Tectonique Analytique
Tectonique Analytique
Tectonique Analytique
Géologie structurale
1ère partie
Tectonique analytique
Pr. Mohamed SAADI
Année universitaire : 2019/2020
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1- Structure : Les roches déformées sont organisées en « structures » (les plis, les failles, sont
des structures tectoniques).
2- Déformation : les couches perdent leur structure originelle, généralement, horizontales.
3- Mouvements tectoniques : ensemble des déformations que subit l'écorce terrestre sous
l'effet des forces géologiques, ou contraintes.
4- Mécanismes : phénomènes qui sont à l’origine de ces déformations et qui trouvent leur
explication dans le mouvement des plaques lithosphériques (tectonique des plaques).
En résumé, les matériaux de l'écorce terrestre se déforment, parfois sous nos yeux. Par
exemple, à l'occasion de grands tremblements de terre, on observe couramment l'apparition de
fractures qui tranchent les terrains. Le plus souvent, les déformations ne sont visibles ni à l’oeil
nu, ni à l’échelle humaine. Elles se déroulent sur des millions d’années, à une échelle
géologique.
Echelles d'étude
• spatiales : - tectonique analytique, au niveau microstructural
(microscopique, métrique à décamétrique)
- mégatectonique, au niveau d'un massif (hm à km)
- tectonique globale, au niveau des plaques
• temporelles : déformations à l'échelle de (s):
- temps géologiques : plissements, failles...
- la durée de vie d'un ouvrage: glissements, affaissement, séisme...
(heur, journée)
I. Déformation
En géologie, “déformation” est un terme générique qui décrit les changements de forme, de
position ou d’orientation d’un corps soumis à des contraintes.
1. Les composants de la déformation
La déformation peut se décrire comme une combinaison de 4
composants :
Translation
Rotation
Distorsion (ou « déformation (interne) »,
Dilatation (Changements de volume).
a. Translation = changement de position
Figure 3. Exemples de rotation, à différentes échelles ; surtout en association avec des failles
courbes (failles listriques).
c. Déformation interne (distorsion) (= strain) = changement de forme
- Déformation linéaire
Allongement dans un sens, raccourcissement dans l’autre, comme un élastique qu’on étend
ou une boule de pâte à modeler qu’on écrase.
- Déformation cisaillante (ou angulaire)
De la même façon, une déformation angulaire peut se mesurer par l’angle que font deux
droites initialement orthogonales : le cisaillement angulaire (angular strain) Φ. On utilise
aussi la déformation cisaillante (shear strain).
Figure 5. Changement de volume. En haut, dessin de principe. En bas, exemples plus réalistes avec dilatation (à
droite, formation de fissures remplies) ou contraction (en bas, fracturation).
2- Types de déformation
a. Homogène ou hétérogène
La déformation est dite homogène (b) si des lignes initialement parallèles le restent après
la déformation.
On parle sinon de déformation hétérogène (c) dans le cas contraire, ce qui est d’ailleurs le cas
général dans la nature.
b. Continue ou discontinue
La déformation est continue si ses propriétés varient progressivement dans l’objet déformé
(pli, par exemple) ; elle est discontinue sinon (faille).
- Elles se cassent. On parle alors de tectonique cassante qui donne naissance à des
fractures ou failles.
- Elles se plissent, forment des plis. On parle de tectonique souple.
a- La tectonique cassante
Ce type de tectonique donne naissance à des fractures de plusieurs catégories. On distingue les
diaclases et les failles.
Les diaclases
On parle de diaclase lorsque les terrains se cassent en deux ou en plusieurs blocs sans que ces
derniers s’éloignent les uns des autres. On dit qu’il n’y a pas de déplacement relatif.
Photo 1 : diaclases
Les failles :
Une faille est une cassure des couches avec un déplacement entre les deux parties. Les terrains
se trouvent morcelés et déplacés les uns par rapport aux autres.
Figure 8 : Eléments des failles :a- rejet de la faille b- miroir de la faille c et d couche décalée
par la faille e- jeu de la faille α- pendage de la faille ou pendage.
La déformation cassante se traduit par des plans de cassures avec déplacement relatif d’un
compartiment par rapport à l’autre: les failles.
•El Asnam (1980), rejet de 2m
•Stries nées du frottement entre les deux compartiments
Remarque
- Les failles normales accommodent la divergence et la distension
- Par contre les failles inverses accommodent la convergence et le raccourcissement
Les horsts :
Un horst est une structure tectonique constituée par des failles normales de même
direction, limitant des compartiments de plus en plus abaissés en s’éloignent du milieu de la
structure. Comme pour le graben, la formation du horst exige une extension.
b- La tectonique souple
Ce second type de tectonique donne naissance à des plissements ou plis.
Ces derniers correspondent à des ondulations de strates formées d'une suite d’anticlinaux et de
synclinaux.
Les plis
Un pli est une déformation des couches géologiques. Il peut être convexe : Il s'agit d'un
anticlinal ou concave : c'est un synclinal.
Anticlinal : Un anticlinal est un pli convexe dont le centre est occupé par les couches
géologiques les plus anciennes.
Figure 14 : Structure anticlinale. Le terme « anticlinal » prend en considération une notion
stratigraphique. La couche la plus basse, qui occupe le coeur de l’anticlinal, est la plus ancienne.
Synclinal: Un synclinal est un pli concave dont le centre est occupé par les couches
géologiques les plus récentes. . La couche la plus ancienne se trouve à l'extérieur du pli.
Classification
On peut classer les plis selon deux points de vue principaux :
- l'un géométrique,
- l'autre génétique.
On définit les plis, du point de vue géométrique, selon la position de leur plan axial ou
selon l'étirement des couches accompagnant leur plissement.
Photo 3 : Slumps
o pli parasite
Ce terme désigne les plis, de petite taille, attribués à la même déformation qu'un grand pli mais
dont les pendages et le style tranchent complètement avec le grand pli.
o pli en fourreau
Un pli en fourreau est un pli dont le plan axial est devenu courbe sous l'effet d'un cisaillement
important. Le pli a alors la forme d'un doigt de gant.
o pli de décollement
Pli associé à une zone de chevauchement .
o plis superposés
Des phases de déformation peuvent se succéder dans le temps et former des plis «superposés»
NB – Si la déformation n’est pas homogène (ce qui est le cas dans la nature !), on ne sait pas
décrire la déformation de façon simple.
La solution est alors de découper l’objet déformé en fragments assez petits pour que la
déformation dans chaque fragment soit à peu près homogène.
Figure 22. Un objet déformé de façon hétérogène peut se décrire en le subdivisant en domaines
plus petits où la déformation est à peu près homogène.
De la même façon, en 3 dimensions une sphère se déforme en un ellipsoïde dont les 3 axes
sont X > Y > Z
- Dans une déformation coaxiale, les axes principaux de l’ellipse de déformation ne tournent
pas. Un cas particulier de déformation coaxiale est le cisaillement pur, si le volume ne change
pas.
- A l’inverse dans la déformation non-coaxiale (cas particulier : cisaillement simple), les axes
peuvent tourner.
déformation non-coaxiale
déformation coaxiale
1
2
Une façon simple de représenter les différents cas est de construire un diagramme
(diagramme de Flinn), ou on porte X/Y en fonction de Y/Z. Le paramètre de Flinn,
k = x/Y - 1 Y/Z - 1 ,
permet de décrire la forme de l’ellipsoïde. k peut varier de:
0 (X = Y, aplatissement) à +∞ (Y=Z, constriction),
en passant par toutes les valeurs intermédiaires.
Si: k>1, c’est la constriction qui domine ; Si k<1, c’est l’aplatissement qui domine.
Figure 25: diagramme de Flinn
Photo4
Photo5
Linéation (minéralogique , fossile, galet) sera parallèle à l’axe X
La schistosité (cleavage) est une structure planaire d’origine tectonique. Elle exprime
l’aplatissement de la roche qui se débite en feuillets parallèles dont l’orientation est
généralement différente du litage initial telleque la stratification.
Selon l’intensité de la déformation on distingue plusieurs types de schistosités reconnaissables
à l’oeil nu sur l’affleurement et l’échantillon mais surtout au microscope .
Ces deux termes désignent la même chose, soit le débit planaire d’une roche. Cependant, on les
utilise pour des roches différentes.
Les roches faiblement métamorphisées ont une schistosité, c’est-à-dire un débit planaire de
type ardoisier. Ce débit correspond à des plans de dissolution des minéraux de la roche
soumise à un raccourcissement (Sghistosité de flux).
Les roches plus métamorphisées présentent une foliation (Schistosité de foliation), c’est-à-dire
un débit planaire formé par des minéraux métamorphiques qui ont cristallisés selon cette
direction.
D’une manière générale, la schistosité se développe dans des séries fortement plissées et
parallèlement aux plans axiaux de ces plis, ou en éventail légèrement divergent vers l’extérieur
de la courbure. On parle de schistosité de plan axial et le pli est dit synschisteux.
N.B. : La schistosité permet de connaître la position du plan d’aplatissement : défini par les
axes X et Y de l’ellipsoïde. C’est donc un marqueur important dans l’analyse de la déformation
ductile
Les linéations sont des structures linéaires imprimées dans la roche, surtout visibles à l’échelle de
l’affleurement et de l’échantillon.
V. Les contraintes
Une contrainte : force exercée sur une surface , la contrainte (stress) est un vecteur σ = F/s la
contrainte s’exprime en Pa ou en bar (leurs multiples en géologie sont le Kbar et le 1Gpa ( 1
Gpa = 10 kbar). Une contrainte contrairement à une pression est un vecteur. σ = F/s
NB –
Une contrainte forte sur une petite surface va engendrer des déformations importantes sur les
roches.
De la même façon, en trois dimensions, une contrainte tri-axiale a trois axes principaux, et peut
se représenter par un ellipsoïde dont les axes sont σ1, σ2 et σ3.
Une sphère (les trois contraintes principales sont égales, et égales à la contrainte moyenne),
qui représente l’ellipsoïde de la contrainte moyenne (lithostatique).
a- Contraintes et déformation
σ1 σ1
σ1
σ1
Les diaclases
Les diaclases sont des discontinuités sans déplacement relatif, d'extension métrique à
décamétrique, d'espacement métrique et d'ouverture variable. Le réseau de diaclases est
souvent à peu près perpendiculaire aux strates des roches sédimentaires.
Leur origine est souvent tectonique et la conséquence des pressions subies par la roche
(lithostatique, contraintes locales).
Stylolithes
Ce sont des surfaces portant des pics et des creux, formées par la dissolution sous pression de
la roche. Ils sont perpendiculaires à σ .
1
Des plans stylolithiques se forment perpendiculairement à la contrainte principale σ1 et à la
direction Z de l'ellipsoïde de la déformation : ils marquent donc le plan d'aplatissement X-Y.
Ces plans sont irréguliers et constitués de pics stylolithiques qui indiquent la direction de Z. Ils
se forment par dissolution de la roche : une façon bien pratique d'accommoder le
raccourcissement !
σ1
σ1
Photo 9 : stylolithes
Fentes de tension
ouvertures remplies de silice ou calcite, disposées en échelon, parallèles à la contrainte
principale et matérialisant un décrochement.
Parallèlement à la contrainte principale σ1, des fractures vont s'ouvrir et leurs levres vont
s'écarter et se remplir de calcite : ce sont les fentes de tension. La calcite cristallisent parfois en
fibres qui s'orientent selon la direction d'allongement X.
Les ouvertures se font par traction sous contrainte parallèle à leur direction (σ3).
Elles sont comblées par des cristallisations, souvent de calcite ou quartz, croissant
perpendiculairement à leurs lèvres.
Figure 31: Fentes de tension remplis par des cristallisations de calcite croissant perpendiculairement à leurs
lèvres.(c’est la direction de sigma 3)
Les grabens
Graben ou rift délimité par un système de failles normales conjugués (F). Des microstructures sont
associées ; il s'agit de stylolithes (sty), de fentes de tension (ft), crochons de faille (cf), faille potentielle (fp).
•Il faut déterminer le sens de déplacement car il existe des stries de même géométrie avec des
déplacements de sens opposés; les tectoglyphes permettent de connaître le sens de mouvement.
Figure 32 : Tectoglyphes : marques visibles sur un plan de glissement
Définition des fabriques mécaniques
Stries : résultent de l’entraînement dans le plan de la faille des fragments des roches les plus
résistantes.
Rayure : une strie fine et courte ;
Cannelure : sont des creux plus profonds et plus longs que les rayures.
Figure 33
(a) : correspond à un marqueur mécanique : ‘s’ dans (a) correspond à une strie, et le ‘r’
correspond à rayure. ‘bl’ correspond à trace de blocage, et la lettre ‘t’ correspond à trainée.
(b) : correspond à un marqueur mécanique : On a ‘ca’ qui est une cannelure et ‘ra’ qui est une
rainure ;
(c) : correspond à un marqueur chimique : le ‘c’ dans (c) correspond à cristallisation sous-abris
(recristallisation abritée) ; le ‘aut’ correspond à la cristallisation automorphe ; et le ‘fib’
correspond à la cristallisation fibreuse.
(d) : correspond à un marqueur chimique : contrairement à la (c) de cristallisation, la figure (d)
montre des marqueurs de dissolution, avec le ‘st’ correspondant à stylolite.
(e) & (f) : fentes de tension avec (e) y a ‘fp’ fentes planes et (f) y a ‘fc’ fentes courbes ;
(g) : réseau de fractures de type Riedel ;
(h) : organisation de plans de faille en segments.
Définition
Réseau de fractures conjuguées en échelons se développant dans une zone affectée d’un
mouvement décrochant ductile.
On note R ou R1, les fractures synthétiques du décrochement (mouvement de même sens) :
elles font avec lui un angle de 15° environ.
Dans les cas simples, la reconnaissance sur le terrain des fractures R et R’, et éventuellement
de fentes de tension, permet de reconnaître ce type de mouvement décrochant et d’en préciser
le jeu.
Contrainte et déformation sont reliés par des lois physiques : les lois rhéologique ; la rhéologie
est l’étude des relations entre ces deux grandeurs.
- Dans les deux cas, au-delà d’une certaine quantité de déformation, le corps se casse
(rupture).
Figure 36. Déformation progressive d’un corps. Pour des déformations faibles, il se déforme de façon élastique
; au- delà d’un certain seuil, la déformation devient permanente (et plastique). On atteint enfin la rupture.
NB:
- Une roche a un comportement cassant si elle ne subit que pas, ou peu de déformation
plastique avant la rupture. Elle a un comportement ductile si elle subit de grandes
déformations plastiques.
- Les roches passent toutes par les deux modes de déformation (élastique et plastique)
mais avec des importances relatives différentes
Figure 37. En haut, courbes contrainte— déformation ; en bas, schémas montrant la déformation qui a lieu
dans trois scénarios : (a), déformation élastique n’atteignant pas la rupture ; (b), rupture d’une roche purement
élastique ; (c), déformation plastique se terminant par une rupture.
- Corps plastique : la déformation devient permanente au-delà d'un certain seuil de contrainte
(se produit instantanément). Si on supprime la contrainte, la déformation conserve la valeur
atteinte.
a. Nature de la roche
On comprend aisément que des roches différentes vont avoir des réponses rhéologiques
différentes, selon qu’elles sont plus ou moins « molles » (on parle de compétence). Une roche
est plus compétente si elle a un seuil plastique élevé (autrement dit, il est difficile de la
déformer de façon plastique) ; par extension, si elle se déforme de préférence de façon
cassante.
Sédiments : Sel (rock salt) – argile (shale) – calcaire (limestone) – grès impur (grauwacke,
greywacke) – grès (sandstone) – dolomie (dolomite)
Roches magmatiques / métamorphiques : Schiste (schist) – marbre) – quartzite
(quartzite) – gneiss (gneiss) – granite (granite) – basalte (basalt) – gabbro (gabbro).
b. Pression lithostatique
c. Température
De façon assez intuitive, l’augmentation de température diminue la résistance des roches, et les
rend plus ductiles.
La combinaison des deux effets précédents rend bien compte d’une observation classique, que
la croûte supérieure est cassante et la croûte inférieure ductile.
d. Vitesse de déformation
Une vitesse de déformation plus rapide rend les roches plus cassantes.
On peut donc avoir une déformation (localement) cassante même dans la croûte
inférieure, si la déformation est assez rapide (fracturation hydraulique par exemple).
Figure 44 : En haut les niveaux de déformation correspondant à différents comportements des roches. En bas
une coupe géologique simplifiée