Didactique - Wikipédia
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La didactique est l'étude des questions posées par l'enseignement et l'acquisition des connaissances dans les différentes disciplines scolaires. La
didactique sert alors à transposer des savoirs dits « utiles » en savoirs enseignables, et s'applique à définir avec précision chaque objet (savoir)
qu'elle souhaite enseigner, mais également à définir comment on enseigne cet objet aux apprenants. Depuis les années 1970, la didactique s'est
développée autour des mathématiques, des sciences, du français, des langues, des sciences de la vie et de la terre, de l'éducation physique et
sportive, de l'histoire et de la géographie ou de la didactique professionnelle.
Cet article adopte un point de vue francocentré et nécessite une internationalisation (septembre 2020).
Origine du concept
Les racines de la didactique remontent à l'Antiquité avec des traces écrites datant des philosophes grecs et des civilisations orientales antiques
comme la Chine.
L'adjectif « didactique » apparaît le premier en 1554, selon le Grand Larousse encyclopédique. Le Robert de 1955 et le Littré dans son édition de 1960,
citent « la didactique », en tant que substantif féminin, comme étant « l'art d'enseigner ».Le terme de didactique, en lien avec l'enseignement, fut
également employé en 1629 par Wolfgang Ratke dans son ouvrage Aphorisma Didactici Precipui.
Du xviiie au xxe siècle, les théories se multiplient, avec de nouvelles perspectives ouvertes par les psychologies de l'éducation, la motivation, ainsi que
l'emploi des outils informatiques et de l'internet (e-formation, intelligence artificielle au service de l'apprentissage) et de l'apprentissage tout au long
de la vie.
À l'origine, des spécialistes de chaque discipline (comme G. Brousseau, G. Glaeser, et Y. Chevallard en mathématiques ; J.-F. Halté et J.-P. Bronckart
en français ; Goéry Delacôte, J. L. Malgrange et L. Viennot en sciences expérimentales) ont initié les recherches en didactique.
Des rapprochements ont eu lieu plus tard avec les sciences de l'éducation, favorisés par l'existence de structures comme l'Institut national de
recherche pédagogique (INRP), qui a un département de didactique des disciplines, et la création des instituts universitaires de formation des maîtres
(IUFM). C'est ainsi que des physiciens, des biologistes et autres spécialistes ont pu devenir enseignants-chercheurs en sciences de l'éducation, tout
en menant des travaux de didactique dans leur discipline.
Philippe Meirieu s'interroge, en 1987, sur la place respective de la didactique et de la pédagogie. Il conclut : « À travers les nombreux débats qui
opposent la pédagogie centrée sur l'enfant et la didactique centrée sur les savoirs, se réfractent un très vieux problème philosophique en même temps
que des oppositions qui sont stériles, parce que l'apprentissage, c'est précisément la recherche, la prospection permanente dans ces deux domaines et
l'effort pour les mettre en contact. Il faudrait enfin qu'on arrive à sortir de cette méthode qui consiste toujours à penser sur le mode de variation en sens
inverse, à dire que plus je m'intéresse à l'élève, moins je m'intéresse au savoir ou plus je m'intéresse au savoir, moins je m'intéresse à l'élève... »[2]. Pour cet
auteur, c'est l'apprentissage qui est capable d'intégrer les doubles réflexions nécessaires d'essence pédagogique et didactique.
Guy Avanzini souligne à propos de cette réconciliation entre la didactique et la pédagogie que « la recherche didactique a toute sa portée et son
ampleur, mais elle ne l'atteint que prise en compte dans un ensemble plus vaste, et à condition d'accepter le facteur d’irrationalité, de fortuité, que
l'approche expérimentaliste prétend en vain réduire, mais que la considération des situations réelles oblige à introduire dans la compréhension de la
réussite ou de l'échec scolaire... »[3].
De la recherche à la formation
Les premiers travaux ont souvent privilégié l'analyse des difficultés des élèves et des étudiants dans les apprentissages conceptuels. Ce travail est
toujours en cours dans de nombreux domaines. Il peut être mené du primaire jusqu'à l'université, avec des modalités évidemment fort différentes
suivant les niveaux d'enseignement et leurs objectifs. Les résultats débouchent sur des travaux dits d'"ingénierie didactique" quand il s'agit de
questionner les séquences d'apprentissage et d'utiliser les résultats pour construire de nouvelles séquences. Une autre partie de la didactique
concerne l'étude et la contribution à l'évolution même des contenus disciplinaires. Cette partie de la didactique centrée sur le choix de contenus, de
leur organisation dans un curriculum (prescrit ou réel) relève donc d'une didactique curriculaire. Enfin, depuis quelques années, en France, tout un
ensemble de travaux porte sur les questions de formation des maîtres, l'expression désignant aussi bien la formation initiale que continue, la
formation des enseignants de l'enseignement primaire et de ceux de l'enseignement secondaire. On note aussi une attention particulière à la
didactique des langues étrangères dans l'enseignement supérieur, que cela soit au laboratoire Lairdil[4] ou au Lidilem[5].
En France, des groupes de recherche en didactique se sont constitués dans plusieurs universités. Les résultats de leurs travaux sont publiés dans les
meilleures revues internationales (Science Education, International Journal of Science Education, Educational Studies in Mathematics (en), etc.) ou dans
des revues de langue française (par exemple Education & Didactique, Études en Didactique des Langues (http://edl-ple.simplesite.com/) [archive],
Recherches en didactique des sciences et des technologies pour les sciences, ou Recherches en didactique des mathématiques). Des formations
doctorales spécialisées se sont constituées dont sont issues de nombreuses thèses. Ces groupes de recherche se sont souvent associés avec des
Instituts national supérieur du professorat et de l'éducation (INSPE). Une conséquence en est que la didactique est entrée dans la formation des
enseignants. Les concours font une place à ce type de questions (épreuves sur dossier, épreuves professionnelles, mémoires professionnels). Dans
de nombreux INSPE, la formation de deuxième année contient un module comportant de la didactique. L'une des difficultés pour un enseignant
débutant est, d'une part d'oublier sa représentation personnelle de l'enseignement issue de nombreuses années notamment dans le supérieur
(épistémologie du maître), et de passer d'une pédagogie centrée sur le contenu à une pédagogie centrée sur l'apprenant.
Constructivisme
À la suite de Jean Piaget, la didactique des sciences a exploré le constructivisme en tant que fondement de l'enseignement depuis le primaire, jusqu'à
des niveaux scolaires élevés (lycée et même début d'université). À partir des années 1990 cependant, le paradigme du constructivisme a été
complété par d'autres paradigmes prenant en compte la complexité de l'acte d'enseigner. (voir les articles transposition didactique, situations-
problèmes, etc.).
Conceptions
L'acquisition de connaissances n'est pas la simple mémorisation d'informations fournies par l'extérieur (le maître, le livre, les médias, etc.). Ces
informations sont filtrées, interprétées, mises en relation (ou compétition) avec des connaissances préalables. L'enseignement de certaines
disciplines se heurte alors à des conceptions « spontanées » (l'adjectif signifiant non construites par l'enseignement) qui peuvent faire obstacle à
l'apprentissage. Le cas de la physique est particulièrement exemplaire puisque nombre de conceptions scientifiques se sont construites contre
l'évidence (G. Bachelard) ; ainsi les lois « élémentaires » de Galilée et Newton restent difficiles à comprendre parce qu'elles s'opposent au « bon sens »
commun.
De nombreuses recherches en didactique ont visé l'identification des représentations-types - ou conceptions - chez les élèves et les étudiants en
analysant les « erreurs », leurs raisonnements lors, par exemple, de résolutions de problèmes ou en situation de travaux pratiques. (Les deux
laboratoires de didactique de Paris 7 ont été pionniers en la matière L. Viennot, Goery Delacote et leurs collaborateurs E. Saltiel, M.G. Séré, A.
Tiberghien, etc.).
Du point de vue pédagogique, la question porte alors sur la façon de faire émerger ces conceptions et, lorsqu'elles ne sont pas compatibles avec le
savoir enseigné, sur les possibilités de les faire évoluer. On peut par exemple s'appuyer sur le jeu de situations-problèmes, suscitant un conflit
cognitif, devant conduire au changement conceptuel attendu. Le choix de situations didactiques (ou a-didactique) est important, que ce soit en
mathématiques ou en sciences expérimentales. Dans ces derniers domaines, intervient l'expérience ainsi que la lecture qu'en fait l'élève. Elle est
souvent fort différente de celle que voudrait en faire faire l'enseignant. L'étude du processus d'interaction de la pensée de l'élève et de l'information
qu'il filtre de l'expérience est un thème important de la didactique des sciences expérimentales. Dans ces processus interviennent également ce
qu'on appelle les conceptions.
Situation-problème
Les élèves n'ont pas au départ, tous les moyens de répondre à la question. Ils doivent tout d'abord s'approprier le questionnement (dévolution) et
mettre en œuvre leurs connaissances et leur ingéniosité pour trouver 'une' solution (en passant par une expérience concrète si besoin).
La situation didactique peut être choisie par l'enseignant de façon que le problème révèle un conflit (cognitif) et que la résolution corresponde donc
au franchissement d'un obstacle. Enfin, l'activité n'est pas nécessairement individuelle mais peut reposer sur un travail de groupe pouvant faire
apparaître des conflits (sociocognitifs). D'après Raphaël Douady, la connaissance que l'on désire voir acquérir par l'élève doit être l'outil le plus adapté
pour la résolution du problème au niveau de l'élève[6].
Triangle didactique
La proposition récente de « maître médiateur » va dans ce sens : l'enseignant n'est alors plus celui qui délivre le savoir à l'élève (on parle alors de
savoir réifié), mais celui qui aide l'élève à s'approprier ce savoir, cette interaction pouvant être représentée par la médiane issue du sommet E dans le
triangle EAS.
Favoriser cette interaction A-S nécessite bien sûr de la part de l'enseignant la mise en place d'une situation didactique propice à l'appropriation - par
les élèves - de la (ou des) connaissance(s) qu'il doit transmettre.
La résolution de la tâche et l'apprentissage qui en résulte dépend de la richesse du milieu didactique dans lequel sont alors placés les élèves. Le
milieu didactique est la partie de la situation d'enseignement avec laquelle l'élève est mis en interaction. Il est défini par des aspects matériels
(instruments, documents, organisation spatiale, etc.) et la dimension sémiotique associée (que faire avec, pourquoi faire avec, comment faire
avec...).
Contrat didactique
Le contrat didactique est un concept introduit par Guy Brousseau[7]. Il le définit comme l'ensemble « des relations qui déterminent - explicitement
pour une petite part, mais surtout implicitement - ce que chaque partenaire va avoir à charge de gérer et dont il sera, d'une manière ou d'une autre
responsable devant l'autre. » Ce qui veut dire qu'« au cours d'une séance » ... « l'élève interprète la situation qui lui est présentée, les questions qui lui
sont posées, les informations qui lui sont fournies, les contraintes qui lui sont imposées, en fonction de ce que le maître reproduit, consciemment ou
non, de façon répétitive dans sa pratique de l'enseignement. » (Brousseau, 1982, p. 61).
Exemple de contrat implicite à l'école élémentaire venant d'une recherche de Stella Baruk[8] : on a proposé à 97 élèves de CE1 et CE2 le problème
suivant : « Sur un bateau il y a 26 moutons et 10 chèvres. Quel est l’âge du capitaine ? ». Parmi les 97 élèves, 76 ont donné l’âge du capitaine en
utilisant les nombres figurant dans l’énoncé.
Le contrat implicite entre les élèves et l'enseignant(e) pour un problème donné peut être interprété par les points suivants : (a) un problème posé a
une réponse et une seule, (b) pour parvenir à cette réponse, toutes les données doivent être utilisées, (c) aucune autre indication n’est nécessaire et
(d) la solution fait appel aux connaissances enseignées. En conclusion, le contrat implicite entre les élèves et l'enseignant peut être interprété par le
fait que l'enseignant ne peut pas donner des exercices impossibles à résoudre.
Le savoir savant pris en référence est d'une part un savoir décontextualisé et souvent coupé de son histoire. Ce savoir savant fait alors l'objet d'une
transposition (recontextualisation, reproblématisation, voire redéfinitions) pour être enseigné à un niveau donné. Cette première transposition faisant
donc passer d'un savoir savant à un savoir à enseigner, est, de fait, suivie par une seconde transposition, celle-là même qui, par sa mise en acte par
les enseignants (mais aussi l'inspection, les éditeurs, etc.) conduit à un savoir enseigné ayant ses spécificités. Plusieurs chercheurs ont travaillé sur
ce concept de transposition. Y. Chevallard en particulier a su le rendre accessible à la communauté des didacticiens en empruntant des concepts
étrangers aux sciences « dures ». Par exemple il nomme « noosphère » l'ensemble des instances de la société qui président à la transposition. Ce
concept a été créé par un chimiste russe, Vernodsky, généralisé par le père Teilhard de Chardin.
On parle souvent de transposition didactique du « savoir », c'est le mot qui est utilisé. Il faut avoir à l'esprit que ce savoir est non seulement celui des
connaissances livresques, mais aussi celui des savoir-faire associés. Le choix des savoir-faire à faire acquérir aux élèves dépend évidemment de la
finalité de l'enseignement et donc des pratiques prises en référence. Une de ces références est particulièrement délicate à identifier : enseigner « la »
démarche expérimentale est un leurre, aucun physicien ni aucun biologiste ne soutiendra qu'il existe une démarche type ou unique. Il existe
cependant, formulées par des didacticiens, des simplifications qui peuvent être utiles pour l'enseignement à un niveau élémentaire (par exemple, pour
les démarches scientifiques, celles provenant de l'analyse critique du modèle OHERIC).
Les pratiques qui servent de références peuvent être celles d'une activité professionnelle identifiée mais peuvent être des pratiques sociales,
l'expression étant prise dans un sens large (J. L. Martinand). On trouve des similarités entre ces pratiques professionnelles et certaines capacités
quotidiennes comme celle qui consiste à demander son chemin, à savoir lire un mode d'emploi ou un document technique en allemand, en anglais...
Curriculum prescrit, réel, caché
Historiquement, la notion de curriculum n'est pas un concept de la didactique : dans les pays anglo-saxons, on parle de curriculum pour désigner le
parcours éducatif proposé aux apprenants, alors qu'en France on parle de cursus. Un curriculum, au sens commun, représente donc un parcours (cf.
curriculum vitae) et, dans le champ éducatif, représente un parcours de formation.
Du point de vue didactique, ces obstacles, qualifiés parfois d'obstacles didactiques, peuvent alors être considérés comme des étapes-clés à franchir,
et donc comme des objectifs de l'enseignement. C'est le concept d'objectif-obstacle introduit par Jean-Louis Martinand.
Guy Brousseau théorise également sur les concepts d'obstacles didactiques. Il en définit trois : obstacles ontogénétiques (liés aux caractéristiques
affectives et cognitives de l'individu), obstacles didactiques (liés aux dispositifs et aux modèles d'enseignement), obstacles épistémologiques (liés
aux contenus notionnels). Il ne faut pas confondre ces derniers avec les obstacles épistémologiques décrits par Bachelard.
Sources bibliographiques :
Notes et références
6. manque source
7. Brousseau G. (1998). Théorie des situations didactiques.
Grenoble, La Pensée sauvage.
Bibliographie
Articles connexes
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