Le Bananier.2024

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Fiche technico-économique Bananier

Edition 2024, Chambre d’Agriculture

Le Bananier
Musa sp. (famille des Musaceae)
Exigences agro-climatiques à La Réunion
Originaire d’Extrême-Orient, le bananier est une plante herbacée, aimant la chaleur et
l’humidité. Il ne doit pas être cultivé au dessus de 400 m d’altitude. Le bananier pousse
dans des sols aérés, riches en azote et en potasse, bien pourvus en matière organique. Il est
recommandé de planter cette culture dans des zones arrosées régulièrement, sachant que
ses besoins en eau sont au minimum de 1 500 mm répartis tout au long de l’année. Il faut
éviter les sols asphyxiants et planter dans des sols meubles, car le système racinaire est
fragile et peu perforant. Le pH du sol doit être compris entre 5,5 et 6,5. L’eau d’irrigation
ne doit pas excéder 350 mg de chlorures par litre et 1,5 g de sels totaux par litre.

Multiplication et choix des plants


La multiplication est végétative par rejets ou par vitro-plants.
Les différents types de rejets
Le pistolet (1) est un bourgeon développé de 13 cm de diamètre de bulbe. Il est
facile à transporter et ne nécessite pas de plantation profonde.
La baïonnette (2) est un rejet développé ayant des feuilles lancéolées, de
hauteur assez variable (0,80 à 1 m). La baïonnette est la plus
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couramment utilisée.
La souche (3) avec ou sans rejet attenant, est un matériel lourd à
manipuler, très exigeant pour le parage mais qui a l’avantage de
produire rapidement.
2 Pour la plantation, il est nécessaire de choisir les rejets au même
stade de développement pour obtenir une bonne homogénéité de 3

plantation.
Le vitro-plant (4) est issu de multiplication de méristèmes sélectionnés.
Son intérêt est dans l’homogénéité de la plantation, la garantie d’un plant
sain et la rapidité de sa plantation (plant fourni en motte).

Variétés recommandées
Grande Naine : c’est la variété la plus répandue à la
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Réunion. Elle est essentiellement cultivée dans l’Est, le
cirque de Salazie et le Sud de l’île. Les bananes de forme
courbe, mesurent de 21 à 25 cm de longueur et pèsent en moyenne 230 g.
Le poids moyen du régime est de 22 kg. Densité moyenne de plantation :
1 800 plants/ha. Grande Naine

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Petite Naine ou Gabou : cette variété ne dépasse guère 1,70 m de
haut et offre moins de prise au vent. Les travaux d’entretien et de
récolte sont donc facilités. Elle est principalement cultivée de
Petite-Ile à St-Pierre. Les bananes mesurent 16 à 20 cm de
longueur et pèsent en moyenne 200 g. Le poids moyen du régime
Petite Naine (Gabou) est de 15 kg. Densité moyenne de plantation : 2 200 plants/ha.

Figue Blanche : c’est une petite banane d’une dizaine de centimètre


de longueur, à peau épaisse et côtelée. Le fruit est apprécié pour
son arôme et son goût légèrement acidulé. Elle est cultivée à petite
échelle et recherchée sur les marchés. Le poids moyen du régime est
de 20 kg. C’est un bananier de grande hauteur, cultivé localement
Figue Blanche en touffe.

Autres variétés cultivées : Valérie, Williams, Mignonne, Carré.

Plantation
Les brise-vent sont indispensables pour protéger la culture. Ceux-ci doivent être
implantés, avant la mise en place de la bananeraie. On choisira de préférences des arbres
et arbustes fruitiers : longani, macadamia, jacquier, cerisier du Brésil…

Densité :
La plantation peut se faire :
 en touffe pour la plantation de la Figue Blanche ( 5 x 5 m) densité *2m* 3m *2m*
* * * *
400 touffes/ha ; * * * *
 en double rang (2 x 2 x 3,50 m) densité de 1 800 plants/ha ;
Double rang
 en simple rang (1,5 x 3 m) densité 2 200 plants/ha.

Préparation du sol
Si la terre est compacte, l’ameublir par un sous-solage croisé. Cette opération n’est pas
réalisable sur des sols fortement empierrés. Il faut alors réaliser un labour léger (25 cm de
profondeur) suivi d’une trouaison profonde de 50 cm. Lors des opérations de travail de
sol, enfouir une fertilisation de fond : 20 t de fumier de bœuf/ha, 1,5 t/ha de chaux
magnésienne, 1 t/ha de superphosphate.

Choix des plants : Il est conseillé d’acheter des vitro-plants auprès d’un pépiniériste qui
garantit la variété et l’état sanitaire du plant. L’utilisation de rejets nécessite de réaliser un
parage du bulbe hors de la parcelle à planter pour éviter toute contamination
phytosanitaire. Le parage consiste à enlever à l’aide d’un coutelas toutes les racines et les
zones nécrosées se trouvant à la périphérie du plant.

Fertilisation

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La règle est de fractionner les apports tous les mois et d’adapter les doses préconisées
suivant les résultats d’analyses de sol. Les engrais seront appliqués un mois après la mise
en terre.
Besoins mensuels du bananier pour 30 T de rendement avec une densité de 2000 pieds/ha
Besoins en éléments fertilisants
Éléments
Par pied (en g) Par hectare (kg)
Urée 40 g 80 kg
Sulfate de potasse 100 g 200 kg

Désherbage
Le bananier dispose d’un système racinaire traçant qui se développe dans la couche
superficielle du sol, entre 0 et 20 cm. Une bonne maîtrise de l’enherbement les six
premiers mois suivant la plantation va conditionner la productivité de la bananeraie.
Après cette période, le recouvrement du sol par le feuillage des bananiers empêche
naturellement l’herbe de se développer.

Désherbants homologués sur bananier


Spécialité Matière active Dose/ha Usage
GONFALON
Oryzalin (480 g/l) 2l Sur culture déjà installée.
SURFLAN
REGLONE 2
REGULAR+ Diquat (200 g/l) 4l Graminées, chiendent.
BLERAN
Nombreuses Glufosinate ammonium (150 g/l) 5l Herbes annuelles.
Nombreuses Glyphosate (360 g/l) 8l Lutte contre les adventices vivaces.

L’œilletonnage.
Cette technique est importante pour éviter l’étouffement de la bananeraie. Elle consiste à
éliminer les rejets mal placés par rapport au pied mère et à sélectionner un successeur.
L’œilletonnage permet d’assurer un rendement régulier. Il se pratique tous les deux mois
dès la sortie de la floraison du pied mère. Les rejets à feuilles larges sont éliminés pour
éviter toute concurrence avec le pied mère en les taillant avec un coutelas au ras du sol.
On ne conserve qu’un seul rejet bien placé dans l’alignement après la jetée du pied mère.

Protection phytosanitaire
Maladie fongique
Eumusa Leaf Spot Disease ou ELSD est un champignon de la famille
des cercosporioses (1). Des tirets jaunes apparaissent à la face
inférieure du limbe et par transparence. Des taches brunes se
manifestent ensuite sur la face inférieure, puis supérieure. Elles se
développent rapidement jusqu’au dessèchement complet de la 1

feuille. Pour limiter le développement de cette maladie, il faut couper

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régulièrement les feuilles atteintes et les disposer face supérieure contre le sol. Il faut
cependant veiller à conserver au moins 8 feuilles par pied pour conserver une bonne
photosynthèse.

Principal ravageur
Le charançon du bananier Cosmopolites sordidus (2) est le
principal ravageur du bananier à La Réunion. De la famille des
coléoptères, l’adulte est de couleur noire et mesure entre 10 et
15 mm. Il est actif en période chaude et humide, et ne se
déplace que la nuit. La femelle
pond des œufs dans la partie
2
supérieure du bulbe. Après
l’éclosion, les larves se développent en creusant des galeries.
Une forte attaque de charançon
entraîne la chute des bananiers et
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peut anéantir une récolte (3). Il
existe un système de piégeage par
phéromone qui attire les adultes, mâles et femelles (4). Cette
4 méthode de lutte est économique et ne présente aucune
toxicité. Elle assure une capture massive des charançons
présents sur la parcelle. Pour commander et installer les pièges à phéromones, s’adresser
à la FDGDON, tél : 0262 45 20 00.

Les autres ravageurs


De nombreux autres ravageurs existent comme le thrips de la fleur
Francklinella parvula. Ce sont surtout les dernières mains qui sont
attaquées. L’ablation du bourgeon mâle (babafigue) permet de diminuer
les attaques. Le thrips de la rouille Chaetanaphothrips orchidi est
particulièrement actif peu de temps après la jetée. L’insecte provoque des
piqûres qui peuvent déprécier la valeur marchande du fruit. L’engainage
des régimes est un moyen de lutte mécanique efficace contre les thrips (5).
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La récolte
Lorsque le régime est complètement développé, il faut supprimer le
bourgeon mâle y compris la dernière main (6). Lorsque les fruits sont en
position verticale, un épistillage est réalisé. En culture intensive, les
régimes sont protégés par une gaine plastique dès que les fruits sont en
position horizontale. Outre la protection contre les thrips, l’engainage
permet de diminuer les grattages provoqués par les feuilles. Les régimes
sont tuteurés ou haubanés, afin d’éviter l’affaissement des troncs.
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Opérations de post-récolte

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Les régimes sont trempés dans un bac d’eau et épistillés. Les mains sont dégagées de la
hampe, ce qui permet d’éliminer le latex. Les mains sont ensuite découpées en unité de
consommation et ressuyées.

Valeurs nutritionnelles de la banane


La banane est un fruit de premier ordre : particulièrement riche en potassium, phosphore et
magnésium, elle peut être consommée de multiples manières : cuisinée, crue, séchée, en compote
ou en confiture. Elle constitue un très bon goûter pour les enfants et fournit un apport glucidique
complet aux sportifs (sucres lents et rapides) tout en restant très digeste.

Teneurs moyennes des constituants relevés dans 100 g de pulpe de banane (APRIFEL, 2008)
Calorie Glucide Ea Fibre Phosphor Potassiu Calciu Magnésiu Fer Provitamin Vitamin
s (Kcal) s (g) u s (g) e (mg) m (mg) m (mg) m (mg) (mg e A (mg) e C (mg)
(g) )
90 20,5 75 2 22 385 8 30 0,4 0,15 12

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Aspects économiques

Exemple de coût d’installation et de production d’un hectare de bananier


Quantité Prix unitaire Total/ha
INTRANTS
Engrais 3 360 kg 0,50 € 1 680,00
Chaux magnésienne 1 500 kg 0,40 € 600,00
Fumier 20 t 45,00 € 900,00
Analyse sol 1 92,00 € 92,00
Plants 2 000 2,60 € 5 200,00
Herbicides, pièges charançons Forfait 300 € 300,00
Gaines plastiques 2 000 0,15 € 300,00
Total intrants 9 072,00
MAIN-D’OEUVRE
Préparation du sol (mécanisée) 2j 400,00 € 800,00
Epandage fumier+engrais 8j 67,52 € 540,16
Piquetage 1j 67,52 € 67,52
Plantation 9j 67,52 € 607,68
Oeilletonnage, épistillage 20 j 67,52 € 1 350,40
Pose des gaines 8j 67,52 € 540,16
Traitements phytosanitaires 12 j 67,52 € 810,24
Récolte, tri, transport 20 j 67,52 € 1 350,40
Total main-d’oeuvre 6 066,56 €
COUT TOTAL 15 138,56 €
Coût de production/kg 0,50 €/kg
(rendement 30 t/ha/an)

Pour toute information complémentaire, contacter l’Unité Productions Fruitières


de la Chambre d’Agriculture de La Réunion (tél : 0262 96 20 50).

Fiche réalisée par l’Unité Productions Fruitières de la Chambre d’Agriculture de La Réunion.