Haddad Davy

Lundi 16 Avril 2007

2 nd1

SUJET : Fais nous rire on ne ten demande pas davantage dit Eraste dans les acteurs de bonne foi de Marivaux. Pensez-vous que la fonction essentielle des comdies soit de faire rire ? Vous vous appuierez sur votre lecture de lEcole des femmes, sur celle du Jeu de lamour et du Hasard ainsi que sur votre exprience de lecteur et de spectateur.

N'est-il pas normal d'aller voir une comdie pour saccorder un peu de bon temps, se divertir et oublier ses soucis? Un homme heureux est-il vritablement un homme qui rit, le thtre un lieu o imagination et folie rgnent en matres ? Pourtant, la citation qui nous est donn suscite le contraire. En effet, on ne ten demande pas davantage sousentends que la comdie en fait davantage mais ne le fait pas correctement cest pourquoi on lui demande de ne pas scarter de sa principale fonction qui est de faire rire. Cela implique donc forcment lobligation de rflchir un sens plus profond des rpliques, de la pice. En effet, les aspects comiques dune pice de thtre ne servent-ils qu' faire rire et amuser le public? Il est vrai que le registre comique au thtre est propice la dtente, l'amusement. Nanmoins, est-ce sa seule fonction? Ne doit-on pas, grce une seconde lecture plus attentive chercher un sens plus profond cette comdie. A quoi servirait un registre comique si ce n'est pour faire rire? Nous verrons donc dans un premier temps quels sont le rle et le but de la comdie au thtre; et dans un second temps, nous tudierons la faon dont le metteur en scne peut sa seule volont dclencher le rire chez le spectateur.

Il existe, il est vrai, diffrentes fonctions du registre (comique de situation, de geste, de caractre....) qui dclenche un sourire. En effet, Louis de Funs est l'acteur qui nous vient principalement l'esprit. Lorsque l'on voque ses nombreuses formes du comique, par ses mimiques faciales trs prononces et trs amusantes que lon observe dans chacun de ses 150 films et pices de thtres (comique de geste). Cest un moyen de caractriser l'tat d'esprit du personnage au moment de laction. Egalement, dans l'Ecole des Femmes, Molire a lart, grce son criture, damuser le public. En effet, dans la scne 5 de l'acte II, Arnolphe, obsd par la crainte d'tre tromp, interroge Agns qui vient de dcouvrir l'amour; lcrivain utilise ici le procd du quiproquo, et l'quivoque entre l'amour et le ruban qui a t drob a Agns (comique de situation). La dfinition du mot comique (dans le Petit Robert) est: "qui provoque le rire, et qui appartient la Comdie". En effet, ce sens aussi simple soit-il, nous montre bien que ce terme rime avec le rire et plus largement le divertissement. L'humour fait donc parti de notre vie quotidienne, de nos caractres, de notre personne, nous ne pouvons donc pas le nier. Le lieu le plus reprsentatif o l'on peut exprimer de nombreux sentiments est bien le thtre et ses multiples facettes. De plus, toute poque, les Hommes voient le thtre comme un lieu de divertissement. Au XVIme et au XVIIme sicle, la Commedia Dellarte et son thtre de rue (populaire) a su dvelopper ce genre. En effet, les acteurs italiens avaient pour habitude de se servir de masques grotesques et dimprovisations burlesques bases sur un canevas (une intrigue) simple prdfini et par la prsence de nombreux personnages propre cette poque tels quArlequin. Le peuple est alors attirer par ce nouveau loisir qui lui permet alors de se dtendre . Molire a galement voulu que la comdie soit, comme la tragdie : considre comme un genre noble sans pour autant oublier d'associer au comique les jeux de mots et

quiproquos emprunts au thtre populaire. L'auteur de la pice attend donc du spectateur une attention et une raction particulire aux masques, aux diffrentes rpliques qui donnent un vritable (donc un nouveau) sens la pice. L'volution de la comdie nous montre donc bien que l'humour est le principal interprte de la pice. Chaque pice possde son propre spectacle, cependant, pour plusieurs d'entre elles, le metteur en scne peut mettre en valeur le registre humoristique ou tragique en incrant des procds visant provoquer une raction du spectateur, cest pourquoi une mme lecture peut correspondre diffrentes interprtations. Toutefois, dans la plupart des comdies, un personnage a souvent pour unique fonction de faire rire par son ridicule, tel que Harpagon dans l'Avare de Molire, et son clbre monologue " je n'en puis plus, je me meurs, je suis mort, je suis enterr " lorsqu il dcouvre le vol de sa "chre cassette. On remarque ici que le personnage a une raction disproportionne, cest justement cette rponse dmesure qui provoque le rire chez le spectateur venue se divertir. En outre, le metteur en scne recherche selon ses envies, et surtout selon la pice, mettre en avant le registre comique. En effet, une pice de thtre ne se limite gnralement pas seulement son auteur et son texte mais surtout autour d'une mise en scne propre chaque reprsentation et chaque poque. Le metteur en scne est donc une sorte de "chef d'orchestre" du spectacle car il dirige clairages, costumes et acteurs pour mettre en valeur le comique. Ainsi, il choisit ses costumes en fonction du statut du personnage, pour que le spectateur puisse lui donner une place au sein de la pice. De cette manire, il peut faire d'un acteur (grce son aspect et a son caractre) un valet ou bien un seigneur, en misant sur diffrents vtements ou bien encore sur des dtails qui ont pourtant toute leur importance. Le metteur en scne peut galement par un choix intelligent rendre une pice plus amusante car si l'acteur joue la comdie, il doit s'investir dans son rle, en mettant une part de lui mme, dans son personnage. Nous pouvons donc affirmer que le choix de lacteur est primordial pour la pice; le metteur en scne peut donc prfrer d engager un acteur plus amusant qu'un autre pour faire rire les spectateurs. Dautres parts les indices et les dcors spatio-temporels nous inscrivent dans un contexte plus ou moins important, ils crent une atmosphre. Prenons pour exemple la reprsentation dArmand Delcampe la diffrence de celle de Marcel Bluwal qui a prfr un Don Juan plus ridicule, mais surtout plus amusant aux yeux du public. De l nous en dduisons que chaque reprsentation dune pice est unique selon lpoque (de la reprsentation), le support (ici un film pour Bluwal) et le contexte. Ainsi, nous avons pu voir d'une part, que le metteur en scne cre sa pice en accord avec les exigences de la comdie en la rendant plus amusante et dautres parts que les effets comiques servent videmment faire rire. Nanmoins, il est ncessaire de rflchir et de dcouvrir un sens cach aux rpliques. En effet, les aspects comiques sont pour la plupart du temps; asservie d'une rflexion plus profonde. La comdie est donc un tremplin pour donner son avis en utilisant l'ironie, ou encore en dnonant le ridicule d'une socit. Si la fonction premire de la Comdie est de divertir, elle reprsente surtout les travers d'une socit, elle exerce donc une fonction

morales mais galement psychologiques. Il serait alors impossible de ngliger cette deuxime fonction, qui d'ailleurs est souvent li au rire par le biais de la moquerie, qui correspond la dfinition mme du mot. Nous ne devons donc pas nous arrter pas ce qu'on appelle le premier degr, il faut dcouvrir le message que le metteur en scne a voulu exprimer par le biais de ces rpliques. Ds lors, l'ironie peut tre utilise de diffrentes manires en se moquant de quelqu'un ou de quelque chose ou bien encore en disant le contraire de ce qu'on veut dire. Cependant il est indispensable de ne pas prter confusion entre le registre ironique et comique. En effet, ce sens plus profond mrite une coute plus attentive o l'on relve alors de nombreuses antiphrases, des ides trop absurdes pour tre vraies. Le spectateur doit donc accepter le principal but de lironie qui est dapprouver des faits qui sont ensuite contredits par la raison. Le vrai devient alors faux, et le faux devient vrai. Une complicit lie le metteur en scne, l'acteur et le spectateur, il y a une double nonciation qui permet de multiplier les formes dchanges. Ds lors, l'auteur attend du public une certaine ouverture d'esprit. Le spectateur doit alors de lui-mme comprendre ou bien encore sous-entendre des ides que le metteur en scne a plus ou moins mis en valeur lors de la reprsentation thtrale. Enfin l'volution du genre comique et de la Comdie montre bien que les aspects humoristiques ne servent pas qu' faire rire, en effet, le registre comique est bien souvent utilis pour souder le ridicule de la socit tout en vitant la censure. Il est alors ncessaire de ne ngliger aucun propos, chaque mot a sa signification. Peut-tre est -ce pour cette raison que l'on distingue un grand nombre de comdies auxquelles on attribue alors des fonctions plus ou moins nombreuses comme le rire bien entendu, mais aussi la rflexion ou bien encore la dnonciation : la comdie de la rue (commedia Dellarte), la comdie comique,... Nous nous rendons bien compte que les aspects comiques mettent en valeur des ides que l'auteur a voulu faire passer au public travers sa propre reprsentation. Mais l'humour n'est il pas un moyen efficace de parer la censure, de dtourner l'attention. Cest le reflet de lpoque du dramaturge. Mais ce reflet est utilis de manire ridiculiser ces thmes car nous ne devons pas oublier qu'aujourd'hui nous possdons de nombreux droits, dont la libert de penser et d'expression; mais dans un contexte de monarchie absolue le mot "droit" n'existait pas. Pourtant les artistes ont voulu malgr linterdiction dnoncer les dfauts de la socit. Malheureusement, un grand nombre de ces crits dartistes dnonant les problmes sociaux et politiques de leur poque se sont vus censurs, car s'il est compris, l'crivain peut entraner des bouleversements, des progrs, ce qui reprsente un risque pour une socit ( plus largement la monarchie absolue ). Cest pourquoi, lauteur choisit souvent de faire rire les spectateurs devant le tableau caricatural dun milieu social, dune profession, des murs dites modernes, etc. Nous ne pouvons donc oublier de citer Molire qui a russi se faire un nom au sein de la Cour du Roi tout en se moquant du ridicule de celle-ci avec Le Malade imaginaire ou bien encore Le Bourgeois gentil Homme. Le comique de murs est donc purement comique : lauteur caricature les tendances de son poque, les manires de vivre, de parler ou de penser la mode, en grossissant le plus souvent les traits de ses personnages. De l on en dduit que les aspects comiques prsents dans une pice de thtre mritent une

deuxime coute plus attentive qui doit interpeller le spectateur. En guise de conclusion, nous pouvons donc affirmer que le thtre et les aspects comiques ont plusieurs fonctions: dclencher le rire donc une motion du spectateur ; mais galement de porter l'attention sur les caractres de la socit dit de ridicules tout en conservant un ton lger. Le rire est donc le propre de l'Homme. Le registre comique au thtre devrait toujours faire penser au mot "rflexion", et devrait inciter le public dcouvrir un message plus subtil (gnralement implicite, rappelons que l'humour tait une arme efficace pour parer la censure certaines poques). La scne est donc un moyen d'expression aussi bien gestuel (les acteurs) quintellectuels (les rpliques) o l'auteur peut exprimer ses ides et sa vision de la socit plus ou moins indirectement.