10 Philosophie Et Doute 1 M. Ndour 2024

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COURS DE RENFORCEMENT DES CAPACITES METHODOLOGIQUES
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DISSERTATION PHILOSOPHIQUE CORRIGEE N°10


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Le philosophe doit-il douter de tout pour accéder à une vérité ?


INTRODUCTION
Le doute est l’état naturel de l’esprit qui s’interroge soit par l’incertitude concernant l’existence ou la
réalisation d’un fait, soit par l’hésitation sur la conduite à tenir, soit par la suspension du jugement entre deux
propositions contradictoires. Il devient une attitude du sujet pensant. C’est dans cette perspective que notre sujet
nous invite à analyser la conception selon laquelle « Le philosophe doit-il de douter de tout pour accéder à une
vérité ? ». Autrement le doute a-t-il une utilité dans l’esprit de découverte ? Douter, c’est soumettre la pensée à un
examen critique afin de parvenir à l’élaboration d’un savoir exclusivement dicté par la raison. Dès lors, le doute
doit-il commencer par la contestation méthodique des opinions reçues ? L’exercice du doute fait-il du philosophe
un sceptique ? Pour mieux élucider cette problématique, nous pouvons nous demander en quoi le philosophe doit-
il douter de tout pour accéder à une vérité ? Mais le doute conduit-il nécessairement à arracher à la raison des
aveux d’impuissance et à dire un adieu désespéré à la vérité ?
DEVELOPPEMENT
Le doute est cette attitude critique vis-à-vis de tout ce qui passe, ou de ce qui se donne comme un savoir. Ne
pas se remettre en question est l'attitude dogmatique que combat la philosophie.
Provisoire, le doute constitue ainsi pour DESCARTES un moment fondateur en ce qu’il permet de distinguer le
vrai du faux. Délivrant la connaissance de ses incertitudes, il crée les conditions de la constitution d’un savoir
véritable, dans le domaine des sciences comme dans celui de la philosophie. Mais l’accès à des vérités absolument
certaines que Descartes croit possible grâce à la méthode du doute est problématique. En effet, que notre
intelligence soit incapable de remettre en cause une idée ne prouve pas qu’elle soit vraie. Nous pouvons d’ailleurs
constater que des propositions que notre entendement ne pouvait concevoir autrement que comme vraies se sont
révélées erronées. Longtemps l’idée de l’immobilité de la Terre a ainsi semblé ne pas pouvoir être mise en doute.
Et pourtant, la découverte de l’héliocentrisme par COPERNIC a provoqué un véritable traumatisme dans le
domaine de la connaissance. La certitude de l’homme de vivre au centre du monde a volé en éclats. Ne devons-
nous pas alors douter toujours, sans pour autant renoncer à la vérité ? C’est le principe du doute paralysie de la
raison mais comme une remise en question permanente du savoir, conjuguée à une ouverture d’esprit qui se refuse
à mettre un point final. S’opposant à tout dogmatisme, le doute scientifique est l’expression d’une raison en
marche qui, renonçant à tout ancrage dans des certitudes, repère les limites du savoir humain et rend possible leur
dépassement. Le doute offre à la pensée la possibilité de découvrir et donc de progresser sur les longs et difficiles
chemins de la vérité.
En effet, comme le remarque DESCARTES, douter, c’est donc remettre en cause ce que nous tenions pour
vrai ou pour faux. C’est donc remettre en cause ses idées ou plutôt les idées que nous croyons nôtres alors qu’elles
nous ont été inculquées par notre éducation. Le doute, comme doute méthodique au sens de DESCARTES, est un
instrument de découverte. Il consiste à tenir pour faux tout ce qui est simplement douteux afin de découvrir s’il n’y
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a pas de vérité. Il ne peut pas ne pas déboucher sur la certitude soit d’une vérité, soit sur la certitude de
l’impossibilité d’accéder à toute certitude. En conséquence, il apporte à qui s’y engage l’assurance d’arriver à la
connaissance. Mais il reste limiter et cantonner à la pensée. C’est en ce sens qu’il affirme : « Il fallait que je
rejetasse comme absolument faux tout ce en quoi je pourrais imaginer, le moindre doute, afin de voir s’il ne
resterait point après cela quelque chose à ma créance qui fut entièrement indubitable ». Néanmoins, force est de
préciser que le doute Cartésien se différencie fondamentalement du doute sceptique. Il s’agit plutôt d’un doute
méthodique, rationnel, provisoire. C’est une inspection de l’esprit permettant au philosophe de suspendre son
jugement jusqu’à l’acquisition d’idées claires et distinctes. Philosopher aux yeux de DESCARTES, c’est
soumettre la pensée à un examen critique, afin de parvenir à l’élaboration d’un savoir exclusivement dicté par la
raison. Loin d’envisager le doute comme un renoncement définitif à sceptiques ce que l’on a appelé le doute
méthodique. D’après DESCARTES en effet, s’il faut au moins une fois en sa vie douter de tout, ce n’est pas pour
ériger le doute en système, comme le font les sceptiques, c’est parce qu’il pense que c’est le seul moyen d’établir
la vérité sur des bases inébranlables. C’est effectivement en commençant par nous méfier de nos préjugés et par
faire table rase de tout ce que nous savons que nous pouvons découvrir l’évidence et parvenir à la vérité.
Rappelons que l’évident, pour DESCARTES, c’est ce qui résiste au doute et peut, comme tel, être considéré
comme vrai. C’est en essayant de douter d’un théorème mathématique, par exemple, que nous comprendrons sa
force. Si l’on doit commencer par soumettre absolument tout au doute, c’est parce que ce procédé permet d’asseoir
nos connaissances sur un fondement solide. Le doute apparaît donc comme une étape nécessaire de la pensée.
Douter ce n’est pas renoncer à la vérité mais entreprendre une démarche pour la trouver. Le doute méthodique est
le signe de la plus grande exigence de vérité.
Après avoir développé les arguments qui confirment l’importance du doute dans la démarche
philosophique, nous avons pu constater les limites et les insuffisances de notre sujet, que nous chercherons à
compléter et à clarifier, à travers d’autres considérations philosophiques.
Le doute sceptique conduit à remettre en cause toutes les connaissances. En effet, si nous cherchons des preuves
de tout ce que nous avançons, des démonstrations de tout ce que nous pensons, nous ne pouvons pas en trouver.
Toute démonstration repose sur des principes. Si donc nous voulons démontrer les principes, il faut d’autres
principes et ainsi de suite à l’infini. Aussi le doute sceptique consiste à refuser d’admettre quoi que ce soit hors de
toute démonstration. Mais ainsi, le doute sceptique paralyse toute pensée. Car, si nous n’admettons rien, si nous
remettons toujours en cause tout ce qui peut s’affirmer, nous ne pouvons même pas soutenir que nous doutons et
notre pensée est comme paralysée. Le doute sceptique paralyse nécessairement l’action. En effet, pour agir, il faut
se décider. Et pour se décider, il faut tenir pour vrai ce que percevons de la situation, au moins en partie. Or, le
doute sceptique élimine toute vérité, voire toute réalité. Il conduit à se demander si nous rêvons ou si nous sommes
dans la réalité. À ce compte-là, il implique d’hésiter non seulement quant aux moyens à mettre en œuvre mais
également quant aux fins. Néanmoins, sans le doute, il ne reste plus qu’à croire, c’est-à-dire à adhérer à des idées
qui sont peut-être fausses. Et même si la croyance se situe au terme d’une longue réflexion, elle témoigne d’un
abandon de la réflexion plutôt d’une véritable acceptation de la vérité. S’il est vrai que le doute sceptique paralyse,
c’est parce que c’est un doute global qui porte sur la totalité. Par contre, dans la démarche de la pensée, dans son
détail, le doute est bien la condition de l’exercice de la réflexion. Pour cela, il suffit de le comprendre comme le
refus de croire. ALAIN dit à ce propos « Le doute est le sel de l’esprit. Douter quand on s’aperçoit qu’on s’est
trompé ou que l’on a été trompé, ce n’est pas difficile ; je voudrais même dire que cela n’avance guère ; ce
doute forcé est comme une violence qui nous est faite ; c’est un doute de faiblesse ; c’est un regret d’avoir cru,
et une confiance trompée. ». Douter, c’est en effet s’apercevoir qu’on manque de certitude. Ce n’est pas ce savoir dans
l’erreur, mais ne pas être sûr de ce qui paraît vrai. Constatant la fragilité de nos connaissances, même celles qui nous
paraissent les mieux assurées, certains philosophes considèrent non pas que la vérité est inaccessible, mais qu’on ne peut
jamais être sûr de l’avoir atteint. Ces philosophes sont les sceptiques. Courant de pensée fondé par Pyrrhon d’Élis, le
scepticisme est une doctrine selon laquelle la raison humaine ne peut pas trouver de réponses sûres concernant les questions
philosophiques et les énigmes de l’univers. Le sceptique se contente de retenir son jugement et recommande de s’en tenir au
doute. « Que sais-je ? » se demandait ainsi Montaigne, l’une des grandes figures du scepticisme de la Renaissance, estimant
que l’état de suspension du jugement est le seul parti qui soit digne du sage. Suspendre son jugement signifie ici un arrêt
définitif dans la recherche de la vérité.
CONCLUSION
Au terme de notre réflexion, le problème était de savoir si le philosophe se doit de douter pour accéder à la vérité. Si le
doute méthodique demeure dogmatique malgré l’apparence, le doute sceptique quant à lui est trop général. Loin d’être
négatif et de conduire à paralyser l’activité de la vie intellectuelle, le doute est ainsi le ressort nécessaire de tout progrès
scientifique et une attitude exemplaire en ce que, permettant de ne pas se laisser abuser par des vérités toutes faites et jamais
interrogées, il constitue une méthode pour édifier le savoir.
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