui devait
Ie rendre maitre de l’ile Kvvidjwi. {Les Campagnes colo-
niales beiges, I, pp. 160-165).
Mais en prévision de l’offensive qu’il avait décidée pour
1916 contre l’Est Africain Allemand, Ie gouvernement
beige concentra sur place un important matériel et notam-
ment une flotille du lac Kivu comprenant;
a) Le Tshiloango, canot automobile de 7 m., prélevé,
ainsi qu’un ponton de 6 tonnes de charge utile, sur la
flotte du fleuve Congo, et qui fut amené en pièces déta-
chées par porteurs, via Kirundu et Walikale;
b) La canonnière Paal Renkin, commandée en France :
14 m. de long sur 2“70 de large, ^ deux hélices actionnées
par deux moteurs de 40 CV lui assurant une vitesse de
14 noeuds. Les pièces constitutives, dont la plus lourde
pesait 230 kg., arrivèrent le 13 janvier 1916 Bukakata,
(P h o to CoUcction S ection llis to riq u e du Musée du Congo helge ii T crvuereu.)

F ig. 37. — La route des caravaiies du T aug a n ik a au Kivu, eu 1903.

(P h o to Collection Section Uistoriqua du Mugée du Congo beige a T ervuereu.)

Fiü. 38. - Uiie eruljarcatioii a voile sui’ Ie lac Kivu, en 1903.


sur Ie lac Victoria, d’oü racheminement se poursuivit par
chariots a boeufs, puis par porteurs au nombre de 800,
via Kabale, Rutshuru, Kibati et Sake. Le lancement eut lieu
a Sake le 16 mars 1916.
c) ün ponton, Paul Costermans, et une baleinière, Lieu-
tenant Eloy.
La canonnière Paul Renkin perniit de reprendre l’ile
Kwidjwi (11 avril 1916) et contribua aux opérations de la
prise de Shangugu par le groupement Muller (17-19 avril
1916). (Les Campagnes..., II, pp. 77 et 149).
Au début de 1918 furent amenécs, d’autre part, a Shan­
gugu, deux baleinières a moteur, de 20 tonnes, qui furent
baptisées respcctivement Baron de l’Epine et Vicomte de
Beughem, du nom de deux officiers beiges tombés au
champ d’honneur au Congo (*). Ces deux baleinières
furent transportées démontées, par la rive gauchc de la
Ruzizi, par une caravane de 350 porteurs sous les ordres
du commandant Goor. (Voir n® 305.)
Telle fut l’amorce de la flotille du lac Kivu. Quant au
premier vapeur qui y prit du service, ce fut le s/s Kibati,
petit canot de 36 CV pris aux Allemands sur le Tanganika
pendant la guerre, et transporté tout d’une pièce par la
route d’Uvira a Rukavu.
II remorquait soit en flèche, soit a couple, suivant l’état
du lac, une baleinière pour le bois de chauffage et une
petite barge métallique pontée, surmontée d’un rudiment
de toit et abritant « la cabine » des passagers, celle du
capitaine étant aménagée (?) sur le Kibati même.

L’exploitation, assurée primitivement par TAdministra- 302


tion, fut reprise par le Comité National du Kivu lors de la
création de eet organisme.

(») Les sous-lieutenants baron de l’Ëpine et vicomle de tieughem de


Houlhem sont morts, frappés tous deux d’une balie è. la tête, respecti-
vement aux combats de Kisenyi (4 octobre 1914) et de Kato (3 julllet 1916).
Mais l’état du rnatériel laissait tellement a désirer que,
lors d’ime visite de l’inspecteur de la Navigation, ce fonc-
tionnaire prescrivit la mise ci la chaine du Kibati.
Entretemps avait été commandé en 1928, aux chantiers
Cockerill a Hoboken, un nouveau bateau qui devait s’ap-
peler d’abord Ie Kivu, ainsi qu’en témoignent la vaiselle
et Targenterie de bord, mais que l’on baptisa du nom de
Général Tombeur, pour honorer Ie vainqueur de Tabora.
La première tóle fut placée en décembre 1930 et Ie s/s
Général Tombeur effectua son premier voyage Ie 5 décem­
bre 1931. Ses caractéristiques sont les suivantes (fig. 46) :
déplacement ; 463 t.; chargement : 100 t.; longueur entre
perpendiculaires : 38 m.; creux : 2™70; 2 chaudières de
40 m® de surface de cliauffe; machine a vapeur verticale
de 175 C.V.; vitesse : 16 km ./h. avec 3 barges de 100 t. en
remorque; projecteur de 3000 bougies d’une portee de
5 km. Équipage de 2 Européens et 40 noirs.
Trois barges de 100 t. furent livrées a la même époque.
Depuis juillet 1932 et conformément a la politique
d’allègement des charges d’ordre social et d’intérèt public
pratiquée a l’égard du C.N.Ki (n“ 137), Ie service de la
marine du Kivu a été confié par l’État a la Société des
Chemins de Eer au Kivu (Gefaki). La remise définitive de
la flotille s’est faite Ie 1®’ mai 1933.
Cet organisme n ’ayant pas de « domaine )>, n’a pas a
supporter les charges de souveraineté qu’assumait Ie
C.N.Ki. 11 en est ainsi de la réalisation des accostages qui
incombe a la Colonie; cependant, l’exploitation de ces
ouvrages est assurée par Cefaki (n® 509).
En vertu du cahier des charges annexé a la convention
du !*'■ mars 1930 (Bulletin officiel, p. 325), la Société peut
(art. 15) percevoir pour les opérations de manutention et
d’emmagasinage des marchandises des frais accessoires,
seloii un tarif a soumettre ik Tapprobation du chef de
province. En fait, il n’est pas pergu de taxe de manuten-
tion et Ie magasinage dans les ports est régi par Ie règle-
ment général du transporteur.
Des magasins en tóle, de 5 x 15 m., ont été édifiés par
Cefaki è Costermansville, Goma et Sake.
Le Cefaki assure, ^ l’aide du s/s Général Tornbeur, un
service hebdomadaire sur le lac entre Costermansville et
Goma. Le voyage d’aller a lieu en desservant alternative-
ment la cóte Ouest (via Kakondo-Kalibu) et la cóte Est
(via Kibuye). Le voyage de retour s’effectue, selon les
opportunités, soit via Kakondo, soit via Kirambo, A
chaque voyage hebdomadaire, le bateau accomplit, pour
desservir le Nord du lac, un circuit Goma-Sake-Boban-
dana-Goma; il dessert occasionnellement les postes du
Nord-Ouest du lac : Ngumba, Tshea et Makelele.
L’évacuation sur Costermansville des briques de Kiram­
bo est assurée par les unités accessoires de la flottille de
Cefaki (bateaux a moteur et barges).

Le Gouvernement de la Colonie a construit en matériaux 303


définitifs les accostages de Costermansville et Goma
n°" 424 et 434); la Société Auxiliaire Agricole du Kivu
(Saak) a réalisé a ses frais un quai en palplanches k
Kakondo. Les autres accostages sont sommairement amé-
nagés (mur en pierres sèches ou encoffrements en bois
retcnant un remblai), soit par le Gouvernement (Kalehe,
Sake, Kibuye, Kisenyi), soit par les colons intéressés
(xMakelele, Bobandana).
Nulle part il n’est per^:u de taxe d’accostage.

Le trafic a l’exportation sur le lac est de 4.000 a 4.500 304


tonnes annuellement, soit 600 tonnes mensuellement en
juillet et aoüt, et 300 a 350 tonnes pour les autres mois.
Tont ce trafic est dirif^é vers Costermansville et comprend :
de G o m a .................................. 2.000 è. 2.500 tonnes;
de S a k e .................................. l.orio 1.200 tonnes;
de K i b u y e ............................. 400 tonnes;
de Kakondo ........................ 250 tonnes;
de B ob an d an a........................ 150 tonnes;
de M akelele............................. 100 tonnes;
de Kalehe ............................. 100 tonnes.

A rimportation, Ie trafic s’élève a 1.500 tonnes environ,


se décomposant comme snit ;
a Goma 900 tonnes, dont 400 d’essence;
ó, Sake , 500 tonnes;
divers 100 tonnes.

305 La navigation se localise sur quelques routes suivies par


routine; il n’a, en effet, jamais été procédé a un véritable
levé hydrographique du lac Kivu.
Tout ce que l’on sait de positif au sujet des mouillages,
c’est que Ie commandant Goor, actuellement conseiller
nautique a l’Administration de la Marine beige (^), a par-
couru en 1918 les principales routes de navigation du lac
sur Ie petit bateau a moteur Paul Renkin et qu’il donna
environ 2.500 coups de sonde avec une ligne de 10 m. de
longueur. Les obstacles rencontrés ont été notés, de même
que les écueils particuliers observés a proximité de cer-
tains accostages. Ces renseignements ont été reportés sur

(1) Au début de la guerre, Ie lieutenant de Marine Goor se trouvait en


mlssion d’étude pour la pêche au lac Moero, pour compte de l’oeuvre
royale de VIbis. II offrit immédiatement ses services au Commandant en
Chef, qui lui confia Ie coramandement des unités navales du Tanganika.
Le capitaine-commandant Goor pf^rticipa a de nombreuses opéralions sur
Ie lac Tanganika. Citons notamment, le 26 décembre 1915, la capture du
Kingani, qui devint le Fiji. Par après, et battant pavillon anglais sous
les ordres du commandant Goor, cette unité détruisit, après un combat
de 7 heures, la canonnière allemande von Wissmann.
N. B. — La figure a été agrandie dans Ie rapport de 10,3 è. 8,5.
une carte au 1/1.000.000, sur laquelle figurent, outre Ie
tracé des rives d’après la carte au 1/200.000 de la Commis-
sion de Délimitation, les principales routes suivies par les
navigateurs et une série de cartouches donnant les plans
d’atterrages, avec sondages : rade de Kasenyi, baies de
Goma, Mushao, Katana, Bukavu et Shangugu, anse de
Nandegeza (ile Kwidjwi). Une reproduction de cette carte,
devenue presque introuvable, è l’échelle de 1/500.000, a
été publiée par Ie Service des Voies navigables en 1938.
La figure 39 en constitue une réduction.
En fait, ce n’est la qu’un levé de reconnaissance et nous
avons déj^ eu l’occasion de montrer ( D e v r o e y , Note sur
les Etudes hydrographiques..., p. 289) que, quand on a
affaire a des fonds rocheux, seule la méthode de chalutage
inspirée des «< dragues hydrographiques » frangaises per-
met d’affirmer qu’une route de navigation présente de la
sécurité sur une largeur donnée. Elle consiste a promener,
sur toute l’étendue de la passé, un cable horizontal ou un
rail, maintenu a telle profondeur désirée, qui s’accrochera
sur les obstacles rencontrés. Au surplus, Ie fait que l’on
suit depuis longtemps sans incident une route ne prouve
pas du tout qu’elle est süre. Le danger croitra même k
mesure que le développement de la colonisation conduira
è utiliser de nouveaux accostages et a emprunter de nou-
velles routes, après reconnaissances sommaires. Pour ces
raisons, une étude hydrographique du lac s’impose, com-
prenant rétablissement d’un réseau de triangulation, des
sondages de reconnaissance générale et des levés détaillés
avec chalutage des routes et des parties de rive susceptibles
de fournir des mouillages. La réalisation d’un tel pro-
gramme nécessiterait l’envoi d’une brigade d’études pen­
dant deux ans.

306 Nous avons vu, au n“ 232, que les tornades sont fré-
quentes sur le lac Kivu; elles ont fait heaucoup de victimes
parmi les indigènes en pirogues, mais on connait aussi
des Européens qui ont péri de cette fagon. Ces tornades
se lèvent avec une soudaineté inouïe, dont voici un exeni-
ple cité pai' M. Damas (Recherches..., p. 21) :
<( Le 7 noveiiibre 1936 (il faut sans doute lire 7 novem-
bre 1935), a 12 h. 30, nous exécutions un sondage a uiie
dizaine de kilomètres au Nord de l’ile Idjwi. L’opération
débuta par un calme plat. Au moment oü le plomb toucha
le fond, le vent s’éleva de S.-S.-E. et quelques petites
vagues se dressèrent. La relève se termina en pleine tem-
pête. La station n’avait duré que 14 minutes, durant les-
quelles le lac passa de l’immobilité parfaite a Textrême
agitation... »
Lorsque le lac est démonté, les autochtones disent qu’il
« bout » (tshamuka).

Les Européens voyagent ordinairement la nuit dans la 307


partie septentrionale du lac, oü les tornades sont les plus
dangereuses, a cause de réloignemenl et de la rareté des
abris naturels. Afin de permettre au s/s Général Tombeur
de poursuivre ceite navigation nocturne jusque Kalehe et
Kakondo, il y aurait lieu d’installer trois feux dont les
emplacements sont portés sur la figure 39, Peut-être, si le
trafic se développe sur la rive Est (Ruanda), deux ou trois
feux seront-ils également nécessaires de ce cóté pour per­
mettre de gagner Kibuye et Kirambo. Ces feux ne doivent
pas être trés puissants, car la plus grande distance a par-
courir au compas n’est que de 25 km. et, dans ces condi-
tions, on est assuré de « trouver » un feu ayant une portée
de 2 OU 3 km. Au Sud de la ligne Kirambo-Kakondo,
l’installation de feux ne présente pas d’intérêt, la multi-
plicité des iles rendant la navigation de nuit impossible,
sauf par temps trés clair, et encore, dans ce cas, les feux
seraient sans utilité dans ces chenaux étroits.
400 LES PORTS ET ACCOSTAGES.

410 Généralités.

411 Seuls les accostages de Goma, Sake et Kibuye ont un


hinterland de quelque importance : territoires de Masisi
et de Rutshurn et partie Nord-Ouest du Ruanda. A ce titre,
la réalisation d’accostages par Ie Gouvernement se justifie.
Les autres postes n’ont a faire face qu’a un trafic purement
local et il s’indique donc que les installations portuaires
soient aménagées par les intéressés. Tel est effeclivement
Ie cas, sauf a Kalehe, et il peut paraitre paradoxal que Ie
Gouvernement intervienne précisément dans Taménage-
ment de ce poste oü Ie Irafic est Ie moins important de tont
Ie lac, mais cette intervention trouve son origine dans Ie
défaut d’entente des colons intéressés. Kakondo et Make­
lde ne desservent chacun qu’un producteiir et Bobandana
a été aménagé par les soins de la Mission.

420 Le port de Costermansville.

421 Le choix d’un emplacement pour le port a construire


au Sud du lac est lié a la délermination du point d’abou-
lissement du chemin de fer qui reliera ce lac au Tanga-
nika.
Comme nous l’exposerons au n° 507, le Ministro des
Golonies fit part au Cefaki, en juillet 1932, de sa décision
de retenir Gostermansville comme point d’aboutissement
éventuel du chemin de fer. En attendant l’achèvement de
celui-ci, le trafic entre Kamaniola et Costermausville est
assuré par route.
On a souvent coniparé la topographie du chef-lieu du 422
Kivu a une inain. En voici une belle descriplion extraile
du livre de M. Ph. Dutron {Kivu, Teire promise, pp. 9-10);
Posez votre main droite sur la table : c’est la ville européenne;
cinq doigts, cinq presqu’iles.
Le pouce déformé s’appelle la « Botte « (Nya Moma en indi-
gène); l’index, Dendere; le majeur, Nyo-Fu; l ’annulaire, Nya-
Lukemba; l’auriculaire, Nguba.
Le dos de la main est un plateau vallonné. Le pouce est
séparé des quartiers asiatique et indigène par la vallée de la
Kawa, se jetant dans le iac Kivu.
Entre le petit doigt et les terres voisines du Ruanda-Urundi
coule la Ruzizi.
Au poignet, la main est presque tranchée par le rapproche-
ment de ces deux vallées abruptes. De eet isthme s’élancent les
routes d’Uvira et. de Ngweshe.
De la pointe de la « Botte » a l’extrémité de la presqu’ile de
Nguba, la distance est d’environ 7 km. Les services du Gouver­
nement sont sur le pouce; la Force publique sur l’index; le
C. N. Ki. occupe plus spécialement le majeur; l’annulaire appar-
tient a un particulier, M. Dierekx, et l’auriculaire è, une société
immobilière, le Crédit Foncier Africain.

Les trois baies de Bukavu ou de Kawa, de Dendere et 423


de Nyo-Fu (fig. 40) peuvent être envisagées pour la réali-
sation d’un port.
La baie de Dendere, bien protégée, abrite actuellement
les installations de transit du lac Kivu. Elle fut longtemps
considérée comtne le seul point d’aboutissement possible
du rail a Gosterinansville. Suffisante pour un trafic réduit,
elle se prête mal, en raison de son exiguïté et de la forto
déclivité du terrain environnant, au développement des
installations de la Marine el du chemin de fer.
Les ateliers de Cefaki, la gare de réception et de triage
devraient, dans ce cas, être reportés a 1,5 km. en amont,
sui- le plateau de la ville, tandis que les ateliers de la
marine seraient eux-mêmes établis en un troisième empla-
cement en bordure du lac, II est inutile de souligner les
inconvénients d’une telle dispersion des services pour Ia
surveillance, rutilisation du personnel et Ie rendement des
installations.
La baie de Bukavu, dans laquelle se jette la rivière
Kawa, se présente au contraire tres favorablement pour la
concentration des moyens d’exploitation tant de la marine
que du chemin de fer. Elle possède de bons dégagements
pour établir des ateliers, magasins de transit, entrepots
d’essence, etc. Le rail pourrait être poussé sans difficulté
jusqu’au chantier naval actuel.
La proximité du quartier industriel et commercial, ainsi
que de la cité indigène vaut a eet emplacement les pré-
férences de la Chambre de Commerce. C’est au surplus un
noeud naturel de Communications par route vers Uvira,
Ngweshe et Kalehe.
Au point de vue technique de la navigation, les atter-
rages en eet endroit sont les seuls présentant des mouil-
lages suffisants, II serait cependant nécessaire, avant d’éta-
blir les installations du port et du chemin de fer dans
l’estuaire de la Kawa, de se proléger contre les crues
toujours a craindre (canalisation a prévoir) et contre l’en-
vasement possible du delta par les apports argileux de la
rivière.
La baie de Nyo-Fu fut préconisée en 1932 par le direc­
teur du C.N.Ki., sans qu’il ait été donné suite a cette pro-
position. ^
Cependant, le eboix exact de remplacement définitif du
port ne pourra se faire qu’après études approfondies néces-
sitant la création d’une brigade technique.

424 En 1933, il était devenu urgent de remédicr a l’état de


vétusté dans lequel se trouvait Ic pier en bois construil
dans la baie de Dendere.
Après d’assez longues discussions, Ie point de vue du
Gouverneur général Tilkens fut admis, suivant lequel ;
1” On ne pouvait atlendre Ie résultat des études prévues
pour remédier au ma-uvais état dans Icquel se trouvait
l’ouvrage provisoire d’accostage;
2° La solution qui s’imposait était la construction
immédiate d’un ouvrage modeste è remplacement du
pier existant;
3" Compte tenu de ce que des fers a béton et de pou-
trelles Grey étaient disponibles a Uvira, il était plus écono-
mique de réaliser un ouvrage en fer et béton que de
reconstruirc un pier en bois.
L’ouvrage, étudié par l’ingénieur Dangotte, chef du
Service des Travaux publiés de la province, comprend un
platelage en béton entrc poutrelles Grey de 7”50 sur 15 m.,
supporté par deux files de pieux et par une murette a rive
(fig. 40). i
Les pieux en béton armé, de 30x30 cm., sont distants
de 3”75.
La construction de l’ouvrage fut entamée fin juillet
1934 et complétée par la réalisation d’un terre-plein sur
Icquel Cefaki édifia un magasin de 15 x 5 m. Les travaux
furent terminés en régie Ie 5 octobre 1934 et entrainèrent
une dépense de 60.409 francs.
Deux ducs d’Albe de protection avaient été battus au
Sud de l’appontement avant la construction de celui-ci;
l’un est renvcrsé et Ie second est dans un état de vétusté
tel qu’il doit être considéré comme incxistant. Ces deux
ducs d’Albe sont d’ailleurs devenus inutiles depuis qu’ont
été établies quatrc bittes d’amarrage, unc a chaque angle
de l’appontement et deux h la rive, a une trentaine de
mètres en arnonl et en aval de l’apponlement.
C
/V
<2

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(P h o to (louverneiiT iloeUcr,
Collection S ection Jli^torique du Muséa d u Cougo helge & TcrvxieTCu.j

l''iG. 42. — Costerinansville en 1928.


Port de Goma. 430

La construction d’un port aux environs de Kisenyi est 43i


motivée par la nécessité de desservir la cóte septentrionale
<
’du lac.
Le commandant de la marine Apel, consulté en janvier
1931 au sujet de remplacement d’un tel port, exprima
l’avis que, a partir de Kisenyi, en direction Ouest, les rives
du lac ne présentent jusqu’a Keshero aucun endroit
favorable a l’établissement d’un port naturel (fig. 43).
C’est pourquoi il préconisa le maintien de Keshero, oü
le C.N.Ki. avait d’ailleurs déja, depuis mars 1930, étudié
et réalisé un ouvrage provisoire comprenant un móle de
85 m. de longueur et de 2 m. de largeur en crête, un
quai de 15 m, de longueur, réalisé au moyen de bloes de
lave empilés plus ou moins régulièrement et retenus par
des rondins de 1 0 cm., et un terre-plein reliant ce quai è
la racine du móle et supportant un magasin en tóle.
Ces installations étaient réunies a Goma par une piste
automobile de 7,8 km. de longueur.

Les dépenses engagées par le Comité du Kivu se décom- 432


posent comme suit ;
E tu d es............................. fr. 50.600
P i s t e .................................. 635.129
P o r t....................................... 218.631

Total. .fr. 904.360

Mais les talus du móle, établis a 4/4, ne pouvaient résis-


ter a l’action de la lioule, et dès septembre 1931, des ébou-
lements commencèrent a se produire, et le musoir fut
emporté.
La construction d’un ouvrage définitif, com,pliquée par
la présence de nornbreuses roebes ou bancs immergés 5
faible profondeur et hérissant le pourtour de la baie, et
FiG. 43. — Port (Ie Keshero.
par rorientation du plan d’eau ouvert a des vents violents
et a l’accès des vagues, eüt été trop onéreuse eu égard au
trafic a assurer.

433 On réexamina la question de remplacement et la baie


de Goma, située a moins de deux kilomètres du poste, fut
reconnue comme offrant un meilleur abri naturel que
celle de Keshero. Elle est protégée des vents dominants
du Sud et du Sud-Est par Ie cap de l’Orteil (fig. 44). On
pouvait donc adosser a la rive orientée SW-NE un ouvrage
d’accostage ne devant pas être protégé par un móle
artificiel. Toutefois, eet emplacement présente l ’inconvé-
nient, signalé par Ie commandant Apel, lors de son pas­
sage au début de 1931, de ne pas se prêter a des extensions
en raison de l’exiguïté des terre-pleins réalisables.
Mais Ie trafic ne devant pas devenir trés important dans
im avenir immédiat, Goma fut néanmoins adopté lorsque
l’intervention du Gouvernement dans les dépenses d’éta-
blissement des ouvrages d’accostage fut décidée.

434 II fut convenu qu’on s’en tiendrait a un port modeste


(fig. 44 et 46). Celui-ci consiste en un ponton d’accostage
constitué de deux barges de 20 t. chacune, supportant un
platelage en bois de 7 m. de largeur dont l’extrémité
repose sur une culée en béton. A I’arrière du ponton, une
plate-forme de 10 x 80 m. fut aménagée, de même qu’une
route de 1.800 m. de longueur, taillée par endroits dans
la rive de lave (fig. 47).
Les travaux furent exécutés par la Compagnie Immo-
bilière du Nord du Kivu (Cimnoki), pour la route, et Ie
Cefaki, pour l’appontement.
Les crédits furent délégués télégraphiquement Ie 7 octo-
bre 1933 et la réception provisoire put être prononcée Ie
8 janvier 1934. La dépense atteignit 191.924 francs.

435 Cefaki, l’exploitant du port, se plaint de l’étroitesse de


la plate-forme, étouffée entre la rive et la paroi monta-
tfi
f'..
(P h o to G. F. de W itte, lash,
Collection I n ^ t i t u t y a t i o n a l des Parcs N a ti o n a u x d u Conyo hclgo.)

I-'iü. 45. — Le niont Gonia et Ie lac Kivii, a u foiicl, a gauclie.

(P ho to Devroey, 16 seiiiombre 19SG.)

l’iü. 40. — Le s/s General Toinheur et l'accostage tlottant de Uoina.


(CUrhé Cimiiolii. CoUection C. A'. Ki.)

I’IG. 47. — Gonia. — I.a route en corniche desservant Ie port.


F ig. 48. — Accostage de Kalehe.
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gneuse. II n’y aiu'ait inoycn de remédier a cette situation
qu’en modifiaiit complètemenl Ie dispositif adopté, car il
n’est pas possible de reporter l’accostage plus au large saus
sortir de la zone protégée par Ie cap de l’Orteil, et l’exten-
sion de la plate-forme vers l’arrière ne pourrait êtr& obte-
nue que moyennarit des déblais importants dans la lave.
Ces travaux ne se justifieraient d’ailleurs aucunement,
vu Ie trafic réduit de eet accostage. Les organes d’amar-
rage doivent cependant être complétés par l’installation,
comme a Costermansville (n° 424), de quatre bittes.
Ce petit travail est en cours.

Accostage de Kalehe. 440

Ce port est situé (fig. 48) au fond d’une baie ouverte au 444
Sud, donc dans la direction des vents dominants de Sud-
Sud-Ouest. L’ile Tshafu constitue ccipendant une protec-
tion naturelle. L’accostage lui-même est adossé a une par-
tie de rive orientée sensiblement N.-S. et protégée dans Ie
Sud par une avancée de rivage. II est constitué par un
appontement en remblai de 7 x 8 m., retenu par des
grumes disposées horizontalement derrière des rails decau-
ville battus et ancrés. L’ouvrage fait face aux besoins
immédiats, mais il est a craindre que lemouillagedevienne
insuffisant aux basses eaux, étant donné qu’on ne sonde
que 1“50 de profondeur pour une lecture de 0“75 a
l’échelle de Costermansville. Cet inconvénient n’est pas
tres grave, Ie fond étant conslitué de terre avec laquelle
Ie bateau peut sans danger venir en contact. Le trafic est
trés faible.
Accostage de Sake. 450

Sake se trouve a l’extrérnité Nord du golfe de Kabundo- 451


Kashanga (fig. 49), protégé contre les vents dominants par
la presqu’ile de Mbuzi. L’accostage lui-même est è l’abri
de la colline formant la rive Est de la baie de Coma.
Un accostage analogue è celui de Kalehe y avait' été
établi, mais il est actuellement en mauvais état et devra
être reconstruit (^).

Type d’ouvrage h adopter pour les accostages.

461 il iie peut être actuellement question d’aménager des


«ports )) coüteux sur les rives du lac Kivu. D’une part, Ie
trafic ne Ie justitie pas et ne Ie justifiera vraisemblable-
ment pas d’ici de nombreuses années; d’autre part, la mise
en valeur de la région n’en est qu’a ses débuts, sans que
les courants commerciaux puissent être considérés comme
suffisamment stabilisés pour motiver, dès a présent, des
immobilisations considérables. L’exemple de Keshero,
construit a grands frais (plus de 900.000 francs, voir
n" 432) et abandonné au profit de Goma, qui n’a pas coüté
200.000 francs (n° 434), doit inciter a la prudence.
Est-ce a dire qu’il faut ne rien changer et continuer tout
simplement a réfectionner ou plutót a reconstruire pério-
diquement de petits ouvrages tels que ceux de Kalehe et de
Sake Nullement, car ces reconstructions, outre qu’elles
finissent par coüter cher, apportent de la gêne aux manu-
tentions.

462 La solution doit être recherchée dans la réalisation d’ou-


vrages modestes comme a Costermansville et a Goma,
suffisants pour Ie trafic actuel et ne nécessitant pas un
gros entretien.
Le ponton (fig. 46) constitue, dans les conditions actuel-
les, la solution la plus indiquée, et ce pour les raisons
suivantes :
1° Les travaux a exécuter sur place se réduisent au

(1) L’accès du port de Gonia a été rendu inipraticable par le déver-


sement dans le lac des coulées de lave du volcan Nyainlagira, et l’on
craint la fermeture compléte du détroit de Kateruzi (n® 224). (.\jouté
pendant la correction des épreuves, 1®'' mal 1939.)
minimum : murette soutenant l’extrémité du platelage et
offrant une butée aux poussoirs maintenant Ie ponton
écarté du rivage;
2° Entretien simple se limitant au remplacement des
madriers de platelage pourris on cassés et, tous les trois
OU quatre ans, carénage du ponton;

3“ Si Ie trafic disparait, Ie ponton n’est pas perdu, car


on peut Ie déplacer ailleurs. Si, au contraire, Ie trafic
s’accroit considérablement, Ie ponton est récupérable lors
de la construction d’un ouvrage plus important;
4“ Les études préalables, pour lesquelles Ie personnel
fait en général défaut a la Golonie, peuvent être réduites
au minimum : la question des fondations ne se pose pas,
et si une erreur est commise dans Ie choix de remplace­
470
ment, elle est facilement réparable, car on peut toujours
déplacer Ie ponton a peu de frais. 471

Exploitation des ports.

Cornme nous l’avons signalé au n" 302, l’exploitation


des ports du Kivu est assurée par Cefaki, qui ne perQoit
cependant de ce chef aucune redevance spéciale.
En général, la Colonie autorise les concessionnaires
exploitants de percevoir des droits d’accostage, dont Ie
produit est destiné a assumer les charges d’entretien des
ouvrages concédés. Au Kivu, eet entretien est assuré aux
frais de l’Administration.
500 LE CHEMIN DE FER DU KIVU.
501 Nous ne citerons que pour mémoire l’idée émise en
1899 par deux Anglais, Grogan et Sharp, — les premiers
explorateurs ayant effectué la traversée de l’Afrique du
Sud au Nord, — de faire passer par la Ruzizi Ie fameux
cliemin de fer du Gap au Caire. Venant du lac Tanganika,
ils arrivèrent a Ishangi, sur Ie Kivu, en mai 1899, oü ils
firent visite au ly Kandt (D e \r o e y , Le Problème..., p. 78).
Dans la relation de leur voyage, ils préconisent un tracé
partant d’Usumbura, « le meilleur port au Nord du Tan­
ganika », d’oü pourrait être établi facilement un « chemin
de fer léger » empruntant sur 60 milles la rive gauche de
la basse Ruzizi.
De la, sur 30 milles, il faudrait racheter une différence
de niveau de 2.000 pieds pour arriver au lac Kivu, qui
devrait être atteint dans la baie située immédiatement a
rOnest dTshangi (vallée de la rivière ltshunya, sur nos
cartes actuelles). La vallée de la Ruzizi était abandonnée
au profit d’un affluent de gauche, la <( Kasilo », que Gro­
gan considère comme le déversoir primitif du lac Kivu
{From The Cape to Cairo, p. 321). Une des cartes accom-
pagnant le récit indique les endroits oü l’on pourrait se
procurer le bois de chauffage.
502 Nous avons vu que pendant la guerre le Kivu joua un
róle important pour la défense de notre Colonie (n® 125).
Des cette époque, M. Renkin, alors ministre des Colo-
nies, avait eu l’idée d’établir un cbemin de fer entre Uvira
et le lac Kivu. Mais il n’avait en vue qu’une simple voie
decauville suivant la ligne de faite entre la Ruzizi et
TUlindi. Des circonstances diverses retardèrent Texécution
de ce travail, si bien que la fin rapide et victorieuse des
hostilités en fit disparaitre la nécessité stratégique.
503 Lors de la création du Comité National du Kivu (n“’ 134-
135), le projet de cbemin de fcr fut repris dans l’acte
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( P h o t o D c v r o e y , 20 a o ü t 19SG.)

Fig. 50. — Route Uvira-Costenuansville. — Certains trongoas


sont a seiis uniijue et la signalisation est a la fois optique et sonore.

M #. , I

(P h o to Dovroey, 20 a o ü t 1936.)

F ig. 51. — I,a gare de Kamaniola,


terminus provisoire du clieiuiu de fer du Tauganika au Kivu.
constiliitif et une société congolaise a responsabilité limi-
tée vit Ie jour a Bruxelles, Ie 20 juin 1929, dont les statuts
re^Airent l’approbation par arrêté royal du 22 juillet de la
même année, et doiit l’objet était l’étude, la construction
et l’exploitation d’un chemin de fer destiné a relier Ie lac
Kivu au lae Tanganika. La société était eensée avoir satis-
fait a ses obligations, même si une partie de ce ehemin de
fer est eonstruite et exploitée par elle-même ou par des
tiers, en territoire du Ruanda-Urundi.
Le Capital initial était de 50 millions garantis a 6 % par
la Colonie; il est aetuellement de 120.827.000 franes avec
garantie de 4 %.
Dès les débuts de son activité, la société connut de nom- 504
breuses difficultés. Tout d’abord, l’écartement fut porté
de 60 cm. a 1“067, ce qui fera dire plus tard a un humo-
riste que, la surface de ee chemin de fer étant une cons­
tante, la longueur en devait fatalement être réduite pro-
portionnellement a l’augmentation de sa largeiir.
La Soeiété des Chemins de Fer du Kivu (Cefaki) éprouva
ensuite de gros déboires par suite de l’insuffisanee des
connaissanees du régime des cours d’eau dans la région
a traverser, et a diverses reprises, des eoups d’eau torren-
tiels mirent a mal les ehantiers de terrassements de la
plate-forme dans la plaine qui s’étale sur la rive droite de
la basse Ruzizi.
Néanmoins, le cours inférieur de cette rivière se pré­
sente dans des eonditions assez favorables pour l’établis-
sement d’un chemin de fer et, au prix de gros efforts, on
gagna finalement les 138”5 de différenee de niveau entre
le lac Tanganika (Kalundu, a 4 km. au Sud d’Uvira, a la
cote 776,5) et Kamaniola (cote 915), au kilomètre 93,5,
oü le rail arriva le 20 décembre 1931, avec des pentes
limites de 10 ®/oo compensées et des rayons de 200 m.
minimum,
Mais en amont de Kamaniola, la plaine se ferme brus- 505
quement par une miiraille de rocher, véritable falaise.
On apprit alors avec stupeur è la fois que les travaux
avaieiit englouti une dépense de 167 millions; que les per-
spectives de trafic s’étaient évanouies; qu’il n’existait
aiicune étude permettant de poursuivre la construction en
direction de Costermansville dans des conditions accepta-
bles, et qu’on envisageait l’airêt des travaux, pour se con-
tenter d’un transport automobile par une piste de monta-
gne a caractéristiques sévères, alors que dans la plaine Ie
chemin de fer serait doublé d’une route excellente qui lui
enlèverait toute clientèle.

506 On se mit néanmoins a l’étude et plusieurs tracés furent


proposés, tant a adhérence, que par crémaillère et même
par funiculaire.
II apparut que Ie tracé empruntant Ie territoire du
Ruanda-Orundi était techniquement préférable, mais
l’aspect politique de cette solution souleva de sérieuses
objections.
Ün seul tracé a adhérence, en rampe de 30 “/„o et tunnel
de 350 m., fut reconnu possible, empruntant la gorge de
la Ruzizi. Trois autres formules furent mises en parallèle :
tracé Congo beige, tracé Ruanda-Urundi et tracé mixte,
comprenant toutes trois une partie a crémaillère en rampe
de 75 a 80 “/oo et une partie a adhérence avec rampes de
25 °/oo compensées. Les longueurs totales des tracés en
présence s’échelonnent entre 140 km. pour Ie tracé Congo
beige a adhérence et un peu plus de 150 km. pour Ie tracé
Ruanda-Urundi aboutissant a Shangugu, avec raccorde-
ment jusqu’a la baie de Kawa. Les devis varient du simple
au triple, suivant qu’ils se rapporten! au tracé Ruanda-
Urundi a crémaillère (63 millions) ou h la ligne i\ adhé­
rence par les gorges de la Ruzizi (186 millions).

507 Nous avons vu (n° 421) qu’il a été admis depuis 1932
que Costermansville constituerait Ie point d’aboutissement
du rail. Le Ministre a d’ailleurs fait part ü Cefaki que la
tête de ligne serait placée a la baie de Kawa.
L’achcvemcnt du trongon Kamaniola-Costermansville
n’cst cependaiit pas envisagé a bref délai, et en attendant,
Ie trafie sur ce parcours est assuré par un sous-traitant qui
y affecte quelques camions.

Depuis la mise en service du cheinin de fer, les statis- 508


tiques du trafic ont été en augmentant, ainsi qu’il résulte
du tableau suivant (en tonnes) ;
Année. Montée. Descente. Total.

1932 . . . — — 3.082
1933 . . . 2.412 1.896 4.308
1934 . . . 3.235 3.125 3.360
1935 . . . 2.940 3.312 6.252
1936 . . . 3.939 4.525 8.464
1937 . . . 6.517 5.734 12.251
1938 . . . 6.816 7.571 14.387

Parmi les principaux produits d’exportation en 1938


figurent 3.395 t. de café contre 2.942 t. en 1937; 751 t. de
cassitérite contre 646 t.; 1.403 t. de coton contre 1.406 t.;
2.362 kg. d’ivoire contre 1.410 kg; 2.495 kg. d’essences de
plantes a parfum contre 1.076 kg.

La reprise de l’exploitation de la marine du lac Kivu, en 509


juillet 1932, par Cefaki (n“ 302) a permis a cette société
d’appliquer un tarif uniforme rail-route-eau et d’étendre
jusqu’au Nord du lac Ie service des connaissements
directs et des tarifs interréseaux institués depuis Anvers en
faveur de la voie nationale.
Les correspondances sont assurées a Goma avec Ie ser­
vice automobile du réseau qui est exploité par les Vici-
congo, mais pour compte de Cefaki sur Ie trongon Goma-
Alibongo, concédé effectivement a ce dernier transpor­
teur.
Pour la première fois au cours de Pexercice 1937, les
comptes d’exploitation de Cefaki se sont soldés en léger
boni.
ETUDES A ENVISAGER.

601 Ainsi qiie nous l’avons dit dans Ie paragraphe relatif au


service de la marine sur Ie lac Kivu (n“ 305), la naviga-
tion se localise sur quelques routes suivies par routine.
Mais Ie développement de la colonisation conduira certai-
nement a multiplier les accostages. Actuellement, avant
d’ouvrir un nouveau mouillage, on se borne a faire exé-
cuter quelques sondages sommaires par une unité auxi-
liaire de Cefaki.
Or, la flotille se limite pratiquement au s/s General
Tombeiir et une avarie grave a cette unité serait une véri-
table catastrophe pour les régions desservies. D’autre part,
il faut prévoir que les demandes de nouveaux accostages
deviendront de plus en plus nombreuses. En outre, avec Ie
système actuel, on se troiive trop souvent devant une situa­
tiën de fait : Ie colon étant installé, même sur une partie
de rive d’accès difficile, il faut néanmoins lui fournir un
moyen d’évacuer ses produits.

602 Pour toutes ces raisons, il nous parait qu’une étude


hydrographique d’ensemble du lac s’impose. Elle com-
prendrait l’exécution d’un réseau de triangulation appuyé
sur celui des missions cartographiques qui ont opéré dans
Ie Kivu, ainsi que des sondages et levés de détails des par-
ties de rives susceptibles de fournir des accostages, et Ie
chalutage des routes habituellement suivies.
Une telle étude nécessiterait la création d’une brigade
technique qui devrait fonctionner pendant deux ans, mais
il serait dès lors possible, après prospection systématique
des accostages, d’orienter les colons dans Ie choix de leurs
points d’évacuation.
Woluwe-Saint-Lambert, Ie 9 mars 1939.
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Numérotation
décimale. Page.

000 INTRODUCTION ...............................

100 Historique.................................... 7
110 Découverte et explorations... 7
120 Occupation du pays................ 11
130 Colonisation et Comité National du Kivu. 13

200 Conditions physiques........ 19


210 Description générale de la région 19
220 Formation géologique.......... 24
230 Climatologie............................. 28
240 Régime du l a c ........................ 40

300 La navigation sur Ie lac Kivu 46

400 Les ports et accostages ... 54


410 G énéralités....................... 54
420 Port de Costermansville 54
430 Port de G om a ................. 59
440 Accostage de Kalehe ... 65
450 Accostage de Sake......... 65
460 Type d’ouvrage è, adopter 66
470 Exploitation des ports... 67

500 Le chemin de fer du Kivu 68

600 Études d envisager ......... 72

700 Bibliographie........................ 73

SOMMAIRE............................... 76
TABLE
DES MÉMOIRES CONTENUS DANS LE TOMÉ T.

1. La force motrice pour les petites entreprises coloniales


(188 pages, 1935); par P. F ontainas.
2. Études sur Ie Gopal-Congo (Mémoire couronné au Concours
annuel de 1935) (64 pages, 7 figures, 1935); par L. H elunckx .

3. Le problème de la Lukuga, exutoire du lac Tanganika


1130 pages, 14 figures, 1 planche, 1938); par E. D evroey.
4. Les exploitations minières de haute montagne au Ruanda-
Urundi (59 pages, 31 figures, 1938); par P. F ontainas.
5. Installations sanitaires et épuration des eaux résiduaires au
Congo beige (56 pages, 13 figures, 3 planches, 1939); par
E. D evroey.
6. Le lac Kivu (76 pages, 51 figures, 1939); par E. D evroey et
R. V anderlinden.

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