Le Monde Des Magnétiseurs, Vous Avez Dit Magnétisme Docteur - Denis Piotte (2022)

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 253

Le

Monde
des
magnétiseurs
Direction éditoriale : Hélène Tellier
Conseil éditorial : Joseph Vebret
Suivi éditorial : Anne-Sophie de Tarragon
Conception graphique : Vivien Therme/Francis Rossignol
Composition : Atlant’Communication

© 2021 Losange / Christine Bonneton éditeur, 2 rue du Colombier


– ZA Les Vignettes, 63400 Chamalières – France.
www.editions-bonneton.com

ISBN : 978-2-3848-7028-8
Dépôt légal : janvier 2021
« On a trop longtemps vécu sur l’idée simpliste de l’Homo sapiens,
Homo faber, l’homme rationnel, l’homme technique. Or l’homme est
«homo sapiens homo démens». Cela ne veut pas dire qu’il y a cinquante
pour cent de raison et cinquante pour cent de folie et qu’il y a une
frontière entre les deux. Cela veut dire que nous avons ces deux polarités
et qu’il n’y a aucune frontière entre les deux.
Il y a autant besoin, pour vivre une vie pleinement humaine, de raison
que d’amour et d’émotions, de connaissance scientifique que de
mythes ».

Edgar Morin, Le paradigme perdu : la nature humaine, 1973


Je dédie ce travail à tous ceux qui m’ont aidé à me construire.
À mes parents en particulier, qui nous ont transmis les valeurs
essentielles de solidarité, de fraternité. À eux qui nous ont encouragés à
partager sans diviser, et qui nous ont légué en héritage une forme de
sagesse : l’acceptation de la vie en nous apprenant à nous réjouir de ce
que l’on possède, sans désirer davantage.
PRÉFACE

« Le commencement de toutes les Sciences, c’est


l’étonnement de ce que les choses sont ce qu’elles sont »
Aristote

L’ouvrage du Dr Piotte est un bel exemple de la nécessaire ouverture


d’esprit d’un médecin, riche d’une expérience clinique déjà ancienne.
L’objectif n’est pas d’apporter telle ou telle caution à l’exercice singulier du
magnétisme. Mais il s’agit de comprendre la place actuelle dans les soins.
Parti d’un simple constat, le recueil d’un nombre important d’observations
nous amène à nous interroger sur le sens de nos pratiques. Avons-nous
réellement une dimension intégrative pour une mission innovante de la
médecine. Ici c’est observer, mais ce n’est pas prouver. « Dans le champ de
l’observation, la chance ne sourit qu’aux esprits bien préparés » (Louis
Pasteur). Le magnétisme interroge, surprend ou irrite, mais une demande
historique perdure. C’est là que le médecin entre dans ce champ. Souvent
peu averti de toutes les pratiques annoncées comme alternatives, il occupe
une place centrale en œuvrant pour une complémentarité des soins et non
l’alternatif. Il retrouve ainsi le sens même de la médecine traditionnelle
décrite par l’OMS. Si les médecins ne saisissent pas l’occasion d’apporter
de nouvelles dimensions en toute sécurité, et en recherchant la validation de
leur art, ils s’éloigneront de leur vocation. « La santé c’est une marge
d’intolérance des infidélités du milieu » (Georges Canguilhem).
L’ouvrage du Dr Piotte doit conduire à nous interroger sur le sens de
l’évolution des soins, tout en gardant très haut l’importance des progrès.
S’interroger, rechercher et tenter de comprendre sans dogmatisme est bien
au cœur d’un « humanisme » de la médecine.
« Connaître, ce n’est point démontrer, ni expliquer. C’est accéder à la
vision. » (Antoine de Saint-Exupéry)

Professeur Jacques Kopferschmitt


PRÉAMBULE

« Vous avez dit magnétisme, docteur ? » Tel était le titre de l’article que
m’avait consacré Christine Rondot, journaliste à L’Est républicain, après
que j’eus présenté en faculté de médecine de Besançon un travail de
recherche et de thèse intitulé précisément « Place du magnétisme dans
l’offre de soins en médecine générale, à propos d’une rencontre avec 25
magnétiseurs-guérisseurs et 120 médecins généralistes de l’aire urbaine
Nord Franche-Comté ».
Après cette présentation en faculté, j’ai été sollicité pour animer ici ou là
des conférences sur le sujet exposé.
Je me suis rendu compte assez vite que le sujet intéressait beaucoup de
monde.

De nombreux ouvrages ont été publiés sur le monde des guérisseurs : très
peu l’ont été par des médecins.
Mon livre de recherche, bien que d’allure plutôt académique, s’est vendu
sur le site du GNOMA.
Je me devais de poursuivre mon travail, mais de le présenter sous une
forme plus légère et plus accessible. Aussi l’ai-je remanié en allégeant les
passages trop techniques et en y ajoutant les réflexions nées de mes
rencontres avec le public.
Je dois avouer que j’ai repris en 2020 mon texte élaboré en 2018 et 2019.
En effet, après l’épidémie de Covid-19 survenue début 2020, il me fallait
intégrer des enseignements tirés de cette crise sanitaire sans précédent et qui
a mis en lumière la formidable mobilisation de nos services de soins, mais
aussi l’impression de doutes et d’incertitudes laissée par la science.
POURQUOI UN TRAVAIL DE THÈSE ?

On pourrait raisonnablement se demander ce qu’un médecin généraliste de


64 ans, en fin de carrière, ayant exercé pendant plus de trente-sept ans en
cabinet, a pu trouver comme intérêt à entreprendre un travail sur un sujet
controversé, source de polémiques et de débats parfois passionnels au sein
du corps médical, et qui explore les relations entre la médecine et les
magnétiseurs.
Rien ne me prédisposait à m’engager sur cette voie de recherche.
J’exerce depuis le début de ma carrière professionnelle une médecine très
conventionnelle ; je n’ai jamais utilisé l’acupuncture, l’homéopathie ou
toute autre thérapie alternative.
C’est la conjonction de trois éléments qui m’a amené à envisager cette
recherche : un constat, une découverte et des circonstances.

Le constat
Après bientôt quarante ans de pratique médicale, il me faut reconnaître
que notre médecine conventionnelle a connu des progrès fantastiques ces
dernières décennies avec, à la clef une espérance de vie qui est passée en
France, de 45 ans en 1900 à 82,2 ans en 2019 pour les hommes et 85 ans
pour les femmes.
Ces progrès, liés en particulier à la révolution de l’informatique, ont été
spectaculaires dans toutes les sphères de la santé : en matière de
diagnostics, de thérapies, dans le domaine des neurosciences, des
biotechnologies, des thérapies géniques, de la procréation, de la chirurgie
devenue moins invasive puis robotisée maintenant, etc.
Je pourrais multiplier les exemples sur plusieurs pages.
J’aurai d’ailleurs, personnellement vécu ces progrès étonnants, en
constatant qu’en 1974, alors que je débutais mes études médicales,
l’échographie, par exemple, n’en était à ses balbutiements !
Cette médecine rationnelle, rigoureuse, scientifique a fait ses preuves en
s’appuyant sur des protocoles ou des recommandations établis, fondés sur
des paradigmes reconnus de tous et qui permettent assurément d’améliorer
nos conditions d’exercice. Avec le risque cependant d’une forme
d’intelligence artificielle qui prenne le pas sur l’humain !
Une médecine magnifiée dans l’esprit de certains ; dont on attend
beaucoup, beaucoup trop parfois à mon sens, et qui pourrait laisser croire
que l’on a résolu toutes les maladies et que l’on n’est plus du tout
vulnérable face à la maladie ; ce qui n’est pas le cas, bien entendu.
La population, imprégnée des découvertes de la science par les médias, ne
comprend pas toujours que pour faire un diagnostic, il faut une démarche,
un raisonnement et que les mots magiques de scanner ou IRM ne suffisent
pas toujours à régler un problème de santé… et qu’en 2020, une grippe
nécessitera, malgré toutes les thérapeutiques proposées, une semaine de
repos complet !
La crise sanitaire de la Covid-19 de 2020 aura permis de rappeler d’abord
la vulnérabilité de l’homme : un petit virus, malgré les progrès de la
science, a mis le monde à genou entraînant des centaines de milliers de
morts et a rappelé la nécessité de faire preuve d’humilité face à la maladie.

Mais elle a mis en lumière également les difficultés pour arriver à un


consensus. La confiance en la science a été quelque peu écornée, laissant
une impression de doute, voire de méfiance. Cette crise a permis en
définitive de montrer à la population que notre discipline reste au
XXe siècle une science pas nécessairement exacte, qui s’apparente toujours,
malgré ses indéniables progrès, à un art.

Une médecine iatrogène : les chiffres sont là ; 128 000 hospitalisations par
an en France liées aux médicaments avec 20 000 décès à la clef.
Et je n’évoque pas les scandales du type Mediator qui ont semé le doute
dans la population, avec in fine des taux d’inobservance thérapeutique
jamais connus jusqu’alors, qui traduisent une certaine défiance envers les
médicaments. Cette défiance, je la perçois très nettement depuis plusieurs
années dans ma pratique quotidienne de médecin généraliste : les patients
scrutent beaucoup plus qu’avant les contre-indications, les effets
secondaires des thérapies… et puis il y a internet !

Médecine hyperspécialisée, segmentée, fragmentée qui nous permet


d’avoir recours à des médecins très compétents dans leurs domaines
respectifs, mais qui, et c’est le pendant de cette tendance, s’éloignent de
l’individu dans sa globalité.
Ce qui n’exclut pas une médecine qui peut se montrer formidable de
générosité et de solidarité, comme on l’a constaté lors de la crise du
coronavirus avec des engagements extrêmement émouvants venant de notre
corps soignant.
Une médecine qui montre ses limites, ne serait-ce que les limites
financières : il suffit d’évoquer le malaise ressenti dans les hôpitaux publics
qui manquent parfois cruellement de moyens dans certains services. Mais
aussi limites thérapeutiques pour toutes ces maladies fonctionnelles, sources
de véritables souffrances, dans une société de plus en plus tendue qui ne
laisse plus beaucoup le temps à l’écoute. Ces maladies qu’il nous faut bien
étiqueter (comme la spasmophilie jadis, la fibromyalgie maintenant…). Ces
troubles fonctionnels qui nous désemparent parce que nous n’avons
toujours pas de solutions à proposer.

Et l’on assiste, dans ce contexte, à une multiplication de ces salons du


bien-être qui fleurissent avec beaucoup de succès ici ou là, à une
prolifération de ces journaux ou livres traitant de ces thérapies alternatives
complémentaires.
Ces pratiques non conventionnelles, qui ne font que croître dans notre
société, correspondent à une demande de plus en plus importante des
patients et nous interrogent sur les limites et les bénéfices de notre
médecine standard.
Ces pratiques qui n’ont pas donné, loin de là, les preuves scientifiques de
leur efficacité, qui ne sont pas toujours rationnelles, mais qui ont souvent en
commun une approche holistique de l’individu : l’humain pris dans sa
globalité et perçu en tenant compte des liens qui unissent le corps, l’esprit et
l’environnement dans lequel il évolue.

La découverte
La seconde raison de ma démarche est la découverte d’une certaine forme
de prédisposition personnelle qui m’a amené à pratiquer l’art du sourcier
dans un premier temps, puis celle « d’apprenti magnétiseur » dans un
second temps, avec une véritable interrogation par rapport à mes acquis
enseignés dans un esprit empreint de rigueur.
La découverte de ces phénomènes, qu’on pourrait qualifier de
paranormaux, m’a inévitablement interpellé dans mon raisonnement de
médecin éduqué dans une forme extrêmement classique et scientifique de la
médecine.
Interpellé est un euphémisme : je dois dire que le médecin rigoureux que
je pense être, a été éberlué, stupéfait… et même stupéfié par certaines
expériences personnelles de magnétisme.
Les rencontres, les partages avec des magnétiseurs, des guérisseurs, les
témoignages troublants de patients apaisés, soulagés, voire guéris de
certaines maladies lors de séances de magnétisme, m’ont convaincu que je
devais m’interroger à la lumière de ma très modeste expérience de
magnétiseur et de ma réelle expérience de médecin généraliste, sur les
rapports qui existent entre ces deux approches de la santé.
Les circonstances
Ces circonstances plus personnelles, plus intimes, furent très certainement
déterminantes.
J’ai connu, après une longue période d’engagements divers et intenses, un
épisode de santé qui aurait pu avoir de lourdes conséquences sur mon avenir
et qui m’a donné envie de me poser, de m’exprimer autrement que dans le
feu de l’action.
J’ai décidé de traverser cet épisode fâcheux, mais prévisible, en essayant
de grandir et d’évoluer à travers lui, et certainement de lui donner un sens.
La réflexion dans la recherche et l’écriture m’ont sans doute aidé à passer
ce cap délicat et à retrouver mon chemin de vie.
Avec ce travail de recherche, j’ai tenté de comprendre ce qu’il est
convenu d’appeler le magnétisme, ce qu’il pourrait représenter comme
force pour l’homme, les affections qui sont concernées par cette aide, la
place que peut avoir ce type de thérapie dans notre système de soins qui ne
les reconnaît pas pour l’instant.

J’avais très envie d’aller à la rencontre de ces passeurs d’énergie, qui


peuvent parfois lire le corps des autres et ainsi dialoguer avec leurs mains,
ces hommes et ces femmes qui évoluent au carrefour de la médecine, de la
magie et de la religion ; ces magnétiseurs-guérisseurs, barreurs de feu qui
suscitent une certaine fascination sur la population, mais une fascination
mêlée d’une forme de méfiance !
Ils seraient peut-être entre huit et dix mille, mais certainement beaucoup
plus, sans diplôme, si ce n’est les milliers de lettres de reconnaissance de
leurs patients.
Il semblerait que, d’après certaines études, un tiers de la population ait eu
recours à leur service dans sa vie, la plupart du temps de façon cachée, en
tout cas, sans jamais l’évoquer à son médecin de peur de passer pour des
naïfs ou des illuminés.
Des enquêtes montraient déjà une augmentation régulière des
consultations de ce genre dans les années 1980 : 47 % de la population
française déclarait y avoir recours en 1988, et 55 % en 1993 d’après un
sondage effectué par le journal Le Monde. Je voulais également connaître le
sentiment du milieu médical et en particulier celui de mes confrères
médecins généralistes par rapport à ce phénomène para-scientifique.
Prenant le contre-pied d’un certain engouement populaire, la médecine
garde ses distances avec ces « guérisseurs de l’ombre », comme les nomme
Alexandre Grigoriantz, et entretient une relation ambiguë faite de défiance
mais aussi de collaboration non avouée.
Il n’y avait pas, à ma connaissance, de publications médicales sur le sujet.

Une seule thèse, celle remarquable du docteur Perret, abordait « la place


des coupeurs de feu dans la prise en charge ambulatoire et hospitalière des
brûlures en Haute-Savoie en 2007 ».

La médecine classique s’ouvre-t-elle aux guérisseurs ? Quels sont les


rapports entre une médecine moderne, rationnelle, de plus en plus efficace
et des guérisseurs ignorés des instances officielles, dépourvus de statut en
France, et même passibles d’amendes pour exercice illégal de la médecine
au titre de l’article 372 du Code de la santé publique ?
Alors que leurs numéros de portable figurent au tableau des services
d’urgences de nombreux établissements et de services spécialisés des
grands brûlés, alors que certains généralistes orientent de façon informelle
des malades atteints de brûlures, zonas, herpès, eczémas, psoriasis, il n’y a
pas de listes officielles de guérisseurs comme c’est le cas en Suisse.
Alors que beaucoup de médecins s’en tiennent à un effet placebo capable
de déclencher chez le malade des mécanismes d’autoguérison, des
scientifiques se sont intéressés à cette question et émettent des hypothèses
intéressantes.
Y a-t-il récupération du phénomène par des charlatans ou par des courants
que l’on peut qualifier de sectaires ?
Les magnétiseurs-guérisseurs, barreurs de feu ne représentent-ils pas une
aide complémentaire, humble et sans danger pour nos patients ?
Comment aborder ces phénomènes plus naturels que surnaturels, qu’on
n’explique pas… pour l’instant, qui suscitent rejet ou fascination et
perturbent la compréhension de la physiologie et des maladies ?
Au-delà du classique « moi j’y crois » pour les uns, « moi je n’y crois
pas » pour les autres, les guérisseurs guérissent-ils vraiment ?

Voilà un certain nombre de questions que j’avais envie d’aborder à travers


ces deux enquêtes menées sur l’aire urbaine Nord Franche-Comté.
L’idée était de mener des enquêtes objectives et sérieuses sur ces
phénomènes extraordinaires, de le faire sans parti pris, « en gardant les
pieds sur terre ».
Un travail qui nous invitera, je l’espère, à remettre en question nos
certitudes.

On pourra m’opposer le fait qu’il s’agit d’un double travail : plutôt


anthropologique avec la rencontre des magnétiseurs et d’un monde un peu
secret qui touche au paranormal, et une étude franchement médicale sur la
perception de ce phénomène par les médecins généralistes.
Soyons précis : il s’agissait d’abord d’un travail de recherche en
médecine. Mais je n’imaginais pas l’élaborer sans effectuer ce travail
anthropologique.
Pour ma recherche, il me fallait d’abord rencontrer vingt-cinq
magnétiseurs, guérisseurs de l’aire urbaine Nord Franche-Comté, et
enquêter en m’aidant d’une trame de questions qui s’intéressait à leur
pratique, à leur approche de la maladie, à leur sentiment par rapport à ce
pouvoir qu’ils possèdent, à leur relation avec le monde médical.
Il me revenait ensuite de rencontrer cent cinquante médecins généralistes
du même périmètre géographique, en tenant compte des tranches d’âge, du
sexe, du lieu de pratique de la médecine et de connaître, par le biais d’un
questionnaire fermé, le ressenti de mes confrères par rapport à ces pratiques
de magnétisme.
En gardant l’objectivité qui s’imposait à moi, j’ai tenté de cerner la
pertinence scientifique d’un tel concept, les raisons qui peuvent expliquer
l’attrait et la part grandissante de ce type de médecine non conventionnelle
dans la population.
J’ai, d’une certaine façon, essayé également de m’interroger sur les
limites et les incertitudes de notre médecine scientifique et de notre système
de soins.

J’ai commencé ce travail au moment où naissait en France une polémique


redondante dans le monde médical entre ceux qui considèrent que certaines
pratiques relèvent du charlatanisme et ceux qui prônent des thérapies
alternatives face à notre médecine conventionnelle.
Comme je l’ai déjà évoqué, je n’ai jamais, durant ma carrière de médecin
généraliste, pratiqué de médecines non conventionnelles. Ce qui me laissait
plus d’aisance pour prendre part au débat.
J’ai conscience des limites statistiques et donc épidémiologiques de mon
travail, à certains égards, plus anthropologique que médical, mais il aidera,
je l’espère, à ouvrir le débat et permettra peut-être à deux mondes qui
s’ignorent de se connaître, à deux cultures différentes de se comprendre.

Il permettra, je l’espère, d’éclairer les esprits dans une société certes


numérisée, mais en perpétuel mouvement, et paradoxalement en recherche
de repères dans un monde qui s’éloigne de plus en plus de l’authentique.

Mais pour cela, il nous faut d’abord tenter d’expliquer ce qu’on appelle le
magnétisme.
Le passage technique de ce travail qui exploite l’analyse statistique des
enquêtes pouvait paraître un peu ardu pour un non initié. Aussi, en accord
avec l’éditeur, la transformation du travail de thèse en un ouvrage
accessible, nous a amenés à supprimer les schémas statistiques trop
difficiles à intégrer dans un livre grand public. Nous avons cependant
maintenu les conclusions pour éclairer le sens de ma démarche et les
enseignements tirés de cette étude.
LE MAGNÉTISME

On désigne par ce mot l’attraction d’un corps par un autre. À ce titre, on


aurait pu l’appeler aimantisme.
Voici en effet maintenant près de trois mille ans que l’homme a découvert
les aimants naturels, minéraux dont le constituant principal est la magnétite
(ou ferromagnétite), Fe3O4, et l’on sait que la magnétite est présente sous
forme d’oligoéléments chez tous les êtres vivants, y compris les plantes.

Et parce que les Grecs utilisaient les aimants qu’ils trouvaient dans des
petites cités d’Asie Mineure appelées magnesia, on qualifia de magnétiques
les phénomènes observés sur les aimants, et de magnétisme la science qui
étudie ces phénomènes.

Le magnétisme est donc un phénomène physique, par lequel se


manifestent des forces attractives ou répulsives d’un objet sur un autre, avec
des charges électriques en mouvement.
Les forces électromagnétiques sont omniprésentes. Ce sont elles qui
induisent les champs gravitationnels, qui règlent la marche des planètes,
mais aussi les mouvements des électrons. Aucun objet spatial, du plus petit
au plus grand n’échappe à la loi de l’attraction-répulsion, principe de base
de l’électromagnétisme.

Mais il nous faut noter d’emblée que depuis deux siècles, il règne une
confusion, d’ailleurs volontairement entretenue par certains, entre
magnétisme physique et magnétisme animal ou vital.

Le magnétisme physique
C’est cette force connue depuis deux mille ans, qui vient du noyau ferreux
de notre planète, mesurable, quantifiable (de trente à soixante microtesla
suivant la région), reproductible, que la science maîtrise et connaît bien.
Elle régit, nous l’avons évoqué, l’interaction des planètes, des atomes, la
circulation des électrons, et protège l’écorce terrestre, en particulier du
rayonnement solaire.
Le magnétisme animal ou vital
Il est beaucoup plus difficile à déterminer : il pourrait être défini comme
une énergie mystérieuse, qui émane des corps vivants, des minéraux, des
éléments divers du cosmos et qui peut cependant avoir une influence sur
nos vies et sur notre santé.
Des centaines de livres en ont traité, des milliers de débats, de colloques
ont réuni praticiens et chercheurs pour en parler, sans réussir à se mettre
d’accord sur une explication simple, évidente ou plausible.
« Il en va du magnétisme universel (animal) comme du concept de Dieu.
Il appartient au domaine du dogme, de la métaphysique : il se démontre,
mais ne se prouve pas », avance Jean Claude Collard, magnétiseur.
Nous n’aborderons, bien entendu dans ce travail que le magnétisme
animal que tout être individu possède en lui, et qui est justement parfois
utilisé par certains pour soulager.

Analogue à un fluide vital, un fluide éthérique, un fluide céleste, il


représenterait, selon le Dr Franz Anton Mesmer (voir le chapitre « Histoire
du magnétisme »), un rayonnement émanant des corps célestes, analogue
mais beaucoup plus subtil que celui de l’aimant, et dans lequel baignent les
êtres et les objets.

Le Dr Mesmer affirmait que l’homme peut concentrer ce fluide et en


diriger à volonté le courant sur ses semblables. Les procédés sont très
divers : contact immédiat par le toucher ou l’imposition des mains, soit à
distance du corps par des passes au-dessus du corps ou des parties malades,
soit par le truchement de l’eau irradiée, ou de la volition.

Cette émanation d’ondes invisibles aurait la capacité d’équilibrer et


d’harmoniser le potentiel énergétique du malade, de tonifier, de régulariser,
et d’apaiser les manifestations pathologiques de l’organisme.
Cette faculté à la fois physique et mentale, retrouvée chez certaines
personnes, serait une source d’énergie bienfaisante pour l’individu en
souffrance.
La maladie qui aurait pour origine une insuffisance ou un blocage du
fluide dans l’organisme, pourrait être soulagée par une thérapie de recharge
ou de dégagement de cette énergie évoquée.
Cette force, non quantifiable, non mesurable, non palpable, n’a cessé
d’intriguer les scientifiques, et surtout les médecins depuis des siècles.
Celui que l’on nomme magnétiseur est celui qui distribue ce potentiel
énergétique afin de rétablir chez le malade certaines fonctions
physiologiques et de favoriser probablement le processus d’autoguérison.
Il est capable, grâce à un don, de canaliser, d’emmagasiner et de
transmettre cette radiation à d’autres personnes.
Ce fluide, qui a une origine divine selon les uns, cosmique selon d’autres
guérisseurs, inexpliquée pour beaucoup d’entre eux, se retrouve dans toutes
les civilisations.
« Les pratiques de guérisons énergétiques existent dans toutes les cultures.
Elles postulent qu’il est possible de faire rayonner la force de vie qui nous
anime pour apporter de l’aide à une personne malade ou en manque
d’énergie », rappelle Jean-Dominique Michel, dans son ouvrage Chamans,
guérisseurs, mediums.

En Occident, on évoque le magnétisme mais c’est certainement un


pouvoir universel que l’on retrouve en particulier dans les médecines
asiatiques traditionnelles qui nous donnent une autre approche et une autre
lecture de la santé.
Ces médecines orientales, pour lesquelles il n’y a jamais eu séparation du
corps et de l’esprit, ont en commun la notion d’énergie qui est au centre des
systèmes de guérison. Nous y reviendrons.

Plus scientifiquement (nous l’aborderons dans le chapitre « Science ?


Parascience ? ») le magnétiseur aurait cette faculté d’émettre des ondes
magnétiques exceptionnelles, de l’ordre de 7 à 8 Hz, qui sont justement les
fréquences utilisées en physiothérapie pour apaiser les phénomènes
inflammatoires…
Selon le GNOMA, le magnétisme possède quatre propriétés essentielles :
– il rééquilibre le système nerveux ;
– il revitalise l’organisme ;
– il calme la douleur ;
– il favorise la cicatrisation.

Il peut reproduire des soulagements durables et parfois définitifs sur :


– les affections nerveuses ;
– les affections fonctionnelles ;
– les affections chroniques ;
– les affections inflammatoires.

Tous types de troubles, tant physiques que psychologiques, peuvent être


abordés en complément et en accompagnement de la médecine
traditionnelle, jamais en substitution. Nous l’évoquerons dans le chapitre
« Le magnétisme utilisé en thérapie ».
UNE RAPIDE HISTOIRE
DU MAGNÉTISME

L’Égypte pharaonique est considérée comme le creuset du magnétisme. On


retrouve en effet la notion de magnétisme déjà au temps des pharaons,
2 000 ans av. J.-C. Ils se faisaient projeter un fluide, le Sa, nom du
magnétisme auquel les Égyptiens attribuaient trois vertus essentielles : ank,
la vie ; dad, la santé ; ouzer, la force. La déesse Isis, épouse d’Osiris et mère
d’Horus, pratiquait cet art sur son jeune fils. Par ce geste, Isis, déesse de la
médecine, faisait passer dans le corps de son fils le rayonnement qui
l’habitait.
À l’époque, en Inde, les brahmanes guérissaient par attouchement.

Dix siècles plus tard, le magnétisme se pratique en Grèce antique :


Esculape était le dieu guérisseur. Il exerçait son activité dans les temples qui
lui étaient dédiés, via les prêtres d’Esculape : on y guérissait aveugles,
paralytiques, sourds, insomniaques, ou les personnes souffrant de maladies
vénériennes.

Hippocrate (460-356 av. J.-C.), père de la médecine moderne utilisait le


magnétisme, qu’il appelait « la force curative de la nature ».

Les Romains employaient également les passes magnétiques qu’ils


nommaient frictions.

Jésus était-il guérisseur ? Un débat anime l’Église après l’étonnante


lecture faite par la psychanalyste Françoise Dolto qui montre dans son
ouvrage Les Évangiles et la foi au risque de la psychanalyse que le Christ
intervient pour soulager les malades et les remettre sur la voie de
l’autoguérison.
Mais pour cela, sans aborder les miracles évoqués dans les Évangiles, il
faut l’intervention d’un homme qui soit vraiment dans une plénitude de
cœur, capable de capter et de redistribuer une formidable énergie, avec une
compassion capable d’irradier un patient !
Durant le Moyen Âge, les barreurs de feu, les panseurs de secret
utilisaient des prières en latin pour guérir les brûlures. Ils étaient appelés
toucheurs et, depuis cette époque, on nota des différences de vocabulaire
pour désigner ceux qui guérissent :
– on nomme rebouteux celui qui manipule le corps, qui remet en place un
membre luxé ou une entorse ligamentaire ;
– on parle de passeurs de maux : ceux qui travaillent les maux en les
cernant avec l’index tout en récitant intérieurement des formules ;
– on évoque aussi les passeurs de feu qui ne prennent en charge que ce
qui brûle.

Clovis (466-511), puis plus tard des rois de France avaient après leur
sacre, à la sortie des cérémonies religieuses « le pouvoir de guérir les
écrouelles » (scrofules provoquant des fistules) en les touchant de la main.
« Le roi te touche, que Dieu te guérisse ! » disait Saint Louis qui faisait du
magnétisme sans le savoir, et qui avait certainement le don du magnétiseur.
La croyance était telle que les malades affluaient de tout le royaume et
l’on raconte que Louis XVI a ainsi touché deux mille quatre cents malades
le jour de son sacre !

Parallèlement, des gens ordinaires, souvent humbles, et ne sachant pas


nécessairement d’où leur venait ce don, ont perpétué cette pratique du
magnétisme avec parfois beaucoup de succès et ont soulagé bien des maux.
Ils ont été souvent persécutés par l’institution médicale, ecclésiastique ou
politique en place. Être guérisseur, rebouteux ou passeur de maux n’était
cependant pas totalement une hérésie dans l’esprit de la population, car
durant tout le Moyen Âge et jusqu’à la Renaissance, face à l’impuissance de
la médecine, les malades faisaient appel fréquemment au surnaturel pour
améliorer leur état.
On pense que c’est Dieu qui envoie la maladie et qu’elle est un châtiment
qui punit un péché que l’on aurait commis. Pour contrer ce châtiment divin,
il fallait donc recourir aux exorcismes, prières officielles, aux secrets, c’est-
à-dire des prières jamais prononcées à voix haute, et susceptibles de lever
les maléfices.

Les rapports avec l’Église sont certainement déterminants dans l’histoire


du magnétisme. Nous les reprendrons à la fin du chapitre « Le magnétisme
dans l’histoire de l’Église catholique ».
Malgré ces tourments, le magnétisme a traversé les siècles.
C’est à partir du XVIe siècle qu’on entend vraiment parler pour la
première fois de magnétisme avec Paracelse (1493-1541), médecin,
philosophe, alchimiste suisse qui avançait l’idée qu’il existe une force vitale
intérieure en chaque être humain. Cette force devait, pour conserver sa
puissance, être en connexion avec les différents éléments de l’univers :
« L’homme a en lui une force magnétique sans laquelle il ne peut exister »,
écrivait-il.
Les travaux scientifiques évoquant l’existence du magnétisme ne
manquent pas. Les premiers remontent au XVIIe siècle. En 1621, le
médecin et chimiste Jean-Baptiste Van Helmont (1579-1644) écrivait déjà
Sur le traitement magnétique des plaies.

Un siècle et demi plus tard, un personnage étonnant, le médecin autrichien


Franz Anton Mesmer (1733-1815) élabore la fameuse théorie du
magnétisme animal et envisage, on l’a vu, l’existence du fluide universel
susceptible d’être canalisé, emmagasiné et transmis à d’autres personnes
tout en posant les bases expérimentales de… la psychothérapie et de
l’hypnose !
Il part donc du postulat qu’il existe un fluide universel en interaction avec
les corps célestes et tous les corps animés. Cette influence mutuelle et
cosmique agirait directement sur l’homme. Selon lui, toutes les maladies
proviendraient d’une mauvaise répartition du fluide à l’intérieur du corps.
Le Dr Mesmer s’appliqua à démontrer que les liens entre l’homme et
l’univers sont du même genre que les liens existants entre deux objets
aimantés : attirance et rejet. Il en conclut qu’il suffit de drainer le fluide
grâce à un aimant afin de rééquilibrer l’organisme.
Au début, il utilisait des aimants sur ses patients, puis il s’aperçut que les
résultats étaient aussi bons lorsqu’il pratiquait l’imposition avec les mains
sur les malades.
Il prétendit avoir trouvé le remède à toutes les maladies dans les
propriétés de ce qu’il appela magnétisme animal, par opposition à celui de
l’aimant.
Il se contenta au début de traiter les petites douleurs, les tics nerveux, puis
décida de traiter les maladies plus importantes comme l’hémiplégie.
À Paris, en 1778, les malades affluent dans le cabinet et il invente le
baquet, principe fondé sur les propriétés conductrices d’éléments
métalliques, pour soigner dix personnes à la fois. Il s’agit d’une cuve de
cinquante centimètres de haut, emplie d’eau, au fond de laquelle est
déposée une couche de limaille de fer et de verre pilé. Sur celle-ci, des
bouteilles pleines d’eau sont couchées et tournées vers le centre du baquet
pour certaines, et vers l’extérieur pour d’autres. Le couvercle est percé de
trous par lesquels sortent des tiges de fer que saisissent les malades, debout
ou assis autour du baquet, se touchant par les pouces ou étant réunis par une
ficelle. Chacun applique le bout de la tige sur la partie si intime soit-elle du
corps malade, pendant que Mesmer fait des passes ou des attouchements
magnétiques sans se soucier d’aucune pudeur.

La lumière est savamment tamisée et il fait jouer de l’harmonica en


assurant que la musique douce favorise le magnétisme.
Il y avait certainement un véritable impact psychologique et même
hypnotique sur ses adeptes. On raconte même que des femmes se tordaient
de douleur sous les convulsions ou tombaient dans un état de transe
profonde. L’affluence est immense, voire incontrôlable, et Mesmer veut
alors trop en faire. Il se fait construire une clinique somptueuse et, en
voulant mettre sa panacée au service de tous, plante de ses mains un arbre
rue de Bondy (aujourd’hui rue René-Boulanger) ou des milliers de malades
s’attachent et attendent des guérisons hypothétiques. D’autre part, certains
filous croyant avoir trouvé son secret, installent des baquets et se mettent à
magnétiser à leur tour. L’engouement est tel, avec le risque pour le pouvoir
d’une atteinte à l’ordre public, que le résultat se retourne contre lui-même.
La reine Marie-Antoinette, autrichienne comme lui, intervient, mais il
refuse la proposition qu’elle lui fait de créer une école de magnétisme ;
c’était pourtant l’occasion pour lui d’obtenir la reconnaissance de son art.
Le revirement brutal de l’opinion l’oblige à fuir en oubliant, dit-on,
d’emporter avec lui son baquet… mais pas la somme énorme d’argent qu’il
avait gagnée. La commission royale de 1784 condamne le mesmérisme à
cause de « l’intimité des soins » et de son danger pour les mœurs.

En 1799, le docteur Mesmer a résumé son système en vingt-sept


propositions, dans un ouvrage, Mémoire sur la découverte du magnétisme
animal, où il affirme que tous les êtres, animaux ou inanimés, sont soumis à
l’influence d’un agent universel : le fluide magnétique qui peut se
transmettre et grâce auquel l’homme peut guérir les maladies. Pour lui, la
maladie était causée par une mauvaise distribution dans le corps du
magnétisme animal et la guérison demandait une restauration de cet
équilibre perdu.
Aujourd’hui, on se souvient de ce personnage pour deux raisons : il peut
être considéré comme un précurseur de l’hypnotisme, une technique
développée dans les années 1840 par le médecin écossais James Braid. Ce
dernier s’est inspiré des expériences de Mesmer pour mettre au point
différentes formes de suggestion qui peuvent amener à l’état d’hypnose ; en
outre, le nom de Mesmer est à l’origine du verbe anglais to mesmerize, qui
veut dire « fasciner », un terme bien en accord avec le personnage.
A-t-il servi la cause du magnétisme ? Ce n’est pas sûr ! S’il a eu le mérite
d’être le premier à réaliser des expériences sur le magnétisme, il a eu
également celui d’éveiller une curiosité sur ces phénomènes paranormaux.
Ainsi, des adeptes créèrent la Société de l’harmonie universelle pour
diffuser ces découvertes et les faire progresser.
Parmi eux, nous citerons, pour mémoire le marquis de Puységur (1751-
1825), qui a repris la technique de Mesmer, et qui est connu pour ses
expériences retranscrites du magnétisme animal. En magnétisant le fils de
son régisseur atteint de fluxion de poitrine, il suscite chez ce dernier un état
nouveau du psychisme qu’il nomme le somnambulisme artificiel ou encore
le sommeil magnétique, par analogie au somnambulisme naturel, connu et
décrit depuis l’Antiquité.
Dans le sommeil magnétique, une sorte d’état de transe profonde, les
patients semblent développer des facultés nouvelles et notamment celle de
voir à travers leurs corps les organes malades et de s’autoadministrer les
remèdes appropriés.
La médecine magnétique change alors totalement de perspective : il ne
s’agit plus désormais de produire directement chez les malades un effet
curatif en les aspergeant d’un hypothétique fluide vital, mais de susciter
chez eux un état de conscience nouveau qui leur permettra de s’autoguérir.
M. de Puységur se distingue de M. Mesmer en déclarant n’être qu’un
vecteur pour les malades qui seraient leurs propres médecins, là où M.
Mesmer prétend soigner par une action exclusivement physiologique dont
la source serait le magnétiseur.
Il crée à Strasbourg la Société harmonique des amis réunis au sein de
laquelle il forme quelque deux cents magnétiseurs. Jean-Philippe Deleuze,
naturaliste (1753-1835), qui participait à des séances de type Mesmer, en
revint convaincu par les succès, et a voulu, en homme prudent et
scientifique qu’il était, énoncer les résultats dont il avait la preuve. Il écrivit
L’Instruction pratique, suivie par de nombreux magnétiseurs. Il est le
premier à avoir établi une corrélation entre l’influence physique et
l’influence suggestive du magnétisme. Il disposait lui-même de pouvoirs
magnétiques puissants. Mais, globalement, le magnétisme se perd après la
Révolution française, à cause des troubles sociaux importants et ne
reprendra de l’ampleur que sous Napoléon Bonaparte et la Restauration.
Plus tard, la famille Durville, avec le père Hector (1849-1924) et ses trois
fils, André, Gaston et Henri créèrent à Paris une école du magnétisme et la
société dite Ordre eudiatique visant à magnifier l’être humain dans ce qu’il
a de plus élevé. Hector Durville partait du postulat que l’agent magnétique
s’irradie sur tous les corps de manière permanente et sous forme d’ondes. Si
on étudie l’étymologie du mot eudiatique, on s’aperçoit qu’il vient du grec
eudia, « sérénité ». Une base philosophique sur laquelle les trois hommes se
sont appuyés pour le bien de leur prochain. Hector et son fils Henri, ont
écrit Les actions psychiques à distance pour devenir magnétiseur, et Cours
de magnétisme personnel.
Il faut replacer les magnétiseurs du XIXe siècle dans le contexte d’une
période pendant laquelle la médecine était peu considérée. « Elle ne dispose
alors que de peu de médicaments », rappelle Jean-Dominique Michel,
spécialiste en anthropologie médicale. « Les médecins sont perçus comme
une catégorie professionnelle peu digne de confiance, et la médecine ne
représente qu’un dernier recours auquel on ne s’adresse qu’en désespoir de
cause, quand plus aucune autre solution n’est vraiment disponible. »
Dans les campagnes surtout, les populations rurales continueront de
fréquenter pour eux et pour leurs animaux, guérisseurs, magnétiseurs et
rebouteux.
Mais leur perte de crédibilité viendra inexorablement avec les succès de la
médecine.

Des guérisseurs célèbres sont cependant à mentionner. Jean-Marie


Baptiste Vianney, dit le curé d’Ars (1786-1859), canonisé par Pie XI, se
forge une réputation de faiseur de miracles. À sa mort en 1859, des milliers
de gens continuent de témoigner de guérisons surnaturelles en sa présence.

À la fin du XIXe siècle, Philippe Nizier (1849-1905), plus connu sous le


nom de maître Philippe de Lyon, accueille dans son cabinet des personnes
du monde entier, du simple quidam aux grands de son époque, comme le
tsar Nicolas II, sans jamais se faire payer. Malgré ses succès et sa notoriété,
il sera attaqué pour exercice illégal de la médecine.

À la même période, Pierre Brioude, dit Pierrounet (1832-1907), est lui


aussi si populaire que son petit village de Nasbinals (en Lozère) se voit
envahi de visiteurs qui n’hésitent pas à dormir dans la rue pour attendre de
passer entre ses mains. Cette figure emblématique des monts d’Aubrac est
le seul guérisseur à avoir aujourd’hui une statue à son effigie dans un
village en France.
La capacité de certains individus à détecter les fluides est donc connue
depuis l’Antiquité, et a longtemps été associée à une sorte de pouvoir
magique et par conséquent suspect.
Ce n’est qu’à partir du XIXe siècle que s’atténue la diabolisation de ces
pratiques, d’autant que, parmi les adeptes de ces pratiques figurent des
prêtres. L’abbé Bouly crée dans les années 1930 le terme de radiesthésie.
Un autre prêtre, l’abbé Mermet, au début du XXe siècle, utilise la
radiesthésie à des fins thérapeutiques et s’illustre en écrivant le premier
ouvrage de radiesthésie médicale.

Durant le XXe siècle, d’autres guérisseurs deviennent célèbres en


soulageant de leurs mains des personnalités mais aussi des milliers
d’anonymes.
Dès l’après-guerre et jusque dans les années 1970, Serge-Léon Alalouf
(1905-1982), « l’homme aux doigts d’argent », devient l’un des guérisseurs
les plus célèbres en France. Les malades venaient par bus entiers pour se
faire magnétiser. Profondément religieux, il a consacré toute sa vie aux
autres : de simples gens de la rue, mais aussi des artistes, des dignitaires
ecclésiastiques, des rois, des princes, des grands noms de la médecine, des
hommes politiques, qu’il réussissait à soulager en quelques minutes. En
témoignent les trois cent mille lettres de reconnaissance conservées par ses
fils qui ont hérité de son don !
Condamné plusieurs fois pour exercice illégal de la médecine, il reste le
seul guérisseur en France reconnu par la nation comme « bienfaiteur » de
l’humanité.

À cette même époque, un autre guérisseur de renom, Jean-Louis Noyès


(1919-2005), voit passer entre ses mains une flopée de représentants
illustres du monde politique, artistique, littéraire, sportif et scientifique. Des
stars comme Charlie Chaplin, Jean Gabin, Fernandel, Lino Ventura, Édith
Piaf, Fausto Coppi… font appel à lui.
Jacques Anquetil n’entamait jamais un Tour de France sans avoir vu son
« magnétiseur préféré ». Parmi les clients de celui qu’on surnommait
« l’homme aux doigts d’or », figuraient André Malraux et, de façon très
surprenante le général de Gaulle : chaque semaine, à heure fixe, de 1964 à
1968, une voiture présidentielle avec escorte de motards venait chercher
Jean-Louis Noyès pour l’amener à l’Élysée et soigner le président de la
République qui souffrait de séquelles de sa prostatectomie, et qui
n’entendait pas se passer de ses services une fois le problème de prostate
réglé : « Ah non Monsieur Noyès, pas question de me laisser tomber comme
ça ! Vous allez poursuivre vos séances, parce que grâce à vous, je me sens
plus dynamique ! » aurait assuré le Général.
Malgré ce succès, l’homme est resté discret et pudique jusqu’à sa mort.
Il faudra attendre la seconde moitié du XXe siècle pour qu’un scientifique,
Yves Rocard (1903-1992), alors directeur du laboratoire de physique de
Normale supérieure, s’intéresse à cet étrange don.
C’est en particulier à cet éminent physicien, ancien directeur du
Commissariat à l’Énergie atomique, qui a travaillé durant trente ans de sa
vie à expliquer les mystères du magnétisme et de la radiesthésie, que nous
devons une partie des explications scientifiques concernant le magnétisme
humain.
Nous y reviendrons ultérieurement.

LE MAGNÉTISME DANS L’HISTOIRE


DE L’ÉGLISE CATHOLIQUE

Je ne reviens pas sur cette idée avancée par Françoise Dolto qui défendait
d’une certaine façon, que Jésus, par sa bonté et son amour, permettait
d’enclencher des processus d’autoguérison à l’origine de miracles, et qu’il
pouvait être ainsi considéré comme le premier guérisseur connu de
l’Histoire humaine (voir début du chapitre « Une rapide histoire du
magnétisme »).
Longtemps l’Église catholique a eu tendance à « sataniser » les
guérisseurs. Parce qu’elle les craignait, elle les a condamnés dès le
Moyen Âge. On ne parlait pas de magnétiseurs à l’époque, mais plutôt de
sorciers.
L’Église considérait que ce qui ne vient pas de Dieu vient de Satan : il en
est de même du don de guérir comme de tout ce qui relève des facultés
extrasensorielles.
De la fin du Moyen Âge jusqu’au XVIIe siècle, les guérisseuses, puisqu’il
s’agissait surtout de femmes, étaient souvent considérées comme des
sorcières, avec tout ce que cela pouvait impliquer : le bûcher ou la noyade !
Et contrairement à ce que l’on croit souvent, ce n’est pas au Moyen Âge
qu’il y eut le plus de victimes, mais au moment de la Renaissance avec
l’Inquisition.
S’il y avait guérison, elle ne pouvait être soumise à la volonté de
l’homme, mais avait uniquement une origine divine. Les conjurations
étaient alors perçues comme le fruit d’une magie blanche.
Seules les prières effectuées par un prêtre étaient acceptées.
En 1657, un décret pontifical met en garde contre les erreurs et abus dans
les procès de sorcellerie. Il aura fallu attendre l’édit de juillet 1682 pour que
Louis XIV, sur proposition de Colbert mette fin aux procès de sorcellerie.
Après la consécration du magnétisme animal par Mesmer et l’intérêt qu’il
suscite dans les salons mondains, les autorités religieuses réagissent.
Comme ce concept est apparenté à de la magie et donc suspecté de
satanisme, est publié le 4 août 1856 un décret du Saint Office ainsi formulé
« Magnetismus, prout exponitur, non est admittetus » (« Le magnétisme
comme expliqué, n’est pas admissible »), qui rejetait de telles pratiques.

Ensuite, l’Église a assoupli sa position : « Les guérisseurs furent perçus


comme des individus égarés, car même s’ils étaient désignés sous le nom
générique de sorciers, ils n’étaient jamais accusés de détourner les rites
liturgiques à des fins maléfiques », écrit André Juliard.
La position de l’Église a évolué au XIXe siècle avec une dédiabolisation
du concept de radiesthésie, certainement associée au fait que des prêtres
sont devenus adeptes de ces thérapies, nous l’avons vu dans le chapitre sur
l’histoire du magnétisme (l’abbé Bouly, l’abbé Mermet, puis plus tard le
curé d’Ars…).
Elle a ainsi été amenée à tolérer l’emploi médical du magnétisme.

Maintenant, l’Église admet que certains peuvent avoir un don.


Le père Maxime, dans le documentaire Les Panseurs de secret, évoque
d’ailleurs avec le souffle utilisé par certains leveurs de maux le symbolisme
de la force de vie et de purification qui permet de chasser les rémanences, et
admet le geste de la main qui capte et émet de l’énergie.

André Juliard, dans un travail très précis, Le Don du guérisseur. Une


position religieuse obligée, analyse quant à lui la relation ente le don et la
foi chez les leveurs de maux : « Le fait que la majorité des formules secrètes
se compose d’éléments empruntés à l’histoire sainte ne suffit pas à affirmer
qu’elles engendrent chez leur propriétaire une situation particulière de
croyances et de pratiques religieuses. »
L’acquisition du don ne peut être assimilée à un rite d’initiation religieuse.
Ces rites sont parfois considérés par certains membres de l’Église
catholique comme une forme de magie blanche. Ils condamnent ainsi « ces
prières et signes de croix par lesquels les guérisseurs prétendent
domestiquer les puissances occultes pour les mettre à leur service et obtenir
un pouvoir contraire à la vertu de la religion ».
Mais globalement, la population qui fréquente les églises a maintenant
moins de scrupules à mélanger médecine, religion et thérapies diverses :
« Pourvu que ça marche ! » entend-on souvent aussi chez les catholiques
pratiquants…
L’idée est maintenant répandue chez la plupart des croyants, que le don ou
le secret sont des bénédictions de Dieu, pour le bien-être des malades…
surtout si c’est utilisé de façon généreuse et gratuite.
Même si certains croyants sont plutôt sensibles au fait que les faiseurs de
secrets et guérisseurs formulent des prières à l’endroit d’un saint ou de
Dieu, d’autres, comme j’ai pu le lire sur des forums spécialisés, condamnent
encore ces pratiques « dangereuses » ! Ou bien y ont recours, mais avec
beaucoup de culpabilité…
Et puis, si l’Église fait preuve de plus de tolérance désormais, c’est
qu’elle reconnaît aussi implicitement l’appauvrissement de l’offre de la
relation d’aide dans nos paroisses. Et l’on rejoint alors la problématique de
notre médecine avec des praticiens moins disponibles et donc un risque de
déshumanisation.
Ce qui explique peut-être une forme d’indulgence de sa part pour ceux qui
recherchent une aide et une écoute, et ainsi une plus grande tolérance pour
ceux qui prennent en charge les souffrants dans une vision holistique.
LE MAGNÉTISME UTILISÉ
EN THÉRAPIE

« Pose ta main sur la douleur et dis que la douleur s’en aille », peut-on lire
dans un papyrus déchiffré par Georg Ebers, égyptologue renommé du
XVIIIe siècle. Cette phrase illustre bien le principe du magnétisme.

Le magnétisme, nous l’avons rappelé, fait partie de ces énergies


mystérieuses, dont on observe les effets sans en connaître les causes.
Jean-Claude Collard l’évoque dans son livre Le Guérisseur de
Châtillon : « Comme dans notre univers, il ne semble pas exister d’effets
sans cause, il nous faut admettre que le magnétisme est une réalité sans
avoir la possibilité d’expliquer d’où il vient, ni comment il fonctionne. Pour
le guérisseur, le magnétisme, dont il constate chaque jour les effets
bénéfiques, est une source d’énergie universelle qui émane des corps
vivants, des minéraux et des éléments les plus divers qui forment le
cosmos. »
Selon ce magnétiseur, c’est une force impalpable, non quantifiable, qui
pourrait être un fluide, une vibration, une onde, un corpuscule ou les quatre
à la fois…

« J’ignore comment cela fonctionne ; ce que je sais, c’est que lorsque je


focalise puissamment ma pensée sur un malade, que je projette fortement
ma volonté de guérir sur un être souffrant, que je visualise clairement ce
que je veux, eh bien la situation s’éclaire, la récompense survient, le
problème se résout souvent. »

Voici ce que nous dit Corinne Maincent, thérapeute magnétiseuse :


« L’art du magnétisme consiste à soigner et rétablir un équilibre
énergétique pour recouvrer la santé, en canalisant l’Énergie curative, par
une imposition des mains, et en se branchant sur les forces et courants
énergétiques qui nous entourent et en les sollicitant pour nettoyer, libérer et
purifier cette part en nous qui hurle.
Notre corps est fait d’énergie, de chimie et d’eau. L’eau est là pour assurer
la conduction électrique de notre corps, qui est aussi un puissant émetteur
récepteur énergétique. Il est en contact avec les énergies du Cosmos, par la
tête (chakra coronal) et avec l’énergie de la terre par la bipolarité de nos
deux pieds (où l’on trouve le chakra Étoile de la Terre.).
La terre envoie une énergie ascendante dans notre corps que nous captons
avec nos pieds et le Cosmos une énergie descendante que nous captons avec
notre chakra coronal. »

Autour de nous pulse un champ électromagnétique, décrit comme une


aura arc-en-ciel, soit comme un corps de lumière éclatant. « Ce champ
d’énergie subtile interagit avec notre corps physique en passant à travers des
spirales concentrées d’énergie ».
L’énergie est considérée comme une onde vibratoire avec une fréquence
vibratoire.
Le magnétiseur serait capable d’identifier un grand nombre de fréquences
vibratoires, et de réharmoniser la fréquence vibratoire du patient par
imposition des mains, récitation de prières ou de mantras, par l’utilisation
de cristaux…

Le docteur Marianne Dencausse, rhumatologue, qui utilise le


magnétisme dans sa pratique médicale, écrit dans son ouvrage Médecine et
magnétisme. Une nouvelle voie vers le mieux-être que le magnétisme est
une faculté à la fois physique et mentale que développent les êtres humains.
« Il s’agit d’une méthode de soins, car c’est une Énergie réparatrice dont
certains se servent pour guérir. La médecine traditionnelle ne doit pas
l’ignorer. Le magnétisme a une dimension spirituelle et éthique, que doivent
respecter le magnétiseur et le patient. »
Selon elle, si le cerveau fonctionne grâce à des réactions chimiques et
électriques couplées à des neurotransmetteurs, son activité pensée semble
permise par une force supérieure, autrement dit par l’énergie provenant d’un
autre plan qu’elle qualifierait d’énergie cosmique.
Elle admet que pour certains thérapeutes, il s’agit d’une force générée par
le mental qui détermine une réaction physique et mentale suggérant
l’autoguérison.
Pour ce médecin, qui choisit dans son second ouvrage le terme de
biocanaliste, il y a complémentarité et non dualité entre ces deux modes de
soins.
Les mains transmettraient une force qui pénètre au niveau du chakra
coronal du magnétiseur, correspondant au sommet du crâne puis elle
descend vers le plexus solaire, et se propage, telles des ondes acoustiques
vers les mains.
Les corps calleux, qui s’atrophient depuis des siècles, servent à
transformer l’énergie cosmique en force simple.
Pour d’autres, cette force se trouve en eux et ils vont utiliser une partie de
cette énergie issue du cosmos à des fins thérapeutiques.
Les êtres humains seraient des vecteurs de cette force qui les traverse, et
nous serions capables, à la manière d’un catalyseur, de la transférer,
transfuser, à son destinataire.
Quand les mains soignent, elles font circuler l’Énergie dans les méridiens
du corps de la même façon que l’acupuncture, qui, par le biais des aiguilles,
rétablit l’équilibre perturbé ou détruit. Les aiguilles, par leur action,
relancent l’Énergie dans le bon sens, dégagent les points les uns après les
autres jusqu’à l’obtention d’une fluidité du trafic magnétique intérieur.
Dans le magnétisme, l’énergie vient de l’extérieur. Elle prend sa source
dans le cosmos et pénètre par les points clefs des méridiens ; la force
utilisée réduisant les résistances les unes après les autres, pour rétablir une
harmonie parfaite.

Nous évoquerons dans le chapitre « Science ? Parascience ? » le débat que


suscite le magnétisme et les différentes hypothèses émises.
Nous le verrons, les travaux scientifiques démontrant l’existence du
magnétisme ne manquent pas.
Ainsi, dans la seconde moitié du XXe siècle, le professeur Yves Rocard,
cité précédemment, s’intéresse à cet étrange don. « J’ai pu vérifier moi-
même le pouvoir de momification des magnétiseurs sur les fruits ou sur de
la viande crue, qui se dessèchent en quelques jours », assure-t-il.
Auteur d’un ouvrage qui est une référence en la matière, Les Sourciers, il
a démontré en collaboration avec des physiologistes que c’est un surplus de
magnétite (oxyde de magnétique naturel de fer) dans les doigts et les
arcades sourcilières qui serait à l’origine du magnétisme humain. « Des
expériences nous ont montré que les mains de magnétiseurs reconnus
produisent les mêmes effets qu’un petit aimant », écrit-il. Ces travaux ont
été confirmés par le biologiste du Caltech (Institut de technologie de
Californie) Joseph Kirshvink qui découvre d’abord que chacune de nos
cellules possède des récepteurs magnétiques, puis, en 1992, que notre
cerveau est truffé d’aimants microscopiques.
Ce sont d’ailleurs ces récepteurs de magnétite qui expliquent chez les
mammifères, les oiseaux, les insectes, leur magnétoréception avec des
cellules réceptrices contenant des particules de magnétite, qui jouent le rôle
de boussole et permettent leur orientation en fonction des champs
magnétiques terrestres.
Associé au Dr Gould, il a pu démontrer que dans le cerveau et dans le cou
des baleines, mais aussi dans la tête des orques, des dauphins et sur le
ventre des abeilles et de la plupart des insectes, se trouvaient ces petits
cristaux de magnétite et de silicium.
Pour ce qui est de l’homme, le biologiste anglais Baker a identifié, en
disséquant des cadavres et en les réduisant en cendres, des petits amas de
magnétite. Il a même réussi à les localiser dans les arcades sourcilières et
dans les articulations.
Joseph Kirschvink, spécialiste du biomagnétisme mais aussi du
paléomagnétisme, a pu mettre en évidence un sens magnétique chez
l’homme avec des expériences reproductibles et scientifiquement validées,
qui mettaient des individus en situation d’exposition à des champs
magnétiques avec un suivi par des capteurs cérébraux.
Comment l’énergie des guérisseurs pourrait-elle exercer une action théra‐
peutique ?
Bernard Grad, biologiste canadien, a été le premier à prouver, dans un
cadre universitaire, que les guérisons ne sont pas dues à la suggestion, mais
à une interaction bioénergétique entre le praticien et son patient.
Aujourd’hui, le biologiste français Louis-Marie Vincent avance une
théorie selon laquelle un « champ biologique » relierait toutes les fonctions
invisibles de notre organisme.
Au sein de ce champ, des informations – par exemple le déclenchement
d’une guérison – pourraient se transmettre d’un être humain à un autre.

Il y a en vous du magnétisme, parce que le magnétisme n’est rien d’autre


que l’énergie vitale que les Indiens appellent prana, les Chinois chi (ou qi),
les Japonais ki. C’est la force même qui vous maintient en vie et maintient
en vie tout ce qui est vivant », indique Jean-Luc Caradeau. Le tout serait,
selon lui, d’en prendre conscience pour éveiller le magnétiseur qui est en
soi…
Mais le fluide réparateur que les magnétiseurs-guérisseurs transmettent
correspond pour certains, tel Thierry Janssen, chirurgien devenu
psychothérapeute, à une réalité physiologique, biochimique et électronique.
Dans son ouvrage La Solution interne, il évoque le fait que toute personne
serait capable d’exercer cette guérison énergétique, à condition de
développer assez de sensibilité pour interagir avec les champs énergétiques
des patients. Le corps, explique-t-il, possède des forces régénératrices
étonnantes, une sorte de médecin intérieur, que le guérisseur viendrait
réveiller.

Pour le psychiatre Patrick Lemoine, l’efficacité pourrait s’expliquer par


la suggestion d’un fort effet placebo, une capacité des malades à déclencher
des mécanismes d’autoguérison. Un aspect renforcé par le lien particulier
entre soignant et soigné. Une écoute spécifique à même de générer des
émotions positives, dont la science nous démontre les effets bénéfiques sur
le corps et sur l’esprit.
« Le guérisseur serait avant tout un facilitateur, un capteur, un receveur,
un émetteur. Ce n’est pas son énergie qu’il donne sinon il s’épuiserait »,
évoque Dominique Vallée qui exerce cette profession, et qui décrit le
danger pour certains apprentis magnétiseurs de mettre leur propre santé en
danger.
En fait, nous le verrons dans l’étude menée plus loin, j’ai distingué deux
types de magnétiseurs :
– ceux qui sont facilitateurs, passeurs d’énergie, comme évoqué ci-
dessus ;
– ceux qui absorbent une certaine énergie négative du patient pour ensuite
impulser une énergie réhabilitatrice.
Ces derniers évoquent plus souvent le fait qu’ils prennent au moment
d’une passe magnétique, avec un risque de fatigue bien décrit par ceux que
j’ai rencontrés.

CHAMPS ÉNERGÉTIQUES ET MÉDECINES


TRADITIONNELLES ASIATIQUES

On ne peut envisager ces notions de champs énergétiques sans évoquer les


médecines asiatiques traditionnelles, pour lesquelles il n’y a jamais eu
séparation du corps et de l’esprit, et pour lesquelles l’Énergie est au centre
des systèmes de guérison.
Il est difficile de résumer ces concepts vieux de trois mille ans, utilisés en
médecine chinoise traditionnelle, mais il est intéressant d’en connaître les
bases, pour éclairer les mécanismes du magnétisme.
En Asie, on considère que l’homme – comme tous les êtres vivants – est
constitué d’Énergie. « Cette énergie appelée le Qi est l’essence même de la
vie », explique Michel Odoul diplômé en shiatsu et spécialiste des
techniques énergétiques chinoises. « C’est elle qui la crée, qui l’ordonne,
l’organise, lui donne une forme (elle crée le Yin), mais également la nourrit,
l’informe et la féconde (elle crée le Yang). Ces deux forces, ou ces deux
énergies sont les manifestations de la façon dont le Chaos, informe et
originel, s’est organisé et structuré autour de deux dynamiques, l’une subtile
et intangible, le Ciel, et l’autre dense et tangible, la Terre. L’Énergie Qi est
constitutive des deux champs vibratoires, le Yin et le Yang, la matière et
l’Esprit, la Terre et le Ciel. »
Pour ces médecins orientaux, le microcosme humain est construit et
fonctionne exactement à l’identique du macrocosme observable qu’est
l’Univers : le physique représentatif du Yin (le corps) et le psychique
représentatif du Yang.
L’état d’harmonie (la santé) dépend de l’équilibre de ces deux forces.
L’être humain est animé par l’Énergie du Ciel, la plus subtile au niveau
vibratoire, issue du rayonnement et des influences planétaires, mais aussi
par l’énergie de la Terre influencée par l’environnement dans lequel on vit.
Les traditions médicales asiatiques interviennent sur le circuit invisible du
corps humain désigné par les méridiens, les nadis en médecine indienne, les
chakras ou les points d’acupuncture pour guérir et prévenir la maladie en
médecine chinoise.

« Un certain nombre de points sur tous les méridiens permettent de


travailler, non pas sur la quantité d’énergie mais sa qualité, sa dynamique ou
valeur fréquentielle » poursuit Michel Odoul : « Par exemple, on va cadrer
une présence excessive de feu qui se traduit par une sorte de tension
émotionnelle. C’est du subtil que vient la racine des choses et ce qui se
passe dans le dense, est l’exécution d’un ordre qui a émané du subtil.
Comme dans toute structure, lorsque l’exécutant n’exécute pas les ordres, il
y a une tension. »
Le bon praticien est celui qui va tenir ses patients en bonne santé en
traitant autant les symptômes visibles qu’invisibles, par une gestion de
l’équilibre du Qi.

La médecine traditionnelle chinoise est une médecine non


conventionnelle fondée sur une théorie du fonctionnement de l’être humain
en bonne santé en équilibre avec son environnement.
Elle cherche à comprendre l’être humain, aussi bien en bonne santé que
malade, par une gestion de l’équilibre de l’énergie interne appelée Qi.
C’est avant tout une médecine de prévention.
En cas d’affections, elle observe les déséquilibres énergétiques au niveau
des méridiens pour rétablir l’harmonie. Elle se compose de cinq
disciplines : la pharmacopée, le massage et les exercices énergétiques (qi-
gong, taiji quan, kung-fu), la diététique, l’acupuncture et la moxibustion.

LE REIKI
De même, il nous serait difficile d’aborder les soins énergétiques sans
évoquer le reiki qui est une méthode de soins non conventionnelle d’origine
japonaise, fondée sur des soins énergétiques par imposition des mains.
En japonais, le mot reiki désigne à la fois ce que l’on perçoit au-delà de
l’apparence physique, et la force universelle de vie.
Une forme d’énergie vitale spirituelle, déjà évoquée ci-dessus, présente en
chacun de nous et que d’autres traditions ont intégrée : c’est le chi (Qi) des
chinois, le prana des hindous, nous l’avons vu, mais aussi le pneuma des
Grecs, ou même la lumière des chrétiens.
L’origine du reiki remonte à la nuit des temps. Pour certains spécialistes,
elle se situe à la naissance du Tibet, pour d’autres, il s’agirait d’une forme
bouddhiste du qi gong. Des manuscrits sanscrits hindous vieux de deux
mille cinq cents ans y font déjà référence.
Cet art thérapeutique traditionnel a complètement été oublié jusqu’à la fin
du XIXe siècle, époque où il est redécouvert par un médecin japonais,
Mikao Usui.
Selon la légende, ce dernier retrouva le manuscrit du système de guérison
manuelle du Bouddha, au cours d’une illumination mystique, avec les
symboles, les formules et les techniques du reiki qui deviendront, selon ses
termes, le système Usui de guérison naturelle.
Bien qu’il existe aujourd’hui différentes manières d’appréhender et de
présenter le reiki, selon la plupart de ses praticiens, l’un des objectifs de
cette discipline est de soulager les souffrances, d’apporter un calme mental,
une paix intérieure et un bien-être général.
Il se fonderait, on l’a vu, sur le concept d’énergie spirituelle, ce souffle
vital qui circule partout dans la nature, notamment dans le corps, permettant
son fonctionnement et reliant deux êtres ensemble. Sa caractéristique
principale reste le concept de canalisation, c’est-à-dire la capacité du
praticien reiki à servir de canal à une circulation de l’énergie vers une
personne.
Cet art peut être pratiqué de différentes manières selon les croyances ou
convictions des différentes écoles et de leurs représentants.
Lors d’une séance, le praticien mais aussi le receveur perçoivent une
sensation de chaleur, qui reste la seule réalité objective mais non mesurable
de la technique. « Lorsqu’on place la main sur une région bloquée, on
ressent tout d’abord une impression de froid, explique Hélène-Unmani
Finet, fondatrice de l’institut Abasha. Cela signifie que cette partie du corps
a besoin d’un apport d’énergie beaucoup plus important. Il faut donc garder
la même position pendant cinq ou six minutes pour rétablir l’équilibre. »
Simple pratique de guérissage, comme on disait autrefois ? Pas tout à fait,
semble-t-il : alors que les guérisseurs occidentaux exercent leur art de
manière plutôt empirique, les thérapeutes du reiki utilisent une véritable
méthode, reposant sur des règles, un déroulement, une théorie.
Les maîtres de cette discipline expliquent que notre esprit n’a rien
d’immatériel : « C’est une véritable entité énergétique. Un blocage
psychique, une névrose, une phobie… sont donc des nœuds d’énergie que
l’on peut dissiper en les “massant”. »
Simple effet placebo ? Nous aborderons le sujet dans le chapitre
« Science ? Parascience ? ».
ENQUÊTES AUPRÈS
DES MAGNÉTISEURS
ET DES MÉDECINS GÉNÉRALISTES

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Dans un travail de thèse, il est de coutume d’évoquer les


méthodes utilisées pour le travail de recherche. J’ai
maintenu ce chapitre quelque peu technique pour une plus
grande compréhension des conclusions auxquelles je suis
arrivé lors de mon travail.

ENQUÊTE AUPRÈS DES MAGNÉTISEURS


Je me suis donné comme objectif dans un premier temps de rencontrer
vingt-cinq magnétiseurs-guérisseurs locaux, qui pratiquent en recevant des
patients souffrant d’affections diverses.
Il m’a fallu un travail d’enquête pour retrouver ces praticiens qui ne sont
pas répertoriés dans un annuaire, mais que l’on connaît uniquement par ouï-
dire.
J’ai écarté les adresses trouvées sur les sites internet qui à mon sens, sont
sujettes à caution, parce que proposant des séances de bien-être avec
massages, aromathérapies, réflexothérapie… Et qui sortaient du cadre
envisagé.
Je ne me suis donc consacré qu’aux magnétiseurs-guérisseurs-barreurs de
feu qui agissent plutôt « dans l’ombre ».
Une affiche apposée dans ma salle d’attente exposant ma démarche m’a
permis de recueillir, assez facilement je dois dire, les vingt-cinq noms et
adresses recherchés.
Chacune des rencontres s’est déroulée au domicile du tradipraticien,
pendant environ une heure, avec une trame de discussion de quatorze
questions semi-ouvertes.
Il n’était pas possible, d’envisager un questionnaire fermé, qui aurait
certes permis une étude quantitative, mais qui était difficile à mener :
l’approche, pas toujours des plus aisées dans certains cas, nécessitait une
relation de confiance et celle-ci ne pouvait se dérouler que dans un contexte
de confidentialité qui excluait le questionnaire type sondage.

L’analyse qualitative était particulièrement appropriée puisque les


facteurs observés étaient difficiles à mesurer.
On le sait, les études qualitatives ont été victimes d’une image négative et
qualifiées d’insuffisamment « scientifiques », mais elles sont certainement
mieux adaptées pour répondre aux questions pourquoi et comment ?
Les rencontres ont été, avec l’accord des magnétiseurs, enregistrées en
même temps que je prenais des notes manuscrites. J’ai eu le sentiment,
agréable je dois avouer, de faire modestement un travail de journalisme
médical en interrogeant ces magnétiseurs-guérisseurs. Et d’ailleurs, je me
suis rendu compte que les portraits établis étaient de plus en plus fouillés au
fur et à mesure de mon travail… Le début d’une certaine expérience
certainement !
Il fallait créer un climat de confiance, lors de nos rencontres, avec une
écoute active dans une attitude médicale de respect, d’ouverture et de
tolérance, sans jugement. Il m’a fallu garder une attitude neutre et flexible
tout à la fois. Comme je l’ai déjà expliqué, je me suis cantonné, pour garder
une unité de lieu, à l’aire géographique appelée « aire urbaine Nord
Franche-Comté », qui comprend le Territoire de Belfort, le pays de
Montbéliard et la partie proximale de la Haute-Saône, et qui représente
environ une population de 350 000 habitants.
Je me suis posé un moment la question d’utiliser une méthode qualitative
d’analyse des enregistrements.
J’y ai renoncé, pour des raisons de temps, mais aussi d’esprit, considérant
que, certes, on pouvait y gagner scientifiquement, mais que l’on y perdait
en matière d’analyse globale et synthétique.
La recherche qualitative, en utilisant un logiciel d’analyses spécifiques,
est certainement adaptée pour expliquer, explorer et comprendre un
phénomène. Elle aurait permis de générer des hypothèses, et aurait permis
d’éliminer le côté nécessairement subjectif de mon interprétation. Mais, elle
aurait enlevé, à mon sens l’aspect relationnel et intuitif qui fait la richesse
d’une rencontre. L’approche quasi journalistique de ce travail m’a permis de
développer, outre les possibilités d’écoute, un esprit de synthèse, qu’un
logiciel ne saurait que tristement remplacer à mon sens. On pourra
m’opposer aussi l’aspect partial de mon travail : j’ai vraiment essayé d’être
le plus neutre possible dans mon approche, et de réaliser ces entretiens en
me débarrassant de tout préjugé, favorable ou non.
Le nombre de vingt-cinq entretiens que je m’étais fixé apparaît après le
travail d’analyse, tout à fait suffisant.
J’ai eu le sentiment d’avoir pu tracer avec cette trame de discussions
s’appuyant sur quatorze questions, une sorte de portrait type des
magnétiseurs après les quinze premières rencontres. Les rencontres
suivantes n’ont fait que confirmer ce sentiment : interroger trente ou
quarante magnétiseurs ne m’aurait pas apporté plus d’informations.
La période des rencontres s’est tenue durant le premier semestre 2018.
J’ai retranscrit ces entretiens dans les heures qui suivaient la rencontre.
Je n’ai pas tiré d’éléments statistiques de cette étude pour ne pas parvenir
à la saturation de cette étude qualitative, comme on l’évoque en matière
d’épidémiologie.
Voici la trame de questions utilisée pour mes entretiens.

TRAME DE QUESTIONS DESTINÉES AUX MAGNÉTISEURS

1) Qui êtes-vous ?
Âge ; origine sociale. Avez-vous une forme de Foi ?
2) Comment intervenez-vous dans votre pratique : par les mains
uniquement ? Utilisation d’un pendule ?
3) Comment avez-vous découvert ce don ?
4) Quels sont les pathologies que vous rencontrez principalement ?
5) Comment les patients vous connaissent-ils ?
6) Avez-vous des échanges avec des thérapeutes traditionnels ?
(Médecins. Infirmiers. Kinésithérapeutes...)
7) Avez-vous le sentiment d’apporter un plus par rapport à la
médecine traditionnelle ?
8) Avez-vous le sentiment de soulager ? De guérir ?
9) Y a-t-il des limites à votre pratique ?
10) Conseillez-vous de suspendre les traitements traditionnels ?
11) Recevez-vous une rémunération pour vos séances ? Si oui, sous
quelle forme ?
12) Avez-vous des échanges avec d’autres magnétiseurs ?
13) Quelle est votre explication concernant ces possibilités de soulager
par magnétisme ?
14) Avez-vous le sentiment d’une demande croissante de la population
pour ce type de thérapies ?

ENQUÊTE AUPRÈS DES MÉDECINS GÉNÉRALISTES


Dans un second temps, il m’a paru nécessaire de rencontrer des médecins
généralistes du même périmètre géographique et de recueillir leur avis
concernant ce phénomène de magnétisme.
Je me suis limité aux médecins généralistes, ne voulant pas me disperser
dans des directions telles que demander l’avis de médecins spécialistes ou
solliciter des médecins hospitaliers, par exemple ; ce qui m’aurait entraîné
dans des digressions difficiles à gérer et qui sortaient du cadre de mon
étude.
En m’adressant à des médecins généralistes, je recueillais l’avis de
représentants d’une spécialité que je crois bien connaître après trente-sept
ans de pratique.
J’ai bien entendu essayé de tenir compte des diversités statistiques, en
interrogeant des confrères et des consœurs, des praticiens de tous âges,
exerçant aussi bien en milieu rural qu’en milieu citadin.

J’ai inclus certains confrères retraités qui avaient une solide expérience en
médecine générale, avec pour certains, une petite activité résiduelle.
J’ai également fait participer quelques médecins généralistes remplaçants
qui avaient déjà une expérience de terrain.
Cette participation de médecins retraités et de médecins remplaçants m’a
aussi permis d’avoir un début d’analyse des attitudes en fonction des
générations interrogées.
Je leur remettais en main propre un questionnaire s’appuyant sur des
questions fermées cette fois-ci. Ce qui, avec un échantillon espéré de cent
vingt médecins, peut être un début de réponse statistique satisfaisante.

Pour cette enquête, j’ai utilisé une méthode plus classique, plus
scientifique, que pour les magnétiseurs, fondée sur un questionnaire fait de
quatorze questions fermées avec à la clef une analyse statistique.
En remettant mon questionnaire à cent cinquante-quatre médecins
généralistes, je tablais avec ambition sur au moins cent vingt réponses de
médecins généralistes de l’aire urbaine.
Pour cela, J’ai rencontré personnellement les confrères et consœurs, à qui
je remettais le questionnaire, une lettre explicative sur mes motivations
ainsi qu’une enveloppe timbrée qui m’était destinée.
En cas d’absence du médecin, je laissais à un tiers ou je glissais
l’enveloppe dans la boîte à lettres avec un petit mot d’accompagnement.
J’ai donc rencontré cent cinquante-quatre médecins généralistes pour cette
enquête.
J’ai essayé, je l’ai dit, de tenir compte des diversités de sexe, d’âge, mais
aussi de pratique en sachant que le profil moyen retenu correspond aussi au
profil type du médecin généraliste de cette aire urbaine : plutôt un homme,
de plus de 50 ans, qui travaille plutôt en groupe.
Cette enquête s’est déroulée durant les mois de juin-juillet 2018.

Voici le questionnaire remis aux confrères généralistes :


QUESTIONNAIRE REMIS AUX MÉDECINS GÉNÉRALISTES
L’analyse des résultats des questionnaires médicaux s’est faite en
utilisant le logiciel Sphinx. Ce qui nous a permis, par le biais des tris
simples de donner quelques réponses sur le ressenti des guérisseurs par mes
confrères, et par le biais des tris croisés, de connaître leur avis en fonction
de l’âge, du sexe, des modalités d’exercice, de leur rapport à la foi…

Après les magnétiseurs et les médecins généralistes, un troisième chapitre


aurait pu être consacré aux patients qui ont recours à ce type de thérapie.
J’avais beaucoup de témoignages, souvent étonnants, mais il aurait fallu,
pour les exploiter, en posséder encore plus et les recouper par exemple avec
des témoignages de personnes qui ont eu un échec avec un praticien
magnétiseur ou le témoignage de personnes qui refusaient un recours à de
telles pratiques, par doute ou par principe.
D’autant que lorsqu’on aborde le sujet, la première réaction est souvent
« J’y crois » ou « Je n’y crois pas ».
Mais pour cette partie consacrée aux témoignages de patients, il faudrait
effectuer une autre thèse, en sociologie ou en anthropologie !

La bibliographie
La recherche bibliographique s’est faite d’abord en m’appuyant sur les
lectures d’ouvrages et de thèses médicales ou anthropologiques parcourus
ces dernières années, puis classiquement avec les moteurs de recherche
habituels, puis elle s’est enrichie au fur et à mesure de ces documents
récupérés et de l’achat de nombreux ouvrages répertoriés en bibliographie.
RÉSULTATS DES ENQUÊTES

CONCERNANT LES MAGNÉTISEURS


Si l’on fait une analyse globale de l’enquête, il en ressort tout d’abord que
j’ai été plutôt bien accueilli par ces magnétiseurs, avec parfois tout de
même un brin de méfiance pour les rencontrer. Mais, dans la grande
majorité des cas, la méfiance s’est estompée au fur et à mesure de nos
conversations.
Il faut noter qu’un seul guérisseur m’a refusé tout entretien.
Le sentiment retrouvé dans la majeure partie des cas était celui d’une
réserve relative à ma fonction de médecin, liée en même temps,
paradoxalement, à une certaine fierté de pouvoir expliquer cette sensation
gratifiante de soulager, ou même guérir là où la médecine trouvait parfois
ses limites.
Avec ces vingt-cinq entretiens, j’ai pu, grâce à mon questionnaire
recouper les réponses.
Si des différences apparaissent dans l’approche de la prise en charge des
patients, certains points communs ressortent de façon évidente.
J’ai le sentiment qu’avec vingt-cinq rencontres, j’ai pu dresser une sorte
de « portrait type » des barreurs, guérisseurs et/ou magnétiseurs et que la
rencontre d’autres praticiens que ces vingt-cinq personnes n’aurait pas été
d’un plus grand secours dans mon approche.

LES TRAITS COMMUNS À CES VINGT-CINQ MAGNÉTISEURS


Ces traits communs seront repris, intégrés et développés dans l’analyse faite
à propos des guérisseurs dans le chapitre « Médecine et magnétisme », mais
il s’agit, dans un premier temps d’observer les caractères communs à ceux
que j’ai rencontrés.
Si l’on reprend dans l’ordre les questions posées lors de mes rencontres, il
apparaît déjà plusieurs points assez caractéristiques.

Tous et toutes ont une forme de foi.


Soit une foi chrétienne profondément ancrée pour celles et ceux qui se
déclarent « croyants » (et qui d’ailleurs pour certains d’entre eux,
expliquent le don à travers cette foi). Soit une sorte de spiritualité avec une
foi en des forces de vie, une foi en des forces cosmiques.
Toutes et tous, sans exception, ont en tout cas, une foi puissante en
l’homme, avec à la clef, cette envie d’aider et de mettre leur énergie au
service des humains ; ce qu’on nomme intention chez le guérisseur, qui est
une véritable force mentale, déjà une énergie en soi, et qui précède la
transmission de celle-ci.
C’est l’intention qui permet de canaliser le fluide et de le focaliser sur le
malade.

J’ai retrouvé chez tous mes interlocuteurs, un vrai plaisir, et même un


devoir pour beaucoup de pouvoir aider des personnes en souffrance, avec
parfois le sentiment valorisant de pouvoir soulager ou faire disparaître ces
souffrances.
On peut parler, pour la plupart, de compassion, d’altruisme, et même d’un
véritable « don de soi ». Mais je rappelle que j’avais choisi pour mes
rencontres, des magnétiseurs qui œuvrent de façon quasi bénévole et que je
n’ai pas essayé d’intégrer celles et ceux qui se targuent de pouvoirs de
guérison par le biais de publicités.

Chez tous mes interlocuteurs, j’ai retenu une véritable écoute des
patients, avec des séances (même au téléphone) qui durent parfois plus
d’une heure.
« La beauté du regard d’une personne soulagée ou guérie, me suffit », m’a
dit l’un d’entre eux. On le comprend, lorsqu’on a un peu recul en médecine
générale !
Notons que beaucoup répondent la nuit au téléphone bénévolement s’il y
a souffrances…
« Je ne connais qu’un devoir : celui d’aimer », était-il écrit chez l’un
d’entre eux. J’ai le sentiment que cela résume un peu l’esprit des personnes
rencontrées.
À la question no 8, avez-vous le sentiment de soulager, la réponse est
unanime : oui, souvent, avec ce sentiment unanime également de le faire
avec un réel plaisir, qui participe de la bienveillance envers les autres. Avec
ce sentiment même de ressentir un vrai bonheur à aider l’autre. « On ne
peut pas être magnétiseur, si on n’a pas une forme de générosité », ai-je
entendu plusieurs fois.

Chez tous, sans exception, j’ai retrouvé cette forme de générosité, avec
pour beaucoup cette impression, jeune ou très jeune, d’attirer « un peu
comme des aimants » des personnes qui venaient spontanément à eux pour
être réconfortées. Avec même cette sensation étrange pour quelques-uns
« d’être un peu à part, durant leur jeunesse, dans les groupes qu’ils
fréquentaient »
Pour beaucoup, il y eut cette impression de ressentir, très tôt, une sorte de
vocation à vouloir soulager les autres.
Pour toutes et tous, on retrouve à l’interrogatoire, cette sensation étrange
d’obéir à une force qui les guide, et qui les dépasse même. Une force
d’inspiration divine pour les uns, une force mystérieuse et puissante pour
les autres. Et l’impression d’avoir une mission à accomplir pour la plupart,
celle de soulager les souffrances…

J’ai retrouvé chez toutes et tous, sauf une je dois dire, ce sentiment de
force, de sérénité, presque de sagesse avec un rapport privilégié avec la
nature. Avec souvent d’ailleurs des professions en rapport avec la nature :
agriculteur, horticulteur, forestier…
Une forme de modestie et simplicité pour beaucoup « Je ne cherche pas
trop à comprendre ; je ne fais pas de diagnostic. J’essaie juste de
soulager ! » ai-je souvent entendu.
Une forme également de discrétion traditionnelle sans fanfaronnade.
Mais pour tous, j’ai tout de même senti cette forme légitime de fierté à
pouvoir soulager et parfois guérir.
En tant que médecin, nous avons parfois la reconnaissance, mais il est de
notre devoir de soulager ! Mais pour beaucoup de patients, nous ne faisons
que notre métier, et de plus, nous sommes (bien) payés pour le faire, nous
fait-on parfois remarquer !
Je peux témoigner : les quelques succès que j’ai pu connaître dans ma
petite expérience de « guérisseur », m’ont apporté des éloges que je n’ai
certainement pas reçus en tant que médecin !
Chez tous, j’ai retrouvé ce sentiment d’être complémentaires de la
médecine conventionnelle, avec cette impression de prendre le temps
d’écouter, « d’aimer » pourrait-on dire, avec des séances qui durent
souvent, je l’ai évoqué, une heure en moyenne.
En aucun cas, je l’affirme, sauf peut-être un pour lequel l’entretien a été
plus difficile, je n’ai eu le sentiment de praticiens qui voulaient « jouer au
docteur ».

Toutes et tous avaient l’impression d’apporter un plus en matière de


souffrances, par rapport à la médecine conventionnelle.
La plupart, même, mettent en garde les patients lorsqu’ils perçoivent un
foyer inflammatoire suspect, en leur conseillant alors de consulter ou de
revoir un médecin.

Aucun ne demandait d’interrompre un traitement médical.


Toutes et tous reconnaissent les limites de leur art et ont l’humilité de
passer la main, si je puis dire, lorsqu’il n’y a pas de résultats après deux ou
trois séances de magnétisme.
Beaucoup d’entre eux ont une approche intéressante de la santé et de la
maladie qui n’est, selon la plupart, que le reflet d’un déséquilibre de
l’harmonie énergétique intérieure, avec en parallèle ce concept
d’autoguérison présent en chacun de nous.
Beaucoup considèrent qu’ils ne sont que des intermédiaires pour
rééquilibrer les désordres énergétiques.
J’ai retrouvé chez tous mes interlocuteurs une forme puissante
d’intuition, de prémonition, avec pour certains, le sentiment de pouvoir
verser quelquefois dans la médiumnité…
Ce que tous ceux que j’ai rencontrés se refusaient à faire…
De même pour beaucoup d’entre eux, on retient une forme indéniable du
sens de l’orientation, à l’image de la rencontre no 20 (ci-après) qui a le
sentiment d’avoir une boussole dans le cerveau…
Nous reviendrons également dans le chapitre « Médecine et magnétisme »
sur ces capacités étonnantes souvent retrouvées chez les magnétiseurs.

Les pratiques utilisées.


La plupart des guérisseurs utilisent les mains : par apposition des mains,
mais le plus souvent par imposition, sans toucher le patient.
Certains utilisent le souffle. D’autres utilisent des pierres ou des bijoux
magnétiques, ou simplement des aimants. Certains utilisent un pendule pour
orienter vers le foyer inflammatoire ou pour mesurer l’énergie vitale.
Quelques-uns utilisent des accessoires type échelles de Lecher ou échelle de
Turin pour évaluer les taux vibratoires des patients…
Les pratiques sont donc variables suivant les guérisseurs.
Celles et ceux qui sont guérisseurs au nom d’une foi chrétienne récitent en
silence des prières qui peuvent être des prières universelles ou des prières
adressées à des saints en fonction des affections (saint Antoine pour les
problèmes dermatologiques par exemple, sainte Apolline contre les maux
de dents, saint Malo contre les coliques…)
Ils utilisent aussi de l’eau bénite ou de l’eau magnétisée. Quelques-uns se
servent d’un chapelet.

La plupart d’entre eux utilisent parfois le téléphone pour soulager par


télépathie, avec à chaque fois un support : une photo la plupart du temps
(photos de la brûlure en particulier).
Toutes et tous font preuve, je l’ai dit, d’une grande écoute avec les
malades, y compris ceux qui magnétisent par téléphone et qui peuvent le
faire pendant plus d’une heure.

Pour ce qui est de la révélation du don, ce fut pour la plupart une vraie
découverte et une grande surprise.
Pour un certain nombre d’entre eux (neuf sur vingt-cinq précisément), ce
fut la rencontre avec un magnétiseur, parfois par hasard, parfois parce qu’ils
consultaient eux-mêmes sans vraiment y croire, qui leur a révélé leur
potentiel d’énergie avec cette phrase maintes fois entendue : « Mais fais-le
donc toi-même, tu es bien plus fort que moi »…
Pour d’autres (neuf sur vingt-cinq également), surtout des femmes
d’ailleurs, la révélation s’est faite lors d’une rencontre avec une personne en
général vieillissante qui ressentait, l’âge venant, ce besoin de transmettre à
quelqu’un de plus jeune le secret et les formules incantatoires qui
accompagnaient ce secret…
Pour sept des personnes rencontrées, le sentiment était celui d’une
transmission familiale.
À la question no 13, sur l’explication d’un tel don, aucun n’a pu fournir de
données.
« C’est comme ça. Je me sens guidé par une force qui m’échappe », m’ont
avoué plusieurs d’entre eux.

Chaque histoire est en fait singulière, et il est difficile de créer


artificiellement des catégories. Mais pour toutes et tous, une fois le don
révélé, le parcours est assez classique : on essaie d’abord sur ses proches,
sur ses enfants pour ceux qui sont parents, puis le cercle s’étend
progressivement avec les voisins, puis la réputation se fait par le bouche-à-
oreille…

Pour ce qui est des échanges avec les thérapeutes traditionnels, tous et
toutes ont dans leur clientèle des infirmiers et infirmières, des
kinésithérapeutes, et parfois pour quelques-uns des médecins. Et même des
chirurgiens ! Comme me l’ont exprimé quelques-uns.
Tous et toutes ont eu vent de certains professionnels de santé qui
incitaient leurs malades à les consulter. C’est surtout vrai pour le milieu
infirmier, au contact direct et quotidien de la souffrance, qui consultait
personnellement ou incitait leurs malades à le faire. Aucun n’a eu de
« contacts professionnels » directs avec un médecin pour évoquer le cas
d’un malade.

Les affections prises en charge sont variables suivant les praticiens, avec
des « spécialités », pour ceux en particulier qui abordent également les
souffrances psychologiques. Mais on retrouve une base d’affections
classiques : brûlures, herpès, zona, problèmes dermatologiques type
eczémas, problèmes fonctionnels digestifs, douleurs articulaires et
traumatologiques, problèmes de stérilité de couple…
Aucun ne prétend guérir des cancers ou des maladies lourdes, mais tous
reconnaissent qu’ils peuvent aider à passer des caps lorsqu’il y a des
radiothérapies ou des chimiothérapies.

Tous aiment savoir avant, lors du premier contact, le type de souffrances à


soulager, afin d’éviter certaines désillusions.
Certains se refusent à prendre en charge des affections comme les
fibromyalgies ou le psoriasis, craignant également d’engendrer des
désillusions. Pour ce qui est des guérisons, les réponses sont variées,
suivant les affections.
Pour ce qui est des cancers, nous venons de le voir, il n’y a pas de
miracles à envisager.
Mais chacun ou chacune a, dans son parcours, été amené à « guérir » avec
parfois un étonnement personnel des affections aiguës, avec disparition
immédiate de lombalgies, de psoriasis, le soulagement rapide de douleurs
zostériennes, la disparition rapide de zonas, d’herpès… Et bien entendu le
soulagement rapide, voire immédiat des douleurs liées aux brûlures
importantes de deuxième ou troisième degré qui guérissent sans séquelles.
La plupart n’utilisent pas le mot guérison, mais plutôt le terme rémission.
Certains ont ouvert un livre d’or pour permettre aux clients de
s’exprimer : impressionnants, ces livres d’or ! Où le mot merci apparaît à
chaque témoignage et où le mot miracle apparaît régulièrement… un livre
d’or, ai-je noté lors d’une rencontre, à faire pâlir n’importe quel médecin !

Toutes et tous ont le sentiment d’apporter une complémentarité à la


médecine traditionnelle. Un seul sur les vingt-cinq rencontrés, me donnait
l’impression désagréable, je l’ai évoqué, de vouloir jouer les « docteurs ».

Pour tous, le recrutement des patients se fait par le ouï-dire.


Aucun de ceux que j’ai rencontrés ne fait de la publicité, en particulier sur
internet.
Un seul fait de la publicité sur sa voiture !
Pour ce qui est de la rémunération, c’est variable : sur vingt-cinq, seuls
neuf tarifient les séances, qui durent en général une heure à une heure et
demie pour des coûts de l’ordre de trente euros la séance.
Dans ces cas, ils optent pour le statut de micro-entrepreneur.
À noter que pour ceux qui sont passés en microentreprise, c’est le désir de
clarifier, ne serait-ce qu’administrativement (et pour le voisinage) la
situation.
Pour deux d’entre eux, la décision s’est faite de se faire officiellement
rémunérer, parce qu’ils en avaient assez de recevoir en cadeau des kilos de
tomates au moment des tomates, des kilos de cerises au moment des cerises,
etc. !
La plupart (16 sur 25) le font gratuitement, avec le seul bonheur de
soulager. Ils refusent même toute rétribution, en dehors d’un petit cadeau
symbolique : un bouquet de fleurs, une boîte de chocolats, une bouteille de
vin….
Certains se refusent même, surtout lorsque le magnétisme est perçu
comme un don divin, à recevoir tout cadeau et demandent dans certains cas
à ce que l’argent soit reversé à une œuvre.
Tous et toutes ont ce sentiment de soulager mais aussi très souvent de
rassurer, ne serait-ce qu’en écoutant les malades !

Les échanges avec les autres magnétiseurs sont très rares. Mais tous
connaissent bien entendu par ouï-dire certains noms de collègues, en
particulier par les patients qu’ils reçoivent.
Il est cocasse d’avoir révélé à l’un d’entre eux que j’avais rencontré l’un
de ses collègues qui habitait près de chez lui, sans lui en avoir donné le nom
bien entendu…
Certains, plutôt d’ailleurs ceux qui se disent praticiens en magnétisme, ont
quelques échanges lors de rencontres ou salons.
Un élément commun à tous mes entretiens est le mot énergie, qui est
certainement le terme le plus souvent retrouvé dans l’analyse des entretiens.
« Tout est Énergie… », m’ont expliqué beaucoup d’entre eux.
Mais j’ai pu repérer des puissances d’énergie différentes, suivant les
magnétiseurs, avec pour certains le sentiment d’avoir affaire parfois à des
boules de feu, extrêmement réceptifs à certains champs magnétiques, qui
dégagent une puissance magnétique qu’ils utilisent pour combattre
justement le feu des brûlures, du zona… avec pour quelques-uns ce
sentiment d’avoir toujours eu les mains chaudes, mais aussi pour deux
d’entre eux, un corps toujours chaud ; et pour beaucoup ce sentiment de ne
pas toujours être en capacité de pouvoir encore magnétiser lorsque l’énergie
vient à manquer.

Même s’il est difficile d’établir une typologie des guérisseurs tant les
pratiques sont différentes, j’ai distingué à la lumière de mes rencontres, trois
types de magnétiseurs-guérisseurs.
Une ébauche de classification qui n’est donc pas cloisonnée bien
entendu et sur laquelle nous reviendrons largement dans le chapitre
« Médecine et magnétisme ».

– Les coupeurs de feu, appelés barreurs dans l’est de la France, ou encore


leveurs de maux, ou même panseurs de secrets qui traitent ce qui entrave la
santé en utilisant quelques rituels simples, s’accompagnant souvent de
prières (les prières du feu) ou de formules secrètes, de conjuration, et qui
prennent en charge surtout ce qui brûle, surtout dans le domaine de la
dermatologie.
La religion ou la foi ont toujours une place dans ce type de pratiques.

– Ceux que j’ai nommés, abusivement, les magnétiseurs profanes qui


prennent, c’est-à-dire qui absorbent l’énergie liée à une affection avec le
risque d’ailleurs de la récupérer personnellement la (eczéma, zona par
exemple) sans pour autant utiliser des formules ou des incantations.
Ils interviennent surtout par imposition des mains.
Ces magnétiseurs sont ensuite capables, nous l’avons vu précédemment,
de canaliser et de transmettre au malade cette énergie vitale, ce fluide
éthérique qui leur permettra de déclencher des processus d’autoréparation.
Ils sont tous d’accord pour décrire une grande fatigue après une séance,
avec le sentiment d’être « vidés » et le besoin de se passer souvent, durant
la séance, les mains à l’eau froide.
Autre sensation physique pour certains : cette impression d’être parfois
des « bouillottes »…

– Ceux qui se considèrent plutôt, comme des passeurs d’énergie, ces


guérisseurs modernes, les bioénergéticiens, avec une démarche plus
structurée, qui considèrent que la maladie fait suite à une agression du
corps, liée à un déséquilibre d’énergie, et qu’ils ont pour mission de lever
les nœuds d’énergie, et de redistribuer le fluide vital qui est en nous.

Pour tous, l’explication concernant leurs capacités est difficile à expliquer


selon eux, en dehors de ceux qui expriment un don divin. « Ça marche…
C’est tout ce qu’on peut dire », ai-je souvent entendu.
Il y a une évolution indéniable dans les pratiques.
Elle apparaît d’ailleurs nettement dans le documentaire filmé Les
Panseurs de secret de Philippe Rouquier, lorsque l’on voit la mère et la
fille, toutes deux guérisseuses, mais qui ont des conceptions différentes des
usages avec en particulier une fille qui se détache des prières transmises par
sa mère…
Un trait commun à tous : magnétiser fatigue et donc limite le nombre de
malades à voir dans la journée, avec, en vieillissant, de plus en plus de mal
à récupérer.
C’est souvent une sensation d’être vidé qui est décrite par les guérisseurs
après une séance.
Pour magnétiser, il faut être dans un état de disponibilité, de centrage
d’harmonie intérieure. C’est certainement pour cela que la plupart de ceux
que j’ai rencontrés ont besoin de réaliser des pauses, parfois de plusieurs
semaines, pour récupérer.

Autre sentiment commun à toutes mes rencontres, celui d’une demande


croissante de la population. Tous sont unanimes : ils sont de plus en plus
sollicités, avec l’impression que cette démarche est liée au mal de vivre
d’une société de plus en plus tendue.
Ils ont cette sensation de la quête croissante d’une population en
souffrance, avec en plus ce sentiment d’une médecine conventionnelle
performante mais qui, paradoxalement, fait l’objet de doutes et s’éloigne de
l’humain : « les gens ne croient plus trop en la médecine », ai-je entendu
plusieurs fois lors de mes entretiens !
Toutes et tous ressentent clairement cette impression d’une progression
nette des souffrances personnelles, familiales, sociétales que nous
percevons bien en médecine générale.
Pour ce qui est du ressenti de la population à l’égard des guérisseurs,
beaucoup de mes interlocuteurs ont l’impression d’un sentiment à la fois
d’attirance de la population pour cet aspect un peu magique, mais aussi ce
sentiment mêlé de méfiance pour ce qui pourrait être considéré parfois pour
de la sorcellerie ! « Les gens ont besoin de croire en une forme de
spiritualité dans une société qui ne croit plus en rien, me disait l’une d’entre
elles. Mais certains se disent que si nous sommes capables de faire le bien,
nous sommes peut-être capables de faire le mal ! »

Une particularité à noter également. Seulement cinq des vingt-cinq


magnétiseurs rencontrés se sentent en « hypersensibilité magnétique »,
avec les symptômes qui accompagnent ce trouble qui n’est toujours pas
reconnu par la médecine française.
Mais, je dois dire, je n’ai pensé à poser la question que tardivement dans
mon enquête.
Pour certains, si ce n’est pas une hypersensibilité magnétique, c’est
parfois une hypersensibilité à la souffrance avec ce sentiment étrange de
capter et même de percevoir à travers le corps les zones de souffrance par
des sortes de lumière…

À noter également que la plupart prennent en charge les animaux, pour


les problèmes dermatologiques et ostéoarticulaires, avec le lot d’anecdotes
qui accompagne ces prises en charge.

Pour ce qui est des fleurs et des plantes, quelques magnétiseuses m’ont
indiqué qu’elles s’en occupaient : l’une en particulier magnétise les fleurs
avec des résultats étonnants, ce qui a fait l’objet d’une étude comparative
sur des impatientes. Cette étude est en annexe de mon travail de recherche,
mais je n’ai pu la reproduire dans ce livre pour des raisons graphiques.
À l’inverse, une autre avoue qu’elle a tellement d’énergie qu’au contraire
elle fait brûler les fraisiers en approchant les mains !
Je reviendrai sur les particularités de ces guérisseurs dans le chapitre
« Médecine et magnétisme », mais il m’a paru nécessaire de restituer par
un résumé chacune de mes rencontres. Toutes étaient singulières et riches
d’échanges. Je n’évoque dans ces résumés que des traits caractéristiques,
puisque les éléments communs viennent d’être exposés.
Il me semble évident que quelques-uns ou quelques-unes pourraient faire
l’objet d’un livre qui reprendrait les portraits de ces personnages étonnants
pour certains.
M’étant engagé à ne divulguer aucune information les concernant, je me
suis astreint à ne nommer mes interlocuteurs que par le numéro
d’intégration dans l’étude.

On peut remarquer que les portraits effectués lors des rencontres


deviennent de plus en plus étoffés au fur et à mesure de l’étude, avec le
regret, par exemple, de ne pas avoir posé par exemple dès le début des
questions comme celle de l’hypersensibilité magnétique ressentie chez
certains magnétiseurs.
Mais cette progression dans la rédaction au fur et à mesure de mes
rencontres provient aussi sans doute d’un début d’expérience
d’observations flottantes, comme on dit en ethnologie, acquises au fur et à
mesure de mes entretiens !

RÉSUMÉ DES RENCONTRES AVEC LES MAGNÉTISEURS


Le style fait un peu catalogue, mais il s’agit, je l’ai évoqué, de résumés des
rencontres…
Rencontre no 1
Rencontre avec une femme généreuse de 72 ans qui vit avec son mari
dans un petit village de Haute-Saône, et qui dégage une impression agréable
de sérénité et de sagesse chez cette ancienne aide à domicile. Elle se dit
agnostique. Son père était déjà magnétiseur et elle pense que c’est lui qui lui
a transmis le don.
Elle ne travaille qu’avec les mains, parfois par téléphone. Elle a
commencé à l’âge de 50 ans en découvrant qu’elle pouvait soulager les
douleurs de fracture de son mari… puis a rencontré un magnétiseur qui lui a
révélé son don.
Ses champs d’action : brûlures, verrues, douleurs rhumatismales, douleurs
cancéreuses.
Elle est confrontée parfois, avec un certain succès reconnaît-elle, à des
affections dermatologiques type eczémas ou psoriasis.
Particularités : elle se sent vraiment et sincèrement épanouie de pouvoir
soulager.
Elle admet avoir de grandes prédispositions en matière d’intuition et de
prémonition.
Elle a le sentiment d’être parfois épuisée après une séance de magnétisme.

Rencontre no 2
Une magnétiseuse que je connais depuis de nombreuses années. 50 ans.
Agnostique qui exerce le magnétisme avec ce sentiment généreux de
pouvoir soulager les souffrances.
Elle utilise les mains, et le pendule pour avoir une idée de l’état général.
Elle tient certainement le don d’un arrière-grand-père.
Elle a toujours su qu’elle avait ce don, en se sentant toujours un peu à
part. Elle possède cette étonnante capacité d’autoguérison qui fait qu’elle
ne consulte jamais les médecins ! Et qu’elle n’est quasiment jamais entrée
dans une pharmacie !
Les affections qu’elle rencontre : brûlures y compris du deuxième degré,
verrues, maladies dermatologiques, douleurs rhumatismales, mais aussi les
souffrances psychologiques, avec mal-être, insomnies… et d’étonnants
résultats à la clef, je peux en témoigner.
Elle aime particulièrement prendre en charge des enfants, auprès de qui, je
le sais, elle a une belle écoute, et une grande douceur. Mais elle prend
également en charge les adultes avec parfois des membres du monde
médical : des infirmières surtout, des ostéopathes, des médecins…
Selon elle, les maladies, y compris les petites affections comme les
verrues, sont un message envoyé par le corps, qui correspond à une perte de
rectitude dans l’équilibre énergétique.
Elle sent ses limites, ne serait-ce que par la force émotionnelle qui
l’entrave au bout d’un moment, et la fatigue qui l’empêche de donner plus
de fluide…
Elle considère que le magnétiseur est là comme passeur d’énergie et pour
favoriser une rééquilibration de l’énergie humaine.
Elle sera la première à m’évoquer son hypersensibilité aux champs
magnétiques, même minimes comme ceux émis par un téléphone ou par une
montre, mais surtout cette hypersensibilité aux souffrances chez les autres
qu’elle peut percevoir comme une sorte de halo de lumière, avec des
couleurs différentes suivant les souffrances.
Elle sera la première également à m’évoquer ce sentiment de méfiance de
certaines personnes, qui peut parfois la faire passer pour une sorcière auprès
de ces personnes qui n’ont pas suffisamment de recul sur le magnétisme.
J’ai noté enfin qu’elle accepte de recevoir les personnes dubitatives qui
viennent avec cette idée que « ce truc-là, ça ne marche pas » : ce qui
compte, c’est qu’elle ressente ou non les possibilités de guérison.
Enfin, elle prend en charge les animaux avec des réactions étranges
parfois de chiens ou même de vaches, qui apparaissent pétrifiés, et qui ne
bougent plus du tout lorsqu’ils sont magnétisés.

Rencontre no 3
Ancien cadre de 51 ans, surmené, « en train de perdre [son] âme » dans
une vie qui ne lui correspondait pas. Sa rencontre avec un moine
franciscain, qui lui a révélé son don, a été déterminante. Ce dernier l’a
accompagné sur ce chemin du magnétisme et lui a permis de se retrouver en
harmonie avec lui-même, en bannissant en particulier le mensonge.
Il considère qu’il mène un combat spirituel, pour éviter d’aller contre ces
dérives de la société et se sent heureux de pouvoir soulager les souffrances,
« d’aider à faire du bien ».
Il travaille avec les mains uniquement, et par télépathie également.
Les séances durent environ une heure et sont tarifées.
Il a opté pour un statut de micro-entrepreneur et prend en charge tout type
de souffrances, physiques et psychologiques, avec souvent un
accompagnement psychologique, et conseille souvent des lectures en
fonction des personnalités des patients.
Il est connu par le bouche-à-oreille, reçoit souvent des infirmières, qui le
recommandent à certains de leurs patients.
Il a quelques contacts indirects avec des médecins, dont le sien, qui lui
adresse certains patients.
« Il soulage souvent, guérit parfois ! » pourrait-on dire.
En écoutant les malades qu’il reçoit, il a le sentiment « que ceux-ci se
libèrent l’esprit ». Il considère que les individus s’éloignent de leur
spiritualité, et que d’une certaine façon, la médecine traditionnelle s’éloigne
des malades.
Il admet qu’en matière de magnétisme, il faut se méfier des charlatans qui
exploitent la fragilité des patients.

Rencontre no 4
Ancien agriculteur de 63 ans qui considère qu’il a une forme de
spiritualité, sans avoir une véritable foi.
Il intervient par les mains et par télépathie.
La révélation s’est faite, alors qu’il consultait pour un lumbago, sans y
croire du tout, une magnétiseuse dans les Vosges, qui lui a dit, lorsqu’il est
rentré chez elle : « Mais vous, vous êtes bien plus fort que moi dans ce
domaine ! »
Classiquement, il prend en charge, toutes les inflammations ; brûlures,
séquelles de radiothérapies et de chimiothérapies, lombalgies, zona,
herpès…
Il reçoit des infirmières, des kinésithérapeutes…
Certains médecins le recommandent, sans pour autant le contacter
directement.
Pour lui, tout est énergie. Lui qui a les pieds sur (et dans) la terre,
considère qu’elle doit circuler du haut (spiritualité) vers le bas (la terre), et
qu’il est là pour faire sauter les nœuds d’énergie.

Rencontre no 5
Une rencontre qui m’a marqué par la bonté et la sérénité dégagées par cet
ancien manipulateur de radiologie de 63 ans, qui a le sentiment d’avoir une
forme de foi laïque en l’homme.
Il utilise, outre les mains, des pierres mais aussi des bijoux magnétiques
qui lui permettent de cerner et d’équilibrer le corps émotionnel.
Comment il a découvert son don, son potentiel ? Ça lui est « tombé
dessus », d’abord lors d’une rencontre avec un magnétiseur parce qu’il
souffrait de scapulalgies puis d’une hernie discale. Ce magnétiseur qui lui a
révélé qu’il était « bien plus puissant » que lui !
Il a ensuite beaucoup lu sur le sujet. Il ne « prend pas l’énergie des autres,
n’est pas, “connecté” à l’autre, mais redistribue le flux d’énergie et libère
les nœuds d’énergie ».
Il se sent plutôt « praticien en magnétisme » que magnétiseur.
Il considère, comme beaucoup des magnétiseurs rencontrés, que la
maladie est un signal d’alerte du corps, le signe d’un déséquilibre d’énergie,
et que les antalgiques ou anti-inflammatoires ne font que masquer le
déséquilibre sous-jacent.
Il rencontre d’autres praticiens magnétiseurs dans des salons du bien-être
qui regroupent des spécialités diverses.
Il se méfie des charlatans, a des échanges surtout avec des infirmières
« qui ramassent beaucoup » selon lui, et fait tout cela bénévolement.
Les limites à sa pratique : le port de stimulateurs type pacemaker, qui
brouillent l’intervention ; L’hypothyroïdie, de peur de stimuler la thyroïde ;
les cancers (sauf en cas de douleurs), par peur de stimuler le tissu
cancéreux.

Rencontre no 6
Comme pour la rencontre no 1, je rencontre là une brave et généreuse
femme de 79 ans, retraitée, qui vit avec son mari, toujours admiratif des
« miracles » effectués par son épouse !
Elle a reçu le don d’une vieille femme de son village, qui a pressenti en
elle ses prédispositions et qui lui a transmis le secret fondé sur des prières.
Elle a une véritable foi catholique. Agit par le souffle plutôt que par les
mains, mais peut intervenir par téléphone, qu’elle utilise alors par une
forme de télépathie.
Elle ne soigne que ce qui « brûle » ; brûlures, érythème, zona, érysipèle…
Elle se sent épuisée après une séance parce qu’elle a l’impression de
vraiment absorber l’inflammation.
Elle ne s’occupe pas des eczémas, puisqu’elle constate, qu’après une
séance, qu’elle prend aussi l’eczéma !
Elle est heureuse de pouvoir soulager ; le fait à titre gracieux et ne
comprend pas qu’on puisse monnayer un don.
Elle a des relations avec les infirmières, qui lui adressent des patients, et
indique qu’elle agit modestement, en complément de la médecine en
évoquant des cas de soulagements immédiats, en particulier de brûlures, qui
la laissent encore pantoise !

Rencontre no 7
Même profil que pour la rencontre no 3.
Même concept de blocage d’énergie, de nœuds d’énergie qui se créent
lors d’une agression du corps et qu’il fait sauter.
Il utilise un pendule, des pierres en plus de ses mains et intervient aussi
chez les animaux.
Chez les humains, il intervient en cancérologie pour les effets secondaires
de radio ou chimiothérapies. Il intervient également au moment des
accouchements, mais participe également à des stages durant lesquels il
retrouve des infirmières, des médecins…
Il considère qu’il n’est qu’un intermédiaire, mais que c’est au patient de
se sauver lui-même…

Rencontre no 8
Rencontre chaleureuse avec cette grand-mère de 86 ans, qui me reçoit
dans sa ferme ; qui se dit barreuse, avec une véritable foi chrétienne.
C’est une vieille femme qui lui a transmis le don alors qu’elle-même avait
50 ans.
Comme pour plusieurs de mes rencontres, c’est parce que cette vieille
femme avait senti en elle des prédispositions qu’elle a choisi mon
interlocutrice.
Elle utilise essentiellement les mains, mais aussi parfois le téléphone.
Son intervention s’appuie sur une formule secrète centrée sur une prière.
Elle ne prend en charge que les brûlures et le zona avec des protocoles :
pour le zona, c’est une incantation par jour pendant neuf jours. Pour les
brûlures, une fois par jour pendant cinq jours en pensées. Pour la
radiothérapie, c’est une fois par jour, le temps de la radiothérapie, c’est-à-
dire trente jours la plupart du temps. La première intervention se faisant au
contact du malade.
Elle refuse maintenant les malades qui viennent sans « croire en son
pouvoir » ou qui viendraient par défi.
Elle n’est connue que par ouï-dire, mais pratique des interventions par
téléphone dans la France entière. Elle ne veut surtout pas de cadeaux, avec
le risque sinon de perdre son don d’origine divine.
Elle n’a pas d’échanges avec les médecins, mais elle sait que certains,
dont le sien, la recommandent en cas de brûlures ou de zona.
Elle se sent toujours fatiguée après une intervention. Elle a déjà donné son
secret à cinq personnes, maintenant qu’elle ne pratique presque plus, et n’a
pas d’explications, si ce n’est cette foi qui lui fait dire qu’elle n’est que
l’intermédiaire d’une puissance divine.
À noter que le mari, 90 ans, présent lors de l’entretien, n’a jamais eu le
droit d’assister aux séances, mais qu’il a bénéficié avec succès des soins de
sa femme lors de ses séances de radiothérapie pour un cancer ORL !

Rencontre no 9
Très belle rencontre avec ce paysan de 57 ans, qui a une véritable foi
chrétienne et qui intervient auprès des humains mais aussi pour une part non
négligeable auprès des animaux, surtout les chiens, qu’il reçoit sur
recommandations d’un certain nombre de vétérinaires de l’aire urbaine pour
des affections type verrues, teignes, molluscum…
Pour les humains, il prend en charge les brûlures, zonas, herpès, eczémas,
psoriasis, mais aussi les douleurs cancéreuses, rhumatismales, les
complications de radiothérapie…
Il intervient par les mains, mais aussi par téléphone/télépathie, à condition
d’avoir un support comme une photo.
Les patients, viennent, parfois de très loin, par ouï-dire, mais aussi
envoyés de façon informelle par des médecins et en particulier deux
pédiatres qui adressent des nourrissons victimes d’érythème fessier ou
d’eczéma.
Il a un certain nombre d’infirmières parmi ses patients, ainsi que des
médecins, dont le sien !
Ce don lui a été révélé à l’occasion d’une rencontre pendant un mariage,
avec un convive magnétiseur qui lui a dit tout de go : « Essaie de
magnétiser, tu es bien plus fort que moi. »
Il le fait par empathie et générosité, bénévolement, même s’il accepte les
petits cadeaux comme une bouteille de vin ou du chocolat.
Comme ses collègues, il a le sentiment d’une demande croissante pour ce
type de prise en charge.
Il connaît ses limites, mais en bon terrien, il répond à ceux qui veulent
connaître les risques d’une telle pratique, avec son accent terrien : « En
venant me voir, vous ne courrez aucun risque, si ce n’est celui de perdre une
demi-heure ! »
Il n’a pas d’explications rationnelles sur ce don, mais il constate, souvent
avec encore une forme d’étonnement, que « ça marche », et parfois encore
plus chez ceux qui n’y croient pas en arrivant !
Il reconnaît qu’il est fatigant de magnétiser, mais il avoue avoir un
sommeil extrêmement récupérateur qui lui permet de recommencer le
lendemain d’une intervention.
En bon terrien, il constate que les affections type zonas sont plus
fréquentes lors des montées de sève…

Rencontre no 10
Rencontre avec une auxiliaire de puériculture en retraite, de 63 ans, qui
possède une véritable foi chrétienne, et qui n’intervient quasiment que par
téléphone/télépathie, avec obligatoirement un support comme une photo.
Elle intervient essentiellement sur tout ce qui « chauffe » : les brûlures,
quel que soit le type de brûlures, érythèmes, psoriasis, eczémas,
complications de radiothérapies ou de chimiothérapies.
Elle est connue par ouï-dire uniquement, avec des interventions dans la
France entière et même au-delà…
Elle a reçu le don par une vieille dame qui l’avait repérée et qui lui a
transmis les formules incantatoires idoines.
Elle a déjà été sollicitée par un service d’urgences pour des brûlures.
Des infirmières l’appellent parfois pour elles-mêmes ou pour des malades.
Quelquefois des médecins la sollicitent pour eux ou pour des malades…
Elle considère qu’elle a une certaine écoute au téléphone avec des appels
qui peuvent durer une heure et pendant lesquels les patients se libèrent en
parlant…
Sa conception rejoint celle déjà vue de l’énergie qui circule ; « tout est
énergie », m’a-t-elle dit…

Rencontre no 11
J’ai hésité à inclure ce personnage étonnant, truculent, hypersensible
magnétique, qui est un grand inventeur, avec à la clef deux médailles au
salon Lépine.
Ancien garagiste de 72 ans, un profil de Géo Trouvetou, et qui s’intéresse
à la santé des individus sur leur lieu de vie. Une médecine de l’habitat plus
que celle de l’habitant mais plutôt de façon environnementale et préventive
que curative.
Des patients font appel à lui pour des symptômes variés, en particulier des
céphalées, pour les aider à changer leur environnement.
Des institutions suisses ont fait appel à ses services pour des diagnostics
en tant que radiesthésiste et « biologue ».
Il s’intéresse à tous les champs magnétiques d’une maison et en modifiant
ou supprimant quelques appareils électriques dans une demeure, enlève les
« entités négatives qui favorisent certains dysfonctionnements ».
Ainsi, il a plutôt un rôle de conseiller en matière de nettoyage d’énergie
tellurique dans les maisons ; il utilise des pendules, des baguettes, les
antennes Lecher.
Il rejoint la cohorte de radiesthésistes célèbres comme les Drs Ernest
Hartmann et Manfred Curry, le physicien Reinhard Schneider, qui ont
montré le pouvoir pathogène de certains lieux par le biais de dizaines de
tests biophysiques.
Des études scientifiques ont montré le rôle de l’environnement
électromagnétique sur notre santé, que ce soient les champs naturels cosmo-
tellurique, mais aussi et surtout depuis quelques années, les champs
électromagnétiques artificiels, engendrés par les appareils électriques.
Il m’encourage à lire un livre extrêmement instructif de Joseph Birkner,
L’Influence du lieu. Géobiologie et santé.

Rencontre no 12
Magnifique rencontre que celle-ci avec une ancienne horticultrice de 70
ans, très douce, hypersensible magnétique, qui a la foi chrétienne, et une
forme d’humilité étonnante. Elle intervient avec les mains, avec un pendule,
et souvent avec des prières, ou avec de l’eau magnétisée. Elle a découvert
son don lors de l’accompagnement en fin de vie de sa maman, qu’elle a
réussi à soulager de ses douleurs, à tel point que le médecin généraliste qui
suivait la maman lui a dit : « Tu as un vrai potentiel de magnétiseuse. Il faut
le travailler… »
Puis elle a commencé en famille, avec un zona qu’elle a guéri de façon
spectaculaire et à sa grande surprise.
Elle prend en charge justement les zonas, brûlures, herpès, eczémas,
lombalgies, mais refuse la prise en charge des anxiétés ou des dépressions :
« Cela demande trop d’énergie. »
Sa clientèle se recrute par ouï-dire. Des infirmières la contactent ou
viennent la voir.
Elle le sait, des médecins la recommandent. Il est arrivé qu’elle en
reçoive, dont un « qui n’avait plus la foi en son travail de médecin », m’a-t-
elle dit avec humour.
Elle connaît bien entendu ses limites en matière de magnétisme, ne
décourage jamais un malade de prendre ses traitements et pense qu’en
soulageant comme elle le fait, il devrait y avoir plus de complémentarité
avec les médecins.
Ce qui est important pour elle, c’est la confiance qu’elle ressent chez des
patients qu’elle prend en charge, souvent pendant une heure.
Sa rémunération est symbolique.
Elle a suspendu son activité depuis quelques mois, parce que « c’est
épuisant parfois de magnétiser », mais elle avoue que le bonheur de
soulager lui manque maintenant. Elle ne connaît pas d’autres confrères,
pense que tout vient de la concentration de cristaux de magnétites dans
l’organisme.
Comme pour toutes les autres personnes rencontrées, elle a le sentiment
d’une demande croissante de la population de ce type de thérapies.
« Les gens ne croient plus en rien maintenant. Avec le magnétisme ils
recherchent peut-être une forme de spiritualité », pense-t-elle deviner.
Une particularité propre à sa profession d’horticultrice : elle magnétisait
les fleurs dans son entreprise avec des résultats tangibles sur la croissance
des plantes dont elle s’occupait ! C’est cette pratique qui m’a donné l’idée
de lancer l’expérience évoquée des impatientes magnétisées versus
impatientes non magnétisées, dans les conditions identiques de culture, avec
à la clef des résultats étonnants.
Rencontre no 13
Rencontre avec une horlogère en retraite, toute fraîche à 83 ans, qui
respire la bonne santé et la sérénité. Elle utilise ses mains, parfois un
pendule et intervient aussi par téléphone.
Elle a découvert son don lors de la brûlure importante de sa fille de quatre
ans à l’époque.
Dans son cas également, elle a reçu le « secret des prières » par une vieille
femme qui avait senti en elle des dispositions.
Elle avoue avoir toujours eu de l’énergie, les mains chaudes. Elle prend en
charge complètement bénévolement les brûlures, zonas, psoriasis, et tout ce
qui fait souffrir.
Elle a toujours eu à cœur de soulager les souffrances des autres et pense
qu’elle a reçu une énergie divine, elle qui est catholique pratiquante.
Elle n’est connue que par le bouche-à-oreille, mais aussi par le monde
médical, et en particulier par certains médecins ou infirmières qui la
recommandent auprès de patients. « J’ai même reçu parfois des femmes ou
des enfants de docteurs ! » confie-t-elle.
Elle respecte la médecine traditionnelle, mais elle avoue qu’« on ne croit
plus trop les docteurs maintenant ! »
Enfin, elle le reconnaît volontiers : elle a besoin d’aider les autres pour
vivre !

Rencontre no 14
Étonnante rencontre avec cette ouvrière horticultrice en retraite de 68 ans,
qui a une aura et une personnalité bien marquées. Elle a perdu la foi, mais
croit en des forces cosmiques.
Elle a ressenti très jeune cette capacité, cette énergie qu’elle avait en elle.
C’est une rencontre avec une magnétiseuse qui lui a révélé cette force avec
une phrase que j’aurai décidément entendue souvent au cours de mes
rencontres : « Je ne peux rien faire pour toi, tu es bien plus forte que moi ! »
À noter que son médecin traitant, qui est acupuncteur, l’a encouragée à
donner cette énergie qu’il percevait chez elle en lui conseillant vivement
d’aider d’autres patients.
Elle intervient par les mains, avec des séances qui peuvent durer une
heure à une heure et demie, et qui se terminent par des massages.
Elle avoue qu’elle ne peut prendre en charge plus de trois patients par
jour, sous peine d’épuisement. Elle n’intervient que lorsqu’elle se sent
déconnectée du monde et prend en charge les problèmes dermatologiques
(brûlures, zonas, herpès, eczémas, psoriasis…), les problèmes digestifs, les
douleurs rhumatismales, les douleurs cancéreuses…
Elle n’est connue que par ouï-dire, s’est déclarée en microentreprise avec
des tarifs de l’ordre de trente euros la séance.
Des infirmières la recommandent ; parfois des médecins, qui le font de
façon plus informelle.
Comme tous les magnétiseurs rencontrés, elle conseille de poursuivre les
traitements habituels, n’étant là que pour une thérapie alternative
complémentaire.
Cinq particularités chez cette femme généreuse :
– elle prend des photos, avant et après les séances, surtout pour les
problèmes dermatologiques avec, je dois le dire, des résultats étonnants ;
– un livre d’or est à la disposition des clients avec là aussi, des
commentaires à faire pâlir n’importe lequel de nos confrères !
– elle assure les « urgences », considérant qu’elle ne pourrait laisser
souffrir un patient qu’elle pourrait soulager ;
– elle prend en charge les petits animaux, chiens chats, avouant qu’elle
n’a pas la place pour les animaux plus gros comme les chevaux… !
– enfin, elle ressent, comme plusieurs des guérisseurs que j’ai rencontrés,
cette possibilité intuitive, qui pourrait la mener à rentrer dans le champ
d’action des médiums… ce qu’elle se refuse totalement de faire.

Rencontre no 15
Avec ce maraîcher de 55 ans, qui tient son don de ses deux grands-pères
et ses deux grands-mères qui pratiquaient déjà le magnétisme, avec même
pour l’un des grands-pères un don d’exorciste !
Il a une foi chrétienne certaine qui l’amène parfois à utiliser des prières
incantatoires, mais aussi une foi cosmique.
Il a toujours senti en lui des capacités d’observation, une hypersensibilité
qui lui donnait le sentiment d’être en retrait des groupes qu’il fréquentait.
Il utilise ses mains essentiellement, parfois le souffle, et intervient parfois
par une forme de télépathie à distance. Il n’utilise plus le pendule « qui a
trop d’influences sur [sa] pensée ».
La révélation du don s’est faite à l’âge de 22 ans, en allant consulter une
magnétiseuse pour un traumatisme dont il avait été victime. Il a compris à
l’issue de cette séance qu’il connaissait désormais le chemin à suivre.
Une particularité pour cet autodidacte : une formation en psychologie
générale pour essayer de comprendre les patients qu’il reçoit et « de lire les
gens ».
Il prend en charge les problèmes dermatologiques, intestinaux,
musculaires, les lombalgies, les cervicalgies, les troubles du sommeil, les
phénomènes de stress… et n’est connu que par ouï-dire. Il reconnaît que
certains patients sont recommandés par des infirmières, parfois par des
médecins, y compris des spécialistes, tels certains neurologues qui lui
adressent des patients atteints de maladie de Parkinson.
Il a le réel sentiment d’apporter un plus par rapport à la médecine, mais en
aucun cas il ne désire remplacer le médecin.
Il n’utilise pas le mot guérison, mais le terme soulagement.
Il a adopté le statut de micro-entrepreneur et demande une rémunération
de l’ordre de trente euros pour une séance de trente minutes. Il prend en
charge également les animaux.
Il n’a pas d’explications concernant ce don qui le guide à soulager.
En vieillissant, il admet être beaucoup plus vite fatigable en soins
énergétiques, avec une impossibilité durant certaines périodes de prendre en
charge des malades !
Comme tous ses collègues, il ressent une demande de plus en plus
importante de la population pour ce type de thérapies.

Rencontre no 16
Rencontre avec un formateur en retraite de 76 ans, qui a un parcours
d’homme généreux qui a toujours eu le souci de l’autre, en s’engageant
comme pompier volontaire puis à la protection civile.
Il possède une vraie foi chrétienne, mais avoue ressentir une spiritualité
plus globale dont il a besoin pour magnétiser.
Il n’utilise quasiment que ses mains, avec parfois le recours à un pendule
pour affiner la localisation d’une zone en souffrance.
Il a découvert le don à 40 ans, alors qu’il s’était brûlé, et qu’il s’est
automagnétisé avec un soulagement rapide…
Puis ce fut au tour de son entourage : son fils qui s’était brûlé les deux
mains. L’une a été magnétisée, l’autre traitée de façon classique avec
pansements gras. La première a été guérie en huit jours sans cicatrice, la
seconde en trois semaines avec présence de cicatrices !
Puis il a été sollicité par la famille, les voisins, et a utilisé son don
lorsqu’il était pompier. D’ailleurs, il reconnaît que des infirmières du
service des urgences l’appelaient discrètement en cas de brûlures…
Puis il a essayé sur les verrues, puis sur un zona à la demande de son
médecin traitant…
Il a voulu en savoir plus et s’est alors formé auprès d’un magnétiseur-
radiesthésiste pour apprendre à utiliser ce don.
Il intervient pour les brûlures, le zona, le stress, l’asthme, les problèmes
intestinaux, les migraines… et avoue que les patients viennent de loin
(Strasbourg, Besançon, Lyon…). Il a des contacts avec des infirmières
surtout, mais il sait que certains médecins (dont le sien !) le recommandent.
Il ne veut surtout pas qu’on le considère comme un médecin, encourage
les patients à consulter justement leur médecin lorsqu’il perçoit une
affection qui peut s’avérer gênante pour leur santé et considère que sa
pratique est un complément de la médecine conventionnelle.
Bien entendu, il ne conseille jamais d’arrêter un traitement médical.
Il ne se fait pas rémunérer, mais accepte les cadeaux et regrette le
commerce qui peut être fait avec un risque de dérive vers le charlatanisme.
Ses séances peuvent durer une heure. Il reconnaît que l’écoute est
importante avec une dimension psychologique dans la prise en charge et
qu’elle correspond à une demande de plus en plus grande de la population.
Il regrette de ne pas avoir d’échanges avec ses collègues magnétiseurs.
Pour ce qui est de l’explication, il n’en a pas ! Il admet juste que c’est un
don qui lui a été donné et qu’il doit en faire profiter les autres.
Une particularité : il a suspendu son activité pendant un an, le temps de
s’occuper de sa femme malade, en avouant qu’il n’avait plus assez
d’énergie pour prendre en charge ses clients !

Rencontre no 17
Rencontre avec une ancienne employée de mairie de 57 ans, qui est
nouvellement arrivée dans la région, et qui a eu une activité importante de
magnétiseuse-énergéticienne dans sa région natale.
Elle considère qu’elle a une forme de foi, de spiritualité même si ce n’est
pas la foi chrétienne. Elle pratique presque uniquement avec les mains,
utilisant parfois en complément les pierres.
Elle se définit plus comme énergéticienne, dans la mesure où elle ne
prend pas l’énergie des consultants mais rééquilibre la chaîne énergétique
du malade.
Elle prend en charge surtout les phénomènes qui gravitent autour des
cancers : les douleurs, les effets secondaires des chimios et radiothérapies et
reconnaît qu’elle a une grande écoute pour ces patients. Elle prend en
charge aussi les douleurs rhumatismales.
Elle n’est connue que par ouï-dire et avec une petite publicité indirecte
dans un journal communal.
Elle avait dans sa clientèle des infirmières, des kinésithérapeutes, des
médecins et a toujours senti dans son enfance qu’elle avait une
prédisposition magnétique.
Elle a découvert, il y a quelques années, qu’elle était même une
hypersensible magnétique.
Mais, de façon paradoxale, elle a longtemps refusé d’admettre ce don.
Elle a d’abord pratiqué, en maman attentive, sur ses enfants qui
souffraient, puis sur son entourage.
Puis elle a voulu en savoir davantage, et s’est inscrite dans un stage de
reiki.
Elle pense soulager souvent, guérir parfois. Ou plutôt permettre une
rémission.
Comme tous les autres magnétiseurs rencontrés, elle admet ses limites
avec humilité, encourage les patients à suivre leurs traitements, et n’a pas
d’échanges avec les autres magnétiseurs.
Elle n’a pas d’explications concernant ces phénomènes paranormaux,
mais elle avoue qu’elle travaille plus en prévention en rééquilibrant les
circuits énergétiques des malades.
En tout cas, elle a le sentiment d’avoir de l’empathie pour écouter les
souffrances des patients.
Quelques particularités :
– elle a le sentiment, comme certains que j’ai rencontrés, de pouvoir être
médium parfois, mais s’y refuse ;
– elle a le sentiment également d’avoir une boussole dans le cerveau avec
un étonnant sens de l’orientation ;
– elle retrouve chez les patients parfois des cicatrices, sous forme de fuites
d’énergie qui correspondent à des souffrances anciennes.

Rencontre no 18
Rencontre avec une femme de 68 ans, ancienne hôtesse de caisse, qui
s’appuie, pour ses interventions sur une foi chrétienne solide, et qui
intervient avec les mains, mais aussi avec un chapelet pour les clients non
croyants, et avec de l’eau bénite pour les clients croyants. Elle travaille avec
la main gauche « la main du cœur » et utilise la main droite pour les signes
de croix ou les incantations.
Une particularité : elle touche physiquement certaines zones comme la
tête.
C’est à 20 ans quelle rencontre un radiesthésiste chez qui elle avait
emmené son mari qui souffrait du dos, et qui lui révèle son don : « Vous
avez un don, madame, utilisez-le pour soigner les gens ! »
Elle avoue qu’elle aime les gens et que les soulager lui fait
personnellement le plus grand bien.
Elle a une clientèle qui vient de loin : Dijon, Nancy, Suisse, Belgique… et
me dit prendre en charge toute forme de souffrance, y compris les
problèmes de stérilité ! Avec une absence inhabituelle d’humilité, que je
n’ai pas retrouvée chez ses collègues ! Elle avoue : « J’ai fait quatre bébés
pour des femmes qui avaient tout essayé ! »
À noter : Elle critique – et ce sera la seule des personnes que j’ai
rencontrées à le faire – assez ouvertement le monde médical : « Je ne fais
pas confiance en la médecine. Je suis déçue. »
Elle est connue par ouï-dire et se fait payer, ayant eu assez de recevoir des
kilos de tomates ou de concombres comme rétribution !
Elle possède ses protocoles (il faut venir trois fois à une semaine
d’intervalle) et accompagne ses séances de conseils diététiques.
Elle n’a pas d’échanges avec ses collègues, qu’elle ne connaît d’ailleurs
pas.
Des infirmières la recommandent à des patients. Son médecin parfois pour
des affections comme le zona.
Elle n’aime pas le mot guérir… elle préfère soulager, permettre une
rémission… et indique qu’elle prend l’individu dans son ensemble, en
s’occupant autant de l’esprit que du corps.
Elle parle de « clients » et pas de patients et ressent parfois les cicatrices
des problèmes de santé survenus jadis, avec cette impression de défaire ces
nœuds.
Comme ses collègues, elle se sent très fatiguée après une séance, mais elle
indique que le patient est lui aussi épuisé après une séance.
Elle me montre pour finir des lettres de malades (éternellement)
reconnaissants à faire pâlir, de nouveau, un médecin généraliste de terrain !

Rencontre no 19
Avec un homme serein de 72 ans, que l’on sent proche de la terre, retraité
de l’industrie et qui avoue d’emblée avoir une foi chrétienne mais aussi une
foi « mystique et cosmique ».
Il intervient avec les mains, mais utilise le pendule pour évaluer l’état
général du patient. Il utilise également les prières, les conjurations en
s’adressant à tel ou tel saint, en fonction des souffrances rencontrées (saint
Antoine pour la peau, saint Pancrace pour les rhumatismes…).
Il a toujours senti en lui des prédispositions, s’étant senti durant son
enfance quelque peu « diffèrent » des autres.
Il avait un oncle sourcier qui l’a beaucoup marqué durant sa jeunesse.
Il a d’abord exercé ses dons sur des animaux, pour des problèmes de peau
ou des douleurs articulaires, puis sur son entourage…
Il rencontre des affections différentes : dermatologiques,
gastroentérologiques, articulaires… et beaucoup de stress et de dépressions.
Il ne fait jamais de diagnostic et n’hésite pas à conseiller de revoir un
médecin lorsqu’il ressent un dysfonctionnement. Il lui arrive de toucher
certaines zones, mais « sans que les clients se dénudent », s’empresse-t-il de
rajouter.
Il détecte des fuites énergétiques et des déséquilibres énergétiques avec
des échelles personnelles graduées de 0 à 50.
Il est connu des infirmières et des pharmaciens de son canton qui le
recommandent parfois auprès de leurs patients et clients et ne demande
aucune rémunération. « On est là pour faire du bien », avoue-t-il.
Il est persuadé que son rôle est complémentaire de celui de la médecine
conventionnelle, en particulier dans l’écoute, puisque ses séances durent
environ une heure.
Il ne guérit pas, mais permet une autorémission et reconnaît facilement,
avec humilité, qu’il est confronté à des échecs.
Il admet que la demande est de plus en plus grande : « Les gens sont
tellement stressés. Et puis toutes ces pollutions avec les perturbateurs
endocriniens. Et puis ces cancers de plus en plus nombreux. Et les gens
n’ont plus confiance en leur Moi. Ils sont déconnectés de leur corps
spirituel. Il n’y a plus de relais entre le corps spirituel et le corps physique.
Et puis il n’y a plus de croyances ! »
Une particularité chez cet homme attachant : il ressent trois jours avant un
tremblement de terre qui surviendra dans le monde. Son épouse, quelque
peu admirative, confirme cette étonnante prédisposition avec l’annonce
effective à la télévision du tremblement de terre pressenti !

Rencontre no 20
Rencontre avec un homme jovial et chaleureux de 62 ans, qui génère
spontanément une forme agréable d’empathie et de générosité, lui qui s’est
toujours engagé bénévolement au service de l’autre.
Un parcours professionnel sinueux : séminariste, militaire, secouriste,
chauffeur de bus, syndicaliste…
Il a certes une foi chrétienne, mais une croyance plus globale, plus
cosmique, une spiritualité large pour cet adepte de la philosophie
bouddhiste.
Il se dit énergéticien, pas magnétiseur, même s’il lui arrive aussi de barrer
les brûlures. Son approche énergéticienne s’est faite par les arts martiaux :
judo puis aïkido, qui est bien plus qu’une discipline sportive, m’explique-t-
il, parce qu’elle a une vision globale de l’homme, avec un principe de
concordances des énergies (principe d’aïki) : être capable d’unir ses propres
énergies internes avant de s’unir avec les énergies externes.
Il n’utilise que les mains et s’est orienté vers le reiki (voir chapitre « Le
magnétisme utilisé en thérapie ») pour soulager les souffrances.
C’est la rencontre fortuite d’une adepte du reiki, puis celle d’un maître de
la discipline qui lui ont permis de se former à cette pratique.
Il a, comme tous ceux que j’ai rencontrés, d’abord essayé sur les proches,
puis par le bouche-à-oreille, il a été sollicité par des collègues de travail…
Il travaille en silence complet avec les patients, mais aussi sur les animaux
et sur les plantes ! Il utilise ses mains, sans toucher, un peu comme un
échographe pour repérer les nœuds d’énergie.
Il prend en charge les souffrances psychologiques, les souffrances
dermatologiques, intestinales…
Il reçoit gratuitement dans un cabinet aménagé chez lui et avoue avoir
dans sa « clientèle » des infirmières, des sages-femmes et même des
médecins !
Il a le sentiment d’être complémentaire de la médecine, mais en aucun cas
ne veut la remplacer. Il avoue soulager, mais comme ses collègues, ne veut
pas du verbe guérir.
Une particularité liée au reiki qui est une discipline plutôt bien structurée
avec des grades, des maîtres, etc. : elle lui permet de se confronter à
d’autres thérapeutes et de pouvoir ainsi échanger.
Autre caractéristique, qu’on retrouve d’ailleurs chez plusieurs des
personnes que j’ai rencontrées : un vrai sens de l’orientation ; à telle
enseigne que dans le cas de cet homme, il n’avait pas besoin de boussole
lorsqu’il était en manœuvre comme militaire professionnel à la tête d’une
petite troupe !
Dernier détail : comme beaucoup de ceux que j’ai interrogés, il possède
un sens aigu de l’intuition et quelque facilité à jouer les médiums !

Rencontre no 21
Rencontre avec une mère au foyer de 49 ans, qui se définit comme
barreuse simple, qui a une véritable foi chrétienne, qui a toujours ressenti
cette envie de faire don de soi et d’aider l’autre et qui reconnaît qu’elle a
toujours eu des compétences pour écouter les souffrants et les rassurer.
Elle n’utilise que les mains pour ses séances qui s’accompagnent de
prières intérieures et ne prend en charge, pour l’instant que ce qui brûle.
Elle a été confrontée au mystère du magnétisme, à l’âge de 14 ans, alors
qu’elle s’était elle-même brûlée et que sa mère, qui fréquentait des
barreuses, l’avait emmenée vers l’une d’entre elles.
Elle rêvait depuis longtemps de recevoir le secret du don qui lui
permettrait vraiment de soulager.
À l’âge de 45 ans, elle a de nouveau été confrontée à une brûlure, a
rencontré une barreuse, qui a ressenti chez elle ce désir et cette capacité à
devenir elle-même magnétiseuse et qui lui a alors confié les prières du don.
Prières qui s’adressent à Dieu, et non pas à ses saints comme certaines ont
pu me le décrire.
Elle a commencé sur elle-même, puis sur l’entourage… puis le bouche-à-
oreille a fonctionné.
Comme pour les autres magnétiseurs, elle a le sentiment d’apporter un
acte complémentaire à la médecine conventionnelle ; elle a l’impression de
soulager et parfois de guérir les patients, ne demande rien, considérant que
si elle a reçu le don, « c’est pour soulager l’autre ».
Comme pour les autres personnes rencontrées, elle ressent une demande
plus importante de la population actuellement et n’a pas de contacts directs
avec les professionnels de santé.
Quelques particularités dans le cas de cette rencontre :
– cette barreuse n’a qu’un recul de cinq ans, et ne prend en charge que ce
qui brûle pour l’instant, mais elle se forme au reiki et aux thérapies
énergétiques pour élargir son champ d’action ;
– elle se déplace chez les malades et se sent prête à intervenir jour et nuit
pour quelqu’un qui souffre ;
– elle ressent dans la population une forme de respect liée au mystère du
paranormal, avec un sentiment mêlé à la fois d’attirance et de méfiance !

Elle est d’origine suisse, retourne dans son pays natal souvent et
m’explique que les magnétiseurs-guérisseurs-barreurs, qui sont
officiellement reconnus en Suisse, dégagent justement ce sentiment
d’attirance et de méfiance de la part de la population qui estime que les
pouvoirs comme ceux-là peuvent déboucher sur de la magie noire !

Rencontre no 22
Avec ce garagiste de 80 ans à la retraite, possédant une véritable foi
catholique et qui a hérité de ce don de guérisseur-magnétiseur de son père,
lui-même guérisseur. Celui-ci avait également hérité du secret d’un paysan
qui avait senti en lui quelques prédispositions…
Notre interlocuteur a commencé à œuvrer tout jeune, à l’âge de 7 ans,
remplaçant son père souvent absent pour ses activités de maquignon !
Il n’utilise que ses mains, parfois un pendule, parfois des aimants, mais
accompagne ses séances de prières pour prendre en charge des affections
diverses : zonas, sciatiques, hernies discales, calculs rénaux…
Même s’il a reçu le don, il a effectué des stages de formation à l’IFAS
(Institut de formation pour les aides-soignants).
Il est connu par ouï-dire, mais il avoue avoir hérité de la clientèle de son
père.
Comme ses collègues, il sait qu’il peut soulager et guérir parfois.
Pour ce qui est des cancers, il admet pouvoir souvent atténuer les douleurs
et calmer les effets secondaires des traitements.
Jamais il ne recommande l’arrêt des traitements conventionnels.
Certains patients peuvent avoir été orientés par des médecins, pense-t-il.
Il est déclaré en microentreprise, demande trente euros pour des séances
qui durent une heure.
Il considère qu’il existe trois types de transmission d’énergies :
– les passeurs d’énergie cosmique : ils cherchent dans les astres et les
couleurs de l’arc-en-ciel les bonnes longueurs d’onde. Sept couleurs, sept
chakras ;
– les passeurs d’énergie tellurique, qui cherchent dans la terre, dans les
arbres, dans la forêt l’énergie qui permet de se ressourcer. Il faut choisir un
arbre, toujours le même, le baptiser et puiser son énergie tellurique en
l’embrassant ;
– les passeurs d’énergie christique, qui puisent leur énergie dans la foi.
C’est dans sa salle de soins que j’ai vu cette affichette évoquée plus haut
et clamant : « Je ne connais qu’un devoir : celui d’aimer ». Tout un
programme !
Petite particularité : il avoue avoir plus de dix collègues « concurrents »
dans son canton, qui est centré sur une commune de mille six cents
habitants !

Rencontre no 23
Rencontre avec un ouvrier du bâtiment de 63 ans à la retraite qui
manifeste une véritable foi chrétienne, avec moult posters et statues de
Jésus et de la Vierge Marie et qui a reçu le don de magnétiseur de sa mère,
mais qui a tenu à se former chez un magnétiseur professionnel.
Il prend en charge toutes les affections, avec une prédilection pour les
douleurs rhumatismales et maintenant la dépendance au tabagisme.
Lors des séances qui durent environ une heure, il finit toujours par un
nettoyage du corps, en drainant les nœuds d’énergie.
Il utilise essentiellement les mains, avec parfois le pendule pour le guider.
Il est le premier que je rencontre qui fait de la publicité, sur sa voiture,
vantant ses mérites de magnétiseur !
Il est déclaré comme micro-entrepreneur, n’a pas vraiment de rapports
avec le monde médical, mais il sait que certains médecins (dont le sien) le
recommandent auprès des patients.
Il ne prétend pas guérir, mais uniquement soulager. « Je ne fais pas de
miracles », dit-il souvent à ses clients.
Une affichette dans sa salle de soins est suffisamment explicative : elle
annonce qu’il n’est pas médecin et qu’en aucun cas les patients ne doivent
arrêter leur traitement.
Une particularité : c’est le premier que j’interroge qui se fixe une
obligation de résultats : en cas d’échec de guérison d’une douleur après une
séance de magnétisme, il reprend les patients gratuitement !
Il n’a pas d’explications concernant ce don : « Je ressens des picotements
lorsqu’il y a une anomalie, c’est tout. »
Comme tous ses collègues, il sent une augmentation de la demande de la
population, mais c’est le premier qui évoque la limite liée à la contrainte
économique : les trente euros tarifés pour une séance freinent
nécessairement la demande !

Rencontre no 24
Il s’agit d’un retraité de l’industrie de 72 ans, qui a la foi chrétienne et qui
n’utilise que ses mains pour magnétiser, sans jamais toucher aux patients.
La révélation de son don lui est vraiment apparue vers l’âge de 50 ans : il
avait toujours senti en lui une véritable chaleur intérieure qui s’est
accentuée vers 50 ans, à tel point que sa femme avait du mal à le toucher,
ayant l’impression de se brûler à son contact !
Il a pratiqué pour la première fois sur un neveu qui souffrait certainement
d’une forme de psoriasis prurigineux du cuir chevelu et qu’il a magnétisé
avec un succès étonnant puisqu’une passe sur les cheveux a permis une
guérison en deux jours.
Puis ce furent les membres de la famille, les amis et plus tard les
collègues de travail, y compris ceux qui étaient en déplacement à l’étranger
et qui demandaient à être traités à distance par téléphone !
Il rencontre un peu toutes les pathologies : problèmes dermatologiques,
intestinaux, zonas, herpès, brûlures mais aussi toute la pathologie
traumatique telles les entorses de cheville… et avoue être exténué s’il voit
plus de cinq malades dans la journée.
Il est toujours surpris d’attirer les individus en général, avec ce sentiment
parfois d’être une sorte d’aimant !
Il n’est connu que par ouï-dire et ne fait jamais payer ses consultations.
Il ne remplace jamais un médecin, et parfois conseille au patient de revoir
justement son médecin, considérant que le diagnostic posé n’est peut-être
pas le bon.
Son regard sur notre médecine : « On a une médecine formidable, mais
les gens n’y croient plus beaucoup ! »
Il n’a pas d’explications sur ce phénomène de chaleur, mais il avoue que
magnétiser lui permet de se dégager ce surplus d’énergie interne qu’il
ressent.
Il n’a aucun rapport avec le monde médical, et n’est pas sûr que son
médecin traitant connaisse ses activités de magnétiseur.
Il ne connaît pas d’autres collègues.
Il reconnaît ses limites : si après deux ou trois séances, il n’y a pas de
soulagement, il faut consulter le monde médical.
Sa clientèle est plutôt âgée et fidèle, avec certains patients qui sont
devenus des amis. Il avoue avoir une intuition parfois dérangeante avec ce
sentiment qu’un individu rencontré par hasard présente un problème de
santé et cette envie de le lui dire pour l’alerter !
Deux anecdotes le concernant :
– un de ses amis refuse de croire en cette magie, mais vient
systématiquement le trouver en maugréant lorsqu’il est malade !
– il avait l’impression d’être en colonie de vacances lorsque ses collègues
d’usine lui amenaient dans son atelier leurs enfants après le travail pour des
verrues !
Rencontre no 25
Pour cet échange, je suis exceptionnellement sorti du périmètre
géographique choisi pour me rendre dans un village suisse, situé à la
frontière de notre région.
J’avais envie d’essayer de comprendre le système de soins en magnétisme
dans ce pays qui reconnaît officiellement cette thérapie alternative et qui la
prend en charge pour certaines affections.
C’est ainsi que j’ai interrogé cette retraitée de l’horlogerie, de 71 ans, qui
a une véritable foi chrétienne et qui intervient au nom de cette foi.
Elle se dit barreuse et intervient avec les mains, en récitant secrètement
des prières universelles. Mais elle travaille surtout par téléphone avec
comme support une photo et toujours en demandant la date de naissance.
Elle assure des consultations le matin de huit heures à dix heures,
gratuitement, mais continue d’œuvrer dans la journée pour certains par la
pensée et la prière. Elle répond, la nuit, s’il le faut pour aider !
Si elle reçoit de l’argent, il est reversé à une association d’orphelins
qu’elle soutient.
Elle a ressenti le don à l’âge de 30 ans, et a décidé de travailler avec un
homme plus âgé qui lui a enseigné les méthodes de soins.
Elle avoue avoir toujours éprouvé en elle ce besoin d’aider, d’aller vers
les autres, mais reconnaît aussi qu’elle a toujours attiré vers elle les
personnes en souffrance qui ressentaient ce besoin de se confier à elle.
Elle a ce sentiment d’être missionnée pour soulager avec l’aide de Dieu
toutes les souffrances, et surtout celles qui brûlent. Elle a été samaritaine
(secouriste) dans son canton et a utilisé dans cette fonction son don pour
soulager.
Elle fait preuve dans son discours de beaucoup de générosité et
d’humilité, connaît ses limites. « Je ne guéris personne », dit-elle
modestement, conseillant aux personnes de retourner voir leur médecin
dans certains cas.
Elle ne connaît pas personnellement d’autres magnétiseurs et ne désire
d’ailleurs pas en connaître.
Elle fait preuve d’une vraie sagesse, en acceptant sa situation modeste
sans désirer davantage. Soulager est aussi pour elle une façon de remercier
Dieu d’avoir pu guérir son mari alors qu’il était gravement malade.
Comme la plupart des magnétiseurs avec qui j’ai échangé, elle reconnaît
avoir beaucoup d’intuition.
Elle n’a pas d’explications à son don, si ce n’est la force de la spiritualité
dans ses interventions. Elle a le sentiment d’être « guidée sur le chemin du
magnétisme »
Quelques particularités la concernant :
– elle utilise l’échelle de Turin (qui permet d’évaluer le taux de vibration
d’un individu avec un pendule) pour estimer l’intensité de la souffrance des
patients ;
– elle ressent une forme d’hypersensibilité magnétique avec la perception
de chaleurs lors de passages vers des sources d’ondes magnétiques, mais
aussi le ressenti de failles géobiologiques lorsqu’elle se promène dans la
nature ;
– elle avoue avoir un rapport difficile avec la terre : c’est elle que
j’évoquais plus haut et qui n’arrive pas à faire pousser des fraisiers, qui
brûlent à son contact !

CONCERNANT LES MÉDECINS GÉNÉRALISTES


J’ai été, je dois l’avouer, très agréablement surpris par l’accueil de mes
confrères, que j’ai essayé de rencontrer individuellement, afin de leur
remettre en main propre le questionnaire à remplir et à renvoyer par
courrier.
Je n’ai pas senti d’hostilité pour le sujet, mais au contraire une curiosité
pour beaucoup, avec un besoin d’informations sur ce phénomène du
magnétisme pour certains, et une demande de renseignements pour d’autres.
Quelques-uns, en particulier, m’ont demandé la possibilité d’obtenir des
adresses de magnétiseurs pour des problèmes concernant des proches !
J’ai senti que le sujet était porteur, avec le souhait d’organiser une FMC
(formation médicale continue) sur le sujet de la part de certains confrères.
Un bon nombre d’entre eux m’ont demandé de leur envoyer l’étude une
fois terminée, et j’ai même eu, je dois l’avouer, quelques surprises avec
certains confrères qui connaissaient plutôt bien le sujet.
Tout cela m’a d’ailleurs donné de l’énergie pour continuer ce travail
jusqu’à son terme.
Comme je l’ai dit, j’ai distribué cent cinquante-quatre enveloppes pour
récupérer en fin de compte cent vingt-quatre questionnaires, ce qui, avec un
taux de réponse de 81,5 %, peut paraître tout à fait honnête pour un travail
de ce type.
La proximité qui me lie à certains de mes confrères a certainement
favorisé ce pourcentage de réponses, et je suis sûr que le sondage par
internet ne m’aurait pas permis d’atteindre de tels chiffres.
Le questionnaire étant anonyme, je n’ai donc exercé aucune influence sur
les réponses.
Concernant les médecins, j’avais lu que l’on peut distinguer quatre types
d’attitudes face au sujet :
– ceux qui sont hostiles et qui ont une attitude militante contre les
superstitions. Une hostilité, ressentie comme une concurrence de pouvoir,
par rapport à des personnes qui ont une autre culture, une approche moins
cartésienne, et un savoir moins théorique ;
– ceux qui ont une attitude indifférente : « Cela n’existe plus, cela ne sert
à rien », disent-ils souvent. Ces médecins ne savent pas, et d’ailleurs ne
veulent pas savoir, si leurs patients consultent des magnétiseurs, des
guérisseurs ;
– ceux qui ont peur de l’inconnu, peur de mal faire, peur de s’ouvrir à des
concepts qu’on n’explique pas et qui n’ont jamais eu affaire, de près ou de
loin, à un guérisseur ;
– ceux enfin qui ont une attitude plus coopérative, cherchant à expliquer
l’influence des magnétiseurs dans des termes psychologisants de la relation
médecin-malade, qui seraient plutôt favorables à un statut du magnétiseur
ainsi reconnu comme auxiliaire médical.

Ces médecins, qui en parlent librement avec leurs patients, connaissent en


général des guérisseurs fiables, en qui ils ont confiance et admettent les
limites de notre médecine. Cette attitude d’information est certainement
celle qui permettrait le mieux d’éviter les pièges que représentent certains
charlatans.
Je pourrais rajouter la catégorie des médecins devenus guérisseurs…
Si j’observe les attitudes de mes confrères, je reconnais que la proximité
évoquée plus haut, que je pouvais avoir avec certains que je connaissais
professionnellement depuis longtemps, a pu représenter un avantage pour
recueillir leur sentiment.
Mais on pourrait aussi se dire que cela représentait un biais dans l’étude,
du fait de cette volonté de leur part de m’encourager à poursuivre cette
étude.
Le questionnaire était rempli, je le répète, de façon anonyme et excluait
donc toute idée de copinage.
J’ai perçu d’abord chez certains confrères ce sentiment, surtout pour ceux
qui appartiennent à ma génération, d’une forme de lassitude liée à nos
limites dans les prises en charge face à une souffrance ambiante, à une
population qui doute de notre technologie médicale, et qui a tendance à
consommer de la médecine !
J’ai d’emblée séparé les questionnaires en fonction de la réponse ou non à
la question no 14, celle du commentaire libre.
Pour ceux qui ont laissé un commentaire, 39 sur 124 questionnaires, soit
presque un tiers, j’ai eu droit à quelques belles réflexions : une seule était
franchement négative concernant les guérisseurs.
Ils sont, à mon sens, significatifs de l’esprit qui anime mes confrères.
À travers ces commentaires, tous sauf celui évoqué font preuve de
retenue, de curiosité voire d’une certaine sympathie pour le phénomène de
magnétisme.
Je pense que c’est ce ressenti de « thérapies complémentaires
escomptées » qui transparaît : thérapies complémentaires, mais pas
opposées.
On n’explique pas ce phénomène mais peu importe… si l’on arrive à
soulager les souffrances, pourquoi pas ?
On évoque l’effet placebo, un besoin de magie… un traitement d’appoint
pour apaiser.
Plusieurs confrères évoquent les limites de notre art et les tromperies des
laboratoires pharmaceutiques qui entament la confiance des patients.
Enfin, le souci de débusquer les charlatans apparaît sur plusieurs
questionnaires.
Le seul commentaire négatif, que j’ai placé en dernier, est violemment en
opposition au principe des guérisseurs.

COMMENTAIRES LIBRES DES MÉDECINS GÉNÉRALISTES CONSULTÉS


Concernant ces commentaires écrits, je me proposais au départ d’en
transcrire quelques-uns. À la réflexion, et par respect pour ceux qui ont pris
le temps d’écrire, je me devais de tous les citer. Dont acte.

1) Un médecin allopathe et homéopathe de 62 ans : « Les progrès de la


recherche en allopathie ont fait croire aux miracles. Les tromperies des
lobbies pharmaceutiques éloignent les patients de leur médecin traitant,
exhibent les limites de la médecine avec danger, alors ils se tournent vers
ces pratiques qui ne devraient pas être opposées mais complémentaires. »
2) Un médecin allopathe de 32 ans : « Ignorant de cette pratique, ou la
fantasmant certainement… effet placebo et effet d’écoute indéniables, à ne
pas déconseiller donc aux patients, surtout s’il s’agit d’une pratique
complémentaire de la médecine allopathique, ou si les symptômes ne cèdent
pas aux thérapeutiques habituelles. »
3) Un médecin de 73 ans, allopathe, homéopathe, qui pratique aussi la
chiropraxie : « Il existe d’autres dimensions thérapeutiques que celles issues
d’un rationalisme pur et dur. »
4) Un médecin allopathe de 70 ans : « Peut parfois aider. On peut toujours
essayer… pas d’effets secondaires ! Effet placebo, et pourquoi pas. Mais il
n’y a pas que l’effet placebo… »
5) Une médecin allopathe et homéopathe de 56 ans : « Je souhaiterais
avoir les adresses des magnétiseurs… »
6) Un médecin allopathe de 40 ans : « C’est une pratique complémentaire
et très utile de notre médecine. »
7) Une médecin allopathe et homéopathe de 36 ans : « Il faut reconnaître
que la médecine traditionnelle a ses limites ! »
8) Un médecin allopathe de 67 ans : « Ma propre expérience relevait du
pur charlatanisme et ne présume aucunement des autres attitudes
paramédicales. Je ne suis pas opposé à de telles pratiques pour mes patients,
ayant pleine conscience des limites de notre art. »
9) Un médecin allopathe de 59 ans : « Le recours à un magnétiseur ou un
barreur doit être peu onéreuse et même gratuite… Ce sont les seuls qui
soient efficaces ! »
10) Un médecin allopathe de 47 ans : « C’est un domaine à explorer pour
en connaître le mécanisme scientifique afin d’assouvir la curiosité médicale
et apporter une autre réponse que la médecine traditionnelle. Bon courage
pour ce travail. »
11) Un médecin allopathe de 66 ans : « Effets parfois surprenants. Mais
par manque de curiosité, pas d’interpellation personnelle sur la question…
dans les conseils donnés aux patients : que la pratique du magnétiseur ne
soit pas onéreuse. »
12) Un médecin allopathe de 44 ans : « Une étude versus placebo serait
intéressante… »
13) Un médecin allopathe de 58 ans : « Je pense que l’efficacité repose
sur l’effet placebo… »
14) Un médecin de 35 ans qui pratique aussi l’homéopathie : « Pour
information, j’ai l’application “Secrets” sur mon smartphone… »
15) Un médecin de 75 ans, qui a eu une activité d’acupuncteur : « [Ayant
pratiqué] pendant trente-deux ans, l’acupuncture, dont le fondement est la
vision énergétique (le Qi) de tout ce qui est vivant, je pense parfaitement
que toutes ces pratiques très intéressantes participent à cette vision
énergétique du vivant. »
16) Un homme de 63 ans, qui pratique aussi l’homéopathie évoque « le
besoin de magie ».
17) Un médecin de 31 ans, allopathe, qui se déclare « ravi de voir une
thèse sur ce sujet passionnant et mal compris des professionnels de santé ».
18) Un médecin de 55 ans, qui pratique également l’homéopathie : « A
priori, j’y suis très favorable. Naïf en la matière, je me range parmi les
“sans-avis”. Exercice illégal de la médecine ? N’y a-t-il pas parfois un
protectionnisme qui s’appuie sur le bien-être de l’homme ? »
19) Un médecin allopathe de 37 ans : « Je sais que je ne sais pas tout… et
les patients nous rapportent des choses que l’on n’explique pas toujours. Le
temps nous éclairera peut-être ! Bon courage pour ce travail très
intéressant ! »
20) Un médecin de 55 ans, qui pratique aussi l’homéopathie : « Effet
quasi immédiat par téléphone. Vérifié par mes soins à plusieurs reprises
chez un enfant très jeune (effet placebo = zéro). Je précise que la barreuse
officiait à Lyon, au service des grands brûlés… service qui possède
d’ailleurs une liste des barreurs de service ! »
21) Une médecin allopathe de 40 ans : « Personnellement, je suis ouverte
à toutes sortes de médecines (homéopathie, phytothérapie, acupuncture…)
Mais les praticiens “alternatifs” le sont-ils tout autant envers les médecins
“conventionnels conventionnés” ? »
22) Un médecin de 34 ans, qui pratique aussi l’homéopathie : « Difficile
de faire la part des choses entre barreurs reconnus et charlatans… des
patients ont eu de mauvaises expériences malheureusement onéreuses. »
23) Un médecin allopathe de 62 ans : « Je ne doute pas du rôle important
de notre subconscient sur notre santé, et en particulier en cas de douleurs. »
24) Une médecin allopathe de 58 ans : « Comme il y a une méfiance
envers la politique et ses représentants, il y a une défiance envers les
laboratoires pharmaceutiques et leurs produits, et donc envers les
prescripteurs. Le doute est semé, d’où recours à ce qui paraît plus naturel et
complémentaire… »
25) Une médecin allopathe de 28 ans : « Je pense que dans toute société
actuelle, tout symptôme, même banal doit être soigné immédiatement : tout
doit être guéri rapidement et par tout moyen, pour une clientèle devenue
exigeante et qui considère le médecin comme un prestataire de services !
Aussi, les pratiques parallèles me paraissent être pour ces patients un
recours où la médecine traditionnelle est impuissante selon eux. Je pense
que ces pratiques ont pour vocation d’apaiser le psychisme et de rassurer
d’une certaine manière les craintes infondées des patients… »
26) Une médecin allopathe de 31 ans : « Le recours à ces thérapies peut
être utile, en complément de nos pratiques conventionnelles. Évidemment,
il doit exister un effet placebo, mais qui n’explique pas tout. »
27) Une médecin de 36 ans qui pratique aussi l’acupuncture : « Je ne
pense pas que l’accès à ces pratiques augmente. J’ai un exercice particulier,
qui me fait voir des patients “particuliers”. Ils ont un désir des soins sans
effets secondaires et le plus naturel possible. Malgré tout, les esprits
semblent évoluer avec des spécialistes qui orientent maintenant vers des
acupuncteurs… »
28) Un médecin de 62 ans, allopathe : « Une collaboration avec ce genre
de thérapeutes peut être souhaitable en tant que traitement d’appoint. »
29) Un médecin de 42 ans, qui pratique également la phytothérapie : « Le
médecin n’est pas omnipotent et le patient n’est pas omni réceptif. Le
médecin doit accepter que le patient puisse nécessiter d’une approche qui ne
lui corresponde pas, mais qui répond à ses besoins. »
30) Un médecin allopathe de 68 ans : « Moins il y aura de médecins, plus
ces pratiques auront le champ libre. »
31) Un médecin retraité de 89 ans, qui a pratiqué la médecine générale
pendant plus de 40 ans : « Il existe indiscutablement des effets par
télétransmission dont j’ai pu bénéficier avec succès, et avec certitude. Par
ailleurs, j’ai constaté à maintes reprises dans le milieu paysan les guérisons
d’atteinte des mamelles chez les vaches par des “rebouteux”. »
32) Un médecin allopathe de 37 ans : « Travail très intéressant et
totalement inédit. »
33) Un médecin de 62 ans, qui pratique aussi l’acupuncture : « La santé
ne peut passer que par une approche holistique de l’individu ; se contenter
de notre vision occidentale allopathique est extrêmement réducteur et ne
peut apporter une solution à tous les maux. Tant que l’on reste centré sur le
symptôme, aucune réelle guérison n’est possible. »
34) Une médecin allopathe de 61 ans : « Nous ne pouvons prétendre
détenir les seuls secrets de la médecine ; dans la mesure où les patients sont
soulagés, je suis tout à fait d’accord pour qu’ils se fassent suivre par
d’autres moyens que la médecine conventionnelle. »
35) Un allopathe de 70 ans médecin depuis 40 ans : « Parfois résultats
surprenants des barreurs. Ne pas priver les patients d’un possible résultat,
même s’il n’est pas certain. »
36) Un médecin de 31 ans, remplaçant, allopathe : « En tant que
généraliste remplaçant, je ne pense pas que les patients se cachent pour
évoquer leurs recours aux magnétiseurs-guérisseurs. Je constate une
différence d’appréhension du phénomène parmi la population en fonction
du médecin que je remplace, suivant qu’il a recours aux magnétiseurs ou
qu’il ne veut pas en entendre parler. Pourvu que ce phénomène ne prenne
pas le pas dans le cas des pathologies pour lesquelles la médecine basée sur
les preuves est performante. »
37) Un allopathe de 56 ans : « C’est vraiment anachronique de ne pas se
pencher sur la bienfaisance de certains guérisseurs. Ce blocage ne peut
s’expliquer que par la loi du marché et des prébendes… Un manque de
courage et d’audace en sont peut-être les raisons… »
38) Un allopathe de 56 ans : « Réduire l’être humain à sa part de raison
est une illusion. Les émotions nous gouvernent souvent plus que nous ne le
reconnaissons. Ces pratiques y répondent. “Wer heilt, hat recht”, “Celui qui
guérit a raison” (dans la controverse entre praticiens). Le besoin d’écoute et
de bienveillance me paraît de plus en plus fort, dans une évolution sociétale
déshumanisante, qui laisse beaucoup sur le bord du chemin. »
39) Un médecin allopathe de 64 ans : « J’ai de nombreux exemples de la
dangerosité de ces pratiques, exercées sur mes patients par des individus
sans aucune connaissance scientifique. Plusieurs de mes patients en sont
morts ! De tout temps, les sorciers des villageois (sic) ont profité de la
crédulité des humains. Tout cela correspond à la croyance de l’individu : le
Mal, la maladie pour le Diable. Le Bien, la guérison pour Dieu.
Prolifération de “poilopathes” qui exploitent sans vergogne la désespérance
et la souffrance humaines sans diplômes, opportunistes, et qui se font payer
très cher par rapport aux soignants reconnus. Exploiteurs de la crédulité
avec une croyance humaine qui se soumet aux gourous qui affirment avoir
un “don”. Comme il y a beaucoup de bêtise humaine, ils sont promis à un
bel avenir. »

ANALYSE STATISTIQUE DES QUESTIONNAIRES REMIS AUX MÉDECINS


Comme je l’ai évoqué dans la partie « Matériels et méthode », l’intérêt de
l’analyse effectuée en rentrant les données dans le logiciel Sphinx était de
les traiter scientifiquement et d’analyser ainsi le sentiment de mes confrères
en fonction de leur type de pratique, de leur âge, de leur sexe, de leur lieu
d’exercice…
En accord avec l’éditeur, nous avons supprimé toute la partie statistique
de mon travail, et en particulier les tableaux et graphiques en couleur tirés
de cette étude, difficiles à intégrer dans un livre de ce format, pour ne
laisser que les résumés des conclusions.
Les lecteurs qui voudraient se procurer le travail complet initial peuvent
toujours le trouver sur le site du GNOMA.

LES TRIS À PLAT

Ils consistent à analyser les résultats bruts des pourcentages pour établir une
conclusion quantitative. L’intérêt de ces questions était de connaître
l’opinion des médecins en fonction de leur âge, du sexe, du type de pratique
médicale, de la pratique ou non d’une religion, etc.

1) Dans quelle tranche d’âge vous situez-vous (Insee) ?


Taux de réponse : 100 %.
La majorité des personnes interrogées ont entre 55 et 64 ans. Près de 32 %
des médecins sont des seniors. Si on y rajoute les 17,2 % des plus de 65 ans,
on peut avancer, que même si l’on a décidé d’inclure des médecins retraités,
cet échantillon représente fidèlement l’image de la population médicale
locale vieillissante, puisque les études épidémiologiques montrent une
population de médecins généralistes de l’aire urbaine de plus de 55 ans
évaluée à plus de 60 % (selon une étude agence régionale de santé de 2016).

2) Êtes-vous un homme ou une femme ?


Taux de réponse : 100 %.
Le milieu médical représenté est sans conteste masculin. Il y a près de
60 % d’hommes pour 40 % de femmes. Ce qui correspond également à la
réalité de terrain.
3) Où pratiquez-vous la médecine ?
Taux de réponse : 100 %.
Une forte proportion de médecins de notre échantillon est citadine avec un
pourcentage de 47,5 % en zone urbaine. Mais nous sommes dans le
périmètre d’une aire urbaine…

4) Exercez-vous seul ou en association ?


Taux de réponse : 87,9 %.
Le chiffre de 71,4 % est sans appel : la très forte majorité exerce en
association !

5) Depuis combien de temps êtes installé(e) ?


Une répartition en cinq classes de même amplitude a été nécessaire pour
une meilleure analyse des réponses.
Plus d’un tiers des médecins exercent depuis moins de dix ans.

6) Avez-vous le sentiment d’avoir une certaine foi ?


Taux de réponse : 100 %.
L’intérêt d’une telle question était un tri croisé entre le sentiment d’avoir
ou non la foi et la perception des guérisseurs par les médecins.
Sur les 120 personnes interrogées, plus de 49 % déclarent avoir une foi
religieuse contre seulement 29 % qui n’en ont pas.
À noter la forte proportion d’indécis qui n’arrivent pas à se situer par
rapport à cette question.
7) Pratiquez-vous une religion ?
Taux de réponse : 100 %.
Résultats : Non à 70 %. Oui à 30 %.

8) Exercez-vous une pratique médicale complémentaire ?


Taux de réponse : 100 %.
De façon identique, la pratique d’une thérapie alternative ou non par les
médecins peut-elle influencer la perception des guérisseurs par les médecins
interrogés ? C’était tout l’intérêt de cette question dans le but d’envisager
un tri croisé.
Résultats : Oui à 36,7 %. Non à 63,3 %.

9) Si oui, quelle pratique complémentaire ?


Pour les 44 personnes ayant répondu oui à cette question, la forte majorité
pratique l’homéopathie en plus de l’allopathie, et ce pour plus de 61,4 %.
Puis viennent la mésothérapie (27,3 %), la chiropraxie (9,1 %),
l’acupuncture (9,1 %), la psychothérapie (9,1 %).
Remarque : six personnes déclarent pratiquer une autre thérapie sans
apporter de précision, contre deux qui indiquent pratiquer respectivement
l’hypnose et l’addiction médico-sociale.

10) Connaissez-vous la pratique des barreurs de feu ?


Taux de réponse : 99,1 %.
Un médecin n’a pas répondu à cette question, cependant une forte
proportion, 65 %, déclare connaître la pratique des barreurs de feu pour
35 % de non.

11) Connaissez-vous la pratique des magnétiseurs ?


Taux de réponse : 99,1 %.
Première surprise, les praticiens connaissent moins la pratique des
magnétiseurs que celle des barreurs de feu : 55,8 % connaissent la pratique
des magnétiseurs contre 65 % pour la pratique des barreurs de feu.
Une forte proportion ne sait pas en quoi consiste l’activité du magnétiseur
(44,2 %).

12) Avez-vous eu des témoignages de patients ayant eu recours à ces


pratiques ?
Taux de réponse : 100 %.
La très grande majorité des médecins a reçu des témoignages de patients
se soumettant à ces pratiques de magnétiseurs et barreurs de feu (97,5 %).
En cumulant les réponses « non » et « je ne sais pas », cela ne représente
que 2,5 % qui n’ont pas reçu de déclaration de leurs patients. Cela démontre
la relation de confiance qui s’établit entre le médecin et le malade bien que
35 % (pour les barreurs de feu) et 44,2 % (pour les magnétiseurs) déclarent
ne pas connaître ces pratiques (questions 10 et 11).

13) Si oui, pour quelles affections ?


Taux de réponse : 100 %.
Les affections les plus citées par les patients déclarants être allés consulter
sont les brûlures et les zonas (ou l’herpès).
Notons que la douleur n’arrive qu’en troisième position.
Aux yeux des praticiens, les problèmes de peau sont les maladies qui
sollicitent le plus l’intervention de ces praticiens (magnétiseurs et barreurs
de feu).
Faut-il y voir un souci d’image ? Rien ne permet de répondre à cette
question car il ne s’agit que de témoignages de médecins. Pour cela, seule
une enquête directe auprès de patients avec la question « pourquoi ? » peut
permettre de donner une analyse qualitative du comportement.

14) Connaissez-vous des noms et adresses de barreurs de feu ou de


magnétiseurs ?
Taux de réponse : 99,1 %.
Une seule personne n’a pas répondu ; ce qui démontre la sincérité des
réponses et une vraie attente d’expression sur le sujet.
Plus de 61 % des médecins interrogés ne connaissent pas les coordonnées
de ces praticiens.

15) Conseillez-vous à vos patients de les rencontrer dans certaines


situations ?
Mis à part la seule personne ne répondant pas, nous pouvons constater que
la grande majorité ne propose qu’occasionnellement les recours vers des
barreurs de feu ou des magnétiseurs (près de 70 %).
Les médecins qui proposent souvent ce genre de pratiques sont en
définitive très peu nombreux soit 5,2 % (« souvent » et
« systématiquement »).
À noter une proportion d’un quart qui ne propose jamais ces recours bien
qu’ils soient beaucoup plus nombreux à les connaître (respectivement
66,1 % pour les barreurs de feu et 56,5 % pour les magnétiseurs).
Personnellement, je perçois ces chiffres comme une ouverture d’esprit,
puisque je m’attendais à des chiffres beaucoup plus « sévères » envers les
guérisseurs magnétiseurs.
Mais tout cela est certainement subjectif et rejoint la perception du verre à
moitié vide ou à moitié plein…

16) Avez-vous le sentiment que les patients se « cachent » pour


consulter ces praticiens ?
Taux de réponse : 99,2 %.
Résultats : Non : 0,8 %. Pas du tout : 43,3 %. Tout à fait : 46,7 %.
Je ne sais pas : 9,2 %.

17) Avez-vous déjà eu recours à ces pratiques (pour vous ou vos


proches) ?
Taux de réponse : 99,2 %.
77 confrères sur 119 précisent qu’ils n’ont pas eu recours à ces pratiques
pour leurs proches ou pour eux-mêmes ; soit 64,2 %.
On passe de 83 personnes qui conseillent occasionnellement ces recours à
42 seulement qui y ont recours lorsqu’il s’agit de proches ou d’eux-mêmes ;
presque moitié moins !
La « rigidité » constatée pour ces pratiques est encore plus forte lorsqu’il
y a un attachement affectif envers le patient. Le taux ne s’élève qu’à 35 %
pour ceux qui utilisent ces remèdes.
On ne sait pas si c’est occasionnel ou pas.

18) Si oui, pour quelles affections ?


Taux de réponse : 26,7 %.
Les réponses sont identiques à la question 13, il s’agit des brûlures et
d’eczéma qui requièrent le plus l’intervention des magnétiseurs et barreurs
de feu. Les autres affections sont diverses, elles ne sont pas significatives
prises individuellement.

19) Que pensez-vous de l’efficacité de ces pratiques pour les


brûlures ?
Taux de réponse : 98,3 %.
Ne se prononcent pas : 25 %. Totale : 9 %. Forte : 40 %. Moyenne : 14 %.
Faible : 6 %. Nulle : 6 %.

20) Que pensez-vous de l’efficacité sur le zona ou l’herpès ?


Taux de réponse : 97,5 %.
Ne se prononcent pas : 40 %. Totale : 2 %. Forte : 23 %. Moyenne : 9 %.
Faible : 9 %. Nulle : 7 %.
Les interventions pour les brûlures et pour les maladies de peau sont
jugées comme étant fortement efficaces. Cependant, cela reste plus marqué
dans le cas de brûlures (40 %) que dans le cas de zona ou herpès (23,3 %).
À noter une forte proportion de collègues qui n’osent se prononcer. Ce qui
ne permet pas d’ébaucher une conclusion exacte sur le sujet zona/herpès.

21) Que pensez-vous de l’efficacité de ces pratiques pour la douleur ?


Taux de réponse : 98,3 %.
Ne se prononcent pas : 40,8 %. Totale : 1,7 %. Forte : 7,5 %. Moyenne :
25,8 %. Faible : 15 %. Aucune efficacité : 7,5 %. Non-réponse : 1,7 %.
L’efficacité est jugée moyenne pour la douleur (25,8 %). Seuls 7,5 %
estiment que ces pratiques sont fortement efficaces. Le taux de personnes
n’osant pas se prononcer est là aussi particulièrement élevé (40,8 %). Plus
les interviewés ont un doute d’efficacité, moins ils donnent leur avis sur la
question. Encore une fois, les non-déclarants portent un biais ne permettant
pas d’établir une conclusion franche du sujet.

22) Que pensez-vous de l’efficacité de ces pratiques pour d’autres


souffrances ?
Taux de réponses : 98,3 %.
Ne se prononcent pas : 62,5 %. Totale : 0,8 %. Forte : 12,5 %. Moyenne :
0,8 %.
Faible : 15 %. Aucune efficacité : 6,7 %. Non-réponse : 1,7 %.
L’efficacité n’est pas représentée franchement ici. Trop de médecins ne se
prononcent pas sur le sujet. Cependant, la faiblesse des effets de ces
pratiques semble se démarquer bien qu’une proportion presque similaire
juge que l’efficacité est forte.
La forte majorité des interviewés sont indécis sur les barreurs de feu et les
magnétiseurs, nous l’avons vu, pour la douleur. Pour les autres souffrances,
c’est encore plus marqué. Le traitement classique de la médecine semble
suffisamment actif dans ces cas pour laisser un doute. L’effet placebo est-il
important ici ? La question suivante le déterminera.
23) Que pensez-vous du mécanisme d’action ?
Taux de réponse : 99,2 %.
Ne se prononcent pas : 45 %. Effet placebo : 24,2 %. Effet magnétique :
19,2 %. Effet par l’écoute : 21,7 %. Effet énergétique : 23,3 %. Effet
spirituel : 16,7 %. Autres effets : 2,5 %. Aucun effet : 1,7 %. Non-réponse :
0,8 %.
Malgré la forte proportion de personnes ne se prononçant pas, c’est l’effet
placebo qui ressort des mécanismes d’action. Les effets énergiques et
d’écoute sont également mis en relief pour les médecins.
Ces résultats démontrent que les interviewés jugent que les pratiques des
barreurs de feu et des magnétiseurs n’ont pas de portée directe sur les
affections mais aident à leurs guérisons. Cela est confirmé par le nombre de
personnes ne donnant pas directement leur opinion sur la question.

24) Quel est votre avis sur la collaboration avec ces praticiens ?
Taux de réponse : 98,3 %.
Non-réponse : 1,7 %. Inenvisageable : 15,8 %. Inutile : 5 %. Tolérable :
36,7 %. Souhaitable : 37,5 %. Indispensable : 3,3 %.
C’est ainsi que dans cette disposition, les médecins souhaitent que la
collaboration soit tolérable, voire souhaitable. Cette éventuelle
collaboration n’est pas franchement avouée puisque seulement 3,3 %
estiment que la participation avec ces praticiens reste indispensable.
À noter que près de 21 % des médecins sont franchement opposés à
l’intervention de ces praticiens (15,8 % + 5 %).
C’est tout de même, à mon sens, une véritable surprise.
La plupart des personnes avec qui j’échangeais sur ce sujet avant mon
étude, médecins ou non, envisageaient des proportions complètement
inversées par rapport à ces réponses.
J’aurais aimé pouvoir comparer ces chiffres avec ceux d’une étude
identique menée il y a cinquante ans, quatre-vingts ans et même cent ans ;
je pense qu’on aurait, à travers les témoignages que j’ai pu lire, trouvé des
chiffres beaucoup moins complaisants que ceux-ci envers les guérisseurs !

25) Pensez-vous que le recours à ces praticiens soit en expansion ?


Taux de réponse : 99,1 %.
Oui : 47,9 %. (Fortement : 25,2 %. Faiblement : 22,7 %). Non : 19,3 %.
Je ne sais pas : 32,8 %.
Une forte proportion de médecins estime que le recours à ces praticiens ne
fera qu’augmenter même s’ils ne sont pas clairement adhérents à
l’utilisation de ces usages.
26) Pensez-vous que cette expansion soit due à une limite de nos
pratiques médicales traditionnelles ?
Taux de réponse : 99,2 %.
Oui : 66,7 %. Non : 15,8 %. Ne se prononce pas : 17,5 %.
Les médecins généralistes de l’aire urbaine n’ont pas de certitudes quant à
leur exercice médical. Mais ils estiment, pour près de 67 %, que la
médecine actuelle ne peut apporter une solution à tous les maux, même si
paradoxalement ils ne sont pas non plus convaincus de l’efficacité directe
des magnétiseurs et des barreurs de feu sauf dans le cas de brûlures et de
zona/herpès.
J’ai perçu ces chiffres comme un aveu d’humilité de la part de mes
confrères.

27) Commentaires libres


Taux de réponse : 39 commentaires libres sur 120 questionnaires
retournés, soit 32,5 %.
Comme nous l’avons évoqué dans le chapitre précédent, tous (sauf un
commentaire agressif) sont plutôt favorables à ces pratiques qu’ils
considèrent plus comme une ouverture vers d’autres cultures que vers
d’autres usages.

On note une certaine curiosité de nos confrères qui avouent ne pas


connaître ce domaine, mais qui veulent bien qu’il y ait un recours à ces
thérapies sous réserve :

1) Que ce soit une action complémentaire de l’acte médical.


2) Que l’on se méfie des charlatans.

LES TRIS CROISÉS

Il s’agit de croiser deux variables pour savoir s’il y a un lien de cause à


effet.

1) Croisement entre le sexe des médecins/conception du mécanisme


magnétique
Bien que le lien entre les deux variables ne soit pas significatif, mais
d’après notre étude, il semble que l’effet placebo soit plus désigné par les
hommes que par les femmes qui privilégient l’effet magnétique avant l’effet
énergique. À noter que l’effet d’écoute n’est pas l’élément principal, quel
que soit le sexe (second élément pour les hommes et troisième pour les
femmes).

2) Croisement entre le sexe des médecins/conseil des pratiques


guérisseurs
Le sexe est-il une variable déterminante sur le conseil des pratiques des
magnétiseurs et barreurs de feu ?
Le lien n’est pas démontré ici d’après nos tests, cependant il semblerait
que les femmes conseillent plus souvent l’utilisation des compétences de
ces praticiens. Néanmoins, le nombre est trop peu élevé pour permettre une
extrapolation sur l’ensemble des médecins généralistes.

3) Croisement entre la notion de foi/conseils des pratiques des


guérisseurs
La foi a-t-elle une incidence sur le conseil donné au patient face à la
maladie de l’utilisation des compétences des magnétiseurs et des barreurs
de feu.
Les deux variables n’ont pas de lien. Les résultats de notre étude sont à
l’identique en tri croisé comme en tri à plat. La religion n’a pas d’incidence
sur le conseil de l’utilisation des compétences des magnétiseurs et barreurs
de feu. Que l’on ait la foi ou non, c’est le registre « occasionnellement » qui
domine.

4) Croisements entre l’âge des médecins et la collaboration éventuelle


avec les guérisseurs
La relation entre l’âge du médecin et le ressenti de l’efficacité des
pratiques des magnétiseurs ou des barreurs de feu est-elle significative ?
Selon nos statistiques, il semblerait que les jeunes soient plus sceptiques
quant à l’efficacité de ces pratiques ; près de 43 % considèrent que celle-ci
est faible pour la tranche des 25-39 ans.
Cependant, on remarque que 35,6 % de cette même tranche d’âge pensent
que les conséquences de ces usages sont fortement positives.
Plus les médecins sont âgés, plus le pourcentage est dégressif passant
d’environ 29 % pour les 40-60 ans à 8,9 % pour les médecins plus âgés (soit
une baisse de 20 points !).

Il semble donc se profiler, d’après les réponses, que plus on est jeune,
plus on est porté à considérer que les compétences de magnétiseurs et
barreurs de feu sont fortement efficaces.
À noter cependant que 5 personnes sur les 10 qui pensent que ces usages
sont d’une efficacité totale ont entre 55 et 64 ans, contre 3 personnes de 25
à 39 ans.

5) Croisements entre zone d’exercice du médecin et le conseil d’un


recours à un guérisseur-magnétiseur
D’après nos résultats, les personnes jugeant l’efficacité forte pratiquent
plutôt la médecine en zone urbaine voire en semi-urbaine.
Ceux qui pensent que ces usages sont totalement efficaces exercent pour
une très forte proportion en zone urbaine.
Les semi-ruraux sont convaincus de l’efficacité à près de 13 %.
Les médecins ruraux ont tendance à penser que ces applications sont
d’une action nulle et au mieux moyenne (6 %). Seuls 4,3 % pensent que
celle-ci est forte parmi ces praticiens ruraux.
Des chiffres qui font tomber les idées préconçues ; en exerçant à la
campagne on est, semble-t-il, plus sceptique… alors que la clientèle des
guérisseurs, nous le verrons plus loin, est plus rurale qu’urbaine.
Cependant les résultats sont à nuancer par le nombre d’interviewés qui ne
se prononcent pas sur la question (autant en zone urbaine qu’en semi-rurale
soit 20,6 %).

6) Croisement entre les pratiques médicales alternatives et le ressenti


de l’efficacité du guérisseur dans le cas des brûlures
Il y a autant de médecins qui pensent que l’efficacité est forte, qu’ils aient
une pratique médicale alternative ou non.
Cependant, sans grande surprise, plus on a une pratique complémentaire,
plus on a tendance à croire en l’efficacité des pratiques de type magnétisme.
À noter que près de 22 % des médecins n’ayant pas de pratiques
complémentaires ne se prononcent pas sur la question. Ceux-ci sont
globalement plus sceptiques sur la valeur de ces pratiques.

LE PROFIL DE L’INTERVIEWÉ ET LES CONCLUSIONS


DE L’ÉTUDE STATISTIQUE

À partir des pourcentages les plus élevés en tri à plat, il est possible de
faire un profil type de la personne interrogée. C’est donc :
– un homme ;
– dans la tranche des seniors ;
– qui exerce surtout en association pour les jeunes et plutôt seul pour les
tranches d’âge plus élevées ;
– qui vit plutôt en zone urbaine ;
– qui pense que les barreurs de feu et les magnétiseurs sont efficaces pour
les brûlures et les zona/herpès, mais qui a un doute en ce qui concerne les
douleurs et les autres pathologies ;
– qui est proche de ses patients qui lui font souvent des confidences de
l’utilisation de ce genre de pratiques, mais il a le sentiment que beaucoup se
cachent pour ces usages ;
– qui conseille plutôt occasionnellement ces usages bien qu’il connaisse
des magnétiseurs et des barreurs de feu (seul un quart des médecins
interrogés ne conseillent jamais le recours aux guérisseurs-magnétiseurs à
leurs patients) ;
– qui a une meilleure connaissance des barreurs de feu que des
magnétiseurs et qui utilise peu ces pratiques pour ces proches ;
– qui considère que ces usages n’ont pas d’effet direct et qui pense que
l’action a surtout un effet placebo sur les patients ;
– qui a une forte relation de confiance avec ses patients, ce qui lui donne
une légitimité pour faire des observations ;
– qui n’hésite pas à dire qu’il a la foi, mais ne pratique pas sa religion
(cette foi n’a d’ailleurs aucune incidence sur les conseils qu’il dispense à
ses patients) ;
– qui pense que les pratiques étudiées dans cette enquête ne feront que
s’étendre du fait de la limite des pratiques médicales actuelles.

Les études en tris croisés montrent :


– sans surprise, que les médecins qui pratiquent d’autres disciplines que
l’allopathie sont plus sensibles à un recours aux guérisseurs que ceux qui ne
pratiquent que l’allopathie ;
– avec une certaine surprise, les médecins plus jeunes et ceux qui
travaillent en ville sont plus ouverts aux pratiques des guérisseurs
magnétiseurs ;
– les hommes privilégient plutôt l’effet placebo alors que les femmes
pensent plus à l’effet magnétique.
MÉDECINE ET MAGNÉTISME

Pendant longtemps, les médecins ont refusé d’évoquer les guérisseurs ; puis
quelques-uns se sont aperçus que, dans certaines situations, des individus
savaient apporter un soulagement pour des brûlures, pour un zona ou
faisaient disparaître des verrues.
Consulter des hommes et femmes de don n’implique pas d’être réfractaire
à la médecine traditionnelle. Comme je l’ai évoqué en introduction,
personne ne peut nier les spectaculaires progrès de notre médecine pour
lutter contre les maladies infectieuses, les progrès qui ont été ceux de la
chirurgie, de la génétique, de la lutte contre les cancers… Force est de
constater la place prépondérante de l’informatique qui a permis une avancée
déterminante en matière de diagnostic et de suivi des maladies.
Et pourtant !
Bon nombre de Français estiment que vouloir être suivi selon les règles de
la médecine conventionnelle n’est pas forcément la façon la plus sûre et la
moins coûteuse de se soigner.
Les mobiles qui amènent à consulter des tradipraticiens ne sont pas liés à
des critères socioculturels. Toutes les strates de la société sont concernées.
On pourrait se dire que c’est l’attrait du mystère qui encourage à les
consulter. Ou que l’attrait de la réhabilitation d’anciennes procédures
ancestrales est un élément de choix.
Ces interprétations ne sont pas suffisantes.
La démarche des patients est aussi dictée par le pragmatisme : « Je ne sais
comment ça marche ; c’est bizarre, mais le principal, c’est que ça
marche ! », résume un patient.
Et puis la médecine a un aspect aléatoire et montre ses limites, il faut
l’admettre avec lucidité et humilité.
Lorsqu’il s’agit de problèmes dermatologiques comme des brûlures,
eczémas, des zonas, des herpès, des psoriasis, le recours à des soins « qui ne
font pas mal et qui ne sont pas dangereux » par des praticiens souvent
disponibles rapidement est un critère de choix du malade.
Et dans certains contextes de désert médical, avec des interventions qui
n’ont pas d’effets secondaires, contrairement à beaucoup de nos thérapies
chimiques, on peut comprendre la démarche de certains patients.
Par rapport à ce risque, je ne peux m’empêcher de citer à nouveau la
réponse que fait l’un de mes interlocuteurs, brave agriculteur, à qui les
patients demandent ce qu’ils risquent lors d’une séance et qui leur répond,
avec un accent du terroir : « La seule chose que vous risquez en venant me
voir ? C’est de perdre une demi-heure ! »
Les nombreux témoignages de personnes que j’ai personnellement
rencontrées et qui ont eu recours à ces pratiques me confortent dans l’idée
que beaucoup s’y sont rendues sans être particulièrement préparées, avec la
plupart du temps même un sentiment de doute et avec parfois un sentiment
un peu de honte : on veut bien se faire soigner de façon empirique, mais on
ne veut pas vraiment que cela se sache !
En fait, l’étude que j’ai menée auprès des médecins montre que les
patients ne se cachent pas autant que cela, et que la relation de confiance
envers son médecin traitant peut tout de même les amener à évoquer cette
démarche de soins alternatifs.
Ce qui est certain, c’est que le phénomène intéresse la population. J’ai pu
m’en rendre compte, lors de mes conversations tout au long de ce travail
avec des prises de position assez tranchées : « Moi j’y crois » pour certains,
« J’ai des doutes » pour d’autres… mais jamais de certitudes chez ces
derniers pour lesquels, on retrouve toujours une petite part de mystère…
Une petite lueur d’espérance ?
Et puis, tout cela touche à l’essentiel : la santé, et donc la vie !

CES GUÉRISSEURS, QUI SONT-ILS ?

Définition du dictionnaire Larousse :


« 1) Personne qui prétend obtenir la guérison de certaines maladies par
des procédés secrets, incommunicables, sans vérification scientifique
démontrable et qui agit en contravention avec la loi sur l’exercice de la
médecine.

2) Littéraire ; personne qui supprime un mal moral : “Il est le guérisseur


de toutes mes peines.” »

Définition de Jean-Claude Collard, guérisseur : « Le guérisseur est une


personne qui sait utiliser et canaliser les énergies que la nature a mis à sa
disposition pour réarmer physiquement et mentalement les personnes qui
viennent à lui. L’approche est globale, spontanée, respectueuse de la nature,
de la personne, de ses émotions et de ses capacités d’autoguérison. Il ne
force pas, n’impose pas. »

Ils seraient, je l’ai évoqué en introduction, entre huit et dix mille en


France. Ils ne sont pas répertoriés et ont tendance à se fondre dans la
population et à s’y diluer.
Mais selon, Jean-Yves Bilien, spécialiste du sujet, il existerait au moins un
guérisseur par commune, soit au moins quarante mille pour notre pays !
Je le pense également : à travers mon enquête sur le Nord Franche-Comté,
je n’ai eu aucune difficulté à trouver vingt noms de guérisseurs non
répertoriés officiellement. J’aurais d’ailleurs pu en rencontrer d’autres.
En sachant que l’un d’entre eux, habitant une commune de mille six cents
âmes, m’a avoué avoir onze « collègues-concurrents » dans la commune, on
se dit que le chiffre de quarante mille est plus que probable.
La renommée était la plupart du temps jadis très localisée, avec une
activité qui se limitait à son canton. Avec l’évolution des moyens de
communication et de transport, ce n’est plus le cas. Actuellement, certains
s’affichent et font même de la publicité.

Contrairement à la médecine chinoise qui repose sur un large éventail de


connaissances, les guérisseurs ne revendiquent pas, en général, un
attachement à une tradition particulière. La plupart n’ont jamais appris à
guérir. Ils disent avoir développé un don qu’ils ont reçu ou qu’on leur a
transmis et qu’ils ont découvert la plupart du temps un peu par hasard.
La majorité d’entre eux disent être incapables d’expliquer rationnellement
ce qu’ils font durant les séances. Ils effectuent des gestes, soufflent, récitent
parfois des prières, sentent de la chaleur dans leurs mains, reçoivent des
informations, mais sont incapables de dire pourquoi et comment cela
fonctionne.

« Dans ce genre de pratiques, explique le physicien James Oschman, ce


qui importe, c’est de ne pas penser. Il faut savoir déconnecter son esprit
rationnel. Passer ses mains sur le corps d’une personne et réussir à trouver
ce qui est perturbé n’est ni un processus intellectuel, ni le fruit d’un
raisonnement intellectuel. Il faut se laisser aller à une autre forme de
sensation et se laisser guider. »
Auteur de plusieurs livres sur le sujet, Alexandre Grigoriantz, qui a côtoyé
une cinquantaine de guérisseurs, confirme : « Ils sont conscients que ces
pouvoirs ne leur appartiennent pas vraiment. Tous m’ont confié avoir le
sentiment étrange d’être guidés, obéissant à des forces, à une intelligence
qui les dépasse. »
Guidés par Dieu ou par ses saints pour ceux qui sont très croyants, guidés
par une entité spirituelle pour d’autres, qui peut être un défunt proche
parfois, guidés par une force qui leur semble extérieure mais dont ils ne
peuvent déterminer la nature.
Ils possèdent, on l’a vu, un « fluide vital », une force qui leur est propre et
qu’ils transmettent au souffrant par imposition des mains.
« Nul n’a besoin d’avoir un esprit religieux pour percevoir que quelque
chose de plus grand, de plus mystérieux, de plus inexplicable nous
entoure », déclare Jean-Luc Bartoli, lui-même magnétiseur dans les Côtes-
d’Armor.
On retrouve chez ces guérisseurs intègres (voir chapitre plus loin) une
indéniable forme de générosité et une envie d’aider… Une envie d’aimer
les gens qui est une condition essentielle pour exercer pleinement son art.
Ce don de soi évident et ce besoin naturel de transmettre une force vitale
naturelle, et même surnaturelle, caractérise ces guérisseurs et évoque pour
le Dr Dencausse une forme de compassion et même d’amour tout
simplement.
Il faut pour cela, au-delà d’une grande attention, une véritable intention
(ou intentionnalité), « avec ce désir profond de soulager la personne pour
mobiliser en elle les ressources d’autoguérison qui sommeillent en chacun
de nous ».
Nous l’avons évoqué dans notre enquête : c’est cette force qui les guide et
les pousse à utiliser cette énergie qu’ils ressentent en eux et qui les dépasse.
Cette intention que l’on peut prendre au sens premier du terme, le
sentiment d’avoir envie d’aider, mais qui est aussi utilisée au sens
magnétique : cette possibilité déjà évoquée d’une force-pensée et d’une
concentration qui élève le niveau de conscience.
Cet aspect de la guérison est fondamental pour Alexandre Grigoriantz :
« Certains guérisseurs ont un champ énergétique tellement fort qu’ils n’ont
besoin de ne faire aucune passe magnétique. Il leur suffit de pénétrer dans la
pièce où se trouve le malade pour que son état s’améliore. Dès que le
guérisseur se concentre sur lui par la pensée, la transaction s’effectue toute
seule, à distance. » Mais cela n’est possible que si les guérisseurs possèdent
et gardent une certaine humilité : « Étant complètement dépourvus d’orgueil
et d’égoïsme, ils éprouvent beaucoup d’amour et de compassion pour le
genre humain », évoque encore Grigoriantz.
Pour le magnétisme, en général, plusieurs séances sont nécessaires pour
espérer guérir de ses souffrances. Mais cela est fonction des affections et de
la puissance curative du soignant : de son magnétisme.

ÉBAUCHE DE CLASSIFICATION
On évoque souvent le terme guérisseur ou magnétiseur. Il s’agit, je l’ai
décrit, de termes génériques.
Mais qui y a-t-il de commun entre la grand-mère du village que j’ai
rencontrée, qui soulage les brûlures en murmurant des prières inaudibles,
l’énergéticien plus institutionnalisé qui aborde l’individu dans son contexte
psychologique en tenant compte du duo corps-esprit, et certains charlatans
qui soignent théâtralement à grand renfort de publicité ?
Il n’y a pas un type uniforme de magnétiseur mais plusieurs, qui se
différencient principalement par le sens qu’ils donnent à leur don, à sa
nature biologique, divine, et à son mode de transmission.
La perception qu’ils possèdent de leur don induit nécessairement une
théorie qui débouche elle-même sur une perception tout aussi individuelle
du corps magnétique, du corps qui pratique.
S’il existe un élément commun à tous ces magnétiseurs-guérisseurs, c’est
certainement ce que le Dr Fouqué appelle la force vitale qui s’exerce chez
tout individu, qui peut prendre en particulier le nom de libido chez
l’humain, et qui serait particulièrement puissante chez ces guérisseurs.
Cette force vitale est difficile à quantifier physiologiquement,
biologiquement. Elle n’a pas un domaine anatomique précis. Elle est
constituée d’éléments physiques, psychiques et spirituels et chez certaines
personnes, elle ne peut rester confinée : ils ressentent alors ce besoin de
donner, d’imprégner un autre individu d’une forme d’émanation fluidique,
de procéder à une sorte de transfert d’énergie qui viendra renforcer la force
vitale épuisée ou déséquilibrée par la maladie de cette autre personne.
Si l’on résume le Dr Fouqué : un trop-plein d’énergie dont il déborde et ce
besoin d’une forme de transfusion fluidique d’énergie de la part du
guérisseur. Même si les pratiques se mélangent souvent chez un thérapeute
de l’irrationnel, il m’est apparu assez clairement, à travers mes rencontres,
que l’on avait affaire à trois types de pratiques (une classification abordée
dans les traits communs des magnétiseurs rencontrés et que je développe
ici).
1) Les leveurs de maux, leveurs de feu, barreurs, leveurs de secrets,
ceux qui soulèvent certainement le plus d’étonnement, et même je dirais, le
plus d’inquiétude d’une certaine façon puisque, si les secrets servent à lever
les maux, ils peuvent aussi être employés pour les jeter !
Ce sont plutôt des femmes dans mon enquête. Ils sont appelés également
parfois les panseurs de secrets, qui prononcent mentalement ou de façon
audible des formules de conjuration spécifiques aux maux à éliminer.
Formules qui ne peuvent être dévoilées et qui peuvent s’accompagner de
rituels, transmises dans le cadre du don, composées de gestes particuliers
(circonvolutions autour du siège du mal à l’aide d’un rituel, signes de croix,
souvent à l’aide du pouce et de l’index, parfois par l’intermédiaire d’un
rameau de buis), ou bien de souffle, associées à une incantation (dite aussi
secret), silencieuse ou marmonnée, évoquant souvent le martyr d’un saint. Il
est question donc de tel ou tel saint, de la Vierge ou de Jésus lui-même,
auxquels ils associent le nom de la maladie et de la guérison et la victoire
inéluctable de la seconde sur la première.
Le leveur de sort renvoie en quelque sorte la maladie du destinataire à
l’expéditeur.
Ces prières curatives et les règles de son usage lui ont été transmises et il
a la charge de s’en servir à bon escient. Il a l’obligation de les transmettre le
moment venu soit de manière orale, soit sur un petit carnet recopié sur un
autre petit carnet.
Les affections prises en charge sont limitées, surtout aux problèmes
dermatologiques, avec en premier, bien entendu, les brûlures.
Les rituels varient d’un barreur à l’autre mais la foi, on l’a compris, a
toujours une place dans ce type de pratiques, au moins dans les mots.
Rarement un leveur de maux ne demande à être rétribué pour ses actes.
Je reprendrai les propos d’André Juliard, ethnologue et grand spécialiste
des leveurs de maux : « Le guérisseur n’a pas l’ambition du magicien… Il
se loge par sa constitution interne (prières, jeûne, neuvaine, signes de
croix…) à proximité des méthodes religieuses de contact avec le sacré… Le
don [voir pages suivantes] guide sa démarche dans le geste curatif, mais lui
laisse l’initiative de l’organisation technique et symbolique de la relation
thérapeutique… ils agissent à la manière du pèlerin dans les dévotions
populaires : s’ils respectent les rituels religieux, ils ne se laissent
emprisonner ni par les lois des croyances magiques ou religieuses ni par les
règles culturelles de comportement collectif… Même en cas de rétribution,
ils se considèrent au service de l’homme, rejoignant le leveur du village
pour qui la pratique thérapeutique fonctionne à la manière d’une entraide
villageoise… »
Ces leveurs de maux qui suscitent une grande part de mystère sont à
l’origine du plus grand nombre d’ouvrages consacrés aux guérisseurs.
Le malade est souvent tenu dans l’ignorance du secret. Il sait que le
guérisseur a un don, c’est tout ! Et il se garde bien, en général, de poser une
question !
Il le voit tracer des signes, chuchoter des formules conjuratoires et assiste
en spectateur à la séance.
Selon Jean-Dominique Michel, « le guérisseur a conscience que ce n’est
pas sa petite personnalité qui guérit les brûlures ou arrête les saignements,
mais la force et la beauté d’un rituel pratiqué depuis la nuit des temps et
passé le long d’une longue chaîne de transmission entre personnes de bonne
volonté. »
Chacun a sa manière d’exercer le secret, mais il semble que les techniques
évoluent et qu’il y ait moins de prières classiques dans les pratiques
modernes.
Cette évolution apparaît nettement dans le film documentaire Les
Panseurs de secret de Philippe Rouquier, lorsque l’on voit la mère et la fille,
guérisseuses toutes deux, mais qui ont des conceptions différentes de la
pratique avec en particulier une fille qui se détache des prières transmises
par sa mère…

2) Les magnétiseurs-guérisseurs que j’appelle abusivement les


« guérisseurs profanes », un peu par opposition aux leveurs de maux. Ce
sont des récepteurs-émetteurs d’énergie : ils lisent le corps du patient en
détectant les fuites ou les nœuds d’énergie, absorbent en quelque sorte
l’énergie des foyers inflammatoires des affections des malades et
transfèrent, on pourrait dire transfusent ensuite leur propre énergie aux
malades.
On peut aussi regrouper ces praticiens sous le vocable de radiesthésistes :
ils partagent l’idée selon laquelle le corps humain émet certaines vibrations
qui véhiculent un grand nombre d’informations. Ils utilisent en général des
impositions de mains : les passes, la plupart du temps sans toucher au
malade, mais parfois ils se servent du souffle pour apaiser, d’un pendule
sous des formes diverses ou d’une antenne de type Lecher pour explorer le
malade.
Ils évoquent souvent les ondes ou le fluide pour parler de ces énergies.
À l’image des ondes radiophoniques, celles-ci véhiculeraient des
informations d’une grande variété, touchant à la santé individuelle.
Le magnétiseur a la capacité d’identifier une zone malade qui vibre en
dysharmonie avec le reste de l’organisme, mais il peut aussi émettre un
fluide qui permettra une syntonisation avec l’organe malade. En quelque
sorte, une espèce de synchronisation des champs vibratoires.
Ils sont émetteurs-récepteurs d’ondes : émetteurs parce que chaque
individu, et même chaque organe, est supposé émettre des ondes sur une
fréquence particulière et unique. Récepteurs, parce qu’il en reçoit une force
de nature électromagnétique appelée magnétisme animal.
Ces magnétiseurs, qui possèdent un excès de fluide magnétique qu’ils
peuvent transmettre par les mains à ceux qui en seraient déficitaires,
évoquent souvent le fait de ressentir une force étonnante au moment des
passes qui picote les mains.
La santé leur apparaît comme un équilibre du champ vibratoire, et la
maladie ne serait qu’un symptôme de ce déséquilibre vibratoire. Nous y
reviendrons largement dans le chapitre sur les médecines intégratives.
Leur pratique est source de fatigue et nécessite un véritable équilibre
physique, psychique, émotionnel pour être efficace.
On rentre, pour cette frange de guérisseurs-magnétiseurs, plutôt dans le
domaine des parasciences, qui combinent dans leur pratique des
conceptions modernes et des éléments plus anciens (voir chapitre
« Sciences-parasciences »).

3) Les bioénergéticiens, thérapeutes énergéticiens ou « guérisseurs


modernes », qui transmettent souvent une force salvatrice qui ne leur est
pas propre, d’origine cosmique ou tellurique. On pourrait les qualifier de
facilitateurs ou de passeurs d’énergie. Ils puisent leur énergie dans l’au-
delà pour permettre un rééquilibrage de l’énergie du patient. En rechargeant
par leur fluide, ils réharmonisent les corps énergétiques, en agissant la
plupart du temps sur les chakras. Ils évoquent aussi cette conception de la
maladie qui correspond selon la plupart à une dissonance vibratoire. Ils
interviennent en défaisant les nœuds d’énergie pour retisser des liens. La
démarche est certainement plus intellectualisée. Sous les contraintes du
rationalisme, ils doivent s’adapter progressivement et argumenter en
expliquant dans certains cas l’origine de leur art par des théories
scientifiques ou pseudo-scientifiques.
La maladie peut être considérée comme l’effet d’une dysharmonie entre
l’homme et le cosmos, et la guérison consiste en un rééquilibrage cosmique,
par intervention directe sur des éléments naturels ou au moyen de ces
derniers. L’un de ceux que j’ai rencontrés (rencontre no 22), se considérant
comme un passeur d’énergie, résumait en distinguant :
– les passeurs d’énergie cosmique, qui cherchent le fluide dans les astres
et les couleurs de l’arc-en-ciel (sept couleurs qui correspondent à sept
chakras) pour transmettre au patient ;
– les passeurs d’énergie tellurique, qui cherchent dans les arbres, la terre,
les ressources avant de les transmettre à un tiers ;
– les passeurs d’énergie christique qui recherchent l’énergie dans Dieu,
Jésus ou la Vierge Marie.

Le reiki, on l’a vu dans le chapitre « Le magnétisme utilisé en thérapie »,


se rapproche, dans son concept, de cette notion de souffle vital, avec
transmission d’énergie par imposition des mains.
Cette classification simplifiée a pour but d’éclairer les esprits lorsqu’on
évoque globalement les magnétiseurs.
Mais elle n’est pas du tout cloisonnée, et sera certainement sujette à
discussion.
Bien entendu, tout guérisseur, nous l’avons évoqué dans l’introduction,
est magnétiseur. Et le magnétiseur que j’ai appelé profane peut très bien
faire appel à une instance transcendante qui n’est pas de l’ordre du
religieux : une force supérieure naturelle, une énergie universelle… Et l’on
peut évoquer, dans son cas, une foi cosmique. Il peut aussi aborder la
maladie sous l’angle du déséquilibre énergétique et agir en conséquence.
Dans les trois catégories, l’utilisation du fluide magnétique se fait
justement surtout par les mains, avec en général plusieurs séances.
Certains utilisent parfois le souffle. D’autres s’aident de pendules qui
servent souvent à mesurer le potentiel d’énergie du patient.
Beaucoup d’entre eux ne peuvent œuvrer sans voir le malade. D’autres, au
contraire, ne traitent qu’à distance, en ne voyant qu’exceptionnellement le
patient.
Il n’y a pas de protocoles précis et chacun agit en fonction de son
expérience et de son ressenti. Mais dans tous les cas, on l’a compris, on a
affaire à des individus qui ont cette capacité à manier les énergies, une sorte
de puissance interne.
Dans les deux premiers cas, il s’agit d’une force interne à l’opérateur,
avec parfois un don qui est transmis par une autre personne dans le cas des
leveurs de maux et dans le dernier cas d’un élément constitutif de notre
environnement.

Ce qui apparaît très clairement à travers mes lectures, c’est l’évolution du


concept de guérisseur dans le temps. J’ai pu lire des livres sur le sujet qui
dataient des années 1930-1940 : le profil est celui de barreur de feu, leveur
de maux, mais on n’évoque pas la notion d’énergéticien qui apparaît plutôt
vers l990.
Pour tous les guérisseurs, la pratique s’exerce au début sur l’entourage
proche, puis les voisins puis le cercle s’agrandit au fur et à mesure de la
réputation.
Par contre, la « formation » est différente suivant les catégories avec
souvent pour les radiesthésistes ou les bioénergéticiens des périodes
d’apprentissage, d’initiation avec parfois la participation à des stages ou
séminaires.

LE DON
En fait, ce terme de don reflète deux réalités, et il est bon de faire la
distinction, suivant le type de guérisseurs entre :

– le don du magnétiseur, que j’ai qualifié de profane, au sens où il ne fait


pas forcément appel à des formules secrètes ou des incantations ou de rites
religieux et qui correspond à une forte énergie ;

– le don, au sens de secret, pour les leveurs de maux ou les panseurs de


secret, qui est transmis oralement, et qui amène à utiliser deux, trois ou
plusieurs formules accompagnées de gestes rituels, chacune guérissant une
seule affection organique. Ces formules s’accompagnent de deux parties
rituelles : la parole qui guérit d’une part, les conditions gestuelles de son
énonciation (signe de croix, souffle…). Ce secret est transmis à une
personne jeune, voire très jeune, en fin d’adolescence, par un guérisseur qui
voit décliner ses forces physiques avec obligation de pratiquer très
rapidement. Avec bien entendu, interdiction de divulguer ces formules…
En général, la transmission du secret se fait plutôt au sein de la famille,
avec une volonté d’entretenir le patrimoine familial. Mais parfois, il n’y a
pas de successeur potentiel au sein de la famille, souvent parce qu’on ne
veut pas s’encombrer de ce type d’héritage ! Il faut alors trouver un héritier
hors de la famille. Une personne qui en éprouve l’intérêt et qui possède en
lui les prédispositions !

TOUT LE MONDE PEUT-IL SE DÉCRÉTER MAGNÉTISEUR ?


Pour être magnétiseur, il faut très certainement avoir le don, terme pris dans
l’un ou dans l’autre sens.
D’après André Juliard, ethnologue, chercheur au CNRS, qui a rencontré
cent vingt guérisseurs, 45 % de ceux-ci tiennent leur don d’un membre de
leur famille, d’un parent, de grands-parents ou d’un ancêtre plus lointain
avec parfois des lignées de guérisseurs.
Pour d’autres comme Alexandre Grigoriantz, « l’énergie de guérison est
en chacun de nous » et peut se manifester à un moment ou à un autre.
Pour cet auteur qui connaît bien le monde des guérisseurs, un traumatisme
physique ou psychique semble être un facteur déclenchant, surtout s’il
s’accompagne d’une perte de connaissances qui engendre un changement
en profondeur de la personne, à l’origine d’une perception différente de la
normale.
Ce traumatisme agirait, selon lui, comme un amplificateur ou un
catalyseur de facultés latentes en eux : « En général un choc important brise
toutes les barrières défensives, laissant apparaître ces dons que nous avons
tous en nous. »

Je pense que le magnétisme est un peu comme la peinture : nous sommes


tous capables de peindre un tableau ! Mais pour ceux qui ont le don, c’est
tout de même plus aisé, alors que pour d’autres, les stages et les rencontres
avec des peintres ne suffiront pas !
Et le don, pour le magnétisme comme pour la peinture, c’est aussi cette
formidable possibilité d’être guidé sans pour autant fournir une quelconque
forme d’effort. « Chacun de nous possède au fond de lui une petite étincelle
divine à développer. Certains le ressentent dès le plus jeune âge, et
éprouvent le besoin d’aller vers les autres. Le don de guérisseur est un
mélange de prédisposition et de dévouement », évoque Jean-Claude
Collard.
Ce don se matérialise de diverses manières, mais il est souvent perceptible
par une chaleur qui se dégage au niveau des mains. La plupart des
magnétiseurs s’accordent à dire que le don ne suffit pas : encore faut-il le
travailler, et apprendre au contact d’autres magnétiseurs.
Et puis pratiquer régulièrement en ayant l’intention.

Dans tous les cas, j’ai pu le vérifier, il y a presque toujours un moment


important dans la vie d’un guérisseur : la rencontre, on pourrait dire la
révélation du don, qu’il soit naturel ou transmis pour certains avec la
transmission du secret pour d’autres.

Lors de mes entretiens avec les guérisseurs, la question no 3 : « Comment


avez-vous découvert ce don ? » m’amenait à connaître ce moment de
révélation : dans tous les cas quasiment, tout commence lors de la rencontre
avec une personne qui ressent les dispositions de l’individu et qui lui
conseille d’exercer ce don.
Souvent même, c’est en consultant lui-même un magnétiseur, pas toujours
avec enthousiasme d’ailleurs, que le futur thérapeute prend conscience de
ses possibilités. La phrase que j’ai entendue le plus souvent à ce sujet est la
suivante : « Toi, je ne peux pas te prendre en charge, tu es bien plus fort que
moi ! »

La plupart du temps, le guérisseur se rend compte assez jeune de son


pouvoir, et puis un jour, ce don qu’il possède à l’état de latence se révèle,
s’impose à lui et il ne peut plus y échapper. Et cela peut arriver à tout
moment de la vie, et pas nécessairement durant la jeunesse.
Le guérisseur est alors commandé, dominé par sa vocation. Pour certains,
c’est même le sentiment d’avoir une mission à accomplir qui les pousse à
exercer leur don.
Dans le cas du don transmis aux leveurs de maux ou barreurs de feu, il y a
certes transmission de prières curatives, la plupart du temps par des femmes
âgées, mais toujours en direction de femmes ou d’hommes plus jeunes,
prédisposés à recevoir ce don, qui ressentent très jeunes cette aptitude à
transmettre les énergies.
Il est dans l’obligation d’un leveur de maux, de transmettre à des plus
jeunes les formules, en général à trois personnes consentantes et
prédisposées à recevoir le don.
Tous, sans exception, se souviennent précisément du moment de la
révélation et du parcours initiatique avant de mettre ce don au service des
autres. Un parcours jalonné de signes du destin.
Beaucoup – j’ai pu le vérifier lors de mes vingt-cinq rencontres – ont des
antécédents familiaux avec un père ou une mère, un grand-père ou une
grand-mère qui possédaient le don : « Il semble qu’il y ait des familles de
sourciers et de guérisseurs. Le sens magnétique est comme le sens musical.
Un musicien finira toujours par exprimer son art. Je crois que c’est un peu
la même chose chez les individus qui ont le sens magnétique, sinon le don
magnétique », expliquait Yves Rocard, dans une interview parue dans Les
Cahiers de la bioénergie.
Ce qui est certain, c’est que, pour toutes et tous, la découverte ou la
révélation de ces dons est un élément déterminant dans leur vie et pour
certains, parfois, l’occasion de modifier leur trajectoire de vie.

LA RÉPUTATION
Dans le cas des magnétiseurs-guérisseurs, la réputation était jadis plutôt
cantonale avec souvent un guérisseur par canton. Maintenant, la réputation
est plutôt régionale du fait de l’évolution de nos moyens de communication.
J’ai pu m’en rendre compte lors de mes entretiens, avec pour certains, une
« clientèle » qui n’hésitait pas à faire plusieurs dizaines (voire centaines) de
kilomètres pour consulter.
Je dois rappeler que tous ceux que j’ai rencontrés œuvraient uniquement
par le ouï-dire, sans faire aucune publicité.
Il faut noter, pour être complet, que j’avais refusé d’intégrer les personnes
regroupées sur internet sous le vocable « magnétiseurs » de l’aire urbaine,
et qui englobent en fin de compte des pratiques de bien-être plutôt variées
s’éloignant parfois du sujet qui m’intéressait.
La réputation des guérisseurs-magnétiseurs se forge uniquement sur la
base de propos tenus par des personnes qui les connaissent. Ces
témoignages qui ne transitent que par le bouche-à-oreille créent, il est vrai,
une confiance et une espérance qui renforceront l’idée, pour certains, que
l’effet placebo joue complètement en la matière. Ce qui est certainement
plus difficile à démontrer dans le cas des animaux avec des résultats parfois
étonnants, comme j’ai été amené à le constater.
Nous reviendrons sur le sujet dans le chapitre « Science ? Parascience ? ».
Comme l’indique Dominique Camus, « le désir d’anonymat ou de
tranquillité qu’invoquent constamment les leveurs de maux dès qu’ils sont
sollicités pour parler de leur don est apprécié de ceux qui y ont recours.
C’est un peu comme un gage de son efficience possible ».

LA DISPONIBILITÉ
« Des gens qui ont le don, il y en a partout. Pas besoin de courir bien loin
pour trouver quelqu’un qui passe les verrues, les brûlures, ou le venin. Il
suffit de mener sa petite enquête pour trouver un nom dans le canton ».
On peut imaginer la place qu’ils occupaient jadis dans nos campagnes,
lorsque le médecin était difficilement accessible, que ce soit
géographiquement ou financièrement.
Maintenant qu’on retrouve dans certaines régions des déserts médicaux,
ou des médecins pas toujours disponibles, on peut envisager le réflexe des
patients en cas de brûlures en particulier.
D’autant que – j’ai pu m’en rendre compte –, pour certains de ces
guérisseurs, il est insupportable de laisser quelqu’un souffrir. Ils se doivent
de pouvoir soulager la douleur à toute heure, et se sentent moralement
obligés d’utiliser ce don qu’ils ont reçu : « Quand on a un don, il faut
l’utiliser, parce que les médecins sont un peu coincés dans certaines
maladies… C’est un peu une mission. » ; « Les gens vous forcent un peu la
main quand vous avez le don » ; « Le don m’est venu comme ça. Ce n’est
pas quelque chose que j’ai cherché à avoir. Mais je ne peux pas me défiler
quand on me demande… » ; « Tout le monde m’a sous la main, on vient
chez moi nuit et jour, 7 jours sur 7, 365 jours par an… quel médecin fait
encore ça ? »

LA RÉMUNÉRATION
La plupart des guérisseurs, et je peux en témoigner, le font bénévolement.
En fait, j’ai pu repérer globalement trois types de situations :
– celles ou ceux qui ont reçu ce don : les leveurs de maux, les leveurs de
secrets, qu’ils considèrent comme divin. Dans ce cas, surtout pas de
rémunération sous risque de perdre le don. À la limite, un petit cadeau
symbolique, type une bouteille de vin ou une plaque de chocolat ;
– les énergéticiens qui accompagnent leurs séances de massages ou de
psychothérapies ; dans ces cas-là, on a souvent affaire à des micro-
entrepreneurs avec des tarifs indiqués avant la séance ;
– les magnétiseurs que j’ai qualifiés de profanes ou radiesthésistes, qui
laissent les patients choisir leur rémunération.

Il semble que la rémunération soit une source d’opposition entre les


tenants du don qui considèrent que ça ne se monnaye pas, qui font cela pour
rendre service et les partisans d’un accompagnement nécessitant de
l’énergie et du temps qui justifient une rémunération.
C’est cette question de rémunération qui peut parfois apporter des
arguments à ceux qui s’opposent aux guérisseurs. Ils mettent alors en avant
le cas de ces charlatans qui opèrent dans une logique de profit, avec souvent
d’ailleurs, un commerce complémentaire de baumes, élixirs, plantes
médicinales…
Lorsqu’il n’y a pas de rémunération, il faut admettre que l’altruisme
affiché sonne comme une certaine garantie d’authenticité.
Comme je l’ai évoqué dans le chapitre « Résultat des enquêtes », le choix
de certains magnétiseurs (qui ne peut pas être celui des leveurs de maux) de
clarifier les tarifs, tient à un désir de transparence : par rapport au fisc
souvent, mais aussi par rapport à l’entourage, et en particulier, par rapport
au voisinage qui peut parfois être amené à se poser des questions sur une
activité non déclarée…

Comme je l’indique plus loin dans le chapitre « Les guérisseurs


intègres », lorsqu’il y a rémunération, son montant est un critère
d’élimination des arnaques, et pour être concret, le tarif de l’ordre de trente
euros la séance me paraît raisonnable. Des tarifs beaucoup plus élevés, avec
des sommes de plusieurs centaines d’euros comme j’ai pu le lire sont à mon
sens déjà extrêmement suspects !

L’INTUITION
La plupart des magnétiseurs possèdent un sens aigu de l’orientation et de
l’intuition avec parfois des capacités de médium pour certains.
Selon les travaux scientifiques rigoureux menés par le géophysicien Joe
Kirschvink, de l’Institut de technologie de Californie, l’homme posséderait,
comme beaucoup d’animaux, un sens magnétique qu’on pourrait qualifier
de sixième sens.
Cette sensibilité aux champs magnétiques serait, on l’a dit, liée à la
présence de cristaux de magnétite, utilisés pour fabriquer les boussoles, et
que nous retrouvons dans le cerveau de l’homme, mais aussi chez beaucoup
d’animaux, surtout les espèces migratoires.
Pour ce qui est du sens de l’orientation des magnétiseurs, cela pourrait
s’expliquer par la concentration élevée de ces cristaux de magnétite dans le
cerveau d’un magnétiseur, comme nous le verrons dans le chapitre
« Science ? Parascience ? ». Cette concentration plus importante que pour le
reste de la population, au niveau du cerveau, mais aussi dans les mains,
donnerait un début d’explications à ces étonnantes capacités.
Ce sont peut-être des traits ancestraux, qui se sont modifiés avec
l’évolution des espèces, et qui se sont atténués avec le temps. Par ailleurs,
l’évolution de technologies nous amène certainement à ne plus stimuler
certaines fonctions cognitives.
Pour ce qui est de l’intuition et des capacités de médium de certains
guérisseurs, c’est un constat qui est fait par tous ceux qui se sont intéressés
à ces praticiens.
Comme l’évoque le Dr Fouqué, « le guérisseur, à bien des égards, n’est-il
pas un peu voyant ? Il distingue le mal à travers le corps et son évolution à
travers le temps. Il voit et il prédit. Mais l’insuffisance de sa terminologie
médicale l’empêche souvent de traduire son diagnostic et son pronostic ».
Alexandre Grigoriantz évoque dans ses ouvrages, la rencontre avec ces
guérisseurs étonnants rencontrés dans le monde, parfois capables de lire les
pensées des gens croisés dans la rue, capables de décoder les « informations
du champ des autres ». Cet auteur qui a rencontré de nombreux guérisseurs
tout au long de sa vie, évoque le « radar psychique » du guérisseur qui lui
permet de déceler des fuites d’énergie liées à des affections. Selon lui, chez
un vrai guérisseur, cette capacité à reconnaître un organe malade lors d’un
diagnostic intuitif va de pair avec cette possibilité d’insuffler une forme de
fluide énergétique.
Pour lui, l’une ne va pas sans l’autre.
Cette faculté qui est une forme de clairvoyance, correspond, toujours
selon Alexandre Grigoriantz, à un processus de mirorisation : « Le
thérapeute devient lui-même l’image du patient au point de ressentir en lui
ses maux aux endroits précis où il souffre… »

Pour mon étude, plusieurs de ceux que j’ai rencontrés m’ont avoué
ressentir cette sensation étrange de percevoir les souffrances des personnes
rencontrées. Et, pour certains, de posséder ces capacités étonnantes de
médiumnité. « Mais on se refuse à rentrer dans ce domaine, parce que là on
franchit une barrière extrêmement risquée pour notre équilibre », m’ont
avoué quelques-uns. Surtout si, comme c’est le cas quelques fois, le ressenti
concerne un évènement malheureux qui allait survenir au patient, et qu’ils
se gardent bien entendu de divulguer…

LE GUÉRISSEUR GUÉRIT-IL ?

C’est de là que vient certainement la confusion. Les soins dispensés par les
guérisseurs ne sont pas, au sens strict du terme, des actes de guérison mais
plutôt des actes de soins.
Selon Jean-Luc Bartoli, ils ne guérissent pas et « prétendre le contraire
serait honteux. Ce serait donner de faux espoirs à des gens fragilisés par la
maladie. Une bonne fois pour toutes, le guérisseur ne guérit pas les
pathologies lourdes et lésionnelles : la maladie de Parkinson, la maladie
d’Alzheimer, le cancer, la sclérose en plaques, la schizophrénie. Il peut
parfois se passer des choses étonnantes, des rémissions, des régressions…
Mais il faut être circonspect car ce ne sont que des cas rares ».
Je peux confirmer ces propos à travers les rencontres que j’ai pu faire :
quasiment tous reconnaissent que ce ne sont pas eux qui guérissent les
affections observées, mais que c’est le malade lui-même qui se guérit par
l’énergie qu’on lui transmet et qui permet de déclencher un processus
d’autoguérison…
Mais tout dépend bien entendu des ressources naturelles dont dispose le
malade.
Certains des magnétiseurs rencontrés, je l’ai évoqué, n’emploient jamais
le mot guérison, mais le mot rémission.
Et puis, il y a ces témoignages recueillis par Alexandre Grigoriantz de
« guérisseurs remarquables », qui évoquent tous des cas cliniques troublants
pour lesquels la médecine classe les dossiers en « guérison inexpliquée »…

Jamais, par ailleurs, ils n’établissent de diagnostic. Un champ de


compétences qu’ils réservent aux médecins. « Si je ressens une
perturbation, je le signale alors au patient », expliquent la plupart des
magnétiseurs interrogés.
En aucun cas, ils ne se permettent d’encourager un malade à arrêter un
traitement. C’est certainement là que l’on fera la différence avec un
charlatan.
« Le magnétisme ne doit en aucun cas se substituer à la médecine
conventionnelle. L’action du guérisseur ne peut être que complémentaire »,
précise Élisabeth Messina.
Ces pratiquants des médecines traditionnelles, lorsqu’ils sont honnêtes, ne
déclarent pas que la médecine conventionnelle est nuisible, mais qu’il y a
souvent une carence à toute opération médicale : le malade lui-même.
« Ce n’est pas telle ou telle maladie qui m’intéresse, mais le malade »,
rappelait l’un d’entre eux, qui évoque ainsi la vision holistique du
magnétisme utilisé en thérapie.
En fait, on devrait donc plutôt évoquer les soigneurs que les guérisseurs.
Selon Francine Saillant et Éric Gagnon, « les soins constituent au premier
abord un ensemble de gestes et de paroles, répondant à des valeurs et visant
le soutien, l’aide, l’accompagnement de personnes fragilisées dans leur
corps ou leur esprit, donc limitées de manière temporaire ou permanente
dans leur capacité de vivre au sein de la collectivité ».

POURQUOI SONT-ILS CAPABLES DE SOULAGER


(OU DE GUÉRIR) ?
NOUS AVONS DÉJÀ ESQUISSÉ UN DÉBUT DE RÉPONSE DANS LE
CHAPITRE « LE MAGNÉTISME UTILISÉ EN THÉRAPIE » À
TRAVERS LES CONCEPTS D’ÉNERGIE DES MÉDECINES
ORIENTALES ET DE LA MÉDECINE CHINOISE EN PARTICULIER.
NOUS REVIENDRONS SUR LE SUJET DANS LE CHAPITRE
« SCIENCE ? PARASCIENCE ? », MAIS CERTAINS PRATICIENS ONT
COMMENCÉ À THÉORISER LEUR TECHNIQUE ET À LES
ENSEIGNER.
C’est le cas, par exemple, de Dolores Kriger, infirmière et professeure à
l’université de New York, qui a créé au début des années 1970, avec son
amie guérisseuse et mentor, une méthode énergétique appelée « toucher
thérapeutique » (bien que les mains ne touchent pas le patient), élaborée
selon une interprétation contemporaine de diverses pratiques ancestrales
qu’elle fonde sur une recherche scientifique rigoureuse, en collaborant avec
des médecins spécialistes en allergie, en immunologie et en
neuropsychiatrie. Cette méthode est utilisée dans de nombreux hôpitaux
(une cinquantaine rien qu’aux États-Unis) et enseignée dans une centaine
d’universités américaines ou canadiennes…
Les séances permettent de prendre en charge les douleurs, les céphalées,
les phénomènes de stress, de stimuler des défenses immunitaires, de relaxer
en profondeur, de réduire les effets indésirables postopératoires et ceux des
chimiothérapies, etc. Elles agissent sur le champ d’énergie qui entoure le
corps humain. La séance dure de dix à trente minutes, au cours de laquelle
le praticien élimine les mauvaises énergies et envoie des énergies positives.
Selon ces praticiens, le transfert d’énergie et l’harmonisation du champ
énergétique favorisent la santé physique et psychique.
Barbara Ann Brennan a elle aussi souhaité construire un cadre théorique à
sa pratique. Guérisseuse et fondatrice d’une école qui porte son nom (aux
États-Unis, en Autriche et au Japon), cette ancienne physicienne de la
NASA a publié en 1993 un ouvrage très complet, dans lequel elle rassemble
ses connaissances, ses réflexions, ses études et ses expériences. Par sa
capacité à expliquer la perception visuelle, auditive, kinesthésique du
guérisseur, elle pose dans cet ouvrage les bases d’une médecine spirituelle
et holistique du guérisseur.
Le magnétiseur, lorsqu’il procède à des passes magnétiques transmet un
fluide énergétique à une partie dévitalisée, en quelque sorte. « C’est comme
si on accordait les différents instruments d’un orchestre, c’est-à-dire les
divers éléments qui composent le corps et le cerveau de l’être humain. Mon
travail est de les faire résonner harmonieusement », explique le magnétiseur
Jean-Luc Bartoli. Ce fluide énergétique permettrait de réveiller, de manière
extraordinaire, certains mécanismes d’autoguérison permettant même à
distance, de calmer la douleur, de renforcer les défenses immunitaires,
d’agir sur le système nerveux ou d’accélérer la cicatrisation.
Une explication parfois avancée pour les tenants de la physique quantique
est le fait que le guérisseur serait capable de détecter par ses mains les corps
énergétiques invisibles, de « dialoguer » avec ces corps énergétiques,
parfois même de les percevoir. Nous y reviendrons dans le chapitre
« Science ? Parascience ? ».
Le guérisseur aurait la possibilité d’intervenir comme un scanner sur ces
champs invisibles et de déceler des dysfonctionnements qui ne se sont pas
forcément encore physiquement manifestés, mais aussi de ressentir
d’anciens traumatismes du passé, inscrits dans le corps énergétique.
Ces dysfonctionnements peuvent se manifester sous forme de fuites
d’énergie qui incitent alors le guérisseur à insuffler l’énergie manquante, ou
bien des nœuds d’énergie qui l’amènent alors à libérer cette retenue locale
d’énergie.
Je reconnais que tout cela peut être troublant, mais que cela correspond
aux témoignages que j’ai pu recueillir auprès des magnétiseurs rencontrés
qui, sans intellectualiser ces compétences, ressentent ainsi les choses, sans
pour autant être capables d’en donner toujours une explication.

POURQUOI LES CONSULTE-T-ON ?


Nous l’évoquerons largement dans le chapitre « Place des médecines
alternatives », mais si ces thérapies parallèles et complémentaires
connaissent un regain d’intérêt dans tous les milieux sociaux, c’est
certainement parce que ces pratiques, imprégnées d’une certaine façon des
savoirs et des croyances populaires, se préoccupent moins des maladies que
des malades.
On se représente le magnétisme comme une pratique surtout rurale, or
c’est une pratique de plus en plus présente dans les villes avec renfort de
publicité, pour des thérapeutes qui parfois prétendent plus à la connaissance
qu’au don.
Certes, c’est d’une certaine façon une remise en cause de notre médecine
moderne et efficace et de son fonctionnement, mais ne va-t-on pas chercher
chez le guérisseur non pas seulement une guérison, mais aussi une
possibilité de communiquer, de se confier : une approche plus chaleureuse
certainement.
Ne s’agit-il pas, comme nous l’avons évoqué, de la conséquence d’une
forme de déshumanisation de notre médecine ?
Les observateurs mettent en avant l’invasion toujours plus importante de
la technique, surtout à l’hôpital, privilégiant la technique aux dépens de
« l’humanitude ». « Plus les techniques biomédicales font preuve de leur
efficacité, moins elles supportent de contrepoids, et plus les valeurs
d’hospitalité paraissent reculer », note Éric Favereau. Peut-être une façon de
nous permettre de garder un lien avec nos racines et de répondre à une
demande croissante de spiritualité ? Ne s’agit-il pas d’une certaine façon,
d’une quête exotique et nostalgique des survivances, des croyances en
marge de la modernité, en deçà de la contemporanéité ?
Ces guérisseurs apparaissent parfois comme un dernier recours coexistant
avec celui de la médecine, agissant dans ses silences ou ses impuissances.
L’important pour le malade, est que le magnétiseur-guérisseur s’adresse à
son corps tout entier, prenne en compte sa douleur, physique et/ou
psychologique.
La vision holistique du guérisseur semble plus appréciée que celle du
médecin qui cible son attention plutôt sur l’organe malade.
Ce n’est pas la même chose que diagnostiquer ou soigner ; pour le
diagnostic, ils font appel au médecin.
Il s’opère un cheminement très complexe dans la pensée du malade, le
conduisant à croire ou à penser que ces guérisseurs peuvent constituer un
dernier espoir de guérison.
On ne va pas consulter un magnétiseur pour avoir un diagnostic. C’est la
médecine qui définit ce dont on souffre. Mais la médecine officielle ne
parvient pas à tout soigner et le magnétiseur est investi d’un pouvoir, non
pas supérieur, mais autre.
Pour le patient, il n’y a pas concurrence entre les deux pratiques, ni
incompatibilité d’ailleurs. Il y a simplement une complémentarité, le
magnétisme venant combler les lacunes de notre médecine officielle.
Pour François Laplantine, anthropologue, il existe dans les médecines
alternatives un processus de sacralisation : « En médecine comme en
religion, le polythéisme est toujours possible avec parfois des schismes, des
hérésies, des croyances autochtones ou venues d’ailleurs. »
Le choix de recourir à des médecines alternatives ne repose pas sur des
preuves scientifiques, mais sur les représentations et attentes qu’on se fait
de ces thérapies. Le malade qui consulte un guérisseur n’a pas besoin de
preuves scientifiques, n’a rien à faire des études en double aveugle contre
placebo : « Le principal, c’est que ça marche, sans aucun risque d’effets
secondaires… Et si en plus c’est la plupart du temps gratuit, c’est la
garantie d’une démarche honnête ! »
Des auteurs comme Trager Maury émettent l’hypothèse qu’à travers le
recours aux médecines alternatives, les patients reconquièrent une
autonomie perdue dans la gestion de traitements et se rendent moins
dépendants des protocoles de la médecine conventionnelle.
À la lumière d’une enquête auprès de patients consultant un guérisseur-
magnétiseur précis en milieu rural, sur 126 réponses de patients, les
docteurs Isabelle Carsalade et Catherine Naves concluent en 1990 déjà, que
80 % des patients croient en un don de guérir chez ce magnétiseur. Elles
attribuent cette adhésion et cette croyance à plusieurs raisons :
– l’appartenance à une même culture et la reconnaissance de valeurs et
d’un langage commun ;
– la conception de la maladie et son retentissement dans les activités
humaines, avec une approche holistique de l’individu qui redonne ainsi du
sens et une dimension sacrée là où notre médecine partage l’individu en
organes !
– cette approche holistique qui s’accompagne la plupart du temps d’une
confession des âmes des magnétiseurs, ce que ni la médecine ni l’église ne
sont en mesure de faire actuellement ;
– il faut le reconnaître : le médecin, pris dans ses tâches administratives et
dans sa technicité, laisse moins de place au dialogue et au contact affectif ;
– la croyance en l’existence d’une intervention surnaturelle, là où échoue
l’action scientifique de la médecine conventionnelle ;
– ce sentiment d’une transgression, d’un mystère, qui d’ailleurs pourrait
paradoxalement atténuer les bienfaits de ces thérapies en cas de
reconnaissance officielle des magnétiseurs !
– après des années marquées par le rationalisme et une hyper confiance
dans la science, nous observons un retour de balancier. Nos contemporains
sont très ouverts, voire fascinés par le monde irrationnel et métaphysique ;
– l’impuissance de la pensée scientifique à donner un sens au vécu de la
souffrance ;
– le médecin qui n’est plus un notable dans la société est devenu un
technicien des problèmes de santé.

On pourrait rajouter, en 2018-2021, cet éveil écologique qui pousse à se


tourner vers le naturel et se méfier des effets secondaires des médicaments.
Et puis on peut aussi évoquer ces affections mal systématisées par la
médecine conventionnelle, souvent rangées dans la catégorie
« psychosomatique » ou « fonctionnelle », et pour lesquelles les réponses
sont considérées comme frustrantes par les patients.

Mais il y a d’autres raisons qui amènent un patient à consulter un


guérisseur. Simon Schraub, médecin et sociologue, évoque certes le recours
à ces thérapies alternatives lors des échecs de la médecine conventionnelle,
mais pour lui : « Le désir de guérir ou de vivre plus longtemps, d’être
mieux, de mieux supporter les traitements se traduit par le désir de tout
essayer. »
Un sondage de la Sofres de 2005 montrait que 80 % des Français
accordent de l’importance à leur santé, et 47 % y accordent beaucoup
d’importance… Or près d’un tiers des personnes ayant recours aux
thérapies alternatives le font par peur des médicaments. Dans une enquête
d’opinion réalisée en janvier 2011 par l’institut CSA, 35 % des Français
n’avaient pas confiance dans les médicaments.
Certes ce sondage a été effectué dans le contexte particulier de l’affaire du
Mediator et de celui de la polémique sur les vaccins de la grippe A/H1N1,
mais tout de même…
À noter que l’on retrouve des chiffres assez similaires dans tous les pays
occidentaux, en particulier aux États-Unis.

POUR QUELLES AFFECTIONS ?


Les souffrances pour lesquelles on consulte un magnétiseur sont variées.
Mais on peut en repérer plusieurs catégories :
– les troubles bénins mais douloureux ou gênants que la médecine ne peut
totalement guérir mais seulement soulager. Les maladies chroniques ou
fonctionnelles pour lesquelles la médecine n’a pas de réponse rapide et
efficace ; les maladies de peau (verrues, zonas, herpès, eczémas, psoriasis),
les différentes pathologies intestinales, les céphalées ou migraines, etc. ;
– les pathologies qui brûlent et nécessitent un soulagement rapide comme
bien sûr les brûlures ;
– les maladies pour lesquelles la médecine n’a pas de réponses, ou des
réponses agressives comme certains cancers, surtout en cas de douleurs, les
maladies neurologiques telles que la sclérose en plaques. Il s’agit alors d’un
traitement d’appoint, en particulier contre les douleurs ; avec parfois, pour
certaines pathologies graves, le sentiment qu’on a tout essayé ;
– les douleurs rhumatologiques ou traumatologiques comme les entorses
ou les contusions ;
– les maladies psychiatriques ou fonctionnelles courantes (dépressions,
stress, asthénie, troubles du sommeil, sevrage tabagique…).

En fait, cela dépend des magnétiseurs. Il y a ceux qui prennent toute


affection avec souffrances, ceux qui ne prennent que les problèmes
dermatologiques, en particulier les barreurs de feu ; ceux comme les
énergéticiens, qui accompagnent leur pratique d’une prise en charge plus
globale avec une approche holistique du patient.
Et puis cela dépend aussi de la puissance du magnétiseur. Les
témoignages de magnétiseurs remarquables enregistrés par Alexandre
Grigoriantz en attestent : ces observations cliniques de maladies graves
considérées comme irréversibles par le corps médical, et qui sont classées
ensuite « guérisons inexpliquées » après prise en charge par des guérisseurs
puissants nous interpellent inévitablement.

QUI LES CONSULTE ?


De façon surprenante, on le sait, toutes les strates de la société consultent
les guérisseurs-magnétiseurs.
C’est certainement la surprise qui a été la mienne dans mes différentes
lectures. « Il faut se défaire de l’idée forte présente dans la littérature
sociologique des années 1970, qui voulait que le recours à ces pratiques soit
l’apanage des habitants de la campagne dont les conditions de vie feraient
obstacle à la rationalisation des croyances », explique Olivier Schmitz.
Il n’y a plus d’opposition entre zones rurales et zones urbaines. Nombreux
sont les citadins qui consultent des guérisseurs à la campagne, et de
nombreux guérisseurs exercent maintenant en ville.
Des personnes instruites et modernes consultent des magnétiseurs.
La clientèle de ces guérisseurs se recrute dans toutes les catégories
professionnelles. Des enseignants, des cadres aussi bien que des employés
ou des ouvriers consultent les guérisseurs… Et même dans les professions
de santé, médicales ou paramédicales, il y a une demande de consultations
de magnétiseurs ; nous l’avons vérifié lors de notre enquête : des
infirmières, des médecins sont demandeurs de soins énergétiques… Et
même des femmes de médecins, pourrais-je rajouter avec un brin de
provocation !
Nous l’avons vu dans le chapitre sur l’histoire du magnétisme, des
personnages aussi illustres qu’André Malraux ou le général de Gaulle
avaient leur guérisseur…
On peut être rationnel dans la vie et avoir tout de même ce besoin de
recourir à des pratiques qui échappent au domaine du savant.
L’élément commun que l’on retrouve est celui d’avoir connaissance de
personnes (amis, parents, voisins) qui ont eu recours à un moment donné
pour une affection souvent identique et qui interviennent de façon décisive
dans l’itinéraire thérapeutique du malade. C’est celui que certains
anthropologues appellent l’annonciateur, qui intervient de façon décisive
dans le choix du patient, et qui parfois d’ailleurs l’introduit auprès du
guérisseur.
À noter également que la clientèle est certainement différente suivant le
type de guérisseurs à qui on s’adresse : ce n’est pas la même démarche que
d’aller consulter un leveur de maux ou un bioénergéticien…

FAUT-IL Y CROIRE POUR ALLER CONSULTER ?


Il n’y a pas de réponse universelle. J’ai rencontré des praticiens, surtout – je
dois dire – les barreuses de feu, qui ne veulent pas de patients qui
viendraient dans un esprit de défiance.
Pour ce qui est des leveurs de maux, certains guérisseurs admettent que le
fait d’être baptisé contribue à la guérison du malade qui consulte : « Ce
sentiment interviendrait à la manière d’une force symbolique qui se
surajouterait à celle du don pour combattre la maladie… soigner des
patients croyants, c’est assurer la réussite du don, parce qu’ils conjuguent
leurs convictions à celles du guérisseur. » Mais je ne pense pas, au travers
de mes lectures, que l’absence de foi du malade soit un obstacle chez un
leveur de maux.
Pour Dominique Camus, la croyance en l’efficacité des guérisseurs ne se
fait qu’a posteriori, une fois que s’est déroulée la cure. Ce n’est pas parce
que les consultants sont disposés à y croire à l’avance qu’elle est d’une
quelconque efficience.
La plupart des magnétiseurs-guérisseurs expliquent qu’ils préfèrent les
clients qui viennent dans un esprit ouvert, mais pour Jean-Claude Collard,
cela n’est pas absolument nécessaire, car le magnétisme agit
indépendamment de la volonté du sujet.
J’ai reçu le témoignage de patients qui observaient des résultats alors
qu’ils étaient dubitatifs – c’est aussi le cas de magnétiseurs, dont les
patients étaient sceptiques. Ce qui m’évoque également le cas évoqué dans
la rencontre no 24, l’ami qui ne croit pas aux capacités du magnétiseur, mais
qui l’appelle systématiquement en cas de maladie !
À noter que les croyances, au long des deux dernières décennies, affichent
une étonnante stabilité, et que le niveau d’instruction ne semble pas
prémunir de ces croyances. Ainsi, des populations comme les enseignants
en primaire ou collège semblent adhérer plus largement que la moyenne à
certaines croyances. Ils sont 54 % de la population, selon un sondage Sofres
de 2000, à croire à la guérison par imposition des mains par un magnétiseur.
Notons également que l’intérêt affiché pour la science n’influe que peu
sur les croyances de type parasciences.

SATISFACTION DES PATIENTS


Le docteur Marina Gaimon a mené une enquête auprès de la population
berrichonne, avec 145 inclusions. Elle a évalué la satisfaction des patients
en matière de guérison complète ou situation améliorée de façon
significative, selon l’avis subjectif des patients.
Avec les réserves de l’auteur quant à leur valeur statistique et scientifique,
les résultats rendent compte d’une très grande satisfaction pour les
affections dermatologiques : 89 % des patients interrogés sur une centaine
de cas, tous motifs confondus, notamment pour les brûlures (93 %) et le
zona (95 %). Il en est presque de même pour les troubles psychiques, en
particulier le stress (83 %). Les douleurs de toutes origines semblent un peu
moins bien soulagées (65 %). Il faut voir dans cette étude une évaluation de
la satisfaction des patients mais pas de l’efficacité des guérisseurs.

UN GUÉRISSEUR INTÈGRE…

Cette question me paraît extrêmement importante : on l’a vu dans l’enquête


médicale, elle conditionne en particulier, l’attitude des médecins envers ces
guérisseurs-magnétiseurs.
À mon sens, le guérisseur intègre est d’abord celui qui n’empiète pas sur
le terrain du médecin. Il n’émet pas de diagnostic et ne se permettra jamais
de conseiller à un patient d’interrompre son traitement médical. Mon étude
l’a largement évoqué. « Nous ne sommes pas en concurrence avec les
médecins ni dans la compétition. Nous avons juste des compétences
différentes qui peuvent coexister et se compléter », affirme Jean-Luc
Bartoli, magnétiseur.
C’est un aspect important de la démarche du magnétiseur : à la lumière de
mes rencontres, je pourrai retenir les critères d’honnêteté qui permettent
d’écarter les charlatans qui polluent le paysage des magnétiseurs :
– il faut être méfiant si un magnétiseur demande d’arrêter un traitement
conventionnel, s’il émet un diagnostic ou s’il promet une guérison
miraculeuse ; je reprendrai les propos de Jean-Luc Bartoli, cité ci-dessus :
« Il est essentiel pour un magnétiseur d’être ancré, stable et d’avoir réalisé
un travail sur soi, de savoir se remettre en question, et de se défaire
complètement de son ego : ceux qui se laissent voir comme des gourous
tout puissants, qui se prennent pour des médecins ou n’y voient qu’un
business se trompent de voie » ;
– le magnétiseur honnête doit être en mesure de vous dire par téléphone
s’il est compétent ou non pour la maladie pour laquelle vous le sollicitez ;
– il faut être circonspect en cas de publicité ! La meilleure des publicités
pour un magnétiseur honnête reste le bouche-à-oreille ;
– il n’y a pas lieu de se déshabiller chez un guérisseur ;
– le nombre de séances : le magnétisme ne nécessite pas des dizaines de
séances. S’il n’y a pas d’améliorations au bout de deux séances, un
magnétiseur honnête saura mettre un terme à sa pratique ;
– la rémunération fait aussi partie des critères qui permettent de détecter
un guérisseur intègre d’un charlatan ; nous l’avons vu précédemment, la
plupart des magnétiseurs-guérisseurs œuvrent de façon bénévole et gratuite.
Pour ceux qui ont choisi le statut de microentreprise, souvent pour des
raisons de transparence par rapport au fisc… ou aux voisins parfois (!), la
rémunération se pratique avec tact et mesure, avec des séances d’une heure
à une heure et demie qui sont tarifées, j’ai pu le constater, de l’ordre de
30 euros.
À l’inverse, un charlatan ne possède pas les qualités énoncées ci-dessus.
L’efficacité prétendue de ses soins ne correspond pas à la réalité.
Celui qui prétend guérir un cancer ou une hémopathie maligne est un
charlatan.
Ce qui n’empêche pas, dans ces situations, de consulter un guérisseur
intègre pour favoriser un confort, en particulier thérapeutique en cas de
cancers.
Et puis, en dehors de celui qui prétend avoir un don, il y a le cas de ceux
qui ont eu le don, mais qui ont dévié en particulier par l’appât du gain, en
multipliant les consultations.
On l’a vu précédemment : magnétiser fatigue, et ceux que j’ai rencontrés
se limitaient dans la journée à deux ou trois séances sous risque
d’épuisement.
De plus, ces charlatans sont souvent très forts pour manipuler les patients
fragilisés et en attente d’un soulagement.
Un critère d’honnêteté du guérisseur-magnétiseur me paraît important ;
celui de l’humilité qui doit lui donner le sentiment, nous l’avons vu, d’être
un relais, un passeur d’énergie, qu’elle soit divine, spirituelle, cosmique…
Le succès venant, la réputation aidant, il est presque naturel de perdre ce
sentiment de compassion qui doit l’animer, et de « prendre la grosse tête »
comme on dirait dans le milieu sportif !
C’est tellement gratifiant personnellement de pouvoir accomplir parfois
des petits miracles… Celui qui perd cette notion est, selon moi, moins
fréquentable.
Il faut indiquer qu’il existe pour les guérisseurs, la possibilité d’adhérer à
une structure, le GNOMA qui fonctionne un peu comme un conseil de
l’Ordre, et qui intervient dans la formation et dans la défense de cette
profession.
Le Code de déontologie, qui comprend 15 articles, évoque des notions
importantes de dignité, de probité et de loyauté.
Le guérisseur, pour adhérer à cette association, doit prêter serment et
reconnaître ses valeurs. Il existe d’ailleurs une charte du guérisseur-
magnétiseur adhérent au GNOMA.
C’est aussi, avec ce groupement, l’occasion de trouver des noms et des
adresses de guérisseurs, en sachant qu’on a affaire la plupart du temps, plus
à des professionnels qui vivent du métier de guérisseur, que ceux rencontrés
dans mon étude qu’on ne retrouvera que par ouï-dire en interrogeant parfois
les pharmaciens, les infirmières de terrain…

MAGNÉTISER FATIGUE…

Si le corps à corps n’affecte pas les soignants de la même façon, tous


s’accordent à dire qu’avec l’âge, l’énergie s’éloigne, et qu’ils ont de plus en
plus de mal à soulager en vieillissant avec même un sentiment de difficultés
à refroidir les mains avec l’âge.
En fait, cela fatigue pour ceux qui transmettent une énergie, moins pour
ceux qui ne sont qu’intermédiaires.
Beaucoup de guérisseurs, lorsqu’ils opèrent, sentent le fluide vital les
abandonner au profit de celui qu’ils veulent guérir. Ils éprouvent une
impression d’hémorragie, dont ils sortent épuisés… vidés.
Un peu à l’image d’une batterie déchargée.
Après un certain nombre de séances, le magnétiseur est épuisé s’il se livre
complètement comme il se doit. S’il dépasse un certain nombre de malades
quotidiens, il ne fera que du mauvais travail. Il lui faut donc restreindre
volontairement des actes, et pour certains, faire une pause, souvent au
contact de la nature.
Cette limite avouée fait déjà partie des critères qui permettent de
reconnaître un charlatan d’un guérisseur intègre.

Pour magnétiser, il faut donc être en bonne santé, mener une vie saine et
équilibrée, être en harmonie sur tous les plans : physique, psychique,
émotionnel et spirituel.

Il faut intégrer l’idée que la force vitale d’un guérisseur varie suivant
les praticiens, et suivant le moment. Je reprendrai les propos du Dr
Fouqué : « Il y a donc de grands guérisseurs qui prennent parfois l’aspect de
thaumaturges et dont la force vitale peut se manifester à de longues
distances et des guérisseurs beaucoup plus modestes qui se contentent
d’améliorer, de soulager, de fournir à l’organisme des éléments de
rééquilibre sans plus. Il y a des guérisseurs généraux capables d’agir sur
tout l’organisme et des guérisseurs locaux, dont le bénéfice se cantonne à
une région du corps ou à une maladie. »
Et puis, le potentiel varie d’un moment à l’autre, suivant l’état de santé du
praticien : « Il est des guérisseurs permanents et des guérisseurs
occasionnels. L’émanation de fluide des premiers se fait de façon constante,
en raison de concentration extrême de leur force vitale. Leur source
énergétique semble intarissable. Ils reconstituent leur potentiel irradiateur
au fur et à mesure de leurs dépenses et ne paraissent jamais l’épuiser. »
PLACE DES MÉDECINES
ALTERNATIVES EN GÉNÉRAL…
ET DU MAGNÉTISME
EN PARTICULIER DANS NOTRE OFFRE
DE SOINS

Il me semblait en effet difficile d’aborder la place du magnétisme dans


l’offre de soins sans aborder globalement, mais de façon synthétique, celle
en particulier des médecines complémentaires alternatives (MCA) en
France.

LES MÉDECINES COMPLÉMENTAIRES ALTERNATIVES


(MCA)
On l’a évoqué en introduction, notre médecine connaît des succès
spectaculaires, et pourtant les salons de « médecines douces » et de
thérapies naturelles font florès, tandis que les livres et magazines consacrés
au développement personnel et aux thérapies alternatives garnissent
généreusement les rayonnages des maisons de presse.
Sans parler d’internet qui propose moult sites, forums, adresses
concernant les possibilités de recours aux voies du bien-être.
Du tradipraticien à l’énergéticien karmique en passant par la psycho
généalogie lumineuse… il y a le choix.
L’OMS recense quatre cents médecines complémentaires alternatives ou
traditionnelles qui forment un large ensemble de pratiques, que les autorités
de santé peinent à encadrer tant elles sont hétérogènes. Ces termes
regroupent donc des pratiques, nouvelles ou ancestrales, fondées sur des
thérapies manuelles, biologiques ou encore des approches corps-esprit.
Certaines ont fait leurs preuves mais restent discutées comme
l’acupuncture ou l’hypnose, qui se développent dans les pays occidentaux.
D’autres restent plus confidentielles comme le reiki ou la médecine
ayurvédique (médecine traditionnelle indienne).
Rappelons qu’en France, le conseil de l’ordre des médecins ne reconnaît
que quatre pratiques : l’homéopathie, l’acupuncture, la mésothérapie et
l’ostéopathie.
Selon une enquête menée par l’OMS en 2012, 39 pays sur les 129
interrogés, soit 30 %, proposent des programmes d’enseignement de haut
niveau pour les médecines traditionnelles et complémentaires.
En France, la formation prend la forme de diplômes universitaires, par
exemple dans le domaine des pratiques corps-esprit ou des thérapies
d’activation de la conscience comme l’hypnose.
Nous l’avons déjà évoqué, le succès de ces thérapies dites alternatives est
certainement le fait de notre médecine technologique, qui peut apparaître
brutale parfois pour certains malades et qui omet parfois de considérer le
patient dans sa globalité.
Cette médecine moderne qui oublie souvent que l’humain est aussi
pensées, émotions, sentiments… et qui envisage un peu l’homme comme
une machine faite de pièces interchangeables. « La maladie peut être un
déclencheur de nouvelle relation à son corps et au monde médical. C’est un
moment où les individus sont en quête de sens », rappelle Patrice Cohen
anthropologue.

Dans son livre La Solution intérieure, Thierry Janssen, ancien chirurgien,


évoque l’évolution du discours qui oppose la médecine conventionnelle aux
thérapies alternatives.
Un constat d’abord : toutes les études montrent une évolution de la
demande en matière de thérapies alternatives. Selon une étude réalisée par
le gouvernement américain, 36 % de la population ont recours à ce genre de
pratique. Au Canada, le nombre de patients consultants des praticiens
alternatifs a plus que doublé en dix ans.
En Europe, une étude montre que la proportion de soins complémentaires
varie de 20 à 50 % selon les pays.
Longtemps, les univers thérapeutiques conventionnels sont restés fermés à
ce type de prise en charge.
Mais les esprits évoluent. Le Congrès américain a voté en 1998 la création
du NCCAM (National Center for Complementary and Alternative
Medecine) doté d’un budget de cent vingt-huit millions de dollars qui
conduit et publie de nombreuses recherches sur les pratiques de santé
complémentaires.
Aux États-Unis toujours, quatre-vingts facultés de médecine ont déjà
inclus certaines approches alternatives et complémentaires dans leurs
cursus. On compte parmi ces universités des noms prestigieux comme
Harvard, Columbia, Duke et Stanford…
L’OMS définit les thérapies alternatives comme « un ensemble de
pratiques où les patients sont considérés dans leur globalité, au sein de leur
contexte écologique ». Ces thérapies insistent sur le fait que la maladie ou le
mauvais état de santé n’est pas seulement causé par un agent extérieur ou
une disposition pathologique particulière, mais est avant tout la
conséquence du « déséquilibre d’une personne par rapport à son système
écologique ».
La bonne santé est alors définie comme un état d’équilibre, une relation
harmonieuse entre le corps, les émotions et les pensées de l’individu.
L’approche est globale, holistique.
En France, depuis René Descartes (1596-1650), on ne peut étudier que ce
qui est visible, perceptible, mesurable. Depuis cette époque, il nous faut
séparer le corps de l’esprit. Le raisonnement logique et l’imaginaire
s’opposent : le second menaçant le bon déploiement du premier.
L’immatériel devant être laissé aux bons soins des religions.
En opérant cette dichotomie, Descartes et à sa suite les philosophes des
Lumières ont favorisé l’émergence d’une vision morcelée de l’être humain
avec deux grandes tendances : une médecine conventionnelle centrée sur la
maladie, les symptômes et les organes, et des médecines alternatives
centrées sur l’homme malade dans sa globalité.
Certainement que la médecine échoue lorsqu’elle considère le corps
comme simple objet. Et on peut se poser la question de savoir si ce n’est pas
ce manque de vision d’ensemble qui entraîne pour partie une
surconsommation d’examens ?
Cette vision de l’homme nous a coupés de nos différentes dimensions.
« Un corps sans pensée ni intériorité que l’on voit comme une machine
chimique de deux moteurs, le cerveau et le cœur. Un corps qu’on finira
même par découper en tranches de plus en plus minces, attribuant chaque
morceau à un spécialiste particulier qui en aura la connaissance et la
responsabilité », explique Audrey Mouge, journaliste.
Ce dualisme corps-esprit est certainement au cœur des débats théoriques
de la science avec ce sentiment du corps-objet qui prévaut actuellement.
Le malade n’est-il pas réduit parfois à un organe défectueux ?
« Nous disposons d’une excellente médecine, mais nous devons y intégrer
le fait que nous ne sommes pas qu’une belle machine faite de chair et d’os.
La médecine de demain est celle qui va prendre en compte l’individu dans
sa globalité. Ce n’est pas parce qu’en Occident on a l’allopathie qu’on ne
doit pas s’ouvrir », commente le Dr Clare Guillemin, directrice du service
de radio-oncologie d’une clinique de Lausanne.
Si les malades se tournent vers les médecines alternatives qu’on appelait
médecines douces, il y a quelques années, c’est certainement lié au fait
qu’ils se plaignent d’être réduits à une somme de résultats d’analyses, et
qu’ils évoquent le caractère déshumanisé voire brutal de notre médecine.
Les approches alternatives et complémentaires comme le magnétisme
insistent sur le potentiel interne de chaque individu, encouragent à préserver
le fragile équilibre du corps et de l’esprit et tentent de mobiliser les
fantastiques capacités d’autoguérison ou simplement d’autoréparation de
l’individu. L’organisme vivant possède certainement la meilleure pharmacie
qui existe.

EN FRANCE
Notre pays suit la même évolution puisque 75 % de la population aurait eu
recours au moins une fois à une thérapie alternative, principalement pour
des problèmes d’anxiété, de dépression, de dorsalgies… Quelques études
évaluent l’engouement que suscitent les thérapies alternatives, celles
reconnues ou non par le conseil de l’ordre des médecins, en milieu urbain.
Une thèse évoque le chiffre de 42 % de la population vivant en région
parisienne qui aurait recours régulièrement à ces pratiques. Une autre thèse,
effectuée en région Rhône-Alpes, l’évalue à 66 % ; une autre encore,
effectuée dans l’Oise, évoque le chiffre plutôt bas par rapport aux deux
autres travaux de 34,1 %.
Pour ce qui est des guérisseurs, il semblerait que le recours à ces
praticiens soit plus important dans les campagnes.
Le Dr Franck Thiriat évalue la prévalence de recours aux médecines
alternatives dans un cadre rural en France à plus de 53 % de la population
avec une place importante pour les pratiques traditionnelles telles que
magnétiseurs (30 %).
Chiffres à confronter à ceux de notre étude qui montrent que, de façon
paradoxale, les médecins généralistes qui exercent en zone rurale sont, eux,
moins réceptifs aux thérapies proposées par les magnétiseurs que leurs
confrères de la ville…
La question se pose des difficultés d’accès à un médecin généraliste en
milieu rural : ce constat peut-il expliquer en partie ce choix pour les
thérapies alternatives dans ces contextes de déserts médicaux ruraux ? Je ne
le pense pas, mais tous les travaux consultés montrent un recours tout de
même plus élevé vers les médecines complémentaires alternatives chez les
patients vivant en zone rurale ou semi-rurale qu’en zone urbaine.
Pour en revenir aux thérapies alternatives dans leur ensemble, une étude
de l’OMS réalisée en 2002 montrait que 49 % de la population française
avait recours aux thérapies alternatives complémentaires qui englobent
homéopathie, acupuncture, ostéopathie, phytothérapie, aromathérapie,
magnétisme, etc.
En juin 2010, un sondage de l’Ipsos retrouvait une proportion de 62 % des
Français qui avaient recours à ces thérapies, alors qu’elle n’était que de
50 % en 2006 pour le même sondage.
Toutes les études montrent en définitive qu’en France, un patient sur deux
dans une clientèle de médecine générale a recours à ce type de pratique,
avec une prédominance pour les thérapies traditionnelles (magnétiseur,
rebouteux) en milieu rural ; et toutes les études notent une demande
croissante de ces thérapies avec un besoin de diversification de la part des
patients.
Certes, le type d’affections conduisant à un recours aux MCA est
important dans le choix du type de thérapie et correspond souvent à des
zones de faiblesse de notre médecine conventionnelle. Les problèmes
articulaires amènent plus à consulter un ostéopathe ou un acupuncteur ; les
troubles anxieux, fonctionnels ou dépressifs à consulter un homéopathe…
Les raisons qui amènent à consulter sont nombreuses, mais on peut en
retenir trois principales.

1) Un tiers des personnes qui consultent le font par peur des


médicaments. Dans un sondage CSA effectué en 2011, 35 % des Français
n’avaient plus confiance dans les médicaments. Mais, comme on l’a fait
remarquer plus haut, ce sondage a été effectué au moment particulier de
l’affaire du Mediator.
C’est le souhait de dépollution intérieure qui amène les patients à
envisager de prendre moins de médicaments.
Au même titre qu’il existe depuis quelques années une tendance à manger
plus sainement et à favoriser une agriculture biologique, alternative à
l’agriculture intensive, l’on assiste à un développement d’une médecine
plus écologique qui ne rejette pas pour autant les nouvelles technologies
mais qui envisage une autre façon de se soigner en privilégiant les pratiques
capables de mobiliser les défenses naturelles de l’individu.

2) Environ la moitié des personnes ayant recours aux MCA le font


suite à un échec de la médecine conventionnelle. En 2004, une étude de
K. Thomas montrait que 62 % des personnes qui y avaient recours avaient
déjà consulté un praticien de médecine conventionnelle pour ce même
problème.
La recherche d’un confort est légitime lorsque vous faites face à la
douleur ou à la maladie, avec ce désir tout aussi légitime de se réapproprier
son parcours de soins, de mieux gérer sa maladie. Il n’y a pas vraiment de
crise de confiance par rapport à la médecine conventionnelle, mais juste ce
souci du patient de se réapproprier son parcours de santé.
Le désir de vivre plus longtemps, de mieux supporter les traitements se
traduit par le désir de tout essayer. Un sondage Sofres de 2005 indiquait que
80 % des Français accordaient de l’importance à leur santé et que 47 % y
accordaient beaucoup d’importance.
On remarquera également que les patients semblent beaucoup plus
indulgents sur les bénéfices escomptés en cas de recours à des MCA qu’en
cas de recours à la médecine traditionnelle.
On constatera enfin, dans la même veine, que le choix de ne pas y recourir
correspond pour 66 % des personnes dans ce cas, à une absence d’occasion
d’y recourir.
À noter enfin, toujours parmi ceux qui n’ont pas recours à des MCA, que
49 % ne le font pas parce qu’ils ont confiance en la médecine traditionnelle,
6 % parce qu’ils considèrent qu’elles sont inefficaces et 4 % parce qu’ils ont
peur d’avoir affaire à un charlatan.

3) L’aspect relationnel et le manque de temps des praticiens sont


également une raison évoquée. La durée moyenne d’une consultation de
médecine allopathique en France est de douze minutes. Comment envisager,
dans ces conditions, la prise en charge globale de l’individu ? Le patient est
certainement en droit d’exiger un peu plus d’attention, et de côtoyer une
médecine moins expéditive devenue souvent trop technique.
Sans vouloir rentrer dans la polémique à laquelle on a assisté, force est de
constater un engouement de ces thérapies alternatives, et les avis divergent
beaucoup entre ceux qui considèrent qu’elles sont utiles à la prévention des
maladies chroniques et au traitement des souffrances, en cas d’échec de la
médecine conventionnelle et ceux qui demandent des preuves scientifiques.
Il est indéniable que certaines thérapies peuvent servir de porte d’entrée
pour des mouvements sectaires ou servir tout simplement à des fins
charlatanesques, et qu’à mon sens, la meilleure façon d’éviter ces dérives
est peut-être d’encadrer, d’informer et ne pas forcément s’en tenir au
concept de la preuve scientifique pour faire le tri.
Et ce, dans l’intérêt d’abord du patient !

Il nous faudra surtout nous poser la question de la validité de nos études


scientifiques. Je reprendrai volontiers les propos de Jean-Dominique
Michel, anthropologue de la santé : « La médecine, c’est à la fois sa force et
sa faiblesse, ne traite que ce qui est observable et mesurable. Elle a
développé une formidable connaissance des maladies à partir de la
classification des symptômes de détresse du corps et du psychisme, et de
leur regroupement en pathologies. Les pratiques de santé alternatives
reposent quant à elles sur d’autres représentations que celle du corps en tant
que manifestation physico-chimique. Elles s’enracinent dans des visions
immatérielles de l’être humain, considérant que le corps et ses
manifestations de santé et de maladies ne sont que le reflet d’une réalité
existant sur le plan non matériel. » Et l’auteur de s’interroger sur la
pertinence des validations fondées sur des données probantes et qui se sont
imposées ces dernières décennies dans nos pays occidentaux, alors que l’on
pourrait aussi envisager d’autres méthodologies, comme celles s’appuyant
sur les résultats, en évitant systématiquement de dénigrer ce qui relève de
l’expérience subjective.
La médecine n’est-elle pas d’abord humaine avant d’être scientifique ?
Et qu’avons-nous à proposer à ces plaintes fonctionnelles chroniques
(fatigue, céphalées, lombalgies, mal-être, anxiété…) qui représentent 65 %
de nos consultations en médecine générale ?
Il y a certainement, en la matière, une responsabilité politique à envisager
la question sans tabous de l’efficacité des thérapies alternatives. Il en va
d’enjeux financiers, mais aussi d’une vision tout simplement de la santé et
de la vie.

LE CONCEPT DE MÉDECINE INTÉGRÉE

On évoque maintenant à l’Organisation mondiale de la santé le concept de


médecine intégrée ou médecine intégrative en recommandant une meilleure
collaboration entre les médecins conventionnels et les praticiens alternatifs
et complémentaires.
Pour ce faire, il faudrait déjà admettre, comme l’évoque Thierry Janssen,
ancien chirurgien, « que la maladie ou l’état de mauvaise santé n’est pas
seulement causé par un agent extérieur ou une disposition pathologique
particulière, mais est avant tout la conséquence du déséquilibre d’une
personne par rapport à son système écologique ». Déjà Louis Pasteur
l’évoquait dans ses derniers jours en 1895, à propos des maladies
infectieuses : « Le germe n’est rien. Le terrain est tout. »

J’ai vraiment le sentiment après avoir exposé les résultats de mon étude,
que le discours qui oppose la médecine conventionnelle et les thérapies
complémentaires alternatives est en passe de se morceler.
Une nouvelle philosophie concernant l’approche de la santé apparaît, me
semble-t-il.
Le concept de la santé évolue avec cette perception de l’entièreté de
l’individu, qui n’exclut pas le concept scientifique de notre médecine, mais
vient le compléter.
Dans La Solution intérieure, Thierry Janssen évoque l’évolution du
discours qui oppose la médecine conventionnelle aux thérapies alternatives.
Mais tout cela passe déjà par une information du monde de la santé.
Il s’agit d’une médecine personnalisée, qui considère le patient comme un
être unique et entier, dans ses dimensions sociales, psychologiques et
spirituelles autant que biologiques et corporelles.
Cette médecine se préoccupe davantage de la relation thérapeutique et
favorise le fait que le malade devienne acteur de santé.
Pour Leon Chaitow, naturopathe et ostéopathe, responsable
d’enseignement à l’université de Westminster à Londres, si l’on veut créer
des cliniques de médecine intégrée, il faut comprendre et assimiler le
langage des autres, placer le patient au centre de toutes les préoccupations
et donc abandonner les problèmes d’ego que l’on retrouve aussi bien chez
les médecins conventionnels que chez les médecins alternatifs. Vaste
programme !
Pour progresser, il faudra abandonner l’aveuglement lié à des certitudes
pour les uns, ou à certaines croyances pour les autres.
La plupart des approches alternatives ou holistiques cherchent à
accompagner l’élan de vie au cœur de l’organisme. Elles s’appuient sur
cette possibilité de guérison qui tient compte du corps et de l’esprit, mais
aussi, pourquoi pas, de l’effet placebo.

L’EFFET PLACEBO

Toute thérapeutique agit par combinaison d’effets spécifiques du procédé du


médicament ou de la technique et d’effets non spécifiques.
Les différentes études ramènent des résultats globaux par effet placebo
allant de 15 % à 53 % sur les douleurs. En sachant qu’il faut reconnaître
d’autres effets sur l’évolution des symptômes tels que l’évolution
spontanée, les fluctuations naturelles de la douleur, les biais de l’étude…
tout cela est bien difficile à apprécier, mais dépend on le sait de la
suggestion, de l’attente du malade, de son espoir de guérison…
Cet aspect de la thérapie fait partie de relation d’aide, dès lors qu’il y a
adhésion du malade.

Imaginons un instant que, dans le cas des médecines alternatives en


général et du magnétisme en particulier, le phénomène ne soit qu’un effet
placebo, avec un réveil puissant du potentiel d’autoguérison.
Nous le savons bien, en médecine, avec la confiance des patients, nous
pouvons vraiment réaliser des miracles.
N’est-ce pas, dans ces cas-là, comme le soulignent la philosophe des
sciences, Isabelle Stengers et l’ethnopsychiatre Tobie Nathan, une véritable
« blessure narcissique pour le médecin » ? Je reprendrai les propos de
Thierry Janssen : « Le médecin doit faire la preuve de ses compétences
techniques. Par conséquent, les rôles sont distribués : le patient subit, le
médecin soigne et guérit. Une participation active du malade au processus
de guérison remettrait en cause l’efficacité et l’utilité du soignant… Croire
que le malade possède en lui un potentiel de guérison reviendrait à ébranler
la toute-puissance de la science moderne dans son action sur le cours des
événements. »
L’effet placebo dérange, semble-t-il. Il est souvent considéré comme
imprévisible, indomptable ; il brouille les cartes. Il a un côté péjoratif dans
une étude. Il est un peu l’empêcheur de soigner en paix !
En fait, comme l’évoque un numéro spécial de Sciences et Vie d’octobre
2019, les esprits ont évolué depuis que les neuro-sciences ont démontré
scientifiquement les effets psychobiologiques des placebos.
Le côté péjoratif évoqué ci-dessus laisse place désormais à une utilisation
des plus intéressante pour le malade, avec des résultats positifs quantifiables
pour une thérapeutique totalement inoffensive.
Ce qui représente une vraie révolution dans le monde médical : « … Non
seulement notre organisme a le don d’auto produire des molécules
thérapeutiques, mais celles-ci s’avèrent efficaces contre la douleur et
d’innombrables maladies, depuis l’asthme jusqu’à la dépression. Mieux
encore, en comprenant les rouages de l’effet placebo, les biologistes ouvrent
la voie à une nouvelle médecine : celle qui pour soigner, ne se contentera
plus des médicaments, mais misera sur les superpouvoirs de notre esprit à
agir sur notre corps. »
Dans le cas des guérisseurs, certains avancent que la relation avec le
patient pourrait s’inscrire dans ce type de démarche, avec certainement un
effet placebo plus important dans cette population qui consulte avec un réel
espoir d’amélioration de la situation personnelle.
Je ne veux pas relancer des polémiques, mais après avoir recueilli des
dizaines et des dizaines de témoignages de patients soulagés par des
guérisseurs, j’ai envie de poser les questions suivantes :
– quid des malades qui vont consulter sans croire du tout à ces guérisseurs
et qui constatent des améliorations étonnantes ?
– quid des animaux qui guérissent d’affections diverses, comme j’ai pu le
voir sur des photos prises par les propriétaires d’animaux ou l’entendre avec
le témoignage de vétérinaires qui font appel à ces magnétiseurs dans
certaines situations ?
– quid des plantes qui s’épanouissent lors de séances de magnétisme
(comme j’ai pu le démontrer par une étude rigoureuse effectuée sur un lot
d’impatientes magnétisées, versus un lot de fleurs non magnétisées) ?
Au lieu de condamner les pratiques des guérisseurs traditionnels, qui
apparaissent pour certains comme des manipulations de l’esprit, ne faut-il
pas reconnaître avec humilité qu’ils peuvent induire de réels effets
physiologiques chez certains malades ?
L’acceptation des guérisseurs par la médecine conventionnelle ne passe-t-
elle pas, en définitive, par l’acceptation par les médecins de la partie
symbolique de leur pouvoir ?

LE CORPS ET L’ESPRIT

N’a-t-on pas tendance encore à ignorer l’unité corps-esprit et à sous-estimer


la médecine de l’esprit pour soigner le corps ?
« La séparation de la psychologie des prémices de la biologie est
purement artificielle, car la psyché humaine vit en union indissociable avec
le corps », énonçait déjà intuitivement Carl Gustav Jung (1875-1961),
fondateur de la psychologie analytique.
Ce chapitre ne fait qu’effleurer le sujet…
Depuis quelques années, de nombreux travaux montrent les relations
étroites entre le système immunitaire, le système hormonal et le psychisme
et expliquent l’engouement pour des pratiques qui apaisent l’âme comme le
yoga, la méditation, la sophrologie…
Pour le docteur Lionel Coudron, le corps et l’esprit sont en interaction
permanente. Les perturbations émotionnelles sont parfois un facteur
déclenchant et très souvent un aggravant des affections : « D’où
l’importance de prendre soin des émotions du patient et de l’état d’esprit
dans lequel il aborde la maladie. » Pour le Docteur Luc Bodin, ne considérer
que l’aspect physique d’une maladie est réductionniste. Toutes les maladies
présentent une double cause : une cause physique et une cause psychique.
Selon ce médecin, les maladies expriment la souffrance de l’être et sont
des messages de l’être. Du point de vue énergétique, le choc émotionnel
entraînera un blocage énergétique sur un organe, avec d’abord un problème
de fonctionnement puis une véritable maladie de cet organe.
Toujours selon cet auteur, comprendre la symbolique de la maladie est un
temps essentiel dans le traitement. Et pour guérir de sa maladie en
profondeur, il faut en connaître la raison profonde et effectuer les
changements pour prendre en charge les conflits intimes.
La réalité de la médecine psychosomatique a mis presque un siècle pour
se développer.
Depuis quelques années, les recherches en neuroscience et en psycho-
neuro-immunologie avancent vite et permettent d’établir les relations qui
existent entre les sinuosités du cerveau et les finesses du système
immunitaire, pour établir des liens entre les médecines de l’esprit qui
agissent sur le corps, et les médecines du corps qui agissent sur l’esprit.
Les médecines de l’énergie englobent le corps et l’esprit.
Les thérapies alternatives tiennent compte la plupart du temps des
différentes dimensions qui constituent l’être humain. « Une dimension
physique le corps et le mouvement une dimension émotionnelle : les
ressentis et les sentiments ; une dimension intellectuelle : le cerveau et les
capacités cognitives ; et une dimension spirituelle : la compréhension de
soi, du monde, et des aspects transcendants de la vie. La bonne santé est
définie comme un état d’équilibre, une relation harmonieuse entre le corps,
les émotions et les pensées d’un individu… ce manque de conscience d’une
approche holistique des individus empêche de soigner avec une plus grande
efficacité. Ce qui entraîne des dépenses thérapeutiques exagérées et ne
permet pas la mise en place de stratégies de prévention des maladies »,
affirme le Dr Thierry Jansen.
À l’heure où l’on prône, avec raison, les notions de prévention, qui
permettront d’améliorer la santé de nos concitoyens – mais aussi celle de
nos finances publiques –, il faut se souvenir, malgré les données génétiques
incontournables, du rôle des facteurs nocifs extérieurs qui interviennent
dans la genèse des maladies, y compris l’impact sur le génome comme l’ont
montré les recherches en épigénétique.
Comme l’explique Michel Odoul, fondateur français de schiatsu,
spécialiste des techniques énergétiques chinoises, « on sait en effet que des
expériences de stress provoquées chez la souris peuvent engendrer des
altérations chromosomiques ».
Le neurobiologiste allemand Gunter Huther explique quant à lui que « la
plupart des gens naissent en bonne santé. On a même un potentiel
incroyable à la naissance. Mais il disparaît avec l’âge. Le cerveau remplit sa
mission qui est de veiller sur notre corps. À l’origine, dans l’immense
majorité des cas, les bases sont saines. Et puis, on commence à s’adapter à
l’environnement, aux exigences de la famille, de l’école, du travail, de notre
culture, de notre société… Plus le temps passe, plus notre maison est de
guingois. Elle se fragilise, puis s’effondre. C’est à ce moment-là qu’un
organe lâche. On essaie de redresser la maison en la réparant, ici et là pour
qu’elle continue à tenir debout. On peut aussi essayer de revenir en arrière
et aider le corps à retrouver ses capacités autoréparatrices. »

Ne pourrait-on pas envisager une médecine qui prenne en compte les


données psychosomatiques pour stimuler nos capacités de guérison ? Ne
pourrait-on pas revenir à la notion d’espérance, qui n’est pas forcément un
espoir illusoire ? Il y a une espérance chez tous nos patients confrontés à
des situations difficiles.
Je me permettrai une remarque bien personnelle, qui sortira un peu du
sujet.
J’ai vu, en quarante ans de pratique médicale, cette transformation dans
l’approche psychologique de la prise en charge des maladies graves comme
les cancers. J’ai connu cette période faite de non-dits où l’on cachait la
difficile vérité aux malades. Je le sais, la judiciarisation de notre société, et
en particulier dans le domaine de la santé, a modifié la donne et nous oblige
à donner le maximum de précisions sous risque de nous trouver accusés de
ne pas avoir été suffisamment clairs. J’ai le sentiment, maintenant, qu’on en
arrive à une forme de cruauté, pas forcément choisie, en donnant parfois
brutalement et sans préparation, un diagnostic et un pronostic comme je l’ai
vu faire pour certains de mes malades qui avaient peu d’espoir de guérison.
Je ne regrette pas d’avoir caché à certains de mes malades le diagnostic et
de leur avoir laissé jusqu’au bout cette forme d’espérance. Mais bien
entendu, c’était une autre époque, la société a changé et le rapport entre les
médecins et les malades a évolué. On peut envisager, avec la progression
rapide des connaissances scientifiques, qu’on puisse un jour combler le
fossé qui existe entre médecines alternatives et médecine conventionnelle.
La maladie est une période de doutes et d’incertitudes. Guérir consiste avant
tout à retrouver un nouvel état d’équilibre physique et psychologique.

Aussi je terminerai ce chapitre avec une réplique d’un guérisseur


mexicain, Arnulfo Olivares, évoquant sa pratique avec Thierry Janssen :
« Toi, docteur, tu enlèves les tumeurs, tu tues les microbes, tu combats les
virus. Moi, je chasse les démons, j’apaise les ancêtres courroucés, et je parle
aux esprits malins. Nous faisons le même métier, docteur. Seuls les mots
changent. Dans la tête de nos patients, il y a des images. Ce sont ces images
qui guérissent le cœur et le corps des hommes. »

COMMUNICATION MÉDECIN-PATIENT
À PROPOS DES MCA

Les patients ont recours aux MCA sans pour autant l’avouer à leur médecin,
ayant parfois peur d’une réaction de moquerie ou même d’un reproche. Aux
États-Unis, 62 % des patients le cachent à leur médecin. Au Japon, ils sont
79 %. Les malades qui consultent n’osent pas en parler, ont du mal à
assumer leur choix, ont peur de s’exposer à la critique, de passer pour des
naïfs ou des illuminés.
En fait, le phénomène n’est peut-être pas aussi marqué comme on l’a vu
dans l’enquête faite auprès des médecins que j’ai sollicités.

Le grand danger de ce manque de communication est le risque de laisser


la place à toute une série de charlatans : le manque d’ouverture d’esprit de
certains qui poussent à nier ou discréditer certaines approches sans avoir
pris la peine d’en vérifier l’efficacité peut conduire nos malades à se tourner
vers des informations ou des influences idéologiques qui leur seraient
préjudiciables.
Mais, certainement que les esprits évoluent.
Une étude canadienne indique que 56 % des médecins de famille croient à
l’efficacité des médecines alternatives. 40 % encouragent leurs patients à y
recourir et 16 % pratiquent eux-mêmes l’une ou l’autre de ces approches
non conventionnelles.
En France, 60,8 % des personnes interrogées trouvent qu’il serait utile
d’échanger avec leur médecin traitant sur le sujet, mais parmi eux, seule la
moitié (32,4 %) l’a déjà fait.
Une étude de l’Institut de recherche et documentation en économie de
santé montre d’ailleurs que la principale préoccupation du patient en
médecine générale est la relation entre le médecin et le patient, et en
particulier l’échange d’informations.
Et l’on peut se poser la question en tant que médecin traitant : aborder la
place des thérapies alternatives avec nos patients, n’est-ce pas l’occasion de
mieux identifier leurs besoins et d’encourager ainsi leur participation à leur
parcours de soins dans le but tout simplement d’améliorer leur santé ?
Encore faut-il que le médecin traitant soit à même de pouvoir conseiller
son patient…
Il semble en effet que le niveau de connaissances des médecins, mais
aussi les preuves d’efficacité et de sécurité soient des éléments qui influent
leurs attitudes envers les MCA.
Mayer Levy note que les patients n’attendent pas une information
exhaustive de la part du médecin traitant, mais plutôt un partage d’opinions.
Le paradoxe vient aussi du fait que 73 % des médecins traitants interrogés
souhaitent connaître le taux de recours aux thérapies alternatives de leur
patientèle, mais 26,7 % seulement manifestent leur intérêt pour celles-ci.
Avec pour 80 % des médecins sondés, le sentiment de connaissances
insuffisantes sur le sujet. Ces chiffres sont d’ailleurs difficiles à comparer à
ceux de notre étude qui ne concerne que le magnétisme.

Alors quelle attitude adopter pour le médecin traitant ?


Les travaux de Holland et de Doan ont permis de définir des règles
simples à intégrer dans une relation médecin-patient, règles reprises par
Dilhuydy :
– être bien informés des traitements complémentaires et alternatifs actuels
et en connaître les avantages, les limites et éventuellement les effets
secondaires ;
– analyser les raisons pour lesquelles un patient s’intéresse à ce type de
traitement ;
– être capable de susciter des questions à ce sujet ;
– être capable de ne pas porter de jugements de valeur sur les choix des
patients et leurs familles.

Dans l’étude de Franck Thiriat, seulement 3,4 % des personnes ayant


échangé avec leur médecin traitant sur les MCA avaient ressenti qu’il
désapprouvait cette démarche. Ce qui laisse envisager une certaine
tolérance des médecins traitants.
Il semble fondamental que les médecins soient en mesure d’informer leurs
patients. Mais il faudrait un minimum d’enseignement pour cela. Les
obstacles à recommander d’utiliser des thérapies alternatives sont, pour
72 % des médecins liés à l’absence de preuves scientifiques ou la difficulté
d’accéder à une information adaptée.
Mais, et c’est une remarque personnelle, on demande déjà au médecin
traitant d’avoir un avis médical sur tellement de sujets…

DANS LE CAS DU MAGNÉTISME

Consulter des hommes et des femmes de don n’implique pas d’être


réfractaire à la médecine officielle. En fait la démarche est avant tout dictée
par le pragmatisme.
Le choix de ce genre de thérapies alternatives correspond souvent au
sentiment du caractère aléatoire de notre médecine et de ses limites, nous
l’avons déjà largement évoqué.
La démarche d’aller consulter échappe à tout raisonnement cartésien ;
« C’est bizarre leur truc, mais ça marche, et pour moi c’est l’essentiel », me
disait un patient qui avait recours parfois à une magnétiseuse.
La frontière entre le guérisseur aux mains nues et le médecin en blouse
blanche n’est peut-être pas si infranchissable.
Mais la prise en charge du magnétiseur se veut plus holistique « avec,
selon le philosophe Stéphane Haslé, une approche partagée, commune, à la
différence de la médecine où le malade perçoit bien que le corps lu dans le
langage du médecin n’est pas le sien, n’est pas celui qu’il ressent ».

Un constat d’abord : les guérisseurs conservent une vraie popularité parmi


les Français. Déjà en 1988, 47 % de la population se déclaraient convaincus
que les maux peuvent être soulagés par l’imposition des mains. En 1993,
55 % répondaient oui à cette même interrogation, d’après une étude publiée
par le journal Le Monde.
Il est d’ailleurs amusant de constater l’évolution de la courbe de confiance
envers les guérisseurs en France : au XIXe siècle, la médecine est « bien mal
considérée », rappelle Jean-Dominique Michel, qui poursuit : « Elle ne
dispose alors que de peu de remèdes efficaces, les médecins sont perçus
alors comme une catégorie professionnelle peu digne de confiance. La
médecine ne constitue qu’un dernier recours auquel on ne s’adresse qu’en
désespoir de cause, quand aucune autre solution n’est envisageable… »
Il y eut indéniablement, dans nos campagnes, lors des balbutiements de
notre médecine moderne, un antagonisme entre les médecins et les
guérisseurs.
Les progrès de la science révolutionnent la médecine moderne, efficace :
« Elle est parvenue à maîtriser la douleur, remporte des succès colossaux en
chirurgie, en biochimie, dans la connaissance et le traitement des maladies
infectieuses, etc. »
Cette médecine moderne, qui explique l’augmentation progressive de
l’espérance de vie qui est passée en France de 45 ans en 1900 à 82,2 ans
chez les hommes et 85,4 ans chez les femmes en 2019, va bien évidemment
supplanter les thérapies archaïques.
Pour autant, on l’a évoqué, elle a montré ses limites avec un doute parfois
des malades, en particulier par rapport aux effets secondaires et aux risques
des traitements, et certainement ce sentiment de déshumanisation de notre
offre de soins qui laisse parfois les malades désemparés.
On assiste alors à un retour de ces thérapies alternatives comme le
magnétisme, du fait en particulier du brassage culturel et de la diffusion des
informations.
Avec le sentiment pour le patient d’être pris en charge dans sa globalité,
sans avoir le sentiment de n’être qu’un dossier, et en espérant que l’on
tiendra compte de ses pensées, de ses croyances, de ses sentiments, de ses
émotions…
En médecine générale, un espace de rencontre se crée entre les médecins
et ces thérapeutes officieux afin de répondre à la demande de soulagement
des patients.
Nous l’avons vu dans les résultats de l’enquête auprès des médecins
généralistes, nos confrères accueillent de façon plutôt bienveillante, avec
curiosité souvent, l’idée de collaborer indirectement avec les magnétiseurs.
Pour eux, il s’agit de thérapies complémentaires mais pas opposées. Si on
n’en explique pas les mécanismes (placebo ? effet magique ?), on reconnaît
qu’elles sont un appoint pour apaiser les souffrances et qu’elles arrivent
dans un contexte de défiance par rapport aux laboratoires pharmaceutiques,
et de sentiment de limites de notre pratique médicale. Le souci étant celui
de reconnaître les charlatans des guérisseurs intègres.
Je me permettrai de rappeler, parmi les commentaires des médecins qui en
ont laissé un, celui de cette médecin allopathe de 58 ans, qui résume, me
semble-t-il, le sentiment global de la population : « Comme il y a une
méfiance envers la politique et ses représentants, il y a une défiance envers
les laboratoires pharmaceutiques et leurs produits, et donc envers les
prescripteurs. Le doute est semé, d’où un recours à ce qui paraît plus naturel
et complémentaire… »

Dans une thèse très intéressante de doctorat en sciences sociales,


Clémentine Rainau, qui a vécu en Auvergne pendant plusieurs années pour
étudier les pratiques des charmeurs de secrets, s’est bien sûr entretenue
avec les médecins généralistes du canton où elle vivait.
Elle décrit qu’avec surprise, elle a découvert la bienveillance des
médecins à l’égard des magnétiseurs-radiesthésistes, voire le renvoi de
certains patients vers les charmeurs de feu en cas de brûlures, zonas, etc. :
« Il faut admettre qu’il s’agit d’une autre génération de médecins,
apparemment plus soucieuse de soigner et de répondre à la demande des
patients que d’exercer un prosélytisme scientifique ou encore d’affirmer
leurs spécificités socioculturelles en participant à la chasse aux
superstitions. »
D’après l’auteur, le principe qui préside est celui de l’efficacité
thérapeutique sur les douleurs, voire sur la maladie elle-même, mais aussi
l’orientation des malades vers les guérisseurs pour des affections ciblées
comme les brûlures, le zona, l’herpès, l’eczéma, le psoriasis, les ulcères
variqueux…
À noter également que 60 % des patients qui consultent un guérisseur
auraient consulté leur médecin auparavant.

À L’HÔPITAL

Je l’ai évoqué d’emblée : mon étude portait sur la perception du


magnétisme en médecine générale, et je n’avais pas envisagé de me
disperser en analysant la perception des guérisseurs dans les hôpitaux, en
particulier dans les services de radiothérapie. Mais il me paraît nécessaire
tout de même d’aborder le sujet de façon succincte.
Comme l’évoque Jocelin Morisson dans sa rubrique des Chroniques
Acronymes, « autrefois taboue et occultée, cette collaboration est de plus en
plus reconnue au grand jour au nom du pragmatisme, de nombreux hôpitaux
collaborent avec des coupeurs de feu : des services des grands brulés ou des
services de radiothérapie pour le traitement des cancers ».
Dans les services des grands brûlés, comme celui de Lyon, la
collaboration est permanente. Le Dr Pierre Lacroix, chirurgien plasticien au
CHU de Lyon, brûlologue, spécialiste des greffes de peau dans ce même
hôpital, très intéressé par l’effet antalgique immédiat du secret et de son
pouvoir de guérison, a souhaité rencontrer les faiseurs de secret.
Considérant qu’ils étaient engagés dans un même combat contre la
souffrance, et pour la réparation des lésions causées par le feu, le médecin et
les barreurs de feu ont pour la première fois uni leurs compétences pour
aider Alice, 72 ans, brûlée au troisième degré, de la tête aux pieds suite à
l’explosion de sa chaudière.
La science n’arrive pas à établir les mécanismes spécifiques expliquant
l’action des barreurs de feu. Et pourtant, les résultats sont « frappants » :
« Madame Alice n’a pas eu besoin d’antalgiques et malgré son âge, elle a
cicatrisé de façon remarquable. J’affirme que ma collaboration avec René
Blanc [le barreur de feu qui est intervenu] a été salutaire pour ma patiente »,
confie le praticien hospitalier.
Ce cas n’est pas isolé. Depuis dix ans environ, des hôpitaux de la France
entière font appel, en particulier dans les services des urgences, aux barreurs
de feu.
Dans une thèse remarquable soutenue en décembre 2009, le docteur
Nicolas Perret montre, après une enquête minutieuse, les relations entre les
services des urgences, en France, et les barreurs de feu.
En matière de soins non conventionnels, le cas par cas persiste en effet,
dépendant surtout de l’approche d’un chef de service ou d’un changement
de direction de l’hôpital. C’est la demande des patients qui pousse à
envisager d’autres solutions.
Patrice Cohen, anthropologue et coauteur de Cancer et pluralisme
thérapeutique dans une enquête sur l’usage des soins non thérapeutiques,
note aussi « l’influence des médias, des familles ou encore de soignants
charismatiques » qui encouragent l’utilisation de certains protocoles. Quitte
à ce que ces soins ne s’appuient sur aucune preuve scientifique, remarque
Patrice Cohen : « On ne sait pas comment ça marche, mais on voit que ça
fonctionne. »
Ainsi, il y a vingt ans, le Dr Danielle Tavernier, responsable du service
des urgences dans un hôpital du Léman, n’accordait aucun crédit à cette
pratique. Par un concours de circonstances, elle découvre un jour que les
pompiers mais aussi le personnel de son service font appel régulièrement, à
son insu, à des coupeurs de feu. « Je peux vous dire qu’on voit tout de suite
la différence entre une personne qui s’est fait barrer le feu ou non », confie-
t-elle. Le hasard, l’effet placebo, aujourd’hui le Dr Tavernier n’y croit plus :
« Le résultat est particulièrement spectaculaire chez les enfants. Sans les
prévenir qu’on appelle un barreur de feu, ils s’arrêtent de pleurer presque
instantanément. Un antalgique met quinze à vingt minutes pour agir avec
une seconde dose parfois nécessaire. Avec un barreur de feu, ça prend trente
secondes ! De plus une brûlure traitée avec l’aide d’un barreur de feu
évolue mieux. Au lieu qu’une phlyctène apparaisse, la peau sèche plus vite
et met trois fois moins de temps à cicatriser. Cela va à l’encontre de ce
qu’on apprend à la faculté, mais il faut admettre qu’il se passe quelque
chose. Il faut le voir pour le croire. Je ne l’explique pas, mais je l’accepte
dans l’intérêt des patients. D’ailleurs en Haute-Savoie, tous les hôpitaux
font appel à des barreurs de feu, qui interviennent gracieusement et
spontanément. »
Ainsi, au centre hospitalier Alpes-Léman, des listes de barreurs circulent
aux urgences ou en radiothérapie et les deux services font appel à des
barreurs de feu. « Si ça marche, tant mieux, confie le chef de service Al
Bourgal. Sinon le patient prend des antalgiques. On n’hésite pas à appeler
un barreur pour le bien-être du patient. » Lorsque les listes de magnétiseurs
circulent, l’outil devient fragile : le service de radiothérapie de Rodez a
ainsi renoncé à divulguer sa liste du fait d’une trop grande médiatisation du
phénomène. Le docteur Alain Marre, chef du service de radio-oncologie le
confie : « Voilà plus de trente ans que j’oriente mes patients vers les
guérisseurs pour soulager les douleurs, sans a priori : j’ai juste constaté que
cela améliorait leur état. Dois-je refuser sous prétexte qu’on ignore
comment ça marche ? » Ces médecins sont-ils des exceptions dans leur
corporation ?
Jean-Dominique Michel, cité plus haut, note : « On observe petit à petit
une collaboration croissante entre les médecins et les guérisseurs. Les
médecins ont davantage conscience de leurs limites, ils sont plus humbles,
plus lucides, et sont en train de revenir sur cette toute-puissance pour aller
vers une autre représentation de leur fonction où tout ce qui est utile au
bien-être de leurs patients est le bienvenu, même si certaines pratiques n’ont
aucune modélisation scientifique. »
La collaboration est généralement discrète dans l’enceinte de l’hôpital. La
présence d’un guérisseur est le plus souvent déclenchée par le patient lui-
même ou sur les conseils du personnel infirmier. « Toutefois, de plus en
plus de chefs de service, ayant constaté l’efficacité de l’intervention du
guérisseur sur des patients vont alors laisser faire, dans un premier temps,
puis, chemin faisant ils vont parfois eux-mêmes avoir recours à leurs
services. ». Les pionniers dans ce domaine sont issus souvent de la
cancérologie. Le plan cancer 2003-2007, qui plaçait le malade au centre de
sa démarche, incitait le médecin à questionner et à informer, dans un
objectif thérapeutique et anthropologique, cette démarche singulière des
malades.

Des études évaluent le recours aux médecines alternatives de type


magnétisme par les malades suivis en cancérologie à 34 % en moyenne.
Elles s’accordent sur une utilisation complémentaire aux traitements
conventionnels de ces thérapies.

Cela participe maintenant à cette démarche qui encourage les malades à


devenir acteurs de leur santé et à participer à leur parcours de soins.
J’aimerais citer le Pr Nicolas Magne, radiothérapeute et directeur de
recherche à l’Institut de cancérologie de la Loire qui intervient dans le film
documentaire Les Panseurs de secrets de Philippe Rouquier. À un patient
qui lui demande s’il peut aller voir pendant son traitement par radiothérapie
un coupeur de feu, il répond : « Sur le principe, je n’y suis pas hostile. »
Au printemps 2016, lui et son équipe ont décidé de mener une étude sur le
sujet en contactant 600 femmes et 250 hommes ayant surmonté un cancer :
60 % des femmes et 40 % des hommes avaient eu recours aux coupeurs de
feu durant leur traitement, mais beaucoup n’avaient pas osé en parler à leur
médecin, par peur du jugement. « Sur le plan strictement médical, nous
n’avons pas constaté d’impact sur la tolérance des traitements : le taux
d’effets secondaires était le même, avec ou sans intervention d’un coupeur
de feu. En revanche, huit patients sur dix avaient eu l’impression que ce
traitement parallèle leur avait été bénéfique. Je pense que la médecine
cancérologique du XXIe siècle est déshumanisée. Les patients ont aussi
besoin d’être soutenus et écoutés pour bien guérir. Peut-être qu’elle est là, la
place des coupeurs de feu », résume le docteur.
J’aimerais également citer le Dr Daniel Serin, cancérologue, vice-
président de l’Institut de cancérologie Sainte-Catherine à Avignon, et qui
évoque dans une interview à Midi Libre le fait que 60 à 80 % des patients
atteints de cancers font appel aux médecines complémentaires et en
particulier aux coupeurs de feu : « Ça marche dans 80 % des cas pour mes
patientes : soit elles sont toutes folles, soit il se passe quelque chose que je
suis incapable d’expliquer… tout cela est irrationnel, mais l’irrationalité fait
partie de notre humanité, et ce n’est pas parce que c’est irrationnel qu’il faut
le mépriser… de plus, ça ne coûte rien à notre sécurité sociale ! »
« Il y a en France encore beaucoup de réticences chez les médecins », dit
Jean-Yves Bilien, réalisateur de deux films précurseurs sur le sujet, Les
Guérisseurs, la foi, la science et Les Guérisseurs de l’impossible, et qui
étudie le sujet depuis dix ans : « Il y a ceux qui campent sur leurs positions,
ceux qui ont peur de l’inconnu, peur de mal faire, peur de s’ouvrir sur des
choses qu’on ne s’explique pas. Et puis il y a ceux qui ont la curiosité de
s’ouvrir sur ces médecines complémentaires mais qui n’osent pas en parler
car ils sont sous le joug du conseil de l’Ordre, vieille institution puissante et
conservatrice. »
Dans le premier documentaire, le Dr Alain Perreve Genet, cardiologue à
Paris, connu pour collaborer avec les magnétiseurs, déclare : « Le rationnel
a du bon, mais vouloir à tout prix expliquer comment marche le
magnétisme pour qu’il soit reconnu et légitimé est destructeur. Un jour, le
conseil de l’Ordre m’a interrogé, je leur ai dit : qu’est-ce qui vous
intéresse ? Que les patients aillent mieux ou bien que vous gardiez le
pouvoir médical ? » Et il ajoute : « Parce que je n’ai pas honte de mes
échecs et suis conscient de l’immense gouffre que mes questions ne
parviennent pas à remplir, je continuerai de travailler avec tous ceux qui ont
reçu des dons exceptionnels et inexplicables et qui n’ont qu’un but dans leur
vie, faire le bien autour d’eux. »
Le neurologue, le Dr David Servan-Schreiber avait cette ouverture
d’esprit sur les pratiques alternatives « Finalement, le contrat que chacun a
avec son médecin, c’est quoi ? C’est bien d’attendre de lui qu’il
recommande à ses patients des solutions pour qu’il aille mieux. Dans ce
contrat, il n’est stipulé nulle part que le médecin doit savoir comment ça
marche ! Il doit juste être sûr que cela lui fera plus de bien que de mal. Si
barrer du feu, ça marche, si une séance chez un magnétiseur, ça marche, et
qu’en plus on ne constate aucun effet secondaire, c’est la meilleure
médecine possible. C’est la médecine la plus rationnelle. Je ne sais pas si
elle est scientifique. Elle est en tout cas la plus intelligente, la plus logique,
et celle que tout le monde attend de son médecin. »

Parce qu’on peut se poser la question : faire évoluer la médecine moderne,


élargir le champ, devenir plus performant, ce n’est pas uniquement créer des
appareils de pointe et faire avancer la pharmacopée, c’est peut-être aussi
s’ouvrir sur d’autres thérapies existantes, accepter de se reconnaître
mutuellement, coopérer en bonne intelligence, sans dénigrer ce que l’on ne
parvient pas encore à démontrer.
Comme le constate Thierry Janssen, « ces mondes peuvent s’enrichir
mutuellement. Mais celui qui en bénéficiera le plus est sans doute celui de
la médecine, car elle est devenue très pauvre au niveau relationnel et
humain. Tandis que la médecine énergétique n’a pas besoin de technologie
et s’en sort très bien comme ça. Toutefois les guérisseurs ne doivent pas être
isolés ni tomber dans le piège de la toute-puissance, ou l’on croit qu’on peut
tout faire, tout soigner. Heureusement, plusieurs exemples démontrent
qu’ils sont capables de conseiller de consulter un médecin et de faire équipe
avec lui. »

Il semble que la communauté médicale évolue. Le changement est


palpable. Nous sommes peut-être en train d’assister, en France, selon, Jean-
Dominique Michel, à un frémissement en direction d’une médecine
intégrative. Selon cet anthropologue spécialisé dans le domaine de la santé,
je le rappelle, de plus en plus de médecins vont s’associer avec des
médecines alternatives et travailler ensemble pour le bien-être du patient qui
souhaite redevenir maître de sa santé et de son destin, quand il a longtemps
été l’objet passif de soins médicaux.
On l’a vu, la demande de cette approche globale du malade est croissante.
Mais il faut certainement se poser la question de l’évolution des dépenses
de santé dans notre population vieillissante confrontée à une croissance
exponentielle des affections chroniques invalidantes et du coût de notre
médecine technologique de pointe.
Dans une lettre datée de 1998, le Pr Glorion, président du conseil de
l’ordre des médecins de 1993 à 2001, se disait « favorable à une initiative
pour définir un cadre d’activités et des règles de moralité conditionnelles à
l’exercice du magnétisme en tant que complément de la médecine
conventionnelle ». Des hôpitaux intègrent des approches alternatives dans
leur offre de services, des assurances complémentaires commencent à
rembourser certains soins…
Loin de se faire la guerre, le monde allopathique et le monde holistique
construisent des ponts actuellement.

Une association telle qu’APSAMED a été conçue pour promouvoir les


médecines douces, et inviter la communauté scientifique à s’ouvrir en
provoquant la rencontre entre ces deux univers qui ne se connaissent pas.
Chaque année, un colloque réunissant plus de sept cents personnes parmi
lesquelles des thérapeutes en médecines complémentaires (acupuncture,
homéopathie, phytothérapie, magnétisme, hypnose…) et des spécialistes en
médecine conventionnelle (généralistes, cancérologues, chercheurs,
chirurgiens…) témoigne de l’intérêt de ces traitements dans la prise en
charge des patients.
Une autre association, le GETCOP (Groupe d’évaluation des thérapies
complémentaires personnalisées), a été créée pour promouvoir l’évaluation
des thérapies complémentaires, pour aider à leur reconnaissance et à leur
positionnement par rapport aux thérapies conventionnelles et pour diffuser
des informations fiables sur ces méthodes auprès du grand public et des
professionnels de santé.
Le GETCOP, avec à sa tête d’éminents professeurs émérites (Pr François
Paille, Pr Jacques Kopferschmit, Pr Philippe Hartemann…), organise des
manifestations, congrès ou journées thématiques, ouvertes aux
professionnels et acteurs de santé, aux personnes pratiquant ces méthodes
et, de façon générale, à toutes les personnes intéressées par ces thématiques.
ET CHEZ NOS VOISINS ?

La situation de la France apparaît comme une exception en matière de


thérapies alternatives, et ne se retrouve pas en Angleterre, en Allemagne, en
Suisse, qui reconnaissent ces pratiques, et les rémunèrent même par de
l’argent public dans certains cas. Il m’a donc semblé important d’aborder la
situation de nos voisins afin d’établir quelques comparaisons.
Je reprendrai pour cela, entre autres, les propos d’Audrey Mouge. Au
Royaume-Uni, tout citoyen est libre de délivrer des soins, à condition que
le malade ait donné son consentement informé. Les guérisseurs ne sont
soumis à aucun statut, aucun ordre spécifique. Les médecins admettent
l’idée d’une guérison par les énergies. Le centre hospitalier universitaire de
Londres a embauché une guérisseuse professionnelle pour aider les malades
atteints de cancer à mieux supporter leur traitement.
En Angleterre, treize mille guérisseurs sont regroupés de façon officielle
en neuf associations.

En Espagne, les infractions d’exercice illégal de la médecine n’existent


pas. Depuis 1989, le Tribunal suprême relaxe systématiquement les
guérisseurs qui seraient accusés de marcher sur les plates-bandes d’un
médecin, considérant que ces pratiques sortent du champ médical et
qu’elles ne sont pas enseignées en faculté.

En Allemagne, les Heilpratikers, « praticiens de santé », n’ont jamais été


considérés comme concurrents des médecins. Il existe une loi, depuis 1939,
qui définit leur statut et permet, pour celui qui n’a pas le titre de médecin de
pratiquer son art.
Toute personne désirant exercer la médecine sans être titulaire d’un
diplôme peut obtenir une autorisation d’exercer sous la désignation
officielle de Heilpratiker, après passage devant une commission
administrative d’experts qui évalue le niveau de ses connaissances, sa
moralité…
La législation stipule toutefois que certains actes doivent être réservés aux
seuls médecins, comme la prescription de médicaments, la pratique des
vaccinations, les accouchements… dans une clinique à Essen, ville située au
centre de la région de la Ruhr, le corps et l’esprit sont traités comme un tout
individuel. L’accent est mis non pas sur la maladie mais sur le patient et ses
ressources intérieures. La médecine classique y est complétée par des
traitements de naturopathie et des méthodes énergétiques inspirées de celles
qu’on appelle là-bas la médecine corps-esprit. Il existe par ailleurs des
écoles de guérisseurs reconnues par l’État avec un diplôme leur autorisant
l’exercice.

Ces concepts ne sont pas uniques en Europe : dans son livre Nous sommes
tous des guérisseurs, Alexandre Grigoriantz évoque la visite en 1992 d’un
centre étonnant de médecines traditionnelles à Moscou, qui regroupait des
docteurs en médecine et même des professeurs en médecine, qui
travaillaient avec des guérisseurs venant de toute la Russie. Ces guérisseurs
possédaient obligatoirement des connaissances de base en médecine et en
anatomie. Chacun pratiquant sa spécialité : magnétiseur, chaman,
phytothérapeute, acupuncteur, hypnotiseur, chiromancien…

En Norvège, en Suède et au Danemark, les guérisseurs ont le droit


d’exercer à l’exclusion de certains actes et de certaines maladies réservées
aux médecins. En Suède, les guérisseurs n’ont pas le droit de soigner les
enfants de moins de 8 ans ; au Danemark, pas avant 18 ans.
La Suisse est un cas spécial, chaque canton étant maître de sa
réglementation médicale. Toutefois, dans tout le pays, les thérapies
alternatives sont de plus en plus plébiscitées. Des instituts de médecine
intégrative, où cohabitent thérapies conventionnelles et alternatives,
permettent une approche différente de la maladie qui est plutôt perçue
comme le résultat d’un déséquilibre physiologique, biologique et
psychoémotionnel de la personne.
En 2009, un référendum national a permis à deux tiers de la population de
s’exprimer en faveur de l’intégration des médecines complémentaires dans
le système de soins officiel suisse. Le ministère de la Santé a dès lors
approuvé le remboursement des cinq médecines alternatives les plus
populaires : l’homéopathie, la phytothérapie, la médecine traditionnelle
chinoise, la thérapie neurale (injection d’anesthésiques locaux) et la
médecine anthroposophique dont les guérisseurs font partie.
Il est cocasse de penser que le Parlement suisse avait, suite à une
expérience pilote menée sur le remboursement dans le cadre de l’assurance
maladie de certaines thérapies alternatives, décidé de suspendre ces
remboursements en se basant sur les conclusions d’une commission
d’enquête qui avait conclu au manque d’efficacité scientifiquement
démontrée de celles-ci !
Le référendum en a largement décidé autrement. Vox populi…
Il existe des listes officielles de guérisseurs, en fonction des régions et des
affections. À noter également cette particularité culturelle en Suisse, qui fait
que le sentiment par rapport aux guérisseurs est ambigu : on a une forme
d’attirance liée au côté magique, et en même temps une forme de méfiance,
parce que celui qui est capable d’utiliser des pouvoirs surnaturels pour
soulager pourrait, dans l’esprit de la population, l’utiliser à des fins
maléfiques dans le cadre d’une sorte de magie noire ! Mais on retrouve
quelquefois ce sentiment dans d’autres pays… dont la France ! Le Dr Clare
Guillemin, directrice du service de radio-oncologie de la clinique de La
Source à Lausanne déclare : « Il faut savoir que chez nous 85 à 90 % des
gens atteints d’une maladie expérimentent d’autres types de médecines.
C’est très bien accepté ici ! » Si une majorité des médecins restent encore
sceptiques à l’égard des guérisseurs, la plupart des hôpitaux (le personnel
infirmier et aide-soignant particulièrement) font appel à des barreurs de feu.

Le 29 mai 1997, le Parlement européen a voté une résolution en faveur


de la reconnaissance des médecines non conventionnelles par tous les pays
membres de l’Union européenne. S’il n’a juridiquement aucune force
contraignante sur les États de la Communauté européenne, ce texte a permis
de mettre en évidence une volonté de reconnaissance de la liberté en
matière de choix thérapeutique pour tous les citoyens européens. Les
disciplines reconnues sont : la chiropraxie, l’homéopathie, la médecine
anthroposophique énergétique, à laquelle les guérisseurs sont assimilés, la
médecine traditionnelle chinoise, le shiatsu, la naturopathie, l’ostéopathie,
ou encore la phytothérapie.

Aux États-Unis, certains hôpitaux sont ouverts aux thérapies


énergétiques, au point de les intégrer dans les équipes chirurgicales ou
médicales. Il faut replacer le contexte : les États-Unis sont le berceau de la
médecine intégrative, qui est reconnue dans ce pays comme spécialité par le
conseil de l’ordre des médecins. Les considérations économiques sont aussi
prises en compte, avec une augmentation des dépenses de santé non
corrélée avec une amélioration de l’état de santé de la population, ce qui
pose question quant aux limites de la médecine conventionnelle.
Dans un centre comme l’hôpital universitaire de Brigham and Women de
Boston, un établissement au sommet de la technologie, réputé
internationalement, comptant plusieurs Prix Nobel de médecine, des
guérisseurs travaillent en étroite collaboration avec les médecins : « Nous
sommes là pour mettre en état de relaxation les patients avant une
opération. Ils sont plus détendus, plus sereins », explique l’une d’entre eux,
Patricia Reilly. Comme tout le personnel médical, la guérisseuse est
présente également lors des opérations avec « un rôle privilégié ». En sa
présence, tous les membres de l’équipe sont plus confiants. Ils savent, en
outre, que le patient est bien préparé et que l’intervention chirurgicale se
déroulera dans des conditions optimales. Son travail se poursuit après
l’opération : « L’objectif est de rééquilibrer les énergies du patient pour
qu’il puise dans ses propres ressources, les outils de sa guérison, qu’il se
sente fort. Là où il y a eu une incision, l’énergie reste bloquée au lieu de
circuler dans l’ensemble du corps. Selon la médecine chinoise, l’énergie
coincée provoque des douleurs. Donc plus j’aide l’énergie à circuler, moins
il souffre. Je vais sceller son aura, car au niveau de l’incision, l’énergie
s’échappe. C’est comme une fuite que je colmate. »
Le docteur Lawrence Cohn est un des chirurgiens cardiaques les plus
renommés des États-Unis. C’est lui qui a ouvert, à l’hôpital de Boston, son
bloc opératoire au travail énergétique. Pour lui, la présence d’une
guérisseuse est un plus : « Je n’ai aucune idée de comment ça marche, mais
mes patients sont mieux préparés, ils se sentent mieux et toute l’équipe qui
m’assiste est plus détendue aussi. C’est tout ce qui m’importe. »

En Afrique, la sorcellerie fait partie intégrante du quotidien des habitants.


Les sorciers et guérisseurs sont partout, même si certains tabous recouvrent
ces pratiques. On évoque alors le chamanisme, pratique rituelle et spirituelle
centrée sur la médiation entre l’humain et les esprits de la nature. C’est une
médecine holistique qui considère l’être humain dans toutes ses dimensions
et fait émerger une nouvelle conscience à celui qui le pratique. Tout
provient de la même énergie, qui s’exprime à différents niveaux. Ainsi le
mental, l’esprit et la matière ne sont qu’une partie de la même énergie, qui
s’exprime différemment selon la recherche personnelle de l’harmonie et de
l’équilibre de chacun.

On le voit bien, en la matière, on peut alors évoquer une exception


française, un retard notable. Mais les lignes bougent. Il n’y a plus de procès
intentés par le conseil de l’ordre des médecins contre les guérisseurs. Ces
procès qui avaient d’ailleurs un effet complètement opposé à l’effet voulu,
puisqu’ils étaient l’occasion d’une formidable publicité pour le guérisseur,
comme nous l’avons évoqué dans le chapitre « Histoire du magnétisme ».
Néanmoins, comme le note maître Isabelle Robard, docteur en droit et
avocate spécialisée en droit de la santé : « Beaucoup reste à faire en France
et dans certains pays d’Europe, en retard sur l’évolution de notre société, où
on enferme le consommateur dans un schéma de soins bien précis. Alors
qu’il faudrait au contraire que toutes les médecines se complètent
harmonieusement dans l’intérêt du patient. »

ET CES MÉDECINS QUI DEVIENNENT


AUSSI GUÉRISSEURS…

On l’a vu lors des différents chapitres précédents, certains médecins


évoquent leur rencontre avec ces phénomènes étranges de magnétisme.
Durant nos études médicales en France, nous ne recevons que peu
d’informations pour envisager de pratiquer des thérapies alternatives
complémentaires. Personnellement, durant mes sept années d’études, j’ai eu
une sensibilisation d’une heure (facultative) en sixième année de médecine
sur l’homéopathie ! Rien sur les médecines énergétiques, rien sur
l’acupuncture… Pour ce qui est du magnétisme, depuis trente-cinq ans que
je suis installé, on ne m’a jamais proposé de soirée d’information sur le
sujet. Pour être honnête, j’ajouterai que je n’ai pas non plus cherché à
l’époque à me former.
Et pourtant, je reste persuadé qu’un certain nombre de mes confrères
généralistes ont non seulement une curiosité pour ces phénomènes de
magnétisme, mais aussi, pour certains, des prédispositions. Je m’en suis
rendu compte lors de mes entretiens avec mes confrères : j’ai perçu chez
certains un véritable désir de s’informer et de découvrir.
Pour ce qui est des témoignages de médecins pratiquant le magnétisme, je
retiendrai celui du Dr Marianne Dencausse, souvent citée dans ce travail, et
qui explique son parcours classique dans la médecine traditionnelle et le
moment où elle découvre en elle un jour ce don de magnétiser, alors que le
magnétisme lui paraissait jusqu’alors obscur et dangereux. Elle évoque le
fait qu’en associant médecine traditionnelle et magnétisme dans sa pratique
quotidienne, elle obtient des bien meilleurs résultats qu’en utilisant la
médecine seule, et qu’elle se sent plus épanouie dans sa vie de médecin. Le
magnétisme est pour elle une faculté à la fois physique et mentale que
développent certains êtres humains. Il s’agit d’une méthode de soins qui
utilise une énergie réparatrice dont certains savent se servir pour guérir.
Pour elle, comme pour beaucoup de médecins, nous l’avons vu dans ce
travail, il n’a pas opposition des deux types de soins mais une véritable
complémentarité à développer par la suite.
Un autre médecin, souvent cité dans ce travail, le Dr Thierry Janssen,
chirurgien devenu psychothérapeute, qui, un soir d’avril 1999, a « écouté sa
petite voix intérieure » et en achetant le livre Le Pouvoir bénéfique des
mains de l’ex-physicienne de la NASA, Barbara Ann Brenann, a senti ce
besoin d’apprendre à soigner avec les mains, de se former pendant quatre
ans à cette pratique pour « apprendre à être présent à soi-même, au monde
et aux autres ».
Il est de ceux qui prônent cette notion de médecine intégrative, déjà
évoquée dans un chapitre précédent, et qui développe le concept de corps-
esprit, avec des thérapies qui agissent de concert avec les mécanismes de
guérison du corps. Ce qui lui paraissait irrationnel lui semble acceptable,
raisonnable.
Selon ce médecin, « la médecine allopathique est nécessaire pour traiter
10 à 20 % des problèmes de santé. Pour les 80 à 90 % restants, lorsqu’il n’y
a pas d’urgence ou de nécessité à mettre en place des mesures agissant
rapidement, on dispose alors de temps pour expérimenter d’autres
méthodes, des traitements souvent moins chers, moins dangereux et
finalement plus efficaces car ils agissent avec les mécanismes de guérison
du corps au lieu de les affaiblir ».
Autre exemple de médecin rapporté par Audrey Mouge, celui du Dr Clare
Guillemin, oncologue évoquée plus haut, qui s’est intéressée au magnétisme
en écoutant avec attention ses patients : elle a voulu en savoir davantage en
constatant que ses malades supportaient mieux les traitements anticancéreux
lorsqu’ils étaient suivis par un guérisseur.
Selon elle, « les guérisseurs n’agissent pas sur les mêmes “étages” de la
personne que les médecins qui agissent plus sur le physique, alors qu’il y a
aussi la pensée, les croyances, l’histoire familiale, les expériences
individuelles… »
Elle rêve de créer un centre d’accueil qui rassemblerait médecins
conventionnels, guérisseurs et autres énergéticiens pour une réconciliation
complémentaire qui irait dans l’intérêt des malades. À noter qu’elle aussi
développe cette idée que certains médecins sont des guérisseurs qui
s’ignorent et qu’ils ont choisi aussi de soigner par instinct…
Alexandre Grigoriantz l’évoque d’ailleurs dans la préface de son livre
Nous sommes tous des guérisseurs : « Comme si la nature humaine voulait
affirmer ses droits en contrecarrant ses forces négatives, nombreux sont les
médecins, les chirurgiens, les anesthésistes, les infirmières, les ostéopathes,
les kinésithérapeutes et d’autres personnes en contact avec des malades, qui
observent des phénomènes étranges chez leurs patients ou qui découvrent
en eux-mêmes des pouvoirs dont ils sont les premiers à s’étonner. » Selon
cet auteur, qui connaît bien le monde des guérisseurs, on ne peut ignorer ces
médecins qui, intuitivement, connaissent déjà les problèmes du patient en
pénétrant dans la chambre et ces personnes qui perçoivent l’aura des
femmes et des hommes de leur entourage, avec une image rapide de leur
état psychique et physique.
Les témoignages lors de mes lectures d’ouvrages comme ceux
d’Alexandre Grigoriantz, m’ont amené à envisager la prédisposition que
l’on retrouve chez plusieurs de mes confrères, faite d’un fluide interne
important, d’une aura tout aussi significative et d’une générosité que l’on
retrouve chez les magnétiseurs. On ne devient pas médecin par hasard.
Propos partagés par Jean-Dominique Michel : « On pourrait dire que tout
soignant agit toujours plus ou moins implicitement dans un registre
spirituel. Au visage du technicien ou praticien, moderne et laïque, s’ajoute
donc nécessairement un archétype plus ancien plus fondamental, qui est
celui du guérisseur, du prêtre, de l’agent de la foi. Énoncer cette réalité ne
dénigre en rien la rigueur objectivante du praticien, elle s’approfondit d’une
dimension incontournable où se jouent certains enjeux fondamentaux du
processus thérapeutique ».
SCIENCE ? PARASCIENCE ?
LES GUÉRISSEURS VUS
PAR LA SCIENCE

Il nous reste à tenter d’expliquer les ressorts de cette pratique. Beaucoup


s’en tiennent à l’effet placebo : les guérisseurs auraient une forte capacité à
déclencher chez le malade un processus d’autoguérison. L’explication ne
fait pas l’unanimité, y compris chez les plus cartésiens. Des scientifiques se
sont intéressés à cette question et font valoir que si tous les êtres émettent
des ondes électromagnétiques, les mains des guérisseurs émettent des
champs magnétiques de basse fréquence mille fois plus puissants. Ces
champs magnétiques sont réputés soulager les douleurs. Certains
kinésithérapeutes les utilisent pour apaiser les tensions musculaires.
D’autres hypothèses font appel à la physique quantique et aux biophotons,
ou particules de la lumière, qui seraient présents dans notre ADN.
Les travaux scientifiques montrant l’existence du magnétisme ne
manquent pas. Selon le Pr Yves Rocard, et nous l’avons déjà évoqué, c’est
un surplus de magnétite (oxyde magnétique naturel de fer) dans les doigts et
les arcades sourcilières des hommes, qui serait à l’origine du magnétisme
humain. Concernant la localisation au niveau des mains, il rajoutait : « Des
expériences nous ont montré que les mains des magnétiseurs “reconnus”,
ainsi que des personnes atteignant le même seuil de sensibilité, produisent
les mêmes effets qu’un petit aimant. Nous en déduisons que l’organisme de
ces personnes bénéficie d’un supplément de magnétite qui serait logé dans
les articulations des doigts. » Après de nombreuses expériences, il a pu
démontrer que le sourcier et le magnétiseur possédaient une sensibilité
magnétique plus importante que celle de la moyenne.
C’est ainsi qu’avec le Dr Jean-Baptiste Baron, posturologue à l’hôpital
Sainte-Anne à Paris, il a réussi à démontrer, avec une expérience
significativement concluante menée sur douze pompiers de Paris qu’un
champ magnétique provoquait chez l’homme des réactions
neuromusculaires et modifiait la posture de l’homme, et qu’un champ
magnétique supplémentaire rayonné par un magnétiseur pouvait engendrer
des troubles de l’équilibre.
Les études sur les surplus de magnétite ont été confirmées par le
biologiste contemporain américain Joseph Kirschvink, de l’Institut de
technologie Californie de qui découvre d’abord que chacune de nos cellules
possède des récepteurs magnétiques, puis en 1992, que notre cerveau est
truffé d’aimants microscopiques. Ce sont d’ailleurs ces récepteurs de
magnétite qui expliquent chez des mammifères, chez les oiseaux, les
insectes, leur magnétoréception avec des cellules réceptrices contenant des
particules de magnétite, qui jouent le rôle de boussole et permettent de
s’orienter en fonction des champs magnétiques terrestres. À l’examen
microscopique électronique, ces petits cristaux de magnétite apparaissent
percés de cent cinquante trous, où aboutissent autant de terminaisons
nerveuses.
« Si on connaît un peu le magnétisme minéral, on imagine sans peine que
ces terminaisons nerveuses subissent une sorte de magnétostriction,
phénomène connu, quoique peu étudié. Cette magnétostriction
comprimerait un nerf qui enverrait alors un signal électrique : tel nous
semble le mécanisme du bio magnétisme », commentait le Pr Rocard.
Joseph Kirschvink, spécialiste du biomagnétisme, mais aussi du
paléomagnétisme, a pu d’ailleurs mettre en évidence un sens magnétique
chez l’homme avec des expériences reproductibles et scientifiquement
validées, qui mettaient des individus en situation d’exposition à des champs
magnétiques avec un suivi par des capteurs cérébraux. Il a été le premier
scientifique à montrer la présence de magnétite dans toutes les régions du
cerveau, et ce dans des proportions importantes : environ cinq millions de
cristaux par gramme de cerveau, soit environ sept milliards de cristaux pour
un individu. Ces métaux sont extrêmement sensibles aux champs
magnétiques : un million de fois plus sensibles que tout autre matériau
biologique, y compris le fer des globules rouges.
Lorsqu’on sait, depuis les travaux du physicien Herbert Frölich (1905-
1995), nominé pour le prix Nobel de physique en 1963 et en 1964, que
« toutes les cellules vivantes émettent des vibrations électromagnétiques
dont la bande de fréquence se situe entre les micro-ondes et les
rayonnements infrarouges », on imagine fort bien que tout être vivant est à
la fois un capteur, un transformateur et un émetteur d’ondes
électromagnétiques.
Par ailleurs, les recherches, en 1952, du physicien de l’université de
l’Arkansas Zaboj V. Harvalik ont mis en évidence que l’être humain est un
magnétomètre d’une grande sensibilité. Sans doute le magnétomètre le plus
sensible au monde : il réagit à des variations du champ magnétique de
l’ordre du milliardième de gauss, alors que l’intensité du champ magnétique
terrestre est d’environ 0,5 gauss. Certains chercheurs pensent que les
champs électromagnétiques émis par le corps permettent une
communication subtile et invisible entre les individus.
Pour en revenir au Pr Rocard, il a travaillé également avec des
physiologistes pour démontrer que la sensibilité magnétique de l’homme
était concentrée en des zones ponctuelles, situées deux par deux au même
niveau du corps, à droite et à gauche : au niveau des arcades sourcilières,
comme nous l’avons vu, mais aussi à l’arrière du crâne, là où les attaches
cartilagineuses du cou maintiennent la tête, aux extrémités hautes des deux
muscles lombaires, aux creux des coudes et des genoux, aux doigts, aux
talons, et enfin aux articulations métatarso-phalangiennes de chacun des
deux gros orteils.
Ces dernières localisations étant très importantes chez les sourciers (qui
sont souvent magnétiseurs, et inversement d’ailleurs), puisqu’elles leur
permettent de percevoir un delta dans les champs magnétiques lié à des
failles dans ce champ magnétique terrestre ; failles qui sont liées à un
écoulement d’eau comme c’est le cas pour les sources.
Malheureusement pour lui et pour le biomagnétisme, le Pr Rocard – bien
qu’il y ait consacré l’essentiel de sa fin de carrière – n’a pas réussi à
convaincre ses pairs qui lui reprochaient ses recherches trop insolites. Cela
lui coûtera d’ailleurs un fauteuil à l’Académie des sciences où il aurait pu
finir sa brillante carrière.
Certaines de ses expériences ont été reprises par la suite par l’équipe de
zététique (étude rationnelle des phénomènes présentés comme
paranormaux, des pseudosciences et des thérapies étranges) d’Henri Broch :
pour son équipe, les expériences en question n’ont pas été concluantes… !

Peut-on parler de science dans ce domaine ?


Il nous faudrait pour cela d’abord définir ce qu’est la science. La science
affirme des vérités prétendant représenter la réalité. Le scientifique travaille
dans le cadre de représentations théoriques que les faits peuvent faire
changer. L’histoire des sciences est ponctuée de révolutions scientifiques en
fonction des nouvelles données expérimentales dans un cadre établi par le
paradigme du moment, qui, rappelons-le, est un mot issu du grec
paradeigma, signifiant modèle ou exemple.
Les nouvelles données d’observations et d’expériences sont adaptées et
intégrées dans le cadre du paradigme établi sur le moment par la
communauté scientifique. L’approche scientifique visant à comprendre et
interpréter le monde inclut un processus fondé sur la séparation des
variables des effets.
Les expériences scientifiques sont donc réalisées selon un protocole
restrictif permettant de contrôler et de neutraliser, si possible, un maximum
de variables en présence. En médecine, cette méthode est extrêmement
compliquée du fait de la complexité du corps, du nombre de variables, et
des facteurs environnementaux qui influent l’équilibre sensible de la nature.
Ces nombreuses variables rencontrées lors des études randomisées sont
caractérisées d’effets non spécifiques ou d’effet placebo. Si les paradigmes
représentent l’ensemble des croyances qui influencent la manière dont un
individu perçoit la réalité de son environnement et réagit à cette perception,
ils tendent à évoluer selon les groupes sociaux, et à changer dans le temps
en fonction de l’évolution des connaissances.
Or les disciplines scientifiques sont définies par rapport à ceux-ci. Et l’on
peut ainsi se poser trois questions : si les connaissances changent avec le
temps, peut-on atteindre la vérité ? doit-on être sceptique parce que la vérité
change avec le temps ? le paradigme matérialiste actuel est-il suffisant pour
appréhender la complexité des phénomènes vivants ? Voilà trois beaux
sujets de réflexion pour l’épreuve de philosophie du baccalauréat…
SCIENCE, PARASCIENCE

Je me permettrai de reprendre les propos de Claude Touzet, maître de


conférences des universités, spécialiste en neurosciences, expert
scientifique auprès de l’Union européenne, qui tient les propos suivants :
« La science impose que les expériences qui procurent les faits, qui valident
les théories puissent être reproduites. Les expériences dont la variabilité des
résultats n’est pas explicable ne sont pas du ressort de la science. Cela ne
signifie pas que les résultats soient faux, seulement que la science ne peut
pas s’intéresser à eux (en tout cas ouvertement). Le terme “para” est alors
ajouté pour signifier “en dehors de”. Vous ne le savez peut-être pas, mais il
y a en Allemagne des chaires de professeurs d’université en phénomènes
paranormaux, un institut des phénomènes “psy” (esprit, âme) où le public
peut se rendre pour raconter ses expériences et recevoir une écoute ; idem
en Grande-Bretagne, aux USA… Pourquoi rien de ce genre en France ?
Serions-nous à l’abri de ces phénomènes “psy” ?
Disons que la patrie de Descartes se croit cartésienne en refusant
d’accepter l’existence de phénomènes non expliqués aujourd’hui. Comme si
notre connaissance de l’Univers pouvait progresser en refusant de
considérer ce que nous ne comprenons pas ! Les chercheurs sont des
mémoires comme les autres, il leur est plus facile de chercher dans un
univers connu que dans l’inconnu »
L’insuffisante compréhension du mode d’action d’un traitement n’est pas,
je pense, un argument valable pour douter de son efficacité. La preuve de
l’efficacité devrait toujours être apportée avec rigueur. C’est le point faible
des médecines alternatives et complémentaires. Pour Stéphane Haslé,
philosophe, on peut évoquer le « désenchantement du monde [selon la
formule avancée par Max Weber en 1917] avec une domination de la
rationalité dans l’organisation de nos vies, tant sur le plan collectif
qu’individuel… La visée des sciences, c’est l’objectivité. C’est la face
positive de la science, gage de son efficacité, mais elle sous-tend à une autre
face, son envers, l’élimination de la subjectivité. »
À noter que l’attitude des parasciences à l’égard de la science est parfois
paradoxale : d’un côté, elles dénoncent une science officielle jalouse de ses
prérogatives et de son territoire qui ne voudrait pas prendre en compte les
« nouveaux Galilée », d’un autre côté, elles se proclament elles-mêmes hors
du domaine scientifique pour justifier un refus des méthodes classiques
d’évaluation. Elles se revendiquent alors comme un art ou comme une
science humaine. Dans le même temps, les parasciences affichent auprès de
leurs adeptes la qualité de scientifique, gage de crédit et de sérieux.
La médecine réclame des preuves, pour recommander des thérapies. Nous
le savons en médecine, mais aussi en sciences sociales, en psychologie,
seules les études randomisées en double aveugle, contre placebo pour la
médecine, permettent de valider des thérapies ou des protocoles.
Le ministère de la Santé indique sur son site internet que « dans la très
grande majorité des cas, ces pratiques de soins non conventionnelles n’ont
pas fait l’objet d’études scientifiques ou cliniques montrant leurs modalités
d’action, leurs effets, leur efficacité, ainsi que leur non-dangerosité.
Lorsqu’elles sont utilisées pour traiter des maladies graves ou en urgence à
la place des traitements conventionnels reconnus, elles peuvent faire
perdre des chances d’amélioration ou de guérison aux personnes malades ».

Dans le cas par exemple du reiki, les problèmes que pose cette discipline
aux esprits rationnels sont tels que de nombreuses expérimentations
scientifiques ont été menées aux États-Unis, en Allemagne, ou au Japon.
Elles montrent que, lors d’un soin avec un guérisseur traditionnel ou un
thérapeute du reiki, des réactions physiologiques se produisent
véritablement chez le patient… Sans pour autant qu’on en comprenne la
cause.
Il est vrai que, se laisser aller entre les mains d’une personne qui s’occupe
véritablement de vous peut provoquer un bien-être considérable, voire
déclencher un processus de guérison ou d’autoréparation par un transfert
d’énergie, qui est peut-être aussi un transfert affectif. Comment expliquer le
phénomène avec les animaux ? Et avec les plantes ? Cela me renvoie à la
rencontre no 12, avec cette horticultrice en retraite qui magnétisait les fleurs
dont elle avait la charge et qui, objectivement, aux dires de tout le monde,
avait des fleurs plus harmonieuses, plus hautes (critère objectif) que celles
de ses collègues qui le reconnaissaient avec un brin de jalousie. Ce qui a pu
être démontré par une étude effectuée sur un lot d’impatientes magnétisées,
versus un lot de fleurs non magnétisées.

À noter également qu’il n’y a pas que les dérives financières dans
l’utilisation de la récupération des pratiques alternatives ; il faut envisager
également par une dérive sectaire de la pratique. C’est ainsi que, dans la
nébuleuse du reiki par exemple, se glissent des dérives sectaires et que
justement cette nébuleuse est placée sous observation par la mission
interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires
(Miviludes).
Entre magie, religion et philosophie, les guérisseurs semblent perpétuer
une médecine née avec l’humanité. Les guérisseurs modernes, sous la
contrainte du rationalisme, doivent s’adapter progressivement et expliquer
l’origine de leur art par des théories scientifiques ou pseudo-scientifiques.
Mais parfois, le désir de tout expliquer en termes savants engendre de
véritables dérives. Toutefois à la vitesse où progresse la science, les
éclairages nouveaux venant, il ne faudra peut-être plus très longtemps pour
combler le fossé qui sépare les thérapies alternatives énergétiques des
médecines conventionnelles.
Des études d’avant-garde indiquent que le concept d’énergie est une
réalité physiologique, biochimique et électronique ; un support de
l’information qui organise la matière vivante.
L’énergie est habituellement un concept qui comprend la notion de force
motrice. Depuis les travaux d’Einstein, on sait que la matière est une
densification de l’énergie. Dans le domaine de la médecine énergétique, on
considère que l’énergie est partout : James Oschman, spécialiste en
médecine énergétique, explique : « À chaque seconde, nous faisons
l’expérience de l’énergie », la lumière est énergie : je vous vois. Je vous
entends : le son est énergie. Je sens des odeurs, ce sont des molécules en
vibration, qui produisent et émettent de l’énergie. Toutes les sensations sont
des phénomènes énergétiques. Il ne s’agit pas d’un mystère mais de
l’impact que nos sensations ont sur notre corps, ce qui nous permet de
savoir où nous sommes, ce que nous faisons, ce qu’il se passe autour de
nous. »
Notre état énergétique se décline en champs. À chacune des dimensions
de l’homme (physique, mentale, émotionnelle, spirituelle) correspond un
champ vibratoire spécifique qui émet une énergie spécifique.
Chaque organe présente un niveau vibratoire qui lui est propre.
Un blocage ou une baisse du niveau vibratoire d’un organe ou d’un
individu entraîne des problèmes de santé. La santé serait l’expression de
l’harmonie de ce bel ensemble vibratoire que la maladie vient brouiller, en
créant quelques fausses notes. Elle dépend du bon fonctionnement de la
circulation énergétique dans les méridiens, les chakras et les corps
lumineux qui entourent le corps physique ; ces corps subtils qui permettent
de maintenir un niveau vibratoire élevé chez l’individu.
Le guérisseur, outre le fait d’instiller une énergie au patient, serait ainsi
capable de réharmoniser le patient comme un musicien qui accorde un
piano dissonant, et ce, en émettant des champs électromagnétiques de basse
fréquence, variables au cours de la séance, avec des plages de stabilisation
aux alentours de 7-8 Hz.
Cette hypothèse a été validée par des mesures effectuées à l’aide d’un
SQUID (superconducting quantum interference device) une technologie des
années 1960, associée désormais à de nouveaux logiciels informatiques, qui
a montré l’émission des champs électromagnétiques par certains
magnétiseurs.

Une hypothèse émise par le Dr Janssen voudrait que le guérisseur, en


produisant des champs magnétiques, mette en repos le pacemaker cérébral,
c’est-à-dire la zone du cerveau située au milieu du thalamus, qui génère des
ondes d’activité électrique des neurones. Les magnétorécepteurs, c’est-à-
dire les cellules qui contiennent de la magnétite au niveau de la glande
pinéale, pourraient prendre le relais de ce pacemaker cérébral et vibrer en
phase avec la fréquence terrestre/fréquence de Schumann – qui, elle aussi
est évaluée entre 7 et 8 Hz.
Dans le même ordre d’idée, selon Jean-Dominique Michel, « différentes
recherches menées récemment montrent que ces guérisseurs, lorsqu’ils
soignent, connaissent un ralentissement de leur fréquence cérébrale, avec
des rythmes de l’ordre de 5 à 7 Hz (cycles par seconde). On se situe à la fois
dans la fréquence du champ magnétique terrestre et celle des états de
méditation et de relaxation profonde, ainsi qu’aux phases de sommeil
paradoxal. On observe à ce moment-là des formes de synchronisation
inhabituelle entre les hémisphères cérébraux ».
Certains chercheurs pensent que les champs électromagnétiques émis par
le corps permettent une communication subtile et invisible entre les
individus. Pour comprendre la puissance électromagnétique du corps, il
nous faut ainsi évoquer la médecine quantique.
QUELQUES BASES DE MÉDECINE QUANTIQUE

Parler de thérapie quantique, c’est entrer, il faut le reconnaître, dans un


monde mal connu. Le magnétisme quantique serait plutôt une biorésonance
et/ou bioénergie, soit l’action par l’information de la matière.
Cette pratique est holistique mais non conventionnelle. Le travail
quantique par information de l’énergie prend en considération l’être humain
dans son ensemble, mais n’est pas reconnu par la médecine française, ce qui
n’est pas le cas dans nombre d’autres pays comme l’Italie, l’Allemagne, la
Suisse, les États unis, le Canada…
La biorésonance est un phénomène physique bien connu et facile à
reproduire en plaçant deux guitares en face l’une de l’autre et en faisant
vibrer une corde de l’une d’elles, par effet de résonance, la même corde de
l’autre guitare se mettra elle aussi à vibrer. C’est une pratique énergétique.
C’est en définitive, la définition qui se rapproche le plus du magnétisme
par imposition des mains. En utilisant l’énergie comme véhicule
d’information et par effet de résonance, le patient arrive à rentrer en
syntonie avec la haute fréquence de vibration que le magnétiseur lui fait
parvenir. L’énergie est alors dirigée de telle façon qu’elle ira
systématiquement là où le patient en ressent le plus de besoins. Par effet de
résonance, ou synchronisation, le taux vibratoire va venir s’aligner,
résonner avec celui du magnétiseur, que ce dernier soit près de lui ou loin
de lui.
L’effet quantique, c’est l’information de la matière et la prise en main de
l’énergie, qu’elle soit proche ou lointaine. Pour la physique quantique,
l’énergie est constituée de quantas : la plus petite unité de matière
échangeable entre deux êtres. Nous sommes tous des centrales énergétiques
constituées d’un corps physique, lui-même conçu à partir de cellules et
d’atomes et d’une quantité inimaginable de quantas. Nous sommes tous des
êtres quantiques, interconnectés, car en relation permanente avec la matière
qui nous entoure, qui est composée de particules d’énergie.

Selon Barbara Ann Brennan, citée plus haut, le champ d’énergie du vide
dont parle la physique quantique sature l’espace, les objets (animés ou non)
et les relie les uns aux autres. Le champ d’énergie humaine est l’une des
nombreuses manifestations auquel il appartient. Les humains posséderaient
un champ d’énergie qu’elle décrit comme « une aura, un corps lumineux qui
enveloppe le corps physique ».
Les guérisseurs auraient donc cette capacité de dialoguer avec ce champ
d’énergie.

À noter que des physiciens russes, l’équipe de Konstantin Korotkov,


docteur en électronique physique et en ingénierie médicale de l’université
de Saint-Pétersbourg, sont parvenus à mesurer le champ d’énergie humaine
grâce à une technique de bioélectrographie. Cette partie de la physique
permet de recomposer l’image photo-électronique en reprenant l’effet
Kirlian et en l’analysant par l’informatique. On ne sut jamais la suite, car
les Russes ne dévoilèrent les travaux que dans les années 1960… Les
Occidentaux n’en ont pas tenu compte et ils ne furent jamais exploités, la
politique ayant eu le dernier mot…
Konstantin Korotkov a mené pendant plus de vingt ans des expériences
avec son épouse Valentina, qui ont été révélées en 1973 dans un ouvrage
intitulé Fantastiques recherches parapsychologique en URSS, devenu un
best-seller mondial, écrit par deux journalistes américains, Lynn Schröder et
Sheila Ostrander, qui affirment que les Russes sont parvenus à
photographier ce mystérieux rayonnement magnétique émis par le corps
humain.
Déjà en 1970, une psychologue américaine de l’université de Los Angeles
se rend en URSS pour rencontrer les Kirlian. De retour en Californie, elle
photographie les mains de nombreux magnétiseurs et montre que le
rayonnement qui en émane est supérieur à celui des mains de sujets
ordinaires. L’année suivante en France, un photographe, Georges Hadjo
(1922-2009), commence des recherches électrographiques et ne va pas
tarder à devenir le premier spécialiste français de ce qu’on appelle
aujourd’hui l’électrographie. En 1974, un médecin autrichien, Reinhold Voll
(1909-1989), a commencé à établir une relation entre le rayonnement
électrographié et les maladies. Il est à l’origine de l’électroacupuncture ou
organométrie. Puis le Roumain Dimitricescu a montré que ces techniques
permettent une mise en évidence des points de l’acupuncture chinoise, qui
sont les points ou la peau présente une moindre résistance au passage de
l’électricité.
L’électrographie, ou électrophonie, utilise un appareil muni d’une
électrode qui permet d’induire un courant électrique. Sur la surface de
l’appareil se trouve un film placé sous une plaque de verre sur laquelle on
applique l’objet, le plus souvent la main, que l’on veut
électrophotographier. On fait passer le courant dans la pièce obscure où se
trouve l’appareil. La tension du courant doit être assez élevée sans toutefois
dépasser le seuil critique que l’on détermine en fonction de l’isolant choisi,
faute de quoi on risque l’électrocution. Quant au courant il est assez faible,
d’un microampère. Il se produit alors un champ électrique, en général
alternatif, qui interagit avec la main ou l’objet, placé sur une plaque de
verre et eux-mêmes porteurs de charges électriques. C’est cette interaction
du champ électrique de l’appareil et du champ magnétique de l’objet qui
engendre des radiations qui impriment le film.
Les expériences d’électrographie se multiplient dans les années 1970 et
produisent des résultats assez stupéfiants. On s’aperçoit par exemple, que le
rayonnement que l’on observe autour des mains des sujets est différent
selon que ceux-ci sont en bonne ou en mauvaise santé, en état de tension ou
détendus.
Ce rayonnement pourrait expliquer le transfert d’énergie qui s’opère entre
certains magnétiseurs et leurs patients.

À noter, pour finir, que les Américains Stanley Krippner et Daniel Rubin
publient The Energies of Consciouness (Les Energies du corps vivant), qui
fait le point sur l’effet Kirlian dans le monde. Un article de cet ouvrage
rapporte les expériences conduites à l’Institut for Bioenergetic Analysis afin
de mesurer le champ de l’énergie humaine : « Dans l’état actuel des
recherches, concluent les auteurs, les résultats obtenus tendent à montrer
qu’il émane de l’être humain un champ décelable par le phototube. Il est
nécessaire de mieux connaître les propriétés de ce champ. Pour le moment,
on l’étudie essentiellement dans la région du thorax et de l’abdomen. L’un
des objectifs futurs sera d’en déterminer la distribution dans l’espace au
moyen de technique de balayage. »
Avec ces procédés quantiques, est analysée la lumière venant des sujets,
car comme l’explique Konstantin Korotkov, « nous sommes tous des êtres
de lumière, et nous émettons de la lumière. En même temps, nous avons
besoin de développer une approche intégrative. Nous avons beaucoup de
contacts et partageons beaucoup de travaux avec des médecins. L’approche
intégrative considère la personne comme un tout avec un corps physique ».

Les guérisseurs auraient ainsi cette capacité de dialoguer avec ce champ


d’énergie.
C’est ce phénomène de synchronie qui pourrait d’ailleurs permettre un
début d’explications au fait que la plupart des guérisseurs soient capables de
travailler à distance, en particulier par téléphone. Je sais que le sujet
interpelle toujours : que des individus soient capables de percevoir et de
régulariser des déséquilibres des champs biomagnétiques par les mains, au
plus près d’un malade : pourquoi pas ? Mais à distance, pour des patients
qui sont à plusieurs milliers de kilomètres, c’est toujours beaucoup plus
difficile à admettre.
Et pourtant, la plupart des guérisseurs-magnétiseurs que j’ai interrogés, et
tous ceux rencontrés en particulier par Alexandre Grigoriantz, travaillaient
aussi par téléphone. Certains que j’ai côtoyés ne pratiquent d’ailleurs que
par téléphone, gratuitement bien entendu, et ne peuvent donc être suspectés
de charlatanisme !

Il m’est difficile de résumer certains ouvrages consacrés à la physique


quantique qui contredit parfois la physique classique mais qui, en fait,
ajoute une dimension énergétique à celle-ci.
Ces théories reposent sur le concept de biophotons, des particules de
lumière porteuses d’énergie, émises par tous les organismes vivants, qui
sont stockées et donc émises par les brins d’ADN des cellules.
L’ensemble de ces biophotons constitue un champ cohérent, porteur
d’informations nécessaires à la cohésion de notre organisme. « Ces ondes
lumineuses pulsant dans l’organisme seraient vecteurs de la communication
intra mais aussi extra-cellulaire. Une découverte qui explique la rapidité
avec laquelle nos milliards de cellules s’impliquent dans chacune de nos
actions quotidiennes : penser, manger, boire, marcher, produire des
hormones. Mais également, comment en synchronisant leurs biophotons, les
insectes, les animaux et les plantes peuvent, à distance et en une fraction de
seconde coordonner parfaitement leurs mouvements comme un banc de
poissons ou un essaim d’abeilles, ou s’avertir d’un danger. »
Les guérisseurs seraient donc capables de ce type de transferts
d’informations et d’énergie à distance. Le Dr Thiery Janssen cite ainsi le
professeur Linus Pauling, Prix Nobel de chimie et Prix Nobel de la paix qui
disait : « La vie, ce n’est pas les molécules, mais les liens qui existent entre
elles. »
Selon la journaliste scientifique Lynne McTaggart, « l’intention de guérir
crée des ondes lumineuses. Ces pensées sont une forme d’énergie qui
émane de nous en permanence… le modèle des biophotons nous permet de
saisir que nous envoyons en permanence des instructions à l’Univers sous
forme de rayonnements. Les guérisseurs, même à distance, sont capables de
rendre opérantes ces instructions en vue d’obtenir la guérison… je pense
que la guérison est une sorte d’accord biologique entre celui qui soigne et
celui qui est soigné. »
Selon Bernard Grad, oncologue canadien connu pour ses travaux sur les
modifications que les guérisseurs peuvent engendrer, notamment sur des
bactéries, des levures, des rats de laboratoire, « de l’ère de la chimie et de la
biochimie, nous rentrons dans celle de la physique et de la biophysique.
Tous les guérisseurs disent transmettre une énergie qu’ils captent dans l’air
ambiant et qu’ils redistribuent à leurs patients… »

LES CHAMPS BIOMAGNÉTIQUES


ET LES ONDES SCALAIRES

Depuis des années, les chercheurs en médecine alternative se passionnent


pour les champs biomagnétiques. Certains aspects du travail de guérison
peuvent être expliqués d’un point de vue scientifique. Il faut partir des
champs magnétiques que chaque être vivant produit. Le Dr James Oschman
décrit ce sujet fascinant dans son livre Energy Medecine. The Scientific
Basis. Il est difficile de résumer ce concept, mais on le sait il est reconnu
depuis longtemps que des courants électriques traversent le corps et passent
à travers tout le système nerveux, permettant au corps de s’autoréguler.
Ces courants électriques qui passent à travers un conducteur génèrent des
champs magnétiques appelés champs biomagnétiques qu’il est possible de
mesurer, nous l’avons évoqué, avec un appareil appelé SQUID. Et ce, dans
de nombreuses parties du corps, y compris le cerveau, et le cœur, et qui
forment un ensemble de champs qui participent à ce que nous appelons
l’aura.

L’aura, qui vient du latin aura, « la brise », est donc un champ


électromagnétique de forme ovoïde qui enveloppe notre corps et qui est
formé de plusieurs strates. Il pourrait être défini comme le champ de
lumière qui vibre et ondule en entourant notre corps. Il reflète notre état de
santé, notre humeur et notre évolution spirituelle. Le magnétiseur perçoit
par les mains les altérations de l’aura perturbée d’un malade. Les champs
agissent réciproquement sur les autres champs près du corps, y compris les
champs d’autrui : un champ biomagnétique d’une personne peut avoir un
effet sur le champ d’une autre personne et provoquer des changements en
influant sur la force et la fréquence des courants électriques dans ces
conducteurs.
Les mains sont également entourées de champs biomagnétiques. Ceux des
mains de guérisseurs ont été mesurés et se sont révélés être plus forts que
les champs biomagnétiques des non-guérisseurs.
Par ailleurs, d’autres formes d’énergie peuvent provenir des mains et
avoir un effet thérapeutique particulier. Il existe, en particulier, des preuves
que des rayons infrarouges et d’autres formes d’émission de photons,
proviennent des mains de guérisseurs et que les systèmes biologiques y sont
réceptifs.
Ainsi, le champ biomagnétique émis par les mains du guérisseur devient
plus fort que celui émis par l’organe malade et induit des fréquences saines
dans le champ de l’organe à soigner, lui permettant d’adapter de nouveau
ses fréquences à celle d’un organe en bonne santé.
Le processus peut fonctionner dans le sens inverse quand le guérisseur
vérifie et cherche des zones de troubles dans le champ magnétique du
patient. Pendant ce processus, le guérisseur déplace lentement une ou deux
mains à quelques centimètres au-dessus du corps, en faisant attention aux
sensations dans les paumes des mains. Le champ du patient provoque des
variations dans le champ des mains du guérisseur, que celui-ci peut
ressentir. Il est alors capable de localiser dans le champ biomagnétique du
patient les zones qui posent problème. Une explication peut être avancée
concernant les guérisons à distance : les ondes scalaires représentent sans
doute un début d’explication. Lorsque deux champs magnétiques vibrent à
la même fréquence et sont parfaitement déphasés, ils s’annulent
réciproquement.
Cette annulation n’élimine pas l’effet des champs, puisque les potentiels
sont toujours là : ils créent ce qu’on appelle les ondes scalaires. Ces ondes,
qui vont à la vitesse de la lumière, n’ont pas d’interactions avec les
électrons comme c’est le cas des champs magnétiques, mais avec des
nucléis atomiques. Elles ne peuvent pas être bloquées par des cages Faraday
ou autres barrières et se propagent à n’importe quelle distance sans perdre
de puissance. On a pu constater qu’elles ont un effet sur les tissus
biologiques et qu’elles favorisent la guérison des tissus.
Selon le Dr Oschman, « on part d’habitude du principe que ce sont les
champs électriques et biomagnétiques qui agissent sur les organismes, mais
plusieurs chercheurs pensent que les ondes scalaires potentielles sont en fait
à la base de ces effets ».

C’est un aspect de la guérison, et l’influence de l’esprit sur la matière


reste certainement encore un mystère. Mais on ne peut nier l’impact de la
pensée dans les processus de guérison de certaines maladies.
Mais on peut imaginer que l’évolution de la science sera telle qu’elle
permettra certainement d’étudier les relations physiques qui s’établissent
entre guérison et conscience

ÉSOTÉRISME ?

Dans un souci de clarté scientifique, il m’a paru également nécessaire


d’émettre l’avis des scientifiques qui considèrent, à l’image de Richard
Monvoisin, que la médecine quantique fait partie « d’un grand foutoir
ésoterico-thérapeutico-quantique ». Cet enseignant en épistémologie et
didactique des sciences de l’université de Grenoble, spécialiste en zététique,
la discipline qui enseigne l’art du doute et développe l’esprit critique, veut
« désintoxiquer le lecteur ».
Pour lui, l’équivalence masse-énergie sert à justifier que l’énergie du
corps peut réparer ou créer des nouvelles cellules de notre organisme. La
dualité onde-particule se confond avec le duo corps-esprit. Des mots
nouveaux et des concepts scientifiques subtils servent à impressionner le
chaland. Selon lui toujours, les auteurs de ces errements sont les journaux
de vulgarisation scientifique type Science et vie ou Science et avenir, qui
auraient une responsabilité dans ces distorsions quantiques, et qui créeraient
plus de confusions que d’informations dans l’esprit des lecteurs… Mais il
ne s’agit là, également, à mon sens, que d’une hypothèse de travail…

Le débat sciences/parasciences nous renvoie, in fine, à celui de la place


des médecines alternatives dans l’offre de soins, avec un certain nombre de
questions : peut-on condamner une thérapie sous prétexte qu’elle n’a pas
d’explications scientifiques pour l’instant ? comment peut-on affirmer que
les effets de soins ne sont que placebo ou suggestion, tant qu’il n’y a
justement pas d’études scientifiques permettant de cerner complètement
totalement les mécanismes d’action en jeu ? comment peut-on nier les effets
bénéfiques d’une thérapie sans donner les preuves de leur inexistence ?
Je reprendrai, en exemple, les notions d’énergie utilisées dans le cadre de
la médecine traditionnelle chinoise qui, soit dit en passant, prend
quotidiennement en charge, depuis trois mille ans, la santé de dizaines de
millions de Chinois. Sur cette notion d’énergie plane en Occident un parfum
de mystère.
Comme l’explique Michel Odoul, « cette idée est encore floue pour
beaucoup. C’est principalement dû au fait qu’en Occident, on ne croit que
ce qui se voit, ce qui est visible, manifesté, tangible. L’invisible n’existe pas
ou est suspect. Même dans les recherches les plus poussées, c’est le
particulaire qui nous intéresse. Ce syndrome de saint Thomas fait de nous
des autistes borgnes qui ne reconnaissent qu’un des plans de notre univers.
Pour les autres plans, nous les laissons aux ésotéristes et autres spécialistes
du paranormal tout en les connotant “négativement”. Toutes les
manifestations constatées de l’invisible sont aussitôt étiquetées dans la case
“magique” ou “manipulations” ».

Pour ce qui est de l’ésotérisme, je citerais Frédéric Lenoir, philosophe,


écrivain : « On peut voir le retour de l’ésotérisme dans nos sociétés
modernes comme un signe inquiétant du besoin de magie et d’irrationnel.
On peut y voir aussi un rééquilibrage chez l’homme occidental de ses
fonctions imaginatives et rationnelles, des polarités logiques et intuitives de
son cerveau. Ne faudrait-il pas admettre une fois pour toutes que, comme ne
cesse de le rappeler Edgar Morin depuis quarante ans, l’être humain est à la
fois sapiens et demens ? Qu’il a autant besoin pour vivre une vie pleinement
humaine, de raison que d’amour et d’émotion, de connaissance scientifique
que de mythes ? Bref de mener une existence poétique ». Des guérisseurs
pour mener une vie poétique ? Pourquoi pas…
Les théories sur le mode d’action du magnétisme sont plurielles, on l’a
bien vu : autoguérison, suggestion, effet placebo, physique quantique,
champs bio magnétiques, ondes scalaires, mémoire génétique, action de
Dieu et de ses saints… Dans tous les cas ces actes font intervenir l’invisible,
sans repères ni mesures. Ces interprétations sont associées pour chacune
d’entre elles à une conception particulière de l’humain et de l’Univers. Pour
les scientistes purs et durs, le magnétisme universel autre que le
magnétisme physique des aimants n’existe pas. Le magnétisme qu’il soit
humain, animal, vital ou spirituel est une vue de l’esprit pour ne pas dire
une fumisterie. Pour les empiriques, il est le souffle même de la vie,
l’énergie vitale par excellence. Je laisserai là le débat en suspens…

Mais pour finir avec des propos plus terre à terre, je vous soumettrai cette
anecdote concernant l’un de mes patients, extrêmement rationnel dans sa
pensée, et qui restait poliment dubitatif lorsque j’évoquais les phénomènes
de magnétisme. Atteint d’un zona ophtalmique pénible à supporter et
douloureux, comme le sont souvent ces maladies, il a consulté sans succès
plusieurs confrères ophtalmologistes qui n’arrivaient pas à soulager. L’un
d’eux lui a conseillé de se rendre chez un guérisseur. Ce qu’il a fait de
mauvaise grâce, n’y croyant pas vraiment… deux séances ont suffi à le
soulager définitivement.
Je lui laisserai le mot de la fin : « Je m’en fous de savoir si tout cela est
démontré ou pas… le seul élément qui compte pour moi, c’est que je n’ai
plus mal ! »
CONCLUSIONS

La première conclusion qui me vient à l’esprit est nécessairement en rapport


avec la place que peuvent prendre les thérapies alternatives
complémentaires dans notre offre de soins : une place croissante dans la
demande des patients, toutes les statistiques le démontrent.
Des études scientifiques débattent de l’efficacité ou de l’inutilité de ces
thérapies.
Des études psychologiques, sociologiques apportent un jour nouveau sur
le recours à ces thérapies.
Au-delà de toute polémique, on pourrait certainement faire preuve en
France de plus d’ouverture d’esprit, et envisager le développement de ce
nouveau concept développé au Canada, aux États-Unis, en Australie, en
Suisse… Concept encouragé par l’OMS : celui de médecine intégrative,
comme énoncé dans ce travail, qui permet d’associer de manière organisée
la médecine conventionnelle et les thérapies complémentaires, avec pour
seul objectif : celui d’améliorer le bien-être de nos patients.
Comme je l’ai déjà évoqué, cela n’est possible qu’à deux conditions, à
mon sens :
– admettre que pour les intervenants non médecins en thérapies
alternatives, comme cela a été le cas pour tous les magnétiseurs que j’ai
rencontrés, leur place est complémentaire et qu’en aucun cas, ils ne
peuvent remplacer le médecin. C’est aussi, nous l’avons envisagé, avec ce
critère que l’on pourra d’ailleurs repérer et dénoncer ceux qui dérivent ou
ceux qui font preuve de charlatanisme ;
– que le monde médical admette la place et l’intérêt de ces thérapies
alternatives complémentaires qui peuvent parfois soulager
psychologiquement ou physiquement, guérir quelquefois, là où la médecine
conventionnelle montre ses faiblesses. Pour cela, il nous faudra, à nous
médecins, sans doute témoigner d’un peu plus d’humilité, admettre que le
« pouvoir » médical a ses limites, et en fin de compte, apprendre dans une
attitude presque bouddhiste à lâcher nos ego.

Plus personnellement, ce travail m’a bien entendu amené à me


documenter sur des conceptions de la santé que j’ignorais et qui ont été, je
le redis en toute humilité, une révélation avec en particulier, ce concept de
« corps-esprit » de l’homme dans son environnement.
De même, j’ai découvert à travers mes lectures ces concepts
bioénergétiques et ces approches énergétiques de la santé évoquées ci-
dessus qui dépassent certainement notre conception de la santé. Ces notions
de déséquilibre énergétique, à l’origine de troubles fonctionnels qui
amèneront des symptômes, puis des maladies, m’interpellent et remettent en
cause certainement ma façon de raisonner en tant que médecin.

Avec trois questions à la clef :


1) Si nous n’avons aucun signe patent de maladie, sommes-nous pour
autant naturellement en bonne santé ? Surtout si nous sommes dans une
forme d’inconfort de vie difficilement supportable.
Les symptômes ne sont certainement que la manifestation apparente d’un
trouble fonctionnel, peut-être en rapport avec un comportement psychique
perturbé, le plus souvent par un programme émotionnel non géré.
Or, nous ne tenons compte souvent que des symptômes, pas toujours des
déséquilibres internes.
2) N’est-il pas de notre ressort, surtout nous médecins généralistes,
d’éduquer les patients, dans une forme de médecine préventive, et de les
encourager à rétablir ces équilibres énergétiques évoqués tout au long de ce
travail ?
3) Ces possibilités de rétablir ces équilibres énergétiques ne sont-elles pas
une façon d’envisager aussi une responsabilisation plus grande des
patients ?
Ces patients, de plus en plus impatients, et qui sont devenus
paradoxalement demandeurs de soins dans une logique presque de
consommateurs, en droit de bénéficier d’une technologie bien trop souvent
magnifiée.

Quoiqu’il en soit, j’ai à la lumière de ce travail de thèse certainement


modifié ma façon d’exercer la médecine générale en prenant en compte
davantage la notion d’écoute, alors que paradoxalement, du fait d’une
diminution préoccupante dans notre aire urbaine du nombre de médecins
généralistes, je dispose de moins en moins de temps pour écouter mes
patients.
À la lueur des rencontres avec les magnétiseurs, j’ai changé ma façon de
pratiquer ma profession, n’hésitant pas d’ailleurs à conseiller certains
patients souffrant de brûlures, zonas, herpès, psoriasis, souffrances
psychologiques, troubles fonctionnels… de consulter tel ou tel guérisseur,
en fonction de la personnalité des uns et des autres.
J’aurai surtout modifié mon regard sur la réalité de la vie, avec cette
question posée par Audrey Mouge, souvent citée dans ce travail : « Et si
l’extraordinaire nous permettait de voir le monde autrement ? »

Enfin, j’ai eu le sentiment de recevoir une leçon de générosité de la part


des magnétiseurs rencontrés, qui ne sont pas de doux rêveurs, comme
certains l’imaginent : « Générosité du don, qui pousse à s’occuper des êtres
en souffrance, Générosité de l’âme et de l’esprit, qui consiste à rechercher
une force au plus profond de soi pour aider celui qui souffre… avoir un peu
plus que de la compassion : avoir de la commisération. La générosité de
l’âme qui est en fait une générosité de l’esprit qui cherche à s’élever vers le
Créateur pour donner à celui qui en a besoin, une force qui ne peut venir
que d’en haut : c’est la générosité à l’état le plus noble. C’est la générosité
du magnétiseur dans sa quintessence », comme l’évoque le Dr Marianne
Dencausse.

À l’issue de ce travail, une autre question se posera à moi, comme à


d’autres je le souhaite, de l’évolution de notre médecine,
technologiquement performante mais qui amène à nous interroger sur
l’importance croissante de thérapies ou de prises en charge différentes :
celles qui réservent sans doute une plus grande place à l’empathie, à la
bienveillance, et n’ayons pas peur des mots, à l’amour, pour proposer ce
que le Dr Marianne Dencausse, appelle « un nouvel art de soigner », afin de
lutter contre la souffrance.
Ce travail, comme je l’ai évoqué en introduction, permettra je l’espère,
d’apporter un éclairage, d’ouvrir un débat… et peut être, je le souhaite,
d’éveiller des consciences !
Le fait d’entreprendre cette étude m’a nécessairement amené à en parler et
à échanger régulièrement avec mes patients, mes confrères, mes amis, ma
famille, et recueillir ainsi moult témoignages.
Je comprends parfaitement les réserves qu’on entend, ici ou là, de
certaines ou de certains sur la pertinence de telles pratiques. J’aurais
certainement d’ailleurs émis personnellement de telles réserves il y a vingt
ans. Mais l’âge aidant…

J’ai peut-être, comme une patiente me le faisait remarquer, effectué « mon


chemin de Damas ». Rien ne me programmait, je l’ai dit en introduction, à
m’intéresser au magnétisme. Je pensais comme beaucoup de ma génération
qu’il s’agissait de sornettes. Après quarante ans de pratique médicale, il
était temps pour moi de me poser la question essentielle, celle de la
satisfaction de nos patients : « Est-ce qu’on répond vraiment à leurs
souffrances ? » Et puis, une interrogation me vient également : même si
avec une formation médicale rationnelle, qui guide ma démarche
professionnelle, j’ai toujours eu ce besoin de démontrer scientifiquement un
résultat, est-il vraiment nécessaire de tout expliquer pour soulager ?
Il y a obligatoirement des failles dans les réponses que je peux formuler à
mes patients. Mais après tout, l’essentiel n’est-il pas de soulager les
souffrances de mes malades ? Je pense qu’on assiste à un changement de
paradigme dans notre système de santé. Jean-Dominique Michel, l’évoque :
« De plus en plus de médecins vont s’associer avec les médecines douces et
travailler ensemble pour le bien-être du patient qui souhaite redevenir
maître de sa santé et de son destin quand il a longtemps été l’objet passif
des soins médicaux ».
On peut certainement évoquer dans le domaine de la santé, comme dans
celui de l’environnement, un retour de balancier avec une probable prise de
conscience des effets nuisibles des progrès technologiques, mais aussi de
l’envol du coût des soins dans notre société.
Concernant le magnétisme, on ne peut ignorer ce phénomène historique
sociétal, qui certes peut frapper les imaginations, mais qui correspond peut-
être à une forme d’espoir dans une société de plus en plus en souffrance.
Je citerais également le Dr Thierry Janssen, souvent évoqué dans ce
travail : « On peut envisager une médecine où le malade aura le dernier
mot. Une médecine “intégrative” qui réunira les technologies de pointe et
les savoirs ancestraux, qui réunira le corps et l’esprit en considérant
l’humain dans sa globalité, et incitera à un meilleur usage du potentiel
interne de l’individu. Pour y parvenir, médecins conventionnels et
guérisseurs devront dépasser les querelles d’école, continuer de se découvrir
mutuellement, partager leurs expériences, s’allier. Et entamer une réflexion
profonde sur les principes communs aux différentes thérapies. Pour bâtir la
médecine du futur. »
Je terminerai cette recherche qui m’a passionné, par quelques réflexions
plus personnelles : j’ai avec ce travail avancé sur la voie de l’humilité. Je
l’ai écrit, la lecture de certains livres d’or de magnétiseurs que j’ai pu
parcourir m’a laissé pantois. Que des individus puissent soulager des
souffrances avec générosité, uniquement avec les mains ramène à plus de
modestie.
Plus globalement, ce travail m’aura aidé à prolonger mes réflexions sur la
vie, mais aussi à me guider vers plus de quiétude par les nombreuses
lectures que j’ai pu faire.
Quiétude, mais aussi humilité, avec ce sentiment d’être face à de très
nombreuses questions sur la maladie et sur les chemins qui mènent à la
guérison.
Nous sommes dans une société de communication, abreuvés
d’informations en particulier d’informations médicales dans notre cas. Nous
avons de plus en plus le sentiment que l’on comprend la genèse des
maladies et que l’on connaît les possibilités thérapeutiques qui permettront
de les combattre.
Et pourtant… Même si l’on connaît les facteurs de fragilité ou les facteurs
déclenchants, que sait-on vraiment des déterminants sociaux et existentiels
de la santé ? Pourquoi Untel tombe-t-il malade de la sorte ? Pourquoi tel
malade est-il beaucoup plus fragile que tel autre qui s’en sortira beaucoup
mieux ?
J’ai parfois le sentiment d’avoir plus d’interrogations maintenant, après
quarante ans d’exercice médical, que de réponses dans le domaine de la
santé. Même si je perçois de plus en plus le rôle des traumatismes
psychiques dans la genèse des maladies et le rôle bienveillant de la maîtrise
de l’angoisse dans une progression vers la guérison.
Le débat sur le dualisme corps-esprit m’aura permis de progresser
également sur ma véritable route, en tant que médecin, mais aussi en tant
qu’homme, avec une réflexion sur la maladie et sur la mort que je n’aurais
certainement pas pu mener plus jeune.
Les lectures d’ouvrages cités m’auront aidé, je l’ai écrit en préambule, à
grandir, à donner du sens aux circonstances de ma vie, et à faire mienne la
formule de Swani Pranjanpad, sage bengali : « Ce qui nous arrive nous
appartient. »

Et puis, se posera la question : n’attend-on pas de nous, médecins, que


nous remettions un peu plus d’humain dans une médecine qui a trop
tendance à se déshumaniser ? N’attend-on pas que nous remettions un peu
plus de confiance, de considération dans notre relation avec les malades ?
Et cette médecine qui se déshumanise, n’est-elle pas le reflet d’une
société qui prend certainement la même orientation ?

Pour ce qui est de l’avenir du magnétisme, j’aimerais citer une dernière


fois le professeur Rocard, à qui l’on posait la question de l’avenir du
magnétisme. Nous étions en 1980 ; il avait alors 77 ans : « Vous savez, le
magnétisme et les magnétiseurs survivront, ainsi que les radiesthésistes et
les sourciers. Si la science pouvait tout expliquer et la médecine, tout guérir,
c’en serait fait du magnétisme et des “capteurs”, mais ce n’est pas le cas. Il
y a trente ans, quand j’ai commencé à m’intéresser aux sourciers et aux
magnétiseurs, mes collègues scientifiques pensaient que la sénescence me
gagnait, mais vous constaterez que j’ai bon pied bon œil et que je réponds
bien à vos questions ! Les magnétiseurs et les radiesthésistes existent parce
qu’ils obtiennent des résultats incontestables… »
Et à la question « et Dieu dans tout cela ? », il répondit avec humour :
« Certainement la loi physique de toutes les physiques… Ou le grand
sourcier ! »
BIBLIOGRAPHIE

OUVRAGES CONSULTÉS
BARTOLI, Jean-Luc, Se soigner avec un guérisseur. Retrouver le chemin de
la guérison, Alpen.
BIRCKNER, Joseph, L’Influence du lieu. Géobiologie et santé, Guy
Trédaniel, 2017.
BODIN, Luc, Découvrir le sens caché des maladies. Pour obtenir une
guérison complète et retrouver son chemin de vie, Guy Trédaniel, 2018.
BODIN, Luc, Remonter son énergie. Pour retrouver sa vitalité et vivre
dans l’harmonie et la santé, Guy Trédantiel, 2018.
BRENNAN, Barbara Ann, Le Pouvoir bénéfique des mains, Tchou, 1993.
BRENNAN, Barbara Ann, Le Pouvoir bénéfique des mains, Tchou, 2015.
CAMUS, Dominique, Enquête sur l’existence des dons de naissance.
Leveurs de maux, toucheurs et signeurs, Éditions Ouest-France, 2016.
CAMUS, Dominique, Le Livre des secrets, Dervy, 2003.
CARADEAU, Jean-Luc, Introduction au magnétisme curatif, Trajectoire,
2006.
CHARPAK, Georges et BROCH, Henri, Devenez sorcier, devenez savant,
Odile Jacob, 2003.
COHEN, Patrice et al., Cancer et pluralisme thérapeutique. Enquête
auprès des malades et des institutions mondiales en France, Belgique et
Suisse, L’Harmattan. Collection Harmattan.
COLLARD, Jean-Claude, Le Guérisseur de Châtillon, Espérance.
COLLECTIF, Panseurs de secrets et de douleurs. Médecine populaire :
guérisseurs, voyants et rebouteux. De nouveaux interlocuteurs ?,
Autrement, 1978.
CONTE, Robert, Comment magnétiser, Éditions Bussière, 2011.
COUDRON, Lionel, Mieux vivre par le yoga, J’ai lu.
DENCAUSSE, Marianne, Médecine et magnétisme. Une nouvelle voie vers
le mieux-être, Tchou, 2001.
DENCAUSSE, Marianne, Tout savoir sur le magnétisme, Favre, 2010.
DOLTO, Françoise, Les Évangiles et la foi au risque de la psychanalyse,
Gallimard, 2002.
FOUQUÉ, Charles, Le guérisseur guérit-il ? Avis d’un médecin, Éditions
Dangles, 1953.
GRIGORIANTZ, Alexandre, Les Guérisseurs de l’ombre, Trajectoire, 2019.
GRIGORIANTZ, Alexandre, Nous sommes tous des guérisseurs. L’énergie de
guérison est en chacun de nous, Trajectoire, 2013.
GRIGORIANTZ, Alexandre, Rencontres avec des guérisseurs remarquables,
Alphée, 2010.
GUILLEMIN-MUNDAY, Clare (Dr) et BLANCHON, Sylvie, Cancer et
sens de la vie, Éditions de l’AIRE, janv. 2013.
JANSSEN, Thierry, La Solution intérieure, Presse Pocket, 2006.
KALY, Initiation à la pratique du magnétisme, Éditions Exergue.
KRIEGER, Dolores, Le Guide du magnétisme, J’ai Lu, 1998.
KRIPPNER, Stanley et RUBIN, Daniel, Les Énergies du corps vivant, Tchou.
LAPLANTINE, François, Anthropologie de la maladie, Payot, 1992.
LEMOINE, Patrick, Guérir sa tête sans médicaments… ou presque, Robert
Laffont, 2014.
MCTAGGART, Lynne, La Science de l’intention, Éditions Ariane, 2008.
MICHEL, Jean-Dominique, Chamans, Guérisseurs, Médiums. Au-delà de
la science, le pouvoir de guérison, Éditions Favre, 2011.
MONTVOISIN, Richard, Tout ce que vous n’avez jamais voulu savoir sur les
thérapies manuelles, Presses universitaires de Grenoble.
MOUGE, Audrey, Mystère des guérisseurs, La Martinière.
ODOUL, Michel, Dis-moi où tu as mal : je te dirai pourquoi, Albin
Michel, 2002.
OSCHMAN, James, Médecine énergétique. Les bases scientifiques, Sully.
ROCARD, Yves, Les Sourciers, PUF, collection « Que sais-je ».
SCHMITZ, Olivier, Soigner par l’invisible. Enquête sur les guérisseurs
aujourd’hui, IMAGO.
SCHRÖDER, Lyn et OSTRANDER, Sheila, Fantastiques recherches en
parapsychologie en URSS, Robert Laffont.
TOUZET, Claude, Hypnose. Sommeil. Placebo. Les réponses de la théorie
neuronale, t. II., La Machotte.
THÈSES CONSULTÉES
CARSALADE, I., NAVES, C., Attrait des guérisseurs au 20e siècle, les
malades face à la médecine : à propos d’une enquête chez un
magnétiseur rural, thèse de médecine, Toulouse 2,1990.
CRIBIER, Isabelle, Les Guérisseurs : approche anthropologique des
médecines dites douces, thèse de Doctorat En Ethnologie soutenue à
Paris, 1990.
GAIMON, Marina, Étude des motivations et des satisfactions des patients
d’un secteur rural ayant consulte un guérisseur, thèse de médecine,
Tours, 2005.
GEESEN, M., Le recours des patients aux médecines non
conventionnelles en région Rhône-Alpes. Étude quantitative descriptive
transversale par questionnaire de 373 patients, thèse médecine Lyon 1,
2011.
MAYER, Levy C., Recours aux médecines complémentaires et
alternatives parmi les patients de Médecine Générale à Paris, thèse de
médecine, Paris V, 2010.
MOULOUD, Ait M’hammed, Évaluation du recours aux médecines
complémentaires et alternatives en médecine générale dans le
département de l’Oise, thèse de doctorat en médecine, 2012, Amiens.
PERRET, Nicolas, Place des coupeurs de feu dans la prise en charge
ambulatoire et hospitalière des brûlures en Haute-Savoie en 2007, thèse
de doctorat en médecine, 11 décembre 2009.
RAINAU, Clémentine, Maladie et infortune dans l’Auvergne
d’aujourd’hui, médecins, malades et guérisseurs d’un bourg montagnard
à l’hôpital, thèse de doctorat en sciences sociales soutenue le 7 novembre
2001 à Paris.
SICARD, Séverine, Les Médecines non conventionnelles. Enquête sur leur
définition et appropriation par 25 professionnels de santé de la presqu’île
guérandaise en 2009, 2012.
THIRIAT, Franck, Le recours aux médecines complémentaires et
alternatives en milieu rural lorrain, thèse médecine générale, Nancy,
9 octobre 2012.

MÉMOIRES CONSULTÉS
CUZZOCREA, Carole, Le Magnétisme. Un don de soi, mémoire de maîtrise,
Metz, 2000.

ARTICLES OU FILMS CONSULTÉS


ALLIX, Stéphane, CALESTRÉMÉ, Natacha et MACHADO, Thierry, Les
Guérisseurs, film documentaire.
ANSELME, Carine « Sommes-nous tous guérisseurs ? »,
www.psycologies.com/Auteurs/Anselme-Carine
APSAMED. Association d’aide aux malades et aux aidants et pour la
prévention santé par les médecines douces. Parc de Fontvieille. 13190.
[email protected]
BETTI-CUSSO, Martine, « Ce que dit la science des guérisseurs »,
Santé.lefigaro.fr/actualité/2013/10/31/21461.
BLANCHET, Alain et al., « Le recours aux médecines complémentaires et
alternatives. (MCA) face aux incertitudes de la médecine allopathique »,
Psycho-Onco, vol. 10, no 4, 2016, p. 272-280.
BOUDOT, Jean, « Le Droit face au paranormal. Le délit d’exercice illégal
de la médecine », Sciences & Pseudo-Sciences, no 253, juillet 2002.
CALLON, Michel et LASCOUMES, Pierre, « Penser l’après : le COVID
pousse les scientifiques hors de leur laboratoire », The Conversation,
22 mai 2020.
CATHEBRAS P., « Le recours aux médecines parallèles observées depuis
l’hôpital : banalisation et pragmatisme », dans Benoist J. (dir.), Soigner
au pluriel. Essais sur le pluralisme médical, Khartala, 1996, p. 315-330.
CHAITOW, L., « Les cliniques de médecine intégrées », interview réalisée
le 14 mai 2004 et publiée en ligne sur www.reseauproteus.net
CHARLES-ÉDOUARD sur le « Forum catholique de la paix », le
4 octobre 2014, https://lepeupledelapaix.forumactif.com
DAVERAT, Pierre, « Le concept énergétique », Association française de
bioénergétique. 93, boulevard Ampère. 78 184 Chauray. www.francaise-
bio-energetique.com
DILHUYDY, J. M. « Les médecines complémentaires et alternatives en
cancérologie : traitements inéprouvés ou pratiques inéprouvées ». 27e
journée de la SFSPM, Deauville 2005.
DOAN BD., « Alternative and Complentary Therapies », dans HOLLAND
J.C. (dir.), Psycho-oncology, 1998:817-27.
EISENBERG, D. M, et al., « Trends in Alternative Medicine use in United
States 1990-1997. Results of a Follow-up National Survey », Journal of
the American Medical Association, 1998, 280, 1569-1575.
FAVEAU, Éric, « L’hôpital, un lieu trop souvent inhospitalier », Libération,
26 novembre 2019.
FENSTER, Ariel, « Mesmer et le magnétisme animal », Agence Science
Presse. Blogue santé/médecine. Jeudi 5 janvier 2012.
FISCHER, P. et WARD, A. « Complementary Medicine in Europe », Britisch
Medical Journal, 1994, 309, p. 107-111.
GNOMA, Code de déontologie.
GOETHE, S., Quand l’esprit guérit le corps, documentaire, Arte, 2011.
GRAD, Bernard, Énergies subtiles et médecine énergétique, vol. 21, no 2,
p. 9.
GRAVENS, Thierry, Magnétiseur, www.thierry-gravens-magnetiseur.fr
INGLIN, Sophie et al., « Évaluation du recours aux médecines
complémentaires chez le patient en suivi oncologique », Revue médicale
suisse, no 4, 2008, 1264 ; 1269.
JONAS, W. B., « researching alternative medicine », latur medicine. 1997,
p. 824-882.
JULIARD A., « Le don du guérisseur. Une position religieuse obligée »,
Archives de sciences sociales des religions, no 54, 1982, p. 43-61.
JUNG, C.G ; Collected works of CG Jung, 2e éd, vol. 2, Princeton, NJ,
Princeton University Press, 1972.
KAMOHARA, S., Alternative Medicine, Tokyo, Tyuou, Kouron Shinsha,
2002.
KRIVINE, Jean-Paul, « Les pseudosciences nuisent-elles à l’image de la
science ? », intervention au colloque national sur les études scientifiques
universitaires le 3, 4 et 5 février 2003.
KRUCIEN, N, LE VAILLANT, M. et PELLETIER F., Les transformations de
l’offre de soins correspondent-elles aux préoccupations des usagers de la
médecine générale ? 2011, document disponible sur le site :
www.irdes.fr/publications/2011/QES 163 pdf.
LAPLANTINE, François, « La maladie. La guérison et le sacré », Archives
de sciences sociales des religions, no 54, 1982, p. 63-76.
LAROUSSERIE, D., « Les charlatans de la physique quantique », Le Monde,
12 avril 2013.
LENOIR, Frédéric, « Le grand retour de l’ésotérisme », Le Nouvel
Observateur, 2 décembre 2004.
LOUIS, C., « Thérapies alternatives à travers le monde. La science tente de
comprendre, voire de s’approprier les savoirs ancestraux », Le Figaro,
3 août 2004.
MAINCENT, Corinne, « Magnétisme-Médecine parallèle et alternative »,
therapeuteamecorps.com/corinne-maincent/
MESSINA, Élisabeth, « Guérisseurs, comment soigner autrement »,
Inexploré, no 15, 2012.
MORISSON, Jocelin, « Les coupeurs de feu à l’hôpital », sur le blog
Chroniques Acronymes. Pour en finir avec les croyances, 8 mars 2016.
Observatoire Zététique : magnétisme 2 www.zetetique.fr 2012.
OMS, Traditional Medicine, WHO Publications, 1978.
Organisation mondiale de la Santé. Stratégie de l’OMS pour la médecine
traditionnelle pour 2002-2005 ; OMS 2002 disponible sur le site de
l’OMS.
ORTUNO, Élodie, « Qui sont les charlatans de la médecine ? »,
http://www.monosteo-parisboulogne.com/article-oles-charlatans-de-la-
medecine-73101610.html
OSCHMAN, James, Médecine énergétique. Les bases scientifiques, Sully.
ROBARD, Isabelle, Médecines non conventionnelles et droit, Litec, 2002.
ROCARD (Pr), Yves, « Comment douter que l’homme soit un être
magnétique », interview, 1984. Bio Infos Santé, 31 janvier 2015.
ROCHE DE COPPENS Peter, La Prière. Voie royale de la tradition chrétienne,
Le Dauphin blanc.
ROUQUIER, Philippe, Les Panseurs de secrets, documentaire de France 3,
https://vimeo.com/2625121/9443e8ea74.
SAILLANT, Francine et GAGNON, Éric, « Vers une anthropologie des
soins ? », Anthropologie et société, no 2,1999, p. 5-14.
SCHRAUB, Simon, « Étude sociologique du recours aux médecines
parallèles en cancérologie », Médecine et Culture, 2009.112 10.
SERVAN-SCHREIBER, « David, nous parle des guérisseurs ». Entretien
INREES publié le 08/03/2001. www.inrees.com
THOMAS K, COLEMAN P., « Use of Complementary or Alternative
Medicine in a General Population in Great Britain. Results from the
National Omnibus Survey », Public Health’oxf), 2004 ; 26(2):152-7.
Vallée, Dominique, « La Vie Kintsugi », www.laviekintsugi.com/itv-
dominiquevallée
VINCENT, Louis-Marie, « Champ morphobiotique-structure invisible de
l’être humain », Revue 3 ° millénaire, 24 novembre 2013.

« Capacités Physiques et intellectuelles. Magnétisme. Ses pouvoirs


démontrés en laboratoire », Science et vie, novembre 2017.
« Cinq chiffres pour comprendre les médecines alternatives
complémentaires », Le Monde, 31 août 2016.
« Effet placebo. Il soigne vraiment ! », Science et vie, 1225,
octobre 2019.
« L’être humain possède un sixième sens : celui de la perception du
magnétisme », Rusty James News. http ://rustyja HYPERLINK
“http://rustyjames.canalblog.com/archives2017/06/23/35412840.html”me
s.canalblog.com/archives2017/06/23/35412840.html
« L’homme percevrait les champs magnétiques », Futura Santé, 28 juin
2016.
« Le bio magnétisme », Association française de bioénergétique. 93,
boulevard Ampère. 78 184 Chauray. www.francaise-bio-
energetique.com.
« Le constat du cancérologue Daniel Serin sur les coupeurs de feu », Midi
Libre, 3 avril 2018.
« Le Dr Konstantin Korotkov et la bioélectrographie », Nouvelles
physiques, 24 septembre 2013.
« Le magnétisme animal », Wikipédia.
Le reiki : Psychologies.com. Développement
personnel/thérapies/méthodes/dossiers
« Les Français et les médicaments ». Enquête d’opinion réalisée par
l’institut CSA en 2011.
« Les médecines non conventionnelles », Millénaire 3. Le centre
ressources Prospectives du Grand Lyon :
www.millenaire3.com/ressources/les-medecines-non-conventionnelles
« Les médecines non conventionnelles s’invitent à l’hôpital », Le Monde,
31 août 2016.
« Magnétisme. Capacités physiques et intellectuelles. Ses pouvoirs
démontrés en laboratoire », Science et vie, novembre 2017.
« Magnétisme et magnétothérapie, une pseudo-médecine attractive ».
Charlatans infos. www.charlatans.info/magno.shtml
« Magnétisme. La santé à portée de mains », Psychologies.com
« Médecine intégrative », Hegel, vol. 10, no 2, p. 131-151.
Page d’accueil de l’association RMD Grenoble (Radiesthésie
Magnétisme Géobiologie) http ://www.rmd-grenobl HYPERLINK
“http://www.rmd-grenoble-radiesthesie-magnetisme.org/” e-radiesthesie-
magnetisme.org
« Utilisation de médecine complémentaire chez les patients atteints de
cancer dans service de cancérologie français », Bull Cancer, 2007 ; 94
(11) : 1017-1025.
RETROUVEZ LE CATALOGUE DES
ÉDITIONS CHRISTINE BONNETON
SUR LA LIBRAIRIE
WWW.NEOBOOK.FR
OUVRAGE NUMÉRISÉ
ET DIFFUSÉ PAR
NEOBOOK

Vous aimerez peut-être aussi