Cours de Philo Pa4 - 030647

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CHAPITRE5 : PERSONNE ET PERSONNALITE

Lecon1 : Définitions : personnalité, personnage et personne


I. La personnalité
La personnalité peut désigner un ensemble de traits psychologiques à travers lesquels un
individu se distingue des autres. C’est la fonction par laquelle un individu prend conscience de
soi d’un moi à la fois un et identique.
Dans une autre perspective la personnalité renverrait à l’autorité ou au rôle qu’assume une
conscience dans sa fonction sociale, ce qui lui permet d’acquérir un statut. Ainsi parle-t-on de
personnalité politique, religieuse etc. Elle peut aussi être défini à partir de l’influence et de
l’autorité qu’un individu exerce sur les autres membres du groupe de par son charisme, son
efficacité, sa compétence.
II. Personnage
Le personnage peut renvoyer à un rôle qu’une personne assume pendant une circonstance
et qui est susceptible de changement. A force d’incarner un rôle on finit par se dissoudre
pour s’identifier à celui-ci. Exemple : le proviseur.
Elle constitue ce que Pascal appelle « les habits d’emprunts » qui ne définissent pas ce que
nous sommes, car nous arborons un masque que les autres ou la société nous contraint de
porter. Etant donné qu’un individu n’a jamais joué un seul rôle social, l’on se trouve
contraint de porter plusieurs masques.
III. La personne
D’emblée la personne désigne un homme ou une femme et a pour synonyme individu. La
notion de personnalité touche à la moralité et à la raison. Ainsi, la personne est un être
humain qui se reconnait comme sujet par opposition aux objets du monde extérieur. Pour
Kant la personne est une fin en soi, une valeur suprême, qui ne peut jamais être considérée
comme un moyen mais toujours en temps comme une fin : « Agis toujours de telle sorte
que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre,
toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen »

Leçon 2 : Les facteurs d’édification de la personnalité

I- Les facteurs psychologiques


Le caractère : est l’ensemble des dispositions de notre structure mentale qui prédisposent à agir
dans un sens plutôt que dans un autre. La Senne le définit comme « l’ensemble des dispositions
psychologiques et congénitales qui forment le squelette mental de l’individu ». A ce niveau
Jung et Leseinne s’opposent.
Pour Jung, le caractère nait de la réaction que manifeste l’individu à l’égard du monde extérieur.
On aura donc l’extraversion et l’introversion. L’extravertie extériorise ses sentiments et devient
par cela ineffaçable. L’introvertie est repliée sur lui-même, il masque toujours ses désirs.
René Leseinne par contre pense que le caractère est l’alliance de trois facteurs que sont :
l’émotivité (réaction immédiate et prolongée que nous manifestons en face des évènements),
l’activité (disposition à agir et être porté vers l’action) et le retentissement (degré d’influence
des évènements sur nous). De ces facteurs, Leseinne définit 8 types des caractères : colérique,
le passionné, le flegmatique, le nerveux, le sentimental, l’amorphe, l’apathique.
II- Les facteurs socioculturels
L’homme est toujours influencé par son milieu de vie, sa personnalité l’est aussi. Les éléments
socioculturels tels que la famille, la race, la culture forgent la personnalité de l’individu. Notre
personnalité est aussi fonction de notre éducation qui est un processus de formation d’un
individu et dont la finalité est la création d’un type d’homme. Karl Marx a montré que « chaque
individu est le produit des circonstances existentielles ; ou encore des conditions sociales dans
lesquelles il se trouve ». Ce n’est donc pas l’individu qui définit le tissu de sa personnalité, c’est
avec le concours de ses rencontres et fréquentations.

III- LES FACTEURS BIOLOGIQUES


Certains auteurs soutiennent que notre personnalité dépend d’un ensemble de
déterminants somatiques (corps) c’est-à dire des bases biologiques qui, nous caractérisent
et nous singularisent. Il s’agit des traits tels la taille, la couleur qui sont transmis
génétiquement et qui caractérisent un individu et font de lui un sujet unique par rapports
aux autres.

VI- VALEUR DE LA PERSONNE


Pour E. Kant la personne est une catégorie libre, raisonnable, morale, qui doit se soucier des
valeurs. Le respect de la personne doit s’imposer et se faire ressentir. La personne humaine
doit être respectée. C’est à la fois un devoir et un impératif catégorique. Car dit-il : « agis
de telle sorte que traite l’humanité, dans ta propre personne comme dans la personne de
toute autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un
moyen ». Le fait d’être la source de ses propres objectifs donne à l’homme une valeur en
soi. Il est en lui-même sa propre fin ou une valeur au-dessus de toutes les valeurs. C’est
pourquoi l’impératif catégorique nous interdit de traiter l’homme simplement comme un
moyen, car le traiter comme tel, c’est le traiter en dessous de sa dignité.
Pour Mounier la personne est une valeur absolue. Ainsi, elle est l’expression de la nature
véritable de l’homme qui exige un sentiment de grandeur, d’humanité et de respect.
Respecter l’homme l’aide à affirmer le plus complètement son humanité. La personne
humaine est digne de respect et de valeur. Elle est la valeur au-dessus de autres valeurs. En
tant que créateur et manipulateur des objets, il ne saurait être réduit à ceux-ci. C’est la raison
pour laquelle Mounier affirme que : « la personne n’est pas un objet ». Ce qui sous-entend
qu’elle est une valeur inaliénable.
CHAPITRE 6 : AUTRUI
INTRODUCTION
La question de l’altérité entre les hommes se posait avant tout pour les Grecs dans les termes
de la vie sociale et politique (l’étranger et le non-Grec considéré comme barbare). L’autre avait
bien une dimension humaine bien qu’elle ne soit jamais de l’individu isolé. Or, la vie au
quotidien nous prouve à chaque instant que nous ne sommes pas seul au monde. Il y a toujours
quelqu’un avec qui nous partageons le même espace, nos occupations et notre temps : c’est
autrui. Autrui, c’est l’autre, non pas tout ce qui existe hors de moi. Mais un autre moi, le non
soi, un moi qui n’est pas moi ; mon alter ego, ou mon semblable. Il est différent de moi, mais a
aussi les mêmes problèmes, les mêmes besoins et parfois les mêmes idées. Voilà pourquoi
Victor Hugo affirme que : « quand je parle de moi, je parle de vous, insensé qui crois que je ne
suis pas toi ». Tout homme fait donc la rencontre d’un autre et comprend qu’il doit coexister
avec autrui. Aucun ne peut vivre hors de l’existence commune car « nul n’est une ile » disait
Thomas Merton. Qui est autrui et comment le moi se situe-t-il par rapport à l’autre ? Y va-t-il
une différence fondamentale entre autrui et moi ? Un moi (conscience) peut-il communiquer
avec un autre moi(autre conscience) ?
I- LES MODES DE CONNAISSANCE D’AUTRUI
Les sciences humaines en générale se forcent d’étudier l’homme, cependant il est une
conscience en mutation, un être changeant ; on ne peut tenter qu’une reconnaissance de celui-
ci. Ainsi, notre connaissance ne peut être que conjecturale. Autrui est une conscience singulière,
il est un mystère dans la mesure où il est un libre donc imprévisible. Autrui peut se transcender,
se nier. L’une de caractéristiques essentielles de l’homme c’est de ne jamais être ce qu’il est
mais ce qu’il n’est pas. Dans ce sens Montaigne dira que : « l’homme est divers et ondoyant ».
La connaissance d’autrui est toujours partielle voire partiale. Néanmoins, il existe des
possibilités de connaissance de l’autre.
1- La connaissance par analogie
Pour Descartes, si la connaissance d’autrui est difficile, on peut la faire à partir de soi.
Malebranche pense ainsi que : « nous conjecturons que les âmes des autres hommes sont de
même espèce que la nôtre. Ce que nous sentons en nous même, nous prétendons qu’ils sentent ».
Par le raisonnement analogique je découvre le moi en l’autre, je trouve en lui les attitudes, des
sentiments, des manières d’agir et de réagir que j’ai déjà expérimentées comme étant les miens
dans les situations identiques.
2- La connaissance par le dialogue et le langage : la communication des consciences
Maurice Merleau-Ponty dans la Phénoménologie de la perception considère le dialogue et le
langage comme moyen permettant d’accéder à la connaissance de l’autre. Grace au langage qui
consiste à extérioriser ce que l’on a en soi on peut entrer en communication avec autrui et le
comprendre. « Dans le dialogue, je suis libéré de moi-même, les pensées d’autrui sont bien
siennes, ce n’est pas moi qui les forme, bien que je les saisisse aussitôt nées ». Ce propos de
Merleau-Ponty présente le lien qui s’établit entre le moi et son interlocuteur. Il ajoute que :
« dans l’expérience du dialogue, il se construit entre et autrui moi un terrain commun, ma
pensée et la sienne ne font qu’un seul tissu ». La communication favorise une transmission des
émotions et des intentions que l’on partage avec autrui qui s’ouvre à moi et par cette
communication se laisse appréhender.
3- La connaissance par intuition
Du latin intuitere (regarder dedans), l’intuition exprime un mode de connaissance qui consiste
à pénétrer directement et immédiatement dans l’intimité de l’autre. Il s’agit d’une connaissance
directe et immédiate par laquelle on manifeste une sympathie avec son objet. Mais l’intuition
s’avère trop intellectualiste, peu fiable et incertaine. Elle n’offre aucune garantie véritable.
4- La confiance
La connaissance de l’homme en générale et de l’autre en particulier est frappée du sceau de la
complexité. Montaigne dit que : « l’homme est divers et ondoyant ». Ondoyant par son constant
changement et divers par notre infinité des différences. Mais en accordant du crédit et de la
confiance à l’autre on le met dans une situation où il peut nous rendre le pareil en nous livrant
ses secrets. Dans une relation intersubjective harmonieuse, il faut savoir s’accepter et se faire
confiance.
Bien que la connaissance d’autrui soit imparfaite nous entretenons des rapports existentiels
d’où la question de l’intersubjectivité.
II- L’INTERSUBJECTIVITE OU LA QUESTION DES RAPPORTS AVEC
AUTRUI
L’intersubjectivité renvoie aux relations existant entre plusieurs sujets et s’utilise pour
caractériser les rapports que les individus entretiennent entre eux. Il est question dans cette
partie de présenter les types de rapports qui peuvent exister entre les individus.
1- La rencontre affective
L’affectivité est l’ensemble des dispositions que nous avons à l’égard d’autrui. En un mot
c’est le sentiment à partir duquel nous formons nos rapports à autrui.
a) La sympathie
C’est une relation entre individus qui se manifeste par une adhésion de l’un à l’autre
ayant en partage les mêmes peines et les mêmes expériences. André Lalande dans le
Vocabulaire technique et de la philosophie, la comprend comme ce qui : « crée chez
deux ou plusieurs individus des dispositions affectives analogues ». Elle prend plusieurs
formes :
- La camaraderie : elle se traduit par une relation de deux ou plusieurs personnes
autour d’une même tache ou œuvre qu’elles accomplissent ensemble. Le prétexte de
la camaraderie est toujours extérieur au sujet. Cela fait dire à Jean Lacroix que « le
but de la camaraderie c’est ce que l’on fait ensemble et non ceux qui le font ». C’est
donc une relation de circonstance, passagère et liée au temps et au but recherché
ensemble.
- L’amitié : il s’agit d’une relation entre deux ou plusieurs personnes se fondant sur
une estime réciproque. C’est une disposition bienveillante à l’égard d’autrui,
accompagnée de la confiance, et la recherche de ce qui me manque. Autrui dans
cette mesure devient un confident, un conseiller un guide, un consolateur. Dans ce
sens J.P Sartre déclare que « autrui est le médiateur indispensable entre moi et moi-
même ». De même Aristote souligne la valeur de l’amitié en affirmant que : « sans
amis, nul ne voudrait vivre, même étant comblé de tous les biens ».
- L’amour : c’est une relation entre personnes qui partagent les mêmes sentiments, les
mêmes épreuves, les mêmes expériences. Il évacue en son sein toutes sortes
d’intérêts et de rapport au risque de devenir une dépendance ou une coopération.
C’est alors un sentiment d’abandon à autrui, d’estime et de solidarité au point
où Emmanuel Mounier déclare : « je n’existe que dans la mesure où j’existe pour
autrui ; à la limite c’est être aimé ».
Au vu de ce qui précède, nous sommes contraints de partager, notre existence avec nos
semblables. Seydou Badian nous fait savoir que « l’homme n’est rien sans les hommes ; il
vient dans leurs mains, il s’en va dans leurs mains ». La personne humaine ne peut être une
insularité, elle est collégialité et coexistence. Cette coexistence n’est pas toujours pacifique.

2- Le conflit et la rivalité

a- Infernale relation avec autrui


Jean-Paul Sartre dans Huis clos affirme : « l’enfer c’est les autres », autrement dit, mon
malheur vient d’autrui. Pour lui, les relations intersubjectives sont essentiellement
conflictuelles et débouchent sur la confrontation et la rivalité. La rencontre avec notre semblable
se construit toujours à travers le conflit et les oppositions dues aux différences et l’aspiration à
la survie réciproque. Il ajoute que : « l’essence de relations entre les hommes ce n’est pas la
communication mais le conflit ». La présence d’autrui est gênante, elle perturbe mon existence.
La présence de mon semblable instaure la guerre, la trahison, la peur et la méfiance. Cela fait
dire à Sénèque que : « chaque fois que l’on va vers les hommes, on en revient moins homme
qu’on ne l’était ». Cette relation infernale avec autrui s’aggrave à cause de la rareté et le besoin.
Je dois satisfaire mes besoins, mais autrui a parfois les mêmes besoins. Cette lutte pour la
ressource est parfois à l’origine des guerres et des conflits de tous genres.
b- Le regard
Le regard que porte sur moi autrui est dangereux et dégoutant en ceci qu’il emprisonne ma
liberté et ravie mon intimité. Je suis jugé, observé et contrôlé de l’extérieur, ce fait d’être vu me
néantise. Jean Paul Sartre fait ce constat lors qu’il déclare que : « le regard d’autrui me chosifie ;
tout en me chosifiant, me méprise et me néantise ». En me regardant, autrui s’impose comme
véritablement hors de moi, capable d’empêcher mon épanouissement. Paul Valery le dit non
sans raison que : « si le regard pouvait tuer si, le regard pouvait féconder, la rue serait pleine
des cadavres et des femmes enceintes ». Enfin puisqu’autrui peut me reconnaitre, j’ai honte, il
sait ce que je suis comme transparent et sans âme. Il m’oblige donc à revoir ma conduite et à
reformer mon attitude.
CONCLUSION
En définitive, la rencontre et la connaissance d’autrui ne vont pas de soi. Puis qu’autrui
représente à la fois une conscience identique à la mienne, une liberté, une altérité et un alter
ego. Il n’est donc pas aisé de dire ce qu’il est, car il peut mentir, et faire semblant en ma
présence. Mais je dois être attentif dans nos échanges à travers la communication et les émotions
que nous pouvons partager pour le saisir. Le destin de l’homme est de mener une vie en
communauté avec son alter ego par la collaboration et la cohabitation. Nous devons surtout
reconnaitre et respecter les différences grâce à la culture de la tolérance. Saint Exupéry déclare
dans ce sens que « quand tu diffères de moi, loin de me léser, tu m’enrichis »

CHAPITRE 7 : LA MORALE

LECON 1 : DEFINITION ET FONDEMENTS DE LA MORALE


I- DEFINITION DE LA MORALE
La morale est à la fois un concept et un fait qui occupe une place de choix et constitue par-là
même le noyau de la réflexion philosophique. Du latin mores qui veut dire mœurs, la morale
désigne l’ensemble des règles qui sont proposées et admises comme valables par un groupe à
une époque. C’est l’ensemble de règles, des conduites et des valeurs auxquelles un individu se
soumet et qui doivent être respectée sans condition. Armand Culllivier la conçoit comme : « une
théorie générale conçue sous la forme normative de l’action humaine en tant qu’elle est soumise
au devoir et a pour but le bien »
En d’autres termes la morale est un ensemble de principes et de notions qu’une communauté se
donne pour orienter son action vers le bien.

II- LES FONDEMENTS DE LA MORALE

1- La morale : une émanation de la nature humaine


La nature de l’homme le prédispose à vouloir ce qui est bien pour lui-même, pour son semblable
et pour tous les êtres de la nature. J.J Rousseau reconnait en chacun des hommes une disposition
naturelle qu’il appelle « instinct divin » qui fonde la bonté naturelle de chaque être humain. Cet
instinct n’est rien d’autre que la conscience. Il magnifie cette dernière dans cette affirmation :
« Conscience ! Conscience ! Instinct immortel et céleste voix (…) juge infaillible du bien et du
mal qui rends l’homme semblable à Dieu, c’est toi qui fais l’excellence de sa nature et la
moralité de ses action ».
La conscience par ses dispositions révèle à l’homme le bien et le mal. Sa raison lui permet
de juger du bien et du mal. Agir moralement revient à poser des actions conformes aux principes
de la Droite Raison qui permettent de juger de la moralité de nos actions. Ainsi, l’homme étant
doté de raison et de conscience, la moralité dépendrait de sa nature raisonnable et consciente.
Alors, si la faculté morale est intérieure à l’homme et donc commune à tous, comment
comprendre les divergences dans la conduite des actions humaines ? La morale n’aurait-elle
pas pour fondement les éléments culturels ?

2- Les éléments culturels comme fondement de la morale


La morale peut être considérée comme la résultante des conventions sociales définies à travers
des normes, les mœurs, etc. Ses principes sont déterminés par la culture, les croyances, les
conditions de vie et les attentes de la société. Celles-ci guident les actions de l’homme. Ce
dernier afin d’être en harmonie avec ses semblables est appelé à adapter et conformer ses
conduites aux règles de vie commune. En ce sens, la morale serait relative à chaque société.
C’est ce que tente de démontrer Pascal lorsqu’il dit que : « le bien et le mal, le juste et l’injuste
sont jugés par rapport à l’endroit où on se trouve ». Et E. Durkheim dira que : « la morale est
étroitement en rapport avec la nature de sociétés (…) elle change quand les sociétés changent ».
Ainsi donc l’homme considéré comme une cire vierge (Tabula Rasa) à la naissance façonne sa
personne en s’appuyant sur la société ceci dans le respect de règles communes. Le milieu social
à travers l’éducation et la socialisation garantit l’action morale de ses membres.
A la question de savoir si l’on doit manifester une confiance absolue aux règles sociales,
Cicéron répond : « ce qu’il y a de plus insensés c’est de croire que tout ce qui est réglé par les
institutions ou les lois des peuples est juste ». Alors le moralement bon n’est-il pas une affaire
d’intérêts ?

LEÇON 2 : LES MORALES DE L’INTERET ET LA MORALE DU DEVOIR

Citation 1 : « Nous ne pouvons jamais choisir le mal. Ce que nous choisissons, c’est toujours
le bien, et rien ne peut être bien pour nous sans l’être pour tous ». Jean Paul Sartre,
L’existentialisme est un humanisme.

Citation 2 : « L’acte moral est conditionné par le profit qu’il procure…Pas d’intérêt, pas
d’action ». Jérémy Bentham, Introduction au principe de la morale et de la législation.

JUSTIFICATION DE LA LECON :

Cette leçon te permettra d’identifier le fondement des morales de l’intérêt, afin de les
éviter en menant une existence individuelle, collective et harmonieuse.

Introduction

La nature humaine étant essentiellement belliqueuse comme nous le démontre Thomas Hobbes
dans LEVIATHAN, il n’est pas toujours évident d’envisager entre les hommes des actions
dénuées de toute inclination ou de tout penchant. Ainsi, par morales de l’intérêt on peut entendre
un ensemble de conduite visant à atteindre un bien particulariste et égoïste. Ici l’acte moral ne
revêt pas un caractère universel, en tant qu’il ne vise pas le devoir au sens propre du terme.
Toute chose qui laisse entrevoir le problème de leur nature, mieux de leur fondement. Dès lors,
comment se caractérisent les morales de l’intérêt et que visent-elles ?
I-L’EPICURISME (Doctrine d’Epicure 341-270 av. J.C)

Encore appelée l’hédonisme ou morale du plaisir, l’épicurisme se conçoit comme l’oubli de


la souffrance et de l’incertitude. Dans l’épicurisme, une action n’est morale que lorsqu’elle est
déterminée par l’assouvissement de nos plaisirs d’une part et la maîtrise de nos états d’âme
d’autre part. Ici le plaisir est la base de toute action morale. Aussi Epicure dira-t-il : « le plaisir
est le commencement et la fin de toute vie heureuse » (Les maximes fondamentales).

Seulement, même si le plaisir est le bien, la sagesse recommande à l’homme de se contenter


autant que possible, des plaisirs naturels et nécessaires (manger, boire, dormir, etc.…) qui
n’engendrent que d’autres plaisirs et qui sont faciles à acquérir, et éviter la douleur pour
atteindre ainsi le bonheur qui est l’absence de trouble. C’est ce bonheur qu’Epicure appelle
« ataraxie ». Celui-ci conduit ainsi l’esprit humain au repos absolu. Pour lui l’homme doit
s’abstenir de s’accrocher aux autres plaisirs (naturels et non nécessaires ; non naturels et non
nécessaires), car cela pourrait troubler son âme. L’homme doit selon Epicure fuir toutes les
épreuves de souffrances pour ne rechercher que ce qui lui procure du plaisir ; c’est la raison
pour laquelle il nous invite à orienter nos plaisirs en fonction de leur nécessité naturelle et dans
le strict minimum. Aussi va-t-il conclure : « un peu de pain, un peu d’eau, un peu de paille ».

Ainsi présenté, le bonheur épicurien n’envisagerait-il pas l’eudémonisme ?

II- L’EUDEMONISME (ARISTOTE 384-322 av. J.C)

Du grec « eudaimonia » qui signifie bonheur, l’eudémonisme est une théorie


philosophique selon laquelle le but de l’action est le bonheur, conçu non comme quelque chose
de sensible, mais comme une valeur intellectuelle, en tant que souverain bien. Il s’en suit donc
que le bonheur est procuré par la raison découvrant et contemplant la vérité. Ici un acte est dit
moral lorsqu’il pose comme principe fondamental, le bonheur comme but premier de la vie.
C’est dire que la recherche du bonheur, en tant qu’état d’une satisfaction complète est inhérente
à la nature humaine. Aristote recommande à ce titre le juste milieu en toute chose ; car la
recherche du bonheur doit être mesurée et modérée pour éviter de donner raison à Blaise Pascal
qui pense qu’une quête incontrôlée du bonheur intellectuel ou spirituel (paix de l’âme), peut
parfois se situer aux antipodes de la conduite morale en devenant préjudiciable à la vie.
Puisque : « Tous les hommes recherchent le bonheur, même ceux qui vont se pendre »
(Pensées). Dans cette remarque de Pascal, on comprend clairement que la définition du bonheur
est vague et controversée. Si tel est le cas, que dire donc de la morale utilitariste ?

III- L’UTILITARISME

C’est une morale qui est défendue par Jérémy Bentham (philosophe-économiste-
juriste anglais 18e siècle) et John Stuart Mill (philosophe-logicien économiste anglais du
19e siècle). En effet, l’utilitarisme est une théorie philosophique qui fonde l’acte moral sur le
principe d’utilité. Il faut entendre par là, la recherche et la possession de tout objet auquel on
peut obtenir un profit, un avantage ou mieux un intérêt. C’est dire qu’ici, un acte n’est moral
que lorsqu’il est conditionné par l’intérêt qu’il procure. C’est fort d’une telle évidence que
Jérémy Bentham affirmera dans Introduction au principe de la morale et de la législation :
« Pas d’intérêt, pas d’action ». Dans l’utilitarisme, l’acte moral doit absolument viser un bien
ou un bonheur, c’est pourquoi il prétend que la bonne action, la meilleure, est celle qui est utile.
L’action utile, c’est celle qui accroît notre bonheur, notre épanouissement et non celle qui le
démunie. D’où la recherche intelligente du profit par un calcul rationnel des intérêts. Mais
l’intérêt doit-il nécessairement fonder l’acte moral ? L’homme serait-il aussi égoïste et
individualiste au point de perdre toute vertu dans l’intérêt ?

De ces questions, il ressort clairement que les morales de l’intérêt, parce qu’elles visent un bien
particulier, un bien contingent et relatif, ne peuvent véritablement pas contribuer à bâtir une
société respectueuse des valeurs fondamentales qui caractérisent la cohésion sociale. Puisqu’en
réalité, si au lieu de faire le bien les individus préfèrent plutôt se faire du bien, se faire plaisir,
il n’est pas possible dans ces conditions de garantir le souverain Bien ; encore que comme nous
le dit Rousseau dans Du Contrat social : « Quand chacun fait ce qui lui plait, on finit par
faire ce qui déplaît aux autres ». En même temps, fonder la morale sur l’intérêt peut s’avérer
dangereux dans la mesure où la poursuite des intérêts individuels court le risque d’aboutir aux
conflits d’intérêts mettant en péril l’harmonie et la paix sociales. Un tel constat revient sans
conteste à déduire enfin de compte que les morales de l’intérêt sont limitées et subjectives. A
ce titre, ne devient-il pas possible de penser une morale qui pourra transcender ces
particularismes égoïstes pour s’ériger en norme universelle ? Autrement dit, la morale du devoir
pourrait-elle réussir ce pari ?

IV- LA MORALE DU DEVOIR

Pour Kant la raison est la faculté législatrice universelle sur laquelle se fonde l’acte moral. Le
respect de la loi s’impose à nous comme un devoir. Agir par devoir c’est faire le bien sans aucun
intérêt ni bénéfice. Il suppose que « la morale n’est pas à proprement parler une doctrine qui
nous enseigne comment nous rendre heureux mais comment nous rendre digne de bonheur ».
LE formalisme suppose que ce qui compte dans la moralité, ce n’est pas l’acte posé mais
« l’intention provenant de la bonne volonté ». Le rigorisme kantien distingue l’impératif
hypothétique dominé par le sentiment (agis si tu veux, agis si cela te plait) de l’impératif
catégorique (fais ton devoir par ce que c’est la loi). La morale de Kant s’appuie sur trois
principes.

1- L’universalité

Avant de poser un acte l’individu doit se poser suivante : « et si tout le monde en faisait
autant ». De là vient la première maxime : « agis de telle sorte que la maxime de ton action
soit érigée en règle universelle ». Nous devons toujours la portée de notre geste et rester
impartial dans nos décisions.

2- Le respect de la personne humaine

La personne humaine est une valeur suprême que l’on ne doit ni bannir ni exploiter
abusivement. D’où la deuxième maxime : « agis de telle que tu traites l’humanité aussi bien
dans ta personne que dans la personne de toute autre toujours en temps comme une fin et jamais
simplement comme un moyen ». L’on ne doit jamais se servir des autres pour arriver à nos fins.

3- L’autonomie de la volonté

Pour Aristote « on doit donc pour qualifier une action de volontaire ou involontaire se réfère
au moment où elle s’accomplit » pour savoir si elle est accomplie par contrainte ou par
ignorance. Kant veut créer une république des fins où tout le monde respecte la loi. Il faut
intégrer la loi dans sa conduite comme ses propres règles de vie. Ne plus ressentir la pression
de la loi sur nous comme contrainte. D’où la troisième maxime : « agis de telle sorte que tu te
considères comme législateur et sujet dans un règne des fins ».

CONCLUSION

De l’analyse précédente portant sur le fondement et la finalité des morales de l’intérêt, nous
sommes en droit de dire en définitive que les morales de l’intérêt, parce qu’elles visent un bien
individualiste et relatif, ne sauraient se poser comme des morales au caractère universel ; surtout
si tant est que la morale reste et demeure un mode de conduite exemplaire. Cette morale
exemplaire c’est celle du pouvoir.

CHAPITRE 8 : LE DROIT ET LA JUSTICE

INTRODUCTION
Justice et droit sont deux termes très proches. Le mot justice par exemple vient du mot latin jus
qui signifie le droit. Ainsi le terme justifie signifie dans son acception le plus large, le respect
du droit, la conformité. A partir de là peuvent se dégager deux sens : la justice peut renvoyer à
l’institution judiciaire et à une notion morale. Car comme la morale, le droit s’intéresse au
permis et au défendu. Le droit provient de la volonté de rectifier les injustices par l’équité. La
justice est par cela liée au droit par le principe d’équilibre et de rectitude. Quel sens peut-on
donner à ces deux concepts ? Quels peuvent les fondements du droit et de la justice ?

I- DEFINITION DU DROIT ET DE LA JUSTICE

1-Le Droit
Dans son sens général, le droit désigne ce qui permis et qui conforme à la loi, une règle
universelle s’appliquant à tous. La loi prescrit ce qui aux personnes le permis et le défendu et
les sanctions éventuelles en cas de violation.
Le droit est également l’ensemble des normes qui s’imposent à une société humaine et au nom
desquelles la justice est rendue. Il a pour but d’éviter les inégalités, d’assurer l’arbitrage entre
les hommes, la coexistence pacifique.
2-La justice
Le mot justice est dérivé du latin justicia qui signifie « droit ». La justice traduit ce qui est
conforme au droit. Elle prône l’égalité, de proportion ou d’équivalence entre les hommes et
comme tel implique le respect de la personne humaine et le devoir de le défendre.
La justice est un principe moral et rationnel qui exige la reconnaissance et le respect du droit
de chacun. Elle e peut aussi designer l’institution du pouvoir judiciaire chargée d’appliquer le
droit, de faire respecter, de sanctionner les contrevenants et de réparer les torts subis par les
victimes de l’injustice.
Par ailleurs, elle est selon Baruch Spinoza : « une disposition constante de l’âme à attribuer à
chacun ce qui d’après le droit lui revient ».

II- LES FONDEMENTS DU DROIT

Le cadre de vie familial ou social est de plus en plus le lieu de production de spectacle
regrettable de bataille de chef. Plusieurs personnes estiment que le statut de chef doit revenir à
celui qui est financièrement ou matériellement nanti au détriment des chefs légitimes, des ainés
dont les droits sont bafoués. A cela s’ajoute certaines lois partiales et subjective souvent
querellées et par conséquent illégitimes. Cela est souvent à l’origine des querelles multiples.
Alors, sur quoi doit-on fonder le droit ?
1- Les lois comme fondements du droit
La vie sociale pour être harmonieuse nécessite de règles ou des codes écrits et valables pour
tous appelés droit positif. Ce dernier est issu des règles en vigueur dans une société. Il est
l’expression de ce qui est légal c’est-à-dire qui renvoie à la législation. Les lois écrites ou
positives par leur caractère contraignant s’imposant à tous vise à préserver l’égalité des
hommes. Elles sont Rousseau de la « volonté générale » c’est-à-dire une volonté de tous unis
par intérêt commun. A ce titre elles doivent être les seules à fonder le droit.
Cependant l’on est en droit de se demander si ce qui est légal est-il toujours juste ou encore
le droit positif tel qu’il fonctionne dans nos pays est-il en accord avec la légitimité ? Car
certaines décisions de justice sont qualifiées d’injustes et certaines lois partiales par des
particuliers. Ces derniers n’hésitent pas souvent de recourir à la force pour fonder le droit.

2- La force comme fondement du droit


Le droit suppose l’idée de la force imposée à quelqu’un, c’est l’idée de pouvoir. Le droit, c’est
la force mis en exergue. Certains philosophes pensent que le droit n’est que l’expression de la
force.
Thomas Hobbes pense qu’à l’état de nature tout comme à l’état civil, le droit se ramène à la
force. Pour lui, à l’état le droit dépend de la force de chacun tandis qu’à l’état civil en tant que
force suprême qui détermine le droit. La loi qu’il établit tire sa légitimité du fait qu’il est le
plus fort.
Spinoza pense également que le droit est l’expression de la force à l’état de nature. Pour lui,
les gros poissons ont le droit de manger les petits. Il affirme dans ce sens que : « le droit dont
jouit chaque individu est mesuré par le degré de sa puissance ». Karl Marx ne s’éloigne pas de
cette vision lorsqu’il pense que la classe dominante établit des lois en sa faveur et les impose
afin de pérenniser sa domination. Le droit s’appréhende donc comme une sorte de lutte qui
consiste à valoriser le triomphe des plus forts et le périssement de plus faibles. C’est ce qui
justifie ce propos de la fontaine : « la raison du plus fort est toujours la meilleure ».
III- LES FORMES DE JUSTICE
Nous retenons ici trois formes de justice.
1- La justice commutative
Elle repose sur l’égalité de type mathématique ou arithmétique. Entre deux personnes égales,
les biens échangés doivent avoir la même valeur. Sa devise : « à chacun une part égale ».
2- La justice distributive
Elle s’applique dans la répartition des avantages des honneurs dans un groupe selon le mérite,
d’autant plus qu’il serait injuste de donner autant à l’homme méritant qu’à celui qui vaut moins.
Sa devise est : « à chacun selon son mérite ».
3- La justice rectificative
C’est une justice est rendue en proportion de la faute commise. Elle trouve son expression la
plus haute dans la loi de Talion « Œil pour œil, dent pour dent ».

IV- LA JUSTICE COMME FINALITE DU DROIT


Le souci de justice motive la formulation du droit. On peut voir dans cette formulation surtout
dans acception positif un code pour tenter une existence harmonieuse pour plus de justice entre
les hommes. Platon disait que « la loi défend les faibles contre les forts ». C’est pour cela que
la justice doit être l’expression de la volonté générale, par ce qu’elle vise la protection de tous.
Le droit impose à tous l’égalité devant la loi et la soumission aux mêmes contraintes pour
tous. L’article 6 de la déclaration universelle des droits de l’homme dit ceci : « la loi est
l’expression de la volonté générale. Elle doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit
qu’elle punisse ». C’est le droit qui garantit l’expression des libertés dans une société. Une
société sans loi fonctionnerait comme à l’état de nature sans justice ni sanction. C’est ce qui
justifie cette affirmation de J-J Rousseau : « l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est
liberté3 ». Tout regroupement humain doit faire valoir l’expression du bon sens c’est-à-dire la
raison à travers la mise en place des lois visent la stabilité de la vie communautaire. Il
conclut que : « les sociétés ont besoin des lois comme les vieillards des béquilles »

CONCLUSION
La justice et le droit sont les deux piliers de la vie sociale. Pour survivre à l’hostilité de ses
semblables, les hommes ont trouvé important de fonder la vie collective sur des lois qui
s’imposent à tous. Ces règles ont pour finalité la justice, l’égalité, l’équilibre dans la société.

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