Ext 16890
Ext 16890
Ext 16890
E.D.P. d’ordre un
∂t f + v · ∇x f = 0 ,
où l’inconnue f : (t, x) 7→ f (t, x) est une fonction à valeurs réelles de classe C 1 définie
sur R × RN , et où v ∈ RN est un vecteur donné.
Il s’agit d’un modèle intervenant dans diverses branches de la physique (théorie
cinétique des gaz ou des plasmas, optique géométrique, neutronique. . .) L’inconnue
f (t, x) désignera, selon le contexte, une densité d’énergie ou de nombre de particules
au point x à l’instant t, dont le vecteur v est la vitesse de propagation.
La notation ∇x f désignera tout au long de ce chapitre le gradient de f par rapport
aux variables x = (x1 , . . . , xN ) :
∂x1 f (t, x)
∇x f (t, x) =
..
.
∂xN f (t, x)
37
38 CHAPITRE 2. E.D.P. D’ORDRE UN
de sorte que
N
X
v · ∇x f (t, x) = vk ∂xk f (t, x) .
k=1
Théorème 2.1.2
Soit f in ∈ C 1 (RN ). Le problème de Cauchy d’inconnue f
tandis que
N
X
∂t (f in (x − tv)) = − vi (∂xi f in )(x − tv)
i=1
= −v · (∇f in )(x − tv) = −v · ∇x (f in (x − tv)) ,
ce qui montre que la fonction f : (t, x) 7→ f in (x − tv) est bien une solution de
l’équation de transport.
Même si f in n’est pas dérivable, la formule
f (t, x) = f in (x − tv)
garde un sens, et on souhaiterait pouvoir dire qu’elle définit encore une solution de
l’équation de transport.
40 CHAPITRE 2. E.D.P. D’ORDRE UN
Exemple.
Pour N = 1, prendre f in en escalier, par exemple
f in (x) = 1 si x ≤ 0 , f (x) = 0 si x > 0 .
La solution de l’équation de transport modélise alors une onde de choc se propageant
à la vitesse v.
Pour l’analyse des équations aux dérivées partielles, il est donc souvent très naturel
de devoir “dériver des fonctions non dérivables”.
Le bon cadre pour cela, comme on le verra dans la suite de ce cours, est la théorie
des distributions.
Définition 2.2.1
Soit γ la courbe intégrale de V passant par x à l’instant t, c’est-à-dire la solution du
système différentiel
dγ
(s) = V (s, γ(s)) ,
ds
γ(t) = x .
On appellera la courbe de R × RN paramétrée par s et définie par
s 7→ (s, γ(s))
comme dans le cas où V = Const. étudié plus haut. Pour ce faire, on aura besoin de
quelques propriétés fondamentales de ces courbes caractéristiques, résumées dans la
proposition suivante. (Dans le cas où V = Const. ces propriétés sont vérifiées trivia-
lement car l’équation différentielle donnant les courbes caractéristiques est résolue de
manière explicite.)
X(s, t, ·) : x 7→ X(s, t, x)
Supposons que I 6= [0, T ] : d’après le “lemme des bouts” (voir le critère de pro-
longement dans [13], Partie II, §1.8, ou bien encore [17], énoncé 10.5.5), on aurait
Or ceci est exclu par l’inégalité précédente : donc la solution maximale γ est définie
sur I = [0, T ].
(a) Remarquons que, pour tous t1 , t2 ∈ [0, T ] et tout x ∈ RN , les applications
sont deux courbes intégrales de V passant par X(t2 , t1 , x) pour t3 = t2 . Par uni-
cité dans le théorème de Cauchy-Lipschitz, elles coı̈ncident donc sur leur intervalle
maximal de définition, c’est-à-dire pour tout t3 ∈ [0, T ], d’où l’égalité annoncée.
(b) D’après le théorème de dérivation des solutions d’équations différentielles par
rapport à la condition initiale (cf. [13], partie II, Théorème 3.4.2), pour tout instant
initial t ∈ [0, T ] fixé l’application (s, x) 7→ X(s, t, x) admet une dérivée partielle
∂xj X(s, t, x) pour tout (s, x) ∈ [0, T ]×RN et tout j = 1, . . . , N . De plus, cette dérivée
partielle est l’unique solution définie pour tout s ∈ [0, T ] de l’équation différentielle
linéaire
∂s ∂xj X(s, t, x) = ∇x V (s, X(s, t, x))∂xj X(s, t, x) ,
∂xj X(t, t, x) = ej
où ej est le j-ième vecteur de la base canonique de RN . Enfin la dérivée partielle
(s, x) 7→ ∂xj X(s, t, x) est continue sur [0, T ] × RN pour tout j = 1, . . . , N .
On déduit alors de l’équation différentielle linéaire ci-dessus que, pour tout j =
1, . . . , N , la dérivée partielle seconde
D’après (H1) l’application partielle V (s, ·) est de classe C 1 sur RN , ainsi que
l’application X(s, t, ·), dont on a vu qu’elle admet des dérivées partielles ∂xj X(s, t, ·)
Démonstration. La fonction ψ définie par
Z t
ψ(t) = A + B φ(s)ds , pour tout t ≥ 0
0
est de classe C 1 sur R+ et à valeurs dans [A, +∞[ puisque φ est continue et positive ou nulle sur
R+ . L’hypothèse faite sur φ s’écrit
ψ 0 (t) Bφ(t)
= ≤ B, t ≥ 0.
A + B 0t φ(s)ds
R
ψ(t)
Comme la bijection X(s, t, ·) et son inverse X(t, s, ·) sont de classe C 1 sur RN , c’est
un C 1 -difféomorphisme de RN sur lui-même.
Considérons enfin le déterminant jacobien
Le point (b) entraı̂ne que l’application s 7→ J(s, t, x) est continue de [0, T ] dans R ;
d’autre part J(t, t, x) = 1 et J(s, t, x) 6= 0 pour tout s ∈ [0, T ], car c’est le déterminant
jacobien du difféomorphisme X(s, t, ·). Le théorème des valeurs intermédiaires im-
plique alors que J(s, t, x) > 0 pour tout s ∈ [0, T ], ce qui équivaut à dire que le
difféomorphisme X(s, t, ·) préserve l’orientation de RN .
(d) D’après le (b), l’application (s, t, x) 7→ X(s, t, x) admet des dérivées partielles
continues par rapport aux variables xj pour tout j = 1, . . . , N et tout (s, t, x) ∈
[0, T ] × [0, T ] × RN , ainsi évidemment que par rapport à la variable s puisque, par
définition, ∂s X(s, t, x) = V (s, X(s, t, x)).
Montrons que X admet aussi une dérivée partielle continue par rapport à la va-
riable t. Pour (s, x) ∈ [0, T ] × RN fixé, le point X(s, t, x) est l’unique solution y(t) de
l’équation
F (t, y(t)) = 0 ,
où on a posé
F (t, y) = X(t, s, y) − x .
L’application F : [0, T ] × R 7→ RN est de classe C 1 , et, pour tout temps t ∈
N
partie I, Théorème 4.7.1, ou bien [26], Theorem 1.1.7), la solution t 7→ y(t) est donc
dérivable et on a
dy
(t) = −∇y F (t, y(t))−1 ∂t F (t, y(t))
dt
= −∇x X(t, s, X(s, t, x))−1 V (t, X(t, s, X(s, t, x)))
= −∇x X(t, s, X(s, t, x))−1 V (t, x) .
Cette dernière formule montre que l’application ∂t X est également continue sur
[0, T ] × [0, T ] × RN .
Comme l’application X admet des dérivées partielles continues en tout point de
[0, T ] × [0, T ] × RN , elle y est de classe C 1 .
Expliquons maintenant comment on résout le problème de Cauchy pour une
équation de transport à coefficients variables grâce à la connaissance de son flot
caractéristique. Ainsi, le Théorème 2.2.3 ci-dessous se spécialise en Théorème 2.1.2
lorsque V = Const.
Théorème 2.2.3
Soit V un champ de vecteurs vérifiant les hypothèses (H1) et (H2), et soit f in ∈
C 1 (RN ). Alors le problème de Cauchy pour l’équation de transport
admet une unique solution f ∈ C 1 ([0, T ] × RN ). Cette solution f est donnée par la
formule
f (t, x) = f in (X(0, t, x)) ,
où X est le flot caractéristique du champ V — c’est-à-dire que s 7→ X(s, t, x) est la
courbe intégrale du champ V passant par x à l’instant t.
dφ
(s) = ∂t f (s, X(s, 0, z)) + ∇x f (s, X(s, 0, z)) · ∂s X(s, 0, z)
ds
= ∂t f (s, X(s, 0, z)) + V (s, X(s, 0, z)) · ∇x f (s, X(s, 0, z)) .
2.2. LE CAS DES COEFFICIENTS VARIABLES 47
on a
dφ
(s) = 0 pour tout s ∈]0, T [ ,
ds
de sorte que la fonction φ est constante sur l’intervalle [0, T ]. En particulier, pour tout
s ∈ [0, T ],
φ(s) = f (s, X(s, 0, z)) = f (0, X(0, 0, z)) = f (0, z) = φ(0) = f in (z) .
définit une fonction de classe C 1 sur [0, T ] × RN , qui est solution du problème de
Cauchy pour l’équation de transport.
D’abord, f ∈ C 1 ([0, T ] × RN ) comme composée de f in qui est de classe C 1 sur
R , et de l’application (t, x) 7→ X(0, t, x), de classe C 1 sur [0, T ] × RN d’après la
N
Lemme 2.2.4
Le flot caractéristique X vérifie
N
X
∂t X(0, t, x) + Vj (t, x)∂xj X(0, t, x) = 0
j=1
ou encore
N
X
∂t X(t3 , t2 , X(t2 , t1 , x)) + ∂xj X(t3 , t2 , X(t2 , t1 , x))Vj (t2 , X(t2 , t1 , x)) = 0 .
j=1
garde un sens même si f in n’est pas dérivable, et on aimerait pouvoir dire qu’elle
définit une solution en un sens généralisé de l’équation de transport
Toutefois, pour donner un sens à un tel énoncé, on devra avoir recours à la théorie
des distributions, présentée dans la suite de ce cours.
Autrement dit, u est la solution d’une équation de transport dont la vitesse de pro-
pagation au point x et à l’instant t est la valeur u(t, x) de l’inconnue. Cette équation
est non linéaire à cause de la présence du terme u∂x u qui est quadratique en u.
Appliquons à cette équation la méthode des caractéristiques. Supposons donc que
u est une solution de l’équation de Hopf de classe C 1 sur [0, T [×R. Soit X ≡ X(s, t, x)
le flot caractéristique de l’opérateur de transport ∂t + u(t, x)∂x , c’est-à-dire que
de sorte que
X(s, t, z) = z + (s − t)u(t, z) , 0≤s<T.
En particulier
X(s, 0, z) = z + su(0, z) , 0≤s<T.
Cette formule montre que le flot caractéristique X ≡ X(s, t, z) se prolonge à tout
R × R × R en une application de classe C 1 .
Ecrivant à nouveau que la solution u est constante le long des courbes ca-
ractéristiques de l’opérateur de transport ∂t + u∂x , on trouve donc que
Théorème 2.3.1
Soit uin ∈ C 1 (R), bornée sur R ainsi que sa dérivée (uin )0 .
(a) Le problème de Cauchy pour l’équation de Hopf
1
T = ,
supz∈R (max(0, −(uin )0 (z)))
avec la convention 1/0 = +∞. Cette solution est définie par la relation implicite
(b) Si u ∈ C 1 (R+ ×R) est solution de l’équation de Hopf sur R+ ×R, alors la donnée
initiale z 7→ u(0, z) est croissante sur R.
φ0s (z) = 1 + s(uin )0 (z) > 0 pour tout (s, z) ∈ [0, T [×R ,
φs (z) → ±∞ pour z → ±∞ .
Par conséquent φs est une bijection croissante de R sur lui-même pour tout s ∈ [0, T [,
de classe C 1 ainsi que sa réciproque φ−1
s .
Enfin, appliquant le théorème des fonctions implicites (voir [13], partie I, Théorème
4.7.2, ou bien encore [26], Theorem 1.1.7) à l’équation
Donc la fonction
u(t, x) = uin (Φ(t, x))
est de classe C 1 sur [0, T [×R comme composée de fonctions de classe C 1 .
2.3. E.D.P. NON LINÉAIRES D’ORDRE UN 51
Figure 2.3 – Apparition d’une onde de choc dans la solution de l’équation de Hopf.
Le graphe de la donnée initiale uin est transporté par les caractéristiques. Or les
caractéristiques issues de P et Q se coupent à l’instant T . Le graphe de uin transporté
par le flot caractéristique cesse donc, en temps fini, d’être le graphe d’une fonction. La
figure montre l’évolution d’une donnée initiale dont le graphe est une courbe croissante
puis décroissante. A l’instant t1 , le graphe de uin transporté par le flot caractéristique
est encore le graphe d’une fonction — précisément de x 7→ u(t, x). En revanche, à
l’instant t2 , le graphe de uin transporté par le flot caractéristique n’est plus le graphe
d’une fonction.
52 CHAPITRE 2. E.D.P. D’ORDRE UN
Enfin
(uin )0 (Φ(t, x))uin (Φ(t, x))
∂t u(t, x) = (uin )0 (Φ(t, x))∂t Φ(t, x) = − ,
1 + t(uin )0 (Φ(t, x))
(uin )0 (Φ(t, x))
∂x u(t, x) = (uin )0 (Φ(t, x))∂x Φ(t, x) = + ,
1 + t(uin )0 (Φ(t, x))
de sorte que
∂t u(t, x) + uin (Φ(t, x))∂x u(t, x) = 0 .
Comme uin (Φ(t, x)) = u(t, x), on en déduit que u est bien solution de l’équation de
Hopf (la condition initiale étant évidente, puisque Φ(0, x) = φ−10 (x) = x.)
L’unicité provient de l’application de la méthode des caractéristiques rappelée
avant l’énoncé du théorème. En effet, toute solution de l’équation de Hopf de classe
C 1 sur [0, T [×R vérifie
c’est-à-dire
u(t, φt (z)) = uin (z) , (t, z) ∈ [0, T [×R .
En faisant le changement de variables φt (z) = x, c’est-à-dire
z = φ−1
t (z) = Φ(t, x) ,
on trouve que
u(t, x) = uin (Φ(t, x)) , (t, z) ∈ [0, T [×R .
Alors
z1 + s∗ u(0, z1 ) = z2 + s∗ u(0, z2 ) ,
de sorte que
Ce résultat montre que, pour une équation de transport non linéaire, il se peut
(a) que le flot caractéristique soit défini globalement,
(b) que la donnée initiale soit globalement de classe C 1 ,
et pourtant que la solution ne soit pas définie et de classe C 1 globalement, c’est-à-dire
pour tout (t, x) ∈ R+ × R.
Ce type de comportement est caractéristique des équations différentielles non
linéaires, aux dérivées partielles ou non.
Nous avons déjà évoqué plus haut l’exemple de l’équation de Riccati
dy
= y2 , y(0) = y in ,
dt
dont la solution
y in
y(t) =
1 − ty in
2.5 Exercices
Exercice 1. Résoudre le problème de Cauchy
où a et S ∈ C 1 (R+ × RN ).
Exercice 3. Soient λ > 0, a et S ∈ C 1 (RN ). Supposons qu’il existe M > 0 tel que
admet une unique solution bornée f de classe C 1 sur RN , et que cette solution est
donnée par la formule
Z +∞ Rt
f (x) = e−λt− 0 a(x−sv)ds S(x − tv)dt .
0