FR - Françoise D'eaubonne - Verlaine Et Rimbaud Ou La Fausse Évasion-Albin Michel (1960)
FR - Françoise D'eaubonne - Verlaine Et Rimbaud Ou La Fausse Évasion-Albin Michel (1960)
FR - Françoise D'eaubonne - Verlaine Et Rimbaud Ou La Fausse Évasion-Albin Michel (1960)
TRENT UNIVERSITY
LIBRARY
Digitized by the Internet Archive
in 2019 with funding from
Kahle/Austin Foundation
https://archive.org/details/verlaineetrimbauOOOOeaub
Rimbaud
on la fansse evasion
VERLAINE
ET RIMBAUD
ou la fausse evasion
DU MEME AUTEUR
POESIE :
VERLAINE
ET RIMBAUD
ou la fausse evasion
ONULP
A Malek Haddad,
le Verlaine algerien.
004647
AVERTISSEMENT
2
18 VERLAINE ET RIMBAUD
au prestige supreme
Du cirage a moustache et de l’empois des faux-cols droits.
Monsieur,
Je suis tres inquiete et je ne comprends pas cette absence
prolongee d’Arthur. II a cependant du comprendre par ma
lettre du 17 qu’il ne devait pas rester un jour de plus a Douai.
D’un autre cote, la police fait des demarches pour savoir oil
il est passe, et je crains bien qu’avant le regu de cette presente
le petit drole ne se fasse arreter une seconde fois; mais il
n’aurait pas besoin de revenir; car, je le jure bien, de ma vie
je ne le recevrais plus.
1. Rimbaud, p. 27.
44 VERLAINE ET RIMBAUD
Est-il possible de comprendre la sottise de cet enfant, lui
si sage et si tranquille ordinairement ? Comment une telle
folie a-t-elle pu venir a son esprit ? Quelqu’un l’y aurait-il
soufflee ? Mais non, je ne dois pas le croire. On est injuste,
aussi, quand on est malheureux. Soyez done assez bon pour
avancer dix francs a ce malheureux. Et chassez-le, qu’il
revienne vite !
... Que Dieu ne punisse pas la folie de ce malheureux enfant
comme il le merite.
J’ai l’honneur, Monsieur, de vous presenter mes respects.
V. Rimbaud.
1. Paris se repeuple.
2. L aventure Nouveau, l’entolage par le cocher viennois, les
bordees tirees a « Coulomnes » et qu’ont rapportees les paysans
de l’endroit, etc.
OU LA FAUSSE EVASION 77
QUATRAIN ET VERLAINE.
Colombina
Que Von pina
— Do, mi! — tapote
L’ceil du lapin
Qui tot, tapin,
Est en ribotte...
OU LA FAUSSE EVASION 83
1. Voir Appendice.
OU LA FAUSSE EVASION 85
Et encore :
Legendes ni figures
Ne me desalterent...
Et encore :
Bon ami,
C’est charmant, YAriette oubliee, paroles et musique ! Je
me la suis fait dechiffrer et chanter ! Merci pour ce delicat
envoi !
Quant aux envois dont tu me paries, fais-les par la poste,
toujours a Batignolles, rue Lecluse. Auparavant, informe-toi
du prix du port, et si les sommes te manquent, previens-moi
et je te les enverrai par timbres ou mandats (a Bretagne). Je
m’occuperai tres activement du bazardage et ferai de l’argent...
(Sans doute est-il question de livres a revendre. Arthur
employait souvent ce moyen pour se faire quelques revenus,
comme le montre sa correspondance avec Izambard.)
... Et merci pour ta bonne lettre ! Le petit gargon accepte
la juste fessee, l’ami des crapauds retire tout — et n’ayant
jamais abandonne ton martyre y pense, si possible, avec plus
de ferveur encore et de joie, sais-tu bien, Rimbe.
C’est qa : aime-moi, protege et donne confiance. Etant tres
faible, j’ai tres besoin (sic) de bonte. Et de meme que je ne
t’emmiellerai plus avec mes petit-garqonnades aussi n’emmer-
OU LA FAUSSE EVASION 103
Epilogue III:
1. J’avais deja ecrit ces lignes quand j’ai decouvert cette re¬
flexion dans une etude de M. Graaf sur Rimbaud et Verlaine,
debiteurs de Cyrano de Bergerac : « Il est curieux de constater
une fois de plus que ce courant souterrain a ete stimule par des
esprits libertins et athees tels le Hollandais Balthasar Becker et,
avant lui, le Frangais Cyrano de Bergerac. » (Alercure de France,
ler octobre 1954.)
2. Bretagne etait, dans ses recherches occultes, un curieux du
culte d’Heliogobale. Verlaine a fait allusion a ce dernier dans les
Poemes Saturniens. Peut-etre la lettre de recommandation de
Bretagne, en 1871, comportait-elle quelques allusions insidieuses
a cet empereur de 1’age de Rimbaud ?
3. Cf. le Crapouillot, sept. 1956.
OU LA FAUSSE EVASION 123
Gares prochaines
Gais chemins grands,
Quelles aubaines,
Bons Juifs errants !
Par Saint-Gille
Viens-nous-en,
Mon agile
Alezan.
1. Voir appendice.
2. Le sonnet Poison Perdu fut attribue a Rimbaud avant que
l’on rendit a Cesar ce qui etait a Cesar et a Germain Nouveau
ce qui lui appartenait. 11 semble que le sens de ce sonnet soit
equivoque,_ et qu’au lieu d’y trouver une nostalgie du suicide, il
faille y voir une evocation des orgies opiacees ou Nouveau succeda
a Verlaine en 1874.
OU LA FAUSSE EVASION 133
Puis :
1. Verlaine ecrit :
DE JEHONVILLE-CORBION. - RETOUR A
VERLAINE ET l’aUTO-PUNITION.
L’ortie et l’herbette
Au bas du rempart
D’ou l’appel frais part
D’une aigre trompette...1
1. Du fond du grabat.
OU LA FAUSSE EVASION 157
Vite, reponds; je ne puis rester ici plus tard que lundi soir.
Je n’ai pas encore un penny; je ne puis mettre ga a la poste.
J’ai confie a Vermersch tes livres et tes manuscrits.
Si je ne dois plus te revoir, je m’engagerai dans la marine
ou dans l’armee.
O reviens, a toutes les heures je repleure. Dis-moi de te
trouver, j’irai. Dis-le moi, telegraphie-moi. Oil vas-tu ? Que
veux-tu faire ?
160 VERLAINE ET RIMBAUD
En mer.
Mon ami,
Je ne sais si tu seras encore a Londres quand ceci t’arrivera.
Je tiens pourtant a te dire que tu dois au fond comprendre
enfin qu’il me fallait absolument partir, que cette vie violente
et toute de scenes sans motif que ta fantaisie ne pouvait m’aller
foutre plus !
Simplement comme je t’aimais immensement (Honni soit
qui mal y pense !) je tiens aussi a te confirmer que, si d’ici a
trois jours je ne suis pas r’avec ma femme dans des conditions
parfaites, je me brule la gueule. Trois jours d’hotel, un rivoU
vita, ga coute; de la ma pingrerie de tantot. Tu devrais me
pardonner.
Si, comme c’est trop probate je dois faire cette derniere
connerie, du moins je la ferai en brave con. — Ma derniere
pensee, mon ami, sera pour toi, pour toi qui m’appelais du
pier tantot et que je n’ai pas voulu rejoindre, parce qu’il fallait
que je claquasse — ENFIN !
Veux-tu que je t’embrasse en crevant ?
Cher ami,
J’ai ta lettre datee en mer. Tu as tort, cette fois, et tres
tort (sic). D’abord, rien de positif dans ta lettre. Ta femme
164 VERLAINE ET RIMBAUD
Rimbaud.
1. Laeti et errabundi.
168 VERLAINE ET RIMBAUD
Roche, 6 juillet.
Monsieur,
Au moment ou je vous ecris, j’espere que le calme et la
reflexion sont revenus dans votre esprit. Vous tuer, malheu-
reux ! Se tuer quand on est accable par le malheur est une
lachete; se tuer quand on a une sainte et tendre mere qui
donnerait toute sa vie pour vous, qui mourrait de votre mort
et quand on est pere d’un petit etre qui vous tend les bras
aujourd’hui, qui vous sourira demain, et qui un jour aura besoin
de votre appui, de vos conseils, — se tuer dans ces conditions
est une infamie : le monde meprise celui qui meurt ainsi, et
Dieu lui-meme ne peut lui pardonner un si grand crime et
le rejette de son sein.
Monsieur, j’ignore quelles sont vos disgraces avec Arthur;
mais j’avais toujours prevu que le denouement de votre liaison
ne serait pas heureux. Pourquoi ? me demanderez-vous. Parce
que ce qui n’est pas autorise par de bons et honnetes parents
ne doit pas etre heureux pour les enfants. Vous, jeunes gens,
vous riez et vous moquez de tout; mais il n’en est pas moins
vrai que nous avons l’experience pour nous; et chaque fois que
vous ne suivrez pas nos conseils, vous serez malheureux. Vous
voyez que je ne vous flatte pas; je ne flatte jamais ceux que
j’aime.
Vous vous plaignez de votre vie, pauvre enfant ! Esperez
done ! Savez-vous ce que sera demain ? Comment comprenez-
vous le bonheur ici-bas ? Vous etes trop raisonnable pour faire
consister le bonheur dans la reussite d’un projet, ou dans la
satisfaction d’un caprice, d’une fantaisie; non, une personne
qui verrait ainsi tous ses souhaits exauces, tous ses desirs satis-
faits, ne serait certainement pas heureuse; car, du moment
OU LA FAUSSE EVASION 169
est un demarquage de :
ne nous etions vus, mats Rimbaud, son art et son visage rayon-
naient toujours au fond de mon esprit. Pour moi, il est une
realite toujours vivante, un soleil qui flamboie et qui ne veut
pas s’eteindre.
dit Charles Cros qui, lui aussi, paya cher son desir
d’etre « moderne » et, splendidement doue, passa
pour un physicien amateur de poesie aupres des
poetes et un poete amateur de physique a l’Aca-
demie des Sciences.
Pourquoi le « forfait » Rimbaud-Verlaine ?
Pourquoi ces deux etres jeterent-ils un tel deft a
leur epoque et choisirent-ils le malheur d’etre ceux
par qui le scandale arrive ?
Verlaine, cas fort rare, aimait a vingt-sept ans
l’un et l’autre sexe d’amours differentes, mais egales.
Rimbaud semble avoir eprouve pour l’un et l’autre,
apres une de ces deceptions amoureuses dont les
adolescences sont fournies, un dedain et une indif¬
ference qui se valent. Je ne crois pas a sa « miso-
212 VERLAINE ET RIMBAUD
1. Hombres.
220 VERLAINE ET RIMBAUD
1. Claudel : L’irreductible.
222 VERLAINE ET RIMBAUD
1. Qui n’est pas sans rappeler celle que Virginia Woolf, dans
Orlando, consacre au « brouillard » de l’ere victorienne.
OU LA FAUSSE EVASION 223
L’ORIGINE
DE
« NUIT DE L’ENFER »
... salives
Reprises sur la levre ou desir de baisers...
(Les Douaniers.)
ECHOS ET CORRESPONDANCES
ILLUMINATIONS
L’eau verte...
... me lava, dispersant gouvernail et grappins.
II n’est pas dit que cette lecture ait ete la seule influence
determinante. Je suppose au contraire, avec le colonel Godchot
et M. Guillemin, que Vingt Mille Lienes sous les Mers eut
egalement sa part. Mais il me semble indeniable que Poe se
trouve aux cotes de Jules Verne pour le bapteme du Bateau
Ivre.
Mais voici beaucoup plus interessant.
Les heros de Poe abordent une lie noire, au rivage couvert de
marne et de granit noirs, Tsalal, oil l’on tue tout ce qui est
blanc au cri de Tekili-li (imitation du cri de la mouette). Au
cours de leur exploration, ils tombent dans des gouffres en
forme de lettres d’oii ils ne rechappent qu’a grand-peine, ayant
pressenti d’extraordinaires connaissances qui font vaciller la
raison.
Voici les formes des deux grands gouffres-rebus :
is
274 VERLAINE ET RIMBAUD
Sourires verts...
(Les pauvres a I’eglise.)
{Venus Anadyomene.)
... Jesus
Qui reve en haut, jauni par le vitrail livide...
(Les pauvres a I’eglise.)
Et, au moins deux ans plus tard (et on sait combien, dans
(Fete de la faim.)
... Elle (la moyenne) est chez Rimbaud quatre fois plus grande
que la normale. Ceci est un trait tout a fait extraordinaire et l’un
des plus significatifs d’une oeuvre qui est un contrepoint de rouges,
de verts, de jaunes, de bleus... »
(Mercure de France, oct. 54.)
F
RIMBAUD MUSULMAN ?
RIMBAUD ET LA GNOSE
Avant d’aller plus loin, nous pouvons nous arreter sur une
citation qui se trouve dans la suite du meme texte grec :
« Et si une unique lettre est a ce point infinie, voyez
1’abime plein de lettres du nom entier dont, suivant la Sige
de Marcos, se compose le Propator. »
Poe, Pauteur du mythe d’abime en forme de lettres compo-
sant un mot, eut-il connaissance de ce passage ? En tout cas,
Rimbaud semble s’en souvenir dans sa Lettre du Voyant :
« Quiconque se mettrait a reflechir sur la premiere lettre de
l’alphabet pourrait bien ruer dans la folie. »
L’idee de s’appliquer a traiter des cinq voyelles, de prefe¬
rence a toute autre lettre, a pu egalement venir a Rimbaud par
la lecture d’un autre livre gnostique qu’il a certainement lu
a la Bibliotheque de Charleville, la Pistis Sophia, seul ouvrage
gnostique qui nous soit parvenu integralement intact et qui
fut publie en 18 51; il contient ce passage :
« Et Jesus n’avait pas dit a ses disciples de quel type sont
les cinq parastates (gardiens) ni en quels lieux ils sont places;
il ne leur avait pas dit de quelle fagon s’etait deployee la
grande lumiere; ... il ne leur avait pas dit les cinq regions... »
Le nombre cinq revient souvent avec cette signification eso-
terique de secrets appartenant a une meme essence : cinq
arbres de connaissance, cinq verrous fermant une porte, cinq
marches a franchir, etc.
Pour le jeune lecteur de Gordon Pym et de Baudelaire dont
1’avait certainement frappe le vers :
Toulouse, 1960.
■
BIBLIOGRAPHIE
Theses
Plaquettes
Vie romancee
Articles
Nota-Bene . 301
Bibliographic. 303
ACHEVE D’lMPRIMER SUR LES PRESSES
DE l’IMPRIMERIE MODERNE, 177, AVENUE
PIERRE-BROSSOLETTE, A MONTROUGF.
(SEINE), EN NOVEMBRE MIL NEUF CENT
SOIXANTE.
.
PRINTED IN FRANCE