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« LES OUBLIÉS

DU NORD-KIVU »
ZOOM SUR LA CRISE HUMANITAIRE DANS CETTE
PROVINCE DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE
DU CONGO, AU 1ER MARS 2024
FOCUS
Jérôme GUILLAUMOT/CICR
INTRODUCTION
La situation humanitaire en République la population civile, faisant des morts et des
démocratique du Congo (RDC) s’est fortement blessés, entraînant des mouvements massifs
dégradée depuis plusieurs mois du fait des con- de population, et limitant l’accès aux services
flits armés et d’autres situations de violence, sociaux de base.
notamment dans l’est du pays.
L’augmentation du nombre d’acteurs impliqués
Au Nord-Kivu, l’activisme des groupes dans les conflits constitue un défi. Une centaine
armés, dont les Forces démocratiques alliées de groupes, plus ou moins grands et organisés,
(en anglais Allied Democratic Forces), et les se disputent le contrôle du territoire et des res-
opérations militaires menées contre eux se sources. Les processus de démobilisation sont
sont intensifiés, augmentant ainsi les besoins en cours, malgré des revers et un succès limité.
humanitaires dans une partie de la province. Alors que l’attention médiatique se concentre
Plus au sud de cette même province, dans les sur d’autres conflits, il apparaît nécessaire de
territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo, ne pas oublier la population de la RDC, dont la
des affrontements entre plusieurs acteurs survie dépend bien souvent de l’aide humani-
armés, notamment l’armée congolaise et le taire d’urgence. Sur les 113,6 millions d’habit-
Mouvement du 23 mars (M23), ont connu une ants que compte le pays au total, l’ONU estime
résurgence en octobre 2023, provoquant d’im- à plus de 25,4 millions le nombre de personnes
portantes conséquences humanitaires pour qui auront besoin d’aide en 2024.

1
LES BLESSÉS
DE GUERRE
Le bilan humanitaire et médical des violences
est effroyable. La mort et les blessures sont une
réalité quotidienne. Depuis l’intensification

Jonathan BUSASI NSALIMBI/CICR


des combats, les personnes blessées par arme
affluent régulièrement à l’hôpital CBCA Ndosho
soutenu par le CICR et situé à Goma, la capitale
du Nord-Kivu.

Nombre de blessés par arme* En 2023, dans les hôpitaux soutenus par le
2500 CICR au Nord-Kivu, plus de 1’000 blessés par
arme, dont presque 200 femmes et 40 enfants
de moins de 15 ans, ont été pris en charge.
2000 Cela représente une augmentation de 60% par
rapport au nombre de blessés admis l’année
précédente, et une augmentation de 112% pour
1500
le dernier trimestre 2023. Plus encore, les mois
de janvier et février 2024 accumulent à eux
1000 seuls le double du rythme d’admission des
blessés comparé à l’année 2023.

500 Les patients admis au CBCA Ndosho souffrent,


à plus de 75%, de blessures par arme à feu.
La proportion des blessures par explosion est
0
passée, quant à elle, de 1,72% (11 cas) à 7,18%
2022 2023 2024
(Extrapolation) (77 cas) entre 2022 et 2023.

* Dans les hôpitaux soutenus par le CICR.

Depuis la colline que l’on voit du camp, on entendait des


affrontements depuis le matin. Soudain, vers 14 heures,
une bombe est tombée dans le camp. Certaines personnes
sont mortes et d’autres, comme moi, ont été évacuées ici en bus,
dans la soirée. Un éclat m’a crevé l’œil droit et blessé à l’épaule.
J’ignore où se trouvent mes autres enfants. Je sais seulement que
ma fille de 16 ans a aussi été blessée au cou. J’estime que j’ai
de la chance même s’il ne me reste qu’un seul œil, car certains
sont morts et d’autres ont été amputés.

 Garuka Furaha, 45 ans, déplacée à Sake depuis trois mois.


 Elle a été admise à l’hôpital CBCA Ndosho le 12 février 2024.

2
Les proportions des chirurgies abdominales
(laparotomies) et thoraciques ont augmenté
respectivement de 86% et de 322% entre 2022
et 2023, ce qui reflète la gravité des lésions et la
complexité des interventions.

Depuis la reprise des combats en octobre 2023


au Nord-Kivu, le CICR a observé dans l’hôpital
de Ndosho qu’il soutient, que 40% des bles- La plupart des patients arrivent à l’hôpital à moto.
sures de patients proviennent d’artilleries Alors quand on entend le bruit des motos, nous
lourdes. Les conflits urbains causent d’innom-
sommes vraiment stressés, car cela signifie que des
brables morts parmi les civils et des souf-
frances extrêmes. Lorsque les villes, villages
patients vont commencer à arriver. Étant donné la
ou camps de déplacés sont bombardés et pilon- situation, ce sont souvent des blessures graves et le
nés, la grande majorité des victimes sont des transport constitue un problème. Beaucoup de blessés
civils. L’utilisation d’armes explosives à large
sont arrivés ici trop tard faute de moyen de transport.
impact - grosses bombes, missiles, roquettes,
mortiers et obus d’artillerie - a souvent des
effets indiscriminés. Ces armes sont conçues
La prise en charge est complexe. On se retrouve
pour les champs de bataille ouvert, mais lor-
squ’elles sont utilisées dans des zones urbaines avec beaucoup de blessures et le taux d’amputation
densément peuplées, elles peuvent infliger est élevé, des amputations traumatiques. Nous
des destructions, des blessures et des morts constatons actuellement une augmentation des
considérables.
blessures par explosion.
Du fait des contraintes d’accès sécurisé et pour
faire face au nombre croissant de blessés, le
CICR travaille en partenariat avec divers acteurs
 Abdou Rahmane Boubacar Sidibé,
(CBCA Ndosho, Croix-Rouge de la Répub-  chirurgien du CICR travaillant à l’hôpital
lique démocratique du Congo, Médecins Sans  CBCA Ndosho de Goma.
Frontières, autorités sanitaires en lien avec les
structures de santé périphériques, etc.) afin
d’assurer l’évacuation sanitaire des blessés. En
février 2024, la capacité d’accueil de la struc-
ture médicale est passée de 64 lits à plus de 120
lits, avec la mise en place de lits sous tentes
(cinq tentes d’une capacité totale de 46 lits).

Jonathan BUSASI NSALIMBI/CICR

3
LES SOINS DE SANTÉ
EN DANGER
C’est lorsque des combats éclatent que les des services de santé impliquent l’intrusion
services de santé sont les plus nécessaires, mais d’hommes armés dans les établissements
c’est aussi à ce moment-là qu’ils sont les plus de santé et des situations dans lesquelles le
vulnérables face aux attaques. personnel de santé est contraint d’enfreindre
les règles d’éthique médicale ou d’autres règles
Cette violence peut perturber le système de protégeant les blessés et les malades. Le respect
santé alors même que la population en a le plus et la protection des soins de santé sont au cœur
besoin. Certains blessés ne succombent pas à des préoccupations du CICR et de son dialogue
leurs blessures, mais meurent de n’avoir reçu avec les porteurs d’armes.
les soins médicaux nécessaires à temps. Des
communautés entières sont privées de services La résurgence et l’amplification des
vitaux, tels que les soins de santé maternelle, affrontements rendent en outre difficile la
les services de garde d’enfants et la vaccination. livraison de médicaments et de ressources
Parfois, la perturbation est si grave que tout le médicales aux structures de santé de ces
système s’effondre. zones de conflits. Les structures médicales
encore fonctionnelles souffrent des pénuries
En 2023, le CICR a enregistré plusieurs de médicaments et leurs infrastructures se
événements portant atteinte à l’accès aux soins détériorent sous le poids de l’augmentation du
de santé, dont la majorité ont eu lieu à Goma. nombre de personnes déplacées, de malades et
La majorité de ces actes de violence à l’encontre de blessés.

Jonathan BUSASI NSALIMBI/CICR

4
Albert NZOBE/CICR
Province du Sud-Kivu, Sange. Une
assistante psychosociale (vue de face)
et une victime de violences sexuelles lors
d’une séance de conseil au foyer pour
femmes de la ville. Le CICR soutient
des refuges pour femmes dans les deux
Kivus, dans lesquels sont prises en charge
les victimes de violences. (Février 2021)

LES VICTIMES DE VIOLENCES


SEXUELLES
En RDC, les violences sexuelles dans le cadre des victimes. Malgré la gratuité des médicaments
conflits représentent un problème qui ne date — notamment du kit post-viol — mis à
pas d’hier et qui perdure. Pendant les conflits disposition des victimes de violences sexuelles
qu’a connus la RDC dans les années 1990, par le ministère de la Santé, les problèmes
des violences sexuelles ont été commises par logistiques de déploiement dans les structures
différents porteurs d’armes et à large échelle. de santé et en matière de sécurité de l’accès
Aujourd’hui encore, ces graves violations physique (conflits armés, barrières payantes,
tendent à être banalisées. Le CICR met un point routes en très mauvais état…) constituent des
d’honneur à défendre les victimes et à prévenir obstacles majeurs à l’accès aux soins.
les risques de violences sexuelles dans le cadre
de conflits. Plusieurs générations d’enfants ont En matière de violences sexuelles, le CICR se
été témoins de violences sexuelles commises donne comme priorité de prévenir ces violences
contre leurs mères, leurs pères, leurs frères et d’y remédier. Il rappelle constamment
et leurs sœurs. Cette forme de violence est aux parties aux conflits leurs obligations en
devenue courante, mais elle conduit pourtant à matière de prévention des violences sexuelles,
un rejet systématique des victimes. qui constituent des violations graves du
droit international humanitaire (DIH),
Selon le groupe de coordination chargé des mais également en matière de poursuites et
violences basées sur le genre (VBG) au Nord- d’enquêtes après la survenue de ces crimes.
Kivu, au cours des trois premiers mois de Conformément au protocole national de prise
2023, les signalements de VBG à l’encontre en charge des survivants de violences sexuelles,
de jeunes filles et de femmes dans la province le CICR s’occupe à la fois de l’aspect physique
ont augmenté de 37% par rapport à la même de ces violences et de leurs conséquences
période en 2022. psychologiques. Rappelons que les victimes
sont encore trop souvent rejetées par leur
Les infrastructures et les ressources humaines communauté après avoir subi des violences
manquent cruellement pour soutenir les sexuelles.

5
À cause de la guerre qui a trop duré dans notre région, le viol est devenu
un fait bénin. Même les jeunes garçons se permettent de violer des femmes âgées.
J’ai été violée deux fois en revenant du champ par de jeunes hommes qui
avaient l’âge de mon fils. Depuis ce jour-là, j’ai perdu ma dignité. Moi et les
autres femmes qui empruntons le même itinéraire pour aller aux champs,
nous avons décidé de toujours nous munir de paquets de préservatifs : si nous
tombons entre les mains des violeurs, nous leur proposons en toute humilité d’utiliser
un préservatif. Cela nous a beaucoup aidées à ne pas tomber enceintes et ne
pas être répudiées par nos maris, qui souvent n’acceptent pas de continuer à
vivre avec une femme qui a été violée. Cette façon de faire nous a aussi aidées
à ne pas attraper de maladies sexuellement transmissibles.

Avec l’appui du CICR, nous connaissons déjà les bons comportements


à adopter pour se protéger contre les viols, comme aller au champ
en groupe, éviter les chemins isolés, se faire accompagner
par nos maris ou par des garçons adultes…
Ce que nous souhaitons, c’est que la guerre se termine et que nous
puissions vivre simplement notre vie comme par le passé.

 Justine* (*nom d’emprunt),


 victime de viols au Nord-Kivu

LE CALVAIRE DES DÉPLACÉS


Avec un total de sept millions de personnes De plus, les combats récents ont touché les
déplacées à l’intérieur du pays, la République principaux axes de desserte agricole qui relient
démocratique du Congo a atteint, en 2023, le soit différentes villes du Nord-Kivu entre elles,
chiffre de déplacés le plus élevé jamais enreg- soit celles du Nord-Kivu à celles du Sud-Kivu.
istré selon l’ONU1 . L’est de la RDC compte au Le manque d’approvisionnement a de lourdes
moins 5,5 millions de déplacés, dont 2,5 mil- conséquences sur la sécurité́ alimentaire et
lions dans la seule province du Nord-Kivu. sur les activités économiques, notamment à
Goma, qui compte plus d’un million d’habit-
Si les personnes ont tendance à fuir vers Goma ants et accueille au moins 600 000 personnes
ou d’autres grandes villes, certaines se ret- déplacées.
rouvent coincées dans des zones forestières
très enclavées. Seulement 20% des personnes La satisfaction des besoins primaires (nour-
déplacées accèdent à des camps où elles peuvent riture, abris, eau, hygiène et assainissement,
recevoir l’aide d’organisations humanitaires. articles ménagers ou encore accès aux soins
Les autres, accueillies par la population locale de santé) reste une préoccupation quotidi-
qui ploie elle-même sous le poids immense enne, tant pour les personnes ayant trouvé ref-
d’années de violence, bénéficient difficilement uge dans des sites de déplacés que pour celles
de l’aide humanitaire, qui a du mal à leur parve- hébergées au sein de familles d’accueil.
nir faute d’accès sécurisé ou du fait d’obstacles
logistiques.

1 Selon le rapport des Nations Unies du 30 octobre 2023.

6
RÉCITS DE PERSONNES DÉPLACÉES

Je me suis enfuie avec mes petits-fils et d’autres enfants ayant


perdu leurs parents lors des combats. Nous vivons à 20 personnes
dans une même maison que je loue 24 000 francs congolais
(10 dollars) par mois. Je suis sans travail. On m’a déjà demandé
de libérer les lieux, faute de moyens. Il est difficile de trouver
de la nourriture, de se faire soigner ou d’avoir
de l’eau potable. Nous souffrons énormément.

 Imelde Kavira, 55 ans, déplacée depuis


 plus d’un an à Oïcha, au Nord-Kivu

À ce jour, j’en suis à mon quatrième déplacement. Faute d’avoir


suffisamment à manger, nous avons à chaque fois dû retourner
occasionnellement dans nos villages pour chercher de quoi
nous nourrir, même si c’était encore dangereux.
De nombreux déplacés ont dû fuir, abandonnant les stocks
de récoltes dans les maisons et se retrouvant forcés d’attendre
l’aide alimentaire.

 Mamy, 35 ans, mère de huit enfants à


 Kazumba dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu

Jonathan BUSASI NSALIMBI/CICR

7
LES FAMILLES Certains des enfants séparés de leur famille pendant
les déplacements vivent dans les sites de déplacés en
SÉPARÉES compagnie d’autres familles, qui sont des familles
d’accueil temporaires, majoritairement des voisins ou
Les violences dans l’est du pays ont provoqué des membres de la famille élargie qu’ils connaissent.
d’importants déplacements de population et D’autres enfants se prennent en charge tout seuls,
séparé des milliers de familles. Les besoins en
suivant le rythme des autres personnes déplacées
matière de rétablissement des liens familiaux,
notamment pour les enfants non accompagnés sur le site.
ou séparés, sont considérables dans l’est de la
RDC et particulièrement au Nord-Kivu. Certains viennent à la cabine téléphonique (installée
par le CICR et gérée par la Croix-Rouge de la RDC
Ces trois dernières années, sur les quelque
pour des appels gratuits) accompagnés d’un voisin,
2 400 personnes en moyenne ayant eu besoin
de rétablir le contact avec leurs proches, 80% d’un ami adulte, d’un membre de la famille élargie ou
étaient des enfants. tout seuls. Ils ont l’air tristes, abattus, désespérés. Ils
se présentent avec les numéros de téléphone de leurs
Pour chaque enfant ramené à la maison, le
parents qu’ils ont mémorisés. Certains d’entre eux
CICR et les volontaires de la Croix-Rouge de la
République démocratique du Congo effectuent
avaient pris soin de les noter sur des bouts de papier,
un travail de recherche minutieux pour retro- s’ils ne sont pas aidés par l’adulte qui les accompagne.
uver les familles. Les contraintes ne manquent Très souvent, c’est quand ils entendent la voix de
pas, du défaut d’informations sur les personnes
leurs parents qu’ils retrouvent le sourire et se sentent
recherchées – surtout lorsque la demande est
formulée par des enfants –, à la géographie
soulagés de l’incertitude ou de la peur de ne jamais
complexe du pays, en passant par le caractère revoir leur famille.
hautement instable de la situation sécuritaire
dans plusieurs zones.
 Faustin Hakiza, volontaire de la Croix-Rouge
 dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu

Trésor BOYONGO KAYA/CICR

Province du Nord Kivu, Kanyaruchinya, à 10 km de Goma. Pour aider les personnes déplacées à avoir des nouvelles
de leurs proches, le CICR a installé des cabines téléphoniques où les gens peuvent passer des appels. (Mai 2022)

8
WOJTEK LEMBRYK/CICR
Province du Nord-Kivu, Goma. Un des
enfants du centre SOS Grand Lac pour
anciens enfants soldats. (Août 2006)

LES ENFANTS ASSOCIÉS


AUX FORCES ARMÉES
OU AUX GROUPES ARMÉS
Le recrutement et l’utilisation des enfants dans du Nord-Kivu, en vue de faciliter leur accès à la
les conflits ont significativement augmenté. Les scolarisation ou à la formation et à des opportu-
adolescents, en particulier les jeunes garçons, nités économiques. Ces activités sont réalisées en
sont les plus à risque2. En RDC, plus de 1 100 cas étroite collaboration avec les familles des enfants
ont été confirmés par l’ONU entre janvier et sep- concernés et comprennent un volet de sensibili-
tembre 20233. sation à la problématique du recrutement des
enfants dans les communautés concernées.
Si beaucoup d’enfants sont recrutés de force,
d’autres rejoignent volontairement les por- Le CICR soutient également des centres de transit
teurs d’armes, soit pour y trouver un moyen et d’orientation qui hébergent des enfants par le
de subsistance, soit dans l’intention de défen- biais de dons de matériel, et offre ses services de
dre leur communauté. Cette vie de violence et protection des liens familiaux en vue de prévenir
d’errance a de multiples conséquences pour les les séparations familiales et de réunir les enfants
enfants : blessures (entraînant parfois de lourds et les parents que la violence avait séparés.
handicaps), grossesses précoces, impossibilité En outre, à travers son dialogue confidentiel avec
d’accéder à l’éducation ou aux soins de santé, les différents porteurs d’armes, le CICR s’efforce
détresse psychologique, arrestation ou déten- d’œuvrer à prévenir ce phénomène. Par ailleurs,
tion, et parfois rejet par la communauté. grâce à son travail en détention, le CICR sensi-
bilise aussi les autorités au traitement de ces
À travers son programme de protection de l’en- enfants lorsqu’ils sont détenus, afin qu’ils béné-
fance, le CICR soutient les enfants sortis des ficient des protections juridiques et judiciaires en
forces et groupes armés et les enfants vulnéra- vigueur en RDC, conformément au droit congo-
bles au risque de recrutement dans la province lais et au droit international.

2 Enfants associés aux forces armées ou aux groupes armés – CICR


3 RDC : un nombre record de violations graves à l’encontre des enfants — UNICEF

9
LA RÉPONSE DU MOUVEMENT
INTERNATIONAL DE LA
CROIX-ROUGE
Le CICR est présent en République démocratique besoins d’urgence des personnes touchées
du Congo depuis 1960. Depuis 2019, la délégation par les conflits, les aide à bénéficier de soins
du CICR est aussi installée en République de santé appropriés, notamment en matière
voisine du Congo. En République du Congo, le de santé mentale et de soutien psychosocial,
CICR développe ses activités conjointes avec la et les aide à gagner en autonomie. Il rend visite
Croix-Rouge congolaise dans 5 départements aux détenus, aide à rétablir le contact entre les
(Brazzaville, Pool, Plateaux, Cuvette et Likouala) personnes séparées, réunit les enfants et leurs
touchés par les conséquences de conflits et par familles et travaille en collaboration étroite avec
d’autres situations de violence en RDC et en la Croix-Rouge de la République démocratique
République centrafricaine, dans les domaines du Congo. L’organisation promeut aussi la
de la protection des liens familiaux, de la connaissance et le respect du droit international
communication, ainsi que de la préparation humanitaire (DIH) et d’autres normes
et de la réponse aux situations d’urgence. pertinentes.
En RDC, le CICR s’efforce de répondre aux

Province du Nord-Kivu, territoire Nyiragongo, Kanyaruchinya. Le CICR organise une distribution alimentaire pour
les personnes déplacées ayant fui les affrontements entre l’armée congolaise et le Mouvement du 23 mars (M23).
(Décembre 2022)

Alain WANDIMOYI/CICR

10
OPÉRATIONS CICR DANS LA ZONE TOUCHÉE PAR LE
CONFLIT, DE OCTOBRE 2023 À FÉVRIER 2024
!
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République Démocratique du Congo:


Province du N ord-Kivu. Opérations CI CR dans la zone touchée par le conflit
Mars 2024
Sou s-dél égation CI CR "
/ Ch ef-l ieu de provin ce Frontière pays Rou te n ation al e Rivière "
= Croix-Rou ge RDC Actions Croix-Rouge de Octobre 2023 à Février 2024
Territoire de Ru tsh u ru Rou te région al e Lac Sécu rité Écon om iqu e
Bu reau CI CR "
) Ch ef-l ieu de territoire et vil l e H ôpital de N dosh o, sou ten u par CI CR
Rou te l ocal e Parc et réserve Eau et H abitat
Sources : Référen ciel CI CR " Cité et centre im portant Territoire de Masisi Local ité tou ch ée
Date : 01 .03.2024 !
P Anten n e CI CR !
( Local ité im portante
#
* Montagn e Mou vem ent de popu l ation s Santé
Au tres territoires (Sou rce CI CR)
Prepared by : Jean -Baptiste Kam an am pata Protection
Validated by : Fl orim on d N DJAOU, Region al Print Prod. Officer, RCC/DKR Coopération
Doc : KI N 2400226_CD_TH M_SEC_A3_P_Opération s_CI CR_zon e_con flit_M23_290224 0 3,5 7 14 Prévention
Distribution : Pu bl iqu e
Kil om ètres

11
Jonathan BUSASI NSALIMBI/CICR
EN 2024, LES PRIORITÉS PRINCIPALES
DU CICR EN RDC SERONT LES SUIVANTES :
• garantir la protection des civils vivant dans • assurer le maintien des liens familiaux entre
des situations de conflits armés, en vertu du les membres de mêmes familles séparés par
DIH et d’autres normes, en rappelant aux les conflits ou la violence ;
autorités compétentes et aux porteurs d’armes • réunir les enfants non accompagnés ou séparés
leurs droits et leurs obligations ; poursuivre le — y compris ceux anciennement associés aux
dialogue engagé avec les acteurs non étatiques groupes armés — et leurs familles ;
(groupes armés et autres porteurs d’armes) ou • renforcer la durabilité de son impact
ceux qui peuvent les atteindre, dans un même humanitaire en engageant — avec les
objectif ; autorités, les partenaires du Mouvement et
• améliorer l’accès à la santé des communautés d’autres — des initiatives à plus long terme,
touchées par les conflits ; telles que le renforcement des capacités des
• fournir des soins d’urgence, de la nourriture chirurgiens nationaux et de la Croix-Rouge en
et de l’eau, en donnant la priorité à ceux qui RDC et l’amélioration des infrastructures d’eau
ont les plus grands besoins en matière de dans les zones urbaines ;
protection, et qui sont difficiles d’accès pour la • veiller au respect du bien-être et de la dignité
plupart des autres acteurs ; des détenus auxquels le CICR a accès, en
• assurer une réponse adaptée aux besoins des particulier les personnes détenues en lien avec
communautés au moyen d’un dialogue de les conflits ; et aider les autorités détentrices à
proximité avec elles, conjointement avec la améliorer leur traitement et leurs conditions
Croix-Rouge de la République démocratique de vie.
du Congo ;

NOTRE APPEL À L’ACTION


Le CICR rappelle qu’en vertu du droit international Les structures médicales, les ambulances et le
humanitaire, les personnes civiles et les personnes hors de personnel de santé doivent être respectés et protégés.
combat doivent être respectées et protégées. Les attaques Face à l’augmentation exponentielle des besoins de la
à l’encontre de civils et de biens de caractère civil sont population civile, il est également essentiel que les parties
interdites. En outre, lors de la conduite des hostilités, aux conflits continuent de faciliter l’accès rapide et sans
toutes les précautions pratiquement possibles doivent être encombre des secours humanitaires afin que les civils
prises pour les épargner afin d’éviter et, en tout cas, de dans le besoin continuent d’avoir accès aux biens et aux
réduire au minimum les pertes en vies humaines dans la services essentiels à leur survie.
population civile, les blessures aux personnes civiles et les
dommages causés aux biens de caractère civil.

12
Nous portons assistance aux personnes touchées
par un conflit armé ou d’autres situations de
violence partout dans le monde, mettant tout en
œuvre pour améliorer leur sort et protéger leur vie
et leur dignité, souvent en collaboration avec nos
partenaires de la Croix‑Rouge et du Croissant-
Rouge. Nous nous efforçons en outre de prévenir la
souffrance par la promotion et le renforcement du
droit et des principes humanitaires universels.

Dans les zones de conflit, les communautés savent


qu’elles peuvent compter sur notre soutien : nous
travaillons en étroite coopération avec elles afin
de comprendre leurs besoins, et menons toute
une série d’activités d’importance vitale pour y
répondre. Notre expérience et notre savoir-faire
nous permettent de réagir de manière rapide,
efficace et impartiale.

03.2024 100   Photo de couverture : Jérôme GUILLAUMOT/CICR

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2024.2240/001

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© CICR, Mars 2024

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