Évolution Du Couvert Végétal Du Parc National Mbam Et Djerem Et Sa Périphérie Entre 2000-2018

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Évolution du couvert végétal du Parc National Mbam et

Djerem et sa périphérie entre 2000-2018


Roger Fotso, Bernard Fosso, Grace Nicole Mbenda

To cite this version:


Roger Fotso, Bernard Fosso, Grace Nicole Mbenda. Évolution du couvert végétal du Parc National
Mbam et Djerem et sa périphérie entre 2000-2018. Conférence OSFACO : Des images satellites pour
la gestion durable des territoires en Afrique, Mar 2019, Cotonou, Bénin. �hal-02189462�

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Évolution du couvert végétal du Parc National Mbam et
Djerem et sa périphérie entre 2000-2018.

FOTSO Roger (1), FOSSO Bernard (1), MBENDA Grâce Nicole (1,*)

(1)
WCS Cameroun

(*)
Auteur correspondant : MBENDA Grâce Nicole, [email protected]
Résumé

Le Parc National du Mbam et Djerem est situé entre 5°30’ et 6°13’ de latitude Nord, et 12°13’ et 13°10’
de longitude Est dans la zone de transition forêt–savane du Cameroun avec une superficie de 416512
hectares. Il possède un potentiel floristique et faunique très particulier.

L’analyse de la dynamique du couvert végétal indique un taux de progression global d’environ 4,90 %
et un taux de régression d’environ 0,25 % des formations végétales à l’intérieur du parc entre 2000 et
2018. De façon plus spécifique, en 18 ans, la forêt dense semble avoir pris le pas sur la forêt claire et la
savane avec une augmentation de 91230 ha, soit un taux d’évolution de 54,95 % tant dis que les espaces
de forêt claire et de savane ont diminué respectivement de l’ordre de -69643,5 ha et -21494 ha, soit des
taux de l’ordre de -57,75 % et -15,19 %. Par contre à la périphérie du parc, on constate l’effet inverse
avec une diminution de la forêt dense de -86141 ha soit un taux de régression de 15 %, et de la savane
avec -27219 ha soit un taux de régression de -4,69 %.

Les principaux moteurs de ce dynamisme observé sont l’élevage transhumant, l’extension des agro-
industries et des exploitations agricoles familiales, l’exploitation illégale du bois d’œuvre et la collecte
des Produits Forestiers Non-Ligneux.

Mots clés : Couvert végétal, dynamique spatio-temporelle, Télédétection, Mbam et Djerem,


périphérie.

OSFACO 2019, 13-15 mars 2019, Cotonou, Bénin 2


1. INTRODUCTION

Identifié depuis les années 1970 comme zone d’intérêt écologique pour faire partie du réseau national
des aires protégées du Cameroun, c’est par décret N° 2000/005/PM du 06 Janvier 2000 que le Parc
National du Mbam et Djerem (PNMD) fut créé en des compensations des dégâts causés aux écosystèmes
de savane et de foret par l’oléoduc Tchad-Cameroun. Situé entre 5°30’ et 6°13’ de latitude Nord, et
12°13’ et 13°10’ de longitude Est dans la zone de transition foret-savane, le PNMD couvre une
superficie de 416512 ha. Il est le parc national le plus vaste du Cameroun. De par la diversité de ses
habitats constitués d’un enchevêtrement de forêts tropicales semi décidues, de galeries forestières, de
savanes arborées et arbustives et d’un important réseau hydrographique, le PNMD constitue un
écosystème favorable au développement exceptionnel de la flore et de la faune. Les travaux de recherche
effectués par WCS dans la région font état de la présence de plus de 60 espèces de mammifères dont
une douzaine de primates diurnes, nombreuses espèces emblématiques tels que l’éléphant,
l’hippopotame, le chimpanzé, 400 espèces d’oiseaux, et 65 espèces de reptiles.

Situé à l’intersection des régions de l’Adamaoua, du Centre et de l’Est, cet écosystème particulier
originellement peuplé par les Vutés, Gbaya et Peulhs, connaît aujourd’hui dans sa périphérie
d’importants flux migratoires des populations en provenance d’autres régions du Cameroun et des pays
voisins ainsi qu’un foisonnement d’activités et d’acteurs économiques. Evaluée à plus de 50 000
personnes regroupées dans près de 75 villages (MINFOF ,2008), la population riveraine du PNMD
mène de nombreuses activités ayant des impacts négatifs la biodiversité de la région.

Malgré d’importants résultats réalisés par WCS depuis près d’une quinzaine d’années d’intervention, le
PNMD continue de faire face à de nombreuses pressions et menaces dont les plus importantes sont le
braconnage, la dégradation et la déforestation des habitats du fait de l’exploitation légale et illégale du
bois, du pacage du bétail, du développement de l’agriculture itinérante sur brûlis, des feux de brousse
non contrôlés, du développement de nombreux projets structurants à sa périphérie. Ces projets
concernent les infrastructures routières et la construction des barrages et des industries agroindustrielles
qui en l’absence d’un plan d’affectation et d’utilisation des terres ont des conséquences sur les habitats,
la biodiversité et la survie à long terme des populations locales.

Dans le souci d’apprécier l’impact de ces pressions et menaces, il s’est avéré nécessaire de faire recours
à la télédétection, outil permettant de disposer des informations précises sur l’évolution spatio-
temporelle des écosystèmes naturels en vue de la surveillance des forêts.

C’est dans le souci de mieux connaitre et d’assurer la préservation de cet important écosystème qu’est
le PNMD et sa périphérie, que la Wildlife Conservation Society (WCS) a développé et exécuté avec le
soutien financier du projet OSFACO, le projet de recherche intitulé : « Dynamique spatio-temporelle du
couvert végétal du Parc National de Mbam et Djerem (PNMD) et sa périphérie ».

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Cette étude avait pour objectifs de :

- Identifier les changements du couvert forestier du Parc National du Mbam et Djerem et sa


périphérie pour la période 2000-2018 ;
- Proposer des orientations au développement participatif d’un plan d’affectation des terres de la
périphérie du PNMD ;
- Proposer un système de suivi des formations végétales du PNMD et sa périphérie par
télédétection
- Équiper les services de la conservation du PNMD pour renforcer les capacités de son personnel
en télédétection.

2. DONNEES ET METHODES

2.1. Analyse de l’évolution du couvert forestier du PNMD et sa périphérie

La cartographie de la dynamique spatiale du couvert forestier, a été faite à l’aide des images Landsat.
Le capteur Landsat qui fournit une large gamme de données historiques, libre d ’ accès, est de fait très
utile pour les analyses diachroniques. L’une de ses limites est liée à sa résolution spatiale qui est de
30 m. Nous avons travaillé sur des images issues du capteur Landsat 7 ETM (Enhanced Thematic
Mapper) pour les années 2000 -2005-2010 et Landsat 8 OLI (Operational Land Imager) pour les années
2015-2018. Ces images ont été acquises des scènes 198/56 & 199/56 des mois de décembre et février
ceci dans le but de garder une cohérence dans la réponse spectrale des différents couverts végétaux et
maximiser en termes de rendu visible et une évaluation aisée des superficies.

Les DEM (Digital Elevation Model) du capteur ASTER (Advanced Spacebome Thermal Emission and
Reflection Radiometer), ont été utilisés afin d’y extraire le réseau hydrographique de la zone.

Le traitement d’image s’est fait avec le logiciel libre QGIS 3.2 et a consisté en trois grandes phases : le
prétraitement, la classification et la post classification. La phase de prétraitement a permis de faire des
corrections radiométriques et l’élimination des rayures que présentaient certaines images. Pour ce cas
précisément, une image partiellement nuageuse a été utilisée pour essayer de faire correspondre à chaque
fois la zone de rayures à son équivalent sur l’image nuageuse.

Le prétraitement a été suivi de la détermination des classes d’occupation du sol par une approche de
cartographie participative, affinée par des lectures exploratoires et la signature spectrale des objets sur
les images. Cinq principales classes ont alors été identifiées : Forêt dense, Forêt galerie/claire, Savane,
Sol nu / habitat ; Jachère et Culture. Cela a permis de passer à l’étape de classification proprement dite.
L’algorithme de Maximum de vraisemblance a été utilisé pour la classification supervisée.

La phase de post traitement ou évaluation qui a suivie a consisté en la comparaison visuelle de la


classification avec des compositions colorées, la soustraction d’image et la combinaison des néo canaux,

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la détermination et le levé des points de contrôle sur le terrain à partir de transects placés à différents
secteurs du parc et sa périphérie dans l’optique d’affiner la classification.

La comparaison des mutations spatiales et de description du comportement spectral de la couverture


végétale s’est faite par la méthode de calcul des néo-canaux NDVI (Normalised Difference Vegetation
Index).

La précision globale de la classification des différentes années a été testée en calculant le coefficient de
Kappa qui est le rapport du nombre total de pixels correctement identifiés et sélectionnés, sur le nombre
total de pixels mal identifiés divisé par le total des pixels bien identifiés.

La validation des résultats s’est faite d’une part par l’évaluation du test de séparabilité des classes
d’occupation du sol selon la méthode adaptée de Richards (1986 ; In Ndouguep, 2013) et d’autre
part par une ultime descente de terrain au niveau des hots spots de changement et des entretiens avec
les personnes ressources intervenant dans la zone d’étude. Les missions de terrain ont permis de lever
et de prendre les caractéristiques des points de vérité identifiés.

Les classifications ont été ensuite vectorisées et affinées afin d’améliorer le rendu visuel des cartes
produites à base des classifications d’images des années 2000-2018. Le logiciel de cartographie QGIS
3.2 a été utilisé à cet effet.

2.2. Inventaire de la faune et de la flore

La méthode de transects a été utilisée pour les inventaires de la faune et de la flore. Le choix des sites
s’est fait sur la base des cartes de changement avec la localisation des hots spots de changements.

Les inventaires réalisés dans les zones de gain et de perte (Hots spots de changements) du couvert
végétal avaient pour finalité l’évaluation de la densité floristique et faunique. Les arbres ont été
inventoriés le long d’un transect de 2500 m de long sur une bande de 4m de large. Un ruban de couleur
orange a été utilisé pour marquer le début et la fin de chaque transect, tous les arbres supérieurs ou égaux
à 10 cm de diamètre ont été marqués à la hauteur de poitrine (1,30 mètre) avec une peinture de couleur
rouge. Ainsi, les transects préconçus ont été numérotés de 1 à 12 donc T1, T2, T3, T4, T5 et T6 (dans
le PNMD) et T7, T8, T9, T10, T11 et T12 (à la périphérie du PNMD).

La collecte de données sur les transects s’est faite suivant les principes d’échantillonnage par
distance selon la méthode de Buckland et al. (2001).

Concernant l’inventaire floristique, les indices de diversité ont été calculés à savoir :

2.2.1. Indice de régularité de Pielou

L’indice de régularité de Pielou, appelé aussi équitabilité, traduit la qualité d’organisation d’une
communauté (Pielou, 1966) ; il varie de 0 à 1. Il vaut 0 quand une seule espèce est présente et 1 quand
toutes les espèces ont la même abondance.

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L’indice de régularité de Pielou se calcul selon la formule suivante :
H
R=
Log 2(S)

Plus l’équitabilité est forte, plus l’indice est faible (Warwick et al., 2002).

2.2.2. Indice de diversité de Shannon et Weaver

Pour quantifier simultanément la richesse taxonomique et la répartition des taxons d’une communauté,
on utilise fréquemment des indices de diversité dont l’indice de Shannon et Weaver (1963) fait partie
des trois principaux à savoir : celui de Simpson et celui de Gleason.

L’indice de diversité de Shannon se calcule selon la formule suivante :


S
H = - ∑ pi . log2 (pi)
i=1

Où S est le nombre d’espèces et pi la fréquence relative de la n ième espèce.

Généralement et quelques soit le groupe taxonomique, l’indice de Shannon-Weaver est compris entre
moins de 1 et 4,5, rarement plus.

2.3. Collecte des données socioéconomiques

La collecte des données socio-économiques, et l’identification des moteurs de la déforestation s’est faite
par le biais des d’enquêtes et d’interviews sur le terrain. Ces enquêtes ont été menées entre janvier et
Mars 2018 dans 11 villages à savoir : Doume, Gongotoua, Meidjamba, Pangar, Makoury, Demboya,
Mbakaou, Tête d’éléphant, Mbitom Gare, Galbize et Megang situés en périphérie du PNMD. Un total
de 178 ménages a été interviewé dans ces villages en prenant en compte les différentes catégories socio
professionnelles (activités principales). Outre les populations villageoises, certaines personnes
ressources ont été enquêtées, parmi lesquelles les représentants des ONG locales, les autorités
traditionnelles, les représentants des communautés étrangères vivant dans les villages, les services
déconcentrés de l’administration, les représentants des projets infrastructurels.

2.4. Renforcement des capacités du personnel du service de la conservation du PNMD

Le renforcement des capacités du personnel du service de la conservation en matière de monitoring du


couvert forestier s’est fait en deux phases à savoir une phase théorique sur la base d’un tutoriel élaboré
pour la circonstance, et une phase pratique sur le terrain. La cible visée par le renforcement des capacités
était constituée des Ecogardes, du chef de poste forestier, du personnel WCS/PNMD et des étudiants
stagiaires.

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3. RESULTATS

3.1. Dynamique spatiotemporelle du couvert forestier du PNMD et sa périphérie entre 2000-


2018

Les résultats de l’évolution des différents types d’occupation du sol du PNMD et sa périphérie sont
présentés dans le tableau 1. De 2000 à 2018, la dynamique du couvert végétal du PNMD et sa périphérie
est marquée par un taux de progression global d’environ 4,90 % et un taux de régression d’environ 0,25
% des formations végétales (Figure 1).

Le PNMD connaît entre 2000 et 2018, une perte d’environ 57,75 % de sa forêt claire et 15,19% de sa
savane, un accroissement d’environ 54,95% de la forêt dense soit un taux de croissance annuel de la
forêt de l’ordre de 3,05%. De façon plus spécifique, en 18 ans à l’intérieur du parc, la forêt dense a pris
le pas sur la forêt claire et la savane avec une augmentation de 91230 ha (Graphe 1).

L’analyse révèle que la pression sur les forêts y est plus importante à la périphérie qu’à l’intérieur du
PNMD. En dix-huit ans les superficies occupées par la forêt dense ont diminué de près de 86 141 ha
(soit 15%) et la savane d’environ 27 219 ha (soit 4,69 %) (Graphe 2) équivalent à des taux annuels de
régression respectifs de 0,83% pour la forêt dense et 0,26% pour la savane.

De manière générale, les résultats montrent que les formations végétales du parc et sa périphérie
connaissent : la progression, la régression mais aussi la stagnation (Figure 2).

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Tableau1 : Évolution des différents types d’occupation du sol : PNMD et sa périphérie

Périphérie PNMD
Occupation
Superficie en Superficie en % de Superficie en Superficie en % de
du sol Changements Changements
2000 (ha) 2018 (ha) changement 2000 (ha) 2018 (ha) changement
Bâti 1211,84 3763,29 2551,44 210 - - - -
Savane 580118 552899 -27219 -4,69 141441 119947 -21494 -15,19
Forêt claire 66462,29 177262 110799 166 120586 50942,5 -69643,5 -57,75
Forêt dense 573489 487348 -86141 -15 166007 257237 91230 54,95
Hydrographie 1386,10 1375,08 -11,02 -0,79 1599,60 1523,98 -75,61 -4,72

Graphe 1: Dynamique global du couvert forêt dans le PNMD Graphe 2: Dynamique du couvert forestier en périphérie du PNMD
Figure 1 : Évolution du couvert végétal du PNMD et sa périphérie 2000-2018

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3.2. Moteurs de déforestation et de dégradation du couvert végétal du PNMD et sa périphérie,
proposition d’un plan d’affectation des terres

Le statut d’écotone du PNMD et sa zone périphérique lui confère plus de la moitié des zones agro
écologiques identifiées en raison de la diversité de ses habitats constitués de forêt dense semi décidue,
de galeries forestières, de savanes arborées et arbustives. Au terme des enquêtes et vérifications de
terrain, les principaux moteurs de déforestation et de dégradation du couvert forestier en périphérie et
dans le PNMD ont été identifiés (Tableau 2). Il s’agit notamment de l’agriculture, l’élevage
transhumant, les infrastructures routières, l’exploitation illégale du bois d’œuvre/énergie, et la collecte
des PFNL.

Tableau 2 : Importance des causes directes des moteurs de déforestation et de dégradation des forêts
par zones agro écologiques
Zone de Zone de
forêt foret
Zone des Zone des Zone
humide à humide à
Causes Hauts hautes savanes Soudano-
pluviométrie pluviométrie
bimodale monodale Plateaux guinéennes Sahélienne

Agroindustrie ++ +++ + +
Agriculture vivrière ++ ++ +++ + +
Culture de rente +++ +++ + + +
Elevage ++ +++ ++
Exploitation forestière +++ ++ +
Bois Energie + ++ + ++ +++
Infrastructures ++ ++ + + +
Mines +++ + + + +
+ à +++ : du moins important au plus important

A l’intérieur du PNMD, les principaux moteurs de déforestation et de dégradation identifiés sont la


collecte des PFNL et l’exploitation du bois énergie/œuvre (Tableau 3). La collecte des PFNL constitue
un facteur non négligeable de dégradation des forêts. Les principaux acteurs sont les populations vivant
autour du Parc. En effet, près de 46,6% des personnes enquêtées déclarent pratiquer cette activité. Les
principaux produits collectés sont entre autres les feuilles de marantacées qui servent le plus souvent au
conditionnement des mets locaux, le djansang, l’igname sauvage, le fruit et le vin du rônier, le xylopia
(Xylopia aethiopica) (Photo 1). En effet, les populations n’hésitent pas à abattre régulièrement ces
arbres, pour récolter ses fruits/vin qui sont utilisés pour la consommation locale, mais aussi et surtout
pour la commercialisation.

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Photo 1: Abattage des arbres pour la récolte des fruits du
Xylopia dans le PNMD

Tableau 3 : Moteurs de déforestation et dégradation dans le PNMD

Causes Forêt dense Forêt claire Savane


Agriculture itinérante +
Élevage transhumant ++
Pèche + + +
Chasse + ++ +
Collecte de PFNL ++ ++ +
Exploitation du Bois énergie ++ ++ ++
+ à ++ : Impact faible à impact élevé

Tableau 4 : Moteurs de déforestation et de dégradation en périphérie du PNMD

Causes Forêt dense Forêt claire Savane


Agriculture ++ +++ +++
Elevage transhumant + +++
Pèche + + +
Chasse + + +
Collecte de PFNL +++ +++ +++
Exploitation du Bois énergie/œuvre +++ +++ +++
Infrastructures routières +++ +++ +++
+ à +++ : Impact faible à impact très élevé

L’élevage transhumant est tout une autre forme d’utilisation des terres autour du PNMD. Cette activité
constitue une menace dans la partie Nord du PNMD avec de plus en plus des zones d’incursion du
bétail à la recherche de pâturage et d’eau. C’est un élevage de type extensif « libre » basé sur
l’exploitation presque exclusive du pâturage naturel, des déplacements journaliers sur des distances

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parfois très longues. Les éleveurs sont dans la plupart des cas auteurs des feux de brousse non contrôlés
qui dévastent d’énormes superficies (Photo 2).

Photo 2: Élevage transhumant au Nord du PNMD


Avec une population estimée à plus de 50 000 habitants regroupés dans 75 villages à la périphérie
immédiate du PNMD (Akong, 2014), l’empreinte écologique laissée par cette population est plus
accentuée que dans le parc. En périphérie du PNMD, l’un des principaux moteurs de déforestation et de
dégradation des terres est l’agriculture (Photo 3). Elle est l’une des principales formes d’utilisation des
terres identifiée car 69,7% des personnes enquêtées la pratique. Les feux, le défrichage, les herbicides
et le labour sont les principales techniques de préparation des sols avant les semis ; 47% des personnes
enquêtées défrichent et labourent le sol avant de semer, 43% déclarent utiliser les feux de brousse et
seulement 10% affirment utiliser les herbicides. Les superficies moyennes des parcelles agricoles
cultivées varient majoritairement entre 1 et 2 ha

Photo 3: Plantation agricole nouvellement créée en périphérie Est du PNMD

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Au regard de toutes ces pressions que subie les ressources du PNMD, le plan d’affectation des terres
proposé dans le cadre de cette étude constitue une approche par vocation prioritaire de l’espace et par
spécialisation d’activités qui prend en compte les avis et les intérêts des différents acteurs (Figure 3).
Ainsi les affectations proposées concernent principalement les zones délimitées pour l’agriculture,
l’élevage et une zone agroindustrielle mais aussi celles définies par le plan du zonage du Cameroun
méridional de 1995.Cet aspect du zonage est semblable à celui proposé par Dessuh ,(2017)qui dans le
cadre d’une étude la contribution à l’élaboration d’un plan de gestion durable des espaces forestiers et
sylvopastoraux dans le cadre du projet REDD+ communal de Yoko, a permis de circonscrire une zone
pour les activités agrosylvopastorales. Dans le même aspect, Owona (2007) a proposé de circonscrire
une zone agroforestière destinée à la pratique de diverses activités à l’instar de l’agriculture. Ces
différentes propositions de zonage ont principalement pour objectif dans cette étude, de favoriser la
gestion durable des ressources naturelles en général et des terres en particulier. Le plan d’affectation
des terres proposé tient aussi compte des affectations définies par le plan de zonage du Cameroun
méridional de 1995 (Figure 3).

Figure 3 : Carte de la proposition du plan d’affectation des terres de la


périphérie du PNMD

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Il s’agit notamment des forêts domaniales savoir les UFA, les ZIC, ZIC_GC, reparties autour du parc.
Ces affectations sont semblables à celles proposées par Aniko et al. (2011) dans une étude portant sur
l’affectation des terres et dynamique structurale des formations végétales au sein du parc national oti-
keran, une réserve de chasse communautaire. Ces études mettent l’accent entre autres sur la gestion
durable des ressources naturelles du parc mais aussi ont pour but de favoriser le développement
harmonieux des communautés riveraines.

3.3. Système de suivi des formations végétales du PNMD et sa périphérie par télédétection

La télédétection a permis de déterminer les hots spots de changement au sein du parc et de sa zone
périphérique sur lesquels des parcelles permanentes ont été délimitées devant faciliter le suivi des
formations végétales.

Le suivi des formations végétales s’effectuera tous les deux ans par le biais d’une analyse diachronique
à partir des données de télédétection associés aux informations issues des descentes de terrain selon le
schéma du système programme de suivi opérationnel du couvert forestier du PNMD et sa zone
périphérique (Figure 4).

Figure 4 : Système de suivi opérationnel du couvert forestier du PNMD et sa zone périphérique

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4. CONCLUSION

L’analyse des principaux résultats au terme de ce projet de recherche, met en exergue l’évolution du
couvert végétal du PNMD entre 2000 et 2018, l’identification des moteurs et des causes sous-jacentes
de la déforestation et de la dégradation des forêts dans cette zone et la proposition du plan d’affectation
des terres. Ces résultats ont fourni des éléments à prendre en compte dans le cadre de la révision du plan
d’aménagement du PNMD.

Il ressort qu’en l’espace de 18 ans il y a eu des changements du couvert végétal tant à l’intérieur du
parc qu’à sa périphérie, marqués par un taux de progression global d’environ 4,90 % et un taux de
régression d’environ 0,25 % des formations végétales.

L’agriculture, l’élevage transhumant, la pêche, la chasse, la collecte de PFNL, l’exploitation du bois


énergie/œuvre et les infrastructures routières apparaissent comme étant les moteurs de déforestation
identifiés tant à l’intérieur du parc qu’à sa périphérie.

La proposition du plan d’affectation des terres en périphérie du PNMD proposé pourra être un atout
dans le cadre de la révision du plan d’aménagement du parc.

Le système de suivi des formations végétales du parc et de sa périphérie proposée, permettra d’obtenir
les informations en temps réel sur les différents changements observés et ainsi d’assurer la préservation
de la biodiversité du parc.

Remerciements

La mise en œuvre du présent projet de recherche est le fruit d’un travail d’équipe. Pour ce faire nous
tenons à exprimer nos sincères remerciements à tous ceux qui ont contribué à sa réalisation à savoir :

L’Institut de Recherche pour le Développement du Cameroun, le ministère des Forêts et de la Faune,


le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, Dr. Benoit Mertens, Chef de projet
OSFACO, Robert Pismo, Point focal OSFACO Cameroun, M. FOPA Hensel, GIS et M. MOUNGA
Abana, Conservateur du Parc National du Mbam et Djerem ;

Les stagiaires FANMENY DJOMO William, YEMELI JOU Laurence, MEGUIEM Jeannine ;

Tout le personnel de WCS ainsi que les écogardes en service au Parc National du Mbam et Djerem,
notamment Mrs. AMBAHE Ruffin, DONKAM TEGUIA Éric, Harouna, ELOUNA Jean Marie, Papa
secret, AMBASSA Edgard, NYEMGA Cyrille, Nicolas, Bello, Jacques, André et Passi ;

Tous ceux qui de près ou de loin ont contribué, d’une manière ou d’une autre, à la réalisation de ce
projet de recherche.

OSFACO 2019, 13-15 mars 2019, Cotonou, Bénin 16


Références

Akong, A. J., 2014. Contribution à la révision du Plan d’Aménagement (PA) du PNMD à travers une
actualisation des données socio-économiques et culturelles afin de concilier la conservation de la
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Aniko. P.K., Kpérkouma.W., Komlan.B., Yao.W., Marra.W., Thierry.T., Koffi. , 2011.Changement


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Buckland S.T., Anderson D.R., Burnham K.P., Laake J.L., Borchers D.L., Thomas L., Introduction to
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Dessuh K. J., 2017. Contribution à l’élaboration d’un plan de gestion durable des espaces forestiers et
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présenté en vue de l’obtention du diplôme de master professionnel en Aménagement et Gestion
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OSFACO 2019, 13-15 mars 2019, Cotonou, Bénin 17

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