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ISSN 1813-548X, http://www.afriquescience.net

Dynamique de l’occupation des sols et l’évolution des mares dans le haut bassin
versant de la Korama, Commune rurale de Droum, Région de Zinder
Souleymane ISSA MALAM SALMANOU 1 *, Issoufou SANDAO 1, 3, Maman Sani ABDOU BABAYE 2
et Boureima OUSMANE.1
1
Département de Géologie, Faculté de sciences et techniques, Université Abdou Moumouni de Niamey
2 Département de Géologie, Faculté de sciences et techniques, Université Dan Dicko de Maradi, ‘‘UMR SERMUG’’
3
Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Niamey Niger, BP 2149 Niamey
_________________
* Correspondance, courriel : [email protected]

Résumé
Le haut bassin de la Korama, commune de Droum, région de Zinder, est situé entre 13°23’ et 13°48’ de
latitude Nord, et entre 8°39’ et 9°1’ de longitude Est. Cette zone, renfermant une importante potentialité en
eau souterraine et un écosystème abondant, est soumise depuis quelques décennies à des sècheresses
récurrentes, aggravées par une démographie galopante. Aussi, il parait nécessaire d’évaluer l’occupation des
sols. L’objectif principal de cette étude est d’analyser quatre images Landsats de 1972, 1986, 2000 et 2014
afin de cerner les éventuels changements survenus au cours de ces périodes. La méthodologie adoptée qui
porte sur les corrections radiométriques et géométriques, la classification supervisée par l’algorithme du
maximum de vraisemblance des imageries satellitaires et la comparaison des classes de changements de
l’occupation des sols a permis d’aboutir aux résultats suivants : La validation des cartes issues des
classifications selon les précisions de 90 %, 88 %, 96 % et 98 %, respectivement pour les imageries de 2014,
de 2000, de 1986 et de 1972 ; la mise en évidence de l’évolution spatiotemporelle de l’occupation de sol sur
la période de 42 ans (1972 - 2014), marquée entre autre par : une augmentation progressive et intensive des
zones de cultures et de l’habitat; une réduction drastique de la végétation. L’analyse diachronique met en
évidence une augmentation des superficies des mares, dues à l’apparition des nouvelles mares dans la zone
d’étude. L’intensification de cultures et la réduction des superficies des steppes peuvent avoir des impacts
sur les ressources en eau souterraine de ce bassin.
Mots-clés : analyse diachronique, classification supervisée, précision globale, coefficient Kappa.

Abstract
Dynamics of land use and the evolution ponds, in the upper Korama watershed, Droum
rural district, Zinder region
The Upper Korama Basin, Droum Commune, Zinder Region, is located between 13° 23' and 13° 48' North
Latitude, and between 8° 39' and 9° 1' East Longitude. This area, which has a great potential for groundwater
and an abundant ecosystem, has been subjected to recurring droughts for several decades, aggravated by
galloping demography. Also, it seems necessary to evaluate the land use. The main objective of this study is
to analyze four Landsat images from 1972, 1986, 2000 and 2014 to identify possible changes during these

Souleymane ISSA MALAM SALMANOU et al.

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periods. The adopted methodology which deals with radiometric and geometric corrections, the classification
supervised by the maximum likelihood algorithm of the satellite imagery and the comparison of the classes
of changes of the occupation of grounds made it possible to reach the following results : The validation of the
maps resulting from the classifications according to the specifications of 90 %, 88 %, 96 % and 98 %,
respectively for the images of 2014, 2000, 1986 and 1972; highlighting the spatial and temporal evolution of
land use over the 42-year period (1972 - 2014), marked inter alia by: a gradual and intensive increase in
cultivation and habitat areas; vegetation. The diachronic analysis shows an increase in the areas of the pools,
due to the appearance of new pools in the study area. Intensification of crops and reduction of steppe areas
may have impacts on the groundwater resources of this basin.
Keywords : diachronic analysis, supervised classification, global accuracy, Kappa coefficient.

1. Introduction
Le haut bassin de la Korama, commune de Droum/région de Zinder, dispose d’importantes ressources en eau
de surface et souterraine. Au cours de ces dernières décennies, cette région a été affectée par des sècheresses
récurrentes qui ont eu des impacts négatifs sur son écosystème. Par ailleurs, la région a connu une
démographie galopante ayant eu pour corolaire une extension des zones de cultures et de l’habitat et des
actions anthropiques qui ont été très dévastatrices sur l’écosystème. Compte tenu du fait que
plusieurs auteurs [1 - 4] ont montré l’impact de l’utilisation et de l’occupation de sol sur les ressources en
eau. De même, il a été mentionné des modifications sur le comportement hydrologique de bassin en terme
physiques, chimiques et biologiques [4]. Par ailleurs, il a été démontré que le changement de l’occupation du
sol a une incidence directe sur la ressource en eau à travers l'évolution physique du sol (rendements de captage,
taux d'infiltration, réserves du sol), l’évaporation et l’interception de l’eau par la végétation [3]. Les pertes d’eau
par évapotranspiration sur un sol couvert de végétation permanente sont bien entendu supérieures à celles du
sol nu, de 420 à 590 mm environ selon les régions et les types de sols [4]. Les effets potentiels du changement
de l’occupation du sol et du changement climatique ne sont pas limités à la quantité, ils peuvent avoir de graves
répercussions sur la qualité de l'eau des cours d'eau et des réservoirs dans le bassin versant [4]. Ainsi, on peut
citer l’insuffisance de la connaissance de la recharge des eaux souterraines liées aux effets de la variabilité de
l’occupation des sols sur les composantes souterraines dans notre zone d’étude. Il s’avère nécessaire
d’entreprendre donc une étude d’occupation des sols afin de savoir les effets éventuels causés par le changement
observé dans le sous bassin sur les ressources en eau. L’objectif principal de cette étude est donc de réaliser une
étude de l’occupation de sols dans le sous bassin. Les objectifs spécifiques de ces études sont :
 Traiter les différentes imageries satellitaires portants sur les périodes de 1972, 1986, 2000 et 2014,
caractérisées par des fortes variabilités climatiques ;
 Comparer les classes d’occupations de sols pendant ces différentes périodes ;
 Analyser la dynamique de l’évolution de ces différentes classes ;
 Déterminer les impacts de ces changements sur les ressources en eau souterraine et de surface.

2. Présentation de la zone d’étude

La partie du sous bassin versant de la Korama, occupée par la commune de Droum, située au Sud de la région
de Zinder dans le département de Mirriah, s’inscrit entre 13°23’ et 13°48’ de latitude Nord et 8°39’ et 9°1’
de la longitude Est (Figure 1). Elle couvre une superficie de 870 km2, avec une population estimée à 102.306
hbts [5], dont la densité est de 118 hbts/km2 [6]. L’agriculture constitue la principale activité économique des

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populations, avec un degré d’utilisation de sol de près de 93,3 %, soit l’un des plus élevé au Niger [6].
L’élevage occupe la seconde place. Le climat du bassin est de type Nord sahélien, il est caractérisé par deux
saisons : une saison des pluies de Juin à Septembre et une saison sèche d’Octobre à Mai. Le module
pluviométrique inter annuel sur la période 1921-2014 est de 344 mm. Sur le plan géologique (Figure 1), la
commune est marquée au Nord-est par des formations du Précambrien de Damagaram, comprenant des granites
hyperalcalins, des schistes, des micaschistes, des gneiss; à l’Ouest les formations sédimentaires constituées des
grès argileux du CI/H et au Sud les alluvions récentes de la Korama, extrémité occidentale du bassin du Lac Tchad.
Il existe trois aquifères dans le haut bassin de la Korama, qui sont : l’aquifère de socle du Damagaram, l’aquifère
multicouche du CI/H et l’aquifère des alluvions du Quaternaire et des sables récents de Korama.

Figure 1 : Localisation de la zone d’étude

3. Matériel et méthodes
3-1. Matériel
3-1-1. Données
Les données utilisées dans le cadre de cette étude comprennent :
 Les images satellites issues de capteurs MSS, TM et ETM+ de Landsat. Elles ont été obtenues au niveau du
Centre Régional AGHRYMET. Les images disponibles pour la zone d’étude sont celles acquises en
Décembre 1972, en Octobre 1986, en Octobre 2000 et en Novembre 2014. Elles ont de résolutions de 30
m pour le capteur TM de 1986 et 2014 et le capteur ETM+ de 2000. Par contre, le capteur MSS de 1972 a
une résolution de 57 m ;
 La carte topographique disponible est de 1986, elle est au 1/200000;
 Les coordonnées GPS des échantillons des différentes classes d’occupations de sols collectées en Aout
2015 et Mai 2016 pour servir à de vérités de terrain.

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3-1-2. Outils
Les outils utilisés dans le cadre de ce travail sont essentiellement constitués par :
 Les GPS pour la prise de coordonnées géographiques;
 Les différents logiciels : ArcGis et ENVI pour les traitements des images et la cartographie.

3-2. Méthodes
La méthodologie appliquée pour le traitement des images satellites se résume en trois phases essentielles :
le prétraitement de données, la classification et la validation.

3-2-1. Prétraitement des images multi-spectrales

Ce sont les opérations préliminaires effectuées dans le but de rendre les images satellites plus lisibles et
bien superposables. Celles-ci portent essentiellement sur les corrections géométriques et radiométriques. Il
faut noter que les images Landsats (1972; 1986; 2000; 2014) dépassant très largement la superficie de la zone
d’étude. Par conséquent, elles ont alors subi un découpage pour pouvoir les ajuster à la zone.
 Les Corrections radiométriques portent sur les effets des différents artefacts qui perturbent la mesure
radiométrique, notamment les défauts du capteur et le voile atmosphérique qui altèrent les images. Le
traitement le plus simple consiste à redistribuer les niveaux de gris (ou les couleurs) de manière à mieux
utiliser la palette disponible. On parle d'étalement de l'histogramme ou de stretching [7].
 Les Corrections géométriques consistent quant à elles à rectifier les images satellites de manière à les
rendre superposables à d'autres images ou à des documents cartographiques de référence [7]. Pour cela,
il s’agit en première phase de superposer l’image à la carte topographique en se servant de 9 points
d’amers sur ladite carte. Le choix de ces points d’amers est basé sur la méthode de transformation globale
par polynôme du premier degré (t = 1) avec rééchantillonnage du plus proche voisin. Le nombre minimum
des points d’amers nécessaires est déterminé à partir de l’Équation (1) :
(t+1)∗(t+2)
(1)
2

Cette correction a été faite dans le système de projection UTM (WGS 84) zone 32 Nord. Pour les cas des pixels
des images MSS (57 m), avant la correction géométrique, un rééchantillonnage des pixels a été effectué afin
de la ramener à la même résolution des pixels TM et ETM+ (30 m).

3-2-2. Classification des images multi-spectrales

Elle est définie comme étant la combinaison entre le traitement d'image numérique et les techniques de
classification pour analyser l’occupation du sol. Elle est subdivisée en trois étapes : choix des bandes
spectrales, la segmentation et la classification à priori.
 Les Compositions colorées permettent de sélectionner les meilleures bandes spectrales d’une part, et
d’augmenter le contraste sol-végétation d’autre part, et cela dans le but de faciliter l’étape de segmentation. Les
compositions colorées 321, et 641, ont été respectivement retenues pour l’image MSS de 1972 et TM de 1986.
Pour l’image ETM+ de 2014 ; TM de 2000, c’est la composition colorée 742 qui a donné le meilleur résultat.
 La Segmentation permet de définir les différentes classes d’occupation de sol par la création des régions
individuelles (ou régions d’intérêts, ROI) ou le groupement des éléments d’image par les critères
d’homogénéité spectrale et spatiale, appelés segments. Elle s’effectue grâce à la connaissance de terrain,
aux documents cartographiques et à l’interprétation visuelle des images en composition colorée [8].

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 Classification supervisée et élaboration de la carte d’occupation de sols, cette classification supervisée

par l’algorithme de maximum de vraisemblance a été choisie d’une part compte tenu de la bonne
connaissance de terrain, d’autre part, elle est la procédure très particulièrement utilisée pour l’analyse
quantitative des données de télédétection [4]. En effet, elle impose l’intervention de l’utilisateur qui doit
définir des ensembles de points caractéristiques et représentatifs des classes d’occupation du sol sur
l’image. Ce type de classification a donné de résultats satisfaisants pour les travaux de plusieurs auteurs
[2, 4, 8 - 10]. A l’issue de cette classification des cartes d’occupations de sols ont été élaborées.
 Validation : afin de valider cette classification, des méthodes conventionnelles d’évaluations de la
précision de leurs résultats sont utilisées. Il s’agit, entre autres, de la précision globale des résultats
obtenus (nombre total de pixels correctement classifiés, coefficient Kappa) et la précision de chaque
catégorie classifiée (précision individuelle), [11]. L’indice Kappa évalue dans la matrice de confusion,
l’accord entre les résultats obtenus (carte) et la vérité sur le terrain. Il s’étend de 0 à 1 et se divise en
cinq catégories : accord très faible de 0 à 0,20 ; accord faible de 0,21 à 0,40 ; accord modéré de 0,41 à
0,60 ; accord substantiel de 0,61 à 0,80 ; accord presque parfait de 0,81 à 1.

4. Résultats et discussion
4-1. Erreurs de la correction géométrique
La moyenne quadratique (RMS) de l’erreur obtenue après la correction géométrique, est de 0,30 pour l’image
MSS de 1972, 0,37 pour l’image TM de 1986, 0,16 pour l’image TM de 2000, 0,15 pour l’image ETM+ de 2014.
Ainsi, on obtient des ortho-images superposables entre elles et aux différentes cartes. A l’issue de la
classification supervisée, six classes thématiques ont été définies: zone de cultures (champs, jardins
d’irrigation), plateau, habitats (village et hameau), steppe (steppe herbeuse, arbustive et arboré), plans d’eau
(mare, marigot, source) et dunes fixes.

4-2. Validation des résultats de la classification de l’occupation des sols

Les Tableaux 1, 2, 3 et 4 présentent les matrices de confusion calculée pour évaluer la classification de
l’occupation des sols de la zone d’étude. Les valeurs sur la diagonale des matrices de confusion correspondent
au pourcentage de pixels bien classifiés. On obtient pour l’image de 1972 et de 1986 (Tableau 1 et 2), les
précisions globales respectives de 96,60 % et de 96,06 % avec des indices kappa présentant l’accord presque
parfait 0,95 (1972) et 0,94 (1986). Les précisions individuelles varient quant à elles de 88,79 % à 100 % pour
l’image de 1972 et de 94,42 % à 99,03 % pour celle de 1986. Les résultats de classification de ces images restent
valides compte tenu des valeurs obtenues par la précision globale et de l’indice Kappa. En effet, selon [12], une
étude portant sur l’occupation des terres peut être validée si l’indice Kappa est compris entre 50 % et 75 %.

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Tableau 1 : Matrice de confusion et coefficient Kappa de résultats de la classification supervisée de

l’image de 1972
Pixels de références 1972
PE Pl Df ZC Hbt St Total
PE 88,79 0 0 0 0 0,56 1,96
Pixels affectés Pl 0,93 95,21 0 2,01 0 0,72 18,81
Df 0 0 100 0,06 0 0 3,04
ZC 0 2,97 0 96,55 0 1,16 31,21
Hbt 10,28 0,29 0 0 100 0,24 0,54
St 0 1,53 0 1,38 0 97,32 44,45
Total 100 100 100 100 100 100 100
Coefficient Kappa : 0,95 ; Précision globale : 96,60 %

PE : Plans d’Eau ; Pl : Plateau; ZC : Zone de cultures; St : Steppe; Df : Dune fixes; Hbt : Habitat

Tableau 2 : Matrice de confusion et Coefficient Kappa de résultats de la classification supervisée de

l’image de 1986
Pixels de références 1986
PE Pl Df ZC Hbt St Total
PE 96,23 1,13 0 0,09 0 0,41 7,09
Pl 0 98,31 0 0,25 0 0 19,76
Pixels affectés

Df 0 0,08 96,26 3,51 0 0 2,55

ZC 0 0,45 3,74 94,42 0,97 0,86 52,7
Hbt 3,77 0 0 0,03 99,03 0 0,85
St 0 0,03 0 1,7 0 98,73 17,05
Total 100 100 100 100 100 100 100
Coefficient Kappa : 0,94 ; Précision globale : 96,06 %

PE : Plans d’Eau ; Pl : Plateau; ZC : Zone de cultures ; St : Steppe ; Df : Dune fixes ; Hbt : Habitat

La discrimination entre les différentes classes d’occupation des sols est statistiquement significative pour les
images de 2000 et 2014 (Tableau 3 et 4). En effet, les résultats de l’analyse de la performance donnent
pour ces images classifiées, des précisions globales de 87,74 % et 90,24 %, et des coefficients Kappa de 0,82
et 0,86 respectivement pour ces deux périodes 2000 et 2014. Ces résultats obtenus permettent ainsi de
valider les cartes d’occupations de sol de 2000 et 2014. Toutes ces précisions cartographiques ci-dessus
s’inscrivent dans la gamme des valeurs obtenues par [2, 8, 13, 14].

Tableau 3 : Matrice de confusion et Coefficient Kappa de la classification supervisée de l’image de 2000

Pixels de références 2000
2000 PE Pl Df ZC Hbt St Total
PE 73,36 0,95 0 0 0 1,06 23
Pl 8,37 96,1 0 1,61 0 0 44,33
Pixels affectés

Df 0,03 0 90,91 2,72 0 0 1,7

ZC 2,16 0,84 9,09 89,69 1,12 0,71 20,46
Hbt 5,82 1,75 0 0,02 98,88 0 3,01
St 10,26 0,36 0 5,96 0 98,24 7,51
Total 100 100 100 100 100 100 100
Coefficient Kappa : 0,82 ; Précision Globale : 87,74 %

PE : Plans d’Eau ; Pl : Plateau ; ZC : Zone de cultures ; St : Steppe ; Df : Dune fixes; Hbt : Habitat

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Tableau 4 : Matrice de confusion et Coefficient Kappa de résultats de la classification supervisée de

l’image de 2014
Pixels de références 2014
2014 PE Pl Df ZC Hbt St Total
PE 84,14 2,08 0 0,18 0,38 0,51 17,59
Pixels affectés Pl 4,84 96,17 0 1,13 0,25 0,1 25,36
Df 0 0 99 3,13 0 2,04 2,67
ZC 0,58 0,58 0,67 90,7 0,63 29,11 44,17
Hbt 5,33 0,11 0 0,1 98,75 0 4,13
St 5,1 1,07 0,33 4,75 0 68,23 6,06
Total 100 100 100 100 100 100 100
Coefficient Kappa : 0,86 ; Précision globale : 90,24 %

PE : Plans d’Eau ; Pl : Plateau ; ZC : Zone de cultures ; St : Steppe ; Df : Dune fixes; Hbt : Habitat

4-3. Dynamique de l’occupation de sol dans le haut Bassin versant de la Korama

Le traitement des images Landsats de 1972; 1986; 2000; 2014 a permis d’élaborer quatre cartes (Figure 3)
montrant la distribution des unités d’occupation des sols dans la commune de Droum durant ces périodes.
Ainsi, la répartition statistique (Figure 2) des différentes unités en 1972, est la suivante :
 Les zones de cultures, représentent 67051ha de la superficie totale de la zone, soient 53 % ;
 Les steppes représentent 28825 Ha, soient 22,78 %;
 Le terrain rocheux et les dunes fixes occupaient respectivement 22852 Ha et 5137 Ha de la superficie
totale de la zone, soient respectivement 4,06 % et 18,06 %;
 Les plans d’eau et les habitats occupaient respectivement 1,62 % et 0,47 % de la superficie totale de
cette zone.

Figure 2 : Répartitions des classes d’occupation de sols entre 1972 et 2014

Souleymane ISSA MALAM SALMANOU et al.

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Figure 3 : Cartes d’occupations de sols en 1972(a), 1986(b), 2000(c), 2014(d)

4-3-1. Évolution de l’occupation des sols de 1972 à 1986

Les changements observés entre 1972 et 1986 se traduisent par:
 Une augmentation des superficies d’habitats, des plans d’eau et des zones de cultures avec
respectivement un taux de progression de l’ordre 17 %, 59 % et 48 % (Tableau 5) ;
 Une régression des superficies pour les classes des steppes, des dunes fixes et des plateaux, qui
passaient respectivement de 22,78 % en 1972 à 13,64 % ; de 4,06 % à 2,32 % et à 16,07 %, en 1986.
Ainsi, les taux de régressions pour ces classes sont de (-36,19 %) pour les dunes fixes, de (-29,25 %)
pour les plateaux et (-20,44 %) pour les steppes (Tableau 5).

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Tableau 5 : Évolution de la superficie des unités d’occupations des sols entre 1972 à 1986
1972 1986 Evolution 1972-1986
Classes Ha Ha Ha %
PE 2049,86 3922,57 1872,71 47,74
Pl 22852,14 20334,11 -2518,04 -11,02
Df 5137,30 2935,60 -2201,70 -42,86
ZC 67050,67 80627,83 13577,16 16,84
Hbt 594,71 1455,15 860,44 59,13
St 28824,58 17259,32 -11565,26 -40,12

PE : Plans d’Eau ; Pl : Plateau ; ZC : Zone de cultures ; St : Steppe ; Df : Dune fixes ; Hbt : Habitat

4-3-2. Évolution de l’occupation des sols de 1986 à 2000

Toutes les classes ont été affectées par des changements pendant la période de 1986-2000 (Tableau 6). Les
classes d’habitats, des plans d’eau et des zones de cultures se retrouvent avec de superficies plus élevées en
2000 par rapport aux celles de 1986. En effet, la classe des habitats qui occupait 1,15 % en 1986 se retrouve
avec une superficie de 1,25 % en 2000, celle des plans d’eau passait de 3,1 % en 1986 à 3,45 % en 2000, et
après la classe des zones de cultures qui était de 63,72 % en 1986 passait à 66,14 % en 2000 (Figure 1).
Ainsi, les taux de progressions obtenus pour ces classes varient respectivement de 8% les habitats, de 10,14 %
des plans d’eau et de 3,66 % pour les zones de cultures (Tableau 6). Parallèlement à ces trois classes ci-
dessus, celle de végétation a également connu une légère progression pendant cette période, car, sa
superficie a passé de 13,64 % à14,52 %, soit un taux d’augmentation de 0,88 % correspondant à 1114 Ha.
Au même moment, les surfaces des plateaux montrent une régression de l’ordre de (-24,52 %) correspondant
à une réduction de plus de 4985ha (Tableau 6).

Tableau 6 : Évolution de la superficie des unités d’occupations des sols entre 1986 à 2000
1986 2000 Evolution 1986-2000
Classes Ha Ha Ha %
PE 3922,57 4365,44 442,87 10,14
Pl 20334,11 15348,64 -4985,46 -24,52
Df 2935,60 3176,02 240,42 7,57
ZC 80627,83 83689,96 3062,14 3,66
Hbt 1455,15 1581,68 126,53 8,00
St 17259,32 18372,82 1113,50 6,06
PE : Plans d’Eau ; Pl : Plateau; ZC : Zone de cultures ; St : Steppe ; Df : Dune fixes ; Hbt : Habitat

4-3-3. Évolution de l’occupation des sols entre 2000 et 2014

Le Tableau 7 montre que les classes d’occupation des sols présentent de variations notables au cours de la
période 2000-2014. Les superficies et les taux des variations montrent que (Tableau 7) :
 La végétation (steppe) connait une diminution progressive de son étendue, elle passait de 14,52% à
8,43 %, le taux de changement pour cette classe est de l’ordre des (-42 %) ;
 Les plateaux, les dunes fixes, les habitats et les zones de cultures ont connu des progressions dans la
zone d’étude (Tableau 7). En effet, on relève une avancée du front agricole se traduisant par des champs

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cultivés sur la végétation. L’extension des surfaces dénudées laissent apparaître des plages des terrains
rocheux, qui s’effectuent au détriment de la végétation, particulièrement la steppe arbustive.

Tableau 7 : Évolution de la superficie des unités d’occupations des sols entre 2000 à 2014
2000 2014 Evolution 2000-2014
Classes Ha Ha Ha %
PE 4365,44 3188,67 -1176,77 -26,96
Pl 15348,64 16348,27 999,62 6,11
Df 3176,02 4858,93 1682,91 34,64
ZC 83689,96 89421,98 5732,02 6,41
Hbt 1581,68 2049,86 468,18 22,84
St 18372,82 10666,86 -7705,96 -41,94

PE : Plans d’Eau ; Pl : Plateau ; ZC : Zone de cultures ; St : Steppe ; Df : Dune fixes ; Hbt : Habitat

5. Bilan de l’évolution de l’occupation des sols dans le haut bassin versant de la

Korama sur la période 1972 - 2014
L’analyse diachronique globale des unités d’occupations des sols, de 1972 à 2014, permet de classer ces unités
en deux groupes distincts. Dans le premier groupe, les classes (d’habitats, des zones de cultures, de sol nu et
de plans d’eau) ont connu une évolution progressive tout au long de la période, tandis que le 2nd groupe
affiche une régression (les classes des végétations et des plateaux) (Tableau 8). La superficie des steppes
montre une forte diminution durant la période de 1972 à 2014.Le taux de régression a atteint jusqu'à
(-62,99 %) de sa superficie de 1972 (Tableau 8). Cette diminution s’explique par plusieurs facteurs:
l’évolution démographique accélérant les besoins en terre de cultures, le surpâturage, le défrichage pour le
besoin de bois. Outre ces facteurs anthropiques, les sécheresses de 1974 et de 1984 ont pleinement joué un
rôle important dans cette régression. En effet, sur l’intervalle de 14 ans (1972 à 1986), on assiste à une
régression drastique de plus de (-40 %) de sa superficie de 1972. L’analyse de la variabilité pluviométrique
à partir des valeurs de l’indice de Nicholson et du Filtre passe-bas de Hanning (Figure 4) a permis de suivre
les grands changements qui se sont opérés dans la région depuis 1921 à 2014. Ainsi, la fluctuation
interannuelle de la pluviométrie se caractérise globalement par une période humide de 1921 à 1964, suivi
d’une période sèche de 1965 à 1997 et une période normale de 1998 à nos jours (Figure 4).
Les deux grandes périodes de sécheresses (1970 et 1980) ayant affecté la région se sont écoulées pendant la
période de faibles hauteurs pluviométriques. Ce déficit pluviométrique a contribué à la diminution et à la
disparition de certaines espèces végétales dans la zone. La diminution de la classe des plateaux (Tableau 8)
s’explique quant à elle part l’avancée de front de cultures et à l’érosion accéléré due à la disparition des
végétaux. L’accroissement des classes zones de cultures et de l’habitat s’explique par la croissance
démographique et au phénomène migratoire dû aux potentialités en eau de la zone [15]. La densité élevée
de population exerce une pression sur les ressources naturelles. Au cours de la période 1986-2014, les dunes
fixes ont progressivement augmenté. La dégradation de terre et la sécheresse récurrente ont affecté la région
depuis les années 1970 [16] sont les principaux facteurs qui expliquent cette progression. Selon [17], dans la
partie méridionale ou zone soudano-sahélienne, les grandes surfaces situées sous le vent des reliefs de
quartzite et autres massifs rocheux sont dénudées parce que leur végétation à fortement diminué, remplacée
par des xérophiles. Cette réduction de la couverture végétale est liée à la diminution de la pluviosité et à
l’action anthropique. La préparation précoce des champs, la coupe du bois pour divers besoins ménagers et
l’augmentation du cheptel jouent un rôle important dans la fragilisation des sols et des paysages [17]. Dans

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l’ensemble la classe des plans d’eau connait une importante progression. Des études ont montré que la
dégradation des états de surface est à la base de la fréquence des crues [18], d’où l’élargissement et
l’apparition de nouvelles mares dans la zone. Ce phénomène (évolution des mares) combiné avec
l’intensification de cultures et la régression de superficies des steppes peuvent avoir des impacts sur les
ressources en eau souterraines de ce bassin. Le manque de données de suivis piézométriques à long terme
ne nous permet pas d’évaluer l’impact de l’occupation des sols sur la recharge dans la zone d’étude. Par
conséquent, nous ferons appel à d’autres arguments pour appuyer nos propos. Cependant, plusieurs auteurs dans
le monde ont montré l’impact des changements de ces unités d’occupations des sols sur ces ressources [1, 19 - 24].
Dans la bordure Ouest du bassin des Iullemmeden au Niger, [20] constatent une recharge accrue suite au
déboisement. D’après ces auteurs, le taux de recharge a augmenté de 1 à 5mm dans les écosystèmes de savane
alors qu’il est de 10 à 47mm dans les zones défrichées. L’apparition de certaines espèces telles que la croute
algales peuvent diminuer quant à elles, l’infiltration [25]. D’autre part en Argentine, le remplacement des herbes
à racines peu profondes par des arbres profondément enraciné a contribué sur la diminution de la recharge [23].
L’introduction des plantes exotiques modifie les paramètres clés de la végétation comme, la couverture
fractionnaire de la végétation, le point de flétrissement et la profondeur d’enracinement, qui affectent la recharge [1].
Dans le sud-ouest des États-Unis, les changements des prairies naturelles et des arbustes à l'agriculture des
terres arides ont altéré le système de déversement (évapotranspiration) et la recharge [1]. Tandis qu’en Australie,
des études ont montré que le remplacement de l'Eucalyptus perpétré profondément enraciné par des cultures
annuelles peu profondes a augmenté la recharge de deux ordres de grandeur [19].

Tableau 8 : Évolution globales des unités d’occupations de sol de 1972 à 2014

1972 2014 Variations 1972-2014
Classes Thématiques Superficies Ha Superficies Ha Superficies Ha Proportions %
Plan d'eau 2049,86 3188,67 1138,81 35,71
Plateau 22852,14 16348,27 -6503,88 -28,46
Sol nu 3176 4858,93 1682,91 34,64
Zone de cultures 67050,67 89421,98 22371,31 25,02
Habitats 594,71 2049,86 1455,15 70,99
Végétation 28824,58 10666,86 -18157,71 -62,99

Figure 4 : Moyenne mobile sur cinq ans et Indice pluviométrique annuel à la station de Zinder aéroport

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6. Conclusion
De manière générale, les cartes obtiennent d’excellent taux des précisions. En effet, la discrimination entre
les différentes classes d’occupation du sol est statistiquement significative pour toutes les images au regard
des valeurs obtenues des précisions globales et des coefficients Kappa. L’analyse des cartes d’occupation du
sol montre que le haut bassin de la Korama a été marqué dans les quarante dernières années par des
changements remarquables de son paysage sous l’effet bien évidemment de plusieurs facteurs. Les résultats
statistiques ont montré que toutes les classes d’occupation des sols ont été affectées par ces changements.
Les classes zone de cultures, habitats et les mares ont connu une progression au profit de la classe végétation.
L’importance des ressources naturelles que renferme cette zone et l’explosion démographique sont le facteur clés
ayant contribué à ces changements. L’élargissement ou l’apparition des nouvelles mares dans la zone s’explique
principalement par le retour de la pluviométrie depuis 1985. La multiplication de mare pourrait avoir des impacts
sur la ressource en eau souterraine notamment sur la recharge de celle-ci. Le changement de l’occupation de sol
a un impact direct sur la ressource en eau d’un bassin, car elle modifie son comportement hydrologique en terme
physiques, chimiques et biologiques [4]. L’utilisation des engrais chimiques dans les cultures peuvent avoir des
effets néfastes sur la population suite à la contamination des eaux de surfaces et souterraines. Ils doivent
cependant être confirmés par les résultats de l’analyse physico-chimique et bactériologique.

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