Banque Mondiale Situation Economique de La Ci
Banque Mondiale Situation Economique de La Ci
Banque Mondiale Situation Economique de La Ci
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Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
2024 La Banque mondiale
1818 H Street NW, Washington DC 20433
Téléphone : 202-473-1000 ; Internet : www.worldbank.org
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encourageant la diffusion de ses connaissances, cet ouvrage peut être reproduit, en tout ou
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économie durable : stratégies de financement pour la Côte d’Ivoire face au changement
climatique. © Banque mondiale."
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Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
Préface
Le rapport sur la situation économique de la Côte d'Ivoire a deux objectifs. Tout d'abord, il
rend compte de l'évolution récente de l'économie ivoirienne et la replace dans un contexte
mondial et à plus long terme. Sur la base de ces développements et des changements de
politique au cours de la période, il met à jour les perspectives de l'économie. Deuxièmement,
le rapport fournit un examen plus approfondi d'une question économique et politique
sélectionnée. Elle s'adresse à un large public, notamment les décideurs politiques, les chefs
d'entreprise, les acteurs des marchés financiers, les groupes de réflexion, les organisations
non gouvernementales et la communauté des analystes et des professionnels engagés
dans l'économie ivoirienne.
Ce rapport sur la situation économique a été préparé par Djédjé Hermann Yohou du
département Macroéconomie, Commerce et Investissement (MTI), avec des contributions
d'Eduardo Malasquez. Le thème spécial sur le financement climatique est rédigé par
l'équipe MTI de la Côte d'Ivoire et Maria Pagura, spécialiste principale du secteur financier,
et s'appuie sur le Rapports sur le Climat et le Développement des Pays (CCDR) rédigé
par une équipe spéciale du Groupe de la Banque mondiale dirigée par Ellysar Baroudy,
Markus Kitzmuller et Michel Matera, et comprenant Nathalie Picarelli, Natalie Weigum,
Veruschka Schmidt et Nour Masri, publiés en octobre 2023. L'équipe remercie Marie-
Chantal Uwanyiligira, Abebe Adugna Dadi, Theo David Thomas, Hans Anand Beck,
Markus Kitzmuller, Rob Swinkels et les pairs évaluateurs pour leurs conseils et leurs
commentaires. Theresa Bampoe, Etsehiwot Berhanu Albert, Oumou Kassi-Coulibaly,
Carine Krassi Assoumou, Kanga Grant Marcelle Armakah, Aukey Paule Mavie Assoukpe et
Micky O. Ananth ont fourni une assistance administrative et opérationnelle utile. L'équipe
de communication de la Banque mondiale, notamment Ama Tanoh et Enoh N'Guessan, a
contribué à la préparation de la diffusion et de la communication du rapport. Le rapport
a été formaté par Joseph Anoh. Enfin, les travaux liés aux services informatiques ont été
effectués par l’équipe IT de la Banque mondiale, notamment Kouami M. Armattoe, Fofana
Abdel Adama, Prisca Yao.
Le rapport a été préparé sur la base des données publiées disponibles à fin décembre
2023. Les sources de données comprennent la Banque mondiale, le Fonds monétaire
international, la BCEAO, le Ministère de l’Economie, du Plan et du Développement, le
Ministère des Finances et du Budget, l'Institut National de la Statistique et des rapports
de presse.
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Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
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Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
Table des matières
Figures ................................................................................................................09
Sigles et abréviations ............................................................................................10
Résumé exécutif ...................................................................................................11
L’économie de la Côte d’Ivoire est restée robuste en 2023, malgré le resserrement de la politique monétaire
et l’amorce de la consolidation budgétaire...........................................................................................................11
Les perspectives économiques restent positives en lien avec la poursuite des efforts de
renforcement de résilience face à l’incertitude accrue et au changement climatique.......................................13
Équité climato-intelligente : comment créer un espace budgétaire et attirer les investissements privés ?......15
1. L'état de l'économie...........................................................................................19
Développements macroéconomiques récents .....................................................................................19
La croissance est restée résiliente et soutenue en 2023 malgré le resserrement des conditions
financières et des turbulences sous-régionales et mondiales............................................................................19
Le déficit de la balance courante est resté élevé, malgré une amélioration substantielle des termes
de l'échange. Les conditions de financement sont restées tendues...................................................................24
Dans un contexte d'inflation toujours élevée et de baisse des réserves extérieures, l'orientation
monétaire s'est encore resserrée en 2023, tandis que le secteur financier est resté résilient..........................26
La consolidation budgétaire axée sur les recettes a permis de libérer de l'espace pour les dépenses
en faveur de la croissance et la réduction de la pauvreté et du déficit budgétaire, contenant
la croissance de la dette........................................................................................................................................28
Les améliorations des recettes et du cadre légal de gestion de la dette ont amélioré la situation de la
dette, mais leur renforcement continu est nécessaire pour élargir la marge de manoeuvre face aux chocs
externes.................................................................................................................................................................29
Les risques de détérioration sont en hausse, les principaux défis étant liés à l'insécurité
régionale et à l'augmentation de l'impact du climat............................................................................................38
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Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
2. Vers une économie durable : stratégies de financement pour la
Côte d'Ivoire face au changement climatique.........................................................41
La Côte d'Ivoire a de grandes ambitions en matière de transition climatique, mais elle doit continuer d’améliorer
ses cadres institutionnel et réglementaire pour les atteindre..........................................................................48
Tout comme les coûts sociaux et économiques, les coûts budgétaires et financiers de
la transition climatique seront considérables......................................................................................................53
Équité climato-intelligente: face au climat : comment créer une marge de manœuvre budgétaire et
attirer les investissements privés ?.......................................................................................................................51
Compte tenu des contraintes budgétaires, il est indispensable de tirer parti de l'investissement
privé. Mais cela nécessitera le renforcement continu du cadre réglementaire...................................................53
Élargir les possibilités de financement pour les entreprises et les acteurs souverains......................................54
Tirer profit des financements concessionnels et mixtes......................................................................................54
Tirer parti du cadre amélioré des obligations thématiques pour devenir un leader régional de
la finance durable..................................................................................................................................................55
Élaborer une "approche par paliers" et mettre en œuvre des instruments souverains de
financement des risques de catastrophes...........................................................................................................56
Annexe .................................................................................................................57
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Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
Figures
Figure 1.8 Figure 1.8.(suite) : La dette devrait rester soutenable si l’effort de mobilisation
31
(suite) fiscal se renforce
Figure 1.10 Les disparités régionales restent importantes au détriment des zones rurales 34
Les progrès économiques sont gravement menacés par les chocs climatiques,
Figure 2.1 42
mais encore plus si l'adaptation fait défaut.
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Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
Sigles et abréviations
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Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
Résumé exécutif
Au cours de la décennie, la Côte d'Ivoire a réalisé des progrès économiques et sociaux remarquables grâce à
une politique macroéconomique saine et à d’importantes réformes du climat des affaires. Elle a enregistré l'un
des taux de croissance les plus rapides et les plus soutenus au monde, avec une moyenne d'environ 8 %. L'économie
a démontré sa résilience face aux turbulences régionales et internationales liées à la pandémie et à la guerre en
Ukraine, en maintenant une croissance positive en 2020 et de l'ordre de 6,5 % en moyenne sur les trois dernières
années. Le revenu par habitant s’est accru d’environ 60% en termes réels par rapport à son niveau de 2011 pour se
situer autour de 2430 USD en 2022. Cette réussite économique s'est accompagnée d'un net recul de la pauvreté et
d'une amélioration significative de l'accès aux infrastructures de base. Aujourd'hui, plus de 71 % de la population
ivoirienne a accès à l'électricité, contre 56 % en 2012. La part de l'industrie dans le PIB s'est également améliorée,
atteignant 22 % en 2022 contre environ 17 % en 2011, marquant le début d'une transformation structurelle. L'accès à
l'internet a également considérablement augmenté, passant d'environ 7 % à 35 % d'ici 2022. Reflétant une politique
d'amélioration du climat des affaires, le taux d'investissement s'est considérablement amélioré, atteignant 25 % du
PIB. La gouvernance s'est nettement améliorée, la Côte d'Ivoire enregistrant l'une des progressions les plus régulières
dans l'évaluation par la Banque mondiale de la qualité des politiques et des institutions nationales, et se situe au-
dessus de la moyenne de l'Afrique subsaharienne.
L'incertitude économique et politique croissante au niveau mondial, combinée aux pressions climatiques de plus
en plus fortes, souligne la nécessité cependant de renforcer les amortisseurs macroéconomiques et la résilience.
La croissance économique ivoirienne reste forte, 6.4 % en moyenne au cours des trois dernières années, favorisant une
réduction continue de la pauvreté, quoique de manière inégale. Les crises géopolitiques mondiales et sous-régionales
qui se chevauchent, associées à l'impact croissant du changement climatique, suggèrent que les risques baissiers
s’accroissent, ce qui appelle le maintien d’une politique macroéconomique prudente et la continuation de la mise en
œuvre en particulier des réformes structurelles axées sur la résilience. Les défis vont de l'adaptation au réchauffement
climatique en particulier dans le secteur agricole - qui emploie environ 45% de la main-d'œuvre, 76% des travailleurs
ruraux et 70% des pauvres en 2023-, à l’approfondissement de la transformation structurelle et au renforcement du
capital humain. Le rapport 2023 de la Banque mondiale sur le Climat et le Développement en Côte d'Ivoire (2023)
souligne les liens intrinsèques entre la transformation structurelle à long terme et l'adaptation au climat, ainsi que les
besoins de financement du climat et du développement qui en découlent. Ce quatorzième rapport sur la mise à jour
de la situation économique en Côte d’Ivoire met l’accent sur le lien entre le climat et le développement, en décrivant
les options de financement potentielles en Côte d'Ivoire.
Après une décade de forte croissance, l'activité économique est restée robuste en 2023, malgré la persistance
des tensions politiques mondiales et sous-régionales et du resserrement des conditions financières. La reprise
post-pandémique en 2021 a été forte, avec une croissance économique atteignant 7,1 %, après 0,7 % en 2020, avant
de retomber à 6,2 % en 2022 en raison des conséquences de l'invasion de l'Ukraine. La croissance est estimée à 6,0
% en 2023 (3,4 % par habitant), soit deux fois plus que la moyenne mondiale et celle de l'Afrique subsaharienne.1
Cette performance est principalement due à la poursuite d'investissements publics importants et au dynamisme
de l’investissement privé. En revanche, la consommation privée s'est ralentie car le gouvernement a commencé
à réduire les subventions mises en place temporairement pour atténuer les effets de la pandémie COVID et de la
crise Ukrainienne. Les secteurs de l'industrie et des services de la Côte d'Ivoire ont continué à soutenir la croissance
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Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
économique malgré l'impact négatif des chocs exogènes, bien qu'à un rythme plus modéré. L'agriculture a été moins
performante en raison de conditions météorologiques défavorables qui ont exacerbé les maladies fongiques. La
production de cacao, de café et de graines de coton a chuté respectivement de 23%, 51% et 45 % en 2023.
Le taux d’inflation a baissé de 5,2 % en 2022 à 4,4 % en 2023, l’accélération de l'inflation au niveau de l'énergie
ayant été partiellement compensée par la baisse de l'inflation au niveau des denrées alimentaires. L'inflation,
pour ce qui concerne des denrées alimentaires, est tombée à 6,4 % (-2,5 points de pourcentage en glissement annuel)
en 2023. En revanche, malgré la chute des prix internationaux du pétrole, la hausse des prix intérieurs de l'énergie s’est
raffermie pour atteindre 2,4 %. Les prix des transports ont augmenté d'une ampleur similaire, en raison de la reprise
progressive de la tarification automatique des carburants domestiques et des augmentations des tarifs de l'électricité.
Le taux d’inflation de base s'est établi à 3,2 %, légèrement au-dessus de la cible régionale de 3 %, reflétant les effets
persistants des perturbations des chaînes d'approvisionnement mondiales et de la dépréciation du taux de change
US/FCFA, ainsi que des tensions politiques et sécuritaires régionales accrues.
En 2023, le gouvernement a amorcé la consolidation budgétaire, axée sur la mobilisation des recettes, en vue
de créer un espace budgétaire propice à la croissance économique et à la réduction de la pauvreté. Le déficit
budgétaire global est passé de 6,8 % du PIB en 2022 à 5,2 % en 2023, selon les estimations, soit 0,1 point de
pourcentage de moins que l'objectif fixé. Cette baisse a été rendue possible grâce à une forte augmentation des
recettes fiscales de 0.8 point de pourcentage du PIB pour atteindre 13,6 % du PIB. Les dépenses totales ont diminué
de 0,6 point de pourcentage du PIB à 21,5%, reflétant la rationalisation des subventions liées à la crise ainsi que
la baisse des dépenses d'infrastructure, partiellement compensée par l'augmentation des dépenses de sécurité
et des paiements d'intérêts. Les besoins de financement ont été couverts par un recours aux marchés régional et
international. La dette publique totale et garantie a été ainsi contenue à 59,1 % du PIB en 2023 contre 51,8 et 57,9
%, respectivement en 2022. Le resserrement de la politique monétaire dans les économies avancées et régionales a
entraîné un durcissement des conditions d'emprunt. La bonne gestion des finances publiques et le ferme engagement
du Gouvernement à respecter la norme communautaire sur le déficit budgétaire global de 3% du PIB en 2025, ont
renforcé la confiance des investisseurs et l'investissement privé, comme en témoignent la forte croissance du crédit
et les révisions à la hausse de la note des principales agences de notation ainsi que la pleine réussite de l'émission
d'euro-obligations en février 2024. La dette publique reste contenue à un risque modéré.
Le déficit du compte courant devrait atteindre 7,9 % du PIB en 2023, sous l'effet de déficits plus importants
de la balance des services et des revenus primaires et secondaires, malgré une augmentation de l'excédent
de la balance des biens. Les termes de l'échange se sont améliorés de 20,7 % en 2023, grâce à la hausse des prix
du cacao et du café et à la baisse des prix mondiaux des denrées alimentaires et de l'énergie, contribuant ainsi à
l'amélioration de la balance commerciale des biens. Toutefois, le déficit de la balance des services devrait se creuser
en 2023, en raison de l'augmentation des services techniques requis par les industries pétrolières et minières, qui
contrebalance largement l'excédent commercial des biens. En outre, une détérioration des soldes des revenus
primaires et secondaires est attendue, en raison de la hausse des paiements d'intérêts et de dividendes. De plus,
il ressort une réduction des financements extérieurs, en réponse au resserrement monétaire dans les économies
avancées. En conséquence, le déficit global de la balance des paiements devrait se creuser, passant de 1,6 % à 3,7 %
du PIB en 2023. Cela devrait ramener les réserves de l'UEMOA à 3,6 mois d'importations à la fin de 2023, contre 4,3
mois à fin 2022.
Pour juguler les pressions inflationnistes et la baisse des réserves extérieures, la Banque Centrale des États de
l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) a relevé ses taux directeurs de 75 points de base supplémentaires en 2023, mais
le crédit au secteur privé s'est accéléré. Les conditions monétaires se sont resserrées, avec l'indice lié augmentant
à 3,2 % au troisième trimestre de 2023 contre -1,4% au deuxième trimestre de 2022. La masse monétaire en Côte
d'Ivoire a enregistré une hausse modérée, de 3,3 % en 2023 en raison d'une forte baisse des actifs extérieurs (-32,2
%), compensée par une accélération du crédit intérieur (+12,5 %). La croissance du crédit au secteur privé s'est
accélérée, passant de 7,3 % en 2022 à 16,2 % en 2023, tandis que le crédit au secteur public a ralenti en raison
de l'ajustement budgétaire, augmentant de 6,3 % en 2023 contre 27,7 % en 2022. La solidité financière reste
remarquablement bonne, la solvabilité des banques s'améliorant et le ratio des prêts non productifs par rapport au
total des prêts tombant à 7,2 % en 2023 contre 7,8 % en 2022.
Malgré les crises mondiales et sous-régionales, la pauvreté et les inégalités ont diminué, mais dans une proportion
moindre en zone rurale. Selon l’enquête sur la pauvreté de 2021/2022, la croissance économique en Côte d'Ivoire
s'est traduite par des réductions de la pauvreté et des inégalités (de consommation). Le taux de pauvreté est estimé
à 37,5 % en 2021 contre 39,4 % en 2018. La croissance a été favorable aux pauvres, ces derniers ayant enregistré
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Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
la plus forte hausse de consommation. Toutefois, la réduction de la pauvreté monétaire a été plus prononcée en
milieu urbain qu’en milieu rural. La pauvreté a diminué de 3,2 et 2,4 points de pourcentage, respectivement à Abidjan
et dans les autres zones urbaines, contre une réduction marginale de 0,2 point de pourcentage à 54,5 % dans les
zones rurales. L'extrême pauvreté, calculée sur la base du seuil international de pauvreté de 2,15 dollars (PPA 2017)
- équivalent à 522 FCFA - par personne et par jour, se situait à 9,7 % en 2021, mais devrait augmenter légèrement
pour atteindre 10,1 % en 2023. Le recul inégal de la pauvreté entre les zones urbaines et rurales souligne l'importance
du redoublement des efforts déployés par le gouvernement dans le domaine social, notamment dans le cadre du
PSGOUV2, de l'extension de la couverture sanitaire universelle et du renforcement des programmes destinés aux
jeunes.
Les perspectives à moyen terme restent favorables, soutenues par le Plan National de Développement (PND)
et le renforcement de la stabilité macroéconomique, ainsi que par les découvertes d’importants gisements,
notamment de pétrole, de gaz et d’or. Les perspectives de croissance reposent sur la mise en œuvre du PND, le
gouvernement poursuivant la mise en œuvre de son programme de développement en faveur de l'inclusion sociale et
de la transformation économique, grâce à l’amélioration progressive de l’espace budgétaire en lien avec la consolidation
budgétaire fondée sur les recettes. L'investissement soutenu dans les infrastructures de réseau, en particulier dans
les secteurs du numérique et des transports, et l'augmentation de l'extraction pétrolière, de gaz et de l’or devraient
stimuler la confiance des entreprises et accroître la productivité. Le développement de chaînes de valeur pourrait
accroître la productivité agricole et soutenir l'industrie manufacturière, améliorant ainsi le potentiel de croissance.
L'adaptation au changement climatique sera également essentielle pour accroître la productivité du secteur agricole
et sa contribution à la croissance et à la réduction de la pauvreté. L'amélioration des termes de l'échange devrait
se poursuivre à court et à moyen terme, ce qui renforcera encore la position extérieure. L'engagement résolu du
gouvernement à maintenir la stabilité macroéconomique, à élargir l'espace budgétaire et à promouvoir une gestion
active de la dette est essentiel pour préserver la viabilité de la dette et stimuler la croissance. Dans ce contexte,
la croissance devrait rebondir à 6,4 % en 2024, stimulée par l’organisation de la Coupe d'Afrique des Nations et le
démarrage des premières phases d'exploitation de nouveaux champs pétroliers et gaziers. La croissance économique
devrait atteindre une moyenne de 6,4 % en 2024-26. L'extrême pauvreté devrait se stabiliser à 10,2 % en 2024.
Dans l'ensemble, l'incertitude au niveau international est élevée, orientant les risques à la baisse. Les vents
contraires à court terme sont importants en raison des conséquences prolongées de la guerre en Ukraine, de
la volatilité des capitaux liée à la réaffectation des investissements directs étrangers (IDE) et au commerce, du
ralentissement de la croissance chez les principaux partenaires commerciaux et de la poursuite du resserrement de la
politique monétaire. La crise au Moyen-Orient pourrait provoquer une nouvelle hausse des prix de l'énergie, ravivant
les pressions inflationnistes. L'insécurité mondiale et sous-régionale pourrait aggraver les pressions budgétaires, le
retrait récemment annoncé de trois pays du Sahel de la CEDEAO risquant de perturber le commerce, la confiance des
marchés et les flux d'investissement. Compte tenu de ces risques cumulés et de la réduction des réserves de change
au niveau de l'UEMOA, les responsables politiques n'ont guère d'autre choix que de continuer à renforcer la stabilité
macroéconomique pour soutenir une croissance économique forte à moyen terme. Un retard dans la consolidation
budgétaire pourrait affecter la viabilité de la dette et la croissance. Les gains socio-économiques attendus de
l'élargissement de l'espace budgétaire libéré par l'élimination progressive des subventions pourraient s'avérer moins
tangibles si l'efficacité des investissements et des dépenses sociales se révèle insuffisante.
Les incertitudes mondiales et régionales, couplées aux effets du changement climatique, soulignent la nécessité
d'intégrer stratégiquement l'adaptation au climat dans la stratégie de développement à long terme. La Côte
d'Ivoire ambitionne de renforcer sa décennie de progrès et de devenir une économie à revenu intermédiaire de la
tranche supérieure d'ici 2030, réduisant la pauvreté de 39,4 % en 2018 à 20 %. Pour y parvenir, elle compte renforcer
sa résilience face aux turbulences mondiales et régionales croissantes et au changement climatique. La Côte d'Ivoire
reste fermement engagée dans l'agenda climatique, avec des ambitions élevées contenues dans sa Contribution
Déterminée au niveau National (CDN) révisée. Cependant, elle doit encore améliorer ses mécanismes pour faire
face efficacement aux chocs climatiques, notamment au niveau institutionnel et dans le financement de la transition
climatique.
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Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
Thème spécial : Vers une économie durable : stratégies de financement de la
Côte d’Ivoire face au changement climatique.
Le changement climatique pourrait fortement peser sur les progrès économiques de la Côte d'Ivoire si le statu
quo reste de mise. L'indice mondial des risques climatiques 2019 (GCRI) classe la Côte d'Ivoire à la 129ème place
sur 180 pays sur cette échelle, avec des pertes de vies humaines et économiques attendues en raison des impacts du
changement climatique. La Côte d'Ivoire a un score de vulnérabilité élevé (49e pays le plus vulnérable) et un score de
préparation faible (41ème pays le moins préparé) dans l’Indice de l’Initiative mondiale d’adaptation Notre Dame, et le
changement climatique pourrait ajouter plus de 1,6 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté d'ici 2050,
avec des pertes subies principalement par le secteur agricole, le capital humain et les infrastructures. Le Rapport sur le
Climat et le Développement en Côte d'Ivoire (CCDR) (Banque mondiale, 2023) indique que les impacts du changement
climatique sur la Côte d'Ivoire seront immensément ressentis, à la fois économiquement et socialement, mais que
l'adaptation pourrait grandement atténuer l'impact.
Le CCDR estime l'impact potentiel du changement climatique sur l'économie de la Côte d'Ivoire à travers les
changements de la productivité du travail et l'augmentation des coûts de réparation et de renouvellement
du capital. Il compare deux scénarii climatiques alternatifs représentant des différences qualitatives dans les
changements climatiques : le scénario sec et chaud, et le scénario humide et chaud. Les résultats indiquent que sans
efforts d'adaptation, les pertes annuelles moyennes de PIB augmenteront au fil du temps, pour atteindre jusqu'à 13
% du PIB d'ici à 2050. La perte estimée de PIB réel due au changement climatique passerait de 3-4,5 % en 2030 à
8-13 % en 2050. La pauvreté diminuerait de 39 % en 2020 à 16,7 % en 2050 en l'absence de changement climatique.
Toutefois, dans le scénario sec et chaud, elle n'atteindrait que 23,4 % en 2050. La Côte d'Ivoire n'atteindrait le statut
de pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure qu'à la fin des années 2040 ou après 2050, loin des ambitions
de la Vision 2030 du pays. L'adaptation peut faire la différence. Les pertes de PIB pourraient être réduites de moitié
d'ici 2050, tandis que la pauvreté pourrait être ramenée à 20,5 %. Cela souligne la nécessité de la continuation de
la mise en œuvre de politiques et de financements en matière d'adaptation et d'atténuation, dans un contexte de
consolidation budgétaire et d'espace budgétaire restreint.
Au regard des coûts sociaux et économiques, les besoins de financement pour l'adaptation et l'atténuation en
Côte d'Ivoire sont considérables. Les contributions déterminées au niveau national (CDN) révisées estiment que la
Côte d'Ivoire aura besoin de 22 milliards de dollars d'ici à 2030 pour atteindre son objectif de transition climatique,
dont 10 et 12 milliards de dollars pour l'atténuation et l'adaptation respectivement. La moitié de ce montant devrait
provenir du secteur privé. Le montant total représenterait environ 17 % du PIB de 2030, soit un coût annuel moyen
d'environ 2 % du PIB au cours de la prochaine décennie. En outre, le CCDR souligne que les investissements pour le
développement et la résilience climatique sont inextricablement liés et ne peuvent être séparés. Dans ce contexte,
le CCDR estime que le pays aurait besoin d'investissements supplémentaires d'au moins 0,2 % à 0,4 % du PIB par
an entre 2023 et 20502 pour limiter l'impact climatique futur au sens le plus strict. Mais à ce jour, le financement
climatique en Côte d'Ivoire n'a été que modeste, soulignant le besoin urgent d'accélérer la mobilisation des ressources
nationales, l'attraction du secteur privé et le développement des options de financement pour les investissements en
faveur du climat.
Compte tenu des conditions financières mondiales difficiles et du financement international limité, le financement
de la transition climatique nécessitera un financement public innovant et une mobilisation efficace du secteur
privé. Les crises mondiales qui se chevauchent ont mis à rude épreuve la capacité budgétaire et augmenté les coûts
d'emprunt, rendant plus difficile le recours aux ressources nécessaires à court et moyen termes par le gouvernement,
tandis que les fonds multilatéraux liés au climat ont jusqu'à présent été limités en Côte d'Ivoire (seulement 100
millions de dollars US en 2022). Pour répondre aux besoins de financement climatique, il faudra donc identifier les
synergies entre la politique budgétaire et les objectifs climatiques (atténuation/adaptation), exploiter les instruments
de la dette verte souveraine, développer les marchés de capitaux verts et mobiliser l'investissement privé. En outre,
des réformes structurelles visant à améliorer l'efficacité des dépenses publiques et à encourager le secteur privé
à investir dans des projets verts et climato-intelligents 3seront essentielles pour réduire les coûts. La Côte d'Ivoire
pourrait atteindre ces objectifs de financement climatique de manière équitable, efficace et adéquate. Concrètement,
le financement de la transition climatique en Côte d'Ivoire peut suivre les six stratégies suivantes.
2 Dans la CCDR, les besoins de financement sont définis selon une définition stricte de l'additionnalité, c'est-à-dire la différence entre les niveaux
d'investissement optimaux avec et sans chocs climatiques.
3 Le terme climato-intelligent consiste à ajuster toutes les activités dont le financement afin qu'elle puisse faire face aux nouvelles conditions et
évènements extrêmes météorologiques.
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Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
Équité climato-intelligente : comment créer un espace budgétaire et attirer
les investissements privés ?
Avec le durcissement des conditions de financement sur les marchés des capitaux au niveau international et
régional, il est indispensable de tirer parti de l'investissement privé. Mais cela nécessitera un renforcement
du cadre réglementaire. Compte tenu des contraintes actuelles en matière d'accès aux marchés financiers, et en
raison de la volatilité croissante, les ressources publiques ne suffiront certainement pas à elles seules à répondre aux
besoins de financement de la lutte contre le changement climatique. Les investissements publics, privés et étrangers
(directs) doivent donc être exploités non seulement pour leur contribution financière, mais aussi pour leur potentiel
d'innovation, d'expertise et d'efficacité dans les efforts d'atténuation et d'adaptation au changement climatique.
Malgré une augmentation ces dernières années, les investissements privés domestiques et les investissements
directs étrangers en Côte d'Ivoire sont encore relativement faibles par rapport à ses pairs aspirationnels comme le
Vietnam, et le champ d'application des investissements verts et climato-intelligents est particulièrement immense.
Pour attirer les investissements privés, il faudra se concentrer sur les secteurs les plus pertinents pour atteindre la
résilience et les engagements du pays en matière de climat. Le gouvernement a identifié le secteur des énergies
renouvelables, jusqu'à présent le seul des CDN avec des objectifs quantifiés, comme un catalyseur pour attirer des
investissements privés de 7,8 à 8 milliards de dollars US afin d'atteindre l'objectif de 45 % d'énergies renouvelables
du gouvernement d'ici 2030.4 Cependant, pour atteindre cet objectif financier spécifique - mais aussi pour mobiliser
des ressources dans divers secteurs clés - trois conditions sont nécessaires : i) les efforts en cours pour améliorer
le climat d'investissement et la concurrence sur les marchés clés devraient compléter les mesures ciblées visant
à stimuler les investissements verts ou climato-intelligents; ii) développer des marchés de capitaux privés solides
capables de canaliser efficacement les capitaux vers des investissements dans des projets verts et respectueux du
climat, notamment en élargissant le pool d'investisseurs et en encourageant l'investissement privé ; iii) des réformes
réglementaires et juridiques essentielles sont nécessaires pour accroître le capital-investissement et le capital-risque
(PE/VC) dans le domaine des technologies vertes.
La taxe carbone peut efficacement contribuer à créer une marge budgétaire pour l'action climatique, avec
d’importants avantages pour la croissance, l'efficacité économique, la distribution et l'environnement. Les taxes
carbone établissent généralement un lien direct entre les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES)5 d'un produit ou d'un
processus et la taxe à payer sur ce produit ou ce processus. Les contribuables sont donc encouragés à réduire leurs
émissions pour réduire leurs obligations fiscales, que ce soit en adoptant des pratiques plus efficaces, en choisissant
des combustibles plus propres ou, dans le cas des consommateurs, en modifiant leurs habitudes de vie. En tant que
telles, elles sont de plus en plus considérées comme un moyen efficace de réduire les émissions de carbone à l'échelle
mondiale et de remplacer les réglementations moins efficaces sur le carbone, en donnant aux entreprises la certitude
réglementaire dont elles ont besoin pour investir à long terme dans des solutions de remplacement, dont dans les
énergies propres.
Mais la taxe carbone ne peut générer des gains socio-économiques substantiels et d'atténuation du changement
climatique que si elle est bien conçue. Une étude récente de la Banque mondiale qui explore l'impact de différents
scénarii6 pour remplacer les taxes conventionnelles actuelles par une taxe sur le carbone en Côte d'Ivoire montre que :
4 Engager le secteur privé dans la mise en œuvre des CDN - Évaluation du potentiel d'investissement du secteur privé dans le secteur de l'énergie.
PNUD, août 2020, https://www.ndcs.undp.org/content/dam/LECB/docs/pubs-reports/undp-ndcsp-deloitte-privatesector-cote-dIvoire.pdf
5 Mesurées en tonnes métriques d'équivalent dioxyde de carbone, ou tCO2
6 Les quatre principaux scénarii sont les suivants : i) une taxe carbone utilisée pour réduire les impôts sur le travail formel ; ii) les recettes de la taxe
carbone sont compensées par une réduction sans incidence sur les recettes des impôts prélevés sur la production dans les entreprises du secteur
formel ou par une réduction de la TVA ; iv) la taxe carbone est utilisée pour financer un transfert forfaitaire en espèces. La taxe carbone envisagée
entraîne une réduction de 10 pour cent des émissions nationales de CO2 par rapport à la base de référence à 13 169 FCFA ou 22 USD par tonne
de CO2.
15
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
L'utilisation de la taxe carbone pour réduire les impôts sur le travail formel augmenterait le PIB de 0,34
A point de pourcentage et les revenus des ménages de 0,51 point de pourcentage, ce qui stimulerait
l'offre de travail ainsi que les salaires moyens dans les secteurs formel et informel, entraînant une
augmentation du bien-être de 0,28 point de pourcentage. En revanche, l'utilisation de la taxe carbone
pour financer un transfert forfaitaire en espèces à tous les Ivoiriens aurait un impact négatif sur le PIB,
le bien-être et l'emploi total et formel, malgré une augmentation des revenus des ménages.7 Enfin,
l'inégalité totale (et la pauvreté) serait considérablement réduite dans la plupart des scénarii, étant
donné que les tranches de revenus supérieures paieraient la majeure partie de la facture de la taxe
carbone.
Le recyclage des recettes de la taxe carbone pour réduire les taux d'imposition de la production ou du
B travail encouragerait les producteurs informels à passer au secteur formel pour bénéficier du recyclage
de la taxe carbone ; dans le même temps, l'offre d'emplois informels diminuerait de 0,4 point de
pourcentage, en faveur d'une augmentation de 2,1 points de pourcentage de l'emploi formel.
Les taxes sur le carbone réduisent les dommages environnementaux causés par l'activité économique
C
tout en encourageant les changements de comportement, avec par exemple la production de cacao
« durable » sans déforestation. Une incitation fiscale de type "feebate", qui accorde des incitations positives
aux productions à faible impact environnemental et prélève des "droits" négatifs sur les méthodes de
production à forte intensité de carbone, permettrait de réduire l'empreinte environnementale d'activités
telles que le transport, de diminuer la pollution atmosphérique et de promouvoir l'agroforesterie. Dans
le secteur des transports, un mécanisme de tarification verte ajouté aux droits d'importation pourrait
stimuler la demande de véhicules à faible émission de carbone. Dans le secteur du cacao, des incitations
fiscales telles qu'une augmentation annuelle d'un point de pourcentage de la taxation plafonnée à 20,6
% la sixième année pour les produits non certifiés, et une réduction de 2 à 3 points de pourcentage la
première année pour les produits certifiés, sont beaucoup plus rentables pour préserver les écosystèmes
forestiers naturels que des alternatives telles que les efforts de reboisement à grande échelle, qui sont
coûteux (environ 1 500 USD/ha) et dont les taux de survie des arbres sont souvent faibles.
Promouvoir une dette climato-intelligente en élargissant les options de financement pour les entreprises et les
acteurs souverains est un moyen efficace de financer la lutte contre le changement climatique. La finance verte - y
compris les instruments, produits et services financiers conçus pour soutenir les investissements durables, tels que
les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique et les infrastructures durables - s'est révélée indispensable pour
mobiliser des capitaux en faveur des investissements verts. Cependant, l'adoption des obligations vertes a été lente, la
plupart des financements climatiques en Côte d'Ivoire provenant d'instruments de dette classique et de subventions.
Seules quelques banques commerciales financent des projets sur le climat. Un ensemble de facteurs justifie cette
réticence, notamment le manque d'expertise, la perception d'un risque élevé, les bilans limités, le manque persistant
d'informations sur le rôle des facteurs verts, l'absence d'une stratégie spécifique de mobilisation des ressources pour
l'adaptation au changement climatique, le niveau insuffisant des ressources financières mobilisées pour l'atténuation,
tant au niveau interne qu’externe, et les difficultés d'accès au financement climatique à partir de mécanismes externes.
Le cadre politique pour les prêts verts est resté embryonnaire, les labels formels pour les produits de prêts verts et les
flux de financement des banques pour les projets climatiques et environnementaux n'ayant pas encore été introduits.
Un financement accru du secteur public est donc nécessaire pour créer davantage d'opportunités d'investissements
verts pour les capitaux privés - un phénomène connu sous le nom de "crowding in ou effet d’attraction". Ces
ressources permettraient de réduire les risques liés aux projets, de fournir des crédits à des conditions préférentielles
ou de se prémunir contre certains chocs afin de permettre au financement privé d'affluer. Une série d'options
pourraient être explorées non seulement pour attirer de nouvelles sources de financement, mais aussi pour obtenir
davantage de financements concessionnels afin d'encourager les investissements du secteur privé. Le gouvernement
7 Bien que cela puisse refléter une réduction potentielle des incitations au travail, le modèle ne tient pas compte des effets potentiellement
positifs des transferts en espèces sur la formation du capital humain parmi les pauvres.
16
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
devrait s'attacher à maximiser les sources de financement concessionnelles et semi-concessionnelles, à déployer ces
fonds pour réduire les risques et utiliser des structures mixtes qui attirent les fonds du secteur privé, et à explorer
les moyens de lever des fonds publics supplémentaires par le biais d'instruments qui peuvent être financièrement
efficaces, tels que les obligations durables ou vertes, ou les obligations liées à la durabilité.
La Côte d'Ivoire pourrait maximiser la gamme complète des financements concessionnels et semi-
concessionnels disponibles, y compris les nouvelles sources de fonds en faveur du climat. Les donateurs ou les
banques de développement bilatérales ou multilatérales sont d'importantes sources potentielles de financement
concessionnel (IDA, FRD). Ces fonds peuvent être combinés à des sources de financement semi-concessionnelles
ou non concessionnelles afin de réduire les coûts totaux de certains projets liés au climat. En outre, le pays peut
utiliser stratégiquement les fonds climatiques internationaux pour attirer les investissements privés en permettant
aux banques nationales et multilatérales de développement de mettre en place des instruments de partage des
risques, d'encourager l'apprentissage et de renforcer les capacités techniques pour les investissements à l'épreuve
du climat. Ces fonds peuvent être optimisés pour permettre au secteur bancaire du pays d'élargir son offre de produits
verts. La Côte d'Ivoire peut également envisager de déployer des structures financières plus innovantes en utilisant
ces ressources concessionnelles et semi-concessionnelles pour soutenir la liquidité des projets axés sur le climat,
par exemple en créant un prix plancher dans le cadre d'un contrat d'achat d'électricité pour les projets d'énergie
renouvelable.
Tirer parti du cadre amélioré des obligations thématiques pour devenir un leader
régional de la finance durable.
La Côte d'Ivoire a le potentiel pour devenir un leader régional dans la finance durable, en utilisant des obligations
thématiques. Le pays a rejoint et réalisé plusieurs initiatives visant à promouvoir la finance verte et les investissements
durables, notamment la mise en place d'une plateforme nationale sur la finance verte en 2019, l'élaboration d'un
cadre pour le développement des ODD et des obligations vertes en 2020. La Côte d'Ivoire a été parmi les premiers
pays de la région à adopter son cadre de finance durable, un protocole d'accord en septembre 2022 entre la Bourse de
Luxembourg et la BRVM (la Bourse régionale des valeurs mobilières) pour explorer la création d'un marché obligataire
dédié aux obligations vertes, sociales, durables et liées à la durabilité. Ces obligations thématiques peuvent servir
d'alternative à la réticence des banques locales à financer des projets liés au climat et à l'environnement.
En fonction des conditions du marché des capitaux, le gouvernement peut étudier la possibilité d'une émission
d'obligations thématiques ou d'obligations liées à la durabilité. Alors que le cadre politique pour d'autres
instruments financiers verts tels que les prêts verts reste peu développé, il peut y avoir un potentiel pour une forme
relativement nouvelle d'obligations durables connues sous le nom d'obligations liées à la durabilité. Ces obligations
lient la performance financière de l'obligation à la réalisation d'indicateurs de performance clés préétablis et
convenus. Cette approche peut être intéressante pour la Côte d'Ivoire en tant que suivi potentiel d'une obligation
verte souveraine, car elle peut s'appuyer sur le cadre déjà en place. L'obligation pourrait être émise sur le marché
international ou national, en s'appuyant sur le cadre existant. Elle peut attirer de nouveaux investisseurs, envoyer des
signaux positifs en matières d’orientations politiques, générer des financements pour des portefeuilles spécifiques de
projets éligibles, et potentiellement offrir des conditions financières légèrement meilleures.
La Côte d'Ivoire est considérée comme un candidat prometteur pour le développement d'initiatives sur le marché
du carbone qui pourraient canaliser le financement climatique. Pour atteindre les objectifs de sa CDN, la Côte
d'Ivoire a exprimé sa volonté de s'engager dans une collaboration basée sur le marché et non basée sur le marché
et a acquis de l'expérience grâce à plusieurs projets éligibles au Mécanisme de développement propre du Protocole
de Kyoto ainsi qu'à des activités REDD+8. Le pays a créé une Task Force en octobre 2022 et a organisé un atelier sur
8 Activités REDD+ financées par des paiements basés sur les résultats du Fonds de partenariat pour le carbone forestier (FCPF) de la Banque
mondiale, notamment dans le parc national de Taï.
17
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
les dispositions institutionnelles et la réglementation en juillet 2023 afin de rendre rapidement opérationnel l'article
6 de l'Accord de Paris. Sur la base de la feuille de route, la prochaine étape consistera à fournir une sécurité juridique
aux investisseurs étrangers en clarifiant la propriété et la transférabilité des résultats d'atténuation transférés à
l'international (ITMO) ou des réductions d'émissions à délivrer pour les activités éligibles en Côte d'Ivoire, et à établir
des systèmes de mesure, de notification et de vérification (MRV) et des inventaires qui informent et stimulent l'action
climatique nationale et sont conformes au Cadre de transparence renforcé de l'Accord de Paris.
Élaborer une "approche par paliers" et mettre en œuvre des instruments souverains
de financement des risques de catastrophes.
Une bonne combinaison d'instruments financiers souverains préétablis, y compris des instruments fondés
sur le marché, peut contribuer à renforcer la résilience financière face aux catastrophes et au secteur privé.
Une stratégie efficace à envisager est la "superposition des risques", où des événements d'ampleur différente sont
couverts par différents types d'instruments : des fonds de réserve en cas de catastrophe pour une liquidité rapide
en cas de petits événements, aux crédits conditionnels ou aux subventions et aux crédits post-catastrophe pour la
reconstruction après des événements d'ampleur moyenne, en passant par les instruments internationaux de transfert
de risques pour les catastrophes les plus importantes. Par exemple, la Côte d'Ivoire a souscrit une assurance contre la
sécheresse auprès de l'African Risk Capacity (ARC), et il existe des possibilités d'utiliser d'autres instruments tels que
le mécanisme CAT DDO du Groupe de la Banque Mondiale. Ce type de financement préétabli peut garantir que l'argent
parvienne à ceux qui en ont le plus besoin au moment où ils en ont le plus besoin.
18
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
1. L'état de l'économie
Développements
macroéconomiques récents
En 2023, l'économie de la Côte d'Ivoire est restée vigoureuse dans un contexte de turbulences mondiales et
régionales et de tensions sur les marchés financiers. L'activité économique a démarré l'année 2023 en force,
presqu’au même rythme qu'en 2021, mais s'est ralentie au cours de l'année. L'invasion de l'Ukraine par la Russie a
continué à perturber le commerce international, à alimenter la volatilité des capitaux et les pressions inflationnistes
- bien que modérées - avec des implications sociales importantes, notamment pour les populations vulnérables. Le
resserrement monétaire visant à contenir les pressions inflationnistes dans le monde et dans la région a augmenté
les coûts d'emprunt pour les gouvernements et les entreprises. Parallèlement, le retrait des mesures qui ont permis
d'amortir les effets des chocs a également pesé sur les ménages, limitant ainsi leur consommation. En Afrique de
l'Ouest, les tensions sécuritaires ont été exacerbées par une instabilité politique accrue, avec un coup d'État au Niger
qui a divisé une région et ébranlé les acquis de plusieurs décennies de l'intégration régionale (CEDEAO), souvent saluée
comme un modèle en Afrique. En 2023, la Côte d'Ivoire a continué d'accueillir un nombre important de migrants et de
renforcer son programme de développement socio-économique dans les régions les plus exposées et les plus fragiles
du nord, en mettant davantage l'accent sur la jeunesse. Au milieu de ces turbulences mondiales, le pays a réussi à
préserver la solidité de son économie, aidé par la ferveur et les investissements importants en amont de la Coupe
d'Afrique des Nations qu'il a accueillie en janvier-février 2024.
L'investissement a soutenu la croissance, tandis que la réduction des dépenses et subventions liées aux chocs
externes a ralenti la consommation privée. La dynamique de croissance s'est ralentie en raison de la persistance
des tensions géopolitiques et du resserrement des conditions financières. Le PIB réel a augmenté de 6,8 % au premier
trimestre de 2023 (2023-T1) et de 5,1 % en moyenne au cours des deux trimestres suivants (T2-T3, Figure 1.1.a),
soit une croissance annuelle estimée à 6,0 %9 (3,4 % par habitant), en baisse par rapport aux 6,2 % de 2022, mais
deux plus élevées que les moyennes mondiale et d’Afrique sub-saharienne (Figure 1.1a, World Bank, 202410). Cette
évolution est due à la vigueur des investissements publics et privés, qui ont contribué à la croissance à hauteur de 4.3
points de pourcentage. Conformément à l'engagement ferme en faveur de la mobilisation des recettes intérieures,
la contribution des impôts et taxes nets de subvention a également été substantielle, représentant près d'un tiers
de la croissance. L'investissement public s'est accéléré, avec l'achèvement d'infrastructures sportives et routières
essentielles (liées à l'accueil de la Coupe d'Afrique des Nations), tandis que la mise en œuvre du PND s'est accélérée.
L'investissement privé a fortement progressé grâce à la croissance du crédit, malgré le resserrement de la politique
monétaire. En revanche, la consommation privée s'est ralentie, en raison de l'augmentation des tarifs des carburants
et de l'électricité (environ +10 %), le gouvernement ayant réduit les subventions à l'alimentation et à l'énergie liées à
la crise. De même, la contribution de la consommation publique à la croissance a diminué, quoique légèrement, en lien
9 Le taux de croissance de 2023 est de 6,5% selon les estimations du gouvernement.
10 World Bank. 2024. Global Economic Prospects, June 2024. Washington, DC: World Bank. doi:10.1596/978-1-4648-2058-8.
19
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
avec l’amorce de la consolidation budgétaire. La contribution du commerce extérieur est ressortie neutre, la hausse
des importations (+10,5 %) compensant la croissance des exportations (+8,9 %).
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5,0%
0,0% 0,0% -40,0%
-20,0%
40,0%
15,0%
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-5,0% -60,0%
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-5,0%
Consommation interne(LHS) Exportations(RHS)
-10,0%
Production nette (LHS) Offre totale
15,0%
Industrie : Contribution sectorielle
Sources
15,0%: Calculs
(endes services de la Banque
glissement mondiale 25,0%
basés sur les données Entreprises
de l'INS, des ministères de l'économie et des finances.
Industrie annuel, moyenne
: Contribution non pondérée)
sectorielle indice de rotation
(en glissement annuel, moyenne non pondérée)
25,0% Entreprises
20,0%
10,0% indice de rotation
20,0%
10,0% 15,0%
Du côté de l'offre,
15,0% l'industrie et les services ont soutenu
Industrie : Contribution sectorielle 15,0% la croissance, bien qu'à un rythme plus lent (figure
de pourcentage, Entreprises
25,0%
10,0%
1.1b).5,0%Ils(en
ont contribué à hauteur de 1,5
glissement annuel, moyenne non pondérée) et 3.9 points respectivement. Comme les trois années
10,0% indice de rotation
précédentes,
5,0% l'agriculture a contribué marginalement à la croissance
20,0%
5,0% en 2023, malgré une augmentation estimée de
la10,0%
production de cultures vivrières, en raison d'une faible productivité 5,0% et de conditions météorologiques défavorables
0,0% 0,0%
15,0%
qui ont particulièrement affecté les cultures de rente. Les données de haute fréquence ont souligné cette dynamique
avr-21avr-21
juin-21
avr-22avr-22
juin-22
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oct-20oct-20
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oct-21oct-21
déc-21déc-21
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oct-22oct-22
déc-22déc-22
févr-23
oct-23oct-23
août-20
août-21
août-22
août-23
0,0% 0,0%
persistante mais modérée. L'indice de la production industrielle
-5,0%
10,0% a augmenté moins fortement qu'en 2022, avec une
juin-21
juin-22
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5,0%
hausse -5,0%de 5,8 % en 2023 contre 7,4 % en 2022, en raison
Exploitation minière Agrobusiness
de
-5,0% la modération de la croissance des secteurs des mines
-10,0%
5,0%
et carrières
-5,0% (+9,6 %
Pétrole contre
Exploitation minière
+12,5 % en 2022)
Énergie et
et eau
Agrobusiness
de l'industrie manufacturière
Dans l'ensemble (+3,9 % contre
Produits B-Fuel % en 2022) (Figure
5,4
Autres L'industrie -10,0%
1.2a).
0,0% La croissance
Pétrole de l’indice de la construction
Énergie et eau reste forte
0,0% (Figure 1.2c),
Non-carburant
Dans l'ensemblemais est passée
ProduitsàB-Fuel
13,9 % au cours des dix
Autres L'industrie
premiers mois de 2023, contre 21,2 % en 2022, reflétant l'achèvement des travaux publics liés à la Coupe d'Afrique
avr-21
juin-21
avr-22
juin-22
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oct-21
déc-21
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oct-22
déc-22
févr-23
oct-23
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août-22
août-23
Non-carburant
-5,0%
-5,0%
Exploitation minière Agrobusiness -10,0%
Pétrole Énergie et eau
Dans l'ensemble Produits B-Fuel
Autres L'industrie
Non-carburant
20
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
Fourniture, consommation et exportation d'électricité
Fourniture,
(variation consommation
en pourcentage et exportation
des droits acquis sur 3d'électricité
mois)
Consommation domestique de carburant 20,0% (variation en pourcentage des droits acquis sur 3 mois)
140,0%
(en2024.
glissement Consommation domestique de carburant
annuel, régularisation surla3 production
mois)
des Nations En revanche, l'indice de d'énergie s'est raffermi, dépassant de 3 % sa valeur de 2022,120,0%140,0%
20,0%
(en glissement annuel, régularisation sur 3 mois)
grâce à une production d'électricité plus importante (+9,6 %, soit
30,0% 3,4 % de plus qu'en 2022) à l'approche de la Coupe100,0%120,0%
15,0%
30,0% 15,0% 100,0%
d'Afrique
25,0% des nations (figure 1.1d). La dynamique des services s'est maintenue mais s'est modérée. L'indice du chiffre80,0%
25,0% 80,0%
d'affaires
20,0%
du commerce de détail a augmenté de 7,5 % en 2023,10,0% soit 4 points de pourcentage de moins qu'en 2022, la60,0%
10,0% 60,0%
demande s'étant ralentie en raison de l'inflation continue des prix des denrées alimentaires et de l'augmentation des40,0% 40,0%
20,0%
15,0%
prix des carburants.
15,0% Dans les transports, le fret maritime s'est fortement 5,0%
5,0%
accéléré, augmentant de 19,5 % contre 1,420,0% 20,0%
10,0%
% en 2022,10,0%
stimulé par une augmentation de l'activité dans les deux ports (Abidjan, +21,1 %; San-Pedro, +12,5 %)110,0% 0,0%
grâce à l'amélioration
5,0%
5,0% des infrastructures. Si le transport aérien a0,0% également
0,0% connu une forte croissance (+11,5 %), le-20,0%-20,0%
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fret ferroviaire0,0%a chuté de 16,6 % en raison d'une nouvelle baisse du trafic avec le Burkina Faso (-23,4 %).
-40,0%
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-5,0% -5,0%
Figure
-10,0%
1.2 : Côte d'Ivoire - Performances de l'industrie et des services. Consommation interne(LHS)
Consommation interne(LHS)
Exportations(RHS)
Exportations(RHS)
-10,0%
Production nette (LHS) nette (LHS)
Production Offre totale
Offre totale
15,0% 15,0%
Industrie :Industrie : Contribution
Contribution sectoriellesectorielle
(en glissement annuel, moyenne non pondérée)
25,0% 25,0% Entreprises
Entreprises
(en glissement annuel, moyenne non pondérée)
indice
indice de de rotation
rotation
20,0% 20,0%
10,0% 10,0%
15,0% 15,0%
5,0%
5,0%
0,0% 0,0%
0,0% 0,0%
avr-21
juin-21
avr-22
juin-22
avr-23
juin-23
oct-20
déc-20
févr-21
oct-21
déc-21
févr-22
oct-22
déc-22
févr-23
oct-23
août-20
août-21
août-22
août-23
avr-21
juin-21
avr-22
juin-22
avr-23
juin-23
oct-20
déc-20
févr-21
oct-21
déc-21
févr-22
oct-22
déc-22
févr-23
oct-23
août-20
août-21
août-22
août-23
-5,0%
-5,0%
-5,0%
-5,0% Exploitation minière Agrobusiness -10,0%
Exploitation Pétrole
minière AgrobusinessÉnergie et eau -10,0%
Pétrole Énergie et eau Dans l'ensemble Produits B-Fuel
Autres L'industrie Dans l'ensemble Produits B-Fuel
Autres L'industrie Non-carburant
Non-carburant
sept-18
sept-19
sept-20
sept-21
sept-22
sept-23
déc-16
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déc-21
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juin-17
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mars-17
mars-18
mars-19
mars-20
mars-21
mars-22
mars-23
-5,0 0,0
-50,0 -10,0
0,0 -20,0
-10,0 Manganèse (RHS) DiamOND(RHS) -15,0
sept-17
sept-18
sept-19
sept-20
sept-21
sept-22
sept-23
déc-16
déc-17
déc-18
déc-19
déc-20
déc-21
déc-22
juin-17
juin-18
juin-19
juin-20
juin-21
juin-22
juin-23
mars-17
mars-18
mars-19
mars-20
mars-21
mars-22
mars-23
-5,0 -100,0
-50,0 Pétrole brut (LHS) Or (LHS) -25,0
-15,0 -20,0
GaS(lhs) (RHS)
Manganèse DiamOND(RHS)
-10,0
-100,0 Pétrole brut (LHS) Or (LHS) -25,0
-15,0
GaS(lhs)
Sources : Calculs des services de la Banque mondiale basés sur les données de l'INS, Ministère de l’Economie, du Plan et du Développement.
Production agricole
(variation en pourcentage en glissement annuel, moyenne Emploi
80,00 mobile sur 12 mois) (variation en pourcentage)
Production agricole
60,00 12,0%
(variation en pourcentage en glissement annuel, moyenne Emploi
11 80,00
Notamment mobile sur 12 mois)
40,00 lors de la mise en service du deuxième terminal à conteneurs. (variation en pourcentage)
10,0%
60,00 20,00 12,0%
8,0%
40,00 0,00
10,0%
juin-13
avr-14
mars-17
juin-18
avr-19
mars-22
juin-23
févr-15
juil-15
févr-20
juil-20
nov-13
déc-15
oct-16
août-17
nov-18
déc-20
oct-21
août-22
nov-23
mai-16
mai-21
sept-14
sept-19
janv-18
janv-23
20,00
6,0%
-20,00
8,0%
0,00 -40,00
21 4,0%
juin-13
avr-14
mars-17
juin-18
avr-19
mars-22
juin-23
févr-15
juil-15
févr-20
juil-20
nov-13
déc-15
oct-16
août-17
nov-18
déc-20
oct-21
août-22
nov-23
mai-16
mai-21
sept-14
sept-19
janv-18
janv-23
-60,00 6,0%
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14 ème édition - Juin 2024
-20,00
2,0%
Indice de construction
(variation en pourcentage en glissement annuel, Extraction minière
moyenne
Indicemobile sur 12 mois)
de construction 200,0 (en glissement annuel Pourcentage de variation) 20,0
30,0
(variation en pourcentage en glissement annuel, Extraction minière 15,0
25,0 moyenne mobile sur 12 mois) 200,0 (en glissement annuel Pourcentage de variation) 20,0
30,0 150,0
Le secteur primaire a bénéficié du démarrage des premières phases d'exploitation de nouveaux gisements 10,0 de
20,0 15,0
pétrole
25,0 et de gaz (+15,6 %). Alors que la production d'or 150,0
100,0
n'a augmenté que de 5,4 %, contre 14,2 %5,0
en 2022, la
production
15,0
20,0 du manganèse s’est nettement redressée (+26,4 %) après une chute au cours des trois années antérieures 10,0
0,0
(figure
10,0 1.2.d). Les bonnes précipitations ont favorisé la production
100,0
50,0 de cultures vivrières, les tubercules et5,0plantains,
15,0
les céréales et les autres cultures vivrières ayant augmenté respectivement de 6,5, 4,1 et 29,1 %. En -5,0 revanche,
0,0
les
5,0
fortes
10,0 précipitations dans les zones de production ont aggravé 50,0
0,0 le vieillissement des arbres et exacerbé-10,0 les maladies
-5,0
fongiques,
0,0
5,0 entraînant une baisse des principaux produits d'exportation, la production de cacao et de café chutant
-15,0
sept-17
juin-18 sept-18
juin-19 sept-19
juin-20 sept-20
juin-21 sept-21
juin-22 sept-22
juin-23 sept-23
déc-16 déc-16
déc-17
sept-18 déc-18
sept-19 déc-19
sept-20 déc-20
sept-21 déc-21
sept-22 déc-22
juin-17 juin-17
mars-18 juin-18
mars-19 juin-19
mars-20 juin-20
mars-21 juin-21
mars-22 juin-22
mars-23 juin-23
mars-17 mars-17
mars-18
déc-18 mars-19
déc-19 mars-20
déc-20 mars-21
déc-21 mars-22
déc-22 mars-23
respectivement
-5,0 de 22,8 % et de 50,8 %. À l'inverse, la production
-50,00,0 de noix de cajou, deuxième produit d'exportation, -10,0 a
0,0 -20,0
augmenté d'environ 18 % (figure 1.3.a). La résilience de l'activité s'est traduite
Manganèse (RHS) par une création
DiamOND(RHS)globale d'emplois
-15,0 (+9
sept-17
sept-23
déc-17
-10,0
%-5,0
en glissement annuel) (figure 1.3.b), ce qui a contribué à maintenir
-50,0
-100,0 labrut
Pétrole confiance
(LHS) desOr consommateurs
(LHS) en dépit des
-25,0
-15,0 -20,0
prix
-10,0 élevés et de la réduction des subventions. Manganèse (RHS)
GaS(lhs) DiamOND(RHS)
-100,0 Pétrole brut (LHS) Or (LHS) -25,0
-15,0
GaS(lhs)
Figure 1.3 : Côte d'Ivoire - Performances en matière d'agriculture et d'emploi
avr-14
mars-17
juin-18
avr-19
mars-22
juin-23
févr-15
juil-15
févr-20
juil-20
nov-13
déc-15
oct-16
août-17
nov-18
déc-20
oct-21
août-22
nov-23
mai-16
mai-21
sept-14
sept-19
janv-18
janv-23
6,0%
8,0%
-20,00
0,00
juin-13
avr-14
mars-17
juin-18
avr-19
mars-22
juin-23
févr-15
juil-15
févr-20
juil-20
nov-13
déc-15
oct-16
août-17
nov-18
déc-20
oct-21
août-22
nov-23
mai-16
mai-21
sept-14
sept-19
janv-18
janv-23
-40,00 4,0%
6,0%
-20,00
-60,00
-40,00 2,0%
4,0%
-80,00
-60,00 0,0%
Noix de cajou Coton Cacao Dessert banane 2,0%
sept-16
sept-17
sept-18
sept-19
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déc-15
déc-16
déc-17
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déc-19
déc-20
déc-21
déc-22
juin-16
juin-17
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juin-21
juin-22
juin-23
mars-16
mars-17
mars-18
mars-19
mars-20
mars-21
mars-22
mars-23
-80,00
sept-17
sept-18
sept-19
sept-20
sept-21
sept-22
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déc-15
déc-16
déc-17
déc-18
déc-19
déc-20
déc-21
déc-22
juin-16
juin-17
juin-18
juin-19
juin-20
juin-21
juin-22
juin-23
mars-16
mars-17
mars-18
mars-19
mars-20
mars-21
mars-22
mars-23
Sources : CalculsImporté
des services de la Banque mondiale basés sur les données de l'INS, Ministère de l’Economie, du Plan et du Développement..
Autres L'inflation importée par rapport à l'inflation intérieure
Communication
Transport
Importé
L'énergie
Autres 25,0% L'inflation importée par rapport à l'inflation intérieure
L'inflation
6,0% annuelle
Logement
a diminué, passant de 5,2 % en 2022, son niveau le plus élevé de la décennie, à 4,4 % en
Communication
Alimentation
Transport 20,0%
2023,
5,0% la hausse
Cœur des
de
L'énergie prix
métier (hors intérieurs dealimentaires)
énergie et produits l'énergie ayant partiellement
25,0% compensé la baisse de l'inflation au niveau
6,0% l'ensemble
Logement 15,0%
des denrées alimentaires. Il s'agit de la première baisse de l'inflation depuis la pandémie et elle est principalement
Dans
4,0% Alimentation 20,0%
due à la baisse dedel'inflation
Cœur alimentaire,
métier (hors énergie qui est tombée à 6,410,0%
et produits alimentaires) % (-2,5 points de pourcentage en glissement annuel)
5,0%
(Figure
3,0% 1.4.a).Dans
Enl'ensemble
revanche, malgré la chute des prix internationaux 15,0% du pétrole, l'augmentation des prix de l'énergie
5,0%
s'est raffermie pour atteindre 2,4 % (+1,8 point de pourcentage
4,0% en glissement annuel). Les prix des transports ont
10,0%
2,0% 0,0%
augmenté
3,0%
d'une ampleur similaire, en raison de la reprise progressive de la tarification automatique des carburants
5,0%
domestiques
1,0% et des augmentations des tarifs de l'électricité. L'inflation -5,0% alimentaire reste le principal facteur d'inflation
2,0%points de pourcentage), suivie par les transports (0,8 point 0,0%
(2,2 de pourcentage), le logement, l'eau et l'énergie (0,6
0,0% -10,0%
point
1,0% de pourcentage) (figure 1.4.a). L'inflation de base s'est établie à 3,2 %, au-dessus de de la fourchette cible de 1-3
-5,0%
-15,0%
% de la Banque centrale, reflétant les effets persistants des perturbations de la chaîne d'approvisionnement mondiale
-1,0%
0,0% -10,0% Importé local
et de la dépréciation du taux de change US$/CFA Franc, ainsi-20,0%
-2,0% que des tensions politiques et sécuritaires régionales
accrues. -15,0%
Dec-12
Dec-13
Dec-14
Dec-15
Dec-16
Dec-17
Dec-18
Dec-19
Dec-20
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Jun-13
Jun-14
Jun-15
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Jun-19
Jun-20
Jun-21
June-22
Jun-23
-1,0%
Importé local
-20,0%
-2,0%
Dec-12
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22
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
-20,00 6,0%
-20,00
d
am
m
ja
ja
n
j
jj
nj
j
f
f
s
s
a
jj
nj
m
aj
f
f
s
a
-40,00
-40,00 4,0% 4,0%
-60,00
-60,00 2,0% 2,0%
-80,00
-80,00
Figure 1.4Noix
: L'inflation
de cajou
et ses moteurs
Coton Cacao Dessert banane
0,0%
0,0%
Noix de cajou Coton Cacao Dessert banane
sept-16
sept-17
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a. L'inflation a diminué en 2023 mais est restée à des b. Les prix extérieurs élevés alimentent
niveaux élevés d’avant la pandémie. l'inflation intérieure.
Importé
Autres
Importé L'inflation importée par rapport à l'inflation intérieure
Communication
Autres L'inflation importée par rapport à l'inflation intérieure
Transport
Communication
L'énergie 25,0%
Transport
6,0% Logement
L'énergie
Alimentation 20,0% 25,0%
6,0% Logement
Cœur de métier (hors énergie et produits alimentaires)
5,0% Alimentation
Dans l'ensemble 15,0% 20,0%
5,0% Cœur de métier (hors énergie et produits alimentaires)
4,0%
Dans l'ensemble 10,0% 15,0%
4,0%
3,0% 5,0% 10,0%
3,0%
2,0% 0,0% 5,0%
1,0%
2,0% -5,0% 0,0%
0,0% -10,0%
1,0% -5,0%
-15,0%
-1,0% -10,0%
0,0% Importé local
-20,0%
-2,0% -15,0%
-1,0%
Dec-12 Dec-12
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Jun-15 Dec-15
Jun-16 Dec-16
Jun-17 Dec-17
Jun-18 Dec-18
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Dec-20 Dec-21
Dec-21 Dec-22
Dec-22 Dec-23
Jun-13 Jun-13
Jun-14
Jun-15
Dec-15 Jun-16
Dec-16 Jun-17
Dec-17 Jun-18
Dec-18 Jun-19
Jun-20
Jun-21
Jun-21 June-22
June-22 Jun-23
Importé local
-20,0%
-2,0%
Dec-13
Dec-14
Dec-19
Dec-23
Jun-14
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Jun-20
Jun-23
Source : INS
L'inflation a pesé sur la réduction de l’extrême pauvreté. L'extrême pauvreté en Côte d'Ivoire, mesurée au seuil
international d'extrême pauvreté [1], est estimée à 10,1 % en 2023, soit 0,3 point de pourcentage de plus qu'en 2022
(figure 1.5). L'expansion de l'industrie et des services - qui emploient respectivement 13,3 et 40,9 % de la main-
d'œuvre - tire la pauvreté vers le bas. Mais la croissance de l'agriculture, qui emploie 45,8 % de la main-d'œuvre, 76,6
% des travailleurs ruraux et 70,2 % des pauvres, est faible, la hausse des prix des denrées alimentaires annulant les
effets globaux de la croissance. En outre, l'inflation mesurée par l'indice des prix à la consommation en 2023 était plus
élevée que le déflateur du PIB [2] (4,4 % contre 2,9 %) (figures 1.5b et 1.5. c), ce qui suggère que le pouvoir d'achat des
ménages pourrait avoir augmenté à un taux inférieur à celui suggéré par la croissance du PIB réel12[3].
a. L’industrie et les services devraient soutenir les b. Le pouvoir d’achat des ménages est en
efforts de réduction de la pauvreté. retard sur la croissance du PIB réel.
Source : EHCVM (2021) : Banque mondiale, Macroeconomics, Trade, and Source : Banque mondiale, Macroeconomics, Trade, and
Investment (MTI) Global Practice (2024). Pauvreté estimée en 2021. Investment (MTI) Global Practice (2024). Les projections
Projections de la pauvreté de 2024 à 2026 en utilisant le seuil de pauvreté commencent en 2024.
international (2,15 dollars par personne et par jour en PPA 2017).
12 [La construction d'une pondération spécifique aux ménages a un impact global modéré sur la réduction de la pauvreté, l'impact le plus important
étant l'ajustement de la consommation réelle des ménages en fonction de l'inflation plutôt que de supposer qu'elle augmente proportionnellement
au PIB réel.
23
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
c. Divergence entre les taux d'inflation spécifiques aux ménages, les taux d'inflation officiels et le déflateur du
PIB , 2023
Source : EHCVM (2021) : Banque mondiale, Macroeconomics, Trade, and Investment (MTI) Global Practice (2024). Pauvreté estimée en 2021.
Projections de la pauvreté de 2022 à 2026 en utilisant le seuil de pauvreté national.
Note : La figure montre les taux d'inflation spécifiques aux ménages par quintile de dépenses en 2023. En outre, les deux lignes horizontales
indiquent la valeur officielle de l'IPC (ligne grise continue) ainsi que le déflateur du PIB (ligne pointillée gris clair). Le chiffre 1 correspond au quintile
le plus pauvre et le chiffre 5 au quintile le plus riche.
Les déficits extérieurs ont augmenté en 2023 malgré une amélioration substantielle des termes de l'échange et
la consolidation budgétaire. Le déficit du compte courant s'est fortement creusé en 2022, passant de 3.9 % du PIB
en 2021 à 7.7 % du PIB en 2022, reflétant une détérioration significative des termes de l'échange due aux impacts de
la guerre en Ukraine (-10,3 %) et de l’augmentation du déficit budgétaire. Une amélioration due à l'augmentation des
recettes d'exportation résultant de l'amélioration des termes de l'échange (+20,7 %), à la baisse des prix à l'importation
et à la poursuite de l'ajustement budgétaire a été compensée par l'augmentation des déficits dans les services et les
revenus primaires et secondaires, détériorant le déficit de la balance courante (CAD) à un niveau estimé à 7,9 %
du PIB en 2023. Outre la dégradation du CAD, le resserrement monétaire dans la plupart des banques centrales a
conduit à une mobilisation de ressources financières extérieures plus faible par rapport aux années précédentes. Ces
évolutions ont entraîné une chute des réserves communes de l'UEMOA d'environ 20 %, à 4,3 mois d'importations en
2022, et à une prévision de 3,6 mois d'importations à la fin de l'année 2023.
L'amélioration des termes de l'échange a largement reflété les hausses du prix du cacao. Dans l'ensemble, les
prix à l'exportation ont augmenté de 10,8 % alors que ceux à l'importation ont reculé de 8,2 %. Les prix mondiaux
des produits de base, y compris les prix des denrées alimentaires et de l'énergie, ont chuté de plus de 20 %, reflétant
une demande mondiale plus faible. Toutefois, ce changement a été inégal selon les produits de base. Alors que les
prix des métaux précieux ont augmenté de 7,7 %, avec une hausse de 12 % pour l'or, les prix des produits agricoles,
des engrais, des métaux et des minerais (à l'exception du fer) ont chuté respectivement de 7,2 %, 35 % et 9,6 %. La
baisse des prix des engrais est liée aux prix du pétrole (-17,5 %) et du gaz (-63,5 %), où la faiblesse de la demande
mondiale l'a emporté sur les craintes de pénuries d'approvisionnement dues aux tensions au Moyen-Orient. Dans
l'agriculture, les prix du cacao et du café, qui ont commencé à augmenter au cours du dernier trimestre de 2022,
se sont fortement raffermis au cours de l'année, avec des augmentations annuelles de 67,5 % et 46 % à la fin de
l'année. Cette évolution s'explique par une offre limitée due à des conditions météorologiques défavorables, alors que
la demande est restée soutenue. Cependant, l'augmentation de la valeur des exportations due au cacao et au café a
été partiellement compensée par une valeur plus élevée des importations de riz, qui constitue une part importante
24
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
des importations totales. Le marché des changes a enregistré une appréciation de 2,6 % du franc CFA par rapport au
dollar, contre une dépréciation de 11 % en 2022.
En conséquence, la balance commerciale s'est améliorée, mais a affiché un déficit dû aux importations de
services. Selon les estimations, la balance commerciale s'est améliorée pour atteindre -0,3 % du PIB, contre un
déficit de 3,9 % en 2022, un niveau inégalé depuis plusieurs décennies. Les volumes d'exportation et d'importation
ont augmenté respectivement de 9,1 % et de 9,6 %, ce qui a entraîné un excédent commercial de 2,1 % du PIB en
2023, contre 1,7 % en 2022. Les exportations de marchandises ont augmenté de 22,7 à 24,2 %du PIB, en grande
partie grâce aux produits transformés, y compris l'huile et le cacao, dont la valeur a augmenté de 77% et 37,7 %,
respectivement. En outre, les noix de cajou (23,9 %), l'or brut (19,8 %), les bananes dessert (11,9 %) et le caoutchouc
(7,3 %) ont tous enregistré des recettes d'exportation importantes. La valeur des exportations de fèves de cacao a
augmenté modérément (+1,2 %). En revanche, la facture des importations a légèrement augmenté de 0,6 %, reflétant
l'augmentation des achats de biens d'équipement (+10,7 %) et de biens intermédiaires (+6,4 %), en phase avec
l'augmentation des investissements, qui a été partiellement compensée par une baisse de 7 % des achats de biens
de consommation en raison de la baisse des prix des importations de produits alimentaires. Malgré une baisse des
prix du pétrole, la facture des importations de pétrole brut a augmenté de 16,6 %, en raison d'une augmentation de
30,9 % du volume. Le déficit du commerce des services devrait passer de 5,4 % du PIB en 2022 à 5,7 % en 2023,
principalement en raison d'une augmentation des services techniques, en particulier dans le secteur pétrolier, qui a
quelque peu évincé l'excédent du commerce des biens. Le déficit des revenus primaires devrait se creuser en raison
de l'augmentation des paiements d’intérêts et de dividende.
Le compte de capital n'a pas entièrement couvert le déficit courant en 2023. L'excédent du compte de capital s'est
amélioré, reflétant une légère augmentation des dons (+0,1 ppts du PIB). Le compte financier devrait enregistrer des
entrées nettes de capitaux plus faibles qu'en 2022, en raison de la baisse des investissements de portefeuille, bien
que partiellement compensée par la hausse des investissements directs étrangers et des ressources officielles plus
élevées que prévues. Dans l'ensemble, le solde devrait enregistrer un déficit de 2,6 % du PIB après celui de 2022,
contre un excédent de 2,8 % du PIB en 2021.
Les réserves extérieures de la BCEAO ont ainsi été ramenées à 3,9 mois d'importations, contre 4,1 mois
d'importations en 2022 et 5,5 mois en 2021. Les importants déficits des comptes courants et budgétaires dans
l'UEMOA au cours des deux dernières années, ainsi que la limitation des entrées de capitaux en raison des troubles
politiques dans les pays du Sahel, conjuguées à la réduction des entrées de capitaux provoquée par la normalisation
des positions monétaires dans les économies avancées, ont entraîné une baisse d'environ 20 % des réserves de change
régionales. Cette baisse a été partiellement atténuée par la poursuite de l'application de la mesure de rapatriement
des exportations et par le resserrement monétaire de la banque centrale.
a. Les prix mondiaux des produits de base, y b. Alors que les prix des principaux produits
compris les prix des denrées alimentaires et de d’exportation de la Côte d’Ivoire, en particulier le
l’énergie, ont baissé par rapport au pic atteint cacao, ont augmenté .
en 2022 (2010=100)
L'énergie
Alimentation Variations des prix des produits de base, annuelles par
160 Non-énergie
L'énergie rapport à la fin de l'année
Indice des prix des produits de base
Alimentation Variations des prix des produits de base, annuelles par
160 Non-énergie 80 rapport à la fin de l'année
140 Indice des prix des produits de base
80 60
140
120 60 40
120 40 20
100
100 20
0
80
0
80 -20
60 -20
-40
60
-40
40 -60
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
40 -60
-80
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
-80
25
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
c. En plus d’une légère appréciation de la devise d. Contribuer à améliorer l’excédent de la balance
US$/CFA, les termes de l’échange se sont commerciale
considérablement améliorés.
30% Balance commerciale des biens (milliards de FCFA)
Termes de l'échange et taux de change XOF/USA
(variation annuelle en pourcentage) 14000 3000
30% Balance commerciale des biens (milliards de FCFA)
20% Termes de l'échange et taux de change XOF/USA 2500
(variation annuelle en pourcentage) 12000
14000 3000
2000
20%
10% 2500
10000
12000
1500
2000
10%
0%
8000
10000 1000
1500
6000 500
8000 1000
0%
-10% 0
4000 500
6000
-500
-10%
-20% 0
2000
Termes de l'échange 4000 -1000
XOF/US (variation) -500
-20% 2 Moy. mobile sur pér. (Termes de l'échange) 0
2000
-1500
2Termes de l'échange
Moy. mobile sur pér. (XOF/US (variation)) -1000
XOF/US (variation)
2 Moy. mobile sur pér. (Termes de l'échange) 0 -1500
2 Moy. mobile sur pér. (XOF/US (variation)) Exportations Importations
Solde (RHS)
Exportations Importations
Solde (RHS)
Sources : BCEAO, Ministère du Commerce et Ministère des Finances et du Budget et Ministère de l’Economie, du Plan et du Développement.
23 en 2023, tandis
1,5
que le secteur financier
4
6
est resté résilient.
2,3 2,2 5
1,1 3
12 1,5
4
La politique monétaire
0,1 1,1
0,3
0,1
s'est encore resserrée en 2023 pour2 3 juguler les pressions inflationnistes et la baisse
des 0réserves
1 de change. La Côte d'Ivoire, comme ses pairs de1 l'UEMOA, a connu des pressions inflationnistes non
2
monétaires au cours
0,3
des trois dernières années, tirées par les prix des denrées alimentaires et de l'énergie en raison
Q4-2019
Q1-2020
Q2-2020
Q3-2020
Q4-2020
Q1-2021
Q2-2021
Q3-2021
Q4-2021
Q1-2022
Q2-2022
Q3-2022
Q4-2022
Q1-2023
Q2-2023
Q3-2023
Jan-21
Mar-21
Jan-22
Mar-22
Jan-23
Mar-23
Jan-24
Sep-21
MAI2020
Jul-20
Sep-20
MAI2021
Jul-21
MAI2022
Jul-22
Sep-22
Sep-23
MAI2023
Jul-23
Nov-20
Nov-21
Nov-22
Nov-23
0
-0,9 -0,9 -0,8
-1
Q4-2019
Q1-2020
Q2-2020
Q3-2020
Q4-2020
Q1-2021
Q2-2021
Q3-2021
Q4-2021
Q1-2022
Q2-2022
Q3-2022
Q4-2022
Q1-2023
Q2-2023
Q3-2023
Jan-21
Mar-21
Jan-22
Mar-22
Jan-23
Mar-23
Jan-24
Sep-20
MAI2020
Jul-20
MAI2021
Jul-21
Sep-21
MAI2022
Jul-22
Sep-22
MAI2023
Jul-23
Sep-23
Nov-20
Nov-21
Nov-22
Nov-23
-1
des-2États de l'Afrique de l'Ouest
-0,9 -0,9 -1
(BCEAO)
-0,8 à relever progressivement ses taux
Taux mensueldirecteurs demonétaire.
moyen du marché 150 points de base entre
mi-2022 (+75 points de base -1,4 en-1,4 2022) et fin décembre 2023, afin d'ancrer les anticipations et de
Taux d'intérêt moyen pondéré sur le marché limitertoutes
interbancaire, les effets
-2
secondaires. Le taux de soumission minimal pour les appels d'offres d'injection échéances de liquidités
confondues
Taux mensuel moyen est
du marché monétaire. passé
Taux interbancaire mensuel moyen pondéré à une semainede 2 % à 3,5
% pendant la pandémie de COVID-19. De même, le taux d'intérêt du guichet de moyen
Taux d'intérêt prêt pondéré
marginal a étéinterbancaire,
sur le marché porté àtoutes
5,5 % en
échéances confondues
décembre 2022, contrede4la%
Croissance à la mi-2020.
monnaie et du créditIl
aus'agit des taux annuels les Taux
sens large plus élevés.
Indicateurs
interbancaire Le taux
de solidité
mensuel de réserves
moyenfinancière
pondéré obligatoires
à une semaine
(en glissement annuel, variation en pourcentage) 14
pour 35%
les banques de l'Union est resté à 3,0 %. Le resserrement 100% de monétaire, la baisse des prix des produits importés
Croissance de la monnaie et du crédit au sens large 12
et la consolidation
30% budgétaire ont ramené l'inflation régionale sur 14 une tendance baissière, d'une moyenne de 7,3 % en
Indicateurs de solidité financière
35% (en glissement annuel, variation en pourcentage) 80%
100%
2022 à 3,7 % en 2023, malgré la persistance des défis politiques 10
12
et sécuritaires et la fermeture de la frontière avec le
Niger25%à
30% la suite du coup d'État de juillet 2023. 60%
80%
8
10
20% 6
25% 8
40%
60% 4
15% 6
20%
20% 2
40%
10% 4
15% 0
0%
20% 2
5%
10%
0
0% -20%
0%
5% Ratio capital pondéré/actifs (LHS)
déc-13
déc-14
déc-15
déc-16
déc-17
déc-18
déc-19
déc-20
déc-21
déc-22
déc-23
juin-14
juin-15
juin-16
juin-17
juin-18
juin-19
juin-20
juin-21
juin-22
juin-23
Prêts non performants par rapport au total des prêts bruts (%)
-5% -40%
-20%
0% Ratio capital pondéré/actifs (LHS)
Broad mOney (M2) Privé Gouvernement central
déc-13
déc-14
déc-15
déc-16
déc-17
déc-18
déc-19
déc-20
déc-21
déc-22
déc-23
juin-14
juin-15
juin-16
juin-17
juin-18
juin-19
juin-20
juin-21
juin-22
juin-23
Prêts non performants par rapport au total des prêts bruts (%)
-5% -40%
Broad mOney (M2) Privé Gouvernement central
26
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
10% XOF/US2 (variation)
Moy. mobile sur pér. (XOF/US (variation)) 10000
2 Moy. mobile sur pér. (Termes de l'échange) 0
8000 -1500
1500
0% 1000
2 Moy. mobile sur pér. (XOF/US (variation))
8000 1000500
0% 6000 Exportations Importations
-10% 6000 Exportations Importations
Solde (RHS) 500 0
-10% 4000 Solde (RHS)
0
4000 -500
Figure
-20% 1.7 : Conditions du marché monétaire, croissance du crédit
2000et solidité du secteur financier -500
-20% Termes de l'échange -1000
XOF/US2000
Termes (variation)
de l'échange -1000
a. 2XOF/US
Moy. mobile
Les conditions monétairessur pér. (Termes de l'échange)
(variation) se sont resserrées...
2 Moy. mobile sur pér. (XOF/US (variation))
b. Les0 taux interbancaires et d’intérêt ont -1500
fortement
2 Moy. mobile sur pér. (Termes de l'échange) 0 -1500
2 Moy. mobile sur pér. (XOF/US (variation)) augmenté.
Exportations Importations
Indice
Indice des conditions
des conditions du marché
du marché monétaire
monétaire Waemu
Waemu : Taux directeurs
Exportations
: Taux directeurs
interbancaires interbancaires
Importations
(variation en pourcentage) Solde (RHS)
(variation en pourcentage) Solde (RHS)
4 7
4 7
3,2
3,2 6
3 6
3 2,3 2,2 5
2,3 2,2 5
2 4
1,5
2 Indice des
1,1 conditions du marché monétaire 1,5 3
4
Waemu : Taux directeurs interbancaires
Indice des conditions du marché monétaire Waemu : Taux directeurs interbancaires
1 (variation
1,1 en pourcentage)
(variation en pourcentage) 2 3
0,3
4 1 0,1 0,1 7
4 71 2
0 0,3 3,2
0,1 0,1 3,2 6
Q4-2019
Q1-2020
Q2-2020
Q3-2020
Q4-2020
Q1-2021
Q2-2021
Q3-2021
Q4-2021
Q1-2022
Q2-2022
Q3-2022
Q4-2022
Q1-2023
Q2-2023
Q3-2023 60
33 0 1
-0,4 -0,3
5
Jan-20
Mar-20
Jan-21
Mar-20Mar-21
Jan-21 Jan-22
Mar-22
Nov-21 Jan-23
Jan-22Mar-23
Sep-22 Jan-24
Jul-20
Sep-20
Jul-20 Jul-21
Sep-20 Sep-21
Jul-22
Jul-21 Sep-22
MAI2022 Jul-23
Sep-23
MAI2020
MAI2021
MAI2022
MAI2023
Nov-20
Nov-20Nov-21
Sep-21Nov-22
Nov-23
-1 2,3 2,2 5
Q4-2019
Q1-2020
Q2-2020
Q3-2020
Q4-2020
Q1-2021
Q2-2021
Q3-2021
Q4-2021
Q1-2022
Q2-2022
Q3-2022
Q4-2022
Q1-2023
Q2-2023
Q3-2023
-0,8 2,3 2,2
-0,9 -0,9 -1 0
22 -0,4 -0,3 44
Jan-20
Mar-21
Mar-22
Jan-23
Mar-23
Jul-22
Jul-23
Sep-23
MAI2020
MAI2021
MAI2023
Nov-22
Nov-23
-2
-1 -1,4 -1,4 1,5
1,5
-0,8
-0,9 -0,9
1,1
1,1 -1 33 Taux mensuel moyen du marché monétaire.
11 -1,4 -1,4
-2 0,3
0,3 22 Taux d'intérêt moyen pondéré sur le marché interbancaire, toutes
0,1
0,1 0,1
0,1 échéances confondues
Taux mensuel moyen du marché monétaire.
11 Taux interbancaire mensuel moyen pondéré à une semaine
00
Taux d'intérêt moyen pondéré sur le marché interbancaire, toutes
Q4-2019
Q1-2020
Q2-2020
Q3-2020
Q4-2020
Q1-2021
Q2-2021
Q3-2021
Q4-2021
Q1-2022
Q2-2022
Q3-2022
Q4-2022
Q1-2023
Q2-2023
Q3-2023
Q4-2019
Q1-2020
Q2-2020
Q3-2020
Q4-2020
Q1-2021
Q2-2021
Q3-2021
Q4-2021
Q1-2022
Q2-2022
Q3-2022
Q4-2022
Q1-2023
Q2-2023
Q3-2023
00
Croissance-0,4de
-0,4-0,3la monnaie et du crédit au sens large
-0,3 Jan-20 échéances
Indicateurs confondues
de solidité financière
Mar-20
Jan-21
Mar-21
Jan-22
Mar-22
Jan-23
Mar-23
Jan-24
Sep-22
MAI2020
Jul-20
Sep-20
Sep-21
MAI2021
Jul-21
MAI2022
Jul-22
MAI2023
Jul-23
Sep-23
Nov-20
Nov-21
Nov-22
Nov-23
Jan-20
Mar-20
Jan-21
Mar-21
Jan-22
Mar-22
Jan-23
Mar-23
Jan-24
Sep-20
MAI2020
Jul-20
MAI2021
Jul-21
Sep-21
MAI2022
Jul-22
Sep-22
Sep-23
MAI2023
Jul-23
Nov-20
Nov-21
Nov-22
Nov-23
-1-1 14 Taux interbancaire mensuel moyen pondéré à une semaine
35%
-0,9
-0,9-0,9
-0,9 (en glissement annuel, variation
-0,8
-0,8 en pourcentage)100%
-1
c. Dans un contexte de-1,4 resserrement
-1,4 -1,4 de la d. Le secteur financier reste remarquablement sain
12
Croissancelade
-2-230%politique monétaire, la monnaiedu
croissance et crédit
du crédit au sens large et les indicateurs du pertinents se sont quelque peu
80% Taux mensuel moyen marché
Indicateurs
monétaire.
de solidité financière
10 Taux
14 mensuel moyen du marché monétaire.
au (en glissement
35%secteur privé annuel,tandis
s’est accélérée, variation
queenlepourcentage)100% améliorés.
25% Taux
Tauxd'intérêt moyen
d'intérêt pondéré
moyen sur le
pondéré surmarché interbancaire,
le marché toutes
interbancaire, toutes
crédit au gouvernement s’est effondré. 60%
8
12 confondues
échéances
échéances confondues
30% Taux interbancaire
Taux mensuel
interbancaire moyen
mensuel pondéré
moyen à uneà semaine
pondéré une semaine
20% 6
80%
10
40%
Croissance de
Croissance de la
la monnaie
monnaie etet du
du crédit
créditau
ausens
senslarge
large 4 Indicateurs de de
solidité financière
15% 25% 14 8 Indicateurs solidité financière
35% (englissement
(en glissement annuel,
annuel, variation
variation en
enpourcentage)
pourcentage)100% 60%
14
35% 100%
20% 2
10% 20% 12 6
12
0
30% 80%
30% 80% 40%
10
0% 10 4
5%
25%15% 8
25% 60% 8 2
60%
-20% 20%
0% 6 Ratio capital pondéré/actifs (LHS)
20%10%
6
déc-13
déc-14
déc-15
déc-16
déc-17
déc-18
déc-19
déc-20
déc-21
déc-22
déc-23
juin-14
juin-15
juin-16
juin-17
juin-18
juin-19
juin-20
juin-21
juin-22
juin-23
20% 40% 0 performants par rapport au total des prêts bruts (%)
Prêts non
-5% 40%
-40% 4
15% 0%4
15% 5% Broad mOney (M2) Privé Gouvernement central 2
20%
20% 2
10%
0
-20%
10% 0%
0% 0 Ratio capital pondéré/actifs (LHS)
déc-13
déc-14
déc-15
déc-16
déc-17
déc-18
déc-19
déc-20
déc-21
déc-22
déc-23
juin-14
juin-15
juin-16
juin-17
juin-18
juin-19
juin-20
juin-21
juin-22
juin-23
5% 0% Prêts non performants par rapport au total des prêts bruts (%)
5%
-5% -40%
0% -20%
Ratio capital pondéré/actifs (LHS)
0% Broad mOney (M2) Privé Gouvernement
-20% central
déc-13
déc-14
déc-15
déc-16
déc-17
déc-18
déc-19
déc-20
déc-21
déc-22
déc-23
juin-14
juin-15
juin-16
juin-17
juin-18
juin-19
juin-20
juin-21
juin-22
juin-23
Ratio
Prêts noncapital pondéré/actifs
performants (LHS)
par rapport au total des prêts bruts (%)
déc-13
déc-14
déc-15
déc-16
déc-17
déc-18
déc-19
déc-20
déc-21
déc-22
déc-23
juin-14
juin-15
juin-16
juin-17
juin-18
juin-19
juin-20
juin-21
juin-22
juin-23
-5% -40% Prêts non performants par rapport au total des prêts bruts (%)
-5% Broad mOney (M2) Privé -40%
Gouvernement central
Broad mOney (M2) Privé Gouvernement central
Source : Calculs des services de la Banque Mondiale, BCEAO, Ministère des Finances et du Budget (Côte d'Ivoire), FMI.
27
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
Malgré le resserrement des conditions monétaires, le secteur financier est resté solide et la croissance du crédit à
l’économie a été forte. L'indice des conditions monétaires a fortement augmenté depuis le deuxième trimestre 2022,
passant de -1,4 % au T2-2022 à 3,2 % au T3-2023 sous l'effet de la hausse progressive des taux directeurs de la
BCEAO et de l'arrêt de la facilité de refinancement des banques mise en place lors de la crise du COVID (FMI, 2023)13 .
Les conditions financières se sont quelque peu détendues lors de l'achat de dette souveraine par la BCEAO au troisième
trimestre 2023, avec une baisse des taux interbancaires régionaux d'environ 100 points de base. Cependant, tous les
taux ont repris leur tendance haussière, le taux d'intérêt moyen pondéré sur le marché interbancaire, toutes maturités
confondues, s'établissant à 5,9 % en décembre 2023, contre 3,5 % un an plus tôt (graphique 1.5b). Au cours du même
mois, , le taux d'intérêt moyen pondéré du guichet de refinancement à une semaine de la BCEAO a atteint 6,1%, contre
3,4% en décembre 2022, tandis que le taux moyen des prêts bancaires, hors taxes et frais, s'est établi à 6,78% au
troisième trimestre 2023. Le resserrement a ralenti la croissance des créances intérieures (+12,5 % en 2023 contre
20,1 % en 2022) qui, associée à une contraction de 47,5 % des actifs étrangers nets, a freiné la croissance de la masse
monétaire de 16,5 % sur 2020-2021 à 11,3 % en 2022 et seulement 3,5 % en 2023, contribuant ainsi à l'atténuation
du taux d'inflation. La croissance du crédit du secteur privé a rebondi après le ralentissement de 2022 (+7,3 pour cent
par rapport à 12,5 pour cent en 2021) pour atteindre 16,2 pour cent en 2023 (figure 1.7.c). La solvabilité des banques
a continué de s'améliorer, le ratio des fonds propres de catégorie 1 sur les actifs pondérés par les risques passant de
13,1 % à la fin de 2022 à 13,3 % en juin 2023 (figure 1.7.d), tandis que le ratio des créances douteuses sur le total des
prêts a continué de diminuer, passant de 7,8 % à 7,2 %.
Les efforts visant à renforcer le secteur bancaire régional se sont poursuivis, avec un nouveau projet de loi sur la
supervision bancaire adopté en 2022. En juin 2023, le Conseil des ministres de l'UEMOA a adopté un nouveau projet
de loi sur la réglementation bancaire, qui renforce la supervision bancaire et les normes de conformité conformément
à Bâle II et III. L'objectif est d'étendre le champ de la supervision bancaire à de nouveaux acteurs tels que la
finance islamique, les sociétés financières et les entreprises de technologie financière (établissements de monnaie
électronique).
Le gouvernement s'est engagé dans un processus de consolidation budgétaire basé sur l'augmentation des
recettes afin de reconstruire les amortisseurs budgétaires et de soutenir la croissance et la réduction de la
pauvreté. Les mesures prises pour atténuer l'impact des chocs successifs ont creusé le déficit budgétaire à son niveau
le plus élevé de la décennie, soit 6,6 % du PIB en 2022, dépassant de loin le critère de convergence régional de
3 % et augmentant les niveaux d'endettement. Le gouvernement s'est engagé à ramener le déficit budgétaire à la
norme régionale d'ici 2025, en augmentant les recettes fiscales de 2 points de pourcentage du PIB. Cette mesure est
complétée par une réduction des dépenses courantes, grâce à l'élimination progressive des subventions aux denrées
alimentaires et aux carburants liées à la crise, tout en augmentant les dépenses d'infrastructure en faveur de la
croissance et les dépenses sociales pro-pauvres. La mise en œuvre de ce plan de consolidation a entraîné une baisse
de 1,4 point de pourcentage du PIB à 5,2 % en 2023 par rapport à 2022, grâce à une forte amélioration des recettes
fiscales d'environ 0,8 point de pourcentage du PIB.
Les recettes totales (dons inclus) ont augmenté de 15,3 % du PIB en 2022 à 16,3 % en 2023. Le gouvernement
a récupéré une partie des revenus issus des produits pétroliers abandonnés et a renforcé la collecte des impôts. Le
niveau des recettes fiscales s’est accru de 12,8 % en 2022 à 13,6 % du PIB. Les recettes non fiscales et les dons se
sont quant situés à 2 % du PIB et 0,7 %, contre 1,9 % et 0,5 %, respectivement, en 2022. Les recettes intérieures sont
estimées à avoir accru d'environ 16,5 % en termes nominaux par rapport à 2022, sous l'effet des impôts directs (+19,4
%) et des impôts indirects (+12,7 %). Les impôts directs ont augmenté plus que prévu, grâce aux recettes pétrolières
13 Fonds monétaire international (FMI) (2023). Côte d'Ivoire First Reviews Under The Extended Arrangement Under The Extended Fund Facility and
Arrangement Under The Extended Credit Facility-Press Release ; Staff Report ; And Statement By The Executive Director For Côte d'Ivoire. Rapport
pays du FMI n° 23/406. Décembre 2023.
28
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
et gazières dues à une deuxième prise de pétrole, à l'impôt sur les sociétés non pétrolières, aux impôts sur les salaires
et aux revenus des capitaux mobiliers. Les droits sur le café et le cacao, les taxes sur les télécommunications et la
TVA intérieure, bien qu’en hausse, ont enregistré des résultats inférieurs aux objectifs. La non-réalisation de l'objectif
relatif aux recettes du cacao reflète des niveaux de production et de prix plus bas que prévus, tandis que l’écart relatif
aux recettes de télécommunications peut être attribué à un retard dans l'implémentation du système de contrôle des
flux de télécommunications. La TVA non atteinte est due au ralentissement de la consommation privée. La croissance
des recettes de porte a été moins importante que prévu, en raison d'une diminution de la valeur des importations et
d'un ralentissement de la demande intérieure de carburant, couplés à des retards dans la mise à jour du mécanisme
automatique de fixation des prix des carburants.
Le recouvrement des recettes reflète les mesures de politique et d'administration fiscales mises en œuvre dans le
cadre de la consolidation budgétaire à moyen terme. Les principales mesures fiscales comprennent un ajustement
à la hausse des prix intérieurs de l'énergie et le rétablissement du mécanisme d'ajustement automatique des prix à la
pompe, un audit des flux de télécommunications, un élargissement de l'assiette de l'impôt foncier, l'introduction d'une
déclaration d'impôt mensuelle pour les contribuables couverts par le régime fiscal simplifié (RSI), et une augmentation
des droits d'enregistrement du cacao et des droits d'accise sur le tabac. Les efforts de mobilisation des recettes ont
également porté sur la poursuite du déploiement du plan de rationalisation des exonérations fiscales, le renforcement
des réformes de l'administration fiscale (notamment la numérisation), l'amélioration des contrôles des risques et des
fraudes, et l'alignement progressif sur les directives de politique fiscale de l'UEMOA. En outre, l'utilisation croissante
du système TresorPay/TresorMoney pour le paiement des recettes non fiscales, renforcée par l'adoption de la loi sur
les procédures relatives aux recettes non fiscales, et définissant le cadre juridique pour la collecte et la supervision
des recettes non fiscales par le Trésor, a également contribué au renforcement de la collecte des recettes publiques.
Les dépenses totales ont diminué en raison d'une contraction des dépenses courantes et des dépenses en capital,
mais à des niveaux plus élevés d’avant la pandémie. Les dépenses totales sont passées de 22,1 % du PIB en 2022 à
21,5 % en 2023, reflétant la rationalisation des subventions liées à la crise et la baisse des dépenses d'infrastructure,
partiellement compensées par l'augmentation des dépenses de sécurité et des paiements d'intérêts. Les dépenses
courantes ont légèrement diminué, de 0,2 % du PIB à 14,7 %, sous l'effet d'une baisse des dépenses récurrentes
(-0,8 pt du PIB) et des subventions et transferts (-0,5 pt), partiellement compensée par une hausse combinée de
la masse salariale (+0,1 pt du PIB à 4,7 % du PIB), des dépenses de sécurité (+0,2 pt du PIB) et des paiements
d'intérêts (+0,4 pt du PIB). Bien que les dépenses en capital aient augmenté de 10 % d'une année sur l'autre en
termes nominaux, elles ont été sous-exécutées, s'établissant à 6,8 % du PIB en 2023 contre 7,2 % en 2022. Ce niveau
de dépenses d'infrastructures, bien qu'en baisse, reste largement supérieur au niveau de 4% du PIB de la période
pré-pandéme, soit deux tiers de plus, tandis que les dépenses dites pro-pauvres ont augmenté d'environ 0,7 point de
pourcentage du PIB en 2023 pour s'établir à environ 7% du PIB par rapport à 2022. Ces niveaux élevés de dépenses
sociales et d'infrastructures dans ce contexte d'ajustement budgétaire sont en ligne avec la volonté du gouvernement
de préserver la croissance et de renforcer la réduction de la pauvreté.
La dette publique totale a augmenté régulièrement au cours de la dernière décennie (figure 1.8.a). Le ratio dette/
PIB est passé de 24,7 % en 2012 à 39,2 % en 2019, avec une augmentation moyenne annuelle de 2,2 points de
pourcentage du PIB, en lien avec les besoins de financement importants de dépenses sociales et d'infrastructure dans
le cadre des deux précédents plans nationaux de développement (2012-15 et 2016-2020). Les niveaux d'endettement
ont augmenté rapidement entre 2020 et 2022, de 4,6 points de pourcentage du PIB en moyenne, en raison de la
dépréciation du taux de change CFA/US$ et de l'expansion budgétaire pour faire face aux chocs de la pandémie et de
la guerre en Ukraine. Bien que la majeure partie de cette augmentation soit imputable à la dette extérieure, la dette
intérieure a également augmenté, notamment depuis la pandémie.
29
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
L'encours total de la dette publique, y compris la dette rétrocédée et la dette garantie par l'État, est estimé à 59,1
% du PIB en 2023, contre 58,1 % en 2022. Sur ce total, 36,9 % du PIB provient de la dette extérieure et 22,2 % de
la dette intérieure. La dette des entreprises publiques représente 2,0 % du PIB, dont 1,3 % est garanti par l'État. Le
resserrement des marchés internationaux (graphique 1.6b) a contraint les autorités à renoncer aux émissions d'euro-
obligations en 2022 et 2023, au profit d'emprunts auprès des banques commerciales et d'émissions sur le marché
domestique/régional de l'UEMOA à des conditions plus onéreuses, avec une maturité moyenne de 9 ans pour les
emprunts commerciaux nouvellement contractés.
Les conditions financières étaient tendues en 2023, quoiqu'ayant connu une certaine détente au cours du
dernier trimestre de 2023. L'achat par la BCEAO de 2000 milliards de FCFA de titres de dette souveraine auprès du
système bancaire a permis de détendre quelque peu les conditions financières sur le marché régional. Cependant, les
rendements moyens des obligations souveraines régionales de la Côte d'Ivoire émises entre janvier et décembre 2023
ont augmenté par rapport à la même période en 2022 (de 4,6 % à 7,9 %), alors que les échéances n'ont augmenté qu'à
partir du dernier trimestre. D'autre part, les spreads de la Côte d'Ivoire EMBIG14 ont diminué depuis le pic de février
2023, reflétant l'amélioration du sentiment du marché (Figure 1.8 c-d).
a. La dette a augmenté pour faire face aux b. Les marchés internationaux sont restés tendus.
besoins sociaux et d’infrastructure, ainsi
qu’aux crises mondiales qui se sont
succédées.. ZĞŶĚĞŵĞŶƚƐĚĞƐŽďůŝŐĂƚŝŽŶƐƐŽƵǀĞƌĂŝŶĞƐ
ϭϱ
Dette publique ϭϰ
(pourcentage du PIB)
ϭϯ
70
ϭϮ
60
Dette publique ϭϭ
й
50 (pourcentage du PIB) ϭϬ
70 Dette publique
40 (pourcentage du PIB) ϵ
70 60 ϴ
30
60 50 ϳ
20 ϲ
50 40
10
40 30
30 020
2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025
20 10 ŽƚĞĚΖ/ǀŽŝƌĞ <ĞŶLJĂ ŶŐŽůĂ 'ĂďŽŶ
10 0 Externe Domestique EŝŐĠƌŝĂ ZǁĂŶĚĂ ^ĞŶĞŐĂů
2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025
0
2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025
c. La Côteded’Ivoire
Milliards FCFA a continué
Externe à bénéficier
Domestique
Émissions de la
sur le marché de l'UEMOA % d. Mais les emprunts régionaux étaient plus coûteux
Maturité (mois, RHS)
confiance
700 du marché régiona des enchères (%)
Externe Domestique
Couverture 350 avec des échéances plus
Pourcentage courtes.
Rendements moyens pondérés
Mois
Oct-21 Jul-21
Jan-22 Oct-21
Oct-22 Jul-22
Oct-22
Jul-23
Oct-23
Jul-20 Apr-20
Jul-21 Apr-21
Apr-22
Apr-23
1
Jan-20
Oct-21 Jan-21
Apr-22 Jan-22
Jan-23
Jan-24
100 50
Jul-20 Jul-20
Oct-20 Oct-20
Jul-21 Jul-21
Oct-21 Oct-21
Jul-22
Oct-22
Jul-23
Oct-23
Apr-20
Jul-21 Apr-21
Apr-22
Apr-23
Jan-20 Jan-20
Jan-21 Jan-21
Jan-22 Jan-22
Jan-23
Jan-24
1
0 0 0 0 0
0
0 0
Jul-22
Jul-23
Oct-23
Apr-23
Apr-20
Apr-21
Jan-23
Jan-24
Jan-20
Jul-22
Oct-22
Jul-23
Oct-23
Apr-20
Apr-21
Apr-22
Apr-23
Jan-23
Jan-24
Oct-20
Apr-20
Jul-20
Apr-21
Jul-21
Apr-22
Jul-22
Oct-22
Oct-23
Apr-23
Jul-23
Jan-20
Jan-21
Jan-22
Jan-23
Jan-24
Jul-22
Oct-22
Jul-23
Oct-23
Jul-20
Oct-20
Oct-21
Apr-22
Apr-23
Apr-20
Apr-21
Jan-22
Jan-23
Jan-24
Jan-20
Jan-21
Source : EMB, Marchés des capitaux, FMI, Banque mondiale, UMOA Titres.
30
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
Le profil de la dette reste largement dominé par les emprunts commerciaux extérieurs. La dette extérieure
constitue environ 62 % de la dette publique totale et garantie par l'État (PPG), avec environ 80 % sous forme
d’emprunts commerciaux. Ces dernières années, la proportion de la dette commerciale externe a crû en corrélation
avec les émissions d'euro-obligations, représentant plus de la moitié de la dette de l'administration centrale. Les
euro-obligations compter pour environ 60 % de la dette commerciale en 2023. La part de la dette multilatérale a
augmenté depuis 2020 et représente 32 % de la dette extérieure en 2023, la Côte d'Ivoire ayant mobilisé d'importants
financements extérieurs concessionnels pour financer sa riposte à la pandémie. En revanche, la part de la dette
bilatérale s’est stabilisée autour de 17 % de l’encours total, en baisse par rapport à 21,1 % en 2017. La stratégie
d'endettement a privilégié la dette libellée en euros afin de limiter le risque de change. En raison du resserrement des
conditions du marché, le gouvernement a renoncé aux projets d'émission d'eurobonds entre le second semestre de
2021 et 2023. Le recours accru au marché régional a fait passer la proportion de la dette interne à une moyenne de
36,2 % en 2020-23, contre 32,4 % en 2018-19.
Toutefois, le risque de surendettement est demeuré modéré, grâce à une gestion proactive de la dette, à
l'amélioration du cadre juridique et à une collecte accrue des recettes intérieures. L'analyse de la viabilité de la
dette effectuée en mai 2024 par le FMI et la Banque mondiale a réaffirmé que le risque de surendettement de la Côte
d’Ivoire, tant global qu’externe, restait modéré. La loi sur la dette de 2023, l'euro-obligation émise au début de 2024
pour une opération de gestion du passif, ainsi que la révision à la hausse des notations par d'importantes agences
telles que Moody's et Standard & Poor's, ont contribué à consolider cette note modérée. Néanmoins, la marge de
manœuvre pour absorber les chocs reste limitée, comme le montrent les ratios du service de la dette par rapport aux
exportations et aux recettes, soulignant l'importance d'une mobilisation continue des ressources intérieures et de la
diversification des exportations. L'indicateur du service de la dette extérieure par rapport aux recettes a dépassé le
seuil critique une seule fois, en 2024, principalement à cause de l'opération de marché (OMD) financée par l'émission
d'euro-obligations en janvier 2024. Néanmoins, ce ratio et tous les autres indicateurs prévisionnels de la charge de
la dette extérieure demeurent sous les seuils critiques pour le reste de la période de projection. En outre, tous les
indicateurs sont sensibles aux scénarii de crise, notamment affectant les exportations et aux catastrophes naturelles,
ce qui appelle à une gestion de la dette à la fois prudente et proactive, y compris un équilibre entre la dette intérieure
et extérieure, afin de préserver la soutenabilité de la dette et de maintenir le risque de surendettement du pays à un
niveau modéré.
Figure 1.8.(suite) : La dette devrait rester soutenable si l’effort de mobilisation fiscale se renforce
Figure 1.8.1 La dette devrait rester soutenable si
l'effort de mobilisation fiscal se renforce
Valeur actualisée du Valeur actualisée du ratio du Ratio du service de la dette
ratio dette/PIB service sur les recettes sur les recettes
70 400 70
60 350 60
300 50
50
250
40 40
200
30 30
150
20 20
100
Choc extrême: Exportations
50 Choc extrême: Exportations 10 Choc extrême: choc naturel
10
0 0
0
2024 2026 2028 2030 2032 2034 2024 2026 2028 2030 2032 2034
2024 2026 2028 2030 2032 2034
31
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
Développement de la pauvreté et
de la prospérité partagée
Selon l'enquête ménage de 2021/22, la croissance économique s'est traduite par une réduction de la pauvreté.
L'incidence de la pauvreté (nationale) en Côte d'Ivoire est estimée avoir diminué de 1,9 points de pourcentage. Sous le
seuil de pauvreté national de 345520 FCFA par personne et par an, le taux de pauvreté en 2018 était estimé à 39,4 %.
Malgré les effets de la COVID-19 et des chocs externes successifs, le taux de pauvreté a été plus bas en 2021, à 37,5
% sous le nouveau seuil de pauvreté de 369516 FCFA par personne et par an. Parallèlement à la baisse du taux de
pauvreté, la profondeur et la sévérité de la pauvreté ont également diminué de 2018 à 2021. L'écart de pauvreté pour
la Côte d'Ivoire est passé de 11,6 en 2018 à 10,4 en 2021, montrant que les personnes en situation de pauvreté en
2021 sont en moyenne plus proches du seuil de pauvreté qu'en 2018. De même, la sévérité nationale de la pauvreté
a également diminué, passant de 4,7 en 2018 à 4,1 en 2021 (Figure 1.9).15
Figure 1.9 : La pauvreté monétaire a reculé, mais la réduction s'est concentrée sur les ménages urbains.
National
Abidjan
Other Urban
Other Urban
Rural
Rural
National
Abidjan
National
Abidjan
Other Urban
Other Urban
Rural
Rural
National
Abidjan
National
Abidjan
Other Urban
Other Urban
Rural
Rural
2018 2021
2018 2021 2018 2021
Source : Calculs de la Banque mondiale basés sur les EHCVM 2018/19 et EHCVM 2021/22.
15 Un nouveau seuil de pauvreté national a été construit en 2021/22 au lieu d'utiliser l'inflation pour mettre à jour le seuil de 2018/19 car le panier
fixe de l'IPC ne permet pas de prendre en compte les effets de substitution entre les biens du panier de consommation des ménages, ce qui aurait
pu surestimer les taux de pauvreté compte tenu des chocs de prix subis entre 2018 et 2021. Le seuil de pauvreté est construit en deux étapes.
Un panier de biens de la consommation alimentaire du pays permettant à un individu de satisfaire ses besoins nutritionnels quotidiens de 2 300
kilocalories est retenu et évalué pour fournir un seuil de pauvreté alimentaire. Le seuil de pauvreté non alimentaire est une partie des dépenses de
consommation non alimentaire des ménages situés autour du seuil de pauvreté alimentaire. La somme des deux seuils de pauvreté donne le seuil
de pauvreté national. Les enquêtes 2018/19 et 2021/22 n'ont pas été réalisées au même moment. En outre, l'agrégat de bien-être 2021/22 exclut
les dépenses d'hospitalisation et la méthode d'imputation des loyers pour les zones rurales diffère de celle de 2018/19.
32
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
Les inégalités de consommation ont également diminué, les ménages les plus pauvres bénéficiant le plus de
la réduction de la pauvreté. Dans l'ensemble, la croissance a été favorable aux pauvres sur la période 2018-2021.
La réduction de la pauvreté et des inégalités a été principalement tirée par une augmentation de la consommation
parmi les ménages les plus pauvres. L'indice de Gini a baissé de 1,7 point, de 35,1 en 2018 à 33,4 % en 2021. Les
ménages les plus pauvres (décile inférieur) ont connu un taux de croissance de la consommation de 6,5 %, tandis
que ceux du 40e percentile ont connu une augmentation plus modeste de 2,7 %. En revanche, les groupes à revenus
plus élevés (les 60 déciles supérieurs) ont connu une baisse de la croissance de la consommation, qui est devenue
négative à partir du 6e décile, indiquant une réduction de la consommation des ménages les plus riches au cours de
cette période. En 2021, le ratio de consommation entre le quintile le plus riche et le quintile le plus pauvre en Côte
d'Ivoire s'établit à 5,2 au niveau national contre 5,7 en 2018. Cependant, Abidjan présente toujours une répartition de
la consommation plus inégale que les autres zones urbaines et surtout rurales.
En dépit de ces améliorations, la marge pour une croissance inclusive reste importante. La pauvreté et les
inégalités restent élevées par rapport aux économies de marché émergentes et de frontière. Aux taux de 2021, la
croissance a été moins inclusive que la moyenne des autres pays d'Afrique subsaharienne. Avec un PIB réel par habitant
augmentant de 2,52 % en moyenne, une croissance de 10 % du PIB réel par habitant s'est traduite par une baisse
de 6,7 % du taux de pauvreté, une élasticité moins importante que la moyenne de 19 % de l'Afrique subsaharienne
(Banque mondiale, 2021)16. L'essentiel de la réduction de la pauvreté a concerné les ménages urbains, en particulier à
Abidjan, tandis que les zones rurales ont presque stagné. La pauvreté dans les zones urbaines a diminué d'environ 3,2
points de pourcentage (de 10,2 à 7,0 % à Abidjan) et de 2,4 points de pourcentage (de 34,7 à 32,2 %) dans les autres
zones urbaines, contre seulement 0,2 point de pourcentage dans les zones rurales (de 54,7 à 54,5 %) (Figure 1.9).
Le recul marginal de la pauvreté rurale s'explique en partie par la persistance d'une faible productivité agricole, des
conditions météorologiques défavorables et des coûts d'engrais plus élevés, tandis que la réduction de la pauvreté
dans les zones urbaines a été tirée par la croissance des activités des services et de l'industrie. Enfin, la répartition de
la consommation selon les zones de résidence révèle une disparité persistante entre les zones rurales et urbaines. En
2021, les populations urbaines, y compris Abidjan qui représentent respectivement 52,7 % et 20,9 % de la population
totale, ont compté pour 65,2 % et 34 % de la consommation nationale, contre 63,8 % et 33,3 % de la consommation
nationale pour 50,7 % et 20,7 % de la population en 2018.
Par ailleurs, la pauvreté touche principalement les zones rurales, en particulier le nord et le nord-ouest du pays
(carte 1a), mais la concentration de pauvres est plus élevée dans plusieurs régions non-côtières du centre-ouest
et du sud-ouest du pays (Figure 1.10 ). Les régions du nord-ouest limitrophes de la Guinée et du Mali, comme le Bafin
et le Folon, sont caractérisées par une forte incidence de la pauvreté avec plus de 60%. Il en est de même pour les
régions du nord frontalières avec le Burkina Faso, avec un taux de pauvreté de 72% dans le Bounkani. Deux de ces
régions septentrionales, le Folon et le Bounkani, ont connu les plus fortes augmentations de l'incidence de la pauvreté
entre 2018 et 2021, avec des hausses de 20 points de pourcentage du taux de pauvreté dans chacune de ces régions.
En revanche, l'incidence de la pauvreté dans les régions d'Abidjan, de Yamoussoukro et de Gbeke, ainsi que le long de
la frontière Est avec le Ghana, continue d'être parmi les plus faibles du pays. Abidjan se distingue parmi les 33 régions
avec une incidence de la pauvreté inférieure à 7 % en 2021, soit à peine un tiers du taux de pauvreté de Yamoussoukro
(20,5 % en 2021), la région ayant le deuxième taux de pauvreté le plus bas. Yamoussoukro a le plus faible nombre de
pauvres du pays, suivi par Folon, tandis que le Haut-Sassandra a le plus grand nombre de pauvres, suivi par Tonkpi
(carte 1b). L'écart entre les régions les plus pauvres et les régions les moins pauvres a augmenté, passant de 57,5
points de pourcentage en 2018 à 64,8 en 2021.
33
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
2018 2021 2018 2021 2018 2021
2018 2021 2018 2021
Figure 1.10: Les disparités régionales restent importantes au détriment des zones rurales
Source : Calculs de la Banque mondiale basés sur l'EHCVM 2021/22 (seuil de pauvreté de 369 516 FCFA par personne et par an). Un nouveau seuil de
pauvreté national a été construit en 2021 au lieu d'utiliser l'inflation pour mettre à jour le seuil de 2018 parce que le panier fixe de l'IPC ne permet pas
d'effets de substitution, qui auraient pu autrement surestimer les taux de pauvreté compte tenu des chocs de prix subis entre 2018 et 2021.
Figure 1.11 : La croissance a été favorable aux pauvres entre 2018 et 2021, comme en témoigne la baisse de
l’indice du Gini de la consommation
2018 2021
35,1
33,4
32,9
32,6
31,3
29,3
28,7
27,2
Source : Calculs des services de la Banque mondiale basés sur les EHCVM 2018/19 et 2021/22.
2025, qui vise à répondre efficacement aux préoccupations des jeunes, 6,0 notamment en matière d'emploi, de formation
6,0
professionnelle, d'entreprenariat et de réduction de la vulnérabilité 4,0 dans les zones frontalières du Nord. La réussite de
4,0
ces programmes nécessite une amélioration accrue de l'espace 2,0 budgétaire pour leur financement.
2,0
0,0
0,0 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025
-2,0
2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025
-2,0 Agriculture L'industrie Services -4,0
Impôts nets PIB
-6,0
34 Consommation privée
Investissements publics
Consommation publique
Investissements privés
S i t u a t i o n é c o n o m i o q u e d e l a C ô t e d ’ I v o i r e - 1 4 è m e éExportation
d i t i o n - nette
Juin 2024 Variation des stocks
PIB
Perspectives, risques et défis
Les perspectives macroéconomiques restent favorables, mais les vents contraires sont importants à court
terme. Ces derniers comprennent les retombées prolongées de la guerre en Ukraine, la poursuite du resserrement
de la politique monétaire, la volatilité des capitaux liée à la réaffectation des investissements de portefeuille et le
ralentissement de la croissance des principaux partenaires commerciaux. La récente crise au Moyen-Orient pourrait
provoquer une nouvelle hausse des prix de l'énergie, ravivant des pressions inflationnistes qui se sont atténuées.
L'insécurité mondiale et régionale pourrait aggraver les pressions fiscales et décourager les investissements directs
étrangers (IDE), le retrait récemment annoncé de trois pays du Sahel de la CEDEAO risquant de perturber le commerce,
la confiance des marchés et les flux d'investissement.
Malgré la poursuite de la consolidation budgétaire, l'investissement public devrait rester supérieur aux niveaux
pre-pandémie, soutenant la croissance bien qu'elle ralentisse à moyen terme. La croissance économique devrait
s'accélérer pour atteindre une moyenne de 6,4 % en 2025-26. Les investissements devraient continuer d’augmenter
grâce aux nouvelles découvertes de pétrole et de gaz17. L'environnement des entreprises devrait continuer à s'améliorer
et les réformes prévues devraient soutenir une meilleure performance de l'agriculture orientée vers l'exportation. À long
terme, l'économie devrait croître à un potentiel d'environ 6 % par an, en partant du principe que l'approfondissement
du capital reste un puissant moteur de croissance, avec une expansion progressive de l'investissement privé.2 Alors
que la Côte d'Ivoire continue de mettre en œuvre des réformes pour soutenir le développement du secteur privé -
en encourageant la concurrence dans des secteurs clés et en réduisant les coûts pour faire des affaires, ainsi qu'en
renforçant les compétences du côté de l'offre de main-d'œuvre - l'investissement privé devrait devenir un moteur de
plus en plus important de la croissance. La croissance de la productivité totale des facteurs devrait s'accélérer grâce à
des améliorations continues dans les domaines de la santé, de l'éducation et des infrastructures, dans un contexte de
concurrence accrue et d'amélioration des marchés du travail. Les investissements dans l'adaptation au changement
climatique et l'atténuation de ses effets devraient soutenir une transformation économique résiliente.
Sur la lancée de 2023, la consolidation budgétaire devrait se poursuivre en 2024, avec une combinaison
d'augmentation des recettes et de réduction des dépenses. Les autorités restent fermement déterminées à continuer
de reconstituer l'espace budgétaire et à poursuivre les efforts d'assainissement budgétaire en vue d'atteindre la norme
régionale de 3 % du PIB en 2025. La politique budgétaire en 2024 vise un déficit budgétaire de 4 % du PIB, soit une
réduction de 1,2 point de pourcentage par rapport à 2023, sous l'effet d'une hausse des recettes (+0,3 % du PIB) et
d'une baisse des dépenses (-1,1 ppt du PIB). L'augmentation des recettes proviendrait principalement des recettes
17 L'investissement dans les nouvelles découvertes de pétrole et de gaz en mars est estimé à 3 600 milliards de francs CFA.)
35
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
fiscales (+0,8 pt du PIB), partiellement compensées par un ralentissement des recettes non fiscales (-0,3 pt du PIB)
et des subventions (-0,2 pt du PIB) (figure 1.12e).
Les gains de recettes fiscales découleraient de la mise en œuvre accélérée des mesures de mobilisation des
recettes en 2023, complétée par des mesures clés en matière de politique et d'administration fiscales en
2024. La collecte des impôts devrait rester forte, les recettes fiscales devant augmenter de [13,6 %], soit plus que
l'augmentation de 9,5 % du PIB nominal, portant le ratio impôts/PIB à 14,4 % en 2024, contre une estimation de
13,6 % en 2023. Les impôts internes devraient augmenter de 0,4 point de pourcentage du PIB, grâce à une hausse
de 0,2 point de pourcentage de l'impôt sur le revenu et à une légère hausse de 0,1 point de pourcentage des droits
de douane. La majeure partie de ces augmentations devrait résulter de nouvelles mesures de politique fiscale et
d'administration fiscale, contribuant respectivement à 0,3 et 0,2 point de pourcentage du PIB. Les mesures de
politique fiscale prévues comprennent l'amélioration du régime de l'impôt foncier, la limitation de l'utilisation des
taux réduits de TVA, la rationalisation des exonérations, la réduction des dépenses fiscales et des accords spéciaux
dans le cadre du code des investissements, et l'augmentation du taux de droit à l'exportation sur le cacao. Avec le
rétablissement du mécanisme automatique de fixation des prix des carburants, les recettes fiscales provenant des
produits pétroliers devraient atteindre 624 milliards de FCFA en 2024, soit 1,2 % du PIB. Sur le plan administratif, les
principales mesures visent à améliorer le suivi des prix de transfert, à mettre en place un mécanisme de traçabilité
du tabac pour décourager la contrebande, à élargir l'assiette des contribuables et à renforcer l'analyse de risque et
le module de gestion automatisée de la TVA, y compris les déductions de contrôle de la TVA à la douane. La stratégie
de recettes à moyen terme (MTRS), en cours de préparation, devrait soutenir ces efforts de mobilisation des recettes
domestiques.
L'ajustement des dépenses consistera principalement à réduire les dépenses courantes et à éliminer
progressivement les dépenses liées à la crise, tout en maintenant des dépenses en capital élevées. Les dépenses
courantes devraient passer de 14,7 % à 13,2 % du PIB en 2024, en raison d'une réduction des subventions, des
transferts courants et des dépenses de sécurité de 0,4 et 0,5 point de pourcentage du PIB, respectivement. Cette
diminution des subventions et des transferts s'aligne sur la stratégie en cours visant à rationaliser les dépenses liées
à la crise. En ce qui concerne les dépenses de sécurité, la diminution résulte de l'achèvement d'investissements
substantiels au cours des trois dernières années, même si elle est susceptible de changer en fonction de l'évolution
de la situation régionale en matière de sécurité. La masse salariale en pourcentage du PIB devrait diminuer de 4,7 %
en 2023 à 4,5 % en 2024, reflétant la mise en œuvre de la stratégie de maitrise de la masse salariale adoptée par le
Gouvernement en 2014, qui a retenu le principe du recrutement d’un nouveau fonctionnaire pour deux départs à la
retraite à l'exception des secteurs de la santé et de l'éducation. Les dépenses d'investissement devraient augmenter
de 0,5 point de pourcentage du PIB pour atteindre 7,3 %, soutenues par un financement intérieur plus important qui
n'est pas compensé par un financement extérieur plus faible.
Les dépenses sociales devraient rester élevées en lien avec le renforcement des programmes sociaux du
gouvernement et pour faire face au contexte de pressions croissantes dues aux migrations et aux déplacements. La
mise en œuvre du PJGOUV devrait consolider les acquis et la poursuite de l’exécution des chantiers de développement
et d’épanouissement de la jeunesse devrait se traduire par une allocation de 438,4 milliards de FCFA pour 2024.
En outre, le programme vise à atténuer les risques associés à l'escalade du terrorisme dans la région, en particulier
dans les zones les plus sensibles du nord, adjacentes au Burkina Faso et au Mali. L'aide a également été étendue à
un nombre croissant de réfugiés du Mali et du Burkina Faso, les chiffres de début 2023 dépassant les 13 700, faisant
plus que doubler la population réfugiée en Côte d'Ivoire. Par ailleurs, le gouvernement maintient son soutien aux plus
vulnérables par le biais de transferts monétaires ciblés. Pour atténuer les effets de l'inflation sur les plus pauvres, le
gouvernement a augmenté le salaire minimum à partir de janvier 2023, après une révision en décembre 2022. Ces
efforts viennent compléter le PSGOUV2. L'élargissement de l'espace budgétaire est essentiel à la bonne exécution de
ces programmes et appelle à une plus grande efficacité des dépenses publiques.
36
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
Si les efforts visant à renforcer la gouvernance et la gestion des finances publiques se poursuivent, l'écart entre
les recettes fiscales et le PIB reste important et des efforts supplémentaires pourraient être consentis pour
améliorer l'efficacité des dépenses publiques. L'examen des finances publiques de la Banque mondiale pour
2023 fait état d'améliorations significatives dans la mobilisation des recettes, avec des progrès plus rapides que les
pays pairs. Toutefois, le ratio potentiel impôt/PIB est presque deux fois plus élevé que le niveau actuel, tandis que
l'efficacité des dépenses publiques présente un écart tout aussi important. L'amélioration de l'efficacité permettra de
dégager une marge de manœuvre budgétaire et de renforcer l'orientation anticyclique de la politique budgétaire, dans
un monde de plus en plus incertain.
Le déficit du compte courant (CAD) devrait se réduire progressivement grâce à l'amélioration continue des termes
de l'échange, des volumes d'exportation et de la position budgétaire. Malgré une baisse de la production de cacao, le
CAD devrait se réduire de 7,9 % du PIB en 2023 à 5,8 % en 2024 (figure 1.11d), principalement en raison d'un excédent
de biens renforcé résultant de l'amélioration des termes de l'échange et d'une diminution du déficit budgétaire. À moyen
terme, la balance commerciale devrait continuer à s'améliorer, grâce à une augmentation plus importante de la valeur
des exportations que des importations. La croissance des exportations devrait être soutenue, grâce à l'augmentation
de la proportion de produits transformés dans les exportations totales et à l'accroissement des volumes d'exportation
de matières premières agricoles, minières et pétrolières. Le pays devrait notamment bénéficier d'une hausse de la
production de pétrole brut, en particulier avec le lancement de la deuxième phase d'exploitation du champ de Baleine,
prévu pour 2025. La demande d'importation sera stimulée par l'augmentation des volumes de biens intermédiaires et
de biens d'équipement, essentiels à l'investissement public et privé. Toutefois, le déficit structurel des services devrait
rester important, en raison de l'augmentation des paiements pour le fret et les services techniques aux non-résidents.
Les pressions inflationnistes devraient continuer à s'atténuer à mesure que les prix mondiaux des denrées
alimentaires et des produits de base diminuent et que les tensions politiques régionales et internationales
sont contenues. Cela suppose que (i) les récents efforts d'apaisement dans les pays membres de la CEDEAO soient
couronnés de succès et que la levée des sanctions se concrétise, et (ii) que les crises du Moyen-Orient et de l'Ukraine
ne s'aggravent pas davantage. La deuxième série d'effets des prix du pétrole et des prix extérieurs devrait persister à
court terme, mais de manière moins prononcée qu'au cours des deux dernières années. Le resserrement monétaire
devrait également contribuer à soutenir la baisse des prix. Néanmoins, le rythme de la baisse sera atténué par les
prix relativement plus élevés de l'électricité domestique et du carburant, ainsi que par l'augmentation des coûts de
transport. Par conséquent, l'inflation annuelle moyenne devrait tomber à 3,6 % en 2024. À moyen terme, l'inflation
devrait continuer à tomber en dessous de 2 % à mesure que les perturbations de l'offre mondiale s'atténuent et que
les pressions inflationnistes s'estompent, le taux de change étant rattaché à l'euro (figure 1.12c).
La pauvreté devrait diminuer dans un contexte d'expansion économique robuste et de baisse de l'inflation au
cours des trois prochaines années, mais la croissance pourrait être moins inclusive. Le déclin progressif de la
pauvreté devrait se poursuivre à moyen terme malgré des vents contraires, pour atteindre 36,3 % en 2025 (sur la
base du seuil national de pauvreté), en lien avec la transformation structurelle et la création d'emplois formels dans
l'industrie et les services, ainsi qu'une baisse de l'inflation vers la cible de 2 % de la BCEAO (figure 1.12c). Toutefois,
les estimations basées sur la répartition sectorielle des revenus et la part de l'alimentation dans la consommation
indiquent un risque de croissance modeste des revenus des ménages les plus pauvres à moyen terme, en raison de
leur plus faible participation aux secteurs les plus dynamiques, si les efforts pour augmenter leur productivité agricole,
renforcer le capital humain et diversifier leurs sources de revenus se révèlent peu concluants. L'extrême pauvreté
(basée sur le seuil international d'extrême pauvreté) devrait se stabiliser à 10,2 % en 2024, reflétant une croissance
forte, mais freinée par une inflation post-pandémie encore élevée. La réduction de l'extrême pauvreté reprendra en
2025, soutenue par la croissance et la baisse de l'inflation.
37
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
Les risques de détérioration sont en hausse, les principaux défis
étant liés à l'insécurité régionale et à l'augmentation de l'impact du
climat.
L'économie de la Côte d'Ivoire continue d'être confrontée à des vents contraires puissants et les risques à court
terme restent orientés à la baisse. Les multiples chocs qui ont frappé l'économie mondiale ces dernières années
et leurs retombées négatives sur l'économie de la Côte d'Ivoire persistent. Les problèmes politiques et de sécurité
dans la région de l'Afrique de l'Ouest ont des implications socio-économiques considérables, y compris le risque d'un
afflux accru de personnes déplacées. Cette situation, associée à une marge de manœuvre budgétaire limitée, jette
une ombre sur le scénario de base positif décrit ci-dessus, suggérant que des retards dans l'ajustement budgétaire
pourraient s'avérer très coûteux pour la Côte d'Ivoire. La Côte d'Ivoire a besoin d'une marge budgétaire pour mener
une politique anticyclique face aux chocs futurs.
Les tensions mondiales et régionales pourraient interrompre la reconstitution des amortisseurs macroéconomiques
et exacerber les déséquilibres. Le conflit au Moyen-Orient entre le Hamas et Israël pourrait s'intensifier, entraînant
une chute des approvisionnements en énergie. Parallèlement, les attaques en mer Rouge et la guerre prolongée en
Ukraine pourraient perturber le commerce mondial, augmentant les coûts de logistique et de transport, alimentant
une volatilité supplémentaire qui pourrait raviver la flambée des prix de l'énergie et des denrées alimentaires et se
répercuter sur l'inflation intérieure, déprimant le sentiment et la demande des consommateurs et du marché et, par
conséquent, la croissance économique. En somme, ces effets négatifs pourraient se multiplier si les -fragmentations
géopolitiques actuelles s'accentuent, entraînant une augmentation des barrières commerciales, des détours des flux
de capitaux et une plus grande volatilité des capitaux (FMI 2023).18 Une nouvelle flambée des prix pourrait nécessiter
un nouveau resserrement monétaire dans les économies avancées, entraînant une forte récession mondiale, une
baisse de la demande d'exportations et une augmentation des déficits extérieurs. Elles pourraient également annuler
l'élimination progressive des subventions, gonfler le déficit budgétaire et augmenter les niveaux d'endettement.
La politique monétaire des économies avancées pourrait nuire à l'efficacité de la politique monétaire régionale
et du plan de développement national. Un nouveau resserrement de la politique monétaire dans les économies
avancées et émergentes entraînera des risques de refinancement de la dette, augmentera le coût de l'emprunt
et exacerbera les vulnérabilités de la dette. Le resserrement des marchés financiers implique un accès limité
au financement, qui pourrait poser un défi important à la poursuite du plan d'investissement, saper la croissance
économique, retarder la transformation économique, augmenter la pression sur la balance des paiements, déprécier
la monnaie et aggraver les conditions de financement déjà tendues. Une politique monétaire plus agressive dans les
économies avancées pourrait remettre en cause la conduite de la politique monétaire de la BCEAO, qui devra s'aligner
pour préserver le niveau des réserves de change. Lors de la dernière réunion de son comité monétaire en mars 2024,
la BCEAO a décidé de maintenir ses taux directeurs, mais a annoncé qu'elle les resserrerait davantage pour freiner
l'inflation, si nécessaire. Les taux régionaux et souverains actuels sont déjà à leur plus haut niveau depuis dix ans. Si
les risques mondiaux se matérialisent et conduisent à un nouveau resserrement, cela pourrait aggraver les conditions
de financement des États.
Malgré la résilience du système bancaire, une vigilance accrue s'impose dans un contexte de tensions régionales.
Le Programme d'évaluation du secteur financier (PDSFI) 2022 a souligné la nécessité de renforcer la supervision
bancaire, d'accélérer l'opérationnalisation du régime de résolution bancaire introduit en 2018, ainsi que de renforcer
les moyens et les outils disponibles pour soutenir la mise en œuvre d'une supervision basée sur le risque. La mise
en œuvre de ces recommandations est devenue urgente à la lumière des récents développements régionaux. Le
retrait annoncé des pays du Sahel de la CEDEAO reste un risque majeur qui pourrait affecter la solidité du système
financier de la région, d'autant plus que les perspectives de leur maintien dans l'UEMOA restent floues. L'exposition
des portefeuilles des banques commerciales à la dette souveraine, y compris celle des pays du Sahel, est élevée et
pourrait créer des frictions financières importantes et des effets de débordement négatifs si l'un des pays membres
prenait du retard dans ses remboursements. Les conditions du marché régional ont été particulièrement tendues pour
le Mali et le Burkina Faso depuis l'annonce de la sortie. Bien que les effets d'entraînement aient été limités jusqu'à
présent, les risques sont élevés et pourraient détériorer les bilans des banques.
18 Fonds monétaire international (2023) : Fragmentation géoéconomique : L'Afrique subsaharienne prise entre les lignes de faille. Perspectives de
l'économie mondiale. avril.
38
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
Une transformation industrielle insatisfaisante des produits agricoles constitue un risque pour la qualité
de l'emploi, la croissance et la stabilité macroéconomique. Depuis 2012, plusieurs PND ont mis l'accent sur la
transformation industrielle comme élément essentiel de la transformation économique et sociale, en mettant l'accent
sur les produits exportés, principalement dans les secteurs du cacao, de l'anacarde, du caoutchouc et du café. Bien
que la contribution du pétrole puisse augmenter, ses prix et ses revenus sont très instables, de sorte que la stabilité
macroéconomique et l'inclusion sociale à l'avenir dépendront en grande partie de l'augmentation de la valeur ajoutée
dans le secteur agricole. La transformation devrait augmenter considérablement la valeur ajoutée et soutenir l'emploi
décent, car l'emploi vulnérable n'a diminué que de 7 points de pourcentage entre 2012 et 2022, pour atteindre 71 %
de l'emploi total, malgré les bonnes performances économiques et la résilience (Indicateurs du développement dans
le monde, 2024). Par exemple, en 2023, les recettes d'exportation du cacao transformé étaient 2,3 fois supérieures
à son volume, contre 1,5 pour le cacao brut, soit un différentiel de plus de 1,5 point de valeur ajoutée entre la matière
première et le produit transformé. La réalisation partielle des objectifs pourrait donc conduire à des exportations
globales inférieures aux prévisions et accroître le déficit de la balance courante.
Les risques liés au climat augmentent et, pourraient freiner les progrès économiques du pays. Bien que la Côte
d'Ivoire soit peu exposée aux ouragans importants, le rapport sur le changement climatique et le développement
du pays (Banque mondiale 2023) indique que le changement climatique constitue un risque important pour la
croissance à long terme en raison de son impact sur la productivité du travail, la productivité de l'agriculture, les
2018 2021
infrastructures et l'économie en général. Par exemple, le changement climatique réduirait le PIB réel annuel de 3
à 5 % d'ici 2030, un effet qui devrait s'accentuer pour atteindre 13 % en moyenne d'ici 2050 si aucun mécanisme
2018 2021 naturelles plus fréquentes, telles que les tempêtes
d'adaptation supplémentaire n'est mis en place. Les catastrophes
35,1
33,4
32,9
32,6
31,3
et les pluies torrentielles prolongées, causent de graves dommages économiques aux économies plus petites et
29,3
28,7
27,2
plus vulnérables, accélérant l'émigration et augmentant les conflits au sein des communautés. Les catastrophes
35,1
33,4
32,9
naturelles endommagent clairement les infrastructures, réduisent la production économique, perturbent les chaînes 32,6
31,3
29,3
28,7
27,2
d'approvisionnement et augmentent la pression inflationniste, ce qui incite à recalculer les risques et les perspectives
de croissance. Les coûts d'adaptation des infrastructures et/ou de réparation des infrastructures endommagées
peuvent aggraver les pressions fiscales et monétaires existantes. C'est pourquoi le chapitre ci-dessous analyse en
détail l'impact du changement climatique et les possibilités de mobiliser des fonds pour l'adaptation.
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
2024
2025
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
2024
2025
-1,0 -2,0
5,0
4,0 -2,0 -3,0
Indice desdes
prixprix
à laàconsommation Balance des comptes
Balance courants
des comptes courants
Indice la consommation
(en glissement annuel, variation moyenne en pourcentage) (pourcentage du PIB)
(en glissement annuel, variation moyenne en pourcentage) (pourcentage du PIB)
6,0 0,0
6,0 0,0
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
2024
2025
-1,0
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
2024
2025
5,0 -1,0
5,0 -2,0
-2,0
4,0 -3,0
4,0 -3,0
-4,0
3,0 -4,0
3,0 -5,0
-5,0
2,0 -6,0
2,0 -6,0
-7,0
1,0 -7,0
1,0 -8,0
-8,0
0,0 -9,0
0,0 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 -9,0
2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025
-1,0 -1,0
-2,0 -2,0
-2,0 -2,0
-4,0 -4,0
-3,0 -3,0
-6,0 -6,0 -4,0 -4,0
-5,0 -5,0
-8,0 -8,0
-6,0 -6,0
-10,0-10,0
-7,0 -7,0
-12,0-12,0 -8,0 -8,0
-9,0 -9,0
-14,0-14,0
2020 2020 2030 2030 2040 2040 2050 2050
20202020 20302030 2040 2040 2050 2050
GP1 GP1 GP2 GP2
GP1 GP1 GP2 GP2
Scénario
Scénario chaud/sèc
chaud/sèc Scénario
Scénario chaud/humide
chaud/humide
Malgré une forte croissance et une bonne résilience face aux chocs récents, la Côte d'Ivoire doit relever
d'importants défis pour réaliser son ambition de devenir un pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure
d'ici à 2030. Les indicateurs clés restent inférieurs au niveau attendu pour le niveau de revenu de la Côte d'Ivoire, ce
qui suggère que la profondeur de la transformation structurelle a encore de la marge à améliorer par rapport aux pairs
aspirationnels tels que le Vietnam et la Malaisie. En 2021, le pays se classait 115e sur 131 des économies mondiales les
plus complexes sur le plan commercial, les exportations restant largement dominées par les produits agricoles bruts
(68 % contre 10 % de produits manufacturés en proportion des exportations). L'indice du capital humain reste faible
(0,4 sur 1), semblable à celui de pays fragiles comme le Burkina Faso et le Mali, et les niveaux actuels de capital humain
sont insuffisants pour libérer tout le potentiel de croissance et de transformation structurelle requis. Les possibilités
d'améliorer la qualité de l'emploi et l'inclusion financière sont considérables. L'emploi vulnérable représente 71 % de
l'emploi total et les femmes sont surreprésentées dans ce groupe. La croissance de la productivité doit être soutenue
à moyen terme. Pour créer des emplois plus productifs et mieux rémunérés, il faut améliorer le capital humain, veiller
à ce que les travailleurs, les entreprises et les exploitations agricoles puissent utiliser leurs capacités de production en
tirant parti de l'investissement privé, de l'approfondissement du capital, de la réduction des inefficacités d'allocation
grâce à des politiques favorables à la concurrence, et de la résilience aux risques climatiques, comme le mentionne le
mémorandum économique de la Banque mondiale pour la Côte d'Ivoire (2021).
41
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
Les risques climatiques sont devenus plus fréquents et augmenteront l'incertitude avec des disparités spatiales
importantes. La Côte d'Ivoire est exposée à des températures extrêmes, la température moyenne ayant déjà
Dette publique
Perspectives budgétaires 70,0
augmenté de 0,5°C àPerspectives
0,8°C au cours
budgétaires
des cinq dernières décennies. Les températures,
Dette la variabilité
(pourcentage
publique du PIB) des conditions
25,0 0,0
70,0
météorologiques
25,0
et les phénomènes météorologiques 0,0
extrêmes
-1,0
60,0 devraient augmenter
(pourcentage du PIB) sensiblement à l'avenir,
affectant20,0de manière disproportionnée certaines régions du pays et risquant d'exacerber les inégalités spatiales.
-1,0
60,0
-2,0 50,0
Les
20,0
températures devraient augmenter de 1 à 4 °C-2,0 dans les
-3,0 régions septentrionales et de 1 à 3 °C dans les régions
50,0
15,0 40,0
méridionales,
15,0 les régions septentrionales connaissant -3,0 des-4,0
extrêmes
40,0
plus marqués. Les périodes sèches et humides
devraient devenir plus extrêmes, avec davantage de sécheresses
10,0 -4,0 -5,0 et30,0
un risque accru d'inondations. Le niveau des mers
10,0
devrait augmenter
5,0
de 30 cm d'ici à 2050. Mais les -5,0 impacts30,0
catastrophiques potentiels et les points de basculement
-6,0
-6,0 20,0
qui5,0ne sont pas pris en compte dans les estimations existantes -7,0
20,0 pourraient constituer les menaces futures les plus
-7,0
importantes.
0,0
Perspectives budgétaires
-8,0 10,0
70,0 Dette publique
0,0 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 10,0 -8,02025
(pourcentage du PIB)
2015 2016
25,0 2017 2018 Perspectives
2019 2020 budgétaires
2021 2022 2023 2024 2025 70,0 0,0 0,0 Dette publique
Figure
25,0 2.1: Les progrès économiques sontRecettes gravement menacés
60,0
Dépenses (LHS) 0,0
(LHS)
0,0
-1,0 par les chocs climatiques,
2015(pourcentage
2016 2017 du2018
mais encore plus si
PIB) 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025
20,0 60,0 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025
l'adaptation fait défaut.
Dépenses (LHS)
Solde budgétaire (RHS) Recettes (LHS) -1,0 (AD)
Solde primaire -2,0 50,0
20,0 Solde budgétaire (RHS) Solde primaire (AD) Externe Domestique
15,0 -2,0 50,0 -3,0 Externe Domestique
40,0
-3,0 -4,0
a. Les pertes
15,0
10,0 dues aux chocs climatiques sans-4,0
adaptation
40,0
-5,0
(écarts
30,0
par rapport à la ligne de base) retardent
considérablement la convergence vers la croissance
10,0 -5,0 30,0de
-6,0
long terme.
5,0 20,0
-6,0 -7,0
5,0 20,0
-7,0
Scénario
Scénario 0,0
Scénario chaud/sèc
chaud/sèc
0,0 chaud/sèc 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 -8,0 Scénario
2024 2025
10,0
Scénario
-8,0 Scénario
10,0
chaud/humide
chaud/humide
chaud/humide
2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 0,0
PIB PIB PIB2018 2019PIB
% 0,0 %2015 2016 2017 2020 2021 2022 2023 2024 2025
% % % %
% 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 %
Dépenses (LHS) Recettes (LHS)
2025
0,0 0,0 Dépenses (LHS)Solde budgétaire (RHS) Recettes (LHS) Solde primaire (AD) 0,0 0,0
Solde budgétaire (RHS) Solde primaire (AD) Externe Domestique
-1,0 -1,0 Externe Domestique
-2,0 -2,0
-2,0 -2,0
-4,0 -4,0
-3,0 -3,0
-6,0 -6,0 -4,0 -4,0
-5,0 -5,0
-8,0 -8,0Scénario chaud/sèc Scénario chaud/humide
Scénario chaud/sèc Scénario
-6,0 chaud/humide
-6,0
-10,0 -10,0
PIB -7,0 -7,0 PIB
% PIB % % PIB %
%
-12,0 -12,0 % -8,0% -8,0 %
0,0 0,0
0,0 0,0
-9,0 -9,0
-14,0 -1,0
-14,0 -2,0 -1,0 2020 2030 2040
-2,0
2020 2030 2040 2050 -2,0
2020 2030 2040 2050 2050
2020 2030 2040 2050 -2,0
-4,0
-4,0 GP1 GP2
GP1 GP2 -3,0 -3,0 GP1 GP2
GP1 GP2
-6,0 -6,0 -4,0 -4,0
-5,0 -5,0
-8,0 -8,0
Scénario chaud/sèc
Source : Banque mondiale 2023 Scénario chaud/humide
Source
-6,0 : Banque mondiale 2023
Scénario-10,0
chaud/sèc -6,0 Scénario chaud/humide
-10,0 -7,0
-7,0
PIB PIB
%
-12,0 -12,0 PIB % -8,0 % -8,0 PIB %
0,0 % 1,2% -9,0
0,0 -9,0 % 1,2 %
-14,00,0 -14,0 1,22020 0,0 1,2
20202030 2030
2040 2040
2050 2050
-1,0 2020 2020 2030 2030 2040 20402050 2050 -0,5
b. Les
-1,0 pertes globales de PIB de la Côte d'Ivoire
1,0 sont réduites de
-0,5moitié
GP1
grâce GP2
à l'adaptation
GP1 GP2
1,0
1,0
-2,0 GP1 GP2
GP1 GP2 1,0 -1,0
-2,0 -1,0 0,8
-3,0 0,8 0,8
-1,5
Scénario
-3,0 chaud/sèc
-4,0Scénario chaud/sèc
0,8 Scénario
Scénario chaud/humide
chaud/humide 0,6
Scénario chaud/sèc Scénario
-1,5chaud/humide
-4,0 0,6 -2,0 0,6
-5,0 PIB PIB 0,6 -2,0 PIB PIB 0,4
%
-5,0 % % %
-2,5 % % %
-6,0 0,0 1,20,4
% 0,0 1,2 0,4
0,0 1,2 0,0
-2,5 1,2
-6,0 0,4 -3,0 0,2
-7,0-1,0 -1,0 -0,5
1,00,2 -0,5
-3,0
1,0
1,0 0,2
-7,0 1,0 -3,5 0,0
-8,0-2,0
-2,0 0,2-1,0 2020 -1,0 2030 2040 0,8 2050
-3,5 0,8 0,0
-9,0-3,0 -8,0 -3,0 0,80,0
0,8
-1,5
2020 2030 2040 2050 -1,5 2020 2030 2040 2050
-4,0 -9,0 -4,0 0,0 0,6
-2,0 GP1 GP2 0,6
0,6
2020 2030 2040 2050 0,6 -2,0
-5,0 GP1 GP2 0,4
-5,0 -2,5 GP1 GP2 0,4
-6,0 GP1 GP2 0,4 -2,5
-6,0 0,4 0,2
-3,0
-7,0 -3,0 0,2
-7,0 0,2
-8,0 -3,5
0,2 0,0
-8,0 2020 -3,5 2030 2040 2050 0,0
-9,0 0,0 2020 2030 2040 2050
2020 -9,0 2030 2040 2050 0,0
2020 2030 2040 2050 GP1 GP2
GP1 GP2 GP1 GP2
GP1 GP2
Note : GP1 et GP2 sont deux trajectoires de croissance différentes adoptées dans le modèle.
42
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
On estime que le changement climatique ralentira considérablement les progrès économiques et la réduction
de la pauvreté, mais que l'adaptation pourrait en atténuer l'impact (figure 2.1a et b et figure 2.2 a et b). La CCDR
estime l'impact potentiel du changement climatique sur l'économie de la Côte d'Ivoire à travers les changements de
la productivité du travail et l'augmentation des coûts de réparation et de renouvellement du capital, en comparant
deux scénarii climatiques alternatifs représentant des différences qualitatives dans les changements climatiques : le
scénario sec et chaud, et le scénario humide et chaud. Les résultats indiquent qu'en l'absence d'efforts d'adaptation
supplémentaires, les pertes annuelles moyennes de PIB augmenteront au fil du temps, atteignant jusqu'à 13 % du
PIB d'ici 2050 dans le cadre du scénario chaud et sec (figure 2.1a). La perte estimée de PIB réel due au changement
climatique passerait de 3-4,5 % en 2030 à 8-13 % en 2050. En l'absence de changement climatique, la pauvreté
diminuerait de 39 % en 2020 à 16,7 % en 2050 (figure 2.2a). Toutefois, dans le scénario sec et chaud, elle n'atteindrait
que 23,4 % en 2050 (figure 2.2b). L'adaptation peut faire la différence. Les pertes de PIB pourraient être réduites
de moitié d'ici 2050, tandis que la pauvreté pourrait être ramenée à 20,5 %. En d'autres termes, la Côte d'Ivoire
n'atteindrait le statut de pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure qu'à la fin des années 2040 ou après
2050 (selon le scénario climatique), loin des ambitions de la Vision 2030 du pays.
Figure 2.2 : De même, l'impact des chocs climatiques sur la pauvreté sera considérable, surtout s'il n'existe pas
de mécanisme d'adaptation.
GP2
Taux de pauvreté (%)
Taux de pauvreté GP2 5,0 Écarts par rapport au niveau de référence du GP2
5,0
GP2humide/chaud
Taux de pauvreté(sans adaptation) humide/chaud Écarts par rapport au niveau de référence du GP2
30% (sans30%
50% adaptation) 7,0 Pauvreté
Pauvreté
référence du GP2
référence du GP2
6,0
Secs/chauds
40% GP2 sec/chaud 6,03,0 3,0
Humide/chaud
20%
40%
20% GP2 sec/chaud Humide/chaud
GP2
Taux de pauvreté (%)
GP2
Taux de pauvreté (%)
5,0
humide/chaudhumide/chaud
5,02,0 2,0
30% 10%
référence du GP2
10%
30% 4,0 1,0
deGP2
4,0
1,0
Pointsdu
0%
20% 3,0
2020 2025 2030 2035 2040 2045 0,0
2050 2025 2030 2035 2040 2045 2050
2020 2025 2030 2035 2040 2045 2050 2025 2030 2035 2040 2045 2050
2,0 2,0
10% 10%
1,0
Source : Banque mondiale 1,0
Note : (1) Estimations des0%auteurs. (2) Microsimulations de la pauvreté basées sur des données au niveau des ménages provenant de l’EHCVM
0% 0,0 0,0
2018/19 et utilisant des projections
2020 2030 macroéconomiques
2025 2020 2025
2035 2030
2040 2035 provenant
2040
2045 2050 2045 d’un
2050modèle macro-budgétaire
2025 du2030
changement
2035 climatique
2040 spécifique
2045 2050au pays 2025 2030 2035 2040 2045 2050
(CC-MFMod) pour la période 2020-2050.
Écarts par rapport au scénario de référence GP2 Écarts par rapport au niveau de référence du GP2 Pauvreté
Pauvreté
Écarts par rapport au scénario de (sansGP2
référence adaptation) (avec adaptation)
Écarts par rapport au niveau de référence du GP2 Pauvreté
Pauvreté
7,0(sans adaptation) (avec adaptation)
Points de pourcentage par rapport au niveau de
b. Écarts 7,0
de pauvreté par rapport à la ligne de base GP2 sans adaptation (à gauche) et avec adaptation (à droite) 7,0
Pourcentage de points par rapport au GP2 w/adapt.
Secs/chauds
Points de pourcentage par rapport au niveau de
Humide/chaud 6,0
Secs/chauds GP2 humide/chaud (avec adaptation)
6,0 GP2 sec/chaud (avec adaptation)
Humide/chaud 5,0 6,0 5,0
Écarts par rapport au par
Écarts scénario deau
rapport référence
scénarioGP2
de référence GP2 ÉcartsGP2
parhumide/chaud
rapportÉcarts (avec
au niveau
par adaptation)
de référence
rapport du GP2
au niveau Pauvreté du GP2 Pauvreté
de référence
référence du GP2
5,0 Pauvreté
4,0(sansPauvreté
adaptation)
(sans adaptation) (avec adaptation)(avec adaptation)
5,0 4,0
référence du GP2
Points de pourcentage par rapport au niveau de
4,0
Pourcentage de points par rapport au GP2 w/adapt.
2,0
référence du GP2
2,0
4,0 4,0 4,0
0,0 4,0 0,0
1,0 1,0
2025 2030 2035 2040 2045 2050 2025 2030 2035 2040 2045 2050
3,0 3,0 3,0 3,0
0,0 0,0
2,0 2025 2030
2,0 2035 2040 2045 2050 2,0 2025 2,0 2030 2035 2040 2045 2050
1,0 1,0 1,0 1,0
0,0 0,0
0,0 0,0
2025 2030 2035 2040 2045 2050 2025 2030 2035 2040 2045 2050
2025 2030 2035 2040 2045 2050 2025 2030 2035 2040 2045 2050
7,0
Source : Banque mondiale Capital physique Le capital naturel Le capital humain
6,0
Note : (1) Estimations des auteurs. (2) Microsimulations
PTF de la pauvreté basées sur des données au niveau des ménages provenant de l’EHCVM 2018/19
Sortie
et utilisant
7,0 des projections 5,0macroéconomiques provenant d’un modèle macro-budgétaire du changement climatique spécifique au pays (CC-MFMod)
Capital physique Le capital naturel Le capital humain Changes demand for your… 56%
pour la 6,0
période 2020-2050.4,0
PTF Sortie Influences the productivity of… 53%
3,0
5,0
7,0 Changes demandAffects raw material costs or…
for your… 56% 46%
Capital 2,0
7,0 physique Le capital naturel Le capital humain
4,0
6,0 Capital physique Le capital naturel Le capital humain Influences the regulations to… 30%
PTF 1,0 Sortie Influences the productivity of… 53%
3,0 6,0
PTF Sortie Has an impact on your ability to… 26%
5,0 0,0
5,0 Affects raw
Changes material
demand costs or…
for your… 46%
56%
2,0
4,0 -1,0 Changes demand
Induces for your…
changes in your… 26% 56%
1,0
3,0
4,0
Developing Sub-Saharan SSA Metals Côte d'Ivoire
Influences
Influences the regulations
the productivity
Influences
of… to…
Influences your company's…
the productivity of…
30% 53%
21%
43 53%
Countries excl. Africa (SSA) Abundant
n - J u i n 2 0 2 4 26%
3,0 Has
Affectsan raw
impact on your
material dcosts
ability
i t i oor…
to… 46%
0,0
2,0 SSA S i t u a t i o n é c o n o m i o q u e d e l a C ô t e d ’ I v o i r e - 1 4 è m e éAffects raw material costs or… 0% 20% 46%
40% 60%
2,0 Influences Induces changes in
the regulations your…
to… 30%26%
-1,0
1,0
Pauvreté (sans adaptation) (avec adaptation)
référence du GP2
Les canaux de transmission les plus importants comprennent la
4,0 4,0
2,0
infrastructures.
2,0
1,0 1,0
0,0 0,0
2025 2030 2035 2040 2045 2050 2025 2030 2035 2040 2045
Figure 2.3 : Le changement climatique aura un impact négatif sur les principaux facteurs de croissance.
a. Une productivité élevée devrait soutenir la croissance économique à moyen terme en vue de l'objectif de
2030, mais le risque climatique est important...
Impacts sur le PIB en 2050 par canaux de dommages
(GP1)
7,0
Capital physique Le capital naturel Le capital humain
% DU
6,0
PIB PTF % DU Sortie
2,0 5,0 PIB
Changes demand for your…
0,0 4,0
Influences the productivity of…
-2,0 3,0
Affects raw material costs or… 46
-4,0 2,0
Influences the regulations to… 30%
-6,0 1,0
Has an impact on your ability to… 26%
-8,0 0,0
19 Calderon, C. 2022. Stimuler la productivité en Afrique subsaharienne : Politiques et institutions pour promouvoir l'efficacité. Washington, DC :
Banque mondiale. http://hdl.handle.net/10986/36786 Licence : CC BY 3.0 IGO
44
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
c. Le climat de la Côte d'Ivoire devrait se réchauffer, avec des précipitations faibles par rapport aux niveaux
historiques ...
d. Impacts du changement climatique sur le modèle e. Avec un impact important sur la productivité
opérationnel des entreprises ivoiriennes du travail (chaleur)
en % des entreprises
Impacts sur le PIB en 2050 par canaux de dommages
ciblées par l’enquête,
N=70 (GP1)
% DU
Modifie la demande des produits/services de votre entreprise 56% PIB % DU
2,0 PIB
Influence la productivité de votre personnel 53%
Affecte les coûts des matières premières ou d’autres coûts
46%
0,0
d’exploitation
-2,0
Influence les règlements régissant votre 30%
entreprise -4,0
Impacte votre capacité à combler les besoins du 26%
personnel -6,0
Pousse à changer vos plans d’investissement dans les 26% -8,0
technologies/équipes
21%
-10,0
Influence les décisions d’implantation de votre entreprise.
-12,0
0% 20% 40% 60%
f. Alors que les ondes de tempête sont potentiellement les plus destructrices pour les infrastructures. Choc des
capitaux dû à l’élévation du niveau de la mer et aux ondes de tempête, par rapport à 2020
45
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
Tout d'abord, le changement climatique (notamment l'augmentation des températures) pourrait entraver le
développement du capital humain et freiner la productivité. Des investissements importants dans la santé et
l'éducation au cours de la dernière décennie ont aidé le pays à améliorer l'accès aux services et les résultats en matière
de capital humain, l'indice du capital humain (ICH) atteignant 0,40 en 2021, contre 0,30 en 2010. Toutefois, ces
améliorations sont encore trop limitées pour favoriser la productivité nécessaire à la transformation du pays. L'indice
du capital humain est inférieur à ce qui est habituel pour le niveau de revenu du pays et bien en deçà de celui des pays
pairs ambitieux tels que le Viêt Nam (0,69) et la Malaisie (0,61). Le changement climatique pourrait limiter davantage
la productivité du travail en augmentant le stress thermique quotidien des travailleurs à l'intérieur et à l'extérieur, ainsi
que l'incidence et la mortalité des maladies, notamment celles à transmission vectorielle (paludisme et dengue), à
transmission hydrique (c'est-à-dire diarrhéique) et liées à la température. Le manque d'eau potable est susceptible de
contribuer à des épidémies locales, en plus de provoquer des pénuries alimentaires et la malnutrition des enfants,20 ,
avec a des répercussions négatives sur leurs résultats scolaires.21 Les sécheresses peuvent obliger les enfants et les
jeunes à passer plus de temps à s'occuper des activités agricoles familiales, entravant ainsi l'apprentissage. En outre,
les événements météorologiques extrêmes devraient affecter les écoles, y compris celles de l'enseignement et de la
formation techniques et professionnels (EFTP), en raison des dommages causés par les inondations et les tempêtes
aux bâtiments et aux biens scolaires, ce qui entraînera des interruptions de l'enseignement.
Deuxièmement, l'agriculture est très vulnérable au changement climatique, ce qui pourrait avoir un impact
considérable sur la croissance et la réduction de la pauvreté. L'agriculture a joué un rôle clé dans la transformation
économique de la Côte d'Ivoire, représentant 17 % du PIB, environ 70 % des exportations du pays et près de la
moitié des emplois. La prédominance des systèmes agricoles de subsistance et pluviaux, avec seulement 0,2 % des
terres équipées d'un système d'irrigation, rend l'agriculture très vulnérable au changement climatique et aux pertes
de production. La productivité agricole pourrait chuter de 35 % et les terres propices à la production de cacao, le
principal produit d'exportation, pourraient être réduites de moitié d'ici 2050. Les effets des sécheresses devraient
s'accentuer dans la région semi-aride de la savane septentrionale du pays, exacerbant l'insécurité alimentaire et
entraînant une baisse de la croissance du PIB. Ces effets augmenteront la vulnérabilité à la variabilité climatique des
petits exploitants agricoles et des populations les plus pauvres et les plus vulnérables - les femmes, les jeunes et les
migrants - et les affecteront de manière disproportionnée, en l'absence d'un accès suffisant aux ressources (terres), à
l'information et au financement pour faire face à la variabilité climatique.
Les pertes pourraient être exacerbées si la dégradation des terres et la déforestation continuent. La Côte d'Ivoire
a perdu environ 80 % de son couvert forestier entre 1900 et 2015, soit l'un des taux de déforestation les plus élevés
au monde. Cette situation a entraîné une forte diminution de la biodiversité et de la dégradation des sols22 , qui
pourrait affecter la résilience aux effets du changement climatique. Le rythme de la dégradation a été particulièrement
élevé entre 2000 et 2010, lorsque 3,5 millions d'hectares, soit 10 % de la superficie des terres, ont été dégradés.
La déforestation et la dégradation des terres sont en grande partie dues à l'expansion des zones de production de
cultures commerciales telles que le cacao, le caoutchouc, l'huile de palme et le café, ainsi que de cultures vivrières. En
l'absence d'action transformatrice, il n'y aura plus de forêt d'ici 2034, ce qui aggravera la perte de biodiversité, réduira
encore la capacité déjà limitée d'absorption du carbone et de résilience, et modifiera profondément le paysage. La
dégradation des sols et le changement climatique local résultant de la déforestation font chuter la production de
cacao et la déplacent vers le centre-ouest puis le sud-ouest, où la forêt est encore disponible. L'exploitation minière
artisanale de l'or à petite échelle a également augmenté dans le centre et le nord de la Côte d'Ivoire au cours de la
dernière décennie, accélérant encore la déforestation et la perturbation des cours d'eau. Si elle n'est pas restaurée,
la production de cacao pourrait diminuer de 45 % par rapport à la production actuelle, avec des répercussions
importantes sur les revenus des agriculteurs, la capacité fiscale du gouvernement et les comptes extérieurs.
Le changement climatique affectera négativement l'économie bleue de la Côte d'Ivoire. Le changement climatique
entraînera une élévation du niveau de la mer, provoquant une dégradation des côtes. Les écosystèmes marins seront
également affectés. Port-Bouët et Lahou Kpanda (à Grand-Lahou) connaissent déjà une érosion rapide des plages,
entraînant la destruction de maisons et d'infrastructures le long des zones côtières. La dégradation des zones
20 https://www.unicef.org/press-releases/children-suffering-dire-drought-across-parts-africa-are-one-disease-away-catastrophe
21 Infection par les helminthes transmis par le sol, perte d'éducation et déficience cognitive chez les enfants d'âge scolaire : Une revue systématique
et une méta-analyse - https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5766095/
22 La dégradation des sols a également des répercussions sociales négatives, en augmentant la pauvreté et en alimentant les schémas migratoires,
car les agriculteurs incapables d'investir dans de meilleurs intrants ou dans des approches agroécologiques permettant d'obtenir de meilleurs
sols et une plus grande productivité recherchent nouvelles terres vierges ou des terres forestières pour assurer leurs moyens de subsistance.
46
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
côtières pourrait à elle seule coûter l'équivalent de 5,3 % du PIB de pays d'Afrique de l'Ouest comme la Côte d'Ivoire,
bouleversant des vies et détruisant les moyens de subsistance de millions de personnes. Le coût de la dégradation
des zones côtières pour la Côte d'Ivoire est estimé à 2 milliards de dollars par an,23 tandis que les dommages causés
par une élévation de 20 cm du niveau de la mer d'ici à 2050 dans la seule ville d'Abidjan sont estimés à 920 millions
de dollars par an.24
Les changements fréquents dans le régime des précipitations menacent la sécurité de l'eau et de l'énergie,
entravant les progrès du pays dans l'amélioration de l'accès à l'électricité, la réduction de la pauvreté et les
performances de l'économie. La Côte d'Ivoire possède l'un des secteurs électriques les plus développés d'Afrique de
l'Ouest, car le pays a investi massivement dans ce secteur au cours de la dernière décennie, augmentant la couverture
électrique à 90 % et l'accès des ménages à 70 % en 2022. L'hydroélectricité génère 33 % de l'électricité du pays et
est essentielle à l'approvisionnement en énergie et à la transformation économique. Elle reste la pierre angulaire
du bouquet d'énergies renouvelables de la Côte d'Ivoire et de sa transition vers une économie à faible émission
de carbone. Cependant, l'hydroélectricité est très vulnérable au changement climatique. Par exemple, les faibles
niveaux d'eau dans le système hydroélectrique et les pannes dans les principales centrales électriques en 2021 ont
provoqué de graves pénuries d'électricité et des délestages pendant plusieurs mois, menaçant les progrès récents
dans l'amélioration de l'accès à l'électricité. En outre, des événements extrêmes de plus en plus fréquents, tels que
des crues soudaines ou des ondes de tempête, peuvent perturber les lignes de transport d'électricité, les oléoducs et
les gazoducs, ainsi que les installations de production. Les changements dans le débit des rivières peuvent également
avoir un impact sur les centrales hydroélectriques, telles que le barrage de Kossou.25
En outre, le coût de l'impact du changement climatique sur d'autres infrastructures économiques essentielles,
notamment pour la connectivité, sera également substantiel. Des précipitations de plus en plus intenses et des
événements extrêmes inégalement répartis peuvent provoquer des inondations et endommager des infrastructures
essentielles de transport, de télécommunications et numériques, perturbant ainsi le trafic, les services et les activités
économiques. De fortes précipitations peuvent provoquer des inondations sur les routes et les voies ferrées, en
particulier dans les zones côtières de faible altitude, tandis que les températures élevées peuvent entraîner des
fissures et une détérioration plus rapide des routes, des ponts et des structures de protection, ce qui peut entraîner des
perturbations plus fréquentes dans la circulation des personnes et des marchandises, réduisant ainsi la productivité
économique. De même, les infrastructures numériques telles que les tours de télécommunications, peuvent être
endommagées par des phénomènes météorologiques extrêmes, notamment les tempêtes, les inondations, les
coulées de boue, les incendies de forêt, la chaleur extrême et d'autres conditions météorologiques défavorables.
La défaillance de l'une des 4 344 tours de télécommunications du pays pourrait affecter des milliers de personnes
47
Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
et d'entreprises et menacer le réseau de fibres optiques (avec plus de 17 000 km de câbles). Les défaillances des
infrastructures télécoms et informatiques peuvent mettre hors service les infrastructures critiques associées, telles
que les réseaux électriques et ferroviaires, et peuvent également avoir un impact sur les services bancaires, les
commerces de détail et les services publics.
Dans l'ensemble, le tissu social pourrait être affaibli par le changement climatique. La rareté de l'eau due à la
sécheresse risque de forcer les gens à migrer vers des zones mieux approvisionnées en eau, augmentant ainsi la
concurrence pour des ressources rares et les conflits. L'insécurité économique induite par le changement climatique
pourrait aggraver les inégalités sociales en particulier, les inégalités entre les hommes et les femmes, affecter les
groupes marginalisés tels que les agriculteurs les plus pauvres, les migrants, les femmes et les jeunes. Cette situation
est particulièrement préoccupante dans les régions du nord, du nord-ouest et du centre-ouest, où les migrations et les
tensions ethniques ont déjà joué un rôle dans la guerre civile passée, et où la pauvreté et la malnutrition sont élevées
par rapport au reste du pays28 .29 En outre, des sécheresses plus intenses pourraient provoquer la migration vers le
sud d'un grand nombre d'éleveurs (du Mali et du Burkina Faso, par exemple) et aggraver les conflits entre éleveurs et
agriculteurs au autour des ressources en eau et en terre. D'une manière générale, la sécurité sanitaire, alimentaire et
économique pourrait être compromise, avec des risques pour la stabilité du pays, la fourniture des services publics et
augmenter la vulnérabilité au recrutement de djihadistes dans les communautés rurales vulnérables.30
La Côte d'Ivoire est un pays faiblement émetteur de carbone, mais elle a pris des engagements ambitieux en
matière d'action climatique afin de prévenir et de limiter les coûts induits par le changement climatique. Le
pays a renforcé ses engagements dans ses Contributions Déterminées au niveau National (CDN) révisées en 2022.
En ce qui concerne l’adaptation, elle vise à réduire les vulnérabilités et à accroître la résilience climatique dans cinq
secteurs prioritaires : l’agriculture, les forêts et l’utilisation des terres, les ressources en eau, la santé et les zones
côtières (tableau 2.4). Les CDN actualisées couvrent également des questions transversales telles que le genre, la
territorialisation de l’action climatique, les emplois verts, la santé et la pollution de l’air. Sur le front de l’atténuation,
bien qu’elle ne contribue qu’à 0,1% des émissions mondiales, la Côte d’Ivoire a pris deux types d’engagements forts
et distincts : l’engagement inconditionnel et l’engagement conditionnel. Dans le premier cas, la Côte d’Ivoire s’est
engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 30,4 % d’ici à 2030, par rapport à un scénario
de référence, en se servant des moyens nationaux. Dans le second cas, la Côte d’Ivoire s’engage à une réduction
conditionnelle de ses émissions de GES de 98,95 % à l’horizon 2030 par rapport au scénario de référence, sous
réserve d’un soutien financier international approprié (Figure 4). Le pays a également abandonné l’option du charbon
en faveur d’un bouquet énergétique comprenant une forte proportion d’énergies renouvelables (45 %) et de centrales
électriques au gaz naturel. Outre les CDN, la Côte d’Ivoire a intégré les questions relatives au changement climatique
dans plusieurs politiques nationales, notamment dans le Plan National de Développement 2021-2025, et un plan
national d’adaptation est en cours d’élaboration.
28 Perspectives économiques de la Côte d'Ivoire : Comprendre les défis de l'urbanisation en graphiques en hauteur", Banque mondiale, février
2019.
29 FAO ; ICRISAT ; CIA, 2018, 7 ; les données les plus récentes sont présentées dans UNDP 2022 "Extreme Poverty and its Determinants,
Inequality and Vulnerability in Core d'Ivoire", page 72-74. Cellule d'analyse économique (CAE) et Institut national de la statistique (INS), Abidjan.
Voir aussi Banque mondiale (2023). Évaluation de la pauvreté en Côte d'Ivoire : Rapport principal.
30 Banque mondiale 2022. The Climate Change and Conflict Nexus in West Africa A New Approach for Operationally Relevant Vulnerability
Assessments, Washington DC : Banque mondiale.
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Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
Figure 2.4. La Côte d'Ivoire s'engage à atteindre la neutralité carbone d'ici 2030 en augmentant considérablement
les réductions d'émissions dans le secteur de la foresterie et de l'utilisation des terres.
Tableau 1 : La Côte d'Ivoire vise à réduire la vulnérabilité et à accroître la résilience climatique dans cinq secteurs
prioritaires.
(i) mettre en place des mesures de protection contre les risques climatiques, (ii) promouvoir des
Agriculture, élevage,
pratiques agricoles qui protègent la fertilité des sols, (iii) soutenir des systèmes agro-pastoraux
aquaculture
et halieutiques intelligents face au climat.
(i) améliorer la gouvernance foncière, (ii) renforcer la protection des forêts et prévenir la
Forêts et utilisation des sols
dégradation des terres, (iii) restaurer les terres et les forêts dégradées.
(i) soutenir la gestion intégrée des ressources en eau, (ii) renforcer le transfert de technologie
Ressources en eau
pour une meilleure gestion des ressources en eau.
(i) renforcer la surveillance des maladies sensibles au changement climatique, (ii) renforcer les
Santé capacités techniques pour traiter les maladies liées au changement climatique, (iii) renforcer les
capacités des institutions de santé et la collaboration intersectorielle.
(i) renforcer les capacités des institutions techniques et financières pour une gestion intégrée
Zones côtières des zones côtières, (ii) mettre en place des systèmes d'alerte précoce, (iii) soutenir les
communautés vulnérables par des investissements physiques et sociaux.
Source : CCDR
La Côte d’Ivoire a besoin d’un cadre juridique et réglementaire complet pour soutenir ses ambitions en matière
d’adaptation et d’atténuation au changement climatique. Plusieurs institutions ont été créées pour superviser la
mise en œuvre des actions de lutte contre le changement climatique, mais la coordination reste fragmentée et les
responsabilités souvent floues. L'absence d'une loi-cadre et multisectorielle sur le changement climatique rend les
politiques climatiques vulnérables aux changements de priorités politiques.31 En outre, les dispositions institutionnelles
pour la conduite des activités de mesure, de notification et de vérification (MRV) liées aux engagements climatiques de
la Côte d'Ivoire se sont jusqu'à présent concentrées principalement sur l'atténuation, et doivent intégrer l'adaptation
et le financement du climat. Pour relever ces défis institutionnels, il faudrait notamment disposer de capacités
techniques et de ressources financières adéquates.
31 Une nouvelle loi sur le changement climatique, le nouveau code de l'environnement, est actuellement en préparation.
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Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
Tout comme les coûts sociaux et économiques, les coûts budgétaires
et financiers de la transition climatique seront considérables.
Les besoins de financement pour l'adaptation et l'atténuation en Côte d'Ivoire sont énormes, avec des besoins
d'investissement importants à court et moyen terme pour réduire les vulnérabilités. Les Contributions Déterminées
au niveau National (CDN) révisée estiment que la Côte d’Ivoire aura besoin d’un total de 22 milliards de dollars US
d’ici 2030 pour atteindre son objectif de transition climatique, dont 10 milliards et 12 milliards pour l’atténuation et
l’adaptation respectivement. La moitié de ce montant devrait provenir du secteur privé. Le montant total représenterait
environ 17 % du PIB de 2030, soit un coût annuel moyen d’environ 2 % du PIB au cours de la prochaine décennie.
En outre, le Rapport national sur le Climat et le Développement de la Côte d’Ivoire (CCDR, 2023) souligne que les
investissements pour le développement et pour l’amélioration de la résilience climatique sont inextricablement liés et
ne peuvent être dissociés. Le CCDR estime que les investissements supplémentaires nécessaires pour limiter l’impact
futur du climat au sens strict représenteraient au moins 0,2 à 0,4 % du PIB par an entre 2023 et 205032. Mais à ce
jour, le financement climatique en Côte d’Ivoire reste modeste, soulignant le besoin urgent d’accélérer la mobilisation
des ressources financières nationales, l’attraction du secteur privé et le développement général des options de
financement pour les investissements intelligents en matière de climat.
Les flux de financement public international en faveur du développement lié au climat ont été faibles. Bien
qu'ils aient augmenté ces dernières années, les financements internationaux pour le climat la Côte d'Ivoire restent
inférieurs par rapport à ses pairs régionaux, tels que le Ghana et le Sénégal. Les fonds multilatéraux pour le climat ont
augmenté de manière significative entre 2015 et 2018, passant d'environ 500 millions de dollars33 , mais selon la base
de données Climate Funds Update34 , la Côte d'Ivoire n'avait reçu que 100,7 millions de dollars des fonds multilatéraux
pour le changement climatique en janvier 2022, dont 6,2 millions pour l'adaptation. Ces montants restent bien en deçà
des capacités et des besoins du pays. Les obstacles à l'obtention d'un financement adéquat des donateurs en faveur
du climat sont principalement d'ordre institutionnel : absence de modus operandi institutionnel avec des institutions
très centralisées suivant une approche descendante, des dispositions institutionnelles lourdes et et des processus
décisionnels longs. 35
32 Pour les besoins de la CCDR, les besoins de financement sont définis selon une définition stricte de l'additionnalité, c'est-à-dire la différence
entre les niveaux d'investissement optimaux avec et sans chocs climatiques.
33 https://www.afdb.org/sites/default/files/2022/05/25/aeo22_chapter3_french.pdf
34 https://climatefundsupdate.org/about-climate-finance
35 Stratégie Nationale de mobilisation du financement climatique en Côte d'Ivoire
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Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
Équité climato-intelligente: face au climat : comment créer une
marge de manœuvre budgétaire et attirer les investissements privés ?
La taxe carbone peut s'avérer efficace pour créer une marge de manœuvre budgétaire en faveur de l'action
climatique, avec des avantages considérables pour la croissance, l'efficacité économique, la répartition du bien-
être et l'environnement. Les taxes sur le carbone établissent généralement un lien direct entre les émissions de GES
(mesurées en tonnes métriques d'équivalent dioxyde de carbone, ou tCO2 e) d'un produit ou d'un processus et la taxe
à payer sur ce produit ou ce processus. Les entreprises et autres contribuables sont donc encouragés à réduire leurs
émissions pour diminuer leurs obligations fiscales, que ce soit en adoptant des pratiques plus efficaces, en choisissant
des combustibles plus propres ou, dans le cas des consommateurs, en modifiant leurs habitudes de vie. En tant que
telles, elles sont de plus en plus considérées comme un moyen efficace de réduire les émissions de carbone à l'échelle
mondiale et de remplacer des réglementations moins efficaces sur le carbone, en donnant aux entreprises la certitude
réglementaire dont elles ont besoin pour investir à long terme dans des solutions de remplacement des énergies
propres.
Une taxe carbone peut augmenter les recettes fiscales et soutenir la croissance inclusive en Côte d'Ivoire
de manière efficace en supprimant les distorsions et en réduisant les taxes moins efficaces. Par exemple, les
combustibles fossiles bénéficient de "niches fiscales" importantes et généralisées en Côte d'Ivoire, ce qui maintient
les prix à la consommation bien en deçà du niveau correspondant aux externalités associées aux combustibles fossiles.
La mise en œuvre de taxes carbone en amont sur les combustibles fossiles permettrait de s'assurer que les prix
reflètent correctement les coûts réels de l'utilisation de ces combustibles, contribuant ainsi à atténuer le changement
climatique. En outre, les taxes sur le carbone impliquent de faibles coûts administratifs, sont plus faciles à collecter
et à contrôler que les impôts directs, offrent peu de possibilités d'évasion et pourraient couvrir l'important segment
informel de l'économie du pays. S'ils sont bien utilisés, les revenus générés par la taxation du carbone devraient
soutenir l'agenda social et économique du gouvernement et contribuer à la croissance et au bien-être humain.
Une taxe carbone bien conçue aurait des effets positifs sur le plan macroéconomique et sur la répartition. Un
rapport de la Banque mondiale examine l'impact du remplacement des taxes conventionnelles actuelles par une taxe
sur le carbone en Côte d'Ivoire selon quatre scénarii principaux. Dans le scénario 1, les revenus de la taxe carbone
fournissent un transfert forfaitaire à chaque Ivoirien. Dans le scénario 2, la taxe carbone est compensée par une
réduction sans incidence sur les recettes des impôts prélevés sur la production des entreprises du secteur formel.
Dans le scénario 3, la taxe carbone est utilisée pour réduire, sans incidence sur les recettes, les impôts sur le revenu
prélevés sur la main-d'œuvre du secteur formel, tandis que le scénario 4 réduit le taux de TVA au moyen d'une taxe
carbone sans incidence sur les recettes. La taxe carbone envisagée entraîne une réduction de 10 % des émissions
nationales de CO2 par rapport à la base de référence, soit un niveau de 13 169 FCFA ou 22 USD par tonne de CO2.
La principale conclusion est que l'utilisation de la taxe carbone pour réduire les impôts sur le travail formel offre les
plus grands avantages parmi les différents scénarii. Dans ce scénario, le PIB augmente, de même que les revenus des
ménages, l'offre de travail et les salaires moyens dans les secteurs formel et informel. L'emploi dans le secteur formel
augmente de manière significative car la baisse des taxes sur le travail réduit le coût d'embauche des travailleurs et
la demande de travail augmente (par rapport au capital) (voir encadré 2.1). À l'autre extrême, l'utilisation de la taxe
carbone pour financer un transfert forfaitaire en espèces à tous les Ivoiriens aura des impacts macroéconomiques
négatifs, avec une diminution du PIB, du bien-être et de l'emploi total et formel malgré une augmentation des revenus
des ménages.36 En outre, l'utilisation des recettes de la taxe carbone pour réduire les taux d'imposition du travail
entraîne la plus forte réduction de la consommation d'énergie (-14,4 points de pourcentage). Enfin, l'inégalité totale
(et la pauvreté) serait considérablement réduite dans la plupart des scénarii, car les tranches de revenus supérieures
paieraient la majeure partie de la facture de la taxe carbone (voir l'encadré 2.1 pour plus de détails).
36 Bien que cela puisse refléter une réduction potentielle des incitations au travail, le modèle ne tient pas compte des effets positifs potentiels des
transferts en espèces sur la formation du capital humain parmi les pauvres.
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Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
Tableau 2 : Scénarii et avantages de la taxe carbone
Le rapport de la Banque mondiale évalue quatre options pour remplacer les taxes conventionnelles actuelles
par une taxe carbone en Côte d'Ivoire. Dans le scénario 1, les recettes de la taxe carbone constituent un
transfert forfaitaire à chaque Ivoirien. Dans le scénario 2, la taxe carbone est compensée par une réduction,
sans incidence sur les recettes, des taxes prélevées sur la production des entreprises du secteur formel. Dans
le scénario 3, la taxe carbone est utilisée pour une réduction sans effet sur les revenus des impôts prélevés sur
la main-d'œuvre du secteur formel, tandis que le scénario 4 réduit le taux d'imposition de la TVA avec une taxe
carbone sans effet sur les revenus. Voici un résumé des résultats :
• Dans le scénario 3 (avec une réduction des taxes sur le travail), le PIB augmenterait de 0,34 point de
pourcentage, les revenus des ménages de 0,51 point de pourcentage et l'offre de main-d'œuvre, ainsi que
les salaires moyens dans les secteurs formel et informel, augmenteraient, ce qui entraînerait une hausse
de 0,28 point de pourcentage du bien-être.
• Le scénario 2 (avec réduction de l'impôt sur la production) apporte également des gains économiques,
mais pas autant que le scénario 3 (réduction de l'impôt sur le travail). Il n'augmente pas les revenus des
ménages.
• Le PIB et l'emploi total augmentent également lorsque les recettes de la taxe carbone sont utilisées pour
réduire la TVA (scénario 4). La baisse des coûts de production pour les entreprises informelles à forte
intensité de main-d'œuvre entraîne une augmentation significative de l'emploi informel par rapport à
l'augmentation modeste de l'emploi formel.
• Les impacts macroéconomiques sont négatifs si les recettes de la taxe carbone sont utilisées pour
financer un transfert forfaitaire en espèces à tous les Ivoiriens (scénario 1). Le revenu moyen des ménages
augmente, mais le PIB diminue, tout comme l'emploi total et l'emploi formel. La raison présumée est
que le transfert pourrait réduire les incitations au travail. Cependant, le modèle EGC ne prend pas en
compte les effets positifs potentiels des transferts en espèces sur la formation du capital humain parmi
les pauvres.
Une taxe carbone favorise également la formalisation du marché du travail. Le recyclage des recettes de la taxe
carbone pour réduire les taux d'imposition de la production ou du travail encouragerait également les producteurs
informels à passer à la formalité pour bénéficier du recyclage de la taxe carbone ; sinon, ils devraient soutenir la taxe
carbone sans bénéficier des recettes recyclées. Dans le cadre du scénario 3, l'offre d'emplois informels diminuerait de
0,4 point de pourcentage, en faveur d'une augmentation de 2,1 points de pourcentage de l'emploi formel. Les autres
scénarii présentent des gains similaires.
Une taxe sur le carbone contribuerait également à réduire les dommages environnementaux causés par
l'activité économique en Côte d'Ivoire. Selon des études récentes de la Banque mondiale, une incitation fiscale
de type "feebate", qui accorde des incitations positives à la production à faible impact environnemental et prélève
des "redevances" négatives sur les méthodes de production à forte intensité de carbone, réduirait l'empreinte
environnementale d'activités telles que le transport et l'agroforesterie, et diminuerait la pollution atmosphérique
(Banque mondiale, 2023 ). Dans le domaine des transports, un mécanisme de tarification verte ajouté aux droits
d'importation pourrait stimuler la demande de véhicules à faible émission de carbone. Une étude montre qu'un
système de taxation sans incidence sur les recettes, dans lequel les véhicules à essence émettant le moins de CO2
bénéficieraient d'abattements fiscaux pouvant atteindre 1,38 million de francs CFA (2 485 USD), tandis que les
véhicules diesel émettant le plus de CO2 paieraient des pénalités pouvant atteindre 2,76 millions de francs CFA (4 969
USD), permettrait de réduire le taux moyen d'émissions de CO2 de 6%.
Les taxes peuvent être conçues pour promouvoir la production durable de cacao sans déforestation. Dans le cas
du cacao, un droit unique de sortie (DUS) plus élevé pour le cacao brut non certifié et un DUS moins élevé pour le
cacao certifié pourraient encourager le développement d'une production "sans déforestation". Une étude propose une
augmentation d'un point de pourcentage par an, avec un plafond de 20,6 % la sixième année, pour les produits non
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Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
certifiés, et une réduction de 2 à 3 points de pourcentage la première année pour les produits certifiés. La modélisation
montre que de telles incitations fiscales sont beaucoup plus rentables pour préserver les écosystèmes forestiers
naturels que des alternatives telles que les efforts de reboisement à grande échelle, qui sont coûteux (environ 1
500 USD/ha) et dont les taux de survie des arbres sont souvent faibles. En outre, en Côte d'Ivoire, les initiatives de
reboisement à grande échelle sont entravées par le manque de clarté des droits fonciers et le risque de conflit qui en
découle.
Compte tenu des contraintes budgétaires, il est indispensable de tirer parti de l'investissement privé. Mais cela
nécessitera le renforcement continu du cadre réglementaire.
Les investissements, qu'ils soient nationaux ou étrangers, seront importants pour répondre aux besoins de
financement de l'adaptation au changement climatique et de l'atténuation de ses effets. Compte tenu des
contraintes actuelles en matière d'espace budgétaire, d'accès aux marchés financiers et de volatilité croissante, les
ressources publiques ne suffiront certainement pas à elles seules à répondre aux besoins de financement de la lutte
contre le changement climatique. Les investissements nationaux, privés et étrangers (notamment IDE) doivent donc
être exploités non seulement pour leur contribution financière, mais aussi pour leur potentiel d'innovation, d'expertise
et d'efficacité aux efforts d'atténuation et d'adaptation au changement climatique. Bien que les investissements
privés nationaux et les investissements directs étrangers aient augmenté en Côte d'Ivoire ces dernières années,
leurs niveaux sont encore relativement faibles par rapport à ses pairs aspirationnels comme le Vietnam. Cependant,
les possibilités d'investissements verts et intelligents en matière de climat sont immenses. Il faudra pour cela se
concentrer sur les secteurs les plus pertinents pour la réalisation des engagements climatiques du pays. Conscient
de ce rôle incontournable, le gouvernement a identifié le secteur des énergies renouvelables, le seul sous-secteur des
CDN jusqu’ici à avoir des objectifs quantifiés, comme un catalyseur pour attirer des investissements privés à hauteur
de 7,8 à 8 milliards de dollars US afin d'atteindre l'objectif de 45 % d'énergies renouvelables fixé par le gouvernement
d'ici à 2030.37 Toutefois, pour atteindre cet objectif financier spécifique - mais aussi pour mobiliser des ressources
dans divers secteurs clés - il faut s'attaquer à d'importants obstacles structurels. Pour accroître les investissements
dans le domaine du changement climatique, trois aspects sont importants.
Premièrement, malgré l'augmentation des investissements directs étrangers (IDE), les efforts continus pour
améliorer le climat d'investissement et la concurrence sur les marchés clés doivent être complétés par des
mesures ciblées visant à stimuler les investissements verts ou climato-intelligents. La Côte d'Ivoire a déployé
des efforts considérables pour attirer les investissements, 38 se traduisant par une augmentation substantielle des
IDE, dont la valeur a atteint 1,38 milliard de dollars en 2021, contre 713 millions de dollars en 2000, en pleine crise
économique et sanitaire mondiale. Cependant, les contraintes liées à la concurrence et à l'entrée sur le marché
continuent de freiner le plein potentiel39 de l'investissement privé, tandis que les mesures n'ont pas réussi à canaliser
de manière significative les financements vers des projets verts, se concentrant plutôt sur les industries extractives
et la finance.
Deuxièmement, le développement de marchés de capitaux privés solides pourrait orienter efficacement les
capitaux vers des investissements dans des projets verts et respectueux du climat. L'état actuel du développement
du marché des capitaux en Côte d'Ivoire reste relativement peu développé, et les entreprises ont une expérience
limitée de la levée de capitaux par le biais d'offres publiques. La dernière évaluation-diagnostique du secteur financier
de l'UEMOA souligne le manque persistant de profondeur et de liquidité des marchés financiers régionaux. Seules 46
sociétés sont cotées, principalement concentrées en Côte d'Ivoire, et les titres d'État sont prédominants sur la bourse
régionale BRVM. Pour mobiliser des capitaux importants spécifiquement pour les projets verts et climatiques, il est
nécessaire d'élargir le pool d'investisseurs et d'encourager l'investissement privé.
Troisièmement, des réformes réglementaires et juridiques essentielles sont nécessaires pour accroître le
capital-investissement et le capital-risque (PE/VC) dans les technologies vertes. Un cadre global pourrait inclure
des lignes directrices claires sur les conditions d'octroi des licences, la supervision des gestionnaires de fonds et un
régime fiscal révisé conforme aux normes mondiales. Ces réglementations, associées à un environnement favorable
aux investisseurs et à des processus rationalisés, attireront les capitaux, stimuleront la croissance du secteur du
capital-investissement et du capital-risque et faciliteront les flux de financement vers les projets verts.
37 Engager le secteur privé dans la mise en œuvre des CDN - Évaluation du potentiel d'investissement du secteur privé dans le secteur de l'énergie.
PNUD, août 2020, https://www.ndcs.undp.org/content/dam/LECB/docs/pubs-reports/undp-ndcsp-deloitte-privatesector-cote-dIvoire.pdf
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Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
La dette climato-intelligente: Comment élargir les options de
financement des entreprises et des États tout en réduisant ou en
gérant les risques ?
Élargir les possibilités de financement pour les entreprises et les acteurs souverains.
La finance verte est devenue indispensable pour mobiliser des capitaux en faveur des investissements verts.
Elle couvre les instruments financiers, les produits et les services conçus pour soutenir les investissements durables,
tels que les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique et les infrastructures durables. En Afrique de l'Ouest, les
autorités régionales telles que l'Autorité des Marchés Financiers de l'Union Monétaire Ouest Africaine (AMF-UMOA)
et la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) mènent la promotion des initiatives de finance verte.
Par exemple, l'AMF-UMOA a publié un guide sur l'émission d'obligations vertes, sociales et durables. La BCEAO est
membre du Réseau pour l'écologisation du système financier (NGFS), tandis que plusieurs banques ont demandé à
adhérer au Fonds Vert pour le Climat (FVC).
L'adoption d'obligations vertes a été lente, la plupart des financements climatiques en Côte d'Ivoire provenant
d'instruments de dette et de dons. Peu de banques commerciales financent actuellement des projets climatiques,
dont la plupart dans les domaines des énergies renouvelables et efficaces, de l'agriculture écologique et des projets
de protection de l'environnement. Cette lenteur est le reflet de plusieurs obstacles institutionnels et corporatifs. Le
cadre pour les prêts verts est resté embryonnaire, car il reste à introduire des labels formels pour les produits de
prêts verts et les flux de financement des banques pour les projets liés au climat et à l'environnement. Les barrières
institutionnelles comprennent la réticence des banques à investir dans des projets d'énergie renouvelable, qu'elles
considèrent comme des initiatives à haut risque, aggravée par les limitations découlant d'un déséquilibre entre l'actif
et le passif dans les bilans des banques. Ils comprennent également le manque d'expertise en matière de financement
de projets pour soutenir et guider efficacement les investissements verts des banques commerciales locales, ainsi
que le manque persistant d'informations sur le rôle des facteurs verts dans les décisions d'investissement sur les
marchés privés des capitaux ou de la dette du pays. D'autres obstacles incluent l'absence d'une stratégie spécifique
de mobilisation des ressources pour l'adaptation au changement climatique, l'insuffisance des ressources financières
mobilisées pour l'atténuation, tant au niveau interne qu'externe, et les difficultés d'accès au financement climatique à
partir de mécanismes externes. Enfin, les perceptions erronées des institutions financières internationales concernant
les risques régionaux et la méconnaissance générale des marchés de la part des investisseurs se traduisent par un
manque de confiance et contribuent à ralentir le développement des obligations vertes.
Un financement accru du secteur public est donc nécessaire pour créer davantage d'opportunités d'investissements
verts pour les capitaux privés - un phénomène connu sous le nom de "crowding in". Ces ressources permettraient
de réduire les risques des projets, de fournir des crédits à des conditions préférentielles ou de se prémunir contre
certains chocs afin de permettre au financement privé d'affluer. Une série d'options pourraient être explorées non
seulement pour attirer de nouvelles sources de financement, mais aussi pour obtenir davantage de financements
concessionnels afin d'encourager l'investissement du secteur privé. Le gouvernement devrait s'efforcer de maximiser
les sources de financement concessionnelles et semi-concessionnelles, de déployer ces fonds pour réduire les
risques et mettre en place des structures mixtes qui attirent les fonds du secteur privé, et d'explorer les moyens de
lever des fonds publics supplémentaires par le biais d'instruments qui peuvent être financièrement efficaces, tels
que les obligations durables ou vertes, ou les obligations liées à la durabilité. D'autres outils et instruments financiers
innovants susceptibles de soutenir les actions climatiques de la Côte d'Ivoire ont été explorés (voir l'annexe 1 pour un
exemple des options de financement de la lutte contre le changement climatique).
La Côte d'Ivoire doit maximiser l'ensemble des financements concessionnels et semi-concessionnels disponibles,
y compris les nouvelles sources de fonds climatiques. Par exemple, la Côte d'Ivoire est un pays en développement
éligible au financement concessionnel de l'IDA et au financement basé sur le marché de la BIRD, tous deux avec des
coûts d'emprunt significativement inférieurs à ceux des marchés de capitaux. Les bailleurs de fonds ou les banques de
développement bilatérales ou multilatérales sont d'importantes sources potentielles de financement concessionnel.
Ces fonds peuvent être combinés à des sources de financement semi-concessionnelles ou non concessionnelles afin
de réduire les coûts totaux de projets spécifiques liés au climat. En outre, le pays peut utiliser stratégiquement les
fonds climatiques internationaux - bien que de taille relativement modeste - pour attirer les investissements privés
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Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
en permettant aux banques nationales et multilatérales de développement de mettre en place des instruments de
partage des risques, d'encourager l'apprentissage et de renforcer les capacités techniques pour les investissements
résilients au climat. Les fonds pertinents tels que le GCF, le Fonds d'investissement climatique (CIF), le Fonds de
partenariat pour le carbone forestier (FCPF) et le Fonds pour l'environnement mondial (FEM) peuvent catalyser des
projets climatiques perçus comme étant à haut risque, qui peuvent ensuite être utilisés pour mobiliser d'autres
financeurs. Des initiatives en Côte d'Ivoire ont été soutenues par ces fonds tels que le GCF, qui comprend la mise en
œuvre de modèles agroforestiers sans déforestation dans trois régions du sud de la Côte d'Ivoire afin de découpler
la production de cacao de la déforestation. Le pays pourrait tirer parti de la présence des banques régionales de
développement qui sont accréditées pour la mise en œuvre des activités soutenues par le FEM et le GCF, telles que
le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), la Banque ouest-africaine de développement ("BOAD")
de l'UEMOA et Attijariwafa Bank (AWB), pour optimiser les financements concessionnels et mixtes pour son secteur
bancaire afin d'élargir l'offre de produits verts.
La Côte d'Ivoire peut envisager de déployer des structures financières plus innovantes en utilisant ces ressources
concessionnelles et semi-concessionnelles. Ces sources de financement pourraient être utilisées pour soutenir la
liquidité des projets axés sur le climat, par exemple en créant un prix plancher dans le cadre d'un contrat d'achat
d'électricité pour les projets d'énergie renouvelable.
Tirer parti du cadre amélioré des obligations thématiques pour devenir un leader régional de la finance durable.
La Côte d'Ivoire a le potentiel pour devenir un leader régional de la finance durable, en utilisant des obligations
thématiques. En 2019, la Côte d'Ivoire est devenue l'un des premiers pays à rejoindre la Coalition des ministres
des finances pour l'action climatique et a mis en place une plateforme nationale pour la finance verte par décret
ministériel en 2020 afin de mobiliser des investissements climatiques et durables. En 2021, le gouvernement ivoirien
a élaboré un cadre de développement de ces obligations, qui prévoit des lignes directrices pour l'évaluation de l'impact
environnemental et social des projets et pour la gestion transparente et responsable du produit des instruments de
financement. La même année, un promoteur immobilier ivoirien est devenu le premier émetteur d'une obligation
verte de la région adossée à ce cadre.40 Au niveau régional, l'AMF-UMOA a déjà élaboré des lignes directrices pour
l'émission d'obligations vertes, socialement responsables et durables dans l'espace UEMOA. En septembre 2023, la
Côte d'Ivoire est devenue l'un des premiers pays de l'UEMOA à adopter son cadre de financement durable. Dans le
cadre de son émission d'euro-obligations en janvier 2024, la Côte d'Ivoire a rejoint la liste des émetteurs d'obligations
vertes dans la région, à côté du Bénin (souverain), de la BOAD et du groupe panafricain de banque de détail Ecobank
Transnational. En outre, la Bourse de Luxembourg et la BRVM (bourse régionale des valeurs mobilières) ont signé un
protocole d'accord en septembre 2022 pour étudier la création d'un marché obligataire dédié aux obligations vertes,
sociales, durables et liées à la durabilité.
En fonction des conditions du marché des capitaux, le gouvernement peut étudier la possibilité d'une émission
d'obligations thématiques ou d'obligations liées à la durabilité. Alors que le cadre politique pour d'autres
instruments financiers verts tels que les prêts verts reste peu développé, il peut y avoir un potentiel pour une forme
relativement nouvelle d'obligations durables connues sous le nom d'obligations liées à la durabilité. Ces obligations
lient la performance financière de l'obligation à la réalisation d'indicateurs de performance clés préétablis et
convenus. Cette approche peut être très intéressante pour la Côte d'Ivoire en tant que suivi potentiel d'une obligation
verte souveraine, car elle peut s'appuyer sur le cadre déjà en place. L'obligation pourrait être émise sur le marché
international ou national, en s'appuyant sur le cadre existant. Elle peut attirer de nouveaux investisseurs, signaler des
orientations politiques positives, générer des financements pour des portefeuilles spécifiques de projets éligibles, et
potentiellement offrir des conditions financières légèrement meilleures.
La Côte d'Ivoire est considérée comme un pays prometteur pour le développement d'initiatives sur le marché du
carbone qui pourraient canaliser le financement climatique. Pour atteindre les objectifs de sa CDN, la Côte d'Ivoire
a exprimé sa volonté de s'engager dans des collaborations basées ou non sur le marché et a acquis de l'expérience
grâce à plusieurs projets éligibles au Mécanisme de développement propre du Protocole de Kyoto ainsi qu'à des
40 En août 2021, l'opérateur de centres commerciaux Emergence Plaza, propriétaire du centre commercial Cosmos Yopougon, a vendu un placement
privé de 10 milliards de francs CFA (18,1 millions de dollars) à 7,5 % et à huit ans . Il s'agit de la première émission de ce type en Afrique de l'Ouest
francophone et de la quatrième obligation d'entreprise verte d'Afrique subsaharienne.
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Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
activités REDD+41 . Le pays a mis en place une Task Force en octobre 2022 et a organisé un atelier sur les dispositions
institutionnelles et la réglementation en juillet 2023 afin de rendre rapidement opérationnel l'article 6 de l'Accord
de Paris. Le cadre institutionnel proposé comprend (i) un organe de suivi de haut niveau sous l’autorité du Premier
ministre chargé de la coordination interministérielle, (ii) une entité signataire pour les approches coopératives chargée
de l'examen et de la signature des accords internationaux, y compris ceux liés à l'article 6.2152 et (iii) une autorité
nationale du marché du carbone chargée de la gestion quotidienne et de la mise en œuvre du marché du carbone sous
l'égide du ministère de l'Environnement et du Développement durable. Sur la base de la feuille de route adoptée, il
sera important de fournir une sécurité juridique aux investisseurs étrangers en clarifiant la question de la propriété et
de la transférabilité des titres de propriété des résultats d'atténuation transférés au niveau international (ITMO) ou
des réductions d'émissions à fournir pour les activités éligibles en Côte d'Ivoire. Le pays devra également établir des
systèmes MRV et des inventaires qui informent et conduisent les actions climatiques nationales et se conforment au
cadre de transparence renforcé de l'Accord de Paris.
Élaborer une "approche par paliers" et mettre en œuvre des instruments souverains de financement des risques
de catastrophes.
Une bonne combinaison d'instruments financiers souverains préétablis, y compris des instruments fondés sur le
marché, peut contribuer à accroître la résilience financière face aux catastrophes et à renforcer le secteur privé.
Une stratégie efficace à envisager est la "superposition des risques", où des événements d'ampleur différente sont
couverts par différents types d'instruments : des fonds de réserve en cas de catastrophe pour fournir des liquidités
rapides en cas d'événements de faible ampleur, aux crédits conditionnels ou aux subventions et aux crédits post-
catastrophe pour la reconstruction après des événements d'ampleur moyenne, en passant par les instruments
internationaux de transfert des risques pour les catastrophes les plus importantes. Par exemple, la Côte d'Ivoire a
acquis une assurance sécheresse auprès de l'African Risk Capacity (ARC), et il existe des possibilités d'utiliser d'autres
instruments tels que les CAT-DDO de la Banque mondiale. Ce type de financement préétabli peut garantir que l'argent
parvienne à ceux qui en ont le plus besoin au moment où ils en ont le plus besoin.
41 Activités REDD+ financées par des paiements basés sur les résultats du FCPF de la Banque mondiale, notamment dans le parc national de Taï.
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Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
Annexes
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Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
Annexe 1 : Exemple de menu d'options de financement de la lutte contre le
changement climatique
Organisations - Conditions
Collecter des
nationales, macroéconomiques
ressources
bilatérales,
sans attente de La plupart des - Aucun fardeau - Dépendance à
multilatérales et - Adéquation entre
Atténuation remboursement, pays, mais surtout budgétaire pour le l’égard du soutien
internationales, les priorités du
Subventions et/ou généralement ceux qui sont Gouvernement des donateurs et
fonds pour le pays et les types
adaptation pour des en situation de de la disponibilité
climat, fondations de subventions
activités non surendettement. des fonds
privées et disponibles
génératrices de
organisations non
revenus.
gouvernementales
- Instrument bien
Mobiliser des Organisations - Conditions connu - Fardeau
ressources qui nationales, macroéconomiques budgétaire du
doivent être bilatérales, - Flexibilité dans remboursement
Prêts conces- Atténuation Pays ayant
remboursées multilatérales et - Réserve de l’utilisation des
sionnels et non et/ou une capacité - Dépendance
avec intérêt internationales, projets et de ressources
concessionnels adaptation d’emprunt à l’égard des
pour financer fonds pour le politiques
des projets et climat, institutions - Principale source lignes de crédit
des politiques financières privées de financement disponibles
international
- En fonction
des conditions
et appétit du
marché
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Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
- Dépend de la
disponibilité de la
dette extérieure
Obtenir des éligible
ressources - Conditions
- Dépend de
provenant de macroéconomiques
Organisations la volonté des
l’allègement du Pays ayant une
Échange de bilatérales, - Profil de la dette créanciers ou
service de la dette extérieure
dette pour Atténuation multilatérales et extérieure - Aucun fardeau des échanges de
dette extérieure éligible,
des actions et/ou internationales, budgétaire pour le dette pour des
en échange généralement - Force
en faveur du adaptation organisations non Gouvernement actions en faveur
d’engagements en situation de institutionnelle du
climat gouvernementales, du climat
de dépenses surendettement Gouvernement
investisseurs privés
locales - Flexibilité
consacrées au réduite dans
climat l’utilisation des
ressources avec
des dépenses
affectées
- L’approbation
d’une telle
mesure pose
des problèmes
Collecter des d’économie
- Profil d’émissions
ressources et - Les recettes politique
du pays
mobiliser les supplémentaires
investissements - Difficultés
- Caractéristiques permettent de
du secteur liées à la
économiques financer d’autres
privé dans des détermination du
des secteurs clés projets liés au
solutions de taux d’imposition
Pays dans émetteurs climat
remplacement approprié et à
lesquels la - Disponibilité l’analyse des
à moindre - Modifier les
Taxes carbone Atténuation Entreprises réduction des d’options coûts et des
intensité incitations en
émissions est une techniques avantages
d’émissions en faveur d’un
priorité majeure d’atténuation
prélevant une processus de - Découragement
taxe sur les production plus potentiel de
Interactions avec
émissions ou durable l’investissement
les politiques
sur la teneur en raison d’une
climatiques, - Cibler les plus
en carbone des fiscalité plus
énergétiques et gros émetteurs
combustibles élevée
fiscales
fossiles.
- Aucune garantie
sur le montant de
la réduction des
émissions
- Les recettes
supplémentaires
- Profil d’émissions permettent de
du pays financer d’autres
Obtenir des - Caractéristiques projets liés au
ressources et économiques des climat
mobiliser les principaux secteurs - Modifier les
investissements émetteurs - La complexité
du secteur incitations en
faveur d’un de l’instrument
privé dans des - Disponibilité exige une
Système Pays dans processus de
solutions de d’options capacité
d’échange lesquels la production plus
remplacement techniques gouvernementale
de quotas Atténuation Entreprises réduction des durable
des émissions d’atténuation élevée
d’émissions émissions est une
à moindre - Prévision du
(SEQE) priorité majeure Interactions avec
intensité en résultat de la
fixant un plafond les politiques
climatiques, réduction des
d’émissions et émissions
en émettant énergétiques et
des quotas fiscales - Liberté pour
négociables. les agents de
- Force
institutionnelle du choisir le moyen
Gouvernement le plus rentable
de réduire les
émissions
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Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
- La complexité
de l’instrument
exige une
capacité
Collecter des gouvernementale
ressources et élevée
mobiliser les
- Profil d’émissions - Les recettes
investissements - Difficultés liées
du pays supplémentaires
du secteur à l’établissement
privé dans des permettent de du protocole
Interactions avec
solutions de financer d’autres comptable
Pays dans les politiques
remplacement projets liés au en raison de
Compensation lesquels la climatiques,
à moindre climat l’absence
des émissions Atténuation Entreprises réduction des énergétiques et
intensité fiscales - Liberté pour de normes
de carbone émissions est une
d’émissions en les agents de internationales
priorité majeure - Force
émettant des choisir le moyen en matière de
crédits pour institutionnelle du compensation
le plus rentable
les réductions Gouvernement des émissions de
de réduire les
d’émissions émissions carbone
résultant de
certains projets - Difficultés
ou activités. à mesurer la
réduction des
émissions et
la qualité des
compensations
- Une économie
Mobiliser les politique
ressources et les - Les recettes difficile pour
Réformes des investissements - Matrice supplémentaires l’approbation des
Pays dépendant
taxes et des du secteur énergétique permettent de réformes
Atténuation des subventions
subventions privé dans des Ensemble de la du pays et financer d’autres
et/ou sur les
sur les solutions de société caractéristiques projets liés au - Effets néfastes
adaptation combustibles
combustibles remplacement économiques du climat potentiels sur
fossiles
fossiles à moindre secteur de l’énergie le revenu des
intensité ménages
d’émissions
- La complexité
- Source de
Mobiliser les de l’instrument
- Conditions financement
investissements Pays ayant requiert la
macroéconomiques supplémentaire et capacité du
du secteur des projets financement
Atténuation privé dans des générateurs de - Réserve de Gouvernement
Partenariats - Transfert de
et/ou solutions de Investisseurs privés revenus à même projets - Les risques
public-privé l’innovation, des
adaptation remplacement d’attirer des budgétaires
à moindre investisseurs - Force incitations et de
institutionnelle du non apparents
intensité privés l’expérience du
Gouvernement pourraient
d’émissions secteur privé vers
imposer une
les projets publics
charge à l’avenir
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Situation économioque de la Côte d’Ivoire - 14ème édition - Juin 2024
Annexe 2 : Quelques données macroéconomiques clés
2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 2026
Croissance du
6.7 7.2 7.4 4.8 6.7 0.7 7.1 6.2 6 6.4 6.4 6.4
PIB réel
Déflateur -3.7 -1.2 -1.0 1.7 2.0 1.8 3.9 2.1 2.8 3.1 2.0 2.0
IPC (moyenne
1.2 0.7 0.7 0.6 0.8 2.4 4.2 5.2 4.4 3.6 3.0 2.0
annuelle)
Dépenses 16.5 17.5 18.1 17.6 16.8 20.4 20.5 22.1 21.5 20.7 20.2 20.8
Recettes 14.5 14.6 14.8 14.7 14.6 15.0 15.6 15.3 16.3 16.7 17.3 17.8
Solde des
administrations -2 -2.9 -3.3 -2.9 -2.2 -5.4 -4.9 -6.8 -5.2 -4.0 -3.0 -3.0
publiques
Dette des
administrations 29.2 31.2 32.7 36.8 39.8 48.1 51.8 57.9 59.1 58.8 57.6 56.3
publiques
Monnaie de base 19.1 10.1 8.8 14.3 5.5 3.1 12.4 5.3 -17.6 -4.1 17.4 0
Balance des
-1 -0.8 -1.6 -4.4 -3.1 -4 -3.9 -7.7 -7.9 -5.8 -4.7 -3
comptes courants
Importations,
25.4 22.6 23.2 23.3 22 20.1 22.2 28.4 26.2 22.9 23.7 24.8
biens et services
Exportations,
27.4 24.9 25.5 22.7 22.7 21.0 22.3 24.5 22.9 24.1 26.6 25.8
biens et services
Investissement
direct étranger 1 1.1 0.6 0.8 1.2 1.2 1.1 1.5 2 1.7 3.8 3.3
net
Dette publique
16.3 17.1 18.7 24.5 27.3 31.4 32.1 35.8 36.9 37.9 38.3 37.7
extérieure
Taux de change
(par USD, 591.2 592.6 580.7 555.4 585.9 575.6 554.5 623.8 606.6 603.5 601.5 600.5
moyenne)
PIB nominal en
27086.4 28686.7 30491.6 32506.1 35379.0 36278.0 40366.9 43771.2 47696.6 52495.0 56972.0 61772.0
US$ (millions)
Total des
émissions de GES 0.2 0.2 0.2 0.2 0.1 0.1 0.1 0.1 0.1 0.1 0.1 0.1
divisé par le PIB
Émissions totales
0.2 0.2 0.2 0.2 0.1 0.1 0.1 0.1 0.1 0.1 0.1 0.1
de GES (ktCO2e)
Source : Banque mondiale, Mfmod, BCEAO, FMI, autorités ivoiriennes : Banque mondiale, Mfmod, BCEAO, FMI, autorités ivoiriennes
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