pnud cairn
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pays en développement :
La contribution des politiques de santé au
développement durable
Stéphane TIZIO 1(*)
1
(*) Université de Bourgogne (GRES / LEG-CNRS, UMR n° 5118)
[email protected]
Les débats entre les écoles de pensée permettent de dégager actuellement deux
grandes tendances dans les conceptions du développement.
La première stipule que le développement est un développement économique.
Elle assimile, dans la tradition classique, développement et croissance des
richesses matérielles. Il n'y aurait, selon cette perspective aucune spécificité de
l'économie du développement, relativement à la théorie économique. Les
modèles de croissance, de préférence néo-classiques, deviennent ainsi autant de
modèles de développement.
A cette conception s'oppose celle qui considère que la mesure du
développement ne se limite aucunement à l'accroissement du produit national
par tête. Le développement devient un processus centré sur l'homme – d'où la
dénomination de développement "humain" – et sur son bien-être au sens large.
Ainsi, "les individus sont la véritable richesse d'une nation. Le développement doit donc être
un processus qui conduit à l'élargissement des possibilités offertes à chacun. Il a pour objectif
fondamental de créer un environnement qui offre aux populations la possibilité de vivre
longtemps, et en bonne santé, d'acquérir les connaissances qui les aideront dans leurs choix et
d'avoir accès aux ressources leur assurant un niveau de vie décent" (PNUD, 1990, 9). La
croissance économique est alors un facteur nécessaire, quoique non suffisant,
de développement. Cette conception, défendue entre autres par Sen et le
PNUD, appelle la prise en considération d'une palette de déterminants plus
large que les seuls déterminants économiques traditionnels et intègre les
dimensions sociale, culturelle, politique et éthique du développement (Mahieu,
2000).
Dans cette dernière perspective, le qualificatif de "durable" est très souvent
associé au développement humain. Traduction approximative de l'anglais
"sustainable", le développement durable est une approche intergénérationnelle et
qualitative de l’évolution des sociétés, selon laquelle il est important de léguer
aux générations futures un environnement économique, écologique et social au
moins aussi bon qu’aujourd’hui. Le développement à la fois humain et durable
possède trois dimensions : une dimension environnementale, selon laquelle les
ressources naturelles limitées doivent être protégées ; une dimension
économique ensuite, selon laquelle le développement passe également par une
croissance régulière ; une dimension sociale enfin, selon laquelle les conditions
de vie doivent être améliorées. Ces trois dimensions du développement durable
sont en outre en interaction. Les stratégies de développement sont alors
appelées à les intégrer. Pearce et Turner (1990), relayés par Heidiger (2000),
distinguent une version "forte", versus une version "faible" du développement
durable. Dans la version "faible", le processus est enclenché par le maintien
d’une croissance économique forte, et il est maintenu par des politiques de
libéralisation des échanges et d’équilibrage macroéconomique3.
Dans la version "forte" au contraire, les différentes dimensions du
développement durable sont prises en compte de manière complémentaires : le
3
Ce sont ces conceptions qui ont présidé à l’adoption des plans d’ajustement structurel dans
les années 80 (Elamé, 2001).
processus est alors sous-tendu par l’amélioration conjointe des stocks de capital
physique, humain (Schultz, 1961 ; Becker, 1964), social (Bourdieu, 1979 ;
Coleman, 1988) et environnemental. Il existe alors des relations entretenues
entre ces différentes formes de capital : le capital social, par exemple, qui a trait
aux interactions qui existent dans la société entre les individus qui partagent un
ensemble de normes de valeurs communes, peut être mobilisé afin de
permettre à une personne d'en obtenir un rendement, sous différentes formes,
telles que l'accès à l'information, à l'emploi, l'accès à un certain nombre de
transferts en numéraire ou en nature… Cette forme de capital sert ainsi de
support à l'accumulation du capital humain (Dubois, Mahieu, Poussard, 2001).
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Ces effets pervers sont liés aux conditions de financement de la dépense de santé en
particulier. La plupart des pays développés font reposer le financement des dépenses de
santé sur des prélèvements obligatoires : de fait, l'accroissement des dépenses de santé
vient concurrencer la dépense en éducation, pourtant nécessaire à la croissance
économique.
5
Dans les pays aujourd’hui développés, l’état de santé des populations s’est amélioré avant la
réalisation d’avancées thérapeutiques importantes. La mortalité par tuberculose a reculé
avant la découverte du vaccin ou de traitements antibiotiques efficaces.
6
L'écart entre l'Afrique subsaharienne et l'Asie de l'Est est expliqué pour plus de la moitié
par un différentiel de charge de morbidité, de situation démographique et géographique.
maladie entraîne également une perte de revenu courant du fait des absences au
travail et une perte des revenus futurs du fait de la mort prématurée. Ces pertes
de revenu font stagner la consommation individuelle et ne permettent pas
d'alimenter la demande globale au niveau macroéconomique7. Les
conséquences de la maladie sur le cycle de vie ne sont pas négligeables : les
infirmités mentales et physiques engendrées par les maladies infantiles se
traduisent sur l'ensemble de la vie par des pertes de productivité individuelles.
Une mauvaise santé durant l'enfance induit des difficultés à l'apprentissage qui
se traduisent à l'âge adulte par des gains salariaux diminués8. La hausse de la
productivité du travail permise par l'emploi d'une main-d'œuvre bien soignée et
bien nourrie permettrait aux entreprises de réaliser des profits et aux
investisseurs étrangers d'être moins frileux pour accorder les financements aux
firmes des pays en développement. Cette corrélation forte entre la productivité
du travail et la croissance économique est d'autant plus importante dans les
pays en développement où le travail est surtout un travail manuel. Ainsi, une
population en bonne santé voit son espérance de vie augmenter et son cycle de
vie s'allonger. L'espérance de gains futurs augmente avec l'horizon de
planification des individus qui sont alors d'autant mieux disposés à investir en
éducation, en santé et à se constituer une épargne financière.
La maladie revêt, en outre, une dimension intergénérationnelle. Lorsque la
maladie frappe un individu, elle peut avoir des répercussions sur les autres
membres de la famille. Les enfants sont touchés en premier lieu par la maladie
de leurs parents, dans la mesure où ces derniers ne peuvent plus assumer les
dépenses afférentes à l'éducation, voire à l'alimentation des enfants. La
démographie des pays en développement est caractérisée par un taux de
mortalité infantile et par un taux de fécondité élevés : la prévalence des
maladies infantiles est élevée – elle explique que le taux de mortalité infantile est
élevé – et les familles prennent la décision de faire beaucoup plus d'enfants –
taux de fécondité élevé – dans la mesure où la probabilité de survie des enfants
est faible. Ces comportements engendrent un cercle vicieux de trappe à
pauvreté : en l'absence de couverture sociale familiale, les familles nombreuses
ne peuvent allouer à chacun de leurs enfants qu'une part d'autant plus faible du
revenu pour les éduquer et les nourrir. Leur probabilité de survie est donc
d'autant plus basse que les fratries sont importantes et leur chance d'accéder à
des revenus élevés d'autant plus faibles. Ces effets intergénérationnels au niveau
microéconomique se traduisent au niveau macroéconomique par un fort
accroissement naturel de la population avec un âge moyen faible. La population
en âge de travailler, le PNB par tête et le taux d'épargne stagnent.
7
Les évaluations économiques en termes de Disability-Ajusted Life Years (DALYs)
concluent qu’un an de vie gagnée en bonne santé est considérablement supérieur à un an de
revenus.
8
Une étude, menée par Strauss et Thomas (1998) confirme que la taille à l'âge adulte est
fortement et positivement corrélée avec les gains salariaux. La taille adulte étant liée aux
conditions de nutrition pendant l'enfance, un adulte de faible constitution sera donc moins
productif qu'un adulte bien nourri pendant son enfance.
Enfin, la maladie engendre des coûts élevés pour la société. Une morbidité
élevée, à côté du turnover important de la main-d'œuvre qu'elle engendre,
décourage les investissements des entreprises, donc leur profitabilité et
décourage le tourisme, source de revenus en devises. De plus, lorsqu'une
proportion importante de la population est malade, les budgets publics sont
affectés prioritairement aux dépenses de santé, au détriment des autres services
sociaux. La confiance de la population envers les autorités publiques s'affaiblit,
tandis que les services sociaux sont saturés9. La collecte des impôts est
également d'autant plus difficile et d'autant moins efficace que l'activité
économique décline. Par ailleurs, certaines études, menées en particulier par la
Central Intelligence Agency (CIA), font apparaître que les problèmes de santé se
traduisent bien souvent par de l'instabilité politique : coups d'État, guerres
civiles10.
Tant la croissance que le développement humain ont une incidence sur l'état de
santé de la population, à travers l'extension du système de santé et la
satisfaction d'un nombre plus important de besoins de la population : la
croissance économique autorise, en théorie, à accroître l'allocation des
ressources dévolues au secteur de la santé. Le développement humain, entendu
par exemple comme l'allongement de l'espérance de vie individuelle et de
l'extension des capabilités au sens de Sen, conditionne l'élévation du niveau de
vie et permet aux individus de se préoccuper davantage de leur santé, ce qui
contribue à faire augmenter la demande de santé et la fréquentation des unités
de soins, générant un revenu additionnel dans ce secteur.
Il apparaît ainsi que la santé en tant que système, est au cœur des liens
qu'entretiennent santé et développement. Ce rôle d’interface joué par la santé
entre croissance économique et développement humain doit alors être
entretenu et renforcé par des politiques adéquates – les politiques de santé
durables. L’organisation et le fonctionnement des systèmes de santé constituent
dès lors un enjeu majeur du développement durable. Les politiques de santé qui
modifient à la fois l'organisation et le financement des systèmes de santé
9
Cette situation est manifeste dans le cas de l'épidémie de SIDA qui frappe actuellement
l'Afrique subsaharienne. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que hormis les
millions de morts de cette maladie, le nombre d'orphelins est appelé à augmenter
considérablement pour atteindre une quarantaine de millions à l'horizon 2010. La prise en
charge de ces orphelins est un problème crucial pour les services sociaux des pays africains
(WHO, 2001 ; Moatti, Coriat et alii., 2003).
10
Sur la période 1960 – 1994, 113 faillites d’États ont été identifiées par la CIA dans les
pays de plus de 500 000 habitants. Parmi les facteurs explicatifs de ces faillites, les plus
significatifs sont le taux de mortalité infantile et le protectionnisme.
La question de l’efficacité
11
Certains programmes de santé sont financés par l'aide au développement. Nous
l’assimilerons tantôt à l'aide au financement public, lorsqu'il s'agit de crédits alloués aux
gouvernements qui gèrent ainsi ces fonds sur le budget de l'État, tantôt au financement des
ONG, lorsque ce financement est octroyé par une agence d'aide étrangère à des projets de
santé ciblés.
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La perspective adoptée depuis quelques années par la Banque mondiale et par l'OMS
conduit à différencier les acteurs de la santé, notamment les financeurs des systèmes de
santé, selon le type d'intervention en question. Le Rapport sur le développement dans le
monde de 1993 (Banque mondiale, 1993) distingue en effet les interventions de santé
publique – soins préventifs et grandes campagnes nationales –, dont le financement est
dévolu à la puissance publique, des interventions de santé dites "discrétionnaires" – soins
curatifs lourds –, dont le financement doit rester privé. Les approches contractuelles en
matière de santé, utilisées pour justifier l'introduction du managed care dans les systèmes
de santé des pays développés, sont adaptées aux pays en développement, dans une
perspective transactionnelle (Mills, 1998).
l'accessibilité aux soins. Les inégalités sont de deux ordres : elles sont
financières, d'une part, et géographiques, d'autre part.
Une dimension d'équité est alors en question, équité assurée ou non par le
fonctionnement et l'évolution du système de santé – identifiée alors comme un
facteur déterminant de la durabilité du développement. Cependant, la notion
d’équité peut recouvrir différentes conceptions (Schneider-Bunner, 1997 ;
Gadreau, Schneider-Bunner, 1997), alternativement égalitariste, libérale ou
rawlsienne. Selon la conception sous-jacente aux décisions en matière de
politique de santé, les inégalités dans la redistribution des revenus peuvent ou
non se trouver contrebalancées par l’organisation et le financement des
systèmes de santé. Selon la conception libérale de l’équité, une politique de
redistribution est de toutes manières néfaste à l’amélioration du bien-être
économique et social. Une responsabilisation – notamment financière – accrue
de l’usager et de l’ensemble des acteurs individuels du secteur de la santé
constitue alors dans cette perspective la ligne de force des politiques sanitaires
préconisées. On peut douter de la validité de telles options dans le contexte des
pays en développement, dans la mesure où les inégalités, mais surtout l’extrême
pauvreté des classes les plus défavorisées ne permettent pas à une frange
importante de la population de se procurer des services de santé tarifés selon la
loi du marché. La conception rawlsienne de l’équité, selon laquelle les politiques
de santé doivent promouvoir un égal accès à des biens fondamentaux et au-delà
favoriser, par la redistribution, les populations les plus démunies, est-elle
susceptible de favoriser le rôle de contrepoids, joué par le système de santé, aux
inégalités géographiques et financières dans les pays en développement ? La
réponse apparaît délicate pour un certain nombre de raisons. Tout d’abord, la
conception rawlsienne de l’équité prend acte des inégalités, sans toutefois les
contester sur le fond. Le problème, à cet égard, réside dans le fait que les
inégalités sont justement un symptôme du sous-développement qu’il s’agirait de
combattre. L’égalité entre les individus n’est ensuite appréhendée qu’au sujet
des "biens premiers". Ces biens premiers comprennent-ils les services de santé ? On
peut en douter, dès lors que les politiques de santé pratiquant la discrimination
positive ne concernent qu’un nombre limité de services – les soins de santé
primaire, par exemple. Se pose alors la question de la délimitation du champ des
interventions sanitaires couvertes par le droit fondamental. Le critère retenu
par la Banque mondiale pour définir ces "interventions de santé publique" est
un critère de coût-efficacité (Banque mondiale, 1993) en termes d’années de vie
gagnées sans invalidité, critère qui laisse à la responsabilité – et au financement
– de chacun un ensemble de services, les "soins cliniques discrétionnaires". La
conception égalitariste de l’équité apparaît ainsi davantage à même de privilégier
la santé comme un droit fondamental. Elle garantit à tous, quel que soit son
revenu, un égal traitement et un égal accès aux soins C’est une vision
"maximaliste" de l’équité qui fonde implicitement la plupart des évaluations des
systèmes de santé. En théorie, assurer l’égal traitement et l’égal accès permet à
la santé de jouer le rôle d’aplanissement des inégalités de revenu. Elle contribue,
simultanément, à améliorer le bien-être des individus et leur capacité à prendre
CONCLUSION
Jusqu’à aujourd’hui, les réformes successives des systèmes de santé dans les
pays en développement se sont fondées d’abord sur la primauté donnée à
l’équité, au sens égalitariste du terme, puis sur l’efficacité économique, avec
implicitement une conception davantage libérale de l’équité, pour adopter,
actuellement, une perspective plutôt rawlsienne d’efficacité sous contrainte
d’équité (Flori, Tizio, 2000). Les choix opérés sont significatifs du glissement
d’une conception collective vers une conception individualisée et marchande de
la santé (Hours, 2001). Mais ces choix sont-ils légitimes ? En d’autres termes,
l’exercice de la démocratie, seule possibilité réelle de choisir entre l’une ou
l’autre des conceptions de la morale sous-jacente aux conceptions de l’équité, a-
t-il été mis en jeu par les autorités politiques nationales, ou bien cette
démocratie a-t-elle été évincée par les avis des experts des organisations
internationales ?
Les politiques sanitaires s'inscrivent, en effet, dans une dimension politique et
institutionnelle qui conditionne leur légitimité (Tizio, 1999, 2003). Les mesures
de politique de santé et de protection sociale, dès lors qu'elles ne correspondent
plus aux préférences de la population, sont source de mécontentement, voire
de tensions sociales qui hypothèquent la viabilité – même à court terme – du
système dans son ensemble et l'auto-entretien du cercle vertueux entre
croissance économique et développement humain. Au-delà de la seule équité,
c'est une dimension démocratique qu'il convient de donner aux politiques
sanitaires et sociales, afin qu'elles contribuent effectivement au développement
durable.
La commission "macroéconomie et santé" installée par l'OMS a produit son
rapport en décembre 2001. De nouvelles orientations sont alors données aux
recommandations de l'OMS pour les réformes des systèmes et des politiques de
santé dans les pays en développement. Une aide supplémentaire est d'ailleurs
demandée aux bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux pour soutenir de
manière davantage efficace ces politiques, comme partie intégrante des
stratégies globales de développement durable.
L'Assemblée générale des Nations Unies, qui s'est tenue à New York, dans le
cadre du "sommet du millénaire" avait auparavant adopté un certain nombre
d'objectifs sanitaires à atteindre avant 2015. Parmi ces objectifs, les États
membres de l'ONU s'engagent à réduire les mortalités maternelle et infantile, à
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DUMOULIN J. (2001) "Le développement des travaux d'économie de la santé"
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Le contexte des politiques de santé qui est pris en considération comprend, entre autres,
l'état des infrastructures et de la technologie médicale disponibles, le contexte écologique
et social et enfin, le mode d'insertion des économies concernées dans le marché mondial,
notamment celui des médicaments et des technologies médicales (WHO, 2001).
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