Chapitre 15
Chapitre 15
Chapitre 15
- Devereux (1985) écrivait qu’un « phénomène humain qui n’est expliqué que d’une seule
manière n’est, pour ainsi dire, pas expliqué du tout et n’est donc pas pleinement
exploitable… et cela même et surtout si sa première explication le rend parfaitement
compréhensible, contrôlable et prévisible dans le cadre de référence qui lui appartient en
propre ».
- Cette approche est désignée comme intégrative3 parce qu’elle réunit l’ensemble des
informations pertinentes apportées par les autres approches de la psychopathologie,
informations qui permettent de formuler des réponses (partielles ou complètes) aux
questions que soulèvent, pour le chercheur et pour le praticien, les troubles mentaux.
- L’intégration proposée ici a comme objectif de réunir les contributions des différentes
approches, contributions obtenues dans des cadres théoriques différents, avec des
méthodes spécifiques à ces cadres théoriques, et ne vise pas une fusion des approches
pour créer un corpus théorique nouveau ou une méta-approche.
- Dans une perspective apportée par la théorie des systèmes, l’approche présentée dans ce
chapitre implique l’interaction des différentes données sur les troubles mentaux obtenues
grâce aux différentes autres approches utilisées qui, dans la production de connaissances,
gardent leur totale autonomie. Cela implique, aussi, le refus de toute hiérarchisation des
approches.
- L’approche utilisée dans ce chapitre est désignée, en même temps, comme holistique,
terme qui fait référence à une vision particulière de la personne humaine et de son
fonctionnement psychique.
Les critiques :
Conrad Lecomte (1987a, p. 31), connu pour ses travaux sur l’intégration des psychothérapies,
écrivait : « Le rêve d’une synthèse achevée semble presque conduire à une utopie ou à une
illusion narcissique de compréhension complète et parfaite de l’existence humaine. Les efforts
de synthèse récusant la dissidence risquent souvent d’aboutir à un syncrétisme nivelant sous des
atours trompeurs d’efficacité. »
Mise en garde :
Edgar Morin : distinguer, séparer, opposer les approches existantes, tout en les faisant
communiquer et en prenant soin de ne pas opérer des réductions.
Les précurseurs :
Dans leur étude sur l’unification de la psychologie, Sternberg et Grigorenko (2001) notent que
parmi les premiers à avoir de telles préoccupations se trouve, dès le début du XXe siècle,
Baldwin (1897/1906 ; 1902). Plus récemment, des propositions allant dans le sens de
l’unification ont été faites par des auteurs comme Bronfenbrenner (Bronfenbrenner, 1979 ;
Bronfenbrenner et Morris, 1998), Lerner (1998) ou Cairns (1998).
Les origines :
✓ Bergner (2004) propose d’articuler les explications fournies par les approches
behavioriste, cognitiviste, systémique, psychanalytique et biologique, en considérant la
pathologie comme une incapacité, une dysfonction qui se manifeste dans chacune des
approches psychologiques mentionnées.
Une perspective intégrative visant l’étiologie des troubles mentaux nous est proposée par Barlow
et Durand. Dans la dernière édition de leur ouvrage (2015), ils présentent des modèles intégratifs
plus sophistiqués de certains troubles. Ainsi, les troubles des conduites alimentaires, présentent
de nombreux facteurs causals communs :
L’approche intégrative, d’après cet exemple, vise, très souvent, une explication aussi complète
que possible au plan étiologique. Elle peut, aussi, avoir comme objectif la prédiction du risque
d’apparition des troubles et maladies et même aller plus loin et proposer un modèle intégré
d’intervention.
La perspective intégrative appliquée au sein d’une seule et même approche. Cicchetti (2000)
définissait la psychopathologie développementale comme un champ interdisciplinaire en
évolution qui cherche à élucider l’interaction entre les aspects biologiques, psychologiques et
socio-contextuels du développement normal et pathologique tout au long de la vie.
1.quelle est la spécificité du tableau clinique d’un trouble particulier et comment pouvons-nous
le différencier d’autres tableaux cliniques ?
- Les critères diagnostiques du TSA sont fixés par des normes élaborées par l’Association
américaine de psychiatrie, présentées dans le DSM-5, conçu comme le continuateur de
l’approche dite athéorique.
- Pour le dépistage, le diagnostic, le suivi et le diagnostic différentiel des personnes présentant
un TSA ont été élaborés des instruments dont la grande majorité vise le repérage des
signes/symptômes du TSA et s’inscrivent, ainsi, dans une perspective behavioriste.
- Une grille de repérage a, cependant, été conçue à partir de l’approche psychanalytique. - - -
L’approche éthologique a permis l’élaboration d’un éthogramme qui facilite le diagnostic dans le
cas de la comorbidité avec le retard mental. Cette même approche a permis l’étude des intérêts
dans un milieu familial standardisé.
- Des recherches menées dans le cadre des perspectives structuraliste et
ethnopsychopathologique attirent l’attention sur la nécessité de l’individualisation de l’approche
des personnes avec TSA et respectivement, sur l’importance de la variabilité culturelle des
critères diagnostiques.
2. quelle est la prévalence de ce trouble et quelles en sont les conséquences pour l’organisation
de la prise en charge ?
3. quels sont les facteurs étiologiques impliqués dans l’apparition de ce trouble et quels sont
les mécanismes sous-jacents à son apparition ?
- Les approches biologique et cognitiviste confirment que l’autisme infantile est probablement
« plus fortement génétique ». En effet 25 % des cas a pu être élucidée.
- l’approche athéorique (APA) considère que jusqu’à 15 % des cas de TSA semble associés à une
mutation génétique.
L’hypothèse psychanalytique est prometteuse (Golse (1995)), il s’agirait de tester, dans le cas de
l’autisme, le modèle de la « spirale transactionnelle » selon lequel « le primum movens des
troubles pourrait bien revenir à l’enfant ». Les particularités de son fonctionnement psychique
désadapteraient, alors, la réponse des parents, laquelle en retour aggraverait le
dysfonctionnement de l’enfant (cercle vicieux).
4. comment évolue ce trouble au cours de la vie ?
5. quels sont les effets de ce trouble sur le fonctionnement socioprofessionnel de la personne
qui présente ce diagnostic ?
6. quels sont les effets de ce trouble sur la vie des personnes qui se trouvent dans
l’environnement d’une personne présentant ce diagnostic ?
7. comment vit son trouble la personne qui le présente ?
8. comment sont perçus le patient et ses troubles par les membres de la communauté, de la
société dans laquelle il vit ?
Résumé
• La psychopathologie intégrative-holistique est basée sur un paradigme de
complexité qui permet de distinguer et d’opposer les différentes approches
existantes, tout en les faisant communiquer et en prenant soin de ne pas opérer des
réductions.
• Elle facilite l’articulation de l’ensemble des informations fournies par les autres
approches de la psychopathologie, informations qui permettent de formuler des
réponses aux questions que soulèvent, pour le chercheur et pour le praticien, les
troubles mentaux.